Nous sommes les enfants indésirés de dieux
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Nous sommes les enfants indésirés de dieux
Nous sommes les enfants indésirés de dieu. Ceux-là qui n'ont reçu dans leur yeux que le sperme des nuits en guise d'amour. Cette eau sale qui croule sur les toits et les voutes, qui dessine à nos vitres des chemins sans espoir. Les étoiles sont mauvaises, elle ne nous aiment pas vous savez, elles ne nous voient pas. Elles ne sourient qu'au vide mais surement pas à nous, nous autres qui les suivons sur les chemins de terre, comme des chiens galeux vers la terre promise, la terre qu'on s'est promis certains soirs de douceur en caressant tendrement notre verge frigorifiée. Ou bien la verge des autres, de ceux qu'on a aimé, oui qu'on aimait comme des dieux. Nous sommes les enfants raté, incapables de grandir, qui n'aimeront jamais assez pour que ça dure toujours. Nous sommes les enfants échoués qui sommeillent derrière les vitraux sur lesquels on rêverait de saigner nos peaux.
Nous sommes les enfants perdus qui ne savent pas ce qu'il faut faire pour sourire, pour que scintillent nos dents de loups, qui n'ont pas les muscles pour cela , seulement les courbatures des joies passées, passées comme des fantômes. Nos poumons brûlent désormais. On a habillé nos souffles d’une fumée blanche, qui ressemble aux habits des anges. Elle allume dans nos gorges des brasiers, comme des feux d’indiens pour éloigner les bêtes méchantes, gardiennes de la prison des nuits.
Nous sommes ceux-là qui connaissent la tristesse, et la connaissent beaucoup trop pour se défaire de son odeur de femme. Et qui l'aimons comme une mère, une mère malade et pute qui a enfanté tout nos frères, en a fait des cris et des voix brisées, des chants, des bouches ouvertes à mendier le silence. Et un silence d’Église s'il vous plait, celui qui fait qu'on s'agenouille.
Laissez nous le silence cher Dieu, cher Christ. Coupez la musique, elle qui fait si mal. Regardez nos bouches, toute la douleur qui les déchire et qui ne racontent rien, que les rats qui courent sur les trottoirs, et puis ces lumières là, qu'on a vu tomber, vaciller comme nos corps trop pleins, trop ivres qui n'ont même plus de soif puisqu'ils ont tout bu déjà, tout ce qui est beau et trouble et qui brillait un peu, toutes les bouteilles du monde mais sans t'y trouver toi. Alors dites nous, monsieur. Dites nous ce qu'il faut faire, ce qu'il faut dire, où il faut aller, où il faut marcher pour être certain pour être divin pour être en vie.
Nous sommes les enfants perdus qui ne savent pas ce qu'il faut faire pour sourire, pour que scintillent nos dents de loups, qui n'ont pas les muscles pour cela , seulement les courbatures des joies passées, passées comme des fantômes. Nos poumons brûlent désormais. On a habillé nos souffles d’une fumée blanche, qui ressemble aux habits des anges. Elle allume dans nos gorges des brasiers, comme des feux d’indiens pour éloigner les bêtes méchantes, gardiennes de la prison des nuits.
Nous sommes ceux-là qui connaissent la tristesse, et la connaissent beaucoup trop pour se défaire de son odeur de femme. Et qui l'aimons comme une mère, une mère malade et pute qui a enfanté tout nos frères, en a fait des cris et des voix brisées, des chants, des bouches ouvertes à mendier le silence. Et un silence d’Église s'il vous plait, celui qui fait qu'on s'agenouille.
Laissez nous le silence cher Dieu, cher Christ. Coupez la musique, elle qui fait si mal. Regardez nos bouches, toute la douleur qui les déchire et qui ne racontent rien, que les rats qui courent sur les trottoirs, et puis ces lumières là, qu'on a vu tomber, vaciller comme nos corps trop pleins, trop ivres qui n'ont même plus de soif puisqu'ils ont tout bu déjà, tout ce qui est beau et trouble et qui brillait un peu, toutes les bouteilles du monde mais sans t'y trouver toi. Alors dites nous, monsieur. Dites nous ce qu'il faut faire, ce qu'il faut dire, où il faut aller, où il faut marcher pour être certain pour être divin pour être en vie.
Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
Bravo ! La verge et la mère pute vont peut-être être dur pour la odération, mais je ne trouve pas ça vulgaire personnellement. C'est seulement un légitime recours à la puissance du langage. Il y a ici quelques jeunes qui font dans le grand style. Je suis intrigué.
Invité- Invité
re : Nous sommes les enfants...
Le désespoir se faisant lyrique malgré tout. Cette belle forme l'emporte sur le néant. Une recherche de sens émouvante... que je trouve sincère. J'oserai de citer une phrase de Handke : "En présence de ce que tu vois, pense que cela t'a peut-être déjà sauvé". Mais hélas parfois aussi le spleen produit de la créativité. Ne reste plus que notre crayon comme une main tendue au milieu du fleuve...
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
Salut Hervé.
Premier de tes textes que je lis. Assez épaté par la qualité de l'écriture et le souffle qui la traverse. Pas mal de formulations heureuses, même si le ton général de lamentation finit par devenir outrancier. C'est bien joli de fourrer le doigt dans la plaie suppurante, mais faut encore désinfecter et mettre un pansement qu'on passe à autre chose. C'est ainsi qu'on avance.
Quelques remarques :
dans le deuxième paragraphe qui commence par "Nous", il vaudrait mieux conjuguer les verbes à la 1ère personne du pluriel "...qui ne savons pas ce qu'il faut faire..." "...qui n'avons pas les muscles..." qui éviterait qu'on croie que ce membre de phrase se rapporte aux dents de loup.
Il y a d'autres petites coquilles ou fautes d'accord, mais une relecture attentive devrait te les révéler.
C'est sur la fin de ton texte que je j'émettrais quelques réserves. L' "odeur de femme" de la tristesse, d'abord, puis la "mère malade et pute", me paraissent des clichés bien maladroits, voire franchement tendancieux.
Me gêne aussi le final en forme d'injonction au Père et au Fils. Cela fait bien longtemps qu'on les a réduits au silence. Les apostropher n'est que figure de réthorique. C'est en nous-même que gît la réponse à ta dernière question. C'est pas gagné d'avance...
Premier de tes textes que je lis. Assez épaté par la qualité de l'écriture et le souffle qui la traverse. Pas mal de formulations heureuses, même si le ton général de lamentation finit par devenir outrancier. C'est bien joli de fourrer le doigt dans la plaie suppurante, mais faut encore désinfecter et mettre un pansement qu'on passe à autre chose. C'est ainsi qu'on avance.
Quelques remarques :
dans le deuxième paragraphe qui commence par "Nous", il vaudrait mieux conjuguer les verbes à la 1ère personne du pluriel "...qui ne savons pas ce qu'il faut faire..." "...qui n'avons pas les muscles..." qui éviterait qu'on croie que ce membre de phrase se rapporte aux dents de loup.
Il y a d'autres petites coquilles ou fautes d'accord, mais une relecture attentive devrait te les révéler.
C'est sur la fin de ton texte que je j'émettrais quelques réserves. L' "odeur de femme" de la tristesse, d'abord, puis la "mère malade et pute", me paraissent des clichés bien maladroits, voire franchement tendancieux.
Me gêne aussi le final en forme d'injonction au Père et au Fils. Cela fait bien longtemps qu'on les a réduits au silence. Les apostropher n'est que figure de réthorique. C'est en nous-même que gît la réponse à ta dernière question. C'est pas gagné d'avance...
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
La première partie est superbe! Dès la seconde, la tension retombe à mon sens et ça mollit du genou. La troisième remonte un peu, l'écriture est une liane souple, mais voilà, aïe, la niaiserie de la prière finale me gâche le plaisir !
J'espère que tu écris, beaucoup, beaucoup, et sur des sujets variés.
A te lire
J'espère que tu écris, beaucoup, beaucoup, et sur des sujets variés.
A te lire
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
Oui j'ai du mal à me défaire de la niaiserie, elle me colle à la peau et me paralyse, c'est con. Je pourrais le retravailler mais je ne sais pas si ça vaut le coup. Merci de ton avis en tout cas.
Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
herve.lyne@live.fr a écrit:Oui j'ai du mal à me défaire de la niaiserie, elle me colle à la peau et me paralyse, c'est con. Je pourrais le retravailler mais je ne sais pas si ça vaut le coup. Merci de ton avis en tout cas.
Personnellement, je ne trouve pas ça niais du tout. Ton Christ et tout ça, c'est Saint Sulpicien, soit, mais ça se tient très bien dans ce contexte. Ne te laisse pas faire. Persévère dans cette voie : laisse tourner. Tu es bon.herve.lyne@live.fr a écrit:…et puis ces lumières là, qu'on a vu tomber, vaciller comme nos corps trop pleins, trop ivres qui n'ont même plus de soif puisqu'ils ont tout bu déjà, tout ce qui est beau et trouble et qui brillait un peu…
Invité- Invité
Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
Je suis une fille! Merci beaucoup.
< Nous vous invitons à limiter les remerciements au-dessous de votre texte : de tels messages, même bien intentionnés, le maintiennent indûment en haut de page, et ce, au détriment des autres… Chaque fois que cela s'y prête, vous gagnerez à poster dans le fil Discussions autour de nos textes : il permet d'engager un dialogue souvent très fécond avec vos lecteurs.
Merci de votre compréhension.
La Modération. >
Merci de votre compréhension.
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Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
J'ai eu du mal à suivre !
La forme, servie par une écriture puissante, ne suffit pas. Elle peut seulement masquer quelques instants les incohérences, les hiatus de la pensée et le mouvement brownien qui emporte, concasse et annihile toute forme de raisonnement.
Ces histoires de sperme et de verge dans la bouche d'une toute jeune femme à l'aube de sa sexualité donnent à penser qu'entre celle qui écrit et le lecteur, ce dernier n'est pas le plus à plaindre.
La forme, servie par une écriture puissante, ne suffit pas. Elle peut seulement masquer quelques instants les incohérences, les hiatus de la pensée et le mouvement brownien qui emporte, concasse et annihile toute forme de raisonnement.
Ces histoires de sperme et de verge dans la bouche d'une toute jeune femme à l'aube de sa sexualité donnent à penser qu'entre celle qui écrit et le lecteur, ce dernier n'est pas le plus à plaindre.
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: Nous sommes les enfants indésirés de dieux
Je comprend vraiment pas où tu veux en venir.Je ne sais pas si c'est plus le raisonnement de fond qui compte et qu'il faut chercher, on peut pas dissocier la forme du sens, les images parlent d'elles-mêmes non?midnightrambler a écrit:J'ai eu du mal à suivre !
La forme, servie par une écriture puissante, ne suffit pas. Elle peut seulement masquer quelques instants les incohérences, les hiatus de la pensée et le mouvement brownien qui emporte, concasse et annihile toute forme de raisonnement.
Ces histoires de sperme et de verge dans la bouche d'une toute jeune femme à l'aube de sa sexualité donnent à penser qu'entre celle qui écrit et le lecteur, ce dernier n'est pas le plus à plaindre.
Par ailleurs, je ne pense pas être à plaindre sur le plan sexuel si c'est là le fond de ta pensée, t'as rien compris.
En faite,si tu pouvais clarifier tes propos, ça serait gentil.
< Près de la moitié des réponses au-dessous du texte sont de votre fait… Nous vous renvoyons donc à notre précédent avertissement, en espérant que cette fois il trouvera écho.
La Modération. >
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