Le rebord des falaises
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So-Back
Yoni Wolf
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Le rebord des falaises
LE REBORD DES FALAISES
Ecrire de la poésie c’est attendre le premier vers, c’est être, sans cesse, sur le pas de la porte. Aussi affamé que terrifié par cette faim. Car le premier vers trouvé, la vraie seule fulgurance, annonce un enfer terrible, annonce un enfermement dans le verbe. Sortir d’un poème est très difficile: on ne veut ni sortir trop tôt ni sortir trop tard. Il faut quitter le poème au bon moment. Sinon celui-ci se referme sur vous, et vous étouffe, et vous torture. Vous avez une attente dans la tête, et trop attendre vous rend fou.
N’écrivez pas uniquement des poèmes, ça vous tuera. La poésie est l’art le moins cher ; il n’y a même pas besoin de papier pour imaginer un poème de trois lignes, un haïku, un ressenti, une présence au monde. La poésie ne coûte rien mais elle n’est pas gratuite: elle est pareille à la fin d’un orgasme, au retour à la réalité, à la fatigue qui vous reprend corps et pensée. Le poète se fout d’un poème fini, il ne tend que vers le prochain shoote, la prochaine décharge de foutre, le prochain orgasme. Et moi, qui suis «né endormi», je vis l’écriture verticale comme un élan vital qui me fait, d’ordinaire, totalement défaut. A travers le vers (et le verre qui l’accompagne) je vois un reflet, et celui-ci est exact, mais je ne m’en souviens jamais. Aussi, ai-je toujours l’envie de revoir ce reflet, et pour cela il me faut écrire, encore et encore, maintenir un cap dans la déraison, ne pas halluciner pour rien, ne pas me défoncer pour rien, ne pas boire, souffrir, aimer pour rien. Chaque chose devient prétexte au poème, elle est là l’addiction ultime, et toutes les addictions secondaires ne sont qu’un passage vers le poème, vers la réalisation, quand le cœur bondit si fort que tout le corps en tremble. Dieu de Dieu. La transcendance nous console, l’imaginaire est une terre que nous aimons à parcourir de long en large, dans les recoins, sur le bord des falaises.
N’écrivez pas uniquement des poèmes, ça vous tuera. La poésie est l’art le moins cher ; il n’y a même pas besoin de papier pour imaginer un poème de trois lignes, un haïku, un ressenti, une présence au monde. La poésie ne coûte rien mais elle n’est pas gratuite: elle est pareille à la fin d’un orgasme, au retour à la réalité, à la fatigue qui vous reprend corps et pensée. Le poète se fout d’un poème fini, il ne tend que vers le prochain shoote, la prochaine décharge de foutre, le prochain orgasme. Et moi, qui suis «né endormi», je vis l’écriture verticale comme un élan vital qui me fait, d’ordinaire, totalement défaut. A travers le vers (et le verre qui l’accompagne) je vois un reflet, et celui-ci est exact, mais je ne m’en souviens jamais. Aussi, ai-je toujours l’envie de revoir ce reflet, et pour cela il me faut écrire, encore et encore, maintenir un cap dans la déraison, ne pas halluciner pour rien, ne pas me défoncer pour rien, ne pas boire, souffrir, aimer pour rien. Chaque chose devient prétexte au poème, elle est là l’addiction ultime, et toutes les addictions secondaires ne sont qu’un passage vers le poème, vers la réalisation, quand le cœur bondit si fort que tout le corps en tremble. Dieu de Dieu. La transcendance nous console, l’imaginaire est une terre que nous aimons à parcourir de long en large, dans les recoins, sur le bord des falaises.
Re: Le rebord des falaises
la prose ose plus , langage de nos journées, la poésie est la cerise quand le ver est dans le fruit
choisis ton fruit tu trouveras les mots qui permettent de le peler donc de te mettre à nu , comme tu sais si bien le faire
choisis ton fruit tu trouveras les mots qui permettent de le peler donc de te mettre à nu , comme tu sais si bien le faire
So-Back- Nombre de messages : 3658
Age : 101
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Le rebord des falaises
Toi t'es un cador. Je sais pas trop ce que tu fous ici. Peut-être la pauvreté des éditions “poétiques“ actuelles, le besoin de ça plutôt que rien…le besoin d'avoir des réponses et des commentaires, fussent-ils futiles, débiles, indigents… ∞ C'est ça ? A ton avis, ça redémarre ce forum ? Si tu me dis oui je reviens…sinon, basta !Yoni Wolf a écrit:LE REBORD DES FALAISESEcrire de la poésie c’est attendre le premier vers (…)La transcendance nous console, l’imaginaire est une terre que nous aimons à parcourir de long en large, dans les recoins, sur le bord des falaises.
Re: Le rebord des falaises
Narbah : c'est gentil ce que tu me dis. Mais je me sens bien ici ; et oui les commentaires sont pour moi une façon d'avoir des réponses . Je prends les membres de ce site au sérieux. Et je ressens un nouveau souffle. Ce forum renaît. Quant aux éditions poétiques, je galère effectivement avec un manuscrit de 220 pages, comprenant tout mon travail depuis 10 ans. C'est gros 220 pages, pour une oeuvre poétique. Et puis il faut avouer que la poésie ne fait plus rêver, c'est donc bien d'avoir un lieu où s'exprimer.
Tu sais, dans la vie je suis un marginal mal rasé, je prends une douzaine de cachetons par jour, et j'ai peu l'occasion de parler de poésie. J'adore l'art. C'est la seule chose que je sache faire. Pour tout le reste, je suis un empoté.
La plupart des gens qui m'entourent ne connaissent pas ma poésie, donc 70% de mon ADN. Vous me connaissez mieux que bien des gens. Ce lieu est une soupape.
Tu sais, dans la vie je suis un marginal mal rasé, je prends une douzaine de cachetons par jour, et j'ai peu l'occasion de parler de poésie. J'adore l'art. C'est la seule chose que je sache faire. Pour tout le reste, je suis un empoté.
La plupart des gens qui m'entourent ne connaissent pas ma poésie, donc 70% de mon ADN. Vous me connaissez mieux que bien des gens. Ce lieu est une soupape.
Re: Le rebord des falaises
Yoni Wolf a écrit:Narbah : c'est gentil ce que tu me dis. Mais je me sens bien ici ; et oui les commentaires sont pour moi une façon d'avoir des réponses . Je prends les membres de ce site au sérieux. Et je ressens un nouveau souffle. Ce forum renaît. Quant aux éditions poétiques, je galère effectivement avec un manuscrit de 220 pages, comprenant tout mon travail depuis 10 ans. C'est gros 220 pages, pour une oeuvre poétique. Et puis il faut avouer que la poésie ne fait plus rêver, c'est donc bien d'avoir un lieu où s'exprimer.
Tu sais, dans la vie je suis un marginal mal rasé, je prends une douzaine de cachetons par jour, et j'ai peu l'occasion de parler de poésie. J'adore l'art. C'est la seule chose que je sache faire. Pour tout le reste, je suis un empoté.
La plupart des gens qui m'entourent ne connaissent pas ma poésie, donc 70% de mon ADN. Vous me connaissez mieux que bien des gens. Ce lieu est une soupape.
J'avais bien entendu pigé tout ça. Et c'est exactement la même chose que j'aime ici : le vivant. En revanche, je ne suis pas d'accord quand tu dis que la poésie ne fait plus rêver. Et 220 pages, ce n'est pas tant que ça. J'aimerais bien avoir une vraie discussion avec toi, pas dans l'espace public, mais par message privé. Ou un chat (tchatte) si tu veux. Contacte moi si ça te dis. Sinon, bon vent à toi. Moi, je ne trouve plus autant d'intérêt ici que par le passé pour des raisons personnelles. mais c'est le seul forum où tu as le droit de publier librement, et c'est irremplaçable. Peut-être as tu besoin de moins de cachetons et de plus de confiance en toi…tu es un cador, j'en suis persuadé.
Re: Le rebord des falaises
Merde, impossible de mettre sin adresse mail pour être contacté en privé. Pourquoi Shakti, c'est voulu ?
Re: Le rebord des falaises
Merci de ce partage bouleversant. Je me dis que le slam a raté ta ravageuse incandescence, tant pis pour lui.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Le rebord des falaises
Yoni Wolf a écrit:Je t'ai envoyé une invitation sur facebook.
Je crois que je suis ami avec ton vrai nom, je crois.
Re: Le rebord des falaises
Dans "l'usure des jours", Lorette Nobécourt écrit ceci:
Lire, écrire, c'est coudre, un livre après les autres, les morceaux d'une tunique fabuleuse pour s'en aller, joyeux, vers sa propre mort. Cette laine des mots, c'est sur son propre dos que l'écrivain la tond.
Son verbe est passé par son corps. Il connaît ce qu'il avance. Il le connaît dans sa chair où se tient la mémoire de l'espèce. Il n'y a pas de littérature sans corps.
Elle illustre ton art où ta vie se joue sans tricher, pour de vrai .
Il n'y rien de plus vrai que la littérature.
Lire, écrire, c'est coudre, un livre après les autres, les morceaux d'une tunique fabuleuse pour s'en aller, joyeux, vers sa propre mort. Cette laine des mots, c'est sur son propre dos que l'écrivain la tond.
Son verbe est passé par son corps. Il connaît ce qu'il avance. Il le connaît dans sa chair où se tient la mémoire de l'espèce. Il n'y a pas de littérature sans corps.
Elle illustre ton art où ta vie se joue sans tricher, pour de vrai .
Il n'y rien de plus vrai que la littérature.
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Le rebord des falaises
Narbah a écrit:Yoni Wolf a écrit:Je t'ai envoyé une invitation sur facebook.
Je crois que je suis ami avec ton vrai nom, je crois.
Oui, c'est moi Pierre Anselmet
L'équilibre au rebord des falaises
Merci d'avoir écrit ce texte qui m'a fait réagir. Voici ma réponse, qui, il va de soi, n'est dirigée ni contre toi ni contre qui que ce soit.
A fond
Sous l'eau la boue tout au fond. C'est moi gisant. Immobile ou dératé. Comme un fou vociférant, comme un rouge bout. Très antique statue, bout de grès qu'on oublie. Je traîne dans le lit. Bouffe. Chiale. Je n'ai plus, moi, l'auréole de la jeunesse. L'ai-je jamais eu, l'équilibre au rebord des falaises? Moi qu'on méprise, moi que ma vie a trompé? Tâcheron, je reste ridicule. Poésie? Je n'en écris pas . Alors je dois fermer ma gueule de vieux con? Je ne sais pas , au fond de mes draps sales, troués, chantonner, nuit ou jour : "Ecrire de la poésie c'est attendre le premier vers, c'est être sans cesse sur le pas de la porte". Il y en a donc qui ont une maison, un pas de porte et le luxe d'attendre? Je hais, de toute l'envie qui me déchire, les anges au rebord des falaises.
Je ne suis pas poète : ce n'est pas assez noble ce que je rêve moi? Mais moi aussi j'ai faim. Moi aussi j'ai peur. Moi aussi je cache. Cache mais je ne joue pas : je me défais en grosse pluie de grains arides. Je voudrais dire. Tellement! Mes fulgurances à moi ne sont pas de mots. C'est ma nuit, souvent, suffoquant, un éclair qui me poigne, m'éveille, coeur secoué à m'en briser les côtes, cavalant dans la terreur de l'idée qui s'enfuit. Je supplie, je pleure: "....une phrase! ....une petite, une phrase! ....quelques mots!" Qui s'est enfuie. Restent les miettes et tous les conditionnels. Passés.
J'ai sangloté trop fort, réveillé le chien. S'étonne et bâille : "c'est quoi?....c'est quoi?" S'agite. Dehors, toutes les tempêtes ont fini par finir. Je me lève, essuie ma joue. Pour lui qui gémit, je parviens à sourire. J'y mets toutes les histoires que je n'écrirai plus, n'écrirai pas; tout ce que ma vieille force, trop faible, n'a jamais pu exprimer. Je trouve trois ou quatre mots qui traînent là, toujours les mêmes. "C'est bien". "Ne t'inquiète pas." Je m'accroupis. Je souris, caresse : "Va donc dormir, va, je t'aime."
Dans ma cage , ça s'étouffe. C'est presque calme. J'appuie sur l'interrupteur et, dans le sombre qui reprend sa place, je vois s'enfuir un dos d'idée, un personnage, la queue difforme d'une histoire. Parti, tout est parti. Je n'ai rien attrapé. Je songe à Bergotte. A un petit pan de mur jaune. Je chuchote à qui?....qui tromper? "Dors bien. A demain." Sous le drap sale et refroidi j'enroule mes côtes, cache ma tête sur mes genoux. J'ai mal d'un marin irlandais qui m'éveille toutes les nuits depuis deux ans. Mal. Pas écrit le premier mot de la première phrase de sa douleur. Mais toutes les nuits, la barque coule. Je n'écrirai rien. Serai-je encore là dans dix ans, sous la couverture indifférente? Le chien aura changé , pas les vertèbres au bas de mon dos. Juste un peu plus coincées. Bientôt poudre.
Attendre le souvenir d'espoirs.
Au fond sous l'eau, sous la boue.
Je cale. Je coule.
A fond
Sous l'eau la boue tout au fond. C'est moi gisant. Immobile ou dératé. Comme un fou vociférant, comme un rouge bout. Très antique statue, bout de grès qu'on oublie. Je traîne dans le lit. Bouffe. Chiale. Je n'ai plus, moi, l'auréole de la jeunesse. L'ai-je jamais eu, l'équilibre au rebord des falaises? Moi qu'on méprise, moi que ma vie a trompé? Tâcheron, je reste ridicule. Poésie? Je n'en écris pas . Alors je dois fermer ma gueule de vieux con? Je ne sais pas , au fond de mes draps sales, troués, chantonner, nuit ou jour : "Ecrire de la poésie c'est attendre le premier vers, c'est être sans cesse sur le pas de la porte". Il y en a donc qui ont une maison, un pas de porte et le luxe d'attendre? Je hais, de toute l'envie qui me déchire, les anges au rebord des falaises.
Je ne suis pas poète : ce n'est pas assez noble ce que je rêve moi? Mais moi aussi j'ai faim. Moi aussi j'ai peur. Moi aussi je cache. Cache mais je ne joue pas : je me défais en grosse pluie de grains arides. Je voudrais dire. Tellement! Mes fulgurances à moi ne sont pas de mots. C'est ma nuit, souvent, suffoquant, un éclair qui me poigne, m'éveille, coeur secoué à m'en briser les côtes, cavalant dans la terreur de l'idée qui s'enfuit. Je supplie, je pleure: "....une phrase! ....une petite, une phrase! ....quelques mots!" Qui s'est enfuie. Restent les miettes et tous les conditionnels. Passés.
J'ai sangloté trop fort, réveillé le chien. S'étonne et bâille : "c'est quoi?....c'est quoi?" S'agite. Dehors, toutes les tempêtes ont fini par finir. Je me lève, essuie ma joue. Pour lui qui gémit, je parviens à sourire. J'y mets toutes les histoires que je n'écrirai plus, n'écrirai pas; tout ce que ma vieille force, trop faible, n'a jamais pu exprimer. Je trouve trois ou quatre mots qui traînent là, toujours les mêmes. "C'est bien". "Ne t'inquiète pas." Je m'accroupis. Je souris, caresse : "Va donc dormir, va, je t'aime."
Dans ma cage , ça s'étouffe. C'est presque calme. J'appuie sur l'interrupteur et, dans le sombre qui reprend sa place, je vois s'enfuir un dos d'idée, un personnage, la queue difforme d'une histoire. Parti, tout est parti. Je n'ai rien attrapé. Je songe à Bergotte. A un petit pan de mur jaune. Je chuchote à qui?....qui tromper? "Dors bien. A demain." Sous le drap sale et refroidi j'enroule mes côtes, cache ma tête sur mes genoux. J'ai mal d'un marin irlandais qui m'éveille toutes les nuits depuis deux ans. Mal. Pas écrit le premier mot de la première phrase de sa douleur. Mais toutes les nuits, la barque coule. Je n'écrirai rien. Serai-je encore là dans dix ans, sous la couverture indifférente? Le chien aura changé , pas les vertèbres au bas de mon dos. Juste un peu plus coincées. Bientôt poudre.
Attendre le souvenir d'espoirs.
Au fond sous l'eau, sous la boue.
Je cale. Je coule.
obi- Nombre de messages : 575
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Le rebord des falaises
Très beau texte aussi, qui dit en négatif la magie, la grâce de l’inspiration, dont le texte de Yoni disait le prix (si cher payé).
Il me fait réfléchir à la dimension d’ailleurs qu’elle contient souvent. Ton texte décrit un homme enfoncé dans le plus central de son territoire, prisonnier du lieu central et inhabitable de son habitation. Le marin irlandais est loin et ne peut être rejoint.
Souvent j’ai l’impression que l’art est « ailleurs » et qu’il faut de l’énergie pour le rejoindre, au moins l’énergie du désespoir. Il y a une sorte de tristesse qui détruit toute énergie.
Mais visiblement ce n’est pas ton cas aujourd’hui : quelle force pour parler de la perte de la force ! :-)
Il me fait réfléchir à la dimension d’ailleurs qu’elle contient souvent. Ton texte décrit un homme enfoncé dans le plus central de son territoire, prisonnier du lieu central et inhabitable de son habitation. Le marin irlandais est loin et ne peut être rejoint.
Souvent j’ai l’impression que l’art est « ailleurs » et qu’il faut de l’énergie pour le rejoindre, au moins l’énergie du désespoir. Il y a une sorte de tristesse qui détruit toute énergie.
Mais visiblement ce n’est pas ton cas aujourd’hui : quelle force pour parler de la perte de la force ! :-)
Re: Le rebord des falaises
Très belle réponse. Ici la phrase se fait courte, incisive, on sent un frémissement et ça me plaît. Que mon texte t'ai inspiré j'en suis ravi, en tout cas ton texte est réussi. Plus personnel que le mien, on sent un mouvement dans les organes, ça vit.
Re: Le rebord des falaises
Merci à toi et à seyne dont la synthèse au scalpel dégage les points de départ respectifs des deux textes, leurs visions/visées ( pourquoi pas?) complémentaires.
obi- Nombre de messages : 575
Date d'inscription : 24/02/2013
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