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Gary & Hamid - Histoires sombres.

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Gary & Hamid - Histoires sombres. - Page 2 Empty Re: Gary & Hamid - Histoires sombres.

Message  maniak' Mar 11 Mar 2008 - 13:01



Ils ont continué à marcher bien après la tombée de la nuit, profitant de la lumière de la lune presque pleine. En silence, ils ont gravi les pentes escarpées des collines, le jeune homme aux cheveux blonds et aux larges épaules devant, le maigre garçon à la peau mate et aux cheveux noirs derrière. En quelques heures, ils ont parcouru une bonne dizaine de kilomètres. Mais ils savent, l’un et l’autre, que cette distance, qui peut paraître considérable à un homme à pied, est négligeable pour un hélicoptère bourré d’hommes en armes.

Ils ont marché vite pourtant. Le jeune afghan y a veillé qui enfonçait le canon de son arme dans les reins de son prisonnier dès que celui-ci faisait mine de ralentir. Au début, Hamid a tracé leur route droit vers les montagnes, sans se poser la moindre question, uniquement préoccupé de mettre de la distance entre lui et les hommes qui ne tarderaient probablement pas à se lancer à sa poursuite. Et puis, dès que le terrain s’est fait plus accidenté, il a poussé Gary vers l’ouest, vers l’abri des falaises et des canyons. Là où nombre de chars russes finissent de rouiller après s’y être fait piéger. Là où des hélicoptères auraient du mal à évoluer à basse altitude et pourraient difficilement se poser.

Ils sont maintenant assis face à face, à quelques mètres de distance l’un de l’autre. En silence, ils reprennent leur souffle après cette folle course.

Gary regarde ses poignets entravés puis le frêle jeune homme qui, assis en face de lui sur une grosse pierre, mâche lentement un morceau de viande séchée.

Au moment où l’afghan lui a demandé de tendre les mains vers lui, il a hésité. Forcément, pour pouvoir l’attacher convenablement, il allait falloir qu’il lâche son arme. Et lui, Gary, a pratiqué la lutte au collège, et un peu de boxe aussi. Il est largement plus costaud que son ennemi. Nul doute que, à armes égales, il aurait eu une bonne chance d’en venir à bout.

Mais, en premier lieu, il y a eu le solide poignard que le moudjahiddine a gardé entre ses dents pendant toute l’opération et la méfiance dont il a fait preuve. Le surprendre aurait été difficile. Et puis, là, quelque part dans la nuit, les hommes qui ont exterminé le commando taliban devaient remuer ciel et terre pour le retrouver. A priori, il semblait que son jeune ravisseur n’ait pas tellement de chance de pouvoir leur échapper. Plutôt que de se risquer à une tentative hasardeuse, Gary a préféré attendre que l’étau se resserre.

Mais il n’a pas baissé les bras. Il s’étonne même de sa capacité à raisonner aussi froidement. Il est physiquement épuisé, et contrairement à ce qu’il a eu tendance à croire au début, c’est plutôt une bonne nouvelle. Depuis des mois, avec son régiment, ils ont enchaîné les manœuvres en terrain montagneux. Les marches, de jour comme de nuit, ont succédé aux courses avec paquetage et armes sur le dos. Et de toutes façons, il a toujours été sportif et donc en excellente forme physique. S’il est fatigué, nul doute que le taliban le soit, lui aussi. Et il n’est pas prêt de récupérer.

Gary a décidé que cette nuit, personne ne dormirait.



Audrey est assise dans le sable, le dos appuyé au pilotis qui supporte l’angle de la terrasse. Les yeux mi-clos, elle regarde le soleil qui se fond dans la mer. Et, elle trouve ça magnifique. Elle se sent bien, trop bien. Et cela lui fait peur.

Elle a passé toute la journée avec lui et, à part au moment où, la marée et la houle étant propices, il est retourné surfer, ils ne se sont pas quittés. Il lui a raconté le Kosovo, l’Irak, la frontière pakistano afghane, la tension et la peur, l’odeur de la poudre… Et dans ses paroles, elle a réussi à percevoir l’ambiance particulière des missions de combat.

A aucun moment il n’a parlé de la raccompagner. Comme si elle avait naturellement trouvé sa place dans son univers. Il lui a simplement donné une brosse à dents, quelques chemises, deux ou trois shorts, quand elle a voulu se doucher. Et elle n’a pas demandé non plus à rentrer chez elle.

A la vérité, il lui a semblé impossible de s’arracher à cet endroit magique. Elle sait bien que cela ne va pas durer. Mais, pour l’instant, elle a l’impression que tout ce qu’elle a vécu avant leur rencontre ne compte pas. Son petit appartement que, pourtant elle adore, ses nouvelles, que maintenant elle arrive à faire éditer de façon à peu près régulière et qui lui permettent d’en vivre, le roman qu’elle a entrepris et dont elle à soumis des extraits à un éditeur, rien de tout cela n’a plus la moindre importance. Le seul texte auquel elle pense encore c’est l’histoire de Gary et Hamid et elle se doute bien que c’est uniquement parce que c’est le lien qui la rattache à Douglas.



- Tu ferais bien de laisser tomber… C’est râpé mon pote.

Hamid lève les yeux vers son prisonnier. Il ne comprend pas toujours son langage. Mais, laisser tomber, il sait ce que cela veut dire. Et ce n’est pas une expression qu’il affectionne, même dans sa langue maternelle.

- Moi laisse tomber,… jamais. Moi… moudjahid. Guerrier… Oui ?

- Tu parles. Ça va t’avancer à grand-chose tiens, quand ils t’auront rattrapé. Tu ferais mieux de te rendre. Au moins, tu t’en sortirais vivant.

Hamid sourit. C’est bien une réflexion d’occidental. Et cela confirme ce qu’il pensait de ces piètres guerriers. Ils n’ont aucune fierté, ils préfèrent être faits prisonniers que mourir en combattant.

- Vous. Américains, mieux vous partez. Ici, pas chez vous.

- Si ça ne tenait qu’à moi… tu crois que j’en ai quelque chose à foutre de ton bled ? J’ai signé un contrat avec le gouvernement mon ami. Ne me demandes pas pourquoi d’ailleurs. Et quand l’Oncle Sam te tient par les couilles, il n’est pas prêt de te lâcher je peux te dire.

Le jeune afghan se gratte le crâne. Il n’a pas tout compris, mais il a saisi l’idée générale. Et il croit comprendre un peu mieux, ces hommes ne se battent pas pour une cause, mais par obligation. Celui-là en tous cas.

- Vous Américains, vous… fous. Ici, vous meurs. Mieux vous partez… Oui ?

Gary sent la colère monter en lui. Pour qui se prend donc ce bâtard ? Bon Dieu, il a vraiment l’air de croire qu’il existe encore une possibilité pour lui et ses traîne-savates de gagner la guerre. C’est à ne pas y croire ! Ils ont en face d’eux la meilleure armée du monde, la mieux entraînée, la mieux équipée…

- C’est ça. J’en parlerai à Georgie, je suis sûr qu’il sera d’accord. Maintenant qu’on vous a cassé la gueule, on ramasse et on s’en va. Ça doit être pour votre esprit logique que vous êtes parmi les premières puissances mondiales, vous, les talibans.

Gary secoue la tête. Là-bas, derrière les crêtes déchiquetées, une étoile filante déchire le ciel et disparaît avant qu’il n’ait eu le temps de faire un vœu. Et malgré la gravité de la situation, il sourit. De toutes façons, il n’a jamais cru à ces conneries. S’il s’en sort, se sera par ses propres moyens, pas par une intervention divine.

- Moi, pas taliban, non.

Et il est quoi alors ? C’est bien contre les talibans qu’ils sont censés se battre non ? Ou alors il a loupé quelque chose.

- Et t’es quoi si c’est pas indiscret ? Norvégien ?

- Moi Afghani, du nord. Frontière Ouzbékistan… Oui ? Mazâr-E Charif,… Balkh,… connaît… Oui ?

Oui, Gary connaît. Et il en sait suffisamment sur la géographie de la région pour savoir que, en théorie, les gens du nord sont censés être leurs alliés. N’ont-ils pas participé à la libération de la ville et à la prise de sa fameuse prison ? L’alliance du Nord, c’est bien le seul mouvement qui a résisté à l’envahisseur taliban non ?

- Arrête-moi si je me trompe, mais on devrait pas être dans le même camp ?

Un sourire glacial étire les lèvres de Hamid. Oui, ils ont été dans le même camp. Même s’il n’a jamais pardonné la mort du commandant Massoud qui, selon lui aurait pu être évitée. Comme ses compagnons, il s’est même réjoui, au départ, de l’entrée des américains dans le conflit. Alors a commencé la contre offensive.

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Message  maniak' Jeu 13 Mar 2008 - 15:57



Ils sont sortis de la forêt deux heures avant le lever du jour. En silence, ils sont descendus vers le village et la batterie de DCA. Par petits groupes, ils se sont dirigés vers leurs objectifs respectifs. Et comme à chaque fois, le lieutenant Douglas Cameron a senti ses mains se mettre à trembler et la sueur couler le long de son dos.

Inconscientes du danger, les sentinelles serbes ont continué à griller cigarette sur cigarette en discutant à voix basse, leur vigilance émoussée par cette longue et morne nuit de veille.

Maintenant, le groupe de Cameron est en position, dissimulé dans un fossé, à tout juste vingt mètres du poste de garde. Eta, leur guide kosovar, est nerveux, impatient d’en découdre avec ses ennemis héréditaires. Et Douglas n’aime pas ça. Ils sont là pour effectuer un job, pas pour assouvir une quelconque vengeance. Il ne veut pas de dérapage. Il faudra qu’il surveille cet oiseau.

Il jette un regard à sa montre, c’est bientôt l’heure. Dans quelques secondes il recevra le signal dans son oreillette. La gorge sèche, il observe les deux sentinelles qui, inconscientes du danger qui les guette, continuent à discuter mollement.

- C’est bon les gars. On y va.

La voix du capitaine Floyd, calme et impersonnelle, a agi comme un électrochoc sur le cerveau du lieutenant Cameron. D’un seul coup, son esprit s’est désembrumé. Comme toujours au moment d’entrer en action, il a retrouvé une vision claire de ce qu’il doit accomplir.

Silencieusement, il ouvre sa main droite et fait le décompte pour ses hommes. Quatre, trois, deux, un…

D’un même mouvement, tout le détachement se redresse. Sanchez et Korky, les deux tireurs d’élite ont ouvert le feu, couchant les deux serbes avant même qu’ils n’aient réalisé quoi que ce soit.

Au pas de course, ils se dirigent maintenant vers le poste de garde, alors que leur parvient l’écho d’une série d’explosions de l’autre coté du hameau. Le groupe de Blunt est engagé.

Ils ne sont plus qu’à une dizaine de mètres du poste de garde quand la porte s’ouvre à la volée et qu’une silhouette se découpe dans l’encadrement. Eta et Webster ouvrent le feu sans même ralentir leur course et l’homme s’affaisse, lâchant son arme.

En quelques secondes, ils se sont rendus maîtres des lieux. Les deux miliciens serbes, mal réveillés, qui restaient à l’intérieur du bâtiment ont été neutralisés, et les hommes de Douglas se déploient maintenant autour de la position qu’ils sont censés tenir jusqu’à ce que la mission de sabotage soit achevée.

Cameron commence à se détendre un peu. Tout s’est passé comme prévu, son groupe n’a subi aucune perte. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre le signal pour se replier en vitesse vers le point de ralliement un peu plus haut dans les bois. Parfait, le genre de mission qu’il affectionne. Bien pensées, bien organisées, sans anicroches.

C’est alors qu’il entend les cris. Juste là, à quelques pas seulement, dans la ruelle qu’Eta et Wilkins sont chargés de surveiller. Inquiet, il se précipite dans l’obscurité de la venelle pavée, tous les sens en alerte.

Il lui faut quelques secondes pour réaliser ce qui se passe. Sur le trottoir défoncé, une silhouette féminine recule en hurlant de terreur, faisant face à Eta qui avance vers elle dans une attitude menaçante. Wilkins est en retrait, visiblement hésitant sur l’attitude à adopter. A première vue, la femme a été surprise juste devant son domicile dont la porte entrouverte laisse filtrer un rai de lumière. Douglas se dit qu’elle est peut-être sortie pour ouvrir ses volets, ou aller vider sa poubelle dans le container qu’il aperçoit un peu plus haut dans la rue.

- Bon dieu ! Ils avaient dit qu’il n’y avait plus de civils dans le village ! Wilkins ! Tu fonces au bout de la rue et tu nous couvres. Tu ne bouges pas de là, quoi qu’il arrive et tant qu’on ne t’a pas dit de le faire. Vu ?

Ok. Pas de problème. Il va régler ça rapidement. Il va demander à la femme de s’enfermer chez elle jusqu’à la fin de l’opération et renvoyer Eta vers le poste de garde. Ensuite il enverra quelqu’un appuyer Wilkins et tout rentrera dans l’ordre.

Oui, c’est exactement cela qu’il faut faire… Alors pourquoi cette phrase revient elle continuellement buter contre son cerveau, comme un signal d’alarme ?

- Ils avaient dit : pas de civils. Putain de merde !!! Pas de civils !!!

D’un geste brusque, Eta repousse la main qu’il a posé sur son épaule. Il lui crie une phrase en albanais avant de s’engouffrer dans la maison à la suite de la femme terrifiée.

- Merde ! Eta retourne à ton poste bordel ! C’est un ordre !

Et, d’un coup de pied, il ouvre la porte que le kosovar avait repoussée derrière lui.

Il se retrouve dans une salle, mi-cuisine mi-salle à manger, dans le coin le plus éloigné de laquelle est installée une gazinière. Au milieu, trône une grande table de bois sur laquelle sont disposés trois couverts, le tout sur une nappe de tissu à carreaux bleus. Il y a une porte fermée dans l’autre coin de la pièce et un grand buffet le long du mur à sa gauche.

La femme a une quarantaine d’année, peut-être un peu plus, et elle serait certainement jolie si la terreur ne déformait pas ses traits. Ses cheveux châtains étaient retenus par un chignon qui s’est partiellement défait et l’affuble à présent d’une coiffure bizarre.

Elle a reculé jusqu’à venir buter contre la table et fait maintenant face à Eta qui l’insulte violemment en albanais. Sourd aux injonctions du lieutenant, il arrache la blouse de la femme, dévoilant une lourde poitrine qu’elle essaie de dissimuler derrière ses bras croisés. Des larmes roulent sur ses joues et elle supplie le géant kosovar dans sa langue.

- Eta ! Tu fais chier !!! Laisses la tranquille et retourne à ton p…

La porte du fond s’est ouverte d’un seul coup devant un homme vêtu d’un simple tricot de corps et d’un pantalon de pyjama bleu ciel. Il doit avoir à peu près soixante dix ans. Ses cheveux gris sont décoiffés, ses yeux exorbités par l’affolement et la peur. Il tient, dans ses mains parsemées de taches de vieillesse, un fusil de chasse que Douglas identifie au premier regard : Airstall cinq coups automatique, calibre douze. A cette distance, et chargé des bonnes cartouches, c’est presque un lance-roquettes. Et Cameron a le pressentiment que ce sont bien les bonnes cartouches qui garnissent le magasin.

La détonation est assourdissante. Eta recule de trois pas et va cogner contre le mur derrière lui. La cartouche de chevrotine lui a emporté la moitié du visage, mais, incroyablement, il n’en est pas mort. Il tombe sur les fesses, le dos collé à la paroi et essaie de dire quelque chose. Il n’arrive à produire qu’une série de bulles d’un rouge transparent et un gargouillis que les autres n’entendent même pas.

L’homme se tourne à présent vers Cameron et le braque avec son fusil. Le lieutenant est un professionnel. Il a été formé à réagir vite et efficacement, comme si son corps prenait les commandes et que son cerveau s’en détachait. Le canon du M16 s’est redressé comme animé d’une vie propre et les pensées de Douglas s’affolent.

- Il ne fait que défendre sa fille… Il ne fait…


Les trois impacts se dessinent sur la poitrine du vieil homme exactement là où son œil les avait placés. Une expression de surprise sur le visage, il titube quelques secondes avant de tomber, face contre terre, dévoilant le gamin.

Il est debout dans l’encadrement de la porte. Il n’a pas plus de quatorze ans. Vêtu d’un simple caleçon blanc, pieds nus, il regarde avec horreur la scène qui se déroule sous ses yeux. Et Douglas croise son regard. L’expression de terreur mêlée de dégoût qu’il peut lire dans les yeux noisette du garçon le glace.

- Bon Dieu ! Je suis le méchant ! Celui qui vient d’abattre son grand-père, qui a essayé de violer sa mère…

Et il a envie de hurler que non, que ce sont les circonstances qui… Ils avaient dit qu’il n’y aurait pas de civils, il est prêt à le jurer sur ce qu’il a de plus cher. C’est Eta, ce crétin lubrique… lui il a juste voulu empêcher que…

Son arme est toujours levée, la tête du gamin dans sa ligne de mire. Son index se crispe sur la détente quand celui-ci se met en mouvement. Le gosse est à moins de cinq mètres et il avance vers lui, s’il ne tire pas tout de suite, dans peu de temps, il sera trop tard.

- Stop !!! On ne bouge plus !!!

Mais le garçon continue à avancer. Au passage, il attrape un couteau de cuisine qui traîne sur la table. Il marche lentement, droit sur le lieutenant. Et, face à cette lenteur, les réflexes conditionnés de Cameron semblent perdre l’avantage sur son intellect. Lui, qui a grandi dans une famille dans laquelle les hommes sont sensés se comporter en homme, avec un sens aiguë de ce qui se fait ou ne se fait pas, ne peut se résoudre à tirer sur un enfant.

- Arrête petit, ne m’oblige pas à …


Son ton est suppliant. Il met toute son énergie à essayer de convaincre le gamin. Mais, celui-ci est terrifié. Terrifié et en colère. Les méchants sont entrés dans sa maison, ils ont agressé sa mère, abattu son grand-père, et pour lui qui est encore à l’age où les gentils finissent toujours par l’emporter, il est hors de question de laisser les choses en l’état. Même s’il a peur. Même s’il sent les larmes couler sur ses joues en un flot continu. Alors il bondit sur l’américain.

Douglas ne tirera pas. De toutes façons, il n’en a plus le temps. Et puis le gosse est trop près maintenant. Il le voit bien se jeter en avant, et son entraînement devrait lui permettre d’anticiper son action. A n’importe quel milicien serbe, quel qu’aient été sa taille et son poids, il aurait brisé le cou presque sans effort. Alors pourquoi ce gamin, maigre à faire peur et qui ne doit pas peser plus de quatre vingt dix livres, a-t-il réussi à…

Au dernier moment, il a pivoté légèrement et la lame qui visait son ventre s’enfonce juste au-dessus de sa hanche droite. Au début, il ne ressent qu’une espèce de pincement et puis, presque tout de suite après, une violente douleur et la sensation désagréable de se déchirer.

Le visage du garçon est à quelques centimètres du sien. Et il peut voir le pli entre ses sourcils, le nez pincé et le bout de langue qui dépasse entre ses lèvres. Le gosse s’applique à le tuer. Il sent le sang qui poisse sa tenue de combat, la jambe de son pantalon qui colle à sa cuisse et la douleur lancinante qui lui vrille les entrailles. Il s’affaibli très vite et n’arrive pas à repousser le gamin qui s’accroche à lui de toutes ses forces et qui le tue.

Alors sa main droite tombe sur la crosse gaufrée du Colt Commander qu’il porte à la ceinture et tout son être se révolte à l’idée de ce qu’il va faire. Au point même que, un court instant, il hésite à se laisser mourir plutôt que de devoir survivre à ça. Et puis son corps reprend les commandes alors que son cerveau embrumé de douleur se déconnecte de la réalité.

Le gosse sursaute quand la première balle lui perfore le foie. Il fronce les sourcils, comme incrédule. Comme s’il se disait que non, ce n’est pas possible, qu’il n’est pas sensé mourir si jeune.

Cameron a réussi à se dégager en partie et, comme le garçon fait mine de revenir à la charge, il tire à nouveau. En pleine poitrine cette fois.

La femme est pétrifiée. Son visage et son corps se sont figés et elle reste là, immobile, indifférente à la blouse ouverte sur sa poitrine nue, les poings crispés contre la bouche. Une plainte sourde semble s’échapper directement de son ventre.

Le lieutenant Douglas Cameron ferme les yeux et tombe à genoux en lâchant son arme.

Et il hurle… De toute son âme.

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Message  mentor Sam 15 Mar 2008 - 18:49

Je ne commente plus, mais je te garantis que je lis chaque fragment avec beaucoup d'intérêt !
Ton écriture est excellente, c'est toujours palpitant et bien documenté
Bref ça me plaît, y a pas de lassitude de lecture, au contraire
et j'espère bien que tu tiendras sur la longueur et que, un jour, tu pourras en faire un truc publiable, c'est tout le mal que je te souhaite

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Message  maniak' Sam 15 Mar 2008 - 19:38

Merci. Tu fais bien de commenter parce que je pensais que ça n'intéressait plus personne et j'allais laisser tomber. Un p'tit com c'est toujours encourageant.

Merci encore.
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Message  Jaguar Sam 15 Mar 2008 - 20:43

La même chose alors, rassures toi !!

J'ai du mal à saisir le lien entre ton dernier texte et les précédents, mais celui ci l'égale (voire plus) sans aucun problème. Plus dur, plus "dénonciateur" d'un certain nombre de choses, plus vrai aussi d'une certaine manière...

Continue !!
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Message  Reginelle Sam 15 Mar 2008 - 20:51

maniak' a écrit:Merci. Tu fais bien de commenter parce que je pensais que ça n'intéressait plus personne et j'allais laisser tomber. Un p'tit com c'est toujours encourageant.

Merci encore.
Ah non ! Ne laisse pas tomber ! Pas maintenant que j'arrive au bout de ce que je connaissais déjà !

Surtout qu'ici, on a vraiment le temps de lire, alors hein...

la suite... (s'il te plait... ok... )
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Message  maniak' Sam 15 Mar 2008 - 21:03

Merci beaucoup. Je continue alors...



Audrey pose sa main fraîche sur la poitrine trempée de sueur de Douglas et il se raidit. Son cri vient de mourir dans sa gorge, mais il est encore secoué de sanglots et de spasmes. Son visage baigné de larmes exprime une douleur effrayante et la jeune femme se demande dans quel horrible monde son esprit a bien pu s’égarer.

Ce sont ses hurlements qui l’ont réveillée. Hésitante, elle a quitté la chambre d’ami où il l’a installée et, à tâtons, elle s’est approchée de la sienne. Elle a attendu un moment devant sa porte avant de pousser le battant.

Elle est maintenant à son chevet, désemparée.



- Je raconte, pourquoi ?... Pas même camp, oui ?

Hamid se souvient de ce jour. L’Alliance du Nord, appuyée par les forces aériennes américaines, a commencé son offensive. Les avions et les hélicoptères de la Navy ont déversé un déluge de feu sur les lignes ennemies et les talibans n’on pu que reculer sous la pression des moudjahiddines galvanisés. Chaque jour, depuis le début de la reconquête, a vu la prise d’une ou plusieurs positions tenues par les « Fous de Dieu ».

Et Hamid, même s’il n’a pas pardonné l’humiliation infligée au commandant Massoud, a été heureux de voir la situation, stagnante depuis si longtemps, évoluer en faveur des siens.

Bien sûr, il a apprécié à sa juste valeur l’intervention de la coalition. Même si les alliés ne se sont contentés pour l’instant que de bombarder copieusement les lignes ennemies, laissant aux hommes du Nord le soin de progresser au sol. Mais le jeune guerrier a toujours estimé que, de toutes façons, c’était à eux, afghans, de libérer physiquement leur terre. Et, pendant les premiers jours, leur progression a été à peu près régulière.

Et puis, au début de la troisième semaine, ils sont tombés sur le village. Un chapelet de maisons de terre niché à flanc de montagne, accessible seulement par une corniche à peine assez large pour permettre le passage des camions. Un véritable nid d’aigle.

Envoyé en éclaireur avec Issan, un autre jeune, ils ont grimpé à flanc de falaise. Précautionneusement, ils ont marché entre les blocs rocheux qui masquaient leur approche. Et puis, après une heure d’une pénible progression, ils ont trouvé un point de vue en surplomb des lignes de défense du village. Ils ont vu les canons, les hommes en armes, trop nombreux pour qu’on puisse les dénombrer. Ils ont vu aussi les paysans, les femmes et les enfants rassemblés sur la place du village. Nombreux eux aussi, et visiblement volontairement exposés aux regards des éclaireurs comme lui, Hamid.

Ils ont fait demi-tour et sont redescendus vers la piste et l’avant-garde de la colonne. Hamid a fait son rapport à Amir et au capitaine américain. Il a expliqué ce qu’il a vu, les canons, leurs positions, leur nombre. Il a parlé de la disposition des hommes postés à flanc de montagne de part et d’autre de la route défoncée, et du piège qui, inévitablement, se refermerait sur les premiers éléments de l’armée de libération. Et puis, il a parlé des paysans pris en otages par les talibans. Il a craché dans la poussière pour marquer son mépris. Comment ces chiens pouvaient-ils être aussi lâches ? L’américain a hoché la tête, et il a, lui aussi, craché par terre. Le colosse aux cheveux gris a tapé sur l’épaule de Hamid avec un grand sourire, et Amir lui a dit d’aller se reposer.

La nuit est tombée et les officiers ont demandé à ce qu’on allume des feux bien visibles depuis le village. Hamid et Issan se sont installés sous la benne d’un pick-up. La journée a été longue, mais le fait que la colonne soit bloquée ici a au moins le mérite de leur permettre de souffler un peu. Et Hamid s’est dit que dégager la route en épargnant les civils ne sera pas une mince affaire. Ils vont avoir largement le temps de se reposer.



L’expression sur le visage de Douglas est celle d’un enfant apeuré. La même exactement qu’Audrey a pu voir des centaines de fois lorsque, encore étudiante, elle faisait des ménages dans une crèche du centre ville pour arrondir ses fins de mois. Cette expression qui signifie qu’on refuse totalement un évènement, que l’on crie pouce, que l’on ne joue plus.

Il a ouvert les yeux, mais son regard est flou, embrumé. Et la jeune femme a du mal à reconnaître le macho au sourire moqueur avec qui elle a passé les dernières vingt quatre heures. Il y a quelque chose de touchant dans l’expression de cette panique enfantine, improbable dans ce corps aux épaules larges et aux muscles saillants.

Il n’a pas encore noté sa présence, ce qui explique peut être qu’il se livre aussi totalement. Et Audrey le trouve beau, comme si, pour la première fois, elle le voyait réellement, sans le masque de cow-boy qu’il porte à longueur de temps.

Il l’a physiquement perçue, mais son esprit n’a pas encore analysé l’image de cette silhouette féminine près de lui. Pourtant, il s’est saisi de son poignet qu’il serre à lui faire mal. Et il sanglote, presque à s’étouffer.

Avec douceur, Audrey caresse sa joue trempée de larmes et dépose un léger baiser sur son front. Elle ressent quelque chose de fort qui la remue profondément, un instinct de protection quasi maternel et un puissant désir qu’elle sent monter, qui lui serre la gorge et fait battre ses tempes. Et elle sait ce qui va se passer, comme elle sait qu’elle a attendu ce moment dès la première minute. A l’instant même où il se sont rencontrés.

Tout doucement, elle pose ses lèvres sur les siennes. Sa joue est baignée de larmes, elle en sent le goût salé sur sa langue et le seul mot qui lui vient à l’esprit est : mélange. C’est exactement cela, ils se mélangent. Elle ressent sa douleur et il s’emplit de son désir.

Il pleure toujours, et peut-être n’a-t-il pas encore complètement appréhendé le changement de situation, peut-être est-il encore perdu au fin fond de cet endroit horrible qui le met dans un tel état et ne cherche-t-il qu’a être aidé, consolé. Pourtant, peu à peu, il émerge de son cauchemar. Cette bouche contre la sienne, cette odeur légère, ce corps souple, le tirent vers la surface comme pourrait le faire un sauveteur.

Maintenant, il a pleinement conscience de sa présence et il s’accroche à elle comme un naufragé à une bouée. Ils s’embrassent alors qu’elle se débarrasse de la chemise trop grande qu’il lui a prêtée. Ils s’embrassent encore quand elle pose un genou sur le lit. Et ils s’embrassent toujours quand elle l’enjambe et s’assoit sur ses cuisses.

Elle est belle. Non, elle est plus que cela, elle est magnifique. Comme seule peut l’être une femme dans ces moments-là. Dans la semi obscurité de la chambre, éclairée uniquement par la lumière de la veilleuse dans le couloir, il devine ce qu’il ne voit pas de son corps. Et tout est perfection, de la douceur de ses lèvres, au grain si fin de sa peau, de la profondeur de son regard à la rondeur de son épaule.

Audrey, bien sûr, a connu d’autres hommes. Des hommes qui, tous, se sont appliqués à faire étalage de leur virtuosité, de leur expérience en la matière. Et certains ont réussi à l’émouvoir. Certains même se sont révélés être des amants plus qu’agréables. Mais, jamais aucun d’entre eux n’a su la toucher autant que cet homme, qu’elle sait dur comme la pierre et qui pourtant sanglote dans ses bras.

Ils se sont fondus l’un dans l’autre, et elle réalise qu’elle pleure elle aussi, sans réellement savoir pourquoi. Comme si quelque part, dans un recoin éloigné de son cerveau, elle pressentait une fin inexplicable et malheureuse à cette osmose quasi parfaite.

Leurs larmes se mêlent et c’est d’émotions plus que de plaisir physique qu’ils se gonflent. Même si, du plaisir, jamais la jeune femme n’en a pris autant à pleurer. Elle savoure le goût de ses propres larmes sur les lèvres de cet homme qu’elle voit émotionnellement aussi nu que physiquement. Et ses pleurs redoublent, car elle a la certitude que plus jamais elle ne le verra ainsi.

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Message  Arielle Dim 16 Mar 2008 - 16:43

J'ai peu de goût (je crois l'avoir déjà dit) pour les films et récits de guerre mais là, je suis conquise par tes deux guerriers, Maniak et je suis avec beaucoup d'intérêt ce feuilleton que je serais désolée de te voir abandonner. Les aventures sentimentales de leur auteure me passionnent nettement moins. Très classique pour l'instant la petite intello qui se laisse prendre au charme très viril du beau mâle ténébreux. Ce dernier épisode particulièrement me laisse dubitative : Trop de larmes. Et puis, je sais pas mais…" Leurs larmes se mêlent et c’est d’émotions plus que de plaisir physique qu’ils se gonflent" je me demande naïvement si la chose est vraiment, physiquement possible.

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Message  Reginelle Dim 16 Mar 2008 - 17:43

Ben... ce qui me gène un peu ici c'est de passer de : "Elle est maintenant à son chevet, désemparée... " au roman qu'elle est en train d'écrire.

Pas le sentiment que cela serve au suspense de la scène, à son intensité... au contraire. De plus, ça frôle l'incohérence. Si cette femme est vraiment désemparée devant la douleur de cet homme qui lui paraissait jusque-là si "fort", je l'imagine mal "penser" à son roman ou sa nouvelle en cours d'écriture à ce moment-là.
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Message  maniak' Dim 16 Mar 2008 - 18:18

Arielle, je ne sais pas trop quoi te répondre. Tu es la première à me faire cette remarque sur cette scène précise. Scène que j'ai par ailleurs pris beaucoup de plaisir à écrire parce que, tu t'en doutes certainement, je suis bien plus à l'aise avec les scènes d'action.

Mais bon, et ça répond peut-être aussi au com de Reginelle, cette histoire a été écrite sans plan et en direct sur un autre site au gré des commentaires des membres qui la suivaient. Donc il y a probablement des incohérences.

Par contre, forcément, au moment où Audrey est au chevet de Douglas, elle n'est pas en train d'écrire. Et c'est sûr qu'elle doit être très loin de Gary et Hamid à cet instant. Il n'y a pas dans mon esprit de lien direct, et en tous cas pas chronologique, entre ce qui se passe dans la vie d'Audrey et l'histoire qu'elle raconte.

Comme je vois le truc, ce serait plutôt son état d'esprit qui, en fonction de ce qu'elle vit, a une influence sur ce qui se déroule dans sa nouvelle.

Ou peut-être, simplement, que ce texte est loin d'être parfait, que je le sais, mais que ce serait un gros boulot de tout reprendre et que je n'en ai pas le temps... :0)

Merci en tous cas de me lire.
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Message  Reginelle Dim 16 Mar 2008 - 18:34

maniak' a écrit:Comme je vois le truc, ce serait plutôt son état d'esprit qui, en fonction de ce qu'elle vit, a une influence sur ce qui se déroule dans sa nouvelle.

Ou peut-être, simplement, que ce texte est loin d'être parfait, que je le sais, mais que ce serait un gros boulot de tout reprendre et que je n'en ai pas le temps... :0)

Merci en tous cas de me lire.
son état d'esprit... ok. ça me parait logique. Ecrivant moi-même des romans, je suis bien placée pour savoir qu'un vécu, un ressenti personnel, aident à transmettre une émotion. Honnêtement c'est ce qu'il m'a semblé ici, que cette femme avait déjà dans la tête comment utiliser l'émotion ressentie face à cet homme en larmes. Et c'est justement ce qui me heurte. En revanche cette scène du roman pourrait être rapportée juste après le passage précédent par un simple copié-collé. Mais bon... JE SAIS : je ne suis pas l'auteur ! (grand grand rire !) -))))))))))))))))
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Message  maniak' Dim 16 Mar 2008 - 18:42

La vérité c'est que tu arrives trop tard. Ton aide m'aurait été précieuse si j'avais eu tes commentaires en live.

Merci encore.
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Message  mentor Mar 18 Mar 2008 - 19:20

Je ne commente plus, mais je te garantis que je lis chaque fragment avec beaucoup d'intérêt !
Ton écriture est excellente, c'est toujours palpitant et bien documenté
Bref ça me plaît, y a pas de lassitude de lecture, au contraire
et j'espère bien que tu tiendras sur la longueur et que, un jour, tu pourras en faire un truc publiable, c'est tout le mal que je te souhaite
;-)

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Message  maniak' Mar 18 Mar 2008 - 21:18

Tu bégaie Mentor ?

Une petite suite...




Hamid s’est réveillé en sursaut à la première explosion. En rampant sur les coudes, s’écorchant les genoux sur les cailloux, il a émergé de sous sa benne, les yeux encore englués de sommeil. Autour de lui, d’autres moudjahiddines assistent, silencieux, à l’apocalypse qui s’abat sur le village.

Les batteries de DCA ont déjà été réduites au silence, et plus rien ne s’oppose au ballet des bombardiers qui déversent une pluie de feu et d’acier sur les pauvres maisons de torchis des villageois.

De temps à autres, une rafale d’arme légère part de ce qui reste des lignes de défense talibanes, réplique illusoire d’une armée désemparée. L’atmosphère sent la poudre, la poussière et le sang.

Hamid sent ses mains se mettre à trembler. De plus en plus fort, de façon totalement incontrôlable. Les femmes, les enfants… il faut prévenir les américains. Le capitaine n’a pas du comprendre. Amir… Oui, ça doit être ça, Amir a du mal traduire ses paroles… Il ne peut y avoir d’autre explication.

D’un pas mal assuré, il marche, comme un ivrogne, vers le PC du capitaine. Il doit faire cesser cet enfer. Les éclairs rouges orangés éclairent le chemin que ses yeux aveuglés de larmes ont du mal à distinguer. Là haut, sur la falaise, le village n’est plus que flammes.

Devant la tente de campagne, l’officier américain discute en souriant avec Amir et deux sous officiers. Tous ont le regard fixé sur ce qui reste du hameau. Ils n’ont pas l’air très concernés par ce qui se passe au-dessus de la piste, juste au bout de la corniche. Et Hamid sent le doute s’insinuer en lui, insidieusement.

Sa main se pose sur l’épaule d’Amir, un peu plus sèchement peut-être qu’il ne l’aurait voulu, et sa bouche s’approche de son oreille.

- Amir ! Il faut arrêter ça ! Il y a des femmes, des enfants, là haut !

L’officier Afghan s’est retourné et le regarde maintenant d’un œil noir. D’une main ferme, il attrape Hamid par le coude et l’entraîne à l’écart, entre deux camions. Il a l’air furieux.

- Pour qui te prends-tu pour venir me déranger en pleine réunion ? Qu’est ce qui…

- Là-bas, les femmes,… les enfants. Il faut leur dire,… il faut arrêter ça. Il faut…

- Ferme donc ta grande gueule ! C’est la guerre ! Tu ne comprends pas ça ? Pour la première fois depuis des années, ces chiens Talibans reculent.

Hamid n’en croit pas ses oreilles. Il n’y a là aucune justice, aucune morale. Amir, pas plus que les américains, ne se soucie des villageois. Tout ce qui importe c’est la victoire, quel qu’en soit le prix. Et lui, Hamid, n’est qu’un pion, une infime particule de cette armée gigantesque qui avance en écrasant ceux qu’elle est censée libérer. Mais ça, ce n’est pas possible. Amir, comme lui-même, a connu le commandant Massoud, il a combattu à ses cotés. Il a forcément partagé les mêmes valeurs.

- Massoud n’aurait pas…

- Massoud est mort. Et s’il était encore vivant il ferait ce qu’il y a à faire. Ces gens, là haut, meurent en martyr. Leurs familles seront fières de leur sacrifice… Maintenant retourne à ton poste, nous allons bientôt faire mouvement.

Et l’officier tourne le dos à Hamid, lui signifiant ainsi la fin de la conversation.

Hamid sent presque physiquement quelque chose craquer dans son cerveau. Une digue peut être, qui libère d’un seul coup le flot de sa colère.

En deux enjambées, il rejoint Amir dans le même temps qu’il dégage le long poignard qu’il porte toujours à la ceinture. De la main gauche, il attrape les cheveux de son supérieur et lui tire violemment la tête en arrière. La lame, affûtée comme un rasoir est déjà sur sa carotide.

- La putain qui t’a mis au monde va être fière de toi Amir. Tu meures en martyr.

Il a parlé d’une voix sourde, calme. En totale contradiction avec la violence de ses sentiments à cet instant précis.

Le corps agité de soubresauts, Amir s’écroule sur le sol et Hamid s’accroupit contre la roue arrière du camion le plus proche. Son instinct de guerrier vient de prendre les commandes. Il sait déjà qu’il va devoir fuir très vite. On l’a vu s’éloigner avec l’homme étendu à ses pieds. La question de sa culpabilité ne se posera même pas. Et il en est presque satisfait. Il n’en aura que moins de regrets.

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Message  mentor Mar 18 Mar 2008 - 21:25

maniak' a écrit:[b]Tu bégaie Mentor ?
Je ne nie pas ;-) c'était pour te rassurer : tu es lu !
J'avais quand même ajouté un petit ;-) pour faire la différence...

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Message  maniak' Mer 19 Mar 2008 - 6:02

J'avais remarqué :0)

Merci.
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