Exercice en direct mercredi 26 septembre 2007 - 21.00

s'il pleut encore demain, je viendrai déposer mes appréciations. J'aime vos exercices. Merci aux Gentils Organisateurs.

Je lis et commente demain si tout va bien.
Bonne nuit, journée, sièste, appéro...
En ce qui me concerne, mon lit me tend les bras...

Drame au Grand Magasin

- Bon. Bouclez-moi tout le périmètre. Je veux pas voir une trace de semelle à moins de dix mètres autour du macchabe. C’est compris, Pinard ?
- Ben oui, chef. Mais…
- Mais quoi, Pinard ?
- Avec quoi je le boucle, le périmètre ?
- Je sais pas moi, bordel…n’avez qu ‘à utiliser ces rouleaux de PQ, c’est pas ce qui manque, y en a jusqu’au plafond !

Le gardien de la paix Pinard s’exécute. Déroule et entortille des kilomètres de ruban de papier rose, d’une gondole l’autre, ö sole mio, et que je rame, gondolier, la police ça mène à tout et même au plus cocasse.

- Ya kek’chose qui vous fait rire, Pinard ?
- Non, chef. C’est nerveux, chef.
- Faut consulter, Pinard. Les nerfs, c’est comme les pieds : quand on les soigne pas, ça bourgeonne et ça se met à puer. Bon il est où le quidam qu’on a trouvé sur place ?
- Le gardien ? Il est là chef.
- Ben où ça, là ?
- Je l’ai menotté au radiateur, chef. C’est de la fonte, chef, il risque pas de se barrer avec !

Le brigadier-chef Le Bornec acquiesce. Témoin pas témoin, le quidam sur place sur les lieux d’un crime s’appelle un suspect. On a prévenu Police-secours qu’il y avait de la lumière au grand magasin Prifou et le corps d'un homme en pardessus de soirée et haut de forme gisant au milieu du rayon sanitaire, d’où intervention, observation et perquisition. Exécution !

- Judicieuse initiative, Pinard. Z’avez un appareil photo, Pinard ?
- Pour quoi faire, chef ?
- Pour me tirer le portrait, pardi. Mais non, abruti : pour photographier la scène du crime.
- Euh…c’est pas la brigade scientifique, qui doit faire ça ?
- Dites, Pinard, vous voulez m’apprendre mon métier ? La B.S. ils sont pas près d’être là, avec tous les embouteillages. Et puis à c’t’heure, ils sont pas levés, les gugusses de la scientifique ! Alors vous me trouvez un appareil photo et vous me flashez fissa tout ce mic-mac.
- J’ai bien mon GSM qui fait appareil numérique…mais c’est pas vraiment le top question qualité de l’image…
- Pinard !
- Oui, chef.
- On est pas là pour faire la page centrale de Playboy, nom de Dieu ! Exécution.

Et que je te cadre et que je te décadre, contre-plongée, plan général, gros plant – à propos, un petit coup de blanc ça ferait pas de mal mais le chef y l’aime pas qu’on picole pendant le service, en tous cas pas avant neuf heures – enfin bref, la police ça mène à tout, même à la soif.

- Bon. On a bouclé le périmètre…On a neutralisé le suspect…On a des photos de la scène…On fait quoi, maintenant, Pinard ?
- On attend la Crime, Chef.
- Et puis quoi, encore ? Pour qu’y se grattent tout le bénèf ? Cette affaire, Pinard, c’est la nôtre. Premiers arrivés premiers servis ! Je répète : on fait quoi, maintenant ?
- On répertive…euh on inventoire enfin je veux dire on compte les pièces à convocations, merde, à conviction.
- C’est bien, ça, Pinard. La procédure rentre. Je le noterai dans le rapport. Alors on a quoi, comme pièce à conviction ?
- Un disque cassé, chef.
- Un disque cassé ?
- Ben oui, chef…y a un disque cassé par terre, là.
- Mais vous êtes complètement neu-neu, Pinard, ce matin ! C’est vous qui avez marché dessus quand vous avez menotté le suspect !
- Ah oui, c’est vrai, Chef. Y a aussi un grille-pain.
- Ah ça c’est plus intéressant. Un grille-pain au rayon sanitaires, ça c’est très suspect.
- Justement, le suspect, il dit que c’est à lui.
- Ha ha, je m'en doutais. Et qu’est-ce qu’y fait avec un grille-pain à sept plombes du mat’ sur le lieu d'un crime, le suspect, hein ?
- Y dit que c’est pour se faire griller des toasts.
- ‘Foutez de moi, Pinard ?
- Nan, Chef. Y dit qu’y a plus de jus dans sa loge, alors y l’utilise la prise du rayon des lampes de salles de bains.
- Ouais…on éclaircira ça au poste. On a quoi encore ?
- Un bâtonnet d’encens. A moitié brûlé.
- Nous y voilà. Et y dit quoi, le suspect, à propos de ce bâtonnet d’encens ?
- Je vais y demander, Chef.

Et que je te cuisine le suspect. Sans brutalité, y dit le chef, mais sans faiblesse non plus, qu’on est pas des gonzesse, non plus. La routine, quoi.

- Le suspect, y dit que c’est pour rendre hommage aux bonzes, en Birmandie.
- Voulez dire en Birmanie, je suppose, Pinard ?
-Pt’êt ben, Chef. Savez, la géologie c’est pas mon truc…
- Il est étranger, le suspect ? C’est suspect, ça. Sont en règle, ses papiers ?
- J’sais pas, chef…J’lis pas bien l’étranger, chef.
- Bon. On verra ça au poste aussi. Qu’est-ce y reste ?
- Ben à part le corps du délire…euh du délit…on a une canne avec une boule au gros bout.
- Une canne à pommeau, Pinard !
- Si vous le dites, Chef…j’m’y connais pas bien non plus en botanologie.
- Sûrement l’arme du crime, ça…ha ha…on le tient, le salopard…Et ce que vous avez planqué dans vot’ poche, là, c’est quoi ?
- Moi, Chef, j’ai rien planqué, Chef.
- Ah le prenez pas pour une bille, Pinard. Je vous ai vu enfouiller un truc par terre quand on est arrivés !
- C’est juste un bâton de rouge à lèvres, Chef.
- Vous vous maquillez, Pinard ,
- Ah bah non, Chef, dites…c’est pour ma femme, elle aime bien cette marque.
- Ouais…Bon on dira qu’on a rien vu. Mais que je vous y reprenne pas, Pinard : objet trouvé, objet à restituer. C’est le béabla de la police.
- Merci, Chef. C’est Josette qui sera contente.
- Bon bon. Et la victime ? Vous l’avez examinée ?
- Ben j’ai pas osé, Chef…
- Et pourquoi ?
- Ben…les empreintes, tout ça…et puis j’aime pas l’idée de tripoter un macchabe…
- Exécution, Pinard, nom de Dieu !

Et que je te palpe et que je te repalpe et que je te contrepalpe, la police ça mène à tout, même à l’absurde.

- Chef…C’est bizarre…
- Qu’est-ce qui est bizarre, Pinard ?
- C’est pas un vrai macchabe, Chef.
- Comment ça c’est pas un vrai macchabe…
- Ben non, Chef…On dirait qu’il est en plastique…Et pis il a des fils cassés aux bras et aux jambes…On dirait une grosse marionnette…Ya marqué quèque chose sur son manteau…Semaine du Sanitaire…Ca doit être de la pub…Y savent vraiment plus quoi inventer, chef…

Gobu

Mille excuses pour le retard, mais j'ai de gros problèmes de mise en forme sur ma fenêtre VE et des tas de trucs parasites à virer avant de pouvoir poster...

Gobu

Bizarre, il y à deux analogies entre mon texte et celui de Sahkti.

le rouge à lèvres en relation avec un cadavre et l'image d'un paneau de sortie de secours.Le grand monde de la littérature ne serait-il qu'un placard ikéa ?
:-(

Gobu a écrit:Mille excuses pour le retard, mais j'ai de gros problèmes de mise en forme sur ma fenêtre VE et des tas de trucs parasites à virer avant de pouvoir poster...

Gobu

J'ai progressé à petits pas dans ce domaine.
le mieux c'est d'écrire en 'justifié" dand ton traitement de texte, copier-coller
et ensuite rapatrier à gauche avec l'outil Ve ce que tu veux décentrer.
et rien d'autre.
Je ne sais pas comment font les autres mais ma technique apparement fonctionne pas mal.

Nothingman : Belle rapidité. Tu respectes les consignes, les contraintes, à la lettre prêt, en utilisant les objets dans la fonction pour laquelle ils ont été fabriqués. Agréable à lire, cette tranche de vie nocturne. La dernière phrase me plaît bien. En riant, je reste enfant sur ce coup-là.

Sahkti : Tu trouves donc ton inspiration dans un lieu d'aisance ? Soit. J'aime bien la forme d'écriture façon roman noir (qui ici ne sent pas la rose). Donne-moi l'adresse de ton magasin, car l'assassin court toujours.

Charles : D'une manière classique, fort bien racontée, tu deviens pour un temps le gardien de nuit de ce temple de l'outre-consommation. Amusant le titi au gros minet.

Zou : Ah enfin un détournement d'objet (le pommeau est aussi un très bon alcool...) Sont-ce les guignol et niafron de Loupbleu qui t'ont inspirés ? J'aime bien cette scène.

Pandaworks : Ton imagination est surprenante (fantasmagorie ?). Un bon mélange de chansons sous les plis et de danse en apesanteur. Déroutant comme situation.

Ninananere : Je suis désorienté par les pensées d'un gant de toilette croassant. Bel exercice.

Gobu : Désolé. Ton exercice ne m'a pas fait rire une seule fois, même pas de rictus. Je suis resté stoïque, indifférent face aux Pinard et autre inspecteur mal torché. Tu es vraiment mauvais dans la mise en scène. Tu devrais, je pense te recycler dans la police, l' écriture n'est pas pour toi. Manque de rythme, manque de réparti dans les dialogues. En plus l'histoire du pantin pris pour un cadavre : n'importe quoi ! C'est d'un ridicule, ça ne marche pas ton affaire.
Message perso : ne recommence pas dans ce genre-là, tu n'y excelles pas du tout. Tu es même pénible dans ton manque d'imagination.
(PS : Si tu as écrit un livre, surtout ne me donne pas le titre, et encore moins le nom de l'éditeur, jamais je n'irai courir l'acheter, crois-moi, tu es trop ennuyeux comme auteur.)

BILOU : Octave Parango, c'est dans 99 frcs, c'est ça ? on ressent presque une fébrilité, une envie d'écrire trop pressante (?) qui te pousse à certains raccourcis ... Ceci dit, agréable à lire, souriant, notamment parce que tellement proche de notre vécu ...

SAHKTI : ben dis donc, t'es allé la chercher loin l'inspiration, cette fois-ci ! Un peu grinçant, "Jean Teulesque" pour faire référence à une lecture commune. Peut être un tiré par les cheveux quant à l'enchainement "mon frère est mort", "je vais réfléchir au supermarché" mais bon, comme le reste est un peu dingue, pourquoi pas ?

ZOU : pas toujours évident à suivre. On sent que t'as eu un peu de mal au niveau inspiration, non ? Au final, l'idée est bonne, beaucoup de pistes rigolotes mais un peu désordonné, je trouve.


BERTRAND : Un peu comme Zou, pas toujours évident à suivre. Me semble que t'as dû partager avec Zou le gazon passé au grille pain, non ? :-))) Ceci dit, j'aime toujours ton verbe. Ta façon de raconter, même en prose, recèle une poésie, un univers ...

PANDA : J'aime bien. Je ne m'attendais pas au rencart dans cabine d'essayage, c'est bien trouvé et bien réalisé. Ambiance et a texte réussi.

NINA : Idée sympa, de nombreux sourires à la lecture et d'ailleurs, j'ai la même grenouille que dans ton histoire accrochée dans ma salle de bain :-)

GOBU : Excellent ! J'adore ta capacité à rendre un texte/un dialogue vivant et juste. Très drole et une jolie chute !

Nothingman:
Poilant, une écriture enjouée, un brin libertaire, le tout me va à ravir.
la chute n'était pas vraiment nécessaire.

Sahkti:
Poilant aussi, ces variantes autours du Pq adoucissent une situation irritante de non-résolution de l'énigme.

Charles: Je suis d'accord sur le fond, la meilleure chose a faire dans un supermarché la nuit, c'est de le transformer en usine à gags.

Zou: c'est bien amené.Il y manque un souffle de folie.
L'angle que tu as pris de la contrainte n'était pas facile à realiser.

Bertrand: Un beau Proéme qui s'étire.
Par dessus le respect des contraintes, tu y as glissé une multitude de signaux vers une reflexion plus engagée.Bravo.
Un texte qui s'arrete au bord du surfait.
Me rappele une phrase d'André de Michaud:
J'avais voulu être une phrase découpée aux bords d'un poème.

Nina: Le cocasse se laisse lire.Le croassement un peu sérieux surprend.
un bon croisement.

Gobu: La police est normalement dans une phase de réhaussement du niveau des concours d'admission.
Tu as eû raison d'écrire ça avant que nos poulets mutent en des êtres civilisés et intelligents.
Mais bon, il y a de la marge quand même.
:-)

Dites, à la modération, il s'est passé qque chose de zarbi : tout le fil est maintenant aligné au centre. Est-ce bien normal ?

NOTHINGMAN :

Galeries Blaireau comme si vous y étiez. Le contraste entre le stress de la journée visqueuse de nuisances et de nuiseux et le calme inquiétant du magasin vide aurait pu être exploité davantage, mais dans l’ensemble, le récit suit son petit bonhomme de chemin, avec suffisamment de causticité pour faire passer la charge.

SAHKTI :

L’étrange mort de Quentin et d’Elisa Reclus, ou l’affaire du PQ aux tournesols ! La référence au poète libertaire est suffisamment explicite pour teinter toute l’histoire du noir irrévérencieux de l’anarchie, avec net infléchissement vers le burlesque non-sens de ses héritiers spirituels surréalistes. La chute en forme de points d’interrogation laisse cependant le lecteur un peu sur sa faim, même si elle ajoute à l’étrangeté du propos…

CHARLES :

Des formules heureuses (le road veilleur, entre autres), un ton gouailleur et une idée de base qui tient superbement la route : l’envers du décor vu et relooké par les gugusses de faction la nuit. Une jubilatoire entreprise de démolition rondement menée !

ZOU :

La référence typiquement belge aux night-shops pourrait passer au-dessus de la tête de certains non-initiés, mais cette petite scène de ménage plutôt aigre que douce entre un dipsomane endurci et une fumeuse de moquette repentie (pas tant que ça, d’ailleurs) ne manque pas de jus. On appréciera la pirouette finale pour respecter la contrainte de la marionnette.

PANDAWORKS :

« Ne crie pas lui avais-je dis. Ne vomis pas elle m'avait dit. » De l’incommunicabilité entre deux êtres que ne rassemblent que des instants de folie. Déjantée et percutante, ta prose, Chef, parfois même déroutante lorsque l’histoire se met à zigzaguer entre les bouteilles, mais toujours aussi excitante à lire et bourrée de clins d’œil tous azimuts. Une très roborative mixture qui ne laisse pourtant aucune trace de gueule de bois.

NINANANERE :

Touchante, ta grenouille en tissu qui voudrait tant danser. Encore une fois, tu parviens à étirer temporellement l’histoire pour la faire déborder du présent narratif, et bâtir tout un monde cocasse autour d’un modeste accessoire de toilette à qui tu insuffle une véritable existence poétique. Un texte qui peut ravir petits et grands, ce qui est le plus difficile à faire.

BERTRAND-MÔGENDRE :

A mon tout d'être désolé, mais je je subodore que les appréciations de quelqu’un qui ferait mieux de remplir des carnets de contravention que de se risquer à des exercices à prétention littéraire ne présenteraient pas grand intérêt pour toi, aussi m’abstiendrai-je prudemment de commenter ta prestation. Le challenge serait certainement au-dessus de mes très modestes capacités…

Oui tu as raison gobu, car ce n'est pas moi qui vais te dire que ta prestation est géniale. D'ailleurs tu ne sauras pas que j'ai explosé de rire à la fin, tu ne le sauras pas car jamais je ne le dirai. Non. N'imagine même pas une seule seconde que je me délecte en face de tes écrits. Non tu n'imagines pas. Ne compte pas sur moi, non plus pour t'inviter à partager une bonne bouteille, non (tu préfères quoi comme vin ?).

b-m, ça va être duraille de rattraper le coup ;-)

oui mentor, je regrette de m'être adonné à ce petit jeu négatif, qui finalement n'est pas drôle. Gobu j'adore ce que tu écris, mais je ne voulais pas le dire. Voilà le message subliminal de mon commentaire.

J'avais pas eu le temps de commenter, mais je ne suis pas la seule, non ... :-)

Nothigman : J'ai du mal , je n'arrive pas à accrocher. Désolé...

Sahkti : Ambiance Humour et Noir, ça change, mais j'accroche un peu moins.

Charles : C'est frais, spontané. Ça se lit bien.

Bertrand : Ce n'est pas ce que je préfère chez toi. Tant pis.

Zou : J'aime bien la façon que tu as choisi pour amener les mots-contraintes. Mais il y a un ou deux passages que je n'ai pas bien saisi.

Panda : Le fantasme des cabines des grands magasins!! Il fallait y penser et ce ne pouvait être que toi. Un brin loufoque !

Gobu : Le dialogue est génial, en quelques lignes, avec très peu de description, tu dessines les persos. Très imagé, cinématographique. Mis à part ça, je n'ai rien de constructif à rajouter. Ah, si : j'adôôôôôre, tout simplement.

Pour finir, pour ma part, j'ai oublier un objet, l'appareil photo, mais personne ne l'a vu... alors chut...
Encore merci Sahkti, pour tes idées... Et tous pour vos commentaires...

Super Surface

— Moi je dis seulement que c’est pas malin d’avoir envie de pisser pile avant la fermeture.
— Et moi je réponds seulement que les envies ça se contrôle pas.
Elle me fait chier, c’est évident, ça fait longtemps, cette fille là m’emmerde et de la pire des manières : jamais contente, jamais aimable, sauf lorsqu’il y a du monde parce qu'à son image, elle y tient. Putain, dire que c’est moi qui enseigne la communication…
— Il doit bien y avoir quelqu’un ?
Je réponds pas. Je la connais, en cas de crise, faut que je porte le chapeau, ça devrait pas tarder.
— Si seulement t’avais jeté un œil pendant que j’étais aux toilettes.
— On en serait pas là ?
— Précisément !
Nous y sommes, et le chapeau je le porte comme personne.
Et je me tais, et je marche.
Je marche vers l'accueil d’une grande surface à cette heure-ci déserte, sans trop savoir ce que j’y trouverai, un téléphone peut-être. Et je traîne derrière moi une silhouette furibonde et pleine de reproches.
Et si je dis silhouette, c’est pas un hasard, non, c’est juste qu’elle appartient au passé.
Je me la floute en quelque sorte. Je me la bascule doucement dans le rayon des souvenirs, je me la répertorie dans le secteur oubli volontaire ; mini-case de la mémoire, et j’ai la mémoire tenace.
Au rayon des cosmétiques, devant les rouges à lèvres j’étais pas certain. Plus loin, passant devant les grille-pain et autres appareils photo, je doutais. Au rayon disque, je me laissais même aller à penser que tout ça était pas si grave, qu’on en avait connu d’autres, qu’on s’en sortirait… J’étais même prêt, rayon “Déco”, entre les marionnettes, les bâtons d’encens, les papiers toilette avec dessus des sudoku histoire de passer le temps à se faire chier mathématiquement, à lui tendre la main, lui faire un câlin, davantage pourquoi pas. Un truc du genre sauvage sur une pile de cannes à pommeaux en promotion, sur le radiateur en fonte de la cabine d’essayage, n’importe : au milieu d’une tripotée de poupées Barbie soldées pour cause de rafraîchissement du canon esthétique. Mais elle a dit :
— T’as mis ce pantalon-là ? T’aurais pu faire un effort quand même, ce soir on dîne chez mes parents, tu te souviens ?
À l'accueil, y’a une pile de paperasse intitulée “Réclamations” , un téléphone, tout ce qu’il faut pour demander de l’aide, et je file au rayon “Apéritifs” histoire de me remettre en phase avec la fonction “Effacement de la mémoire”
Au passage, rayon “Mode” je récupère un chapeau, des fois que le téléphone fonctionne pas, des fois que la poste transmette pas les réclamations, qu’elle soit en grève, des fois que…

- Allô, Bernard?
- Ouais?
- C'est Maurice!
- Ah salut. Dis donc t'as une drôle de voix, qu'est-ce qui t'arrive à une heure pareille?
- Tu me croiras jamais...
- Allons bon. Attends, j'essaie de deviner... Françoise t'a foutu a la porte parce que t'es arrivé raide-mort à la maison et que t'as confondu son tube de rouge-à-lèvres favori avec un suppositoire?
- Ah-ah-ah très drôle mais non c'est pas ça.
- T'as laissé un torchon sur le radiateur en fonte et il a pris feu?
- Non plus.
- Ou alors...
- Tu vas me laisser parler oui?

Bernard est comme ça, il a toujours une panacée de syllabe qui ose bousculent au fond de la gorge et se pressent d'en sortir dès qu'elles en ont l'opportunité.

- Bon vas-y je t'écoute.
- Voilà. Françoise m'a envoyé à Leclerc pour lui trouver un nouveau grille-pain, parce que j'ai fait cramer le dernier en oubliant un torchon dessus.
- Sacré Maurice! Tu noteras que j'étais pas passé loin.
- Ouais bon. Toujours est-il que là des grilles-pain ils en avaient des tonnes et j'ai passé trois plombes à me décider, parce qu'il en fallait un pas trop mal (Françoise aime la qualité) et en même temps j'avais pas envie de claquer trop de blé.
- T'avais qu'à aller aux champs, le blé tu l'aurais récolté après l'avoir semé!

Je n'ai jamais vraiment aimé l'humour à deux francs cinquante de Bernard. J'en venais presque à regretter de l'avoir appelé.

- Bon s'il te plaît Bernard, c'est sérieux.
- OK j'arrête.
- Voilà, donc je me tâtais pour trouver le grille-pain adéquat, et puis j'en ai eu vite ras le bol alors je suis allé flâner dans le rayon littérature. Je suis tombé sur un Marguerite Duras qui avait l'air très intéressant, je me suis dirigé vers le petit coin pour l'entamer en paix, et je me suis endormi au troisième chapitre.
- Sacré Maurice, va!
- Arrête de rire c'est pas drôle!
- Peut-être pas pour toi, mais en attendant moi je m'amuse bien.

Du calme Maurice, surtout ne pas s'énerver, de toute façon c'était une certitude que Bernard allait se fendre la pomme, alors on reste zen.

- Bref, toujours est-il que lorsque je me suis réveillé, les lumières étaient éteintes et y avait plus personne.
- Et donc tu me téléphones depuis Leclerc?
- Exactement.

A ce moment là, ce que je craignais arriva, la conversation fut coupée par une minute et demie de fou-rire.

- Sacré Maurice, va! Et t'aurais pas pu me le dire plus tôt au lieu de tergiverser?
- Pour que ton fou-rire me coûte un quart d'heure de forfait? Certainement pas, non.
- T'as raison. Bon, et maintenant que puis-je pour toi?
- Ben me sortir de là.

Et ça y est c'est reparti. Manifestement Bernard n'avais pas assez ri, et mon ton tout penaud à l'autre bout du fil n'était manifestement pas un argument pour le faire cesser.

- Et comment tu veux que je fasse? Il est deux heures et demie du mat', t'as de la chance qu'ils aient passé un bon porno sur Canal sinon je serais déjà au pieu!
- Euh... j'en sais rien moi, t'as une voiture non?
- Je ne t'ai pas dit, j'ai eu un pépin la semaine dernière, et là avant qu'elle soit en état de marche la bagnole...
- Super. J'ai plus qu'à appeler Françoise, maintenant. Telle que je la connais, j'aurai droit au savon du siècle.
- Attends, l'appelle pas, j'peux p'tet encore te filer un coup de main, j'peux aller te chercher à vélo!
- Riche idée. Et après comment tu rentres dans le magasin?
- En vélo ou en caisse, c'est du pareil au même.
- Très juste.

C'est vrai ça, j'y avais pas pensé.

- Doit y avoir du matos dans le magasin, tu devrais bien avoir de quoi casser une vitre par l'intérieur.
- Pas bête. Tiens, là j'ai une canne à pomeau. Oui mais ça va faire du boucan!
- T'as qu'à l'embobiner avec un rouleau de papier cul!
- C'que t'es con. Y a l'alarme, abruti.
- Ah ok... nan j'pensais au PQ parce que y en a un peu partout là dans la pièce. J'ai mis de l'encens pour l'ambiance.
- Je vois. Ce porno a l'air super intéressant. C'est vraiment cool de voir à quel point tu t'intéresses à mon problème.
- Rôoh allez, moi je dis que c'est vraiment trop marrant ce qui t'arrive. Je serais toi j'en profiterais pour faire des pures conneries!

Pour ce point, je lui fais confiance.

- Là tu vois, c'est vraiment la dernière chose qui me passe par la tête.
- Bon. En tout cas, si tu changes d'avis, prends des tofs!
- Oh pour ça, j'suis servi, question appareils photos y en a une belle collection.
- Eh ben voilà, fait mumuse, monte un spectacle de marionnettes et enregistre-le en numérique!
- Bordel Bernard, est-ce que tu vas finir par comprendre que j'ai qu'une seule envie et c'est de me casser d'ici?!
- Bon, t'énerve pas, j'prends mon manteau, j'sors le vélo et j'arrive.
- Ah, enfin!
- En attendant, t'as qu'à chercher s'ils ont pas un disque de Mireille Mathieu, ça collera super bien avec les marionnettes.
- Nom de dieu Bernard! Allô? Allô?

Ce fils d'andouille m'a raccroché au nez. Prochaine étape, trouver une bonne excuse à sortir à Françoise. Et si Bernard essaye de prendre ne serait-ce qu'une seule photo, je lui gare la canne à pommeau dans le derrière.

Chako a écrit:toujours une panacée de syllabe qui ose bousculent au fond de la gorge

Purée, la faute de frappe --> Une panacée de syllabes qui se bousculent au fond de sa gorge.

C'est rigolo, pas très subtil mais amusant.

Je sais que je suis vraiment mal placée pour dire ça mais...fait gaffe à l'orthographe ! :-)))

Yaäne a écrit:Je sais que je suis vraiment mal placée pour dire ça mais...fait gaffe à l'orthographe ! :-)))

ouais, fait gaffe :-)))

pas mal les gars, je me suis marré malgré le peu de finesses, comme vous dites. Ca fait du bien quand même
et bravo pour les contraintes que même Yali il a fait un effort pour les respecter ! ;-)

mentor a écrit:

Yaäne a écrit:Je sais que je suis vraiment mal placée pour dire ça mais...fait gaffe à l'orthographe ! :-)))

ouais, fait gaffe :-)))

FAIS gaffe, bande de moules...

Chako Noir a écrit:

mentor a écrit:

Yaäne a écrit:...fait gaffe à l'orthographe ! :-)))

ouais, fait gaffe :-)))

FAIS gaffe, bande de moules...

on dit pas "fais gaffe, bande de moules", mais faites gaffe

.

nyaaaa :-p
je fais
tu fais
il/elle fait
nous faisons
vous faites
elles/ils font
voilà, toi y en a être content? ;-))))

Chako Noir a écrit:nyaaaa :-p
je fais
tu fais
il/elle fait
nous faisons
vous faites
elles/ils font
voilà, toi y en a être content? ;-))))

toi y en aS !

mdr, ptdr !!

Ouille ouille ouille, désolée ^(^,
J'vais devoir me taper des lignes d'écriture aussi professeur Mentor ? :-)))

Yaäne a écrit:Ouille ouille ouille, désolée ^(^,
J'vais devoir me taper des lignes d'écriture aussi professeur Mentor ? :-)))

non non, moi je punis pas ! juste j'aime bien jouer au ping-pong avec Choco Noir ;-)

Zh bah ça va, dis-le si je sens le gaz ! :-))))
Si c'est comme ça, je vais aller faire des fautes d'orthographe ailleurs !

Yaäne a écrit:Zh bah ça va, dis-le si je sens le gaz ! :-))))
Si c'est comme ça, je vais aller faire des fautes d'orthographe ailleurs !

bah, t'en fais pas si tant tellement, si ? ah, j'avais pas vu
mais si tu veux on peut y aller
tu sers ?

Arf. Je fais l'arbitre si vous voulez. ^^

Chako noir: dors.

Bon, ok. Bonne nuit alors!

Le fil date pas de 2007???

Si, si, seulement Mentor en a reparlé sur le fil des babils et Yali, qui n'y avait pas participé à l'époque (et moi non plus puisque je n'étais pas encore inscrit) a eu la bonne idée de remonter le fil en y apportant de sa plume, et voilà comment des vieux textes presque oubliés se retrouvent en tête de file.

Du coup je vais m'y tenter...

CALC

Cette nuit, je dois tout faire pour vaincre Seth Nuins. Il est comme moi, invincible pour le moment et le titre se jouera ce soir. Après 18 victoires chacun, on se retrouve en finale et le lieu choisi est encore une fois particulier… Après avoir combattu à coups de petits pois dans un champ de maïs, à l’aide de Dragibus dans une cour d’école ou encore de cire épilatoire chaude dans un salon de beauté, ce soir on a rendez-vous, sur le coup des 23 heures tapantes, au Supermarché Aupres. De mon côté, j’ai reçu le rayon exact où je dois me rendre : 43C…

La nuit est là depuis longtemps…Mon ombre est tapie dans l’obscurité, je me déplace lentement mais sûrement. Je sais déjà par où je vais m’infiltrer… Derrière, il y a les entrepôts de stockage, et ceux-ci ne restent jamais fermés car les livraisons commencent à 4h…. C’est même encore plus simple que je ne le croyais… Je passe entre les cartons de cartables, de trousses et de stylos effaçables me rappelant que la rentrée scolaire est proche, pour arriver à la porte automatique donnant sur le lieu de l’affrontement… Un simple pression sur le bouton me permet de pénétrer le futur champ de bataille… 40D… Je ne suis pas loin de mon rayon… Je prends au passage quelques articles qui pourraient m’être nécessaire…

42C, 43C… Ca y est, je vois la croix au sol… Ok je suis posté ici… 22h40… Il me reste 20 minutes pour mettre ne place mon poste de commandement… Le rayon 43C est celui des grille-pains… Déjà les idées foisonnent dans ma tête… Récupérer des multiprises dans un des rayons voisins, sortir de mes poches les quelques potentielles armes saisies de-ci de-là… Au loin, j’entends des bruits de plastiques que l’on déchire… Au moins mon adversaire n’aura pas été placé dans un rayon métallique…

Ca y est, mon armée d’attaque aérienne est prête… Une batterie de grille-pains a trouvé place au centre de l’allée, prêts à se prendre pour des grosses Bertha… Les munitions ont été chargées : rouge, rose, marron, noire… Les rouges à lèvres chauffés par les résistances électriques devraient faire leur effet au moment de la chute… Il me reste juste à placer la marionnette me représentant derrière ma ligne d’attaque en espérant que je puisse mettre à mort celle de Seth avant qu’il ne le fasse avec la mienne.

22h59. Alors que je me dirige vers le monte charge d’où nous allons observer la scène, je vois Seth qui fait de même et qui se rapproche de moi. Je ne le voyais pas comme ça. Je l’imaginais, grand, le front large, le sourire carnassier… C’est en fait un petit grassouillet qui boîte du côté droit. Il a revêtu un masque de Batman… Il me salue et prends place à côté de moi. Moi je suis droit comme un i, une main posée sur ma canne surmontée d’un pommeau en forme d’araignée. Et oui, je tisse ma toile pour mieux dévorer mes adversaires…

23h00. Les prises électriques se mettent en marche grâce aux minuteurs. De mon côté, j’entends les résistances crépiter. Les produits neufs font toujours çà. De l’autre côté du front, aucun bruit… Mais qu’est-ce qu’a prévu Seth ???

23h02. Mes premières fusées, décollent. Trois missiles rouges qui viennent s’écraser comme des tomates trop mûres sur des woks placés en tête de gondole. J’avale ma salive de travers. Mon plan serait-il bon ???
De son côté, toujours rien.
2 minutes plus tard, uns salve rosée prend une trajectoire plus aérienne. Mais surement trop chauffés, les missiles se désintègrent en plein vol. Je savais que je m’étais précipité sur le réglage du modèle coréen mais le temps me pressait.

De son côté, une légère odeur se fait sentir. Un parfum sensible de vanille et de jasmin me chatouillent le museau. Cela ne me laisse en rien augurer de ce qu’il a choisi de faire mais au moins, mon odorat est satisfait…

Nouvelle envolée de rouge à lèvres. Encore une escadrille rouge. Celle-ci fend le ciel du supermarché. Malheureusement, une publicité accrochée au plafond est un obstacle un peu trop ferme pour mes missiles de corps gras. Encore une ménagère souillée de rouge et pendue au plafond…

Je m’inquiète… Mes munitions se réduisent et toujours rien du côté de Seth. Je jette un œil de son côté. Une faible lumière jaillit. Je décide de prendre une photo au flash pour mieux distinguer ce qui se trame. Sur l’écran de mon appareil photo, je peux alors voir que mon adversaire avait tiré le rayon du papier toilette. Il a construit une grande défense à coups de rouleaux rose déroulés et tendus. Derrière, il a installé un vieux radiateur en fonte sur lequel sont posés des bâtonnets d’encens. Je comprends mieux l’odeur…
Au bout de ces bâtonnets, encore du papier hygiénique. Des dizaines de bouts de rouleaux qu’il a lancés dans toutes les directions du magasin… Ce malade veut tuer ma marionnette en la faisant brûler vive… Une perle salée coule le long de mon visage…

Alors que ses bâtonnets sont sérieusement entamés, une nouvelle salve aérienne arrive. Celle-ci semble bien partie. La trajectoire est idéale, la vitesse bonne, la tenue des bâtonnets correcte… Le sourire revient sur mon visage… Mes yeux suivent mes missiles maquilleurs. Et j’enrage… Il passent juste au dessus de sa marionnette et viennent s’écraser comme des étrons dans du triple épaisseur. Mais dans mon malheur, la vitesse et la violence, au moment de l’impact, ont déséquilibré la colonne de papier, qui chancelle puis chute sans hésiter.

Soudain tout s’accélère… Un paquet vient percuter les bâtonnets d’encens qui se retrouvent projetés dans les airs. Leurs combustions s’intensifient au contact d’une plus grande quantité d’oxygène. Alors rouge vifs, ils amorcent leur descente qui les mènent directement sur les lignes de défense de Seth. Sa belle muraille rose s’embrase instantanément… La lumière du feu me permet de voir à quoi cette muraille était attachée : aux poignets de sa marionnette… En quelques secondes, sa ligne de défense n’est plus qu’un incendie qui commence à lécher les mains de la marionnette, qui à son tour s’enflamme.

Seth se prend la tête à deux mains. Son plan s’est retourné contre lui… Moi j’ai le sourire large du vainqueur sur le visage. Une dernière salve rosée s’envole et vient mourir sur le visage de la marionnette de mon adversaire déjà vaincu. Mon plan était le bon. Ce soir, je serai honoré devant toute la confrérie des CALC (Combats à la Con) et je me verrais remettre le trophée que tout le monde convoitait : le premier disque vinyl de Britney Spears…

Dejante, haletant: merci crevette. C'est completement con mais que c'est bon.

Du dingue délire ! Bon pour l'humeur...

pas sûr d'avoir bien tout suivi à partir du top des hostilités, en tout cas c'est drôle et ça c'est chouette