Encore un massacre

Encore un massacre
Saint Barthélémy
d’un signe consacre
Le pavé rougi.

Pavé que le fleuve
Garde en souvenir
Aujourd’hui s’abreuve
Des plaies à venir.

Annie,

Je suis venu est revenu sur ce texte, mais je n'y arrive pas…
quelque chose m'échappe dans la construction syntaxique du second quatrain. Quel est le sujet de « s'abreuve » ?  Le fleuve ou le pavé J'ai essayé en tordant la seconde strophe en tous sens, mais… que dalle !
Auriez-vous l'obligeance de me donner la clé ?

Toutefois, le côté « Centurie Nostradamique » me plaît bien et l'énigme syntaxique y contribue

eh bien, pour moi c'est assez évident, c'est le pavé...il y a pas mal d'ellipses dans les poèmes d'Annie, qu'elle élague comme des bonsaïs.
J'aime celui-ci, à cause de sa vibration contenue, et puis du rappel de notre vieille histoire sanglante.

le dernier vers est redoutable, et trace une ligne implacable entre le passé, le présent et l'avenir. tuer et mourir pour des idées, vieille idée toujours jeune chez les humains.

Merci,

Vous avez raison, c'est évident. C'est cette éélipse qui m'a égaré...

C'est le saint du jour de la publication du poème, Barthelemy. J'y ai vu un parallèle avec l'attentat de Barcelone, ou les précédents, mais ça me dérangeait car la nuit de la St B, c'est un roi qui lance ses soldats dans son pays, c'est terrifiant mais pas "terroriste", et les attentats, ce n'est pas une guerre de religions.

Merci à tous.

d'accord du tout avec Hellion et seyne (bien vu le bonsaï, après la poésie froide et chirurgicale d'éclaicie!)

pas d'accord avec David : quand on se met à chipoter -terreur-pas terreur- on ouvre la porte à tous les crimes. D'ailleurs le poème parle de massacre, pas d'attentats !

Je n'ai jamais eu une impression de froideur face à tes poèmes. Plutôt d'extrême retenue dans l'émotion, comme un défi proposé au lecteur de la percevoir quand même : affection pour le genre humain, colère ou chagrin souvent devant ce qu'on détruit, devant l'injustice éternelle. Parfois c'est si retenu, ou bien la recherche formelle, le jeu me semble avoir pris tant de place dans l'élaboration du poème que je renonce, comme on s'agace devant un jeu où une énigme trop difficile :-)

...et oui, les massacres ordonnés par un roi, fut-il de droit divin, ne me semblent guère différents de ceux qui se croient les soldats de Dieu.

La nuit de la Saint Barthélémy, personne n'a aidé les blessés, il n'y a pas eu de justice auprès des victimes, elles étaient même coupables justement. Ce sont des arguments, c'est un ressenti de ma part, je ne juge que des mots, qui ne me semblent pas très heureux dans le contexte que je leur donnais par interprétation.

Les victimes des attentats sont secourus si c'est possible, et les criminels recherchés.

Pour les morts, ça ne change rien, mais pour ceux qui restent, c'est une différence.

apprécier ce poème, ça me semble injuste, c'est tout autant un jugement que de le trouver malheureux.

Juste une réflexion générale : nous sommes dans le type de débat où s'opposent, autour de deux "choses", ceux qui voient les différences et ceux qui voient les similitudes. Bien entendu, tous ont raison et le débat a quelque chose de dérisoire, comme si on cherchait le point de rencontre entre deux parallèles.
Pourtant il y a quelque chose d'intéressant, c'est la question que chacun peut se poser des raisons qui l'amènent à voir plutôt les différences ou plutôt les similitudes. C'est une question qu'on ne peut résoudre que pour soi et , à mon avis, on en a pour un moment...:-)

...je voulais dire, les raisons qui l'ont amené dans le cas présent à voir...etc.
Mais on peut aussi se poser la question en général.

Je n'ai rien à répondre à David, qui veut m'entraîner sur le terrain terrorisme, attentat, ce n'est pas ce dont parle ce poème,

à propos de massacre, je ne saurais trop recommander la lecture de ce livre à proprement parler extraordinaire
http://www.lianalevi.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=518

je prends je garde
merci pour cette lecture Annie,

Après ma lecture de "Racine, Racines", je me suis dit que j'allais tester un autre texte du même auteur et j'accroche beaucoup plus avec celui là (comme avec "l'alpiniste" que j'ai redécouvert au passage d'ailleurs)
Ici, l'hermétisme du texte m'apparaît bien plus comme une richesse qui permet de ne pas enfermer le lecteur dans une interprétation "clé en main" mais de le laisser maître de ce qu'il veut percevoir à travers le texte, des images qu'il va évoquer à sa lecture puisque ici il me parait beaucoup plus facile de dépasser le niveau des mots pour aller vers les images.

encore un massacre , encore un sacre
le pouvoir n'est point digne
il fait en sorte que la guigne
n'offre jamais des perles de nacre