Les vents se lèvent ; il faut tenter de ?
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Les vents se lèvent ; il faut tenter de ?
(Petit retour) [Qui dit retour qui métrique pas parfaite, mais c'est pas plus mal parfois !]
Les vents se sont levés, même temps que l'aurore
Le soleil a brisé la mer que brise encore
D'un éclair blanc la voile. Au loin ont disparu
Et le vaisseau d'un père et le souffle filial.
Le matin est tranquille ; sous les herbes vivaces
L'héritage et la ruine ont un même soleil
La naissance et la mort boivent ensemble, Ô merveille
A la farce immobile, aux dieux qui se prélassent...
Ici la vigne est faite, où les pierres se fendent
D'un raisin que la honte a vu plus rouge qu'elle
Ici la terre a bu la soif d'une autre terre
Une autre fille a su le rapt d'une première.
Qui croirait, à midi, devant la mer si bleue
Qu'hier au jour s'est dit le déchirant adieu ?
L'herbe s'est sentie rouge et la mer a blêmi
De la rigueur du père au sang d'Iphigénie.
Les vents se sont levés, même temps que l'aurore
Le soleil a brisé la mer que brise encore
D'un éclair blanc la voile. Au loin ont disparu
Et le vaisseau d'un père et le souffle filial.
Le matin est tranquille ; sous les herbes vivaces
L'héritage et la ruine ont un même soleil
La naissance et la mort boivent ensemble, Ô merveille
A la farce immobile, aux dieux qui se prélassent...
Ici la vigne est faite, où les pierres se fendent
D'un raisin que la honte a vu plus rouge qu'elle
Ici la terre a bu la soif d'une autre terre
Une autre fille a su le rapt d'une première.
Qui croirait, à midi, devant la mer si bleue
Qu'hier au jour s'est dit le déchirant adieu ?
L'herbe s'est sentie rouge et la mer a blêmi
De la rigueur du père au sang d'Iphigénie.
Re: Les vents se lèvent ; il faut tenter de ?
très beau texte Marine,
des images fortes, dures, qui se confrontent :
Le matin est tranquille ; sous les herbes vivaces
L'héritage et la ruine ont un même soleil
je lis deux lectures,
je reviendrai
j'aime :
Le soleil a brisé la mer que brise encore
D'un éclair blanc la voile.
des images fortes, dures, qui se confrontent :
Le matin est tranquille ; sous les herbes vivaces
L'héritage et la ruine ont un même soleil
je lis deux lectures,
je reviendrai
j'aime :
Le soleil a brisé la mer que brise encore
D'un éclair blanc la voile.
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Les vents se lèvent ; il faut tenter de ?
Le titre du poème prend, par sa résonance avec la dernière strophe du "cimetière marin" de Paul Valéry, l'image d'une mise en perspective. "Le vent" chez Valéry, "Les vents", ici. "Il faut tenter de vivre", là-bas, choisir l'action. Et ici ? Quel est l'enjeu ? Que faut-il donc tenter ? Le temps traversé est d'ordre tragique, avec les dieux comme maîtres d'oeuvre, suprêmes ordonnateurs. L'homme n'est libre d'avancer dans ses quêtes qu'à l'aune de leurs choix souverains. Plusieurs choses signalent, dès la première strophe, ce rapport de force. Au vers 1, le parallélisme ("même temps") souligne une correspondance intime entre les éléments comme si ceux-ci ("vents", "l'aurore", "le soleil") obéissaient à une instance supérieure. À la double brisure d'en haut répond, comme sous la forme d'un chiasme à distance, d'un effet miroir, la double disparition d'en bas ("Et", "et") : le pacte vient d'être scellé entre les hommes et des dieux. Ces derniers peuvent, selon leur bon ou mauvais vouloir ("farce immobile" semblant désigner ici les vaisseaux désespérément encalminés sur une mer d'huile), apporter indifféremment, par le jeu des antithèses, "héritage" ou "ruine", "naissance" ou "mort". Bref, en user à leur gré vis-à-vis des hommes. Les strophes 3 et 4 dessinent, autour du sacrifice imposé (et accepté par Agamemnon) un paysage état d'âme d'abord contaminé par l'image du crime ("plus rouge qu'elle", "s'est sentie rouge", "a blêmi"), puis rendu, en un jour ("Qu'hier"), à sa douceur première immaculée ("bleue" précédé de l'adverbe d'intensité "si"), comme si rien ne s'était véritablement passé. La question rhétorique ("Qui croirait... déchirant adieu ?") est assez explicite sur la liquidation de ce moment tragique. Les dieux, maintenant repus ("boivent ensemble", "la terre a bu"), attendent la prochaine occasion de sortir de leur torpeur ("se prélassent") pour éprouver une fois de plus les hommes.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 59
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Les vents se lèvent ; il faut tenter de ?
"même temps que l'aurore"... Manque-t-il un "en" pour des raisons rythmiques ? Je bute.
Je ne saisis pas non plus la ponctuation. Présente ici, absente là- pourquoi ?
Ici la vigne est faite ? Ce qui veut dire ? puisqu'il n'y a pas de complément...
Et puis, en même temps, j'aime bien le rythme et la musicalité de nombreux vers.
Je ne saisis pas non plus la ponctuation. Présente ici, absente là- pourquoi ?
Ici la vigne est faite ? Ce qui veut dire ? puisqu'il n'y a pas de complément...
Et puis, en même temps, j'aime bien le rythme et la musicalité de nombreux vers.
joe-joe- Nombre de messages : 441
Age : 42
Date d'inscription : 01/05/2013
Re: Les vents se lèvent ; il faut tenter de ?
Un très beau poème avec des images qui me parlent, ma préférée restant, sans l'ombre d'un doute:
Le soleil a brisé la mer que brise encore
D'un éclair blanc la voile.
J'ai eu la même difficulté que joe-joe sur "même temps": c'est sûr que le "en" romprait la régularité des vers, mais en même temps, peut-être que paradoxalement la strophe serait plus fluide avec (parce que l'absence surprend et interroge et interrompt donc la lecture)
Et j'ai apprécié aussi la part de mystère qui subsiste par rapport à l'adieu, au rapt... Peut-être qu'il y avait une référence supposée connue à travers notamment Iphigénie, mais j'ai préféré ne pas creuser plus loin et rester sur les sensations procurées par la lecture sans forcément saisir le contexte.
Le soleil a brisé la mer que brise encore
D'un éclair blanc la voile.
J'ai eu la même difficulté que joe-joe sur "même temps": c'est sûr que le "en" romprait la régularité des vers, mais en même temps, peut-être que paradoxalement la strophe serait plus fluide avec (parce que l'absence surprend et interroge et interrompt donc la lecture)
Et j'ai apprécié aussi la part de mystère qui subsiste par rapport à l'adieu, au rapt... Peut-être qu'il y avait une référence supposée connue à travers notamment Iphigénie, mais j'ai préféré ne pas creuser plus loin et rester sur les sensations procurées par la lecture sans forcément saisir le contexte.
isa- Nombre de messages : 559
Age : 33
Localisation : Elbonerg
Date d'inscription : 08/04/2009
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