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Histoires de l'air

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Message  Loïc Relly Ven 9 Aoû 2013 - 0:25

Regarde j'écris aussi c'est l'odeur d'un mégot mal éteint que je vois s'envoler depuis la table basse qui se tord, infiltre mes narines. Le coton écrasé se ternit en silence à la base du nuage. C'est ainsi que je me tais, qu'il pleut. "Putain" reproche Mathilde. "Ydriss, quoi…" en l'observant, avec nous: Ydriss toise sa bière renversée entre ses pieds et ceux de la table, il se lève, et répond que c'est un peu autiste de l'avoir posé comme ça aussi, et à cause de la défonce. Les murs sont pleins de bordel. J'aime l'amandier tranché par la fenêtre du salon, il déborde du cadre en haut et en bas on se dit c'est dommage parce qu'il est trop proche, les carreaux (un peu sales) trop petits mais je l'aime, il fait deviner le ciel. On voit sa grisaille perçant des branches que la vitre cache, on voit tes cheveux. Dans l'encadrement décapé d'un bois vieux, sans chien. Le cendrier quand je baisse la tête. Tes cheveux sont posés sous la lumière. Je cherche plutôt quelque chose sur la table comme ta main tenant une cigarette que tu essuies sur le rebord, en la retirant, et je me demande. Alors je cherche dans mon sac. Nous avons tous dans notre sac comme un petit dictionnaire du diable où sont les mots poreux, aspirés, qui ont fait leur bruit poreux d'insignifiance quand ils sont devenus nous, dont le dehors pourtant résonne (mais comme leur trace polie): il faut retrouver précipitamment la lueur partageable, inhabituelle de leur acception commune et comparer, et voir qu'il n'y a rien ; une seule chose ; et couler — me prend toujours cette envie alors comme deux fluides immiscibles tombés entre mes lèvres.
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Message  Invité Ven 9 Aoû 2013 - 11:33

Si l'art est l'opportunité donnée de se glisser dans l'univers d'un autre, alors nous avons là un tableau ( le mot "œuvre", sorti du sac à mots est trop grand) que je contemple bien volontiers sous plusieurs angles/ lectures. Je retiens en particulier la vision de l'amandier qui, dans sa subtilité, m'évoque une peinture japonaise.
Également, le jeu de la lumière, la focale sur la main, dont l'aspect visuel renforce ma perception tout artistique.
Petit bémol sur la vulgarisation à outrance et dans l'air du temps du terme "autiste".

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Message  Jano Lun 12 Aoû 2013 - 8:15

Je m'arrêterais surtout sur la forme, audacieuse, à la ponctuation aléatoire ("Regarde j'écris aussi c'est l'odeur d'un mégot..."), qui n'est pas toujours facile à lire. Vous avez un style particulier, intéressant, mais qui s'égare sur la fin je trouve. Il y a en effet un décalage entre la première partie constituée principalement d'une ambiance et les réflexions hermétiques qui cloturent le texte.
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Message  RICHARD2 Ven 23 Aoû 2013 - 13:26

J'aime beaucoup votre style particulier. L'ambiance que vous dégager avec des mots simples. On voit bien les images et j'adore.
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Message  Polixène Dim 25 Aoû 2013 - 19:04

Ce texte est proche parent de la bande dessinée( celle avec des majuscules), qui nous happe visuellement, nous kidnappe par le scénario.
Ici, c'est un moment resserré et suspendu qui nous est donné à vivre, les couleurs, l'ambiance, les détails sont là, pas envahissants, bien posés. Tout est possible avec les personnages.
J'aimerais tourner la page et découvrir leur histoire!
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Message  Invité Mar 27 Aoû 2013 - 16:58

Ah ça c'est plaisir, sans commentaire particulier. le choix des mots, l’ordonnance, l'oscillation entre le familier et la poétique me botte. Dommage que tu n'as pas justifié la mise en page.

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Message  Marchevêque Mer 28 Aoû 2013 - 5:46

Bonjour Loïc,
Evidemment j'adore. Ce style très particulier que je nomme Lucknérien, du nom du Baron du même nom qui sévit sur un autre site...
Je retiens, entre autres, cette phrase :" Nous avons tous dans notre sac comme un petit dictionnaire du diable où sont les mots poreux....", j'ai ce dictionnaire dans mon cartable, mais aussi dans ma tête, celui qui me permet un choix infini d'aventures plumythiques...
Plein d'image en 3D aussi, à toucher, caresser du bout des doigts...Mais court, trop court...Aurait-il cette magie autrement ?
Bref, du bonheur à déguster le matin avant mon capuccino...
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Message  Lucy Mer 28 Aoû 2013 - 18:55

Intéressant.

La forme courte facilite la relecture. Le jeu avec la ponctuation est assumé et bien amené. Évidemment ça demande un effort supplémentaire de la part du lecteur, et c'est tant mieux. Une hésitation entre le songe et le rythme des pensées, du coq à l'âne, sans la logique apparente que notre petit monde se force à adopter en de trop nombreuses circonstances.
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Message  Loïc Relly Mer 18 Sep 2013 - 11:41

Spoiler:

  Je ris aussi, pour me taire. Ydriss s'est levé: tout le monde se lève un peu et récupère sa bouteille ou son verre en riant. Jade va chercher l'éponge. Plus tard un couple de part et d'autre te fait sentir qu'il faudrait me remarquer soudain, voir l'agitation entre nous l'angoisse de la salissure, les sous-bocks vierges, la forme de l'évidence de mes genoux pliés derrière cette table qu'ils emmènent (avec la fumée qui me dérange) pour dégager le tapis bleu Klein  — dont je suis dingue — après les frottements de Jade. C'est que tu me regardes, et il n'y a jamais rien eu à raconter. Je n'ai pas envie de mourir. Un parfum de citronnelle javellisée emplit le silence qui se recompose. Tu te souviens. Ma soeur s'est accroupi avec son toutes surfaces et la grosse éponge de la cuisine pour rétablir le propre sur son territoire (si le fluffy existe, il est IKB et en vogue depuis quelques temps ; tressé à première vue en poils de komondors, grunges. C'est drôle). Ça boit bien la bière. C'est souvent, quand j'ai pour idée d'acheter quelque chose: j'attend qu'elle disparaisse, sinon la donne à Jade. Elle est en train de masser les circonvolutions duveteuses de l'objet de mon désir initialement et Ydriss et Flora viennent sur ma gauche, lui me passe devant, je suis en train de penser à ça ; tu me regardes, et je vois dans cette petite résistance quotidienne la pire des lâchetés: j'économise mes besoins comme si je pensais devoir les perdre. Tu sais que parfois je sors me payer une robe parce qu'on a qu'une seule vie, un restaurant, n'importe quoi d'assez superflu pour devenir la preuve instantanée d'une légèreté possible. Je sais, que c'est pour ça que tu me regardes encore. On reconnaît le savoir (et le distingue de la simple croyance) à la liberté qu'il vous a dévoré: alors mes genoux se sont cristallisés pour lui donner raison. J'ai peur pour te donner envie.
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Message  Invité Jeu 19 Sep 2013 - 7:34

et à cause de la défonce.
je me disais exactement ça en lisant le deuxième passage, cette minutie du détail en décalé, ça ne peut être que ça ; le fait d'avoir retrouvé cette phrase dans l'extrait précédent me conforte dans mon interprétation ou plutôt ma compréhension.
bien entendu, ce nouveau texte ne se limite pas à ça, il y a vraiment une expression qui t'est particulière, j'aime cette façon de voir et de traduire : "Un parfum de citronnelle javellisée emplit le silence qui se recompose." ; "Ma soeur s'est accroupi avec son toutes surfaces et la grosse éponge de la cuisine pour rétablir le propre sur son territoire" ; "Ça boit bien la bière." (très très adroite, cette phrase, pour le double sens syntaxique possible) ; excellent aussi le subtil innuendo de "Elle est en train de masser les circonvolutions duveteuses de l'objet de mon désir.
Je lis et trouve que ces quelques mots livrent énormément du narrateur, qui se met en quelque sorte à nu, sans impudeur mais avec une parfaite honnêteté - authenticité, suis-je tentée de dire.

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Message  Invité Jeu 19 Sep 2013 - 15:02

Regarde j'écris aussi l'odeur d'un mégot... J'aime beaucoup cette phrase.

J'ai un peu pensé à Pérec (les choses) un peu à Francis Ponge. Une manière de fractionner-fragmenter la perception, j'appellerai ça ... Du cubisme littéraire ?

Par contre, si je trouve cela vraiment très fort niveau écriture, poétique, avec une vraie ambiance... J'ai aussi l'impression d'avoir à faire à un style qui ne peut pas non servir sur un long récit. J'ai préféré la première partie, plus floue, à la seconde, que j'ai trouvé plus longuette.

A vous lire...

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Message  Raoulraoul Mer 2 Oct 2013 - 17:32

Il y a du spontanéisme. Ca j'aime. Coller au plus près de soi pour écrire. Tenter d'écrire sous aucune autre influence que soi-même. Bien sûr le style académique en prend un coup. Par contre ce qui me manquerait c'est un projet, un déroulement narratif. Il faudrait lier spontanéité et construction. Là est toute la question. A suivre. Bravo !
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Message  Invité Jeu 3 Oct 2013 - 19:27

Ce qui m'intéresse  dans ce texte (que j'aime  vraiment énormément) c'est l'aspect fragmentaire, cet sorte d'isolement de chaque fragment,  qui traduit parfaitement l'étonnement devant chaque sensation quand on est un peu barré. J'ai toujours trouvé ça particulièrement difficile à rendre, toutes ces séquences ultra brèves qui se succèdent à toute allure, et je trouve que tu rends ça avec justesse  et cette sorte de poésie  à la fois légère et triviale  si caractéristique.
Suis bluffée !

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Message  Invité Jeu 3 Oct 2013 - 19:27

On rayera "un peu", avant barré ;-))

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Message  kolkhoze Jeu 17 Oct 2013 - 9:02

J'aime beaucoup la légèreté, le souffle, les respirations
C'est un beau titre
La poésie des petites anxiétés mêlée à une certaine forme d'indifférence, le côté très pictural, aussi, me plaisent beaucoup

alors mes genoux se sont cristallisés pour lui donner raison. J'ai peur pour te donner envie.
Je suis touchée par ces mots-là
Vivement, si jamais ça se poursuit
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Message  Loïc Relly Lun 11 Nov 2013 - 23:48

Spoiler:
Lui a eu les joues rouges. Son consentement, sa générosité me troublaient quand je l'ai connu, d'une disponibilité de boîte aux lettres: il veut approuver comme on peut vouloir être grand ou précieux ; celui qui est toujours là (il referme ses doigts maintenant le dos penché vers le plateau ; la maîtresse de maison par terre, qui frotte). Mathilde a trouvé: elle avait dans la voix quelque chose qui n'était pas pour lui, qui était pour un enfant. Il soulève au rythme de Flora et il a encore dans la gorge les pas de l'être accouru pour répondre à sa place. C'est pour ça que j'ai ri — je n'étais pas seule. Parce que je l'ai vu. Je crois qu'il existe un instant qui est le coeur de notre rire, où ma première impression d'Ydriss (il y a cinq ans) rencontre celle d'aujourd'hui: elles ne peuvent se mélanger alors ça reste pendu ailleurs que devant mes yeux ; alors je ris. Exactement comme deux fluides il y a son torse offert enceinte de la voix sortie par erreur, ses joues qui veulent la ravaler — on peut penser à de la gêne mais c'est juste une façon de dire oui. C'est l'état le plus sincère d'une personne, le ridicule. Le drôle ressemble à un mot sur le bout de la langue: puisque nous ne lui connaissions pas cette voix, nous n'avons plus connu Ydriss, et cela nous a émerveillé. Je m'en veux.

Je m'en veux toujours. Clément m'a regardé avec ce drôle d'air à un moment. Moi ça allait encore. Vers 21h. Je te croise dans le couloir — tes épaules. Tu enlèves le regard de l'écran du Galaxy, tu es venu le mettre à charger dans l'entrée. Tu dis « y'a plus de prises libres dans le salon » comme si ça changeait quelque chose. Je me souviens de tes épaules parce que je vivrais dedans, je trouve qu'elles sont comme passées et repassées mais elles n'ont jamais voulu prendre la forme que, elles continuent de tomber dans les plis de ton jersey avec la nervosité qui sculpte aussi ta main, qui pousse tout ça dans ton sillage. Un angle derrière toi (porte-manteau, cléfier kitsch) encadre ton nez dans le halo bleuté du téléphone ; tes pouces froissés de d'habitude sur les touches lumineuses, entre le maniérisme et la peur du noir. Mon amour. Quelques paroles s'enlisent, je retourne m'asseoir. Je revenais des toilettes ; je chasse la pensée de toi pour reprendre les oreilles de mon corps sur la chaise, et je te promets qu'ils discutent de toilettes. Faya continuait avec son voyage. Clément a répété "mais ils ont du désinfectant hypoallergénique pour chiottes partout?" sur une demie-voix à la mise étonnée qui en général amuse et s'excuse aussi — il sait qu'il veut revenir là-dessus pour amuser, malgré lui. Malgré l'oubli, tout cet impératif de la fête ; pour dire "chiotte" et un qualificatif de plus de cinq syllabes sans avoir l'air de croire que les anges existent ; juste rappeler comme ça en passant sur le canapé rouge qu'il ne faut pas faire confiance à ce genre de vocabulaire qui a toujours sonné creux, rationaliste, flacon de shampooing ; ni à la vulgarité — ce mythe ! et qu'on peut d'ailleurs chasser cela ensemble, en mimant que ça nous arrache la bouche de prendre l'air sérieux. Ça — et cette façon qu'il a d'être grossier pour indifférencier son dégoût naturel —, c'est à ça que je pensais (avec quelque tendresse) quand la chaleur est arrivée.
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Message  Invité Sam 16 Nov 2013 - 21:51

J'ai eu un peu plus de mal avec cette partie. Il y a plus de points peu compréhensibles ( ou alors je suis fatiguée ?)
Il soulève au rythme de Flora et il a encore dans la gorge les pas de l'être accouru pour répondre à sa place
je trouve qu'elles sont comme passées et repassées mais elles n'ont jamais voulu prendre la forme que, la phrase me semble complètement bancale...
et ça musique moins.

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