Le tigre et le chat

Le tigre et le chat de

Un tigre vit un chat qu’il trouva fort chétif
" Quelle est donc cette engeance aux semblables motifs ?
Se peut-il que Nature ait commis cet outrage
De simuler ma grâce en si faible étiage ? "

A peine cette idée venait de l’effleurer
Que le petit félin, loin de s’en apeurer,
Sans autre sommation que l’éclat de sa griffe,
Se jeta d’un seul trait sur le grand escogriffe.

Le fauve détala sans demander son reste,
Lequel aurait été servi de façon preste
Par le maigre animal si prompt à se défendre.

Le tigre en se sauvant se vit enclin à croire
Que ni force ni taille assurent la victoire
Quand le courage loge en l’être le plus tendre.

Hellion,

Je tiens à vous dire que le chat de mes parents est agressif mais qu'il n'est pas toujours tendre.

J'ai bien aimé ce poème décliné comme une fable. J'ai du mal à me figurer ce qui se cache derrière ces deux symboles animaux. Je pense que de la tendresse armée de courage, nous en manquons tous. Et qu'il y a bien des lions à chasser du territoire des hommes.

Bonne soirée,

Antoine

Cher Antoine,

Ce petit poème que vous avez amicalement salué, m'a été inspiré par le spectacle de mon chat (en fait une adorable petite chatte) faisons face toute griffes dehors à un chien au moins 20 fois plus gros qu'elle. J'ai eu, encore une fois, la démonstration que les animaux ne sont guère conscients de leur force ou de leur taille. À vrai dire, j'ai implicitement bâti une métaphore qui me paraît pouvoir s'appliquer à certains peuples opprimés. J'ai pensé par exemple au rapport de l'Afghanistan avec les Russes puis avec les Américains, Indomptables et à jamais un soumis. Je n'irai pas jusqu'à comparer les talibans aux chats domestiques, Mais le rapport de force est presque proportionnel.

une fable moderne
David contre Goliath revisité

Alors là j'adore ! Non seulement c'est bien tourné (mais ça avec Hellion on est habitué), mais on est projeté dans du La Fontaine avec morale induite, c'est excellent. Mon cher Hellion, continuez comme cela, je sens que vous avez de l'avenir.

Excellente la fable,

avec Hellion on est habitué

Je conteste cependant l'interprétation qui conduit à magnifier l'action des "petits insoumis"
ce n'est pas si simple - hélas.
Selon Thatcher : un criminel est un criminel, point barre. Pas un prisonnier politique. Qu'il crève!
Pensez encore aux femmes battues, oseriez-vous leur dire qu'elles ont manqué de courage ?

D'ailleurs les fables de La Fontaine, admirablement écrites et qui souvent éclairent une difficulté morale, sont parfois absurdes : je me suis toujours étonnée que pas un des fils du laboureur -vous savez "travaillez, prenez de la peine..." ne lui ait pas répondu "eh, tu l'as fait toi-même, on a vu le beau résultat !"
De plus un champ retourné, creusé, fouillé de partout ne produit rien du tout... que des coquelicots. Voyez Verdun.

une image ici
https://fr.wikipedia.org/wiki/Johannes_Gumpp

Fan de la première heure du sieur La Fontaine, j'ai particulièrement apprécié son âne Martin.