C'était l'hiver peut-être je ne sais plus

je me souviens d'une voix dentelle ôtée
des nuits d'été je me souviens
joyeuse joyeuse infante dénudée

la vie était mer de vingt ans
aux lents embruns sur la ville

je me souviens des voitures surgies
dans l'ivresse des vents immaculés
les phares pleins feux de solitude

toi taquine par spasmes comme une adolescente
tes ongles plantés dans ma tendresse
et ma tendresse
agrippée

à ta jupe de silence

au chemisier du monde

à tes draps d'éclipse envolés dans l'or du ciel

c'était le linceul du temps
les suées folles

il faisait chaud il faisait froid

j'ai dit la fatigue n'existait plus

insomnie je me souviens
de ta santé étrange

joyeuse joyeuse infante dénudée

ton petit lit au pinacle des béatitudes
tes yeux à peine sauvages
qui de braise d'orage bordaient mon cœur

tes yeux clos prairies de fonds de fleuves
de fonds de rêve "je regrette" "je regrette"
aux paupières embuées de lune des fenêtres

je me souviens cette gaieté des gestes que je bravais
(maladroit)
poumons rompus d'hymnes de triomphe
soupirs soulevés comme des danses d'extase
que j'exultais  
parce que la nature portait quelque chose de toi

ton odeur de beauté

sursaut de rire

cet air de violon sous la poitrine
que mes lèvres n'osaient toucher
de peur de l'interrompre

c'était peut-être l'hiver

je ne sais plus

je crois que je t'aimais

[quote]
c'était peut-être l'hiver

je ne sais plus

je crois que je t'aimais]

je ne sais si une femme se contente de çà

ha ha ha
j'hésite à supprimer le dernier vers

mais enfin ce "je crois" est évidemment à prendre pour ce qu'il est, c'est-à-dire un euphémisme de pudeur

oui je me doute
mais c'est vrai que le gel de l'hiver peut avoir des conséquences , un genre d'Alzheimer précoce

Bonsoir
Beaucoup aimé ce texte,
un peu comme un flou de David Hamilton,
C'est vague et ça berce,
un peu chargé mais cela passe bien quand même,
et Même, mène à l'ivresse.

Encore un texte à siroter dans un verre-ballon, cognac onirique...