Exo "Hommage à Machado" : Je te parle !
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Exo "Hommage à Machado" : Je te parle !
Estos dias azules
Ayant quitté ta terre pour jamais
Ils t'encensent à présent et tu leur appartiens
Si loin déjà sur ton chemin des lauriers
Machado ! Je te parle
Moi, il me reste le mien...
****
Rentrée au Sud qu'elle regretta toujours
Je l'ai répandue sous le soleil d'azur de son enfance
Et sur la mer bleue volaient ses cendres
Mia madre, c'est bien comme tu disais ?
La mienne, vois-tu, toute petite
S'appelait Anne avec deux n et Marie aussi
Mère de Dieu, ô je vous demande, priez pour elle un peu
Pour moi ce n'est plus la peine
****
Elle avait quatre ans je crois lorsque tu vins t'abattre là
Chus du col des Balîtres vous aviez froid
Et Cerbère toute une nuit vous guetta
Va, je ne te plains pas
Ta mère, Machado, jusqu'au bout fut près de toi
****
Mort je serai seul dans les brouillards d'en haut
Qui me ramènerait au jardin Baretge
Serré comme un anchois dans le banc de mes pairs ?
Je n'ai jamais rien su d'Espagne
De la chaude langue du soleil aux roches écorché
Ici j'étouffe de charbon
Je n'en ai plus pour longtemps
Exilé je suis, Machado, bien plus que toi
Mais il est vrai : que l'on vive que l'on meure
C'est toujours à douleur
****
Mort peut-être mais de ta poche, poète,
Rayonnent à jamais les épis d'un soleil enfant
Mon père à moi était un inconnu
Ne savait d'autre musique que celle, froide, du vent crispé, tyrannique
Un fou aux yeux d'âpre mer venu dans le Sud enlever ma mère
Là-haut il pêchait la morue, le maquereau luisant
Et les glaces aiguës riaient féroces, le regardant
Comme toi il aimait, était aimé
Les vagues du Nord ont englouti sa misère
Et la défaite de chaque jour qui va sombrant au gouffre patient.
****
Jamais nous ne sommes redescendus
Moi, je voulais être poète
Ayant au fond du cœur le dur coquillage où chantent les étoiles
Maman souriait brave, épuisée
Je n'ai rien dit
J'ai connu les mines, les usines au ciel bas
La côte était grise
Maman, ne pleure pas !
Dis que tu te souviens, Machado,
Vous étiez unis, vous deux, jusqu'à la fin !
****
Ta mère n'en pouvait plus
Mais la côte fut vermeille le long du sable où tu t'étendis
Machado, je ne te hais pas
Plus d'une moitié de siècle plus tard quelle importance, dis-moi
Le temps passé ne revient pas.
Suis-je vraiment descendu dans ton cimetière
Poster cette lettre ?
C'est que, vois-tu, ma barque aujourd'hui chavire
Toute une vie creusée, le fond était troué
Oh, ne va pas me croire jaloux
Je n'aurai rien écrit, qu'importe après tout ?
Juste, je veux verser quelques gouttes de sel sur un rêve oublié
A ton musée pour la première fois je t'ai vu sur le lit de la mort
Machado,
Vrai, tu t'es bien battu
C'aurait pu être moi
Avant de remonter vers mes brouillards
Je te laisse Maman, sa poussière et sa foi
Antonio exilé je te salue
A bientôt , mon frère d'en bas
Ayant quitté ta terre pour jamais
Ils t'encensent à présent et tu leur appartiens
Si loin déjà sur ton chemin des lauriers
Machado ! Je te parle
Moi, il me reste le mien...
****
Rentrée au Sud qu'elle regretta toujours
Je l'ai répandue sous le soleil d'azur de son enfance
Et sur la mer bleue volaient ses cendres
Mia madre, c'est bien comme tu disais ?
La mienne, vois-tu, toute petite
S'appelait Anne avec deux n et Marie aussi
Mère de Dieu, ô je vous demande, priez pour elle un peu
Pour moi ce n'est plus la peine
****
Elle avait quatre ans je crois lorsque tu vins t'abattre là
Chus du col des Balîtres vous aviez froid
Et Cerbère toute une nuit vous guetta
Va, je ne te plains pas
Ta mère, Machado, jusqu'au bout fut près de toi
****
Mort je serai seul dans les brouillards d'en haut
Qui me ramènerait au jardin Baretge
Serré comme un anchois dans le banc de mes pairs ?
Je n'ai jamais rien su d'Espagne
De la chaude langue du soleil aux roches écorché
Ici j'étouffe de charbon
Je n'en ai plus pour longtemps
Exilé je suis, Machado, bien plus que toi
Mais il est vrai : que l'on vive que l'on meure
C'est toujours à douleur
****
Mort peut-être mais de ta poche, poète,
Rayonnent à jamais les épis d'un soleil enfant
Mon père à moi était un inconnu
Ne savait d'autre musique que celle, froide, du vent crispé, tyrannique
Un fou aux yeux d'âpre mer venu dans le Sud enlever ma mère
Là-haut il pêchait la morue, le maquereau luisant
Et les glaces aiguës riaient féroces, le regardant
Comme toi il aimait, était aimé
Les vagues du Nord ont englouti sa misère
Et la défaite de chaque jour qui va sombrant au gouffre patient.
****
Jamais nous ne sommes redescendus
Moi, je voulais être poète
Ayant au fond du cœur le dur coquillage où chantent les étoiles
Maman souriait brave, épuisée
Je n'ai rien dit
J'ai connu les mines, les usines au ciel bas
La côte était grise
Maman, ne pleure pas !
Dis que tu te souviens, Machado,
Vous étiez unis, vous deux, jusqu'à la fin !
****
Ta mère n'en pouvait plus
Mais la côte fut vermeille le long du sable où tu t'étendis
Machado, je ne te hais pas
Plus d'une moitié de siècle plus tard quelle importance, dis-moi
Le temps passé ne revient pas.
Suis-je vraiment descendu dans ton cimetière
Poster cette lettre ?
C'est que, vois-tu, ma barque aujourd'hui chavire
Toute une vie creusée, le fond était troué
Oh, ne va pas me croire jaloux
Je n'aurai rien écrit, qu'importe après tout ?
Juste, je veux verser quelques gouttes de sel sur un rêve oublié
A ton musée pour la première fois je t'ai vu sur le lit de la mort
Machado,
Vrai, tu t'es bien battu
C'aurait pu être moi
Avant de remonter vers mes brouillards
Je te laisse Maman, sa poussière et sa foi
Antonio exilé je te salue
A bientôt , mon frère d'en bas
obi- Nombre de messages : 574
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Exo "Hommage à Machado" : Je te parle !
C'est très émouvant.
Je ne saurais commenter ce texte sans l’abîmer, mais le relire, oui. Souvent.
Je ne saurais commenter ce texte sans l’abîmer, mais le relire, oui. Souvent.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Exo "Hommage à Machado" : Je te parle !
quel texte superbe
bravo
bravo
So-Back- Nombre de messages : 3657
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Exo "Hommage à Machado" : Je te parle !
C'est un très beau texte, obi, superbe, oui. Difficile de commenter sans risquer de l'abîmer, en effet, un avis que je partage totalement.
Merci pour ces mots.
Merci pour ces mots.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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