NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
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NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
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………Je n’aime pas l’eau, pas davantage la ville d’eau où je séjourne.
………J’ai échu ici, un peu par hasard, beaucoup sur ordre d’un toubib qui, comme tout bon praticien qui se respecte, ne désire qu’une chose : maintenir sa clientèle en vie le plus longtemps possible histoire de lui découvrir encore et encore quantité de maladies, il faut bien vivre : rénover la façade de sa résidence secondaire , la poitrine de sa femme, les deux peut-être.
………Il avait réfléchi quelques instants l’air ailleurs, puis il avait baissé son regard pour le planter dans le mien et, d’un ton académique, m’avait demandé si j’étais prêt ?
………Vu que je savais pas à quoi je devais être prêt, j’avais répondu « Oui ! »
………Sans parler que je sentais bien qu’un « Non ! » l’aurait mis dans l’embarras.
………Passons.
………— Alcoolisme chronique ! il avait laissé tomber.
………J’avais respiré à mon aise, je m’attendais à pire.
………— C’est tout l’effet que ça vous fait ?
………— C’est rarement le genre de manie qui passe inaperçue pour celui qui consomme, vous savez. Et dans le cas contraire, il est quelques symptômes révélateurs : le mal de dos par exemple.
………— Quel rapport ?
………— J’habite au cinquième sans ascenseur et les litrons, ça pèse…
………Il n’en était rien vu que je nichais au rez-de-chaussée, que je buvais dans les bistrots, mais sa mine déconfite m’effrayait davantage que son diagnostic, j’avais donc dans l’idée de détendre un peu l’atmosphère ; de dédramatiser la scène. Faut dire, préciser qu’à le voir ainsi, il donnait l’impression que c’était à lui qu’on venait d’annoncer le pire, et pour tout dire, moi, de ce pire-là, je m’en foutais un peu. J’avais pas l’intention de traîner de trop dans cette vie, j’étais prêt à me passer de déceptions supplémentaires, à faire l’économie de quelques détresses et du tas d’ennuis qui mécaniquement irait avec. Bref, sans aller jusqu’au suicide actif, j’étais pas pressé de finir centenaire voire davantage.
………Sauf qu’évidemment, lui ne l’entendait pas ainsi, mais alors pas du tout : la vie était un cadeau qu’il fallait préserver coûte que coûte, un don de Dieu que chacun, chacune, se devait de considérer comme un miracle. Un miracle : rien que ça…
………Je l’avais stoppé net avant que dans son élan et s’appuyant sur mon cas, il ne revisite la Genèse pour me la resservir sur un plateau céleste, le tout accompagné d’une morale bienséante et d’une palanquée de chérubins tous fin prêts à se frotter les ailes tels des grillons un jour d’été tout en soufflant dans leurs trompettes divines, des fois que j’aurais pas entendu le message.
………— On fait quoi ? j’ai dit.
………— De l’eau !
………— Pas le truc que je préfère.
………— Et encore de l’eau !
………Là-dessus, il avait rempli une tonne de paperasse, puis une autre, et encore une autre et finalement, il m’avait tendu le tout en l’accompagnant d’une liste de villes, je vous le donne en mille : d’eau, où je devais prendre mes quartiers le plus tôt possible, n’importe laquelle, à convenance.
………— Puis les massages, c’est bon pour le dos, il avait ajouté.
………— Les massages à l’eau ?
………— Précisément.
………Au sortir du cabinet, j’avais été fêté ça dans le premier bistrot croisé.
………
………La ville, je l’ai choisie le plus au sud possible. Pas de chance : depuis mon arrivée, il flotte. Derrière les carreaux d’un hôtel coquet, la pluie efflanque le paysage, se le mouille à loisir, bat le pavé telle une pute sur talons aiguilles, ruisselle, clapote, rigole tout son saoul, se rue jusqu’à retrouver le fleuve en contrebas qui s’enfle, qui se gonfle d’elle pour déborder les berges, se les inonder, et paraît que ça ne fait que commencer, que ça ressemblerait bien à je ne sais trop quelle année où, même chose et tout et tout, et tout le monde les pieds dans l’eau jusqu’au premier étage, et vive le transport propulsé à la rame.
………On n’en est pas encore là, mais par mesure de sécurité : pas de train pour repartir.
………Sinon, la ville est jolie sur carte postale. Je le sais, j’en ai envoyé plein, partout, tellement je m’ennuie.
………Je m’ennuie derrière mon verre.
………D’eau, ça va de soi.
………Comme tous, j’attends.
………Le patron est goguenard, la patronne invisible : elle officie en cuisine. Quant à leur fille — joli brin de fille — elle virevolte d’un client à l’autre, s’occupe de chacun avec entrain, dégaine les sourires comme un jouet des bulles de savon. Elle est pétrie de compassion, se nomme Julie, est blonde comme les blés et possède une poitrine si conséquente, si dense, qu’on dirait bien qu’elle vous fait des avances dès lors qu’elle entre dans une pièce.
………Je relis pour la énième fois la rubrique météo du canard du coin, au-delà du blabla technique, il nous est clairement dit que la meilleure des occupations consisterait à construire une arche ou un truc du genre. Je n’ai ni marteau, ni clou, j’y connais rien en charpenterie, c’est con, me dis-je. Puis, je ne sais pour quelle raison, accoudé à ma table et regardant toute cette dégringolade aquatique, je me mets à songer aux propriétaires de piscine. J’imagine leur désarroi, je les vois tenter de justifier leur refus auprès de mômes ceinturés de bouées colorées. Ils s’empêtrent dans les mots, juxtaposent les explications, digressent, regrettent la période hivernale qui leur procure une interdiction d’immersion toute faite : « C’est pas la saison, il fait trop froid, d’ailleurs la piscine est vide ! » Ou les périodes de sécheresse : « L’eau est précieuse, faut savoir partager. » Mais là, que dire : « La piscine est pleine d’eau, vous dis-je. Foutez le camp dans vos chambres ! »
………Que deviennent-ils plus tard ces mômes ? A-t-on jamais réalisé d’études portant sur la délinquance adolescente découlant d’un surplus de liquide insipide en milieu bourgeois ?
………L’idée me plaît, je la note.
………L’idée me plaît, j’y reviendrai.
………Je note ça et quantité d’autres choses, et lorsque je ne note pas sur Moleskine, je me consacre, comme déjà dit, à l’imagerie : recto, épistolaire : verso.
………Question carte postale, j’ai raflé la totalité de ce que la boutique de l’hôtel proposait : paysage haut en couleur avec cascade bleutée, fontaine réputée de jouvence au bouillon chaud et salin ; sentier sillonnant la garrigue et mulet trottinant dessus ; clocher d’église se découpant sur coucher de soleil, j’en passe et des plus archétypales.
………Je tiens Youmna au courant de mon ennui, de mon manque d’elle.
………J’étais rentré passablement ivre, avais trouvé à tâtons la banquette du salon dans laquelle je m’étais affalé sans plus me soucier d’autre chose que de dormir.
………Le lendemain, j’ouvrais les yeux sur Youmna et me posais la même question que chaque matin où je la découvrais. Il était plus de midi, cela ne changeait rien : qu’est-ce qu’une fille aussi jolie et aussi saine pouvait bien foutre avec un type comme moi ? Si encore elle avait été idiote, naïve, ou les deux réunis, mais non. La solution m’échappa comme à l’accoutumée tandis que tout sourire elle me tendait un café.
………— Ton éditrice a appelé.
………— Et ?
………— Et rien, je lui ai dit que tu la contacterais dans la journée.
………Ensuite elle avait ramassé la paperasse médicale tombée de mes poches la veille, l’avait parcourue rapidement avant de me demander si c’était sérieux ?
………— Peut-être.
………Elle était dubitative, et moi plus assez saoul pour ne pas dire de connerie, alors c’est sorti tout seul.
………— Tu paries ?
………Elle a fait mine de ne rien entendre en enfilant ses pompes, sa veste, puis elle est venue m’embrasser et me murmurer à l’oreille :
………— Tu tiendras pas un mois.
………— À moins d’un événement majeur, je tiendrai.
………— Il n’existe pas un seul événement sur cette planète qui puisse faire en sorte qu’un type n’ait pas le choix entre une bière et de l’eau, qui plus est dans une ville thermale.
………Une fois Youmna partie, je répertoriai les événements susceptibles de ne pas tenir ma promesse, en tout honneur ça allait de soi. Je n’en trouvai aucun, ça allait de soi itou.
………En fin de journée, je pris mon billet pour le Sud, laissant Youmna sur un quai de gare impersonnel, comme ils le sont tous. J’en étais à mon quinzième café, j’avais envie d’un verre et elle me manquait déjà.
Garçon, l’addiction s’il vous plaît
« Un homme se doit de croire en quelque chose.
Je crois que je vais boire un autre verre ! »
W.C. Fields
Je crois que je vais boire un autre verre ! »
W.C. Fields
………Je n’aime pas l’eau, pas davantage la ville d’eau où je séjourne.
………J’ai échu ici, un peu par hasard, beaucoup sur ordre d’un toubib qui, comme tout bon praticien qui se respecte, ne désire qu’une chose : maintenir sa clientèle en vie le plus longtemps possible histoire de lui découvrir encore et encore quantité de maladies, il faut bien vivre : rénover la façade de sa résidence secondaire , la poitrine de sa femme, les deux peut-être.
………Il avait réfléchi quelques instants l’air ailleurs, puis il avait baissé son regard pour le planter dans le mien et, d’un ton académique, m’avait demandé si j’étais prêt ?
………Vu que je savais pas à quoi je devais être prêt, j’avais répondu « Oui ! »
………Sans parler que je sentais bien qu’un « Non ! » l’aurait mis dans l’embarras.
………Passons.
………— Alcoolisme chronique ! il avait laissé tomber.
………J’avais respiré à mon aise, je m’attendais à pire.
………— C’est tout l’effet que ça vous fait ?
………— C’est rarement le genre de manie qui passe inaperçue pour celui qui consomme, vous savez. Et dans le cas contraire, il est quelques symptômes révélateurs : le mal de dos par exemple.
………— Quel rapport ?
………— J’habite au cinquième sans ascenseur et les litrons, ça pèse…
………Il n’en était rien vu que je nichais au rez-de-chaussée, que je buvais dans les bistrots, mais sa mine déconfite m’effrayait davantage que son diagnostic, j’avais donc dans l’idée de détendre un peu l’atmosphère ; de dédramatiser la scène. Faut dire, préciser qu’à le voir ainsi, il donnait l’impression que c’était à lui qu’on venait d’annoncer le pire, et pour tout dire, moi, de ce pire-là, je m’en foutais un peu. J’avais pas l’intention de traîner de trop dans cette vie, j’étais prêt à me passer de déceptions supplémentaires, à faire l’économie de quelques détresses et du tas d’ennuis qui mécaniquement irait avec. Bref, sans aller jusqu’au suicide actif, j’étais pas pressé de finir centenaire voire davantage.
………Sauf qu’évidemment, lui ne l’entendait pas ainsi, mais alors pas du tout : la vie était un cadeau qu’il fallait préserver coûte que coûte, un don de Dieu que chacun, chacune, se devait de considérer comme un miracle. Un miracle : rien que ça…
………Je l’avais stoppé net avant que dans son élan et s’appuyant sur mon cas, il ne revisite la Genèse pour me la resservir sur un plateau céleste, le tout accompagné d’une morale bienséante et d’une palanquée de chérubins tous fin prêts à se frotter les ailes tels des grillons un jour d’été tout en soufflant dans leurs trompettes divines, des fois que j’aurais pas entendu le message.
………— On fait quoi ? j’ai dit.
………— De l’eau !
………— Pas le truc que je préfère.
………— Et encore de l’eau !
………Là-dessus, il avait rempli une tonne de paperasse, puis une autre, et encore une autre et finalement, il m’avait tendu le tout en l’accompagnant d’une liste de villes, je vous le donne en mille : d’eau, où je devais prendre mes quartiers le plus tôt possible, n’importe laquelle, à convenance.
………— Puis les massages, c’est bon pour le dos, il avait ajouté.
………— Les massages à l’eau ?
………— Précisément.
………Au sortir du cabinet, j’avais été fêté ça dans le premier bistrot croisé.
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………La ville, je l’ai choisie le plus au sud possible. Pas de chance : depuis mon arrivée, il flotte. Derrière les carreaux d’un hôtel coquet, la pluie efflanque le paysage, se le mouille à loisir, bat le pavé telle une pute sur talons aiguilles, ruisselle, clapote, rigole tout son saoul, se rue jusqu’à retrouver le fleuve en contrebas qui s’enfle, qui se gonfle d’elle pour déborder les berges, se les inonder, et paraît que ça ne fait que commencer, que ça ressemblerait bien à je ne sais trop quelle année où, même chose et tout et tout, et tout le monde les pieds dans l’eau jusqu’au premier étage, et vive le transport propulsé à la rame.
………On n’en est pas encore là, mais par mesure de sécurité : pas de train pour repartir.
………Sinon, la ville est jolie sur carte postale. Je le sais, j’en ai envoyé plein, partout, tellement je m’ennuie.
………Je m’ennuie derrière mon verre.
………D’eau, ça va de soi.
………Comme tous, j’attends.
………Le patron est goguenard, la patronne invisible : elle officie en cuisine. Quant à leur fille — joli brin de fille — elle virevolte d’un client à l’autre, s’occupe de chacun avec entrain, dégaine les sourires comme un jouet des bulles de savon. Elle est pétrie de compassion, se nomme Julie, est blonde comme les blés et possède une poitrine si conséquente, si dense, qu’on dirait bien qu’elle vous fait des avances dès lors qu’elle entre dans une pièce.
………Je relis pour la énième fois la rubrique météo du canard du coin, au-delà du blabla technique, il nous est clairement dit que la meilleure des occupations consisterait à construire une arche ou un truc du genre. Je n’ai ni marteau, ni clou, j’y connais rien en charpenterie, c’est con, me dis-je. Puis, je ne sais pour quelle raison, accoudé à ma table et regardant toute cette dégringolade aquatique, je me mets à songer aux propriétaires de piscine. J’imagine leur désarroi, je les vois tenter de justifier leur refus auprès de mômes ceinturés de bouées colorées. Ils s’empêtrent dans les mots, juxtaposent les explications, digressent, regrettent la période hivernale qui leur procure une interdiction d’immersion toute faite : « C’est pas la saison, il fait trop froid, d’ailleurs la piscine est vide ! » Ou les périodes de sécheresse : « L’eau est précieuse, faut savoir partager. » Mais là, que dire : « La piscine est pleine d’eau, vous dis-je. Foutez le camp dans vos chambres ! »
………Que deviennent-ils plus tard ces mômes ? A-t-on jamais réalisé d’études portant sur la délinquance adolescente découlant d’un surplus de liquide insipide en milieu bourgeois ?
………L’idée me plaît, je la note.
………L’idée me plaît, j’y reviendrai.
………Je note ça et quantité d’autres choses, et lorsque je ne note pas sur Moleskine, je me consacre, comme déjà dit, à l’imagerie : recto, épistolaire : verso.
………Question carte postale, j’ai raflé la totalité de ce que la boutique de l’hôtel proposait : paysage haut en couleur avec cascade bleutée, fontaine réputée de jouvence au bouillon chaud et salin ; sentier sillonnant la garrigue et mulet trottinant dessus ; clocher d’église se découpant sur coucher de soleil, j’en passe et des plus archétypales.
………Je tiens Youmna au courant de mon ennui, de mon manque d’elle.
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………J’étais rentré passablement ivre, avais trouvé à tâtons la banquette du salon dans laquelle je m’étais affalé sans plus me soucier d’autre chose que de dormir.
………Le lendemain, j’ouvrais les yeux sur Youmna et me posais la même question que chaque matin où je la découvrais. Il était plus de midi, cela ne changeait rien : qu’est-ce qu’une fille aussi jolie et aussi saine pouvait bien foutre avec un type comme moi ? Si encore elle avait été idiote, naïve, ou les deux réunis, mais non. La solution m’échappa comme à l’accoutumée tandis que tout sourire elle me tendait un café.
………— Ton éditrice a appelé.
………— Et ?
………— Et rien, je lui ai dit que tu la contacterais dans la journée.
………Ensuite elle avait ramassé la paperasse médicale tombée de mes poches la veille, l’avait parcourue rapidement avant de me demander si c’était sérieux ?
………— Peut-être.
………Elle était dubitative, et moi plus assez saoul pour ne pas dire de connerie, alors c’est sorti tout seul.
………— Tu paries ?
………Elle a fait mine de ne rien entendre en enfilant ses pompes, sa veste, puis elle est venue m’embrasser et me murmurer à l’oreille :
………— Tu tiendras pas un mois.
………— À moins d’un événement majeur, je tiendrai.
………— Il n’existe pas un seul événement sur cette planète qui puisse faire en sorte qu’un type n’ait pas le choix entre une bière et de l’eau, qui plus est dans une ville thermale.
………Une fois Youmna partie, je répertoriai les événements susceptibles de ne pas tenir ma promesse, en tout honneur ça allait de soi. Je n’en trouvai aucun, ça allait de soi itou.
………En fin de journée, je pris mon billet pour le Sud, laissant Youmna sur un quai de gare impersonnel, comme ils le sont tous. J’en étais à mon quinzième café, j’avais envie d’un verre et elle me manquait déjà.
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Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
………Le repas est tout aussi insipide que le liquide qui l’accompagne : assiette de crudités et viande bouillie sur lit de légumes à l’étouffée, — de saison s’il vous plaît— suivi d’une salade de fruits sans sucre ajouté. Dire qu’il est des gens qui viennent pour le plaisir, ou pire : pour préserver leur capital santé. Un peu comme si leur présence était indispensable à ce monde, un peu comme si, sans eux, ledit monde, d’un coup cesserait de tourner. Les yeux plantés dans une rondelle d’ananas, j’imagine ça : une terre cessant sa rotation in petto pour manque de personnel sain de corps à défaut d’esprit. Compte tenu de la vitesse de rotation, compte tenu du nombre d’individus marchant dessus à l’instant T, combien se retrouveraient projetés un continent plus loin ?
………Le fils du propriétaire de piscine insistant
………Allez papa, juste un aller-retour dans l’eau, il fait si chaud.
………Le propriétaire
………Non et non, trop dangereux! Et puis tu vois pas qu’elle est pleine de Chinois la piscine.
………C’est vrai qu’il fait chaud, l’air est chargé d’une touffeur salement orageuse, ce qui tombe bien vu que quand même c’est le cas. À dire vrai, les orages se suivent sans discontinuer, se succèdent sans marquer de temps d’arrêt, ça pète dans tous les sens et le ciel chiale tout son saoul, pleure d’un chagrin gros grain. Si bien qu’à présent, derrière la baie vitrée, semble se dérouler un spectacle son et lumière dont la lumière aurait reçu le dernier rôle, et bientôt plus de rôle du tout puisque tout s’éteint : les rues, les bâtiments, le reste…
………J’en profite pour contester en nocturne : m’allumer une clope en un lieu où le tabagisme est désormais interdit.
………J’en profite aussi pour constater que j’ai les pieds humides, trempés serait plus juste. Et l’impression se confirme lorsque, aux lueurs des bougies nouvellement allumées et déposées sur table, je réalise que, merde, y a bien dix centimètres d’eau qui courent sur moquette de salle de resto, et le temps de dire ça, ça fait vingt centimètres, bientôt trente.
………Allez savoir pourquoi, l’excès d’eau a pour conséquence de déclencher le plan hors sec. Celui-ci n’est pas d’envergure nationale ni même régionale, non, il est de dimension locale et consiste à faire grimper, séance tenante, la clientèle sous les combles. De l’équiper de couvertures et de matelas de fortune, de lampes tempête et de lui souhaiter bonne nuit — comme si la chose était possible — puis de s’en aller pour, dixit : « Tenter de sauver les meubles. »
………Le fils du propriétaire de piscine insistant
………Allez papa, juste un aller-retour dans l’eau, il fait si chaud.
………Le propriétaire
………Non et non, trop dangereux! Et puis tu vois pas qu’elle est pleine de Chinois la piscine.
………C’est vrai qu’il fait chaud, l’air est chargé d’une touffeur salement orageuse, ce qui tombe bien vu que quand même c’est le cas. À dire vrai, les orages se suivent sans discontinuer, se succèdent sans marquer de temps d’arrêt, ça pète dans tous les sens et le ciel chiale tout son saoul, pleure d’un chagrin gros grain. Si bien qu’à présent, derrière la baie vitrée, semble se dérouler un spectacle son et lumière dont la lumière aurait reçu le dernier rôle, et bientôt plus de rôle du tout puisque tout s’éteint : les rues, les bâtiments, le reste…
………J’en profite pour contester en nocturne : m’allumer une clope en un lieu où le tabagisme est désormais interdit.
………J’en profite aussi pour constater que j’ai les pieds humides, trempés serait plus juste. Et l’impression se confirme lorsque, aux lueurs des bougies nouvellement allumées et déposées sur table, je réalise que, merde, y a bien dix centimètres d’eau qui courent sur moquette de salle de resto, et le temps de dire ça, ça fait vingt centimètres, bientôt trente.
………Allez savoir pourquoi, l’excès d’eau a pour conséquence de déclencher le plan hors sec. Celui-ci n’est pas d’envergure nationale ni même régionale, non, il est de dimension locale et consiste à faire grimper, séance tenante, la clientèle sous les combles. De l’équiper de couvertures et de matelas de fortune, de lampes tempête et de lui souhaiter bonne nuit — comme si la chose était possible — puis de s’en aller pour, dixit : « Tenter de sauver les meubles. »
***
………La nuit est longue, ponctuée de pleurs d’enfants, de gémissements tous âges, de coups de fil portable pour signaler l’inconfort dans lequel on se trouve, le stress, l’inquiétude, bref : partager un peu sa peur avec ses proches qui, s’ils n’avaient été au courant, auraient dormi tranquilles, les égoïstes.
………Je me suis trouvé un coin à l’écart, sorte d’alcôve de grenier barré de poutres où je fume clope sur clope. Nul ne s’en offusque, trop occupés qu’ils sont à projeter leur futur au-delà de l’inévitable noyade, certains prient, d’autres à voix basse empilent quantité de projets si jamais ils s’en sortent, des choses qu’ils ont toujours rêvé d’entreprendre, mais la vie : demain c’est juré, si demain est un autre jour. Au nombre des réfugiés, est une mésange perchée, oiseau bleu se lissant les plumes et ne perdant rien des incessants allers-retours du patron. Lui va et vient, trimballant son imposante stature et ramenant de chacun de ses voyages des caisses de bois. Sans doute est-ce cela qu’il nomme « Les meubles ».
………Aux premières lueurs de l’aube, la crue semble stagner à l’entre-étage et un timide soleil fait son apparition loin là-bas derrière une brume épaisse et, monde à l’envers, l’eau manque pour les biberons des mômes. J’abandonne donc ma compagne bouteille à une maman reconnaissante et me contente d’une ration de jus de fruit qu’une poitrine avenante offre à la ronde.
………Les téléphones portables ont pour la plupart cessé de fonctionner faute de batterie. Le mien s’éteint après un texto adressé à Youmna pour la rassurer, car j’imagine que les médias relaient la mésaventure aquatique à grand renfort d’images. Toutes plus sombres les unes que les autres, toutes plus dramatiques, toutes prisent du ciel à bord d’hélicoptères qui désormais pullulent au-dessus des toits. Sans doute est-ce la raison pour laquelle la mésange bleue ne bouge pas de son perchoir, ces énormes machins noirs qui tournoient dans son périmètre, ces trucs dépourvus d’ailes ne doivent guère l’inspirer pour dégourdir les siennes. Aussi bien, ce peut-être pour une toute autre raison qu’elle reste plantée là, après tout je ne suis pas ornithologue ni rien d’approchant alors peut-être aime-t-elle la compagnie des naufragés, peut-être que dans une autre vie elle a été mouette, albatros ou goéland, ce qui fait qu’elle profite de l’occasion pour se remémorer son passé maritime.
………Je cesse mes divagations sur les coups de midi pour aider femmes et enfants à embarquer dans des Zodiaques venus expressément pour secourir leur monde sous leur fenêtre. Eux, et quelques militaires en guise d’équipage. Plus tard vient le tour des hommes, mais pas tous à la fois, mais par petits paquets. Je suis pas pressé, la perspective de me retrouver au beau milieu d’un gymnase avec couverture sur les épaules et café lavasse en main, cerné de marmaille glapissante et interdiction d’en griller une ne me tente pas plus que ça. S’il est un dernier, je serai celui-là. Ou du moins son second puisque le Capitaine ne désire en aucun cas déserter le navire : c’est toute sa vie et il connaît la musique, soit les pilleurs qui vont avec dès la dernière note pulsée. Il dormira au sommet de son patrimoine, fusil à portée de main. Je lui tiendrai compagnie. « De toute façon mon Adjudant, je supporte pas davantage les militaires aujourd’hui qu’hier, c’est donc pas demain la veille que je partagerai quoi que ce soit avec eux, pas même la plus belle fille du monde, alors un boudin… »
………— Bon, passons aux choses sérieuses, il me fait rigolard alors que l’embarcation s’étiole et disparaît dans le couchant.
………Par « Choses sérieuses », il entend empiler des matelas et déposer une planche dessus pour s’en faire une table, déblayer tout le bordel résultant d’une nuit d’inquiétude pour le fourrer dans de grands sacs plastiques : emballages divers, gobelets colorés,assiettes en carton, détritus en tous genres, etc.
………On s’y colle un moment, un long moment même, tout en discutant de tout, de rien, comme ça vient ou pas. Des crues comme celle-ci il en a vécues pas mal, trois pour être exact et à l’entendre on s’y habitue : « C’est comme tout ! On fait le ménage, on répare de-ci de-là, un coup de peinture et on est prêt pour la prochaine saison parce que le client lui, crue ou pas, il y tient à sa cure. »
………Avec tout ça, j’en oublie la mienne, aussi je me vide une demi-bouteille de pétillante plus très bulleuse traînant-là, avant de l’envoyer valdinguer dans le dernier sac-poubelle et de refermer le tout consciencieusement, un peu comme si j’avais fait ça toute ma vie durant. C’est loin d’être le cas, à la maison, Youmna s’occupe de ça aussi. Je souris en pensant à elle, toujours elle me fait sourire et ça fait un moment que ça dure. Cinq ans déjà, merde, c’est pas rien cinq années…
………Je me suis trouvé un coin à l’écart, sorte d’alcôve de grenier barré de poutres où je fume clope sur clope. Nul ne s’en offusque, trop occupés qu’ils sont à projeter leur futur au-delà de l’inévitable noyade, certains prient, d’autres à voix basse empilent quantité de projets si jamais ils s’en sortent, des choses qu’ils ont toujours rêvé d’entreprendre, mais la vie : demain c’est juré, si demain est un autre jour. Au nombre des réfugiés, est une mésange perchée, oiseau bleu se lissant les plumes et ne perdant rien des incessants allers-retours du patron. Lui va et vient, trimballant son imposante stature et ramenant de chacun de ses voyages des caisses de bois. Sans doute est-ce cela qu’il nomme « Les meubles ».
………Aux premières lueurs de l’aube, la crue semble stagner à l’entre-étage et un timide soleil fait son apparition loin là-bas derrière une brume épaisse et, monde à l’envers, l’eau manque pour les biberons des mômes. J’abandonne donc ma compagne bouteille à une maman reconnaissante et me contente d’une ration de jus de fruit qu’une poitrine avenante offre à la ronde.
………Les téléphones portables ont pour la plupart cessé de fonctionner faute de batterie. Le mien s’éteint après un texto adressé à Youmna pour la rassurer, car j’imagine que les médias relaient la mésaventure aquatique à grand renfort d’images. Toutes plus sombres les unes que les autres, toutes plus dramatiques, toutes prisent du ciel à bord d’hélicoptères qui désormais pullulent au-dessus des toits. Sans doute est-ce la raison pour laquelle la mésange bleue ne bouge pas de son perchoir, ces énormes machins noirs qui tournoient dans son périmètre, ces trucs dépourvus d’ailes ne doivent guère l’inspirer pour dégourdir les siennes. Aussi bien, ce peut-être pour une toute autre raison qu’elle reste plantée là, après tout je ne suis pas ornithologue ni rien d’approchant alors peut-être aime-t-elle la compagnie des naufragés, peut-être que dans une autre vie elle a été mouette, albatros ou goéland, ce qui fait qu’elle profite de l’occasion pour se remémorer son passé maritime.
………Je cesse mes divagations sur les coups de midi pour aider femmes et enfants à embarquer dans des Zodiaques venus expressément pour secourir leur monde sous leur fenêtre. Eux, et quelques militaires en guise d’équipage. Plus tard vient le tour des hommes, mais pas tous à la fois, mais par petits paquets. Je suis pas pressé, la perspective de me retrouver au beau milieu d’un gymnase avec couverture sur les épaules et café lavasse en main, cerné de marmaille glapissante et interdiction d’en griller une ne me tente pas plus que ça. S’il est un dernier, je serai celui-là. Ou du moins son second puisque le Capitaine ne désire en aucun cas déserter le navire : c’est toute sa vie et il connaît la musique, soit les pilleurs qui vont avec dès la dernière note pulsée. Il dormira au sommet de son patrimoine, fusil à portée de main. Je lui tiendrai compagnie. « De toute façon mon Adjudant, je supporte pas davantage les militaires aujourd’hui qu’hier, c’est donc pas demain la veille que je partagerai quoi que ce soit avec eux, pas même la plus belle fille du monde, alors un boudin… »
………— Bon, passons aux choses sérieuses, il me fait rigolard alors que l’embarcation s’étiole et disparaît dans le couchant.
………Par « Choses sérieuses », il entend empiler des matelas et déposer une planche dessus pour s’en faire une table, déblayer tout le bordel résultant d’une nuit d’inquiétude pour le fourrer dans de grands sacs plastiques : emballages divers, gobelets colorés,assiettes en carton, détritus en tous genres, etc.
………On s’y colle un moment, un long moment même, tout en discutant de tout, de rien, comme ça vient ou pas. Des crues comme celle-ci il en a vécues pas mal, trois pour être exact et à l’entendre on s’y habitue : « C’est comme tout ! On fait le ménage, on répare de-ci de-là, un coup de peinture et on est prêt pour la prochaine saison parce que le client lui, crue ou pas, il y tient à sa cure. »
………Avec tout ça, j’en oublie la mienne, aussi je me vide une demi-bouteille de pétillante plus très bulleuse traînant-là, avant de l’envoyer valdinguer dans le dernier sac-poubelle et de refermer le tout consciencieusement, un peu comme si j’avais fait ça toute ma vie durant. C’est loin d’être le cas, à la maison, Youmna s’occupe de ça aussi. Je souris en pensant à elle, toujours elle me fait sourire et ça fait un moment que ça dure. Cinq ans déjà, merde, c’est pas rien cinq années…
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
………— Vous avez des enfants, il demande, en disposant deux chaises autour de la table matelassée.
………— Non, j’ai pas pris le temps d’en avoir.
………Il s’assied, respire profondément comme pour s’apprêter à dire un truc intelligent, puis non, il secoue la tête en un mouvement énigmatique, moitié : « J’approuve. », moitié : « Je comprends pas. », mais tout à fait : « Après tout, c’est votre affaire. » Sinon, il est heureux que je sois resté pour lui tenir compagnie. D’autant qu’il n’a jamais l’occasion de discuter avec les clients faute de temps, et qu’il se pose pas mal de questions à leur sujet, s’il pouvait se permettre.
………Il peut :
………— Moi bien sûr, j’ai grandi ici, j’ai pas eu le choix, ça s’est imposé comme qui dirait. Un soir le paternel est mort, alors c’est tout naturellement que je suis passé de la salle au comptoir, que j’ai rempli la paperasse, fait les comptes et géré la baraque tant bien que mal. Mais vous, qu’est-ce qui vous pousse à vous enterrer une fois l’an dans un coin aussi perdu alors qu’à ce qu’on dit, le monde est rempli de belles choses ?
………Je souris, hésite à lui dire que pour moi c’est une première et que question monde et belles choses, j’en ai eu plus que ma dose, mais à quoi bon. D’une part, je n’ai aucune envie de m’étendre sur ma vie. Comme tous les auteurs, je suis pudique à la discussion, les confidences, je ne les commets que sur l’oreiller, et encore faut-il que ledit oreiller soit de format idoine et cent pour cent papier, sinon niet. D’autre part, faute d’expérience donc, je ne suis pas certain d’avoir un avis pertinent sur le sujet, autre qu’une opinion cynique portant sur les mœurs conservatrices et bourgeoises de mes contemporains, et cette envie d’éternité qui les étreint dès qu’ils pensent à leur condition… Je hausse les épaules en guise d’explication, ça lui convient : de sa grosse pogne il balaie l’air comme pour dire : « Aucune importance », puis il se lève pour fourrager dans ses caisses de bois.
………Du regard je cherche, une bouteille rescapée, même une vide ferait l’affaire, un gobelet, un récipient, n’importe… histoire de me la coller sous la pluie, j’ai soif. Le manque, la belle affaire, mais cette soif omniprésente…
………Sauf qu’il ne pleut plus.
………Les « meubles » regorgent de victuailles, il en extrait une quantité phénoménale qu’il dispose avec soin sur la table.
………Faisant ça, il dit tout sourire : « Mon nécessaire d’urgence en cas de crue. » et il replonge dans une autre caisse en marmonnant le menu : assiette de charcuterie de pays, poissons et viandes fumés, tomates séchées, fruits au sirop… Et pain de seigle. »
………— Il est d’avant hier, précise-t-il en le dégageant d’un torchon. Mais il est fait maison, vous m’en direz des nouvelles.
………Je peux déjà lui en donner tellement les fragrances boulangères prennent possession des lieux.
………Pas que moi d’ailleurs. La mésange s’anime soudain, reluque la miche en se balançant d’une patte sur l’autre.
………— T’inquiète t’auras ta part, il lui fait en prenant place.
………Mais il manque quelque chose.
………— De l’eau je dis, mais je sens bien que c’est pas le genre de liquide qui convient à ce genre de repas et encore moins au bonhomme.
………— De ça, j’en ai pas ! Y a bien le robinet des commodités sur le palier, mais m’est avis que l’eau n’est plus potable depuis quelques heures déjà.
………Je respire plus à mon aise, voyons : il ne pleut plus, les robinets crachent plus de bactéries que de liquide, mine de rien je flirte avec le cas de force majeur. Ça fleure bon la libération anticipée, pour ne pas dire la délivrance.
………— Y aurait bien une solution, mais…
………— Mais quoi ?
………— Mais il vous faudrait plonger, vous frayer un chemin jusqu’au rez-de-chaussée pour fouiller le bar, c’est risqué. Vous n’êtes pas champion d’apnée ?
………— Aucunement.
………— Puis c’est une propriété privée, il vous faudrait l’autorisation du propriétaire.
………— Qu’il ne me donnera jamais, parce que précisément, c’est trop risqué.
………— Exactement !
………— C’est un homme responsable, je le félicite.
………— Et prévoyant. Car imaginez que survienne le pire. Quelle publicité serait faite autour du drame ?
………— Négative ! j’avoue.
………— Et plus un client ne se presserait pour loger ni dîner chez lui.
………— Il y a fort à parier en effet, les gens sont si influencés par les médias…
………— Ce qui entraînerait le licenciement du personnel : pas moins de vingt personnes en pleine saison qui comptent sur leur salaire pour nourrir leur famille.
………— Et habiller leurs gosses dignement.
………— Je ne vous le fais pas dire. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg, car si nous réfléchissons un peu…
………— Réfléchissons !
………— Sans client et sans personnel, le propriétaire se retrouve sans gagne-pain, or, comme il vous le confiait précédemment, il ne sait pas faire autre chose cet homme-là. Il faudrait donc qu’il se reconvertisse plutôt que de tourner en rond toute la sainte journée dans un bâtiment désaffecté.
………— Ce serait mieux pour sa santé mentale, évidemment.
………— Et pour celle de ses proches, sans parler que ça coûterait une petite fortune aux contribuables une remise à niveaux de ses compétences, et eux, n’y sont pour rien.
………— J’en conviens.
………Tendant la main vers une caisse, il renchérit avant d’en sortir une bouteille et deux verres :
………— C’est bien, parce que je préfère pas trinquer avec un type qui par pur égoïsme préfère la noyade plutôt que de partager un verre en toute amitié.
………Je souris tandis qu’il débouche la bouteille à l’aide d’un tire-bouchon tout droit sorti des fouilles de son futal. Je souris de lui, de moi, de la vie qui décidément se plaît encore à me surprendre en distribuant à la volée des impondérables, comme ça lui plaît à la vie d’étonner sa clientèle, comme ça lui chante de refourguer du plaisir sur la noirceur du monde, un peu de pommade sous la couronne d’aubépines. Je souris du genre animal aussi, celui-là même qui surmonte ses craintes pour, à tire d’ailes, venir se poser sur table et participer au banquet.
………Il se sert un fond de verre, le porte à ses lèvres, fait tourner le liquide dans sa bouche bruyamment, ferme les yeux, avale, puis fait claquer sa langue tandis que son regard s’ouvre et pétille de contentement.
………Pour résumer, il lâche un : « Bordel de Dieu de bordel de merde ! » admiratif, et remplit les verres, puis verse un fond du breuvage dans une soucoupe expressément destinée à la gente volatile qui s’en approche dubitative, mais pas l’air dégoûté pour un sou.
………— J’avais gardé ça pour une occasion exceptionnelle, il me fait en me tendant la bouteille pour en lire l’étiquette : Petrus 1975. C’est une occasion exceptionnelle non ?
………— Doublée d’un cas de force majeur !
………— Bien ce que je dis !
………Je suis un peu gêné, ça doit aller chercher dans les mille euros la boutanche ce jaja-là. Je lui en fais la remarque, mais il l’ignore d’un haussement d’épaules accompagné d’un : « Je t’expliquerai. » Et nous trinquons. Et le paradis me descend dans les tripes et doucereusement me baigne le cerveau.
………Par la suite on passe à autre chose, c’est-à-dire à d’autres vins pour accommoder telle ou telle saveur. Il est de toute façon bien décidé à me faire visiter la France en passant par les caves, toutes les caves. La mésange s’est endormi la tête posée sur un bout de pâté du côté des Moulin à vent, elle est tombée très précisément sur le domaine des Hospices. Je jurerais qu’elle ronfle tandis que nous poursuivons vers la Bourgogne en bénissant les assureurs. Oui, parce que voilà, il m’explique : nous buvons à l’œil. Je l’apprends, apprends qu’il est impossible de ne pas considérer comme foutus des vins ayant perdu leurs étiquettes pour cause d’immersion prolongée. Sauf que bien sûr, les crus classés, il les met à l’abri dès la montée des eaux.
………— Ensuite, y a plus qu’à casser les bouteilles et foutre les débris à la baille avec leurs bouchons. Simple comme bonjour.
………Il ajoute qu’il faut en profiter parce que c’est tout de même la troisième fois qu’il fait le coup et que bien sûr, ça durera pas. Sans parler, qu’on sera peut-être mort d’ici la prochaine crue, voire enterrés, aussi, autant finir « Le nécessaire d’urgence. » Ce sera toujours ça de pris sur la vie : « Pas vrai ? » À moins bien sûr, que je me sente pas de flinguer douze bouteilles et une d’Armagnac de cinquante piges, que j’aurais l’estomac pas à niveau pour relever le challenge, que j’aurais, comme disait Audiard : « Le vin petit et la cuite mesquine, que dans le fond, je mériterais pas de boire ! » Auquel cas, il comprendrait.
………Je ne relève pas le défi tout de suite. Pour l’instant, je m’égare et pense que comme auteur je vaux pas tripette, ou est-ce le lecteur ? Non, parce que sans blague, jamais il ne m’est venu à l’idée d’inventer un personnage de cette envergure, pire, j’ai jamais osé, pensant que nul n’y croirait une seconde. Et pourtant…
………— Monsieur le propriétaire hôtelier me provoque ?
………— Appelle-moi Gaston.
………— Ok Gaston. Quel est l’itinéraire et de quel délai disposons-nous ?
………Il titube jusqu’à la fenêtre, se penche, recule, tend son pouce comme un peintre son crayon pour mesurer le paysage bien qu’on y voit goutte tellement la nuit se la joue obscure :
………— La décrue est entamée, je dirais qu’on a six heures devant nous, huit tout au plus. Je propose de passer par Sancerre, puis la Touraine et le Val de Loire. De là, nous bifurquerons direction le Sud-Ouest et nous poursuivrons plein sud vers la Méditerranée. Paraît que c’est joli la mer.
………Un personnage aussi truculent et qui n’aurait jamais vu la mer, non, aucune chance que le lecteur y croit une seule seconde.
………— Non, j’ai pas pris le temps d’en avoir.
………Il s’assied, respire profondément comme pour s’apprêter à dire un truc intelligent, puis non, il secoue la tête en un mouvement énigmatique, moitié : « J’approuve. », moitié : « Je comprends pas. », mais tout à fait : « Après tout, c’est votre affaire. » Sinon, il est heureux que je sois resté pour lui tenir compagnie. D’autant qu’il n’a jamais l’occasion de discuter avec les clients faute de temps, et qu’il se pose pas mal de questions à leur sujet, s’il pouvait se permettre.
………Il peut :
………— Moi bien sûr, j’ai grandi ici, j’ai pas eu le choix, ça s’est imposé comme qui dirait. Un soir le paternel est mort, alors c’est tout naturellement que je suis passé de la salle au comptoir, que j’ai rempli la paperasse, fait les comptes et géré la baraque tant bien que mal. Mais vous, qu’est-ce qui vous pousse à vous enterrer une fois l’an dans un coin aussi perdu alors qu’à ce qu’on dit, le monde est rempli de belles choses ?
………Je souris, hésite à lui dire que pour moi c’est une première et que question monde et belles choses, j’en ai eu plus que ma dose, mais à quoi bon. D’une part, je n’ai aucune envie de m’étendre sur ma vie. Comme tous les auteurs, je suis pudique à la discussion, les confidences, je ne les commets que sur l’oreiller, et encore faut-il que ledit oreiller soit de format idoine et cent pour cent papier, sinon niet. D’autre part, faute d’expérience donc, je ne suis pas certain d’avoir un avis pertinent sur le sujet, autre qu’une opinion cynique portant sur les mœurs conservatrices et bourgeoises de mes contemporains, et cette envie d’éternité qui les étreint dès qu’ils pensent à leur condition… Je hausse les épaules en guise d’explication, ça lui convient : de sa grosse pogne il balaie l’air comme pour dire : « Aucune importance », puis il se lève pour fourrager dans ses caisses de bois.
………Du regard je cherche, une bouteille rescapée, même une vide ferait l’affaire, un gobelet, un récipient, n’importe… histoire de me la coller sous la pluie, j’ai soif. Le manque, la belle affaire, mais cette soif omniprésente…
………Sauf qu’il ne pleut plus.
………Les « meubles » regorgent de victuailles, il en extrait une quantité phénoménale qu’il dispose avec soin sur la table.
………Faisant ça, il dit tout sourire : « Mon nécessaire d’urgence en cas de crue. » et il replonge dans une autre caisse en marmonnant le menu : assiette de charcuterie de pays, poissons et viandes fumés, tomates séchées, fruits au sirop… Et pain de seigle. »
………— Il est d’avant hier, précise-t-il en le dégageant d’un torchon. Mais il est fait maison, vous m’en direz des nouvelles.
………Je peux déjà lui en donner tellement les fragrances boulangères prennent possession des lieux.
………Pas que moi d’ailleurs. La mésange s’anime soudain, reluque la miche en se balançant d’une patte sur l’autre.
………— T’inquiète t’auras ta part, il lui fait en prenant place.
………Mais il manque quelque chose.
………— De l’eau je dis, mais je sens bien que c’est pas le genre de liquide qui convient à ce genre de repas et encore moins au bonhomme.
………— De ça, j’en ai pas ! Y a bien le robinet des commodités sur le palier, mais m’est avis que l’eau n’est plus potable depuis quelques heures déjà.
………Je respire plus à mon aise, voyons : il ne pleut plus, les robinets crachent plus de bactéries que de liquide, mine de rien je flirte avec le cas de force majeur. Ça fleure bon la libération anticipée, pour ne pas dire la délivrance.
………— Y aurait bien une solution, mais…
………— Mais quoi ?
………— Mais il vous faudrait plonger, vous frayer un chemin jusqu’au rez-de-chaussée pour fouiller le bar, c’est risqué. Vous n’êtes pas champion d’apnée ?
………— Aucunement.
………— Puis c’est une propriété privée, il vous faudrait l’autorisation du propriétaire.
………— Qu’il ne me donnera jamais, parce que précisément, c’est trop risqué.
………— Exactement !
………— C’est un homme responsable, je le félicite.
………— Et prévoyant. Car imaginez que survienne le pire. Quelle publicité serait faite autour du drame ?
………— Négative ! j’avoue.
………— Et plus un client ne se presserait pour loger ni dîner chez lui.
………— Il y a fort à parier en effet, les gens sont si influencés par les médias…
………— Ce qui entraînerait le licenciement du personnel : pas moins de vingt personnes en pleine saison qui comptent sur leur salaire pour nourrir leur famille.
………— Et habiller leurs gosses dignement.
………— Je ne vous le fais pas dire. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg, car si nous réfléchissons un peu…
………— Réfléchissons !
………— Sans client et sans personnel, le propriétaire se retrouve sans gagne-pain, or, comme il vous le confiait précédemment, il ne sait pas faire autre chose cet homme-là. Il faudrait donc qu’il se reconvertisse plutôt que de tourner en rond toute la sainte journée dans un bâtiment désaffecté.
………— Ce serait mieux pour sa santé mentale, évidemment.
………— Et pour celle de ses proches, sans parler que ça coûterait une petite fortune aux contribuables une remise à niveaux de ses compétences, et eux, n’y sont pour rien.
………— J’en conviens.
………Tendant la main vers une caisse, il renchérit avant d’en sortir une bouteille et deux verres :
………— C’est bien, parce que je préfère pas trinquer avec un type qui par pur égoïsme préfère la noyade plutôt que de partager un verre en toute amitié.
………Je souris tandis qu’il débouche la bouteille à l’aide d’un tire-bouchon tout droit sorti des fouilles de son futal. Je souris de lui, de moi, de la vie qui décidément se plaît encore à me surprendre en distribuant à la volée des impondérables, comme ça lui plaît à la vie d’étonner sa clientèle, comme ça lui chante de refourguer du plaisir sur la noirceur du monde, un peu de pommade sous la couronne d’aubépines. Je souris du genre animal aussi, celui-là même qui surmonte ses craintes pour, à tire d’ailes, venir se poser sur table et participer au banquet.
………Il se sert un fond de verre, le porte à ses lèvres, fait tourner le liquide dans sa bouche bruyamment, ferme les yeux, avale, puis fait claquer sa langue tandis que son regard s’ouvre et pétille de contentement.
………Pour résumer, il lâche un : « Bordel de Dieu de bordel de merde ! » admiratif, et remplit les verres, puis verse un fond du breuvage dans une soucoupe expressément destinée à la gente volatile qui s’en approche dubitative, mais pas l’air dégoûté pour un sou.
………— J’avais gardé ça pour une occasion exceptionnelle, il me fait en me tendant la bouteille pour en lire l’étiquette : Petrus 1975. C’est une occasion exceptionnelle non ?
………— Doublée d’un cas de force majeur !
………— Bien ce que je dis !
………Je suis un peu gêné, ça doit aller chercher dans les mille euros la boutanche ce jaja-là. Je lui en fais la remarque, mais il l’ignore d’un haussement d’épaules accompagné d’un : « Je t’expliquerai. » Et nous trinquons. Et le paradis me descend dans les tripes et doucereusement me baigne le cerveau.
………Par la suite on passe à autre chose, c’est-à-dire à d’autres vins pour accommoder telle ou telle saveur. Il est de toute façon bien décidé à me faire visiter la France en passant par les caves, toutes les caves. La mésange s’est endormi la tête posée sur un bout de pâté du côté des Moulin à vent, elle est tombée très précisément sur le domaine des Hospices. Je jurerais qu’elle ronfle tandis que nous poursuivons vers la Bourgogne en bénissant les assureurs. Oui, parce que voilà, il m’explique : nous buvons à l’œil. Je l’apprends, apprends qu’il est impossible de ne pas considérer comme foutus des vins ayant perdu leurs étiquettes pour cause d’immersion prolongée. Sauf que bien sûr, les crus classés, il les met à l’abri dès la montée des eaux.
………— Ensuite, y a plus qu’à casser les bouteilles et foutre les débris à la baille avec leurs bouchons. Simple comme bonjour.
………Il ajoute qu’il faut en profiter parce que c’est tout de même la troisième fois qu’il fait le coup et que bien sûr, ça durera pas. Sans parler, qu’on sera peut-être mort d’ici la prochaine crue, voire enterrés, aussi, autant finir « Le nécessaire d’urgence. » Ce sera toujours ça de pris sur la vie : « Pas vrai ? » À moins bien sûr, que je me sente pas de flinguer douze bouteilles et une d’Armagnac de cinquante piges, que j’aurais l’estomac pas à niveau pour relever le challenge, que j’aurais, comme disait Audiard : « Le vin petit et la cuite mesquine, que dans le fond, je mériterais pas de boire ! » Auquel cas, il comprendrait.
………Je ne relève pas le défi tout de suite. Pour l’instant, je m’égare et pense que comme auteur je vaux pas tripette, ou est-ce le lecteur ? Non, parce que sans blague, jamais il ne m’est venu à l’idée d’inventer un personnage de cette envergure, pire, j’ai jamais osé, pensant que nul n’y croirait une seconde. Et pourtant…
………— Monsieur le propriétaire hôtelier me provoque ?
………— Appelle-moi Gaston.
………— Ok Gaston. Quel est l’itinéraire et de quel délai disposons-nous ?
………Il titube jusqu’à la fenêtre, se penche, recule, tend son pouce comme un peintre son crayon pour mesurer le paysage bien qu’on y voit goutte tellement la nuit se la joue obscure :
………— La décrue est entamée, je dirais qu’on a six heures devant nous, huit tout au plus. Je propose de passer par Sancerre, puis la Touraine et le Val de Loire. De là, nous bifurquerons direction le Sud-Ouest et nous poursuivrons plein sud vers la Méditerranée. Paraît que c’est joli la mer.
………Un personnage aussi truculent et qui n’aurait jamais vu la mer, non, aucune chance que le lecteur y croit une seule seconde.
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Yali- Nombre de messages : 8624
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
………Elle, me croit. Et reconnaît que c’était effectivement un cas de force majeure. Faut dire que ce n’est pas une lectrice ordinaire, juste une femme extraordinaire : la mienne. Enfin, lorsque je dis « La mienne » c’est façon de parler bien sûr. On est pas mariés ni rien du genre, je ne dispose donc d’aucun certificat de propriété d’ordre religieux ou civil, juste l’envie toujours renouvelée qu’elle soit là, pas très loin de moi.
………Bref, elle reconnaît volontiers le caractère exceptionnel de la situation, comprend ma rechute, comprend tout et le reste, mais surtout : elle veut connaître la fin de l’histoire.
………Elle insiste, malgré mes suppliques pour qu’elle ouvre son cadeau.
………Je me presse :
………— On s’est écroulé aux premières lueurs de l’aube pile devant la mer. Autant qu’il me semble, on était sur le sable, mais ça tanguait pas mal. Ensuite, plus rien jusqu’au réveil, jusqu’à midi où j’ai déjeuné d’un tube d’aspirine avant de sauter dans un train pour te rejoindre.
………— Et ton pote ?
………— — Aux dernières nouvelles, il passait commande pour reconstruire son « Nécessaire d’urgence » mais en l’agrémentant de régions supplémentaires, d’autres pays, parce qu’à ce qu’on-dit : « C’est très joli le Chili. » J’ai promis de le rejoindre dès les prémisses de la prochaine crue.
………— T’es incorrigible, elle dit. Mais disant ça elle se marre, et disant ça elle déballe son cadeau. « C’est… Qu’est-ce que c’est ? »
………— Une preuve, je lui fais.
………— Mais encore ?
………— Une mésange bleue, ça se voit pas.
………Ladite mésange est sortie lestement de son mini carton perforé pour s’installer sur mon index comme elle le ferait sur un perchoir, jette des œillades alentours, à l’air de trouver les lieux à son goût, à l’air de trouver Youmna à son goût.
………— Pourquoi elle se dandine comme ça ?
………— C’est l’heure de l’apéro. Elle a soif !
………— Tu plaisantes ?
………— Tu paries ?
………Non, elle ne parie pas, d’ailleurs elle ne pariera plus, ni à propos de ça ni à propos d’autre chose, prétextant que la chance n’est jamais du côté de la raison.
………— Je vais réfléchir à ça en nous servant un verre, à la mésange et à moi.
………— Ivrogne !
………— C’est pas mal comme nom d’oiseau. Adopté ! lui dis-je en filant en cuisine.
………Quelques minutes plus tard, assis derrière mon verre et observant Ivrogne juchée sur le bord de sa tasse qu’elle a vidée d’un trait, attentive, mais passablement éméchée, je m’interroge quant au soi-disant sermon de Saint-François d’Assise, ou plutôt : je m’interroge sur le procédé qu’il employait pour capter l’attention des oiseaux. Mais je divague sans doute, vu qu’aucune image du Saint homme ne le représente avec un litron dans la poche. Et je divague encore en imaginant un taux de délinquance supérieur au sein de la progéniture des propriétaires de piscine plutôt qu’ailleurs.
………Force est de constater, donc, que j’ai la sobriété divagante.
………Mathématique.
………Aussi je m’empresse de vider mon verre pour nous offrir une seconde tournée.
………C’est que j’y tiens à ma santé moi, ne serait-ce que mentale.
………Sans parler de celle des oiseaux.
………Bref, elle reconnaît volontiers le caractère exceptionnel de la situation, comprend ma rechute, comprend tout et le reste, mais surtout : elle veut connaître la fin de l’histoire.
………Elle insiste, malgré mes suppliques pour qu’elle ouvre son cadeau.
………Je me presse :
………— On s’est écroulé aux premières lueurs de l’aube pile devant la mer. Autant qu’il me semble, on était sur le sable, mais ça tanguait pas mal. Ensuite, plus rien jusqu’au réveil, jusqu’à midi où j’ai déjeuné d’un tube d’aspirine avant de sauter dans un train pour te rejoindre.
………— Et ton pote ?
………— — Aux dernières nouvelles, il passait commande pour reconstruire son « Nécessaire d’urgence » mais en l’agrémentant de régions supplémentaires, d’autres pays, parce qu’à ce qu’on-dit : « C’est très joli le Chili. » J’ai promis de le rejoindre dès les prémisses de la prochaine crue.
………— T’es incorrigible, elle dit. Mais disant ça elle se marre, et disant ça elle déballe son cadeau. « C’est… Qu’est-ce que c’est ? »
………— Une preuve, je lui fais.
………— Mais encore ?
………— Une mésange bleue, ça se voit pas.
………Ladite mésange est sortie lestement de son mini carton perforé pour s’installer sur mon index comme elle le ferait sur un perchoir, jette des œillades alentours, à l’air de trouver les lieux à son goût, à l’air de trouver Youmna à son goût.
………— Pourquoi elle se dandine comme ça ?
………— C’est l’heure de l’apéro. Elle a soif !
………— Tu plaisantes ?
………— Tu paries ?
………Non, elle ne parie pas, d’ailleurs elle ne pariera plus, ni à propos de ça ni à propos d’autre chose, prétextant que la chance n’est jamais du côté de la raison.
………— Je vais réfléchir à ça en nous servant un verre, à la mésange et à moi.
………— Ivrogne !
………— C’est pas mal comme nom d’oiseau. Adopté ! lui dis-je en filant en cuisine.
………Quelques minutes plus tard, assis derrière mon verre et observant Ivrogne juchée sur le bord de sa tasse qu’elle a vidée d’un trait, attentive, mais passablement éméchée, je m’interroge quant au soi-disant sermon de Saint-François d’Assise, ou plutôt : je m’interroge sur le procédé qu’il employait pour capter l’attention des oiseaux. Mais je divague sans doute, vu qu’aucune image du Saint homme ne le représente avec un litron dans la poche. Et je divague encore en imaginant un taux de délinquance supérieur au sein de la progéniture des propriétaires de piscine plutôt qu’ailleurs.
………Force est de constater, donc, que j’ai la sobriété divagante.
………Mathématique.
………Aussi je m’empresse de vider mon verre pour nous offrir une seconde tournée.
………C’est que j’y tiens à ma santé moi, ne serait-ce que mentale.
………Sans parler de celle des oiseaux.
Yali- Nombre de messages : 8624
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Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Enfin ! Tu te fais trop rare ici....
Je sens que je vais me régaler ! Imprimante puis lecture avant commentaire...
Je sens que je vais me régaler ! Imprimante puis lecture avant commentaire...
Invité- Invité
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Complètement immoral mais génial, je le savais ! Savoir disserter sur du rien sans ennuyer, savoir digresser sans te perdre, faire rire et offrir au lecteur (qui y croit, si si !) un moment de lecture mémorable, tout ça tu sais faire, et comment ! Bon j'arrête, tu vas prendre la grosse tête (et je ne dirai même rien des petites fautes relevées par-ci par là...)
Invité- Invité
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
1ère impression : que d'eau que d'eau !
2ème impression : faut que je le tourne en bouche un peu plus
3ème impression : moi aussi je crois que j'ai besoin d'un verre. Voire plus si affinités.
Je te fais un vrai de chez vrai commentaire dès que j'ai mâché tout ça. Et y a de la matière. :0)))
2ème impression : faut que je le tourne en bouche un peu plus
3ème impression : moi aussi je crois que j'ai besoin d'un verre. Voire plus si affinités.
Je te fais un vrai de chez vrai commentaire dès que j'ai mâché tout ça. Et y a de la matière. :0)))
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
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Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
.
De belles formules, une ambiance, des personnages bien campés, prix tout spécial pour la mésange !
Vu que je savais pas à quoi je devais être prêt, j’avais répondu « Oui ! »
Non, elle ne parie pas, d’ailleurs elle ne pariera plus, ni à propos de ça ni à propos d’autre chose, prétextant que la chance n’est jamais du côté de la raison.
Non, parce que sans blague, jamais il ne m’est venu à l’idée d’inventer un personnage de cette envergure, pire, j’ai jamais osé, pensant que nul n’y croirait une seconde. Et pourtant…
Je l’avais stoppé net avant que dans son élan et s’appuyant sur mon cas, il ne revisite la Genèse...des fois que j’aurais pas entendu le message.
Je suis pas pressé, la perspective ...ne me tente pas plus ..
Assez gênant cette alternance du parler châtié et du parler populaire dans la même bouche, je cite au hasard, il y a de nombreux exemples pour chaque genre.
et, d’un ton académique, m’avait demandé si j’étais prêt ?
pas de point d'interrogation, il me semble
je m’interroge quant au soi-disant sermon de Saint-François d’Assise,
on dit plutôt : quant au prétendu sermon, puisque ce n'est pas le sermon qui se nomme ainsi.
Vu que je savais pas à quoi je devais être prêt, j’avais répondu « Oui ! »
Sans parler que je sentais bien qu’un « Non ! » l’aurait mis dans l’embarras.
Faut dire, préciser qu’à le voir ainsi, il donnait l’impression que c’était à lui qu’on venait d’annoncer le pire, et
Un peu lourd, ces suites de que quoi que que, et dans le deuxième, je n'aime pas ce faut dire, préciser.
Je n’ai ni marteau, ni clou, j’y connais rien en charpenterie, c’est con, me dis-je.
j'aurais vu un point après charpenterie.
Mais là, que dire : « La piscine est pleine d’eau
J'aurais mis le point d'interrogation : Mais là, que dire ? "La piscine...
A-t-on jamais réalisé d’études portant sur la délinquance adolescente découlant d’un surplus de liquide insipide en milieu bourgeois ?
l'idée est plate, je la note, j'y reviens de suite : et les piscines de beaufs,
ça apporte quelle délinquance ?
en tout honneur ça allait de soi. Je n’en trouvai aucun, ça allait de soi itou.
allait de soi itou : bof.
Et puis tu vois pas qu’elle est pleine de Chinois la piscine.
je n'ai pas compris
l’air est chargé d’une touffeur salement orageuse, ce qui tombe bien vu que quand même c’est le cas.
un peu lourd et bizarre, pourquoi ça tomberait bien puisque c'est le cas ?
À dire vrai, les orages se suivent sans discontinuer, se succèdent sans marquer de temps d’arrêt,
Un peu redondant, non ?
déposées sur table, je réalise que, merde, y a bien dix centimètres d’eau qui courent sur moquette de salle de resto, et..
deux fois de suite l'absence d'article : ça fait un peu maniéré, je trouve.
traînant-là
pas de trait d'union
les mœurs conservatrices et bourgeoises de mes contemporains,
il pense vraiment (comme toi ?) que tous ses contemporains sont des bourgeois (à piscine trop remplie) conservateurs ? Et les autres ?
la boutanche ce jaja-là.
la boutanche de ce jaja-là ?
divagante
divaguante
De belles formules, une ambiance, des personnages bien campés, prix tout spécial pour la mésange !
Vu que je savais pas à quoi je devais être prêt, j’avais répondu « Oui ! »
Non, elle ne parie pas, d’ailleurs elle ne pariera plus, ni à propos de ça ni à propos d’autre chose, prétextant que la chance n’est jamais du côté de la raison.
Non, parce que sans blague, jamais il ne m’est venu à l’idée d’inventer un personnage de cette envergure, pire, j’ai jamais osé, pensant que nul n’y croirait une seconde. Et pourtant…
Je l’avais stoppé net avant que dans son élan et s’appuyant sur mon cas, il ne revisite la Genèse...des fois que j’aurais pas entendu le message.
Je suis pas pressé, la perspective ...ne me tente pas plus ..
Assez gênant cette alternance du parler châtié et du parler populaire dans la même bouche, je cite au hasard, il y a de nombreux exemples pour chaque genre.
et, d’un ton académique, m’avait demandé si j’étais prêt ?
pas de point d'interrogation, il me semble
je m’interroge quant au soi-disant sermon de Saint-François d’Assise,
on dit plutôt : quant au prétendu sermon, puisque ce n'est pas le sermon qui se nomme ainsi.
Vu que je savais pas à quoi je devais être prêt, j’avais répondu « Oui ! »
Sans parler que je sentais bien qu’un « Non ! » l’aurait mis dans l’embarras.
Faut dire, préciser qu’à le voir ainsi, il donnait l’impression que c’était à lui qu’on venait d’annoncer le pire, et
Un peu lourd, ces suites de que quoi que que, et dans le deuxième, je n'aime pas ce faut dire, préciser.
Je n’ai ni marteau, ni clou, j’y connais rien en charpenterie, c’est con, me dis-je.
j'aurais vu un point après charpenterie.
Mais là, que dire : « La piscine est pleine d’eau
J'aurais mis le point d'interrogation : Mais là, que dire ? "La piscine...
A-t-on jamais réalisé d’études portant sur la délinquance adolescente découlant d’un surplus de liquide insipide en milieu bourgeois ?
l'idée est plate, je la note, j'y reviens de suite : et les piscines de beaufs,
ça apporte quelle délinquance ?
en tout honneur ça allait de soi. Je n’en trouvai aucun, ça allait de soi itou.
allait de soi itou : bof.
Et puis tu vois pas qu’elle est pleine de Chinois la piscine.
je n'ai pas compris
l’air est chargé d’une touffeur salement orageuse, ce qui tombe bien vu que quand même c’est le cas.
un peu lourd et bizarre, pourquoi ça tomberait bien puisque c'est le cas ?
À dire vrai, les orages se suivent sans discontinuer, se succèdent sans marquer de temps d’arrêt,
Un peu redondant, non ?
déposées sur table, je réalise que, merde, y a bien dix centimètres d’eau qui courent sur moquette de salle de resto, et..
deux fois de suite l'absence d'article : ça fait un peu maniéré, je trouve.
traînant-là
pas de trait d'union
les mœurs conservatrices et bourgeoises de mes contemporains,
il pense vraiment (comme toi ?) que tous ses contemporains sont des bourgeois (à piscine trop remplie) conservateurs ? Et les autres ?
la boutanche ce jaja-là.
la boutanche de ce jaja-là ?
divagante
divaguante
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Wouhou ! Quel texte ! Je l'ai lu en sirotant un café... C'était pas voulu mais ça a très bien tombé. Humour grinçant pour cure détonante. Il l'a trouvé où, son toubib ? Belle diversité pour cette " Nouvelle vague " et ça ne fait que commencer !
Lucy- Nombre de messages : 3411
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Date d'inscription : 31/03/2008
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
lu d'une traite.
je crois que c'est le deuxième texte que je lis de toi (après ton Loiseau) d'ailleurs, ça m'y fait penser, j'ai presque vu Youmna en Wanda, mais peut-être est-ce parce que comme disait Claire :
Excellent, excellent.
j'ai juste tiqué au démarrage :
Et j'accroche sur itou et niet, qui me semblent relever plus d'un parlé relâché que de l'écriture, mais c'est comme tu l'sens, c'est ton auteur qui s'exprime.
Bref, la série démarre fort.
je crois que c'est le deuxième texte que je lis de toi (après ton Loiseau) d'ailleurs, ça m'y fait penser, j'ai presque vu Youmna en Wanda, mais peut-être est-ce parce que comme disait Claire :
et puis le personnage découvre le pot-aux-roses... une enquête plutôt "coule".Mister (=Mr) Loiseau ne semble jurer que par les femmes blondes aux gros seins; bon.!
Excellent, excellent.
j'ai juste tiqué au démarrage :
il n'y aurait pas pataquès entre échouer et échoir ?Yali a écrit:J’ai échu ici
Et j'accroche sur itou et niet, qui me semblent relever plus d'un parlé relâché que de l'écriture, mais c'est comme tu l'sens, c'est ton auteur qui s'exprime.
Bref, la série démarre fort.
à tchaoum- Nombre de messages : 612
Age : 75
Date d'inscription : 06/05/2007
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Ah ! mon ami, comme c’est bien toi.
Comment tu as la manière d’emberlificoter ton monde, de l’embarquer dans un univers si nueux et si perso ;-)
Moult digressions délicieuses donc, saveurs de bouche, humour, amour et poésie.
Tout ça. Avec l’art du jongleur , la grâce du funambule.
Et… une si aimable mauvaise foi (foie ?)
Comment tu as la manière d’emberlificoter ton monde, de l’embarquer dans un univers si nueux et si perso ;-)
Moult digressions délicieuses donc, saveurs de bouche, humour, amour et poésie.
Tout ça. Avec l’art du jongleur , la grâce du funambule.
Et… une si aimable mauvaise foi (foie ?)
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Bon, comme je disais y a de la matière, même si elle est liquide. Je n'étonnerai personne et surtout pas toi si je te dis que mon passage préféré est le tour de France vineux auquel se livrent les deux olibrius coincés par l'inondation. Belle santé, ma foi ! Et bel échantillonnage. Et la référence explicite à Blondin dialogué par le père Audiard ne fait qu'ajouter à la saveur de la scène. Du grand art.
Je ne déteste pas non plus les réflexions de départ sur la gent médicale, pas lus que les nombreuses digressions comico-sociales dont tu émailles ton récit. Bref un excellent cru que l'on prend plaisir à rouler en bouche, et pas question de le recracher après !
Ceci étant, toutes les cures thermales ne sont pas aussi dissuasives que celle que tu décris. A condition d'avoir les moyens, on peut faire un tour à Eugénie-les Bains chez Michel Guérard, où les menus "minceur" sont tout sauf tristounets. Le seul problème est qu'il mélange allègrement curistes et non-curistes dans sa salle manger, ce qui fait que le malheureux contraint de picorer des assiettes à 300 calories doit subir le spectacle de solides fourchettes en train de gaillardement déguster foie gras, poulardes truffées et autres feuilletés aux poires caramélisées ! Le tout arrosé des meilleurs crus de France. La plupart craquent au bout de trois jours...
Je ne déteste pas non plus les réflexions de départ sur la gent médicale, pas lus que les nombreuses digressions comico-sociales dont tu émailles ton récit. Bref un excellent cru que l'on prend plaisir à rouler en bouche, et pas question de le recracher après !
Ceci étant, toutes les cures thermales ne sont pas aussi dissuasives que celle que tu décris. A condition d'avoir les moyens, on peut faire un tour à Eugénie-les Bains chez Michel Guérard, où les menus "minceur" sont tout sauf tristounets. Le seul problème est qu'il mélange allègrement curistes et non-curistes dans sa salle manger, ce qui fait que le malheureux contraint de picorer des assiettes à 300 calories doit subir le spectacle de solides fourchettes en train de gaillardement déguster foie gras, poulardes truffées et autres feuilletés aux poires caramélisées ! Le tout arrosé des meilleurs crus de France. La plupart craquent au bout de trois jours...
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Date d'inscription : 18/06/2007
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
De mémoire de mansarde, souvent alcool et écriture ont fait bon ménage.
Je t’ai presque suivi de bout en bout, sauf pour aller boire un coup.
Yali je croyais que c’était féminin, mais j’ai découvert qu’il n’en était rien ! et après tout qu’est-ce qu’on s’en fout du flacon pourvu qu’on est l’ivresse.
Y compris avec du vin du Chili, dont on dit qu’il est le meilleur d’Amérique latine.
Bref, dès les premières lignes, j’ai senti le bon convive et tu as fini de m’acheter avec ton Pétrus.
Dans ce thriller où le crime est de boire de l’alcool, quel merveilleux alibi que cette inondation pour picoler tout son soul !
et la mésange sommelière qui pique un petit somme après s’en être, peut-on supposer, jetée un derrière le jabot.
Le « nécessaire d’urgence » est la trousse de survie que tout bon œnologue devrait toujours avoir sur lui.
« massage à l’eau » de l’épiderme, affirmatif, « massage à l’eau » de la glotte, négatif, sauf pour un gargarisme. Le lavage de la peau : voilà une judicieuse façon d’utiliser l’eau !
« Quant à leur fille — joli brin de fille — elle virevolte d’un client à l’autre, s’occupe de chacun avec entrain, dégaine les sourires comme un jouet des bulles de savon. Elle est pétrie de compassion, se nomme Julie, est blonde comme les blés et possède une poitrine si conséquente, si dense, qu’on dirait bien qu’elle vous fait des avances dès lors qu’elle entre dans une pièce. »
image qui parle d’abord au père avec les bulles de savon puis à l’homme, presque pris en faute de mater la poitrine si conséquente, si dense, d’un tendron.
aussi un passage noté : crue, mômes, biberons.
Je t’ai presque suivi de bout en bout, sauf pour aller boire un coup.
Yali je croyais que c’était féminin, mais j’ai découvert qu’il n’en était rien ! et après tout qu’est-ce qu’on s’en fout du flacon pourvu qu’on est l’ivresse.
Y compris avec du vin du Chili, dont on dit qu’il est le meilleur d’Amérique latine.
Bref, dès les premières lignes, j’ai senti le bon convive et tu as fini de m’acheter avec ton Pétrus.
Dans ce thriller où le crime est de boire de l’alcool, quel merveilleux alibi que cette inondation pour picoler tout son soul !
et la mésange sommelière qui pique un petit somme après s’en être, peut-on supposer, jetée un derrière le jabot.
Le « nécessaire d’urgence » est la trousse de survie que tout bon œnologue devrait toujours avoir sur lui.
« massage à l’eau » de l’épiderme, affirmatif, « massage à l’eau » de la glotte, négatif, sauf pour un gargarisme. Le lavage de la peau : voilà une judicieuse façon d’utiliser l’eau !
« Quant à leur fille — joli brin de fille — elle virevolte d’un client à l’autre, s’occupe de chacun avec entrain, dégaine les sourires comme un jouet des bulles de savon. Elle est pétrie de compassion, se nomme Julie, est blonde comme les blés et possède une poitrine si conséquente, si dense, qu’on dirait bien qu’elle vous fait des avances dès lors qu’elle entre dans une pièce. »
image qui parle d’abord au père avec les bulles de savon puis à l’homme, presque pris en faute de mater la poitrine si conséquente, si dense, d’un tendron.
aussi un passage noté : crue, mômes, biberons.
claude- Nombre de messages : 142
Age : 64
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 06/05/2008
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Un texte que j'aime beaucoup, vraiment.
J'ai tout d'abord apprécié le style, si personnel et particulier, apportant du caractère et une fluidité à la lecture, qui m'ont plu.
J'ai également apprécié les accents de sincérité qui se dégagent de ce texte, le contenu n'étant pas délaissé au profit d'une forme qu'on voudrait élégante ou stylisée. Les deux se marient ici très bien et les bribes d'humour et d'autodérision y sont pour beaucoup.
Quelques jolies tournures, un bon sens de la répartie, bref, un texte très réussi à mes yeux.
J'ai tout d'abord apprécié le style, si personnel et particulier, apportant du caractère et une fluidité à la lecture, qui m'ont plu.
J'ai également apprécié les accents de sincérité qui se dégagent de ce texte, le contenu n'étant pas délaissé au profit d'une forme qu'on voudrait élégante ou stylisée. Les deux se marient ici très bien et les bribes d'humour et d'autodérision y sont pour beaucoup.
Quelques jolies tournures, un bon sens de la répartie, bref, un texte très réussi à mes yeux.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
J'aime beaucoup le titre.
Autant que le texte d'ailleurs...
Aah, la peu de l'eau, lol... noyons-là dans le litron...
Merci pour ce moment d'évasion... allez, un café (irlandais bien sûr) et l'addiction... ;o)
Autant que le texte d'ailleurs...
Aah, la peu de l'eau, lol... noyons-là dans le litron...
Merci pour ce moment d'évasion... allez, un café (irlandais bien sûr) et l'addiction... ;o)
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Sais pas trop quoi rajouter aux autres commentaires éclairés ... j'ai aimé également, ta nouvelle vague est distrayante, originale, souriante et ma foi, comme Gobu, séduit par le tour de France ... ;-)
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 49
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
J'ai lu jusqu'à "seconde" et cela m'a suffit.
Carrément gonflé de modifier en tant que lecteur le format que tu as choisi.
Mais c'est mon droit. Je n'ai pas du tout envie de savoir ce qu'il en retourne auprès de madame ou de notre héros.
Je tiens mon excuse pour ouvrir une bière. Merci pour ton texte.
J'ai noté une coquille grosse comme un bulot mais je ne sais plus où, pas la peine d'en faire une mayonnaise.
Carrément gonflé de modifier en tant que lecteur le format que tu as choisi.
Mais c'est mon droit. Je n'ai pas du tout envie de savoir ce qu'il en retourne auprès de madame ou de notre héros.
Je tiens mon excuse pour ouvrir une bière. Merci pour ton texte.
J'ai noté une coquille grosse comme un bulot mais je ne sais plus où, pas la peine d'en faire une mayonnaise.
Invité- Invité
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Quand il s'agit de"refourguer du plaisir sur la noirceur du monde, un peu de pommade sous la couronne d'aubépine" tout, même le pire déluge, devient un cas de force majeur, une réponse à la "volée d'impondérables" de la vie. Bravo Yali!
Juste un truc qui me chiffonne : Comment les assurances expliquent-elles que les bouteilles aient été débouchées avant de naufrager? Remettre un bouchon avec sa capsule ne me parait pas très évident :-)
Juste un truc qui me chiffonne : Comment les assurances expliquent-elles que les bouteilles aient été débouchées avant de naufrager? Remettre un bouchon avec sa capsule ne me parait pas très évident :-)
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
"— Ensuite, y a plus qu’à casser les bouteilles et foutre les débris à la baille avec leurs bouchons. Simple comme bonjour."
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Je dois être, moi-même, un peu bouchée mais:
C'est bien après les avoir vidées qu'on leur fait subir ce traitement, non?
Les goulots retrouvés sans leurs capsules plombées ne risquent-ils pas de trahir les buveurs?
"Tais-toi et bois!" vas-tu me répondre et tu auras bien raison ;-)
Yali a écrit:"— Ensuite, y a plus qu’à casser les bouteilles et foutre les débris à la baille avec leurs bouchons. Simple comme bonjour."
C'est bien après les avoir vidées qu'on leur fait subir ce traitement, non?
Les goulots retrouvés sans leurs capsules plombées ne risquent-ils pas de trahir les buveurs?
"Tais-toi et bois!" vas-tu me répondre et tu auras bien raison ;-)
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
T'as jamais vu une cave suite à une crue toi, un magnum y retrouverait pas ses fillettes
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Donc si je ne suis pas auteur, je peux raconter ce qui me plaît sans oreiller.
:-)
:-)
Invité- Invité
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Pas une situation Panda, c'est un état. Bien essayé.pandaworks a écrit:Donc si je ne suis pas auteur, je peux raconter ce qui me plaît sans oreiller.
:-)
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Il y a de l'humour, de la vie et du style dans ce texte.
Il me plait. Beaucoup même !
Il me plait. Beaucoup même !
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
Sachant que la circonférence de la terre est de 40.075 km à l'équateur, la vitesse de rotation de la planète est donc de : 40.075/24 = 1669,80 km /h... un sacré bolide, notre planète bleue, hein ?? Rien que d'y penser, ça me fiche le tournis ! Et encore, ce calcul ne tient pas compte de la propre vitesse de déplacement des individus, et moins encore de la vitesse à laquelle la terre tourne autour du soleil, ce qui ne ferait que compliquer un problème bien assez ardu comme ça !
Ceci étant défini, à la question : une terre cessant sa rotation in petto pour manque de personnel sain de corps à défaut d’esprit. Compte tenu de la vitesse de rotation, compte tenu du nombre d’individus marchant dessus à l’instant T, combien se retrouveraient projetés un continent plus loin ?, la réponse (évidente) est TOUT LE MONDE !
Un langage mi soutenu, mi familier, pour distiller ici et là, humour, ironie et tendresse.
De belles images, comme je les aime : Derrière les carreaux d’un hôtel coquet, la pluie efflanque le paysage... qui se gonfle d’elle pour déborder les berges, se les inonder,
qui font passer sur un ou deux détails... ... trop occupés qu’ils sont à projeter leur futur au-delà de l’inévitable noyade... si demain est un autre jour. Faut quand même pas exagérer l'angoisse de ces pauvres gens ! Envisager la fin pour une inondation dans le midi ? Ils ne font quand même pas face à un tsunami ou à un cyclone... quoique si on y réfléchit, il est vrai que l'exagération du sud est universellement reconnue... mais bon !
Et après tout ça, je peux dire (très sérieusement) que j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture !
Ceci étant défini, à la question : une terre cessant sa rotation in petto pour manque de personnel sain de corps à défaut d’esprit. Compte tenu de la vitesse de rotation, compte tenu du nombre d’individus marchant dessus à l’instant T, combien se retrouveraient projetés un continent plus loin ?, la réponse (évidente) est TOUT LE MONDE !
Un langage mi soutenu, mi familier, pour distiller ici et là, humour, ironie et tendresse.
De belles images, comme je les aime : Derrière les carreaux d’un hôtel coquet, la pluie efflanque le paysage... qui se gonfle d’elle pour déborder les berges, se les inonder,
qui font passer sur un ou deux détails... ... trop occupés qu’ils sont à projeter leur futur au-delà de l’inévitable noyade... si demain est un autre jour. Faut quand même pas exagérer l'angoisse de ces pauvres gens ! Envisager la fin pour une inondation dans le midi ? Ils ne font quand même pas face à un tsunami ou à un cyclone... quoique si on y réfléchit, il est vrai que l'exagération du sud est universellement reconnue... mais bon !
Et après tout ça, je peux dire (très sérieusement) que j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture !
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
pareil que pour B-Mô, je t’aurais reconnu en écrivain masqué ;-) A quels signes ? Ton Gaston qui m’a rappelé Toine, le cafetier de Babylone ? Le style ? Le tout sans doute. Très bon moment de lecture même si la situation est évidemment poussée dans la caricature. L’humour est bien présent, et les contraintes sont respectées, pour une fois ! ;-)
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
J'aime beaucoup le style et l'Etat d'esprit du narrateur, ça me fait penser un peu à Louis ferdinand Céline qui avait un regard un peu pessimiste comme ton personnage. C'est super =)
Mehdi-L- Nombre de messages : 31
Age : 34
Date d'inscription : 18/05/2008
Re: NOUVELLE VAGUE : Garçon, l’addiction s’il vous plaît
J'aime bien l'utilisation de la langue française, ressemblant au fil des lignes, à une pâte à modeler, dont les mots, cabochards ou non, empêchent les phrases de se cantonner dans la dérive d'une construction facile, teintée de monotonie, voire d'ennui.
Il a du caractère ce texte, du punch.
Juste une remarque à propos des formes négatives incomplètes : est-ce un choix délibéré pour cerner la couleur du personnage principal ?
plus tard vient le tour des hommes, mais pas tous à la fois, mais... n'est-il pas en trop ?
. . . t'inquiète, t'auras ta part, il lui fait.... lui fait-il ?
. . .fait tourner le liquide... puis fait claquer sa langue. . . n'y a-t-il pas moyen de diluer le, faire, dans toute cette eau ?
Il a du caractère ce texte, du punch.
Juste une remarque à propos des formes négatives incomplètes : est-ce un choix délibéré pour cerner la couleur du personnage principal ?
plus tard vient le tour des hommes, mais pas tous à la fois, mais... n'est-il pas en trop ?
. . . t'inquiète, t'auras ta part, il lui fait.... lui fait-il ?
. . .fait tourner le liquide... puis fait claquer sa langue. . . n'y a-t-il pas moyen de diluer le, faire, dans toute cette eau ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
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Date d'inscription : 15/08/2007
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