Beauté de l'au-delà
+4
Poussetontraino
zenobi
Maryse
Hellian
8 participants
Page 1 sur 1
Beauté de l'au-delà
Beauté de l'au-delà
Souvent, comme un fruit mûr,
Je palpe mon visage et tripote la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
De son triomphe sûre.
Ci-gît le zygoma,
Au riant nom de clown, taillé comme une faux
Plantée au coin de l'œil, le plus drôle des os
Que tel on dénomma,
Parce qu'après mille ans,
Il vous fait le minois un tantinet narquois.
Mes orbites je tâte avec beaucoup d'émoi,
Quand je fais le bilan
De toutes ces beautés
Dont le reflet logea au fond de ces deux grottes.
Je me suis trop épris de cette chair idiote
Qui me sera ôtée .
Mes os, plus que ma peau,
Me vengeront du temps et de tous ses supplices,
Car loin de se rider, mon crâne sera lisse.
Enfin, je serai beau.
Version vocale
Souvent, comme un fruit mûr,
Je palpe mon visage et tripote la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
De son triomphe sûre.
Ci-gît le zygoma,
Au riant nom de clown, taillé comme une faux
Plantée au coin de l'œil, le plus drôle des os
Que tel on dénomma,
Parce qu'après mille ans,
Il vous fait le minois un tantinet narquois.
Mes orbites je tâte avec beaucoup d'émoi,
Quand je fais le bilan
De toutes ces beautés
Dont le reflet logea au fond de ces deux grottes.
Je me suis trop épris de cette chair idiote
Qui me sera ôtée .
Mes os, plus que ma peau,
Me vengeront du temps et de tous ses supplices,
Car loin de se rider, mon crâne sera lisse.
Enfin, je serai beau.
Version vocale
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Beauté de l'au-delà
Même si évidemment, le texte est très bien écrit, je ne suis pas emballé. Il faut dire que vos précédents textes sur le même thème m'ont tellement touchés que vous avez mis la barre très très haut !
Bien sûr, le ton de ce texte est différent : ironique, humoristique, mais je n'ai vraiment souri qu'avec la dernière strophe, qui m'a parue excellente. Le reste m'a semblé un peu trop alambiqué pour parvenir vraiment à faire mouche.
Mais c'est une question de ressenti personnel, bien entendu
Bien sûr, le ton de ce texte est différent : ironique, humoristique, mais je n'ai vraiment souri qu'avec la dernière strophe, qui m'a parue excellente. Le reste m'a semblé un peu trop alambiqué pour parvenir vraiment à faire mouche.
Mais c'est une question de ressenti personnel, bien entendu
Invité- Invité
Re: Beauté de l'au-delà
Comme dit Vincent, c'est bellement tourné mais bien trop parfait à mon avis. Je veux dire, une trop grande sophistication de l'expression, une raideur, et ainsi un manque de fluidité (pardon Coline ! ), une impression de trop ressentir le travail derrière ce résultat pourtant lisse comme le crâne en question.
Invité- Invité
Re: Beauté de l'au-delà
Ce qui dérange dans ce poème, et tel est le but poursuivi, c'est, je crois, sa forme squelettique, sans la moindre chair, siège de l'espérance et du sentiment.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Beauté de l'au-delà
Moi rien ne me dérange dans ce poème que je trouve impressionnant et magnifique
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 81
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Beauté de l'au-delà
Un peu sage ? Peut-être, c'est ce que je me suis dit à ma première lecture tout à l'heure. N'empêche que l'ensemble est terriblement expressif, et pour ne rien enlever, bien dit. Je prends !
Invité- Invité
Re: Beauté de l'au-delà
Si vous autorisez ma curiosité, qu'appelez-vous, vous, "chair" dans un poème et/ou plus particulièrement dans celui-ci ?
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Beauté de l'au-delà
Eh bien si l'on se réfère à l'autre poème récemment publié par moi sur le thème de la mort, couleur orange, on comprendra sans doute mieux ce que je crois pouvoir appeler "la chair" dans un poème :
Ce sont tous les éléments symboliques qui renvoient à l'humanité vivante, émouvante ; c'est également un traitement « plus souple », à l'instar du muscle , du rythme, de la prosodie, une meilleure fluidité, comme l'invoque Easter, un appel implicite à l'empathie de la condition humaine.
Ainsi, dans « couleur orange », j'ai voulu porter l'accent sur ce qui peut subsister de la vie et, de l'émotion, après la mort « cette braise enfouie sous la cendre chaude », pour ignorer l'irrémédiable de la fin. Là-bas, Priorité à la chair , porteuse d'espérance .
Ici, priorité au squelette ! alors aucune référence à la symbolique vitale. célébration de l'os qui l'emportent toujours sur l'o. Surtout ne pas pleurer, ne pas se désoler, mais si possible, rire ou sourire. Dans ce registre, la seule profondeur est celle de la surface osseuse, d'où une métrique rigoureuse et , des verts qui ressemblent par leur sécheresse à la théorie des côtes d'entorses décharné.
Mais puisque nous sommes en poésie, la question finale demeure quand même celle de l'émotion. Aussi, me suis-je dit que d'un traitement « à sec » (comme l'on parle d'un nettoyage) pouvait sourdre une émotion, ou peut-être plutôt une angoisse.
désolé de me laisser aller au commentaire de mon propre poème, ce qui, je vous le concède, ne se fait guère, mais qui pourra peut-êtrem'êtree pardonnez puisque j'y ai été invité, par vous Zénobi.
Ce sont tous les éléments symboliques qui renvoient à l'humanité vivante, émouvante ; c'est également un traitement « plus souple », à l'instar du muscle , du rythme, de la prosodie, une meilleure fluidité, comme l'invoque Easter, un appel implicite à l'empathie de la condition humaine.
Ainsi, dans « couleur orange », j'ai voulu porter l'accent sur ce qui peut subsister de la vie et, de l'émotion, après la mort « cette braise enfouie sous la cendre chaude », pour ignorer l'irrémédiable de la fin. Là-bas, Priorité à la chair , porteuse d'espérance .
Ici, priorité au squelette ! alors aucune référence à la symbolique vitale. célébration de l'os qui l'emportent toujours sur l'o. Surtout ne pas pleurer, ne pas se désoler, mais si possible, rire ou sourire. Dans ce registre, la seule profondeur est celle de la surface osseuse, d'où une métrique rigoureuse et , des verts qui ressemblent par leur sécheresse à la théorie des côtes d'entorses décharné.
Mais puisque nous sommes en poésie, la question finale demeure quand même celle de l'émotion. Aussi, me suis-je dit que d'un traitement « à sec » (comme l'on parle d'un nettoyage) pouvait sourdre une émotion, ou peut-être plutôt une angoisse.
désolé de me laisser aller au commentaire de mon propre poème, ce qui, je vous le concède, ne se fait guère, mais qui pourra peut-êtrem'êtree pardonnez puisque j'y ai été invité, par vous Zénobi.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Beauté de l'au-delà
Je comprends mieux.
J'aurais eu (et même j'ai) tendance à évoquer sous ce vocable ce qui renvoie aux adjectifs, d'une part, aux images, d'autre part.
J'aurais eu (et même j'ai) tendance à évoquer sous ce vocable ce qui renvoie aux adjectifs, d'une part, aux images, d'autre part.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Beauté de l'au-delà
"Célébration de l'os qui l'emportent toujours sur l'o" je voulais écrire "sur l'organique. "
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Beauté de l'au-delà
perso j'aime beaucoup cette forme d'écriture épurée , cette petite phrase à chaque fin pour ne pas en faire trop
cependant pour le premier couplet
Souvent, comme un fruit mûr,
Je palpe mon visage et tripote la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
De son triomphe sûre.
il ne faudrait pas plutot : " De son triomphe ,sûre " pour la mort sinon ce serait " De son triomphe sûr " .
calins
cependant pour le premier couplet
Souvent, comme un fruit mûr,
Je palpe mon visage et tripote la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
De son triomphe sûre.
il ne faudrait pas plutot : " De son triomphe ,sûre " pour la mort sinon ce serait " De son triomphe sûr " .
calins
Re: Beauté de l'au-delà
Hellian a écrit:[b]
Car loin de se rider, mon crâne sera lisse.
Enfin, je serai beau.
Au delà de la beauté... Ah, il y a du XVIè et XVIIè siècles dans le poignant et la simplicité de ce poème, un brin de Villon aussi qui savait mort décrire et s'en rire. Il y a également de l'archéologique et un clin d'oeil à Platon. Attention cependant à ne pas trop sombrer dans la contemplation crépusculaire...
Marvejols
Re: Beauté de l'au-delà
Je réponds, vite, de peur de me faire gronder, tant que c'est en haut :
Marjevols,
Merci d'avoir repéré l'un des deux clins d'oeil philosophique du texte, il y en a donc un autre qui demeure à découvrir...
Pousse,
Non, non, c'est bien la mort qui est sûre de son triomphe...
Marjevols,
Merci d'avoir repéré l'un des deux clins d'oeil philosophique du texte, il y en a donc un autre qui demeure à découvrir...
Pousse,
Non, non, c'est bien la mort qui est sûre de son triomphe...
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Beauté de l'au-delà
Hellian a écrit: la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
... Le second clin d'oeil philo : le divertissement pascalien?
Hellian a écrit: ... la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
De son triomphe sûre.
J'ai lu et relu sur "sûre" : je pense que la rime pour l'oeil doublant la rime serait bienvenue au-delà de l'exactitude du féminin "sûre" qui bien ... sûr est épithète de La mort (qui est sûre de son triomphe). Car le triomphe aussi peut être sûr (puisqu'il est celui de la mort) et c'est assurément ce qu'a voulu dire Poussetontraino. Mais bon je suis ... sûr que l'auteur a pris un (malin) plaisir à s'assurer que son sûre était sûr.
Il n'y a qu'une petite chose qui m'a un peu gêné dans ce texte : c'est clown pour l'arcade zygomatique. En effet ce vocabulaire est hors du champ lexical du poème. Certes un crâne semble toujours rire et la strophe capte bien l'image. Hellian pouvez-vous nous expliquer si le mot clown est venu "comme ça" ou bien s'il est mûrement pensé pour introduire une nuance qui m'aurait échappée?
Marvejols
Re: Beauté de l'au-delà
la beauté de ce texte réside dans la précision presque chirurgicale des mots
fuir l'artifice pour demeurer objectif et garder une certaine lucidité.....avant que tout ne bascule
magnifique
fuir l'artifice pour demeurer objectif et garder une certaine lucidité.....avant que tout ne bascule
magnifique
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 64
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Beauté de l'au-delà
Alors là, j'encours le banissement, voir les galères...tant pis
Bravo, Marjevols, vous êtes sélectionné pour la seconde semaine...Il reste cependant un dernier petit clin d'oeil, pas vraiment philosophique celui-là,mais ...clin d'oeil quand même.
Pour le mot "sûre ", ben oui, le triomphe...mais, cela coincerait au plan syntaxique, sauf à inviter de "sûr", l'épithète de "l'homme" qui joue dehors.
Quant au mot clown, quatre choses :
first, déjà "zygoma" aussi sort du champ lexical du poème, dès lors pour justifier cette échappée, allons-y carrément.
Ensuite, oui, Zygoma pourrait fort bien être un nom de clown, comme Zavatta, Zig, Zigomar " bpnjour Monsieur Zygoma, comment ça va ? etc..."
D'autre part,,eh bien oui, le facies, clownesque de la mort, c'est une réalité quasi anatomique.
Enfin, parce qu'à l'aune de la mort, la vie n'a rien de sérieux et si l'on veut bien y réfléchir 5 minutes, on à la sensation d'une farce du style "tout ça pour ça ! ou tralala, tralala, ! et ..pouf ! a pu, le monsieur !
Ce poème n'est donc pas sérieux et le champ symbolique doit l'emporter sur le champ lexical.
Bravo, Marjevols, vous êtes sélectionné pour la seconde semaine...Il reste cependant un dernier petit clin d'oeil, pas vraiment philosophique celui-là,mais ...clin d'oeil quand même.
Pour le mot "sûre ", ben oui, le triomphe...mais, cela coincerait au plan syntaxique, sauf à inviter de "sûr", l'épithète de "l'homme" qui joue dehors.
Quant au mot clown, quatre choses :
first, déjà "zygoma" aussi sort du champ lexical du poème, dès lors pour justifier cette échappée, allons-y carrément.
Ensuite, oui, Zygoma pourrait fort bien être un nom de clown, comme Zavatta, Zig, Zigomar " bpnjour Monsieur Zygoma, comment ça va ? etc..."
D'autre part,,eh bien oui, le facies, clownesque de la mort, c'est une réalité quasi anatomique.
Enfin, parce qu'à l'aune de la mort, la vie n'a rien de sérieux et si l'on veut bien y réfléchir 5 minutes, on à la sensation d'une farce du style "tout ça pour ça ! ou tralala, tralala, ! et ..pouf ! a pu, le monsieur !
Ce poème n'est donc pas sérieux et le champ symbolique doit l'emporter sur le champ lexical.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Beauté de l'au-delà
Le regard que l'on pose sur soi en poésie n'est pas ce que je préfère trouver dans un poème, mais vous savez donner une force, de lucide dérision ou de lucidité dérisoire qui attire et retient et la voix, toujours ajoutant un plus très appréciable.
Invité- Invité
Re: Beauté de l'au-delà
Souvent, comme un fruit mûr,
Je palpe mon visage et tripote la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
De son triomphe sûre.
Ci-gît le zygoma,
Au riant nom de clown, taillé comme une faux
Plantée au coin de l'œil, le plus drôle des os
Que tel on dénomma,
Parce qu'après mille ans,
Il vous fait le minois un tantinet narquois.
Mes orbites je tâte avec beaucoup d'émoi,
Quand je fais le bilan
De toutes ces beautés
Dont le reflet logea au fond de ces deux grottes.
Je me suis trop épris de cette chair idiote
Qui me sera ôtée .
Mes os, plus que ma peau,
Me vengeront du temps et de tous ses supplices,
Car loin de se rider, mon crâne sera lisse.
Enfin, je serai beau.
Voilà ! Ici je te retrouve dans cette vanité parée d'humour et d'autodérision qui te vont comme un gant sans un pli superflu. Quelle élégance pour tripoter la mort !
Je palpe mon visage et tripote la mort
Qui attend au-dedans l'homme qui joue dehors,
De son triomphe sûre.
Ci-gît le zygoma,
Au riant nom de clown, taillé comme une faux
Plantée au coin de l'œil, le plus drôle des os
Que tel on dénomma,
Parce qu'après mille ans,
Il vous fait le minois un tantinet narquois.
Mes orbites je tâte avec beaucoup d'émoi,
Quand je fais le bilan
De toutes ces beautés
Dont le reflet logea au fond de ces deux grottes.
Je me suis trop épris de cette chair idiote
Qui me sera ôtée .
Mes os, plus que ma peau,
Me vengeront du temps et de tous ses supplices,
Car loin de se rider, mon crâne sera lisse.
Enfin, je serai beau.
Voilà ! Ici je te retrouve dans cette vanité parée d'humour et d'autodérision qui te vont comme un gant sans un pli superflu. Quelle élégance pour tripoter la mort !
Re: Beauté de l'au-delà
Mise à part la première strophe, je ressens d'autant plus l'humour et l'auto-dérision qui émanent dans la version orale du texte, peut-être à cause de cet espèce d'excès dans l'intonation de la voix et ses différentes poses. Humour qui contraste très bien avec les poèmes précédents qui traitent du même thème de manière plus grave et quelque-part tragique.
J'ai beaucoup aimé.
J'ai beaucoup aimé.
Jean- Nombre de messages : 162
Age : 35
Localisation : dans un pays qu'On ne gouverne pas.
Date d'inscription : 08/05/2010
Re: Beauté de l'au-delà
Jean a écrit:et ses différentes poses.
Il faut lire "pauses", bien sûr. D'ailleurs c'est drôle, cette voix me rappelle les histoires contées par un narrateur qui passaient (et peut-être passent toujours ?) à la télé dans les chaînes pour enfants. Genre Bla-Bla ou autre. Et c'est un compliment !
Jean- Nombre de messages : 162
Age : 35
Localisation : dans un pays qu'On ne gouverne pas.
Date d'inscription : 08/05/2010
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum