Maman poisson
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So-Back
Rebecca
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Maman poisson
Elle nage en eaux profondes sous le soleil couchant ma maman poisson, ses mots bulles glissent sur une paroi de silences, elle remonte le courant de l’eau de l’au-delà ma mère océane, encadrée de cheveux lianes, et puis dérive et puis revient, elle me sourit, sirène échouée sirène couchée sur rivage désolé, la nuit s’installe j’ai un peu froid.
Plus tard le bip de la machine à perfuser transperce nos rêves, l’infirmière arrive, réinstalle une nouvelle poche couleur voie lactée dont le contenu s’insinue en goutte à goutte dans sa poitrine qui se soulève à peine sauf quand elle tousse en pleine tempête les poumons broyés par des coquillages acérés mer déchainée mère enchainée à sa douleur couleur nacrée puis la morphine qui la rattrape entre deux vagues douce accalmie, dors, dors ma mie.
Plus tard le médecin qui pâlit lui aussi qui pallie qui pâle lit les résultats de sa bronchoscopie et prolonge ses soins palliatifs et elle qui se réveille et demande quand elle pourra remanger.
Nage maman nage ne te retourne pas je suis sur le rivage mais je ne te quitte pas des yeux
Sauf quand je vais courir en bord de mer pour t’oublier, courir à en perdre haleine et que je regarde les étoiles tomber du ciel, comme tu tombes, comme d’autres que tu aimais sont tombés, comme je tomberai, comme tombera l’infirmière puis le médecin, comme tomberont tous les patients de l’hôpital et tous les impatients de la terre, puisque du berceau à la tombe il n’y a qu’un pas et que je cours pour défier toutes les lois de la gravité et de la logique, et que je répète c'est pas grave c'est pas grave ,car je sais que tu es toute ouïe, tandis que tu remontes le temps, tandis que tout marche à l’envers, tandis que les bateaux chavirent, que la lune s'éteint, que je m'affale sur le sable
C'est pas grave, tu me dis quand je reviens te prendre la main, ma maman poisson qui rêve d’une ile où les poissons sirènes qui ont des poumons pourront enfin respirer dans l’eau dans l’au-delà comme sur la terre, et retrouver leurs propres mamans poisson si reines en leur royaume avec leurs joues couleur nacrée leurs cheveux lianes leurs mots bulles leurs sourires irisés quand elles nagent en eaux profondes sous le soleil levant
La vie c’est juste un voyage, un voyage d’un liquide amniotique à un liquide hypnotique, dit le médecin appelé en urgence, le médecin qui aide les mamans poissons en partance
Dis maman tu la vois ton ile ? Tu la vois maintenant ?
Plus tard le bip de la machine à perfuser transperce nos rêves, l’infirmière arrive, réinstalle une nouvelle poche couleur voie lactée dont le contenu s’insinue en goutte à goutte dans sa poitrine qui se soulève à peine sauf quand elle tousse en pleine tempête les poumons broyés par des coquillages acérés mer déchainée mère enchainée à sa douleur couleur nacrée puis la morphine qui la rattrape entre deux vagues douce accalmie, dors, dors ma mie.
Plus tard le médecin qui pâlit lui aussi qui pallie qui pâle lit les résultats de sa bronchoscopie et prolonge ses soins palliatifs et elle qui se réveille et demande quand elle pourra remanger.
Nage maman nage ne te retourne pas je suis sur le rivage mais je ne te quitte pas des yeux
Sauf quand je vais courir en bord de mer pour t’oublier, courir à en perdre haleine et que je regarde les étoiles tomber du ciel, comme tu tombes, comme d’autres que tu aimais sont tombés, comme je tomberai, comme tombera l’infirmière puis le médecin, comme tomberont tous les patients de l’hôpital et tous les impatients de la terre, puisque du berceau à la tombe il n’y a qu’un pas et que je cours pour défier toutes les lois de la gravité et de la logique, et que je répète c'est pas grave c'est pas grave ,car je sais que tu es toute ouïe, tandis que tu remontes le temps, tandis que tout marche à l’envers, tandis que les bateaux chavirent, que la lune s'éteint, que je m'affale sur le sable
C'est pas grave, tu me dis quand je reviens te prendre la main, ma maman poisson qui rêve d’une ile où les poissons sirènes qui ont des poumons pourront enfin respirer dans l’eau dans l’au-delà comme sur la terre, et retrouver leurs propres mamans poisson si reines en leur royaume avec leurs joues couleur nacrée leurs cheveux lianes leurs mots bulles leurs sourires irisés quand elles nagent en eaux profondes sous le soleil levant
La vie c’est juste un voyage, un voyage d’un liquide amniotique à un liquide hypnotique, dit le médecin appelé en urgence, le médecin qui aide les mamans poissons en partance
Dis maman tu la vois ton ile ? Tu la vois maintenant ?
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Maman poisson
dors, maman poisson, dors
il n'y a plus de vagues, il y a juste ce ressac qui te berces
il n'y a plus de vagues, il y a juste ce ressac qui te berces
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Maman poisson
Pour moi, c'est de la poésie pas de la prose!
Quand le coeur et l'âme parlent à un corps qui s'en va, quelle superbe métaphore une "maman-poisson"!
Beau et douloureux le jeu de mots sur "tombe". A mon avis , celui sur pâlit et de trop. Il faudrait ne garder que "pallie" et "pâlit". "Pâle-lit" est un cran en dessous. C'est ta démangeaison du jeu de mots qui revient?
Pour le lecteur, ça gâche la tendresse (douloureuse) infinie du texte. Il faut le laisser rêver , glisser dans la vague comme "maman-poisson" et accéder à une autre réalité...
Merci pour ces lignes émouvantes et pleines de courage, Rebecca.
Quand le coeur et l'âme parlent à un corps qui s'en va, quelle superbe métaphore une "maman-poisson"!
Beau et douloureux le jeu de mots sur "tombe". A mon avis , celui sur pâlit et de trop. Il faudrait ne garder que "pallie" et "pâlit". "Pâle-lit" est un cran en dessous. C'est ta démangeaison du jeu de mots qui revient?
Pour le lecteur, ça gâche la tendresse (douloureuse) infinie du texte. Il faut le laisser rêver , glisser dans la vague comme "maman-poisson" et accéder à une autre réalité...
Merci pour ces lignes émouvantes et pleines de courage, Rebecca.
obi- Nombre de messages : 575
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Maman poisson
Je ne sais pas quoi dire : le texte pêche un peu et pâtit du pathos… toutefois je compatis.
gaspard- Nombre de messages : 132
Age : 107
Date d'inscription : 06/04/2014
re : Maman poisson
Tu files la métaphore... Peut-être trop pour que le sujet nous touche. Cela devient une longue figure de style, sur un thème comme celui-ci c'est dommage de faire du genre. En effet également on frise le pathos... Par contre c'est habile, bien fichu dans un lyrisme débordant.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Maman poisson
Tout est là Reb et encore plus...
L'océan est grand et il fait souvent bon y nager.
Même loin...
L'océan est grand et il fait souvent bon y nager.
Même loin...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Maman poisson
Moi j'ai bien aimé, les images sont bien choisies, l'atmosphère est feutrée...
Alors Prose ou Poésie ???
Ça m’intéresse car parfois je bute, mais ce texte me va bien ici...
Merci
Alors Prose ou Poésie ???
Ça m’intéresse car parfois je bute, mais ce texte me va bien ici...
Merci
Gyver- Nombre de messages : 88
Age : 64
Localisation : Auvergne
Date d'inscription : 20/06/2014
Re: Maman poisson
Un peu trop pour moi, peut-être lâcher du leste pour respirer un peu... et puis tes jeux de mots deviennent une signature, on les attend et c'est dommage, d'autant plus que tu es dans le sensible :
"Plus tard le médecin qui pâlit lui aussi qui pallie qui pâle lit les résultats de sa bronchoscopie..."
je trouve ça un peu trop.
Pour le reste je reste raccord à ton écriture qui me prend par la main,
je te suis...
"Plus tard le médecin qui pâlit lui aussi qui pallie qui pâle lit les résultats de sa bronchoscopie..."
je trouve ça un peu trop.
Pour le reste je reste raccord à ton écriture qui me prend par la main,
je te suis...
Pussicat- Nombre de messages : 4846
Age : 57
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
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