Exo « Dialogue » : Avec Charles Cros

Charles Cros
Tsigane

Dans la course effarée et sans but de ma vie
Dédaigneux des chemins déjà frayés, trop longs,
J'ai franchi d'âpres monts, d'insidieux vallons.
Ma trace avant longtemps n'y sera pas suivie.

L'on te voit explorer, avec de la folie
Dans tes yeux curieux, des aires parées de blond.
Épis dans les cheveux et poussière aux talons
Tu te ris en chantant des collés au parvis.

Sur le haut des sommets que nul prudent n'envie,
Les fins clochers, les lacs, frais miroirs, les champs blonds
Me parlent des pays trop tôt quittés. Allons,
Vite ! vite ! en avant. L'inconnu m'y convie.

Je sais ce que tu vois et que personne ici
N'imagine un instant. Car ils tournent en rond
Et voient le familier alors que sous ton front
Aventureux et fou, t'appelle une autre vie.

Devant moi, le brouillard recouvre les bois noirs.
La musique entendue en de limpides soirs
Résonne dans ma tête au rythme de l'allure.

Notes familières, accords surgis du noir,
Que l'on croit oubliés et  qui viennent asseoir
Un sentiment très fort, réchauffant la froidure

Le matin, je m'éveille aux grelots du départ,
En route ! Un vent nouveau baigne ma chevelure,
Et je vais, fier de n'être attendu nulle part.

Je le sens s'éveiller, ton sang tsigane, car
Toujours il restera , éclairant ta nature.
Et tu vas fier de n'être attendu nulle part.

Iris, je te sens en harmonie avec Charles Cros,
mais, pour être au top,trois petites choses sont à revoir

dans ton premier quatrain, il faut une rime féminine (en “ie”) au vers 4

" Dans tes yeux curieux, des aires parées de blond."

Il y a deux façons de lire ce vers, en faisant la diérèse à curieux, en ce cas il compte 13 syllabes
En ne la faisant pas, mais alors la césure est mal placée (5/7)

" Notes familières, accords surgis du noir, "

Ce vers compte bien 12 syllabes et la césure est bien placée, mais terminer le premier hémistiche par un (e) non élidé n'est pas très agréable à l'oreille.

Bon courage

J'apprécie que l'on me signale avec une telle précision les erreurs que je commets. Il y a peu de temps que je m'exerce à la poésie, et certaines règles, en cours d'écriture, m'échappent; Donc, Merci Tizef.
N'hésite pas à me dire ce qui ne convient pas encore.
J'ai apporté d'autres petites modifications au texte, aussi.
Pour le titre, j'aurais écrit tzigane, mais Charles Cros en a décidé autrement.


Dans la course effarée et sans but de ma vie
Dédaigneux des chemins déjà frayés, trop longs,
J'ai franchi d'âpres monts, d'insidieux vallons.
Ma trace avant longtemps n'y sera pas suivie.

L'on te voit explorer, avec de la folie
Dans tes yeux curieux, des lieux parés de blond.
Épis dans les cheveux et poussière aux talons
Tu te ris en chantant des frontières franchies.


Sur le haut des sommets que nul prudent n'envie,
Les fins clochers, les lacs, frais miroirs, les champs blonds
Me parlent des pays trop tôt quittés. Allons,
Vite ! vite ! en avant. L'inconnu m'y convie.

Je sais ce que tu vois et que personne ici
N'imagine un instant. Car tous tournent en rond
Et voient le familier alors que sous ton front
Aventureux et fou, t'appelle une autre vie.

Devant moi, le brouillard recouvre les bois noirs.
La musique entendue en de limpides soirs
Résonne dans ma tête au rythme de l'allure.

Cymbalums et davuls, accords surgis du noir,
Que l'on croit oubliés et  qui viennent asseoir
Un sentiment très fort, réchauffant la froidure

Le matin, je m'éveille aux grelots du départ,
En route ! Un vent nouveau baigne ma chevelure,
Et je vais, fier de n'être attendu nulle part.

Je le sens s'éveiller, ton sang tsigane, car
Toujours il restera , éclairant ta nature.
Et tu vas, fier de n'être attendu nulle part.

Un dialogue cohérent
et respectueux des rimes initiales , un exo réussi

Dommage pour les "collés au parvis" que j'aimais bien. Parfois la rime souveraine nous contraint à affadir nos trouvailles mais il s'agit ici d'un exercice ou le respect des règles prime sur celui du sens et doit rester conforme au modèle ; Tu as donc bien fait de suivre les conseils de Tizef.

Très sérieuse Iris, tu as véritablement mis tes pas dans ceux de Charles Cros, et tu as joué le jeu sans chercher à truander la consigne! Et en plus tu t'en tires honorablement!!!
J'aime bien cette strophe:
Je sais ce que tu vois et que personne ici
N'imagine un instant. Car tous tournent en rond
Et voient le familier alors que sous ton front
Aventureux et fou, t'appelle une autre vie.

N'en voilà un beau dialogue réussi, et avec les corrections il n'y a plus rien à dire.

J'apprécie beaucoup cette réponse, ce dialogue qui se noue, dans lequel les mots se complètent mais apportent également un souffle nouveau à ce qui les précède. Non seulement tu dialogues, mais tu crées, tu avances et le texte original s'en trouve renforcé.
Je n'oserais m'aventurer côté technique, n'étant pas du tout spécialiste, mais à l'oreille, c'est très plaisant et ça sonne bien.