Des oeufs brouillés, s'il vous plaît

Des oeufs brouillés, s'il vous plaît


Elle aperçut le camion suivre ce pauvre corps rampant qui ne serait bientôt que bouillie méconnaissable. Dans la ruelle, le véhicule accéléra et, de ses quatre rouleaux compresseurs, rompit son squelette en longueur, faisant gicler la cervelle, écrabouillant la nuque, brisant la colonne vertébrale et anéantissant l’organe génital qui lui avait permis d’apercevoir la lumière de ce monde corrompu.

Quand cette horrible image s’empara de son esprit à bout de souffle, son corps, incapable d’esquisser le moindre mouvement cohérent une seconde auparavant, redevint subitement opérationnel.

Pressée de sortir de cette fournaise impitoyable, elle ne s’accorda pas une seconde de réflexion et bondit à travers la porte défoncée qui la séparait de sa liberté. Aveuglée par sa décision, la jeune femme pressa le pas et s’envola à travers les rues assiégées par les autres. Mais elle ne les voyait pas. D’ailleurs le phénomène semblait être réciproque et tout était bien comme tel.

Autour d’elle, Big Ben tintait plus fort que jamais les douze coups de midi, les londoniens s’entretenaient à une vitesse encore plus affolante qu’à l’accoutumée, son sac à main lui arrachait le côté tant il était lourd, mais tout cela avait autant d’impact sur elle que la recette du restaurant français du quartier. En revanche, une plume céleste avait remplacé son cœur, et un optimisme de fortune l’avait envahi. Elle allait accomplir sa destinée en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, c’était ça qui avait de l’importance, et uniquement ça. Elle aurait dû y aller depuis très longtemps, mais se raccrochait des choses qui lui semblaient désormais futiles.

La jeune fille entendait bien ne pas jeter de coup d’œil derrière son épaule pour apercevoir la lâcheté lui courir après. C’était à son tour, désormais, de jouer au jeu de la lâcheté et de ne pas assumer ses responsabilités. Elle entendait ses pas derrière elle qui lui murmuraient de ne pas abandonner ici les gens pour qui elle comptait. Mais elle se concentra sur le clapotement de l’eau. Ils n’avaient qu’à la rejoindre s’ils en avaient envie ; elle n’allait pas très loin, après tout, juste loin de ce serpent.

Le choc des gouttes d’eau sur le sol provoquait un mur de son qui la coupait du monde. Ses cheveux lui troublaient la vue mais la pluie était là pour qu’elle n’ait pas à s’en soucier non plus. Elle balança cinquante pence dans la guitare décomposée de Mike, le clochard en chef de Piccadilly, qui la gratifia d’un modeste « Merci, jeune dame » et elle accéléra encore son pas qui était déjà très vif vers Leicester Square.

Elle marcha ainsi dans les rues de Londres et rien que le fait de sentir le bitume sous ses pieds accroissait sa bonne humeur. Bien sûr, son odorat ne pouvait pas faire fi des odeurs de bacon grillé et du chant de la pelouse humide qui, mariés, lui rappelait les petits-déjeunés où elle savourait son thé, pendant que sa mère préparait le déjeuner en râlant à cause de la gazinière défectueuse. Au fond d’elle, cette fille pressée savait que tous ces souvenirs allaient lui manquer, mais essayait de ne pas y penser car ce n’était que futilités et joies superficielles comparées à ce qui l’attendait. Oh que oui, elle allait lui faire sa fête, à cette souillonne pressée. Plutôt quatre fois qu’une !

Cependant, son sourire s’affaissa légèrement quand ses yeux remarquèrent le comportement de certains passants. Dans son envie de profiter de tout, elle avait observé un couple, une vieille femme et un jeune garçon enthousiaste. Qu’avaient-ils à sourire de cette manière à son passage ? Etait-elle drôle ? Ridicule ? Ou bien étaient-ce des sourires de pitié ? Cette insolence la rendait perplexe et elle se demandait comment on pouvait se permettre de gâcher son bonheur aussi sèchement et avec si peu de scrupules. Et puis de quoi se mêlait-elle ? Elle n’avait pas à recevoir de leçons de ce genre d’intolérants. Ces moqueries mesquines la troublèrent pendant quelques secondes, mais l’image de son futur lui revint en tête et son sourire retrouva toute la fraîcheur d’auparavant.

Le climat de haine dans lequel elle avait grandi lui revint soudainement à l’esprit. Les bagarres, les menaces, les vols, et la tournure désastreuse que la situation avait prise pour une seule raison : l’alliance d’Héla et Hadès dans le cœur de chaque être humain de cette ville. Le sien s’était transformé en une rivière de sang qui débordera éternellement de son lit et dévasterait tout sur son passage. Elle savait qu’elle se sentirait mieux auprès de sa famille au-delà de Londres et cet égorgement permanent que l’on exerçait sur elle. Caelen l’attendait et serait ravi de la voir.

Engagée à présent sur le Tower Bridge, l’air caressait insidieusement son minois trempé. Malgré le mauvais temps, la foule était ici plus compacte et semblait agir au ralenti face à la vitalité de cette jeune fille qui trottinait sous la pluie. En débardeur, elle savait qu’elle attirait l’attention de ces touristes emprisonnés dans leur imperméable. Mais elle, elle était libre. Et bientôt, elle serait bien au chaud aux côtés de ceux qu’elle aime. Et tout le monde l’envierait, elle en était persuadée.

Reniflant indifféremment, elle stoppa nette sa course et plongea son âme dans l’étendue verdâtre de la Tamise. Au loin, le suppositoire de la City la narguait en brillant malgré l’absence de luminosité. Mais son esprit la ramena vers cette étendue magnifiquement sale qui serait son cercueil, et c’est avec les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres qu’elle balança son corps par-dessus la rambarde, avec une violence juvénile, s’abandonnant.

Au moins, elle ne ressemblerait pas aux œufs brouillés de sa mère.

J’avoue humblement ne pas avoir compris grand-chose. Enfin si j’ai compris les œufs brouillés et le fait d’aller se jeter dans la Tamise, mais pas la situation d’origine ni certaines allusions.
Et j’ai butté sur quelques phrases et sur l‘utilisation des temps.
Le tout m’a paru long même si on ressent bien le côté pressé et pressant de cette fuite et cette solitude au milieu de la foule et de la vie. Mais c'est sans doute parce que quelque chose m'a échappé.

Titre accrocheur.
Mais, j'ai rien compris au premier paragraphe... pourquoi son organe génital lui permettait de voir ?
Puis, un incendie peut-être ? C'est rarement la fournaise to London.
Bon, elle se suicide dans la Tamise... pour échapper aux oeuf brouillés de sa mère ? J'imagine une brouille plus importante ! Ou alors un esprit embrumé.
Ne vous vexez pas Aoshi, je crois que je n'ai rien compris du tout.

Un texte à reprendre pour le rendre plus cohérent. Je parle du fond mais aussi de la forme, il y a vraiment de drôles de tournures (Reniflant indifféremment), des phrases tarabiscotées et des impropriétés, par exemple : les londoniens s’entretenaient à une vitesse encore plus affolante qu’à l’accoutumé). Egalement des problèmes du côté des temps : Le sien s’était transformé en une rivière de sang qui débordera éternellement de son lit et dévasterait tout sur son passage.
Une Ophélie des temps modernes qui a du plomb dans l'aile.

Beaucoup moins soigné que "L' œil", ce texte a beaucoup de formulations incorrectes ou bizarres, de temps mal utilisés et il n'est pas non plus vraiment convaincant sur le fond : je ne pense pas qu'on puisse se suicider avec bonheur...

J'ai compris qu'elle préfère mourir en se noyant qu'en se laissant écraser comme sa mère l'est au début du texte par un camion , ce qui l'avait réduite à ne plus ressembler qu'à des oeufs brouillés.
On sait que c'est sa mère qui meurt au début car elle a "l'organe génital qui lui a permis d'apercevoir ce monde corrompu", organe qui se retrouve anéanti par les quatre rouleaux compresseurs du camion poursuivant .
Le pourquoi du massacre est trop elliptique et c'est vrai que la ville à travers laquelle elle s'échappe pour se jeter dans la Tamise a l'air trop calme pour qu'on puisse imaginer ce qui se trame.

Quoi un remake du "Prisonnier", cette série british culte de ma jeunesse, avec ce village bien tranquille où il se passe des choses horribles que seul le héros a l'air de connaitre et dont on ne s'échappe pas ?

Merci d'avoir commenté.
Bon, je vais vous avouer que j'ai écrit ce texte il y a environ deux ans, je l'ai un peu retapé mais je l'ai en partie posté pour savoir ce qui n'allait pas. C'est donc pour cette raison qui ne ressemble pas (et n'est peut-être pas "au niveau") des textes que j'ai posté récemment.

Seule Rebecca a compris le sens de la dernière phrase, je ne sais pas si je dois être soulagé ou me poser des questions.

On peut se suicider avec bonheur (de nombreuses personnes le font en Suisse), c'est en partie cette découverte qui m'a poussé à mettre en ligne ce texte.

[quote]Seule Rebecca a compris le sens de la dernière phrase, je ne sais pas si je dois être soulagé ou me poser des questions.[quote]
Seule Rebecca a souligné cette dernière phrase, mais ça ne veut pas dire qu'elle est la seule à l'avoir comprise !^^
Et je persiste à douter qu'on puisse se suicider avec bonheur ! L'instinct de survie , la peur de la mort, les liens sociaux, éventuellement la religion s'y opposent. Sauf peut-être les pauvres kamikazes embrigadés par des dirigeants paranoïaques, et qui croient dur comme fer échanger leur vie de merde contre un bonheur éternel...

Franchement aoshi l'image n'est pas comprehensible si on ne se pose pas de questions sur le style parfois brouillon / brouillé de vos phrases ...
parce que entre "les oeufs brouillés de sa mère" qui évoque un plat sympathique et sa mère réduite à l'état d'oeufs brouillés qui évoque quelque chose de moins interessant sur le plan gustatif, il y a un monde tant sur le plan gastronomique que sur le plan de la logique syntaxique .
Alors oui on peut écrire farfelu moi ça me fait marrer les oeufs brouillés de sa mère, mais ne t'étonne pas de ne pas être compris.

sinon coline il ne faut commenter les comm mais si "se suicider avec bonheur" est peut etre un chouia exagéré, "avec soulagement" bien sur...
Il est des vies qui ne sont que tortures et monstruosité, et y échapper même par la mort est parfois absolument , oserai je dire vital ?
Il faut savoir qu'il est des douleurs que même la morphine à haute dose ne peut soulager.

J’avais carrément compris que les œufs brouillés de la mère faisaient référence à cet organe génital réduit en bouillie par le camion, les œufs de la fécondité quoi.
En tout cas la dernière phrase est compréhensible et ne pose pas de problème pour moi.

Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi elle se fait écraser, pourquoi le camion la suit et pourquoi elle rampe ? En gros la situation d’origine qui amène à l’écrasement. Et pourquoi c’est une fournaise, pourquoi la porte est défoncée, en quoi la franchir est une liberté ? Pourquoi elle aurait dû accomplir sa destinée depuis longtemps alors que l’événement déclencheur semble venir de se produire ? C’est qui la souillonne pressée, elle, la mort ? Pourquoi les passants la regardent bizarrement, c’est évoqué mais sans réponse. Le passé est trouble aussi, tout le paragraphe avec Héla et Hadés.

Bref, énormément de questions sans réponses pour moi. J’ai pensé à un accident de voiture au début mais ça n'explique pas la suite. Puis à un mythe revisité mais je ne vois pas lequel. Je me suis même demandé s’il n’y avait pas une référence à une histoire de la ville de Londres.

Beaucoup de mal également à tout comprendre dans ce texte. Le 1er paragraphe n’est pas franchement clair :

- au départ, j’ai cru que la narratrice était dans une rue et que dans cette rue, quelqu’un se faisait écrasé.
- Puis, quand la narratrice sort d’un batiment, je me suis dit : ah non, elle a vu quelqu’un se faire écraser dans la rue.
- Puis comme elle semble fuir les rues assiégées par les autres, je me suis dit : ah tiens, en fait c’est un texte « fantastique » style la guerre des mondes …
- Sur le coup, rien compris à la phrase sur ces organes génitaux écrasés …


Je pense que l’ensemble manque de clarté, de précisions et mériterait d’être repris. En réécrivant certains morceaux de phrases, le côté « réminiscence » du 1er paragraphe serait plus clair. En éliminant quelques références (assiégés, Héla et Hadès …) on éviterait la confusion momentanée avec un thème « fantastique ». En étant un peu plus descriptif, on comprendrait un peu mieux le cheminement de la narratrice à travers Londres … Bref, soigner les détails pour améliorer la compréhension globale (la recette du resto français : laquelle ? ils n’en ont qu’une … ).

Après sur le fond, me semble une certaine incohérence lorsque tu parles de suicide avec bonheur … quelqu’un a précisé justement que ce serait plutôt avec soulagement. Et puis :

On peut se suicider avec bonheur (de nombreuses personnes le font en Suisse)

ne pas confondre euthanasie et suicide. Ici, c’est clairement un suicide.

Et enfin, me semble que tu as quelques erreurs de concordances des temps avec notamment quelques verbes au futur dans ton texte écrit au passé. Exple :

Le sien s’était transformé en une rivière de sang qui débordera

-- > déborderait (sauf erreur. Mais suis pas super fort en orthographe :-)