L'eau-delà
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L'eau-delà
...comme je marchais sur l’eau, et qu’elle se froissait sous mes pieds
reflétant les remplissages de la nuit
j’allais très loin
traverser la pellicule
d’eau qui fine mouille l’horizon
ce n’était qu’une seconde.
Tous les pays du monde
avec leurs paysages absents et pourtant existants
s’étaient rassemblés de l’autre côté
l’eau des étoiles baignait l’air.
Je crois que les habitants des profondeurs montaient mais je n’en ai aucune certitude
car le noir était leur âme même
et ils ne me touchaient pas.
reflétant les remplissages de la nuit
j’allais très loin
traverser la pellicule
d’eau qui fine mouille l’horizon
ce n’était qu’une seconde.
Tous les pays du monde
avec leurs paysages absents et pourtant existants
s’étaient rassemblés de l’autre côté
l’eau des étoiles baignait l’air.
Je crois que les habitants des profondeurs montaient mais je n’en ai aucune certitude
car le noir était leur âme même
et ils ne me touchaient pas.
Re: L'eau-delà
Comme Francis Blanche, je préfère le vin d'ici.
PS le mot remplissage est particulièrement laid
PS le mot remplissage est particulièrement laid
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: L'eau-delà
L'image qui me vient est celle de la naissance, d'une naissance à venir. Quelques éléments renvoient ici à l'idée d'un passage (le titre, "traverser", "l'horizon", "l'autre côté", "absents et pourtant existants").
Tes textes contiennent toujours cette part d'ombre si troublante qui les rend particulièrement intéressants à prospecter. Arpenter tes poèmes, cela revient, un peu, à entamer une course d'orientation sans boussole. Ce "comme" introducteur m'a tout de suite fait penser au début du poème "Le bateau ivre". Remarque sans doute oisive, sans rapport avec ton sujet.
"Que d'eau ! Que d'eau !" ... comme disait l'autre.
Tes textes contiennent toujours cette part d'ombre si troublante qui les rend particulièrement intéressants à prospecter. Arpenter tes poèmes, cela revient, un peu, à entamer une course d'orientation sans boussole. Ce "comme" introducteur m'a tout de suite fait penser au début du poème "Le bateau ivre". Remarque sans doute oisive, sans rapport avec ton sujet.
"Que d'eau ! Que d'eau !" ... comme disait l'autre.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: L'eau-delà
L'autre, selon certains, aurait dit d'ailleurs plutôt que d'os, que d'os...
Ach! Propagande !
Ach! Propagande !
joe-joe- Nombre de messages : 441
Age : 42
Date d'inscription : 01/05/2013
Re: L'eau-delà
Troublant.
Les paysages obscurs nous habitent, plus que nous ne les habitons, et tu sais bien nous y convier.
Les paysages obscurs nous habitent, plus que nous ne les habitons, et tu sais bien nous y convier.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: L'eau-delà
merci à vous tous.
J'ai écrit ça sans réfléchir, vaguement inspirée par la question des limites (et la surface de l'eau en est une particulièrement fascinante, mais l'horizon est pas mal non plus) et effectivement celle d'un voyage nocturne sans boussole, un voyage qui ferait deviner des mondes inconnus qui se pressent, de chaque côté des limites.
à legone : j'ai utilisé ce mot de "remplissage" parce que c'est bien de cela qu'il s'agit : les espaces situés de chaque côté des limites dont je viens de parler sont remplis (d'étoiles, de pays inconnus, de monstres).....le mot de remplissage me semblait correspondre à l'impression de grouillement, de multiplicité presque illimitée. Il correspondait bien aussi à l'idée d'un tableau dont on remplit rapidement une surface, et le poème me semble particulièrement pictural....
Il était aussi intéressant par sa laideur, ou du moins son caractère prosaïque - un peu comme un rocher au milieu d'un flux d'images un peu trop poétiques, faisant buter les adeptes de la poésie glougloutante et réveillant leur attention anesthésiée de trop de sublimes platitudes.
à jfmoods pour ce côté voyage perdu, naissance, et pour la référence involontaire mais tout à fait évidente au "Bateau ivre" qui fut ma plus grande découverte en poésie à l'adolescence (c'est pas très original).
à joe joe de cette vision d'une femme marchant sur une mer d'os.
et à Annie d'être tout simplement troublée.
J'ai écrit ça sans réfléchir, vaguement inspirée par la question des limites (et la surface de l'eau en est une particulièrement fascinante, mais l'horizon est pas mal non plus) et effectivement celle d'un voyage nocturne sans boussole, un voyage qui ferait deviner des mondes inconnus qui se pressent, de chaque côté des limites.
à legone : j'ai utilisé ce mot de "remplissage" parce que c'est bien de cela qu'il s'agit : les espaces situés de chaque côté des limites dont je viens de parler sont remplis (d'étoiles, de pays inconnus, de monstres).....le mot de remplissage me semblait correspondre à l'impression de grouillement, de multiplicité presque illimitée. Il correspondait bien aussi à l'idée d'un tableau dont on remplit rapidement une surface, et le poème me semble particulièrement pictural....
Il était aussi intéressant par sa laideur, ou du moins son caractère prosaïque - un peu comme un rocher au milieu d'un flux d'images un peu trop poétiques, faisant buter les adeptes de la poésie glougloutante et réveillant leur attention anesthésiée de trop de sublimes platitudes.
à jfmoods pour ce côté voyage perdu, naissance, et pour la référence involontaire mais tout à fait évidente au "Bateau ivre" qui fut ma plus grande découverte en poésie à l'adolescence (c'est pas très original).
à joe joe de cette vision d'une femme marchant sur une mer d'os.
et à Annie d'être tout simplement troublée.
Re: L'eau-delà
Pas d'images, pas de musique, pas d'humour, pas de tendresse. Rien. Remarque l'au-delà c'est ça dans le fond, le néant.
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: L'eau-delà
Je dis ce que je pense : votre truc c'est le grand vide.
< Même remarque que sur le poème d'Annie : dernier avertissement avant sanction. Merci d'en tenir compte.
La Modération. >
La Modération. >
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: L'eau-delà
Itinéraire d'un voyage dans « l'eau-delà » :
Nulle barque ou navire pour ce voyage, mais une marche, mais une démarche :
« je marchais sur l'eau »
L'eau rêvée – le voyage est imaginaire – est une surface sur laquelle il est possible de marcher sans être englouti dans les profondeurs, sans immersion, sans mouvement de chute, de glissement dans un tréfonds. Un mouvement à l'horizontal est possible, sans poussée verticale vers le bas.
L'eau se trouve froissée par cette démarche, « elle se froissait sous mes pieds ».
Pas de remous produits par l'avancée sur l'eau, aucune onde, pas de sillage, mais un « froissement ». Ce vocabulaire adapté plutôt à une matière telle qu'un tissu laisse voir la surface pareille à une étoffe, plan d'eau tissé d'une texture aquatique, une toile.
Le froissement, le chiffonnement pourrait-on dire, multiplie la possibilité des reflets de façon kaléidoscopique, la surface est en effet désignée : « reflétant les remplissages de la nuit ».
Une surface particulière donc, miroitante, une surface-miroir.
Une surface aussi, comme cette toile évoquée par Baudelaire dans Le voyage :
« Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons. »
L'eau est encore esprit, elle est conscience. Surface de l'eau, surface de l'esprit donc, de l'esprit conscient. Le voyage mènera au-delà du conscient.
Qu'a-t-elle rempli, la nuit ? Probablement ce qui se tient sous l'eau, sous la surface foulée semblable à une toile de tissu, suffisamment solide pour empêcher un enfoncement, suffisamment souple pour permettre un froissement.
Dans l'imaginaire, bien souvent la nuit est une matière qui pénètre les choses.
L'eau, plus que toute autre, est propre à absorber la nuit, cette matière pénétrante : mer des ténèbres.
« Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le cœur joyeux d’un jeune passager. »
Baudelaire. Le voyage
L'eau froissée reflète donc la nuit, et tout ce que l'être nocturne a enfoui en elle.
Cette marche sur l'eau chargée de nuit aboutit à une traversée :
« traverser la pellicule
d’eau qui fine mouille l’horizon »
Il s'agit de passer de l'autre côté de l'horizon, de « traverser » la pellicule d'eau ; il s'agit de passer de l'autre côté du miroir, de l'autre côté de la conscience, non par une descente dans les profondeurs, mais toujours au contraire par un mouvement horizontal, sur une ligne de fuite vers l'horizon : « j'allais très loin ». Le passage de l'autre côté se fait en suivant la surface-miroir, non en trouant ou perçant la fine pellicule.
L'horizon aussi est d'eau, on passe sous l'eau en le franchissant. Au bout de l'horizon, on passe subitement de l'autre côté.
Sous l'eau pourtant, aucun mouvement de descente. Sous l'eau, on reste encore à la surface, surface inversée. Le plan d'eau est une étoffe qui noue l'endroit et l'envers, le dehors et le dedans.
Le passage à la surface en dedans, dans « l'eau-delà », se fait en « une seconde », renversement soudain, bascule instantanée.
Le passage effectué, se révèle, non pas un ailleurs du monde, mais le monde même :
« Tous les pays du monde
avec leurs paysages absents et pourtant existants
s’étaient rassemblés de l’autre côté »
L'autre côté du miroir réunit des absences, rend présente toutes les absences, rassemble toute cette part manquante dans ce qui est présent, tout le sous-jacent du monde, manifestation du non manifeste en lui, qui donne pourtant au présent sa présence.
De l'autre côté du miroir : un anti-monde, comme une antimatière.
Un univers rempli par la nuit : le versant sombre du monde, sa part nocturne, invisible. Part invisible du monde visible. Part imaginaire aussi, sans doute, inconsciente, projetée dans la claire réalité.
« Je crois que les habitants des profondeurs montaient mais je n’en ai aucune certitude
car le noir était leur âme même »
Pas de descente dans les profondeurs, mais une remontée de ce qui est au fond, et cette fois ce ne sont pas les « paysages » qui sont évoqués, mais des « âmes », âme noires, dont la noirceur est la nature même.
La rêverie de l'eau profonde est associée à la mort, comme l'a montré Bachelard dans L'eau et les rêves. Ce qui remonte à la surface, fine pellicule du souvenir, ce sont les morts, les défunts, l'âme de ceux qui nous ont quittés pour l'autre côté du miroir.
« l’eau des étoiles baignait l’air» : un ciel renversé au fond de l'eau, où brillent les étoiles.
Renversement : le ciel n'est plus en haut, mais en dessous, et l'eau de la surface reflète les profondeurs.
Au ciel du dessous, au ciel d'au-delà du miroir, vivent les âmes des défunts.
Les morts sont sous terre, et montent au ciel, dit-on, l'au-delà réalise la
symbiose, du dessous et du dessus, de l'ici-bas et de l'au-delà, du dessous de la terre et du ciel.
L'eau est sombre d'absorber toutes les ombres, les chagrins qui acheminent vers la mort, l'eau absorbe ce qui meurt en nous chaque fois que nous quittent ceux que l'on aime. L'eau est chargée de souvenirs.
L'eau mêlée de nuit est aussi peuplée de monstres et de fantômes, « âmes noies ».
Pourtant, « ils ne me touchaient pas » : ombres intangibles, fantômes des souvenirs, ils ne « touchent » pas ; mais aussi ils n'affectent pas. Les peines, les chagrins, les remords absorbés par l'eau ne sont plus ressentis. Dans l'eau-delà, la mort est acceptée, le travail du deuil achevé. Dans l'eau-delà, les craintes sont dissipées. L'eau et la nuit mêlent enfin leur douceur.
Si les yeux sont « profonds comme les mers ( Baudelaire), l'eau est aussi un regard profond. L'œil du monde, c'est l'eau. Un regard serein est porté sur l'eau-delà, de l'autre côté du miroir, sur l'autre face de la surface, dans une profondeur qui est une sous-face.
Dans ce texte au style sobre, se révèlent de belles intuitions, qui font la richesse et l'intérêt du texte.
Nulle barque ou navire pour ce voyage, mais une marche, mais une démarche :
« je marchais sur l'eau »
L'eau rêvée – le voyage est imaginaire – est une surface sur laquelle il est possible de marcher sans être englouti dans les profondeurs, sans immersion, sans mouvement de chute, de glissement dans un tréfonds. Un mouvement à l'horizontal est possible, sans poussée verticale vers le bas.
L'eau se trouve froissée par cette démarche, « elle se froissait sous mes pieds ».
Pas de remous produits par l'avancée sur l'eau, aucune onde, pas de sillage, mais un « froissement ». Ce vocabulaire adapté plutôt à une matière telle qu'un tissu laisse voir la surface pareille à une étoffe, plan d'eau tissé d'une texture aquatique, une toile.
Le froissement, le chiffonnement pourrait-on dire, multiplie la possibilité des reflets de façon kaléidoscopique, la surface est en effet désignée : « reflétant les remplissages de la nuit ».
Une surface particulière donc, miroitante, une surface-miroir.
Une surface aussi, comme cette toile évoquée par Baudelaire dans Le voyage :
« Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons. »
L'eau est encore esprit, elle est conscience. Surface de l'eau, surface de l'esprit donc, de l'esprit conscient. Le voyage mènera au-delà du conscient.
Qu'a-t-elle rempli, la nuit ? Probablement ce qui se tient sous l'eau, sous la surface foulée semblable à une toile de tissu, suffisamment solide pour empêcher un enfoncement, suffisamment souple pour permettre un froissement.
Dans l'imaginaire, bien souvent la nuit est une matière qui pénètre les choses.
L'eau, plus que toute autre, est propre à absorber la nuit, cette matière pénétrante : mer des ténèbres.
« Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le cœur joyeux d’un jeune passager. »
Baudelaire. Le voyage
L'eau froissée reflète donc la nuit, et tout ce que l'être nocturne a enfoui en elle.
Cette marche sur l'eau chargée de nuit aboutit à une traversée :
« traverser la pellicule
d’eau qui fine mouille l’horizon »
Il s'agit de passer de l'autre côté de l'horizon, de « traverser » la pellicule d'eau ; il s'agit de passer de l'autre côté du miroir, de l'autre côté de la conscience, non par une descente dans les profondeurs, mais toujours au contraire par un mouvement horizontal, sur une ligne de fuite vers l'horizon : « j'allais très loin ». Le passage de l'autre côté se fait en suivant la surface-miroir, non en trouant ou perçant la fine pellicule.
L'horizon aussi est d'eau, on passe sous l'eau en le franchissant. Au bout de l'horizon, on passe subitement de l'autre côté.
Sous l'eau pourtant, aucun mouvement de descente. Sous l'eau, on reste encore à la surface, surface inversée. Le plan d'eau est une étoffe qui noue l'endroit et l'envers, le dehors et le dedans.
Le passage à la surface en dedans, dans « l'eau-delà », se fait en « une seconde », renversement soudain, bascule instantanée.
Le passage effectué, se révèle, non pas un ailleurs du monde, mais le monde même :
« Tous les pays du monde
avec leurs paysages absents et pourtant existants
s’étaient rassemblés de l’autre côté »
L'autre côté du miroir réunit des absences, rend présente toutes les absences, rassemble toute cette part manquante dans ce qui est présent, tout le sous-jacent du monde, manifestation du non manifeste en lui, qui donne pourtant au présent sa présence.
De l'autre côté du miroir : un anti-monde, comme une antimatière.
Un univers rempli par la nuit : le versant sombre du monde, sa part nocturne, invisible. Part invisible du monde visible. Part imaginaire aussi, sans doute, inconsciente, projetée dans la claire réalité.
« Je crois que les habitants des profondeurs montaient mais je n’en ai aucune certitude
car le noir était leur âme même »
Pas de descente dans les profondeurs, mais une remontée de ce qui est au fond, et cette fois ce ne sont pas les « paysages » qui sont évoqués, mais des « âmes », âme noires, dont la noirceur est la nature même.
La rêverie de l'eau profonde est associée à la mort, comme l'a montré Bachelard dans L'eau et les rêves. Ce qui remonte à la surface, fine pellicule du souvenir, ce sont les morts, les défunts, l'âme de ceux qui nous ont quittés pour l'autre côté du miroir.
« l’eau des étoiles baignait l’air» : un ciel renversé au fond de l'eau, où brillent les étoiles.
Renversement : le ciel n'est plus en haut, mais en dessous, et l'eau de la surface reflète les profondeurs.
Au ciel du dessous, au ciel d'au-delà du miroir, vivent les âmes des défunts.
Les morts sont sous terre, et montent au ciel, dit-on, l'au-delà réalise la
symbiose, du dessous et du dessus, de l'ici-bas et de l'au-delà, du dessous de la terre et du ciel.
L'eau est sombre d'absorber toutes les ombres, les chagrins qui acheminent vers la mort, l'eau absorbe ce qui meurt en nous chaque fois que nous quittent ceux que l'on aime. L'eau est chargée de souvenirs.
L'eau mêlée de nuit est aussi peuplée de monstres et de fantômes, « âmes noies ».
Pourtant, « ils ne me touchaient pas » : ombres intangibles, fantômes des souvenirs, ils ne « touchent » pas ; mais aussi ils n'affectent pas. Les peines, les chagrins, les remords absorbés par l'eau ne sont plus ressentis. Dans l'eau-delà, la mort est acceptée, le travail du deuil achevé. Dans l'eau-delà, les craintes sont dissipées. L'eau et la nuit mêlent enfin leur douceur.
Si les yeux sont « profonds comme les mers ( Baudelaire), l'eau est aussi un regard profond. L'œil du monde, c'est l'eau. Un regard serein est porté sur l'eau-delà, de l'autre côté du miroir, sur l'autre face de la surface, dans une profondeur qui est une sous-face.
Dans ce texte au style sobre, se révèlent de belles intuitions, qui font la richesse et l'intérêt du texte.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 69
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: L'eau-delà
Sanction ? J'ai très peur. Feriez mieux de virer les gens qui sont là pour poster leurs trucs et qui prennent des zattitudes de super pouets à deux balles.
D'ailleurs c'est moi le vieil homme. Comment tu pourrais me virer, plaisantin ?
D'ailleurs c'est moi le vieil homme. Comment tu pourrais me virer, plaisantin ?
< OK. Trois petits jours de bannissement…
LM. >
LM. >
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: L'eau-delà
Je suis très sensible à la fluidité des mots dans un poème et là j'avoue que "reflétant les remplissages de la nuit" mais aussi "d’eau qui fine mouille l’horizon" sonnent mal à l'oreille. J'imagine que ces effets sont volontaires mais je trouve qu'ils alourdissent la poésie.
Sinon j'aime bien le thème qui m'évoque un songe.
Sinon j'aime bien le thème qui m'évoque un songe.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
un hommage à la beauté
Trouvant la flotte un peu frisquette,
Notre seyne marchait sur l’eau
Se foutant du « T’es naze, arrête ! »
D’un vieux loueur de pédalos.
Elle allait toujours sur les flots
Sans se casser la margoulette.
C’était vraiment très rigolo :
Les barefooteurs faisaient la tête.
Soudain, monté des profondeurs,
Charon radine en bathyscaphe :
« Je veux un poème autographe,
L’eau-delà » dit ce connaisseur.
Prenant son plus beau stylographe,
Voilà que se met seyne au taf…
Notre seyne marchait sur l’eau
Se foutant du « T’es naze, arrête ! »
D’un vieux loueur de pédalos.
Elle allait toujours sur les flots
Sans se casser la margoulette.
C’était vraiment très rigolo :
Les barefooteurs faisaient la tête.
Soudain, monté des profondeurs,
Charon radine en bathyscaphe :
« Je veux un poème autographe,
L’eau-delà » dit ce connaisseur.
Prenant son plus beau stylographe,
Voilà que se met seyne au taf…
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 51
Date d'inscription : 02/07/2012
Re: L'eau-delà
C'est vraiment excellent, Legone :-)
Je suis profondément sensible à la sollicitude du loueur de pédalos, qui connaît bien les danger marino-mystiques. M'autorises-tu à le recopier à la suite du poème sur mon site perso ?
Je suis profondément sensible à la sollicitude du loueur de pédalos, qui connaît bien les danger marino-mystiques. M'autorises-tu à le recopier à la suite du poème sur mon site perso ?
Re: L'eau-delà
Lecteur hors-pair, Louis a fait, plus haut, une remarquable étude de ce poème. Merci à toi, Louis, de m'avoir incité, par ta lecture, à le passer également au tamis !
La prédominance de l'imparfait imprime un étirement particulier à l'événement relaté ici. La poétesse instaure un rapport à l'espace et au temps pour le moins paradoxal ("je marchais sur l'eau", "paysages absents et pourtant existants") qui confère une tonalité merveilleuse au récit, renvoyant celui-ci au stade de l'onirique. L'hyperbole ("tous les pays du monde") confirme cette interprétation. La locutrice rapporte ici un rêve nocturne particulièrement prégnant. Quelques indices cumulés accréditent le fait que la progression décrite s'effectue vers l'avant ("marchais", "sous mes pieds", "j'allais", "traverser", "l'horizon"). L'eau, sol métaphorique, prend l'apparence d'une étoffe ("elle se froissait") dont la ténuité ("la pellicule / d'eau... fine") supporte, contre toute logique, le poids d'un corps. Elle se présente comme surface-miroir et la rapidité du cheminement est proportionnelle à la quantité des images absorbées (subordonnée de cause : "Comme... et qu'elle", proposition participiale : "reflétant les remplissages de la nuit"). Difficile, dans de telles conditions, de ne pas associer le dessus de l'eau à l'état conscient de l'individu. Le dessous (complément de lieu : "de l'autre côté") figure, lui, l'inconscient, monde que l'on s'imagine souvent aborder en phase de sommeil paradoxal. Un brusque basculement s'opère (verbe à l'infinitif : "traverser") entre monde du dessus et monde du dessous, le second venant soudain nourrir, irriguer, alluvionner le premier (métaphore déroutante : "l'eau des étoiles baignait l'air"). La forme périphrasique ("les habitants de profondeurs") fait refluer ("montaient") les souvenirs lestés de plomb, tous ces morts que nous portons en nous depuis toujours. Cependant, cette perception n'est-elle, au demeurant, qu'une illusion, qu'une projection fantasmatique, comme le laisse entrevoir les modalisations du doute ("Je crois", "je n'en ai / aucune certitude") ? Après tout, les morts ne sont-ils pas partie intégrante, constitutive, de l'obscurité impénétrable du monde du dessous (métaphore : "le noir était leur âme même") ? Tout espoir de contact n'est-il que pure chimère (double sens du verbe toucher) ?
"... si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." (Angelo Rinaldi)
Merci pour ce partage !
La prédominance de l'imparfait imprime un étirement particulier à l'événement relaté ici. La poétesse instaure un rapport à l'espace et au temps pour le moins paradoxal ("je marchais sur l'eau", "paysages absents et pourtant existants") qui confère une tonalité merveilleuse au récit, renvoyant celui-ci au stade de l'onirique. L'hyperbole ("tous les pays du monde") confirme cette interprétation. La locutrice rapporte ici un rêve nocturne particulièrement prégnant. Quelques indices cumulés accréditent le fait que la progression décrite s'effectue vers l'avant ("marchais", "sous mes pieds", "j'allais", "traverser", "l'horizon"). L'eau, sol métaphorique, prend l'apparence d'une étoffe ("elle se froissait") dont la ténuité ("la pellicule / d'eau... fine") supporte, contre toute logique, le poids d'un corps. Elle se présente comme surface-miroir et la rapidité du cheminement est proportionnelle à la quantité des images absorbées (subordonnée de cause : "Comme... et qu'elle", proposition participiale : "reflétant les remplissages de la nuit"). Difficile, dans de telles conditions, de ne pas associer le dessus de l'eau à l'état conscient de l'individu. Le dessous (complément de lieu : "de l'autre côté") figure, lui, l'inconscient, monde que l'on s'imagine souvent aborder en phase de sommeil paradoxal. Un brusque basculement s'opère (verbe à l'infinitif : "traverser") entre monde du dessus et monde du dessous, le second venant soudain nourrir, irriguer, alluvionner le premier (métaphore déroutante : "l'eau des étoiles baignait l'air"). La forme périphrasique ("les habitants de profondeurs") fait refluer ("montaient") les souvenirs lestés de plomb, tous ces morts que nous portons en nous depuis toujours. Cependant, cette perception n'est-elle, au demeurant, qu'une illusion, qu'une projection fantasmatique, comme le laisse entrevoir les modalisations du doute ("Je crois", "je n'en ai / aucune certitude") ? Après tout, les morts ne sont-ils pas partie intégrante, constitutive, de l'obscurité impénétrable du monde du dessous (métaphore : "le noir était leur âme même") ? Tout espoir de contact n'est-il que pure chimère (double sens du verbe toucher) ?
"... si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." (Angelo Rinaldi)
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: L'eau-delà
oui, il est vrai que le commentaire de Louis et le tien sont de ceux qui font découvrir beaucoup de choses à l'auteur, lecteur hésitant de sa propre écriture. Deux choses seulement pour préciser ce que j'avais en tête :
il ne s'agit pas de la transcription d'un rêve nocturne mais d'une forme de rêverie.
les êtres qui remontent des profondeurs peuvent être compris de multiples façons. Il y a quelque chose des morts, de l'inconscient, de nos ancêtres antédiluviens, de souvenirs purement sensoriels, d'esprits animistes etc....le seul point commun : ça ne parle pas :-)
merci encore.
il ne s'agit pas de la transcription d'un rêve nocturne mais d'une forme de rêverie.
les êtres qui remontent des profondeurs peuvent être compris de multiples façons. Il y a quelque chose des morts, de l'inconscient, de nos ancêtres antédiluviens, de souvenirs purement sensoriels, d'esprits animistes etc....le seul point commun : ça ne parle pas :-)
merci encore.
Re: L'eau-delà
Legone manque a ce forum,
comme un canut hors de chez soie
comme un canut hors de chez soie
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
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