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Un aller simple,s'il vous plait..

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Un aller simple,s'il vous plait.. Empty Un aller simple,s'il vous plait..

Message  romainv Sam 25 Oct 2014 - 3:22

Dimanche matin, après une nouvelle nuit blanche sur mon canapé et deux années d'inactivités, ma mère a décidé d'employer les grands moyens. A mon réveil, un médecin se penche vers moi, sans un mot ou presque il dégaine de sa serviette une note blanche et commence les premières rédactions. Entouré de deux colosses, la situation me paraît tout de suite angoissante surtout que maman, absente de la scène a été prier de ne pas y assister. On me presse de m'habiller, je demande instinctivement à prendre un paquet de cigarettes qu'on me refuse, sorti de mon sommeil échappatoire, la réalité me ramène au cauchemar. Je cherche ma mère du regard mais ne la voit pas, le médecin semble alarmiste et à la fois insouciant, dans la rue une ambulance m'attend, je monte un peu sonné mais parfaitement lucide. Direction l'hôpital Pompidou où les choses s'accélèrent , je demande des explications à mon père absent depuis ma naissance mais il semble tout autant perdu que moi. La présence des gros bras n'ayant plus l'air nécessaire bien que je doute qu'elle ai jamais été, n'étant pas de nature agressive et au gabarit plutôt svelte , ils s'en vont. On m'amène par la suite dans une chambre où l'angoisse monte d'un ton, les médecins au regard inquiet me communiquent leur manque de connaissance sur la situation et le monologue de l'infirmier ressemble plus à un film de science fiction qu'à discours médical, j'ai l'impression d'appartenir à un autre monde, l'oeuvre de déshumanisation à commencer. Il y a un an et demi pourtant, j'étudiais aux cotés de l'élite social française dans une prestigieuse université d'Angleterre avec des résultats corrects ponctués il vrai par quelques absences. Et me voilà allonge de force sur ce lit sobre où les médecins s'enchainent, l'anxiété laisse place à la peur qui entraine la colère, la demande d'explications s'impose mais la négligence qu'on me renvoie me laisse perplexe. Je sollicite le stagiaire pour lui demander ce qu'il passe, qu'est ce que j'ai, quand le médecin arrive, je réitère ma question, aucune réponse. Deux gardes de la sécurité font leur apparition, je me lève dans une scène presque cinématographique où je supplie que l'on me parle , qu'on échange , qu'on ne me snobe pas machinalement, je souligne que c'est ma vie dont il est question et que je ne suis pas prêt à laisser tout faire à l'administration mais la machine est en route et elle ne s'arrêtera pas. La première injection arrive, les gardes de la sécurité m'allonge et me sangle. Je suis médusé. De la tête aux pieds je ne peux plus bouger, moi le jeune et gentil garçon d'un quartier aisé au passé difficile me voilà embaumé comme Hannibal Lecter; l'esprit endormi et le corps paralysé, on prononce alors le nom d'un lieu : L' hôpital Henry Ey.

Me voilà alors transporté dans un sommeil artificiel de courte durée jusqu'à cet endroit dont je n'ai jamais entendu parlé. A mon arrivé on me détache des mes liens étant devenu inutiles tant l'anesthésiant a freiné ma capacité à me défendre. J'erre devant l'accueil où je suis laissé, la sortie se trouve à quelques mètres mais un patient me dit que j'ai besoin d'une autorisation pour sortir, je viens de perdre le plus précieux de mes droits et je ne me rends pas compte, mon père semble m'avoir suivi en moto quand à ma mère je ne l'ai toujours pas vu depuis mon départ. Je cherche une sortie dans tous ces longs couloirs quand une infirmière me surprend et me fais comprendre que je n'ai aucun espoir. Après une heure de coma et d'errance, me voilà lancé dans l'ascenseur principal direction le 6 eme étage. Je comprend que le combat qui commence est personnel et que la menace d'hospitalisation sous contrainte dont je riais il y a quelques mois ressemble a tout sauf que j'aurais imaginé. Ma claustrophobie infantile passée, les deux grosses portes métalliques s'écartent et pas moins de dix blouse blanches sont là pour m'accueillir. Je crois rêver. Moi qui me pensait victime, me voilà devenu bourreau, Moi qui pensait avoir touché le fond, voilà qu'on me dévoile les abysses, la pression psychologique imposé est silencieuse mais d'une puissance inouïe Je n'ose même plus questionner qui que ce soit. Enfermé dans une chambre, à moitié shooté, on m'apporte un pyjama bleu qui me retire ce qu'il me restait de ma condition sociale, l'humiliation et la honte sont à leur paroxysme pourtant empreinte de solitude. La salle de bain fermée, me voilà obliger d'uriner par terre, moi qui clame mon parfait état de santé je sens que je leur donne raison. Ma surprise et mon interrogation se bute à des regards perçants, le responsable n'a rien de rassurant mais un discours très bien rodé, je n'appartiens plus au monde social me voilà paria de la société. Je questionne la présence et le nombre d'infirmiers, l'ensanglement ; la piqûre quand a elle m'apparait presque nécessaire tant la violence de la scène m'apparait impossible à conscientiser. Le sommeil court que je m'octroie ressemble à celui des gardes à vue, où l'alcool aidant on se laisse aller en se disant que tant qu'on y est autant ne pas voir le temps passé. On me réveille avec un plateau repas dont je n'attends aucune qualité gustative mais le plus intéressant arrive, on m'autorise à sortir de ma cellule et à découvrir les autres patients. Je croise Nordine dont la longue barbe ne me laisse pas de doute sur son identité religieuse, aucune regard échangé, ses bras font la taille de mes cuisses, je préfere l'éviter. Une vieille dame est seule sur la terrasse à la vue dépravé, son âge avancé me rassure et je m'asseois à ses côtés. Elle m'explique qu'on la retrouvé pieds nus dans la rue et qu'on l'a amené ici, veuve, elle téléphone désesperement à sa gardienne qu'elle supplie de venir l'aider. Un colosse nous rejoins, il lui manque quelques dents, me sers une main amicale et me demande une cigarette, il est palestinien et est là depuis déjà un mois, la médication semble l'avoir déjà bien amoindrie, je ne saurais jamais ce qu'il l'a amené ici. Qu'elles sont l'oins les virées nocturnes londoniennes et les études supérieures, les discussions frivoles et les soirées arrosés. Mes plaintes existentielles me paraissent maintenant ridicules et que je regrette déjà cette fuite sous le long tunnel de la manche. Mais comment savoir qu'il me mènerait jusqu'ici, je pense à mes amis qui sont restés la bas, à leur message de soutient qui date déjà de plusieurs mois. Mais comment se plaindre dans un tel contexte, quand la culpabilité vous poursuit jusqu'au fond d'un hôpital psychiatrique, voilà toute l'ironie d'une souffrance amoindrie par des colocataires inconnues et inquiétants , moi qui me sentait honteux aux contacts des gens heureux me voilà mal à l'aise de ne pas souffrir autant qu'eux. Un autre jeune de mon âge vient d'arriver, il hurle sa détresse à travers la porte et semble totalement paniqué, le manque d'information et d'organisation me sidère. Tout de suite la folie, la vrai, me frôle , me contourne, elle est féminine , masculine, arabe, noir, banche, jeune , âgé, transitoire, définitive. Les premiers dialogues s'imposent, entouré d'inconnus , la conscience vacillante, le discernement nécessaire est essentiel. Ne pas sombrer, ne pas se laisser aller, garder un minimum de dignité, afficher un minimum de sérénité quand d'autres semblent déjà partis si loin. En effet, les doses quotidiennes de valium et de neuroleptiques ont commencé, mes nombreuses expériences hypocondriaques passés à fréquenter des cabinets de psychiatre, psychothérapeute, EMDR… m'ont bien aidé. Je questionne la dose du médicament, le nom, la fréquence des traitements. Ironiquement, aucun anti-dépresseur n'est prescrit. Et le traitement est quasiment identique pour chaque patient. Nous sommes 10 à l'étage et le jeu sordide a commencé. J'évite tant que je peux les plus torturés et tente de garder un minimum de raison auprès de ceux qui semblent ne pas l'avoir totalement quitté. Nous sommes 10 à l'étage, j'apprenais par la suite qu'il est réserver aux patients les plus en difficulté. Quand au 7eme et au 8eme, personne n'en a jamais entendu parler. Après quelques échanges, j'apprend que la plupart sont déjà la depuis un mois ou plus. La paranoïa commence, autour des infirmiers d'abord, dont la froideur et la psycho rigidité me font délirer. Le rapport de force s'installe sans même y penser, la pression et le traitement qu'on m'a infligé me rapproche de cette idée. Je n'arrive meme plus à me questionner, comment aije pu tomber aussi bas, comment ma vie a t'elle pu basculer aussi rapidement. J'avais une copine , des amis venus du monde entier, des notes correctes et une situation sociale enviée. Je rigolais en anglais,en français et en espagnol. Je vivais avec des anglais,étudiait entouré de chinois, déjeunait avec des italiens, partageait mes après midis avec des turcs, festoyait nationalement le soleil couché, J'avais réussi enfin à gagner a libéré, mon indépendance, moi le fils unique de cette famille monoparentale brisée, j'avais réussi à m'évader. Aujourd'hui j'ai tout perdu, mes amis, mes études, ma santé. Pire j'ai l'impression d'avoir donner raison à tous ces connard de profs qui m'ont fiché, tort ) eux qui on pu 'apprécier, je pense à toutes ces remarques et ces appréciations, ces avertissements et ces sanctions. La psychiatrie n'est pas une science exacte et j'en ai eu la preuve. De retour après deux ans d'enfer, me voilà de retour à la vie. Les souvenirs laissent place aux regrets. Les regrets aux doutes. Et les doutes à la réflexion. Un aller simple dans le monde de la folie et un simple retour dans cette folle réalité. J'ai franchi le pas, je suis retourné en Angleterre, prouvé que je n'étais pas fou mais l'inconscient collectif à la vie dure et j'ai tout de suite compris que c'était perdu. Je perçois toujours les infirmiers à travers les serveurs, les membres de l'Eurostar ou tout autre uniforme.

romainv

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Message  seyne Sam 25 Oct 2014 - 17:23

Je ne sais pas si je me trompe, mais le texte donne plus l'impression d'un témoignage que d'une fiction littéraire...et pourquoi pas ? Ce qui lui donne son unité, en tout cas, c'est la question de la communication et de la non-communication. La question de la normalité et de la folie, aussi, qui d'ailleurs s'imbrique avec elle...et la panique qui saisit celui dont la parole n'est plus prise en compte, qui n'est plus reconnu comme un interlocuteur, un semblable. Et cela dans les lieux-mêmes, par les gens-mêmes qui sont censés lui rendre sa liberté d'être et de de penser.

quoiqu'il en soit (et ce qu'il en est de la dimension autobiographique ne nous regarde pas), peut-être gagnerait-il à être retravaillé, approfondi encore dans ces deux directions, ce qui lui donnerait une portée moins individuelle, plus "universelle" (c'est le rôle d'une oeuvre d'art de parler à tous) et de prendre une distance par rapport à ce vécu de panique qui semble encore proche.
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Message  hi wen Sam 25 Oct 2014 - 21:48

j'ai bien aimé. c'est très articulé, on sent que c'est réfléchi mais le texte à 2,3 reprises est complaisant et se regarde parfois le nombril.


hi wen

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