C'est quoi un spermatozoïde ?

C’EST  QUOI,  UN  SPERMATOZOÏDE  ?


  Loin des yeux, loin des cœurs, un homme est emmerdé.
Petit prince esseulé sur son astéroïde,
Qui s’ennuie et qui rêve, avec qui l’accorder ?
A quoi donc peut servir ce truc cylindroïde…

…Autrement qu’à pisser ? Quelque fait solitaire
Aide à tuer le temps, mais, c’est bizarroïde,
Le fait est déroutant, vraiment peu solidaire…
Dieu, dis-moi tout : c’est quoi, un spermatozoïde ?

  Dieu dit à son disciple : -- Une fort longue queue
Capable de mener, battant sinusoïde
Et bravant les dangers d’un train fort belliqueux
Une très forte tête en forme d’ovoïde --

  Je comprends, Créateur, mais pourquoi, et pour où ?
(-- Me fatigue ! Expliquer cent fois, hélicoïde,
ADN messager et dentelle à trou-trou --)
Petit prince esseulé, ton machin d’androïde …

… Ne sert pas qu’à pisser ! Dors, et j’aurais la cote,
J’en ferai une belle, au sexe arachnoïde,
Mince comme un cheveu, ample comme la côte
Main tendue en avant, bras en ellipsoïde… --

… Pour tâter le décor. D’ailleurs inexistant :
Peu il y a, des corps, sur cet astéroïde !
Mais un seul a suffi, il était attirant,
Il a créé la fièvre, et pas la typhoïde !

… Et les emmerdements : la belle est cycloïde,
Et donne du tourment, donc des hémorroïdes,
Et aussi des enfants, bruyants humanoïdes,
Soit plein d’énervements, d’où les alcooloïdes …

… Sans compter le serpent, ce spermatozoïde,
Lequel, c’est emmerdant, de notre astéroïde,
Nous fit vilainement choir sur ce sphéroïde,
Qui ne vaut rien, vraiment … JE  SUIS  PARANOÏDE …



Gypoete barbu
Inspiré par Raymond QUENEAU,
« L’explication des métaphores », texte ici :
http://www.florilege.free.fr/florilege/queneau/lexplica.htm

avec ces rimes en ide , j'ai perdu le mien, son bocal a explosé suit a un coït virtuel avec le chat , voila comment finissent les histoires d'amour en géneral

Il faut bien ces quelques alexandrins pour nous munir contre les stupres ! Mais suffiront-ils ?

Un bel exercice de style.

Votre dialogue avec Dieu, me semble l'occasion d'y raccrocher le mien :

« Par pitié Seigneur Dieu, accours me délivrer ! »
Disait l’homme à Jésus au milieu des disciples
Aussitôt celui-ci interrompt son périple
Alors le malheureux se met à lui parler :

-Sans esprit sans attrait la vie m’est à pleurer
Les Beaux n’ont que mépris pour mes clins d’yeux multiples
Mon CP de piano je redouble et retriple
En maths à l’infini je tends par nullité !

Loin de moi d’en vouloir à mes pauvres Parents
Ni même encore à Dieu d’être aussi loqueteux
-je me dis que sans doute il m’a fait merveilleux-

Oui au ciel je vivais dans l’Eros éblouissant
Mais je vins sur la terre espérant Dominer
C’est le Tirage au sort qui ce lot m'a donné.

J'adore

bien que sois sévèrement attachée à la brièveté, j'envie les poètes capables d'aligner des dizaines d'alexandrins (plus ou moins parfaits), et j'admire Queneau (Aragon aussi qui en fait des tonnes.)

Bravo

J'ai bien rigolé sur l'expression de la dentelle à trou-trou.
C'est rondement mené cette affaire !
Avec humour en plus !

Annie a écrit:J'adore
bien que sois sévèrement attachée à la brièveté, j'envie les poètes capables d'aligner des dizaines d'alexandrins (plus ou moins parfaits), et j'admire Queneau (Aragon aussi qui en fait des tonnes.)
Bravo

Merci, deux fois. As-tu lu l'original de Queneau sur les métaphores ? J'adore ! Quant à Aragon, j'aime assez quelques uns de ses poèmes, mais comme tu dis, il en fait trop ... et son côté coco, je hais ...

J'ai envie pour te remercier de te faire deux cadeaux pour toi toute seule (sachant bien que ...) :
Tu apprécies la brièveté ? OK, voici mon hommage au Mont Blanc (Je suis amoureux de ce toit, cf. ma "Passy-on selon St Marc", vosecrits rubrique "prose")
Tu ne détestes pas les alignées d'alexandrins ? OK, voici un pastiche d'un poète célèbre, "la tirade des nénés"
Moi j'aime autant le coup bref intense que le coup langoureux interminable ...

Mont très haut,
Orné de ta
Neige  en halo,
Ta

Blancheur et ta hauteur stimulent
Les aigles de la pub nulle :
A plume le stylo !
Nul, plus bas encore, alimentaire,
Crème-dessert !

La Tirade des Nez nez      
         
…Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire…Oh! Dieu!… bien des choses en somme…
En variant le ton, - par exemple, tenez :

Agressif : « Madame, si j’avais vos nénés,
Il faudrait sur le champ que je les rengorgeasse ! »
Amical : « Ils doivent tomber dans votre tasse ;
Pour boire, ces hémisphères sont handicaps ! »
Descriptif : «Ce sont des rocs !… des pics !…ou des caps !
Que dis-je, que vois-je ? Ce sont des monticules !»
Curieux : « A quoi servent ces oblongues capsules ?
D’écritoire, Madame, ou de plats à gâteaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que maternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ces nichons à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Madame, lorsque vous bousculez
Dans le bus un quidam avec ces boîtes à lait,
Celui-ci doit sortir à moitié assommé ! »                                      
Prévenant : « Gardez-vous, votre corps entraîné
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-leur faire un petit parasol
De peur que leur couleur au soleil ne se fane !»
Pédant : « La femelle seule, qu’Aristophane
Appelait  Baleinos blancos du Cappadoce
Avait sur le cœur tant de chair et si peu d’os !»
Cavalier : « L’amie, ces poumons sont à la mode ?
Aah ! Pour prendre son pied, c’est vachement commode !»
Emphatique : « Aucun sous-vêtement pectoral
Ne peut te soutenir, poitrine magistrale ! »
Dramatique : «Le Var reflue, quand tu te baignes !»
Admiratif : «Pour le lait Candia, quelle enseigne !»
Lyrique : « Volez, Ô double mongole fière ! »
Naïf : « Que nous déclares-tu, contrebandière ? »
Respectueux : « Souffrez Madame qu’on salue !
C’est là ce qui s’appelle avoir pigeons sur rue ! »
Rural : « Dédjou ! ça c’est du roploplo, putain !
Moi, unn’ si bell’ laitièr’ , ça m’ réveill’ les instincts !»
Juridique : « Je vous les assure tous risques
Moyennant mille Euros, à déclarer au fisc. »
Militaire : « Pointez cette carrosserie ! »
Pratique : « Voulez-vous les mettre en loterie ?
Assurément, voilà deux jolis gros lo-lots ! »
Enfin, pastichant le Rostand en un sanglot :
« Voilà donc ces nénés ! Qu’il vous a fallu paître
Comme une vache à lait, pour être ainsi, ô traîtres !»

- Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit,
Si vous aviez eu un peu de lettres et d’esprit…



gypoete
D ‘après Edmond Rostand, Cyrano… Sur une idée de Daniel Lamerre

Bravo, et merci des cadeaux.
J'aime qu'on aime le Mont Blanc (ou la Loire, ou le Bosphore, ou Moscou... quoi encore...) mais je n'ai pas très bien saisi le poème que tu lui consacres, bien sûr les remarques plaisantes sur la crème (c'était un luxe rare, et puis j'étais enfant !) mais je n'ai pas senti l'éloge.
Les nez, rebravo, la cascade imagée me ravit, en particulier les gracieux petits oiseaux.
Parmi quelques erreurs de versification (des alexandrins plus ou moins parfaits, disais-je), je me permets de relever
"Truculent : « Madame, lorsque vous bousculez"
un alexandrin classique ne tolère pas le e muet à la césure, disons donc "..ma jolie,.."

un cadeau aussi, je viens de trouver ça:

"Ici gypaète ! / Qu'il repose en paix / avait ajouté à la plume / un poète sans inspiration"
Jean-Claude Tardif -

<<<< je n'ai pas très bien saisi le poème que tu lui consacres, bien sûr les remarques plaisantes sur la crème (c'était un luxe rare, et puis j'étais enfant !) mais je n'ai pas senti l'éloge.>>>>

Quand même : très haut, orné, blancheur et hauteur ... stimulent en méprisant le stylo, et plus bas la crème ... Mais surtout, voyons, voyons, le plaisir ici, c'est l'acrostiche (lire de haut en bas les premières lettres des vers). Un délice à faire, en même temps que le sens et les rimes. Sinon, je suis savoyard et le toit m'a toujours fasciné. J'ai tenté, glaciériste vers 40 ans, d'y monter, mais le mal des montagnes à 3500 m'a fait comprendre qu'il ne voulait pas de moi ... comme certaines ... bon, c'est comme ça !
"Passy-on selon St Marc" (prose), c'est pareil : la montée au même toit vécue comme un calvaire ... Mais j'en ai fait plein d'autres sur la montagne (un recueil, primé) Allez, ci-dessous un sommet ...

<<<< Parmi quelques erreurs de versification (des alexandrins plus ou moins parfaits, disais-je), je me permets de relever "Truculent : « Madame, lorsque vous bousculez"
un alexandrin classique ne tolère pas le e muet à la césure, disons donc "..ma jolie,.." >>>>

Tout à fait exact, je plaide coupable, Madame la juge, un instant d'inattention, juré je le ferais plus ... J'accepte "ma jolie"



LE SONNET DE LA MONTAGNE


Des sommets, des vallons, des vides qui font peur,
Montagne, au Monde haut, moyen et bas préside
Et ses pics, ses versants, ses avalanches guide
Pour élever, glisser, donner mort et horreur.

Tel est le lustre grand, le fun et la frayeur
Qu'on sent sous ta beauté claire, prompte, homicide,
Quand lumière, jour blanc ou plaque à vent décide
Eblouissant plaisir, vile chute ou terreur.

Ta beauté par tes traits, par tes murs, par la crainte
Rend l'âme éprise, prise et au martyre étreinte :
Luis-moi, tiens-moi, prends-moi, mais hélas ne me perds

Des hauts, raides et durs, feux, couloirs et encombres,
Cime, Versant, Abîme, aux cieux, neiges, enfers,
Brillant, surfant, risquant, nos Dieux, nous et nos ombres.




Gypoete
d'après un sonnet d'Etienne JODELLE (1532 - 1573) en « vers rapportés : l'organisation syntaxique ordinaire est déconstruite de façon qu'apparaissent en séries parallèles les éléments grammaticaux homologues, tandis que sont mis "en facteur commun" des membres de phrase, imposant ainsi la nécessité d'une double lecture, horizontale pour les équivalences, verticale pour les correspondances. »
(Gisèle MATHIEU-CASTELLANI - Anthologie de la poésie baroque)









Tout à fait exact, je reconnais les faits. Un moment d'inattention sans doute ... "ma jolie", j'accepte.

Excusez-moi, Monsieur, mais je ne suis pas juge
ce malheureux e nu sonnait épais  grabuge.

Annie a écrit:Excusez-moi, Monsieur, mais je ne suis pas juge
ce malheureux e nu sonnait épais  grabuge.

Hi hi hi ! Pas mal !
Ce grabuge est si nul, que Rostand en sa tombe
A du se retourner : nez cassé, bras qui tombe !
Et merdre !
Je perdre ...

As-tu visité Arnaga ? C'est l'extraordinaire maison d'Edmont à Cambo (pays basque intérieur - mon épouse est basque -), immeuble en style néo-basque avec parc fleuri autour, entrée 19 €, construction financée par les gains de "Cyrano". Mérite le détour : cf. internet, taper Arnaga ...

Eh ! Et ! Pas un mot sur le Sommet / Sonnet ! En forme baroque contrapuntique !
Madame la Juge, le-ver-dict, le-ver-dict. I am impéïcheuntt to know, depending my life !

Gypoete barbu

[quote="Lary456"]Votre  dialogue avec Dieu, me semble l'occasion d'y raccrocher le mien : Poème au tirage originel

Super, j'aime, je garde en ma mémoire "Poésies extérieures" pour dégustations privées (juré, ne sortira pas de là)

Sauf que, (dans la forme) : pyano (2 pieds) au lieu de 3 en diction courante et éblouyssant (3 pieds) au lieu de 4, ça me gène, ça ne sonne pas sonnet, ça sonne précieux, affecté. On ne décompte plus les pieds au 20ème déjà et au 21ème encore moins comme au 19ème : mystéri-eux (Hugo), inspirati-on 5%, transpirati-on 95% (X...) etc. Enfin, c'est mon avis perso.
Mais pour l'essentiel, le sonnet est très intéressant, nostalgique comme j'aime, le coup de dé au sens de Mallarmé (un de mes grand favoris, un dépressif compulsif)
Personnellement, (je suis un peu long, c'est bon signe, le signe d'un intérêt) personnellement, je soignerais beaucoup plus la richesse des rimes (sauf les excellentes rimes en -iple), autre défaut à noter.

Au plaisir de ta réaction
Gypoete barbu

Le sonnet des sommets me semble irréprochable.
Très beau travail, évocateur, et bien dans la veine baroque (j'hésite sur ce qualificatif).
Je n'ai pas retrouvé, ou pas reconnu le patron de Jodelle (patron comme de couture, hein !) mais je reconnais des tournures de Louise Labbé, de Du Bellay : l'accumulation, l'entrechoquement de termes contradictoires.
Ceci dit, je ne suis pas une spécialiste.

Et je ne vais plus répondre sur ce fil, sinon la modération va nous gronder, à juste titre selon ses règles (quoique le site soit un peu dormant ces derniers temps)

Bien amicalement