Le soleil Amanda

J'ajoute ma peine à celle des autres
et je laisse glisser le temps comme un fer à repasser sur une vieille chemise

ma vieillesse a dix mille ans
INTACTE

orthographe absurde je te pisse dessus

ai-je bien reçu ta lettre Jésus Marie Joseph
directement ou indirectement sur du papier millimétré à l'encre de la loi actuelle

le soleil Amanda je t'aime
et je ne fais pas plus de fautes qu'une machine à écrire
ça va s'améliorer

je crie
je rêve
je hurle

la poésie est en grève en France
en décembre

me masturber sur vos saints mais vous n'y pensez pas
ciel
la certitude est une union de prières
et le jour où je me suis habitué à la bêtise j'ai franchi tous les obstacles

tu vois le soleil Amanda
jouir
étreindre la statue du commandeur
dans l'attente que notre date soit fixée

Dieu est une possibilité infime de la raison
un verre d'accordéon
tandis qu'en dehors de toute ma raison souffle le vent chaud

laissons-nous aller à la graphologie à l'inceste à Toussaint
à toutes ces sorcelleries

depuis la naissance du Christ jusqu'à la mienne propre
la mort du soleil Amanda est une pensée qui m'obsède
et profonde

mes yeux gris de vingt centimètres attendent la mort qui ne vient pas
je suis un morceau de lard coincé entre deux collines

tel un soleil happé entre tes cuisses
bouleversé
répandu
tel
le miel qui coule
de la jouissance
de notre bonheur impur

et pourtant il n'y a rien
je me distrais l'esprit
d'images sourdes
l'efficacité des paroles sorties de ma bouche est égale à une épingle à cheveu
le 30 du mois la douleur toujours aussi intense

il n'y a aucune raison d'être ou de ne pas être
le bonheur n'existe pas
il y a seulement
le soleil
toi et moi
Amanda

7 décembre 2018

A Léo Ferré et Gérard Cavazza

J'ai beaucoup aimé trouver la dédicace en fin de poème, car en lisant ce texte, j'avais Léo Ferré en tête. Je ne connais pas Gérad Cavazza et vais partir le découvrir via le net.
Il existe bien des perles dans les archives (récentes, ok, je ne remonte que doucement le fil) de VE.
Bravo et merci !

Bonjour, j'aime ta poésie disgracieuse. Je l'ai toujours aimé.

C'est vrai que c'est bon ça, ça fout presque mal à l'aise, et j'aime bien être bousculé. De tout façon, il n'y a plus rien, qu'un truc, un truc bizarre, entre poésie et slogans, entre longueur et concision... c'est beau et dès fois c'est too much, des fois maladroit, c'est un joli bordel, ça ne ressemble pourtant pas Ferré... à par ta vieillesse de 10 000 ans. C'est pas mieux que Ferré, c'est autre chose. Et j'aime autant Ferré que cette autre chose.

Mais perso, la dédicace à la fin, c'est quand même un peu too much.

C'est comme le mec qui regarde sa copine, à ses côtés... allongée dans le pieux et qui lui dit: alors? Héhé... Contente?

La vulgarité n'est pas nécessaire pour porter un message haut et fort, bien au contraire, c'est souvent une arme factice qui dissimule une pauvreté de l'argumentaire. Je ne dis pas que vous n'avez rien à dire, simplement qu'il y a des manières plus subtiles pour l'exprimer. Et puis cette impression, forte, que la poésie a été écrite sous paradis artificiels.