Boîte en fer
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Boîte en fer
J’ai scellé mes pensées dans une boîte en fer
Cachée sous le plancher de ma plus vieille armoire
Irrémédiablement gommé de ma mémoire
Ce par quoi j’ai grandi et par quoi j’ai souffert
Oublié les chemins qui mènent en enfer
Jeté par-dessus bord les clefs du purgatoire
Très minutieusement extrait de mon histoire
Le trouble d’un drap blanc dans un moment offert
Effacé les photos trop vainement gardées
Qui me font de la peine à peine regardées
Brûlé les textes forts que personne n’a lus
Clos de ma destinée le quatrième tome
Jamais rien comme avant ne se refera plus
J’entame désormais la fin de ma vie d’homme.
7 janvier 2018
Cachée sous le plancher de ma plus vieille armoire
Irrémédiablement gommé de ma mémoire
Ce par quoi j’ai grandi et par quoi j’ai souffert
Oublié les chemins qui mènent en enfer
Jeté par-dessus bord les clefs du purgatoire
Très minutieusement extrait de mon histoire
Le trouble d’un drap blanc dans un moment offert
Effacé les photos trop vainement gardées
Qui me font de la peine à peine regardées
Brûlé les textes forts que personne n’a lus
Clos de ma destinée le quatrième tome
Jamais rien comme avant ne se refera plus
J’entame désormais la fin de ma vie d’homme.
7 janvier 2018
gypoete- Nombre de messages : 98
Age : 62
Date d'inscription : 15/10/2008
Re: Boîte en fer
Ce sonnet en alexandrins, dont le point final constitue le seul élément de ponctuation, est à rimes embrassées, suivies et croisées, suffisantes et riches, majoritairement féminines.
Les participes passés qui jalonnent le poème ("scellé", "cachée", "gommé", "Oublié", "Jeté", "extrait", "Effacé", "Brûlé", "Clos") et la disparition du pronom personnel sujet entre les vers 2 et 13 manifestent le désir d'anéantissement du poète.
Les adverbes traduisent la radicalité ("Irrémédiablement", "Jamais rien") et l'intensité ("Très minutieusement") d'une démarche visant à se défaire d'un fardeau devenu inutile ("trop vainement").
Vie et écriture se confondirent en une épreuve pourvoyeuse d'un peu de joie (image de la pureté : "Le trouble d’un drap blanc dans un moment offert") et de beaucoup de douleurs (gradation anaphorique : "Ce par quoi j’ai grandi et par quoi j’ai souffert", subordonnées relatives : "les chemins qui mènent en enfer", "les photos... / Qui me font de la peine", métaphore : "les clefs du purgatoire").
Les allitérations (t, d, m) et l'assonance (a) du dernier vers ("J’entame désormais la fin de ma vie d’homme") véhiculent l'apaisement d'avoir fait table rase d'un passé manifestement trop lourd à porter.
Merci pour ce partage !
Les participes passés qui jalonnent le poème ("scellé", "cachée", "gommé", "Oublié", "Jeté", "extrait", "Effacé", "Brûlé", "Clos") et la disparition du pronom personnel sujet entre les vers 2 et 13 manifestent le désir d'anéantissement du poète.
Les adverbes traduisent la radicalité ("Irrémédiablement", "Jamais rien") et l'intensité ("Très minutieusement") d'une démarche visant à se défaire d'un fardeau devenu inutile ("trop vainement").
Vie et écriture se confondirent en une épreuve pourvoyeuse d'un peu de joie (image de la pureté : "Le trouble d’un drap blanc dans un moment offert") et de beaucoup de douleurs (gradation anaphorique : "Ce par quoi j’ai grandi et par quoi j’ai souffert", subordonnées relatives : "les chemins qui mènent en enfer", "les photos... / Qui me font de la peine", métaphore : "les clefs du purgatoire").
Les allitérations (t, d, m) et l'assonance (a) du dernier vers ("J’entame désormais la fin de ma vie d’homme") véhiculent l'apaisement d'avoir fait table rase d'un passé manifestement trop lourd à porter.
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Boîte en fer
Wouaouh... ! Quelle analyse ! J'en suis tout émoustillé. Quelle justesse. Merci jfmoods !
gypoete- Nombre de messages : 98
Age : 62
Date d'inscription : 15/10/2008
Re: Boîte en fer
"J’entame désormais la fin de ma vie d’homme."
pour commencer quoi ? une vie d'ange comme dirait André Forcier ?
"Jamais rien comme avant ne se refera plus"
boîte en fer ou boîte en bois,
en neige ou en chocolat,
rien jamais ne se refera.
j'ai du mal à saisir où vous voulez nous conduire, certes très habilement et agréablement.
pour commencer quoi ? une vie d'ange comme dirait André Forcier ?
"Jamais rien comme avant ne se refera plus"
boîte en fer ou boîte en bois,
en neige ou en chocolat,
rien jamais ne se refera.
j'ai du mal à saisir où vous voulez nous conduire, certes très habilement et agréablement.
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 73
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Boîte en fer
Bien usinée votre boîte à cachous amers [pléonasme] que jfmoods a déboîté avec science et poésie, si ce n'est la faiblesse - erreur volontaire ?, du vers 13 : Jamais rien comme avant ne se refera plus, jamais rien ne se refait comme avant, la vie c'est pas un film dont on peut rejouer les scènes.
En revanche, et pour prolonger sans ajouts [c'est dimanche et j'ai faim] l'interrogation d'Annie : Et après, il se passe quoi ?
En revanche, et pour prolonger sans ajouts [c'est dimanche et j'ai faim] l'interrogation d'Annie : Et après, il se passe quoi ?
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Boîte en fer
Merci Annie et Pussicat. J'ai regardé qui était André Forcier avant de répondre. Je ne le connaissais pas.
Où veux-je vous conduire ? En fait, je raconte l'histoire d'un homme qui non seulement referme le quatrième tome de son existence, pour écrire l'épilogue, mais qui surtout jette les 4 premiers tomes à la poubelle.
Aussi, cet homme ne sait pas où il va. Donc, si vous ne savez pas où vous voulez que je vous emmène, c'est que je vous emmène là où va cet homme.
Merci de votre passage sur mon texte.
Où veux-je vous conduire ? En fait, je raconte l'histoire d'un homme qui non seulement referme le quatrième tome de son existence, pour écrire l'épilogue, mais qui surtout jette les 4 premiers tomes à la poubelle.
Aussi, cet homme ne sait pas où il va. Donc, si vous ne savez pas où vous voulez que je vous emmène, c'est que je vous emmène là où va cet homme.
Merci de votre passage sur mon texte.
gypoete- Nombre de messages : 98
Age : 62
Date d'inscription : 15/10/2008
Re: Boîte en fer
Erratum : "Donc, si vous ne savez pas où vous voulez que je vous emmène, c'est que ..." --> Donc, si vous ne savez pas où je vous emmène, c'est que ...
gypoete- Nombre de messages : 98
Age : 62
Date d'inscription : 15/10/2008
Re: Boîte en fer
Je garde , quant à moi, l'image d'une graine: la boîte aux sales secrets n'a été ni brûlée, ni jetée à l'eau, mais enterrée, enfouie sous le bois de l'armoire. armoire=art+mémoire
Comme une graine elle germera dans l'esprit des descendants.
Signé : la mauvaise fée
L'homme veut se débarrasser de son vécu empoisonné mais ne parvient pas à se débarrasser du poison!
Le choix du sonnet est judicieux parce que sa rythmique figée illustre des gestes ritualisés, définitifs, marque une volonté d'agir.
Ce présent au dernier vers sonne pour moi aussi comme une renaissance.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Boîte en fer
Merci pour cette graine empoisonnée qui continue à pousser dans l'art mémoire. J'avoue que je ne l'avais pas vue. L’œuvre vit au-delà de son créateur grâce aux visions hallucinées qu'elle provoque.
Merci. Amitiés.
Merci. Amitiés.
gypoete- Nombre de messages : 98
Age : 62
Date d'inscription : 15/10/2008
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