Conte de chambre
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Conte de chambre
En certaines régions,
ta peau, bien plus proche du talc ou du gré rouge
que d'une peau, suspend mon désir
de l'effleurer, de
l'inspirer, de l'embrasser. Retient le geste
à sa pétrifiante origine : l'idée
qu'elle ne pût être que l'enveloppe illusoire
d'un corps à deux.
Alors quelque chose éclôt. Le regret
de n'être qu'un amant
au lieu de pouvoir me sentir comme cela:
statue
dont le bassin de pierre friable, enlacé par tes mollets,
dont le bras de craie fondu à ton dos, et la tempe à ta main
eussent, de craie, été friables immuablement. Peut-être,
statue, aurais-je aimé sentir
la souplesse des draps se mêler
à ce que d'autres yeux verraient luire en nous
de pleine sensation.
Peut-être aurais-je aussi voulu, comme ces poutres
de bois anguleuses
et ces fenêtres qui fondent, en nuit et jour, l'espace de la chambre,
fonder, moi aussi, l'espace érotiquement. Que mon désir, à toute matière,
se glisse et se révèle. Comme la lumière du ciel entre les persiennes.
Mais je ne suis qu'un amant
et tes cernes, à peine réelles, qu'effleurent en pensée mes doigts
à la recherche des pensées couchées en tes yeux
ne sont encore ces bouts d'ardoises où j'écris cette tendresse.
Tu n'es pas là.
*
Dehors, je le sais, le béton est froid, peut-être pas sans beauté.
Dehors, je le sais, bien d'autres choses courent à perte.
Courent les temps, les vents, le morne de la ville.
Courent la fureur et l'ennui.
Court l'indifférente mécanique du monde
et bien d'autres choses
ta peau, bien plus proche du talc ou du gré rouge
que d'une peau, suspend mon désir
de l'effleurer, de
l'inspirer, de l'embrasser. Retient le geste
à sa pétrifiante origine : l'idée
qu'elle ne pût être que l'enveloppe illusoire
d'un corps à deux.
Alors quelque chose éclôt. Le regret
de n'être qu'un amant
au lieu de pouvoir me sentir comme cela:
statue
dont le bassin de pierre friable, enlacé par tes mollets,
dont le bras de craie fondu à ton dos, et la tempe à ta main
eussent, de craie, été friables immuablement. Peut-être,
statue, aurais-je aimé sentir
la souplesse des draps se mêler
à ce que d'autres yeux verraient luire en nous
de pleine sensation.
Peut-être aurais-je aussi voulu, comme ces poutres
de bois anguleuses
et ces fenêtres qui fondent, en nuit et jour, l'espace de la chambre,
fonder, moi aussi, l'espace érotiquement. Que mon désir, à toute matière,
se glisse et se révèle. Comme la lumière du ciel entre les persiennes.
Mais je ne suis qu'un amant
et tes cernes, à peine réelles, qu'effleurent en pensée mes doigts
à la recherche des pensées couchées en tes yeux
ne sont encore ces bouts d'ardoises où j'écris cette tendresse.
Tu n'es pas là.
*
Dehors, je le sais, le béton est froid, peut-être pas sans beauté.
Dehors, je le sais, bien d'autres choses courent à perte.
Courent les temps, les vents, le morne de la ville.
Courent la fureur et l'ennui.
Court l'indifférente mécanique du monde
et bien d'autres choses
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Conte de chambre
le statut d'amant, n'est point aimant
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Conte de chambre
L'entame est la partie la plus"obscure", moins facile à appréhender, l'image est laborieuse; mais une fois passé ce ressac...
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Conte de chambre
oh c'est drôle, l'entame est le passage dont je suis le moins insatisfait. mais je vois bien ce que tu veux dire : ses trois derniers vers sont difficiles.
merci à vous deux
merci à vous deux
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
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