EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
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apoutsiak
Gobu
Zou
Always
Halicante
Woody
mentor
bertrand-môgendre
Lucy
Charles
Sahkti
Krystelle
AMOK
17 participants
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Tonton Boris
Bonsoir ! J'ai pris le jeu en cours de route -et ne garantis pas le résultat???;-)
Prénom: Marcel
Photo: B
Marcel était planté là depuis la nuit des temps. Coincé entre l’arbre et la poubelle pour plus de discrétion, sa position stratégique était pour le moins inconfortable. Encore quelques minutes et il serait statufié pour de bon. Le seul avantage serait peut-être d’en perdre l’odorat, eu égard à l’effluve pestilentielle qui se dégageait de l’un des deux attributs de sa planque de fortune.
En face de lui, la porte d’autrefois semblait le narguer sans subtilité aucune. Impressionnant tout ce qu’on pouvait investir dans un objet quelconque : son passé, son bonheur, sa joie de vivre et sa naïveté perdues, résumées dans une simple porte de bois clair, un peu vieillie au demeurant, comme l’étaient sans doute ses yeux moins brillants, son crâne dégarni, ses espoirs déçus. Marcel se disait qu’à tout prendre, il était sans doute meilleur pour les symboles que pour la vie elle-même.
Il lui semblait reconnaître le décor ; et le trajet qu’il effectuait jadis pour l’atteindre, il aurait pu le faire les yeux fermés, tellement son corps avait pris l’habitude des aspérités du sol, du moindre renfoncement de murette, et des jeux d’ombres et de lumières qui l’engageaient à se presser ou à siffloter l’air de rien - quand tout à coup la traîtrise du lampadaire l’obligeait à des ruses de garnement fomentant un coup pendable. Marcel sourit, incapable de lutter contre les battements de son cœur fébrile, lui rappelant le temps où il était vivant. Encore un peu vivant. Au beau milieu de ce souvenir léger, cette petite rue déserte qui lui semblait naguère si douce se teinta soudain de pressentiments lugubres.
Son oncle lui avait clairement signifié, deux ans auparavant, que sa participation à l’aventure était terminée. Il avait refusé de lui en donner les raisons. Et lui avait fermé sa porte, cette même porte qui luisait devant lui d’un éclat devenu sinistre, fléchée du présage stylisé d’un petit bonhomme goguenard sur un panneau de signalisation venu d’on ne sait où. Malgré son insistance, il n’avait eu droit qu’à cette explication sibylline, répétée encore et encore, sur tous les tons, jusqu’à ce qu’il ne la comprenne plus : « Mon projet, fiston, arrive à son terme. Je ne peux t’en dire plus. Il faudrait pour cela t’en expliquer les tenants et les aboutissants, comme on dit, et je ne peux décemment pas entraîner quelqu’un d’autre que moi sur la pente savonneuse des responsabilités. Trop dangereux pour un garçon de ton espèce ». Marcel n’avait pas osé demander à quoi correspondait exactement son « espèce », ni en quoi elle différait de celle de son oncle : quand tonton parle, on écoute, on acquiesce d’un air entendu (faute de quoi on passe pour un imbécile), et surtout, surtout, on ne répond rien sans y avoir été convié.
Ainsi, tous les jeudis, à vingt et une heures trente précises, Marcel faisait le guet devant la porte de l’atelier secret de son oncle. Et tous les jeudis, à vingt et une heures trente précises, depuis deux ans, il ne se passait strictement rien. Malgré cela, tous les jeudis, depuis deux ans, à vingt et une heure trente précises, Marcel attendait qu’enfin, qu’enfin, il se passe quelque chose. Ce soir-là encore il ne se passa rien. Il attendit les trente minutes réglementaires, et quand les vingt-deux heures retentirent tragiquement dans le lointain, il se dégagea de sa planque habituelle pour rentrer chez lui.
Un cliquetis imperceptible le fit se retourner alors qu’il était déjà au bout de la rue sombre et froide : la porte s’ouvrait. N’écoutant que son courage, Marcel se tapit subrepticement derrière un arbre providentiel, puis chercha à se rapprocher du lieu de l’Action, se propulsant d’arbre en arbre, en bénissant le service des espaces verts de la mairie d’avoir eu l’idée saugrenue de planter des baobabs miniatures dans une rue aussi étroite. Il glissait, filait, coulait telle une ombre, comme il avait entendu que le faisaient les détectives privés dans les romans d’aventure. S’étant suffisamment rapproché pour distinguer la scène de ses yeux de myope, sans toutefois risquer de subir les foudres de tonton, il se colla brutalement au lampadaire qui avait eu la bonne idée de se trouver là, pria pour que la surdité de tonton l’empêche de tourner la tête, respira, risqua un œil.
Ce qu’il vit alors le laissa pantois. Passèrent en ringuette, et dans l’ordre : un éléphant décoré de la légion d’honneur, une girafe en queue de pie, et une souris à l’œil sournois dont l’éléphant semblait étrangement se méfier. Une fois entrés tant bien que mal dans l’atelier, l’oncle referma la porte sur eux. Cliquetis. Pas. Plus rien.
(…)
Quand Marcel revint le Jeudi suivant, à vingt et une heure trente précises, ne restait de la porte, de l’atelier de son oncle et même d’une partie de la rue, qu’un amas de briques, d’objets divers et de morceaux peu identifiables ayant sans hésitation aucune appartenu à des corps humains, le tout « éparpillé façon puzzle ». Marcel resta donc planté comme un couillon au milieu des débris, la larme à l’œil en pensant à tonton Boris. Les gendarmes, toujours là quand on voudrait les fuir et jamais là quand on en aurait besoin, choisirent ce moment rempli d’émotion pour sauter sur un Marcel désemparé et tout décidé à raconter ce qu’on voudrait, pourvu qu’on le laisse s’asseoir.
« Nom ?
- Vian.
- Prénom ?
- Marcel.
- Profession ?
- Sans.
- Situation familiale ?
- Célibataire.
- M’étonne pas…
- Pardon ?
- Non, rien. (…) Pouvez-vous nous parler un peu de votre oncle Boris ?
- « Mon oncle, un fameux bricoleur, faisait en amateur des bombes atomiques… » (…) »
Prénom: Marcel
Photo: B
Marcel était planté là depuis la nuit des temps. Coincé entre l’arbre et la poubelle pour plus de discrétion, sa position stratégique était pour le moins inconfortable. Encore quelques minutes et il serait statufié pour de bon. Le seul avantage serait peut-être d’en perdre l’odorat, eu égard à l’effluve pestilentielle qui se dégageait de l’un des deux attributs de sa planque de fortune.
En face de lui, la porte d’autrefois semblait le narguer sans subtilité aucune. Impressionnant tout ce qu’on pouvait investir dans un objet quelconque : son passé, son bonheur, sa joie de vivre et sa naïveté perdues, résumées dans une simple porte de bois clair, un peu vieillie au demeurant, comme l’étaient sans doute ses yeux moins brillants, son crâne dégarni, ses espoirs déçus. Marcel se disait qu’à tout prendre, il était sans doute meilleur pour les symboles que pour la vie elle-même.
Il lui semblait reconnaître le décor ; et le trajet qu’il effectuait jadis pour l’atteindre, il aurait pu le faire les yeux fermés, tellement son corps avait pris l’habitude des aspérités du sol, du moindre renfoncement de murette, et des jeux d’ombres et de lumières qui l’engageaient à se presser ou à siffloter l’air de rien - quand tout à coup la traîtrise du lampadaire l’obligeait à des ruses de garnement fomentant un coup pendable. Marcel sourit, incapable de lutter contre les battements de son cœur fébrile, lui rappelant le temps où il était vivant. Encore un peu vivant. Au beau milieu de ce souvenir léger, cette petite rue déserte qui lui semblait naguère si douce se teinta soudain de pressentiments lugubres.
Son oncle lui avait clairement signifié, deux ans auparavant, que sa participation à l’aventure était terminée. Il avait refusé de lui en donner les raisons. Et lui avait fermé sa porte, cette même porte qui luisait devant lui d’un éclat devenu sinistre, fléchée du présage stylisé d’un petit bonhomme goguenard sur un panneau de signalisation venu d’on ne sait où. Malgré son insistance, il n’avait eu droit qu’à cette explication sibylline, répétée encore et encore, sur tous les tons, jusqu’à ce qu’il ne la comprenne plus : « Mon projet, fiston, arrive à son terme. Je ne peux t’en dire plus. Il faudrait pour cela t’en expliquer les tenants et les aboutissants, comme on dit, et je ne peux décemment pas entraîner quelqu’un d’autre que moi sur la pente savonneuse des responsabilités. Trop dangereux pour un garçon de ton espèce ». Marcel n’avait pas osé demander à quoi correspondait exactement son « espèce », ni en quoi elle différait de celle de son oncle : quand tonton parle, on écoute, on acquiesce d’un air entendu (faute de quoi on passe pour un imbécile), et surtout, surtout, on ne répond rien sans y avoir été convié.
Ainsi, tous les jeudis, à vingt et une heures trente précises, Marcel faisait le guet devant la porte de l’atelier secret de son oncle. Et tous les jeudis, à vingt et une heures trente précises, depuis deux ans, il ne se passait strictement rien. Malgré cela, tous les jeudis, depuis deux ans, à vingt et une heure trente précises, Marcel attendait qu’enfin, qu’enfin, il se passe quelque chose. Ce soir-là encore il ne se passa rien. Il attendit les trente minutes réglementaires, et quand les vingt-deux heures retentirent tragiquement dans le lointain, il se dégagea de sa planque habituelle pour rentrer chez lui.
Un cliquetis imperceptible le fit se retourner alors qu’il était déjà au bout de la rue sombre et froide : la porte s’ouvrait. N’écoutant que son courage, Marcel se tapit subrepticement derrière un arbre providentiel, puis chercha à se rapprocher du lieu de l’Action, se propulsant d’arbre en arbre, en bénissant le service des espaces verts de la mairie d’avoir eu l’idée saugrenue de planter des baobabs miniatures dans une rue aussi étroite. Il glissait, filait, coulait telle une ombre, comme il avait entendu que le faisaient les détectives privés dans les romans d’aventure. S’étant suffisamment rapproché pour distinguer la scène de ses yeux de myope, sans toutefois risquer de subir les foudres de tonton, il se colla brutalement au lampadaire qui avait eu la bonne idée de se trouver là, pria pour que la surdité de tonton l’empêche de tourner la tête, respira, risqua un œil.
Ce qu’il vit alors le laissa pantois. Passèrent en ringuette, et dans l’ordre : un éléphant décoré de la légion d’honneur, une girafe en queue de pie, et une souris à l’œil sournois dont l’éléphant semblait étrangement se méfier. Une fois entrés tant bien que mal dans l’atelier, l’oncle referma la porte sur eux. Cliquetis. Pas. Plus rien.
(…)
Quand Marcel revint le Jeudi suivant, à vingt et une heure trente précises, ne restait de la porte, de l’atelier de son oncle et même d’une partie de la rue, qu’un amas de briques, d’objets divers et de morceaux peu identifiables ayant sans hésitation aucune appartenu à des corps humains, le tout « éparpillé façon puzzle ». Marcel resta donc planté comme un couillon au milieu des débris, la larme à l’œil en pensant à tonton Boris. Les gendarmes, toujours là quand on voudrait les fuir et jamais là quand on en aurait besoin, choisirent ce moment rempli d’émotion pour sauter sur un Marcel désemparé et tout décidé à raconter ce qu’on voudrait, pourvu qu’on le laisse s’asseoir.
« Nom ?
- Vian.
- Prénom ?
- Marcel.
- Profession ?
- Sans.
- Situation familiale ?
- Célibataire.
- M’étonne pas…
- Pardon ?
- Non, rien. (…) Pouvez-vous nous parler un peu de votre oncle Boris ?
- « Mon oncle, un fameux bricoleur, faisait en amateur des bombes atomiques… » (…) »
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Une fautes de mon texte, qui me tue -plus que les autres- : 3ème paragraphe, deuxième mot "rentra"---> "rentrera", dans l'empressement de ne pas poster trop tard, je ne me suis relue que rapidement avec mes yeux et mon cerveau d'adolescente fatiguée, désolée!
Penny- Nombre de messages : 98
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Date d'inscription : 15/05/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Et je rectifie également, j'ai choisi la photo A! (et pas de "s" à faute dans mon message précédent, décidément, le soir ne me réussit pas!).
Impatiente de lui tous vos textes!
Impatiente de lui tous vos textes!
Penny- Nombre de messages : 98
Age : 33
Date d'inscription : 15/05/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Je te lis et je corrige tout çaPenny a écrit:Une fautes de mon texte, qui me tue -plus que les autres- : 3ème paragraphe, deuxième mot "rentra"---> "rentrera", dans l'empressement de ne pas poster trop tard, je ne me suis relue que rapidement avec mes yeux et mon cerveau d'adolescente fatiguée, désolée!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Sahkti a écrit:Je te lis et je corrige tout çaPenny a écrit:Une fautes de mon texte, qui me tue -plus que les autres- : 3ème paragraphe, deuxième mot "rentra"---> "rentrera", dans l'empressement de ne pas poster trop tard, je ne me suis relue que rapidement avec mes yeux et mon cerveau d'adolescente fatiguée, désolée!
Merci beaucoup!
Penny- Nombre de messages : 98
Age : 33
Date d'inscription : 15/05/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Ceux qui voudraient se coller à l'exo plus tard, demain ou un autre jour, peuvent le faire si ils le souhaitent.
Et merci à ceux qui ont participé! Je vous commenterai demain.
Et merci à ceux qui ont participé! Je vous commenterai demain.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait, on lit, on commente ? (dit le néophyte qui suit le vieux précepte "Posez une question et vous aurez l'air idiot cinq minutes, ne la posez pas et vous aurez l'air idiot toute votre vie")
Woody- Nombre de messages : 57
Age : 58
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 24/05/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Oups, pardon, je viens de voir le post de Sahkti. A demain donc pour les comm's !
Woody- Nombre de messages : 57
Age : 58
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 24/05/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Hé hé! Chacun lit les textes des autres et dit un petit mot, son ressenti. Tu peux regrouper tous tes commentaires dans un seul post ou bien tu le fais par morceaux, comme tu veux. Si tu préfères lire et commenter demain, pas de soucis non plus. On demande jusqte que les commentaires soient faits dans un délai de 2-3 jours maximum, sinon le soufflé retombe :-)Woody a écrit:Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait, on lit, on commente ? (dit le néophyte qui suit le vieux précepte "Posez une question et vous aurez l'air idiot cinq minutes, ne la posez pas et vous aurez l'air idiot toute votre vie")
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
j'aime bien la façon qu'à Halicante d'éviter le je t'aime et j'accroche bien avec le style de Penny même si ce genre d'histoire me passionne pas, mais j'imagine fort bien que le genre des miennes emm***** les gens donc, bravo
antoine surin- Nombre de messages : 69
Age : 39
Date d'inscription : 10/04/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
ha mais tu peux le faire maintenant! Je parlais pour moi en disant que je le ferais demain, pas sûre d'avoir la possibilité là tout de suite, j'ai encore du boulot à terminer.Woody a écrit:Oups, pardon, je viens de voir le post de Sahkti. A demain donc pour les comm's !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
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PHOTO B
VOIR TOMBOUCTOU...
Commence à les faire chier, ce lampadaire toussotant. Zoé, surtout, parce qu'en même temps, elle ne peut s'empêcher de le regarder. Marek peut se moquer, elle s'en fout. Il dit que c'est facile de fermer les yeux ou de regarder ailleurs. Mais Zoé n'est pas d'accord, elle dit que la rue est déserte, que l'air est étouffant, qu'il ne se passe rien, rien, à part cette loupiote malade, qui leur fait de l'œil. Et justement, ça la console, la Zoé, de voir que des plus costauds qu'eux supportent encore plus mal cette chienne de vie. Faut dire que la pluie doit lui rouiller les os toute l'année à ce pauvre réverbère, alors qu'ils ont depuis trois mois des tôles flambant neuves, sans compter les nouveaux cartons que Marek a dégoté cet après-midi, bien rembourrés, et la bonne bouffe que des types ont déposée en passant ce matin. Au point où la journée a été classée quatre étoiles à l'unanimité.
La journée, soupire Zoé, mais pas la nuit. Ce soupir, là, Marek ne l'aime pas, mais alors, pas du tout. Il ne connaît pas Zoé depuis longtemps, mais il sait qu'il vient se pelotonner dans ses idées les plus noires. Jusque-là, Marek avait su lui botter le cul à chaque fois. Pas de raison qu'il n'y arrive pas encore aujourd'hui. Il étend le bras et attrape la bonne bouteille apportée par Elton John ce matin. Autant le dire, Zoé et lui ne sont pas d'accord là-dessus. Autant raconter exactement ce qui s'est passé, pour que chacun puisse se faire son avis. Ils étaient bien réveillés et parfaitement à jeûn (croix de bois croix de fer) et parlaient de se faire un café sur le Butagaz. Juste à ce moment là, une immense voiture noire se gare devant chez eux. Vous pouvez bien rire, mais du panneau sens interdit jusqu'à l'horodateur, il n'y a aucune discussion possible, c'est leur domaine privé, où ils vous accordent dans leur grande magnanimité un droit de passage.
Donc, le paquebot noir stationne. Tout de suite, Marek pense à Michael Jackson ou Elton John. Mais comment le savoir ? Les vitres ne sont pas fumées, elles sont aussi noires que le carrosse. A l'intérieur, c'est sûr, on avait envie d'être caché comme au fond de la nuit. Une porte s'ouvre à l'arrière. S'entr'ouvre, si on veut être précis. Et puis des sacs apparaissent posés à la va-vite, presque jetés. Le seul indice qu'il reste à Zoé et son pote, ce sont ces espèces d'ailes de papillon qui tenaient les sacs et qui les lâchaient sur le macadam. De petites mains d'elfes ou de farfadets a dit Zoé. Elton John, a affirmé péremptoirement Marek. J'ai reconnu les mains. Fines. Aériennes. Tout ça parce qu'il est amoureux depuis toujours d'Eltonjon, pensa Zoé. Tout ça parce qu'elle adore les histoires de lutin, se dit de son côté Marek.
Ce matin encore, d'ailleurs, elle allait encore bien, la Zoé. Alors que là, il fallait faire attention au deuxième soupir. Celui qui fait carrément un nid dans sa tête. Et ce qui en sort n'est pas un joli rossignol, Marek le sait très bien. Et c'est à cet instant que Marek le sent, le beau coup de pied au derrière. Il demande à Zoé de regarder juste en dessous de la lumière. Que voit-elle ? Un panneau, bien sûr, elle n'est quand même pas ronde comme une queue de pelle. Mais la destination, elle la connaît ? Elle dit un monument, un parc, un hôtel, un cimetière… Et Marek se marre en faisant tourner son bras, comme si elle pouvait toujours aligner les destinations, elle n'avait aucune chance de trouver. Toute cette énumération lui avait donné la bouche sèche, alors elle reprit un peu de ce nectar des farfadets. Elixir d'Elton, contredit Marek. Mais ça ne lui donne pas la réponse alors elle attend. Tombouctou. Quoi, Tombouctou ? demande Zoé. Et bien c'est marqué, là, sur le panneau. Tombouctou, avec les bornes qu'il faut se taper, combien, tu parles s'il s'en souvenait, en tout cas combien pour quitter ces pavés merdiques, ce clown en fer-blanc, et avoir sous les petons la douceur du sable. Et à part le sable, demande Zoé. Des palmiers, bien sûr, avec des dattes et des abricots gros comme ma main, charnus, mais charnus à souhait. Des pastèques, mon dieu, tu passes le fil au travers de leur écorce verte et, par magie, le vert disparaît et fait place au rouge, un rouge éclatant que tes dents blanches ont envie de rencontrer sans plus attendre. Et puis ? demande Zoé, qui vient de fermer les yeux. Et puis, forcément, un prince nubien arrive pour faire son marché, un petit cabas à la main et là… Et là ? précipite la voix de Zoé. Et bien toutes les femmes cherchent le moyen de lui plaire. Les cous se parent des plus beaux colliers. Le khôl se prépare dix fois plus qu'à l'habitude. Les robes les plus chamarrées sont sorties des coffres.
Bon sang, il se demande ce qu'il va faire du prince, maintenant. Marek est à court. La page blanche. Et Zoé qui le secoue, qui le presse de continuer. Autant y aller, dit Marek, comme ça tu feras partie des prétendantes. Mais Zoé boude, maintenant, parce qu'il a rompu le fil magique. Mais Marek n'a rien rompu, rien. Il explique à Zoé, tu verras, il va t'envoyer dans une minute ou deux un de ses magnifiques lévriers. Un lévrier extraordinaire, bien sûr, tu t'en doutes. Il te conduira à lui. Tiens, un homme vient de passer l'air pressé. Rien à voir avec l'émissaire du prince, se dit Zoé. Mais soudain, elle se retourne. Une petite chose vient de lui mouiller le bras. Une langue. Un chien. Il vient de la lécher. Un lévrier. Un magnifique Afghan. Il continue sa route. Zoé regarde Marek hébétée. Marek lui fait un geste. Et Zoé se lève, tremblante, suit le chien, court éperdue derrière lui.
21 h 30, songe Marek en secouant la tête. Réglée comme du papier à musique, la vie de ce gars-là.
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PHOTO B
VOIR TOMBOUCTOU...
Commence à les faire chier, ce lampadaire toussotant. Zoé, surtout, parce qu'en même temps, elle ne peut s'empêcher de le regarder. Marek peut se moquer, elle s'en fout. Il dit que c'est facile de fermer les yeux ou de regarder ailleurs. Mais Zoé n'est pas d'accord, elle dit que la rue est déserte, que l'air est étouffant, qu'il ne se passe rien, rien, à part cette loupiote malade, qui leur fait de l'œil. Et justement, ça la console, la Zoé, de voir que des plus costauds qu'eux supportent encore plus mal cette chienne de vie. Faut dire que la pluie doit lui rouiller les os toute l'année à ce pauvre réverbère, alors qu'ils ont depuis trois mois des tôles flambant neuves, sans compter les nouveaux cartons que Marek a dégoté cet après-midi, bien rembourrés, et la bonne bouffe que des types ont déposée en passant ce matin. Au point où la journée a été classée quatre étoiles à l'unanimité.
La journée, soupire Zoé, mais pas la nuit. Ce soupir, là, Marek ne l'aime pas, mais alors, pas du tout. Il ne connaît pas Zoé depuis longtemps, mais il sait qu'il vient se pelotonner dans ses idées les plus noires. Jusque-là, Marek avait su lui botter le cul à chaque fois. Pas de raison qu'il n'y arrive pas encore aujourd'hui. Il étend le bras et attrape la bonne bouteille apportée par Elton John ce matin. Autant le dire, Zoé et lui ne sont pas d'accord là-dessus. Autant raconter exactement ce qui s'est passé, pour que chacun puisse se faire son avis. Ils étaient bien réveillés et parfaitement à jeûn (croix de bois croix de fer) et parlaient de se faire un café sur le Butagaz. Juste à ce moment là, une immense voiture noire se gare devant chez eux. Vous pouvez bien rire, mais du panneau sens interdit jusqu'à l'horodateur, il n'y a aucune discussion possible, c'est leur domaine privé, où ils vous accordent dans leur grande magnanimité un droit de passage.
Donc, le paquebot noir stationne. Tout de suite, Marek pense à Michael Jackson ou Elton John. Mais comment le savoir ? Les vitres ne sont pas fumées, elles sont aussi noires que le carrosse. A l'intérieur, c'est sûr, on avait envie d'être caché comme au fond de la nuit. Une porte s'ouvre à l'arrière. S'entr'ouvre, si on veut être précis. Et puis des sacs apparaissent posés à la va-vite, presque jetés. Le seul indice qu'il reste à Zoé et son pote, ce sont ces espèces d'ailes de papillon qui tenaient les sacs et qui les lâchaient sur le macadam. De petites mains d'elfes ou de farfadets a dit Zoé. Elton John, a affirmé péremptoirement Marek. J'ai reconnu les mains. Fines. Aériennes. Tout ça parce qu'il est amoureux depuis toujours d'Eltonjon, pensa Zoé. Tout ça parce qu'elle adore les histoires de lutin, se dit de son côté Marek.
Ce matin encore, d'ailleurs, elle allait encore bien, la Zoé. Alors que là, il fallait faire attention au deuxième soupir. Celui qui fait carrément un nid dans sa tête. Et ce qui en sort n'est pas un joli rossignol, Marek le sait très bien. Et c'est à cet instant que Marek le sent, le beau coup de pied au derrière. Il demande à Zoé de regarder juste en dessous de la lumière. Que voit-elle ? Un panneau, bien sûr, elle n'est quand même pas ronde comme une queue de pelle. Mais la destination, elle la connaît ? Elle dit un monument, un parc, un hôtel, un cimetière… Et Marek se marre en faisant tourner son bras, comme si elle pouvait toujours aligner les destinations, elle n'avait aucune chance de trouver. Toute cette énumération lui avait donné la bouche sèche, alors elle reprit un peu de ce nectar des farfadets. Elixir d'Elton, contredit Marek. Mais ça ne lui donne pas la réponse alors elle attend. Tombouctou. Quoi, Tombouctou ? demande Zoé. Et bien c'est marqué, là, sur le panneau. Tombouctou, avec les bornes qu'il faut se taper, combien, tu parles s'il s'en souvenait, en tout cas combien pour quitter ces pavés merdiques, ce clown en fer-blanc, et avoir sous les petons la douceur du sable. Et à part le sable, demande Zoé. Des palmiers, bien sûr, avec des dattes et des abricots gros comme ma main, charnus, mais charnus à souhait. Des pastèques, mon dieu, tu passes le fil au travers de leur écorce verte et, par magie, le vert disparaît et fait place au rouge, un rouge éclatant que tes dents blanches ont envie de rencontrer sans plus attendre. Et puis ? demande Zoé, qui vient de fermer les yeux. Et puis, forcément, un prince nubien arrive pour faire son marché, un petit cabas à la main et là… Et là ? précipite la voix de Zoé. Et bien toutes les femmes cherchent le moyen de lui plaire. Les cous se parent des plus beaux colliers. Le khôl se prépare dix fois plus qu'à l'habitude. Les robes les plus chamarrées sont sorties des coffres.
Bon sang, il se demande ce qu'il va faire du prince, maintenant. Marek est à court. La page blanche. Et Zoé qui le secoue, qui le presse de continuer. Autant y aller, dit Marek, comme ça tu feras partie des prétendantes. Mais Zoé boude, maintenant, parce qu'il a rompu le fil magique. Mais Marek n'a rien rompu, rien. Il explique à Zoé, tu verras, il va t'envoyer dans une minute ou deux un de ses magnifiques lévriers. Un lévrier extraordinaire, bien sûr, tu t'en doutes. Il te conduira à lui. Tiens, un homme vient de passer l'air pressé. Rien à voir avec l'émissaire du prince, se dit Zoé. Mais soudain, elle se retourne. Une petite chose vient de lui mouiller le bras. Une langue. Un chien. Il vient de la lécher. Un lévrier. Un magnifique Afghan. Il continue sa route. Zoé regarde Marek hébétée. Marek lui fait un geste. Et Zoé se lève, tremblante, suit le chien, court éperdue derrière lui.
21 h 30, songe Marek en secouant la tête. Réglée comme du papier à musique, la vie de ce gars-là.
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Pour te donner un exemple de la manière de commenter tous les textes en un seul message, regarde ICI Woody
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Merci, Sahkti. Mais je pense que je vais commenter demain soir. :-)
Woody- Nombre de messages : 57
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Date d'inscription : 24/05/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
ANTOINE: Plutôt sombre, lyrique aussi; un texte plein d'emphase qui sonne très théâtral et décrit dramatiquement le portrait d'une femme désabusée, qui m'a touchée.
WOODY: Hahahahaha! J'ai bien aimé ton texte, qui se lit facilement, avec fluidité. La chute est bien trouvée, tout s'enchaîne. Tu arrives à bien décrire la tension qui s'empare du pauvres gars apeuré.
HALICANTE: Rigadelle à la poubelle :-) Bien vu le coup du je t'aime éludé, bien joué! Ton personnage est rès présent, c'est bien, on a envie de faire un bout de chemin avec lui. L'histoire est chouette aussi, même si elle se précipite un peu sur la faim quand il lui donne une place dans l'étable un peu trop facilement.
PENNY: Quelques fautes de conjugaison et des tournures maladroites. posté sans doute un peu vite, oui. Une histoire sombre et triste avec un personnage qu'on a envie d'accompagner jusqu'au bout.
PRESQU'ILE: Bien tourné, avec quelques traits caricturaux comme les baobabs nains ou la planque derrière le lampadaire maigrelet. C'est très visuel tout ça je trouve, et j'ai aimé te lire. La fin est également surprenante.
APOUTSIAK: Ha ha! Super apou, j'ai beaucoup aimé ton histoire! Tes deux personnages sont palpables, ils prennent toute la place et c'est réussi. La fin est belle, elle me plaît bien :-) Et puis Elton John, je ne sais pas rop pourquoi, mais ça m'a fait sourire de l'imaginer là-dedans.
Bon, là, faut vraiment que je termine un dossier. Je lirai les derniers textes (à venir) demain. Merci et belle nuit!
WOODY: Hahahahaha! J'ai bien aimé ton texte, qui se lit facilement, avec fluidité. La chute est bien trouvée, tout s'enchaîne. Tu arrives à bien décrire la tension qui s'empare du pauvres gars apeuré.
HALICANTE: Rigadelle à la poubelle :-) Bien vu le coup du je t'aime éludé, bien joué! Ton personnage est rès présent, c'est bien, on a envie de faire un bout de chemin avec lui. L'histoire est chouette aussi, même si elle se précipite un peu sur la faim quand il lui donne une place dans l'étable un peu trop facilement.
PENNY: Quelques fautes de conjugaison et des tournures maladroites. posté sans doute un peu vite, oui. Une histoire sombre et triste avec un personnage qu'on a envie d'accompagner jusqu'au bout.
PRESQU'ILE: Bien tourné, avec quelques traits caricturaux comme les baobabs nains ou la planque derrière le lampadaire maigrelet. C'est très visuel tout ça je trouve, et j'ai aimé te lire. La fin est également surprenante.
APOUTSIAK: Ha ha! Super apou, j'ai beaucoup aimé ton histoire! Tes deux personnages sont palpables, ils prennent toute la place et c'est réussi. La fin est belle, elle me plaît bien :-) Et puis Elton John, je ne sais pas rop pourquoi, mais ça m'a fait sourire de l'imaginer là-dedans.
Bon, là, faut vraiment que je termine un dossier. Je lirai les derniers textes (à venir) demain. Merci et belle nuit!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Sahkti, j’aime bien le ton : ça commence comme un film de gangster et ça finit au lit sans manger…
Antoine, ton texte est « vivant ». Beaucoup de morts, certes, mais l’énergie qui se dégage de l’ensemble est impressionnante. Quelques maladresses à mon avis sur la fin, mais ça reste une très belle scène de carnage…
Woody, j’aime beaucoup. La chute est très drôle !
Halicante, le passage de la chanson est très réussi… on s’y croirait… pitié, pas lara !!!
Penny, très joli, et émouvant, sans « gnagnan ».
Et mention spéciale à apoutsiak. Très beau texte, très humain.
Voilà, je crois n'avoir oublié personne... j'ai laissé tomber le "style" pour ce soir, mais je repasserai !
Antoine, ton texte est « vivant ». Beaucoup de morts, certes, mais l’énergie qui se dégage de l’ensemble est impressionnante. Quelques maladresses à mon avis sur la fin, mais ça reste une très belle scène de carnage…
Woody, j’aime beaucoup. La chute est très drôle !
Halicante, le passage de la chanson est très réussi… on s’y croirait… pitié, pas lara !!!
Penny, très joli, et émouvant, sans « gnagnan ».
Et mention spéciale à apoutsiak. Très beau texte, très humain.
Voilà, je crois n'avoir oublié personne... j'ai laissé tomber le "style" pour ce soir, mais je repasserai !
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Bon, l'expérience de la reconnaissance vocale n'est pas au point. Je corrige et le poste.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Le Chien
Ca se passait en janvier 1938. A Montmartre. Le soir, comme dit la chanson de Bruant. Entre nous ça se passait toujours à Montmartre. Et le soir, quand c’était pas la nuit. Ou même au petit jour, quand on aime on compte pas les heures. On était quatre. Comme les trois mousquetaires. Y avait Pablo, Jacquot, et Gyulà. Et moi, Sàndor. Tout le monde admire Pablo, Jacquot et Gyulà. Personne ne me connaît, moi. Et pourtant je suis le seul des quatre à être encore en vie. Seulement moi on ne bave pas de béatitude devant mes toiles dans les musées de toute la planète, les petits écoliers ne récitent pas mes poèmes avec des étoiles dans les yeux, et personne ne rêve sur mes clichés d’un Paris qui n’existe plus, ou dans les rêves des amoureux mais ça c’est une autre histoire. C’est comme ça, faut choisir : être immortel ou vivre.
C’est Gyulà qui a pris la photo de l’escalier. Normal, il se levait avec son Leïca scotché au cou et se pieutait avec. Entre les deux il arrêtait pas de cliquer. Ne se mettait en pause que le temps de s’en jeter un, et faut dire qu’il levait le coude plus vite que l’obturateur à rideaux de son Leïca. Jacquot ne crachait pas dans son godet non plus, entre un blasphème contre les curetons et une ode à la lune qui fait risette aux amoureux. Pablo n’ouvrait que rarement la bouche – les peintres causent avec leurs brosses – mais ça l’empêchait pas de picoler. Quant à moi, j’avais beau n’avoir que dix-sept piges, j’avais poussé entre la rue Lepic et la Place du Tertre, les panards sur le paveton, la tronche dans les étoiles, et le cul plus souvent qu’à mon tour dans le ruisseau.
On cherchait fortune autour du Chat Noir. Toujours comme dans la chanson. La fortune, les trois autres l’avaient déjà trouvée. Pablo sur sa palette enchantée, le Jacquot dans la forêt de mots qu’il débroussaillait à grands coups de serpe d’or, et Gyulà dans l’œil de verre de son boîtier allemand. Moi je cavalais après trois francs six sous, et c’était plus souvent six sous que trois francs, et ils cavalaient quand même plus vite que moi, mais ces trois là m’avaient à la bonne. Peut-être parce que mes vieux venaient de Brasov comme Gyulà, ou bien que je jactais l’argot aussi naturellement que Jacquot, ou peut-être parce que Pablo me voyait en clown bleu quand je jonglais avec mes oranges. Ou alors c’était à cause du chien. Un petit clébard sans nom des rues sans race – ou l’inverse – plus malin que sapajou, plus famélique que rat du désert, plus vif que bille de mercure, et que je traînais à mes basques élimées depuis que j’avais eu la mauvaise idée de lui balancer la moitié du casse-dalle au sifflard que j’avais pu me payer en jonglant deux heures Place du Tertre. Depuis il me lâchait plus d’un coussinet. Pas folle la guêpe.
Faut qu’on lui refile un blase, à ton toutou, avait braillé Jacquot, dont la discrétion n’était pas le travers majeur. Seguro que si, avait surenchéri Pablo avec l’accent catalan. Quant à Gyulà, il n’a rien dit, mais il lui a tiré le portrait et l’a baptisé le Chien. Adopté, ont approuvé les deux autres, et moi itou. Le Chien je trouvais que ça lui allait comme un gant, comme le bleu à la peinture de Pablo, la sanguine au lyrisme de Jacquot et le noir et blanc aux photos de Gyulà. Depuis, le Chien mangeait mieux, et moi aussi.
Ce soir là, on n’avait pas trouvé ce qu’on voulait autour du Chat Noir, alors on a dévalé les escaliers de la Butte, si durs aux miséreux mais si doux aux amoureux, aux poètes et aux matous en goguette, pour dénicher la fortune à Montparnasse, à Saint-Germain-des-Prés ou aux Halles, enfin que sais-je, en bas. Les réverbères fumaient sous la lune d’hiver, les platanes tendaient leurs membres dénudés vers elle, et la brume qui s’élevait du pavé mouillé enveloppait toute chose d’un linceul cotonneux. Le Chien courait, nous courions à ses trousses, et tout paraissait beau, calme et éternel. Pablo en aurait brossé un tableau à faire sangloter un huissier, Jacquot aurait pu en écrire un poème beau comme une nuit sans meurtre et Gyulà y cadrer la photo de sa vie. Et puis le Chien s’est tiré. Comme ça. Une chienne rouquine, diablesse au poil de fournaise, plus efflanquée et frénétique que lui, a giclé entre les arbres, et il l’a suivi sans même lui dire je t’aime. Les chiens n’ont pas nos manières.
Et puis Pablo a regagné son atelier dont s’envolaient des anges des colombes et des minotaures, Jacquot a retrouvé les studios de cinéma où il insufflait de l’esprit aux clochards et aux assassins, et Gyulà s’est enfermé dans la chambre noire d’où sourdait sa lumière. Quand à moi, j’ai jonglé ma vie assez longtemps pour leur survivre et vous raconter tout ça.
Picasso
Prévert
Brassaï
Le Chien
Et Sàndor.
Ca se passait en janvier 1938. A Montmartre. Le soir, comme dit la chanson de Bruant. Entre nous ça se passait toujours à Montmartre. Et le soir, quand c’était pas la nuit. Ou même au petit jour, quand on aime on compte pas les heures. On était quatre. Comme les trois mousquetaires. Y avait Pablo, Jacquot, et Gyulà. Et moi, Sàndor. Tout le monde admire Pablo, Jacquot et Gyulà. Personne ne me connaît, moi. Et pourtant je suis le seul des quatre à être encore en vie. Seulement moi on ne bave pas de béatitude devant mes toiles dans les musées de toute la planète, les petits écoliers ne récitent pas mes poèmes avec des étoiles dans les yeux, et personne ne rêve sur mes clichés d’un Paris qui n’existe plus, ou dans les rêves des amoureux mais ça c’est une autre histoire. C’est comme ça, faut choisir : être immortel ou vivre.
C’est Gyulà qui a pris la photo de l’escalier. Normal, il se levait avec son Leïca scotché au cou et se pieutait avec. Entre les deux il arrêtait pas de cliquer. Ne se mettait en pause que le temps de s’en jeter un, et faut dire qu’il levait le coude plus vite que l’obturateur à rideaux de son Leïca. Jacquot ne crachait pas dans son godet non plus, entre un blasphème contre les curetons et une ode à la lune qui fait risette aux amoureux. Pablo n’ouvrait que rarement la bouche – les peintres causent avec leurs brosses – mais ça l’empêchait pas de picoler. Quant à moi, j’avais beau n’avoir que dix-sept piges, j’avais poussé entre la rue Lepic et la Place du Tertre, les panards sur le paveton, la tronche dans les étoiles, et le cul plus souvent qu’à mon tour dans le ruisseau.
On cherchait fortune autour du Chat Noir. Toujours comme dans la chanson. La fortune, les trois autres l’avaient déjà trouvée. Pablo sur sa palette enchantée, le Jacquot dans la forêt de mots qu’il débroussaillait à grands coups de serpe d’or, et Gyulà dans l’œil de verre de son boîtier allemand. Moi je cavalais après trois francs six sous, et c’était plus souvent six sous que trois francs, et ils cavalaient quand même plus vite que moi, mais ces trois là m’avaient à la bonne. Peut-être parce que mes vieux venaient de Brasov comme Gyulà, ou bien que je jactais l’argot aussi naturellement que Jacquot, ou peut-être parce que Pablo me voyait en clown bleu quand je jonglais avec mes oranges. Ou alors c’était à cause du chien. Un petit clébard sans nom des rues sans race – ou l’inverse – plus malin que sapajou, plus famélique que rat du désert, plus vif que bille de mercure, et que je traînais à mes basques élimées depuis que j’avais eu la mauvaise idée de lui balancer la moitié du casse-dalle au sifflard que j’avais pu me payer en jonglant deux heures Place du Tertre. Depuis il me lâchait plus d’un coussinet. Pas folle la guêpe.
Faut qu’on lui refile un blase, à ton toutou, avait braillé Jacquot, dont la discrétion n’était pas le travers majeur. Seguro que si, avait surenchéri Pablo avec l’accent catalan. Quant à Gyulà, il n’a rien dit, mais il lui a tiré le portrait et l’a baptisé le Chien. Adopté, ont approuvé les deux autres, et moi itou. Le Chien je trouvais que ça lui allait comme un gant, comme le bleu à la peinture de Pablo, la sanguine au lyrisme de Jacquot et le noir et blanc aux photos de Gyulà. Depuis, le Chien mangeait mieux, et moi aussi.
Ce soir là, on n’avait pas trouvé ce qu’on voulait autour du Chat Noir, alors on a dévalé les escaliers de la Butte, si durs aux miséreux mais si doux aux amoureux, aux poètes et aux matous en goguette, pour dénicher la fortune à Montparnasse, à Saint-Germain-des-Prés ou aux Halles, enfin que sais-je, en bas. Les réverbères fumaient sous la lune d’hiver, les platanes tendaient leurs membres dénudés vers elle, et la brume qui s’élevait du pavé mouillé enveloppait toute chose d’un linceul cotonneux. Le Chien courait, nous courions à ses trousses, et tout paraissait beau, calme et éternel. Pablo en aurait brossé un tableau à faire sangloter un huissier, Jacquot aurait pu en écrire un poème beau comme une nuit sans meurtre et Gyulà y cadrer la photo de sa vie. Et puis le Chien s’est tiré. Comme ça. Une chienne rouquine, diablesse au poil de fournaise, plus efflanquée et frénétique que lui, a giclé entre les arbres, et il l’a suivi sans même lui dire je t’aime. Les chiens n’ont pas nos manières.
Et puis Pablo a regagné son atelier dont s’envolaient des anges des colombes et des minotaures, Jacquot a retrouvé les studios de cinéma où il insufflait de l’esprit aux clochards et aux assassins, et Gyulà s’est enfermé dans la chambre noire d’où sourdait sa lumière. Quand à moi, j’ai jonglé ma vie assez longtemps pour leur survivre et vous raconter tout ça.
Picasso
Prévert
Brassaï
Le Chien
Et Sàndor.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Bon, comme d'hab, je suis à la bourre. Mille pardons.
J'ai déjà survolé vos contributions d'une aile légèrement vacillante. Bravo à tous et spécialement aux nouveaux qui ont bien du courage de plancher jusqu'à point d'heure pour une première fois.
Je commenterai dès demain. Sans faute. Enfin j'espère.
Grazie a tutti...
J'ai déjà survolé vos contributions d'une aile légèrement vacillante. Bravo à tous et spécialement aux nouveaux qui ont bien du courage de plancher jusqu'à point d'heure pour une première fois.
Je commenterai dès demain. Sans faute. Enfin j'espère.
Grazie a tutti...
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Photo C avec Maurice
. . . . . Si les tourments sont violents, ils restent courts. Les longs ne sont pas assez douloureux à l’arrivée. Nous en voyons l’exemple dans l’antiquité. De ceux-ci, sans y penser, nous ne retenons pas traces de cette barbarie. Ce qui est au-delà de la mort simple, nous semble pure cruauté. Celui que la crainte de mourir est d’être décapité, ou pendu, ou assassiné se gardera de faillir. En soi empêchée par l’imagination d’affolants supplices, ou de tenaille, ou de la roue, ou des suppliques commandées par la douleur des maux de la souffrance, l’homme craint ces instants comme peste rebelle. Et je ne sais cependant si, ne jetant pas des espoirs dans le caniveau, nous n' alimenterions les bas fonds de nos regrets éternels.
. . . . . La place était vide. Dimanche après-midi. Ce jour de gris conduisit les solitaires jusqu’aux chaises abandonnées. Une fin d’été, ressemblant au silence. La pluie ploc claquait les flaques floc. Dressées comme barricades sommaires, les branches tortueuses, prenaient au piège dans les cimes, nos paroles, reflet de vie gonflée d 'envie.
. . . . . J’admirai la fidélité des ombres. Plates et basses, elles épousaient hélas, la finitude liée à leurs limites attentives.
. . . . . Me voici bête et nu, face à elle, belle émue.
. . . . . — Maurice, je suis enceinte.
. . . . . Et l’eau coule entre mes pieds, après avoir ruisselé sur nos visages.
. . . . . — C’est moi le père ?
. . . . . Les hommes ne s’enflent que de vent.
. . . . . — Certaine.
. . . . . Le temps ne laisse rien à l’oubli. Sans lui rien . . . . . ne se possède
. . . . . — Je vais me faire avorter.
. . . . . Ceux qui promettent de nous tenir le corps en santé, nous promettent beaucoup. Cette âme confiée à la mort choisira de vivre dans une suivante demeure.
Le sombre convient au choc des émotions.
. . . . . Nos envolées furent lyriques, leurs retombées pathétiques. Mes espoirs flottèrent où l’eau s’enfuyait.
J'eus beau tirer arrière, de reculer n’y fit rien. Passèrent ensemble une heure puis deux. Les mois rejoignirent les années.
. . . . . Et me voilà, revenu sur le pavé. Inscris dans la mouvance de ce qui fut, surgissent, entiers, les mouvements aimés.
Mouvements émouvants
Mouvements nous aimons devant nous
et nous en souvenons nous ?
et nous en souvenons nous ?
. . . . . Si les tourments sont violents, ils restent courts. Les longs ne sont pas assez douloureux à l’arrivée. Nous en voyons l’exemple dans l’antiquité. De ceux-ci, sans y penser, nous ne retenons pas traces de cette barbarie. Ce qui est au-delà de la mort simple, nous semble pure cruauté. Celui que la crainte de mourir est d’être décapité, ou pendu, ou assassiné se gardera de faillir. En soi empêchée par l’imagination d’affolants supplices, ou de tenaille, ou de la roue, ou des suppliques commandées par la douleur des maux de la souffrance, l’homme craint ces instants comme peste rebelle. Et je ne sais cependant si, ne jetant pas des espoirs dans le caniveau, nous n' alimenterions les bas fonds de nos regrets éternels.
. . . . . La place était vide. Dimanche après-midi. Ce jour de gris conduisit les solitaires jusqu’aux chaises abandonnées. Une fin d’été, ressemblant au silence. La pluie ploc claquait les flaques floc. Dressées comme barricades sommaires, les branches tortueuses, prenaient au piège dans les cimes, nos paroles, reflet de vie gonflée d 'envie.
. . . . . J’admirai la fidélité des ombres. Plates et basses, elles épousaient hélas, la finitude liée à leurs limites attentives.
. . . . . Me voici bête et nu, face à elle, belle émue.
. . . . . — Maurice, je suis enceinte.
. . . . . Et l’eau coule entre mes pieds, après avoir ruisselé sur nos visages.
. . . . . — C’est moi le père ?
. . . . . Les hommes ne s’enflent que de vent.
. . . . . — Certaine.
. . . . . Le temps ne laisse rien à l’oubli. Sans lui rien . . . . . ne se possède
. . . . . — Je vais me faire avorter.
. . . . . Ceux qui promettent de nous tenir le corps en santé, nous promettent beaucoup. Cette âme confiée à la mort choisira de vivre dans une suivante demeure.
Le sombre convient au choc des émotions.
Le tour de nous, rapproche nos êtres aimants.
Est-ce supplice de craindre longtemps, chose de si bref instant ?
Passion se passe de raison.
Délit de lit, nous lie.
L'élue loin, mon lien lâche.
Est-ce supplice de craindre longtemps, chose de si bref instant ?
Passion se passe de raison.
Délit de lit, nous lie.
L'élue loin, mon lien lâche.
. . . . . Nos envolées furent lyriques, leurs retombées pathétiques. Mes espoirs flottèrent où l’eau s’enfuyait.
J'eus beau tirer arrière, de reculer n’y fit rien. Passèrent ensemble une heure puis deux. Les mois rejoignirent les années.
. . . . . Et me voilà, revenu sur le pavé. Inscris dans la mouvance de ce qui fut, surgissent, entiers, les mouvements aimés.
Aujourd'hui, la place est bien pleine.
Le soleil promet de briller cette nuit.
Le soleil promet de briller cette nuit.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Bon, moi je triche un peu, pour les commentaires, puisque j'ai pu les faire directement après l'exercice, vu le décalage. J'ai peut-être fait un peu long...
Sahkti :
J’ai beaucoup aimé, j’ai eu l’impression de voir le film qui se déroulait sous mes yeux, les deux gamins qui se donnent rendez-vous et qui imaginent chacun que l’autre a pu y être, et cette dernière phrase : « La journée du lendemain, à l'école, promettait d'être intéressante… », phrase pleine de promesses… si j’osais, je demanderais la suite !
Antoine Surin :
J’ai aimé la poésie, la description de l’escalier comme un corps, certaines images ("la foule qui s’amasse tel un hymen rétif, imprenable »), mais, avec l’apparition de « l’acteur », j’étais un peu perdue, avant de comprendre que c’est Lucrèce qui lance des grenades sur les gens qui fêtent la fin de la guerre. Un texte violent, impitoyable, mais une telle poésie !
Woody :
L’histoire du jeune homme qui vient de se soigner de sa peur du noir et qui se promène dans cette rue mal éclairée nous tient en haleine - on sait qu'il va se passer quelque chose, et ça ne rate pas - j'imagine bien Arsène courir comme un dératé à la vue du chat !
Penny :
Certaines associations d’idées me plaisent (« Enterrement, fleurs, éternuement »), certaines images aussi (le parallèle entre les lèvres rouge sang et le sang rouge sur les mouchoirs blancs, « sa mère, amie des vers »), j’aime bien la fin (cet homme seul avachi par terre serrant un chat contre lui), mais j'ai trouvé que ça manquait d’action, et qu’il y a peut-être un peu trop de rimes.
Presqu’ile :
J’aime bien l’analogie entre la porte et Marcel (« une simple porte de bois clair, un peu vieillie au demeurant, comme l’étaient sans doute ses yeux moins brillants, son crâne dégarni, ses espoirs déçus ») et la description de l’état d’esprit du personnage (« le temps où il était vivant. Encore un peu vivant »). Le mystérieux « projet » de l’oncle et l’attente de Marcel devant cette porte donnent envie de lire la suite. Les contraintes de l'exercice donnent des éléments amusants, car on se retrouve souvent avec des choses incongrues à caser (« l’idée saugrenue de planter des baobabs miniatures dans une rue aussi étroite »). Les animaux qui surgissent de nulle part, j’ai trouvé ça hilarant, mais on n'aura pas l'explication de leur présence, dommage. J'aime beaucoup la dernière phrase ("Mon oncle, un fameux bricoleur, faisait en amateur des bombes atomiques »).
Apoutsiak :
J’ai beaucoup aimé les personnages, leur complicité (« Tout ça parce qu'il est amoureux depuis toujours d'Eltonjon, pensa Zoé. Tout ça parce qu'elle adore les histoires de lutin, se dit de son côté Marek. »). Je les ai trouvés attachants, l'histoire que Marek invente pour Zoé, la fin inattendue... J’aime le ton, le style, tout ! (« Il ne connaît pas Zoé depuis longtemps, mais il sait qu'il vient se pelotonner dans ses idées les plus noires. », « …il fallait faire attention au deuxième soupir. Celui qui fait carrément un nid dans sa tête. »)
Gobu :
Là aussi j’adore le ton et le style, la gouaille parisienne (« Depuis il me lâchait plus d’un coussinet. Pas folle la guêpe. », « Faut qu’on lui refile un blase, à ton toutou, avait braillé Jacquot, dont la discrétion n’était pas le travers majeur. »), ça fleure bon les années 30 (même si j’y étais pas), je l’ai lu avec la voix de Gabin en tête, j’ai accroché, suis entrée dans l’histoire, et n’en suis pas encore ressortie !
Bertrand-Môgendre :
Un texte empreint d’une grande tristesse. J’aime le style, la poésie, les sonorités (« Une fin d’été, ressemblant au silence. La pluie ploc claquait les flaques floc. », « Les hommes ne s’enflent que de vent. »). J’ai bien visualisé la scène, les deux personnages qui, bien que proches, semblent si loin l'un de l'autre (« Maurice, je suis enceinte. / Et l’eau coule entre mes pieds, après avoir ruisselé sur nos visages. »), le contraste entre les répliques et le lyrisme, la « chute » (« Je vais me faire avorter ») qui nous fait retomber durement après l’annonce de la grossesse. Je l’ai lu plusieurs fois, il me laisse l’impression d’une perte irrémédiable à la beauté amère.
Pour terminer, je vous donne mon sentiment sur ce premier exercice :
Je n’ai qu’une envie : recommencer !
Sahkti :
J’ai beaucoup aimé, j’ai eu l’impression de voir le film qui se déroulait sous mes yeux, les deux gamins qui se donnent rendez-vous et qui imaginent chacun que l’autre a pu y être, et cette dernière phrase : « La journée du lendemain, à l'école, promettait d'être intéressante… », phrase pleine de promesses… si j’osais, je demanderais la suite !
Antoine Surin :
J’ai aimé la poésie, la description de l’escalier comme un corps, certaines images ("la foule qui s’amasse tel un hymen rétif, imprenable »), mais, avec l’apparition de « l’acteur », j’étais un peu perdue, avant de comprendre que c’est Lucrèce qui lance des grenades sur les gens qui fêtent la fin de la guerre. Un texte violent, impitoyable, mais une telle poésie !
Woody :
L’histoire du jeune homme qui vient de se soigner de sa peur du noir et qui se promène dans cette rue mal éclairée nous tient en haleine - on sait qu'il va se passer quelque chose, et ça ne rate pas - j'imagine bien Arsène courir comme un dératé à la vue du chat !
Penny :
Certaines associations d’idées me plaisent (« Enterrement, fleurs, éternuement »), certaines images aussi (le parallèle entre les lèvres rouge sang et le sang rouge sur les mouchoirs blancs, « sa mère, amie des vers »), j’aime bien la fin (cet homme seul avachi par terre serrant un chat contre lui), mais j'ai trouvé que ça manquait d’action, et qu’il y a peut-être un peu trop de rimes.
Presqu’ile :
J’aime bien l’analogie entre la porte et Marcel (« une simple porte de bois clair, un peu vieillie au demeurant, comme l’étaient sans doute ses yeux moins brillants, son crâne dégarni, ses espoirs déçus ») et la description de l’état d’esprit du personnage (« le temps où il était vivant. Encore un peu vivant »). Le mystérieux « projet » de l’oncle et l’attente de Marcel devant cette porte donnent envie de lire la suite. Les contraintes de l'exercice donnent des éléments amusants, car on se retrouve souvent avec des choses incongrues à caser (« l’idée saugrenue de planter des baobabs miniatures dans une rue aussi étroite »). Les animaux qui surgissent de nulle part, j’ai trouvé ça hilarant, mais on n'aura pas l'explication de leur présence, dommage. J'aime beaucoup la dernière phrase ("Mon oncle, un fameux bricoleur, faisait en amateur des bombes atomiques »).
Apoutsiak :
J’ai beaucoup aimé les personnages, leur complicité (« Tout ça parce qu'il est amoureux depuis toujours d'Eltonjon, pensa Zoé. Tout ça parce qu'elle adore les histoires de lutin, se dit de son côté Marek. »). Je les ai trouvés attachants, l'histoire que Marek invente pour Zoé, la fin inattendue... J’aime le ton, le style, tout ! (« Il ne connaît pas Zoé depuis longtemps, mais il sait qu'il vient se pelotonner dans ses idées les plus noires. », « …il fallait faire attention au deuxième soupir. Celui qui fait carrément un nid dans sa tête. »)
Gobu :
Là aussi j’adore le ton et le style, la gouaille parisienne (« Depuis il me lâchait plus d’un coussinet. Pas folle la guêpe. », « Faut qu’on lui refile un blase, à ton toutou, avait braillé Jacquot, dont la discrétion n’était pas le travers majeur. »), ça fleure bon les années 30 (même si j’y étais pas), je l’ai lu avec la voix de Gabin en tête, j’ai accroché, suis entrée dans l’histoire, et n’en suis pas encore ressortie !
Bertrand-Môgendre :
Un texte empreint d’une grande tristesse. J’aime le style, la poésie, les sonorités (« Une fin d’été, ressemblant au silence. La pluie ploc claquait les flaques floc. », « Les hommes ne s’enflent que de vent. »). J’ai bien visualisé la scène, les deux personnages qui, bien que proches, semblent si loin l'un de l'autre (« Maurice, je suis enceinte. / Et l’eau coule entre mes pieds, après avoir ruisselé sur nos visages. »), le contraste entre les répliques et le lyrisme, la « chute » (« Je vais me faire avorter ») qui nous fait retomber durement après l’annonce de la grossesse. Je l’ai lu plusieurs fois, il me laisse l’impression d’une perte irrémédiable à la beauté amère.
Pour terminer, je vous donne mon sentiment sur ce premier exercice :
Je n’ai qu’une envie : recommencer !
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Sahkti a écrit :
Photo C
Prénom : Larsen
OK ! Je m'y colle.Ceux qui voudraient se coller à l'exo plus tard, demain ou un autre jour, peuvent le faire si ils le souhaitent.
Photo C
Prénom : Larsen
Et tombe la pluie
Il quitte la place du vieux marché, monte quelques marches, garde la tête obstinément baissée.
La pluie fine mouille le pavé, détrempe les trottoirs. La bruine qui enveloppe la ville a pénétré le cuir souple du blouson et les souliers de daim. Le pantalon colle à ses cuisses, rend sa progression pénible, autant que le souvenir qui ne le quitte pas.
C’est aujourd’hui, voilà ce qu’il pense. C’est maintenant ou jamais. Sa seule chance d’agir. De faire quelque chose, enfin.
La ville pleure pour Larsen.
- Larsen ? C’est pas un nom, ça.
Ces mots revenaient souvent, lorsqu’il se présentait. Sa mère disait que, le jour de son baptême, le curé l’avait oublié.
- Il n’a rien voulu entendre. C’est le bedeau qui s’est chargé de toi.
Elle riait. Tous ceux qui avait eu vent de cette anecdote avaient ri, eux aussi. Larsen s’en moquait, au fond, mais ça ne l’amusait pas. Pas vraiment.
Lili n’avait pas ri. Elle avait le sourire facile pourtant, mais elle n’avait pas ri.
Les bras croisés, le cœur au bord des lèvres, il offre son visage aux gouttes fraîches, presque froides, qu’il sent s’insinuer dans les plis que forment ses paupières pressées, ainsi qu'entre ses lèvres entrouvertes.
Il passe ses mains sur ses joues, ses yeux, sa bouche, son menton. Il laisse ses doigts glisser dans ses cheveux, rejeter les mèches humides, les plaquer sur son crâne douloureux.
Musique.
Il suspend son geste. Figé, les mains en l’air, il tourne la tête vers la cacophonie de notes qui s’élève depuis le parking souterrain qu’il sait se trouver sous ses pieds. Une voix feutrée, presque éteinte, puis une mélodie plus nette, plus précise. La voiture émerge des profondeurs. Percussions, guitares, synthé : « … le monde a les yeux d’Isabella Rossellini… » dit la chanson.
Le monde de Larsen tourne autour des yeux de Lili et il ne tourne pas rond.
Marcher main dans la main, faire s’envoler les pigeons fatigués d’arpenter les trottoirs de la cité pour y quémander trois petits bouts de pain ; marcher tous les deux, voilà ce qu’ils faisaient. Puis, vint la rencontre. Le collègue de Larsen et son regard insistant croisèrent leur route. Politesse formelle oblige, on fit les présentations.
Le regard insistant de Daniel.
Ils se parlaient peu, au travail. Mais Lili était tellement heureuse, alors on avait parlé du mariage. Les traits crispés de Dan. La jeune femme avait dit qu’ils cherchaient un appartement un peu plus spacieux que leur studio. Après le mariage, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Le rire de Lili, puis les yeux de Dan posés sur elle, ses traits crispés. Mais Lili était tellement heureuse…
- J’ai un appart à vous proposer, les tourtereaux.
- Vrai ? Intéressant ?
- Je vais déménager. Je pourrais en parler au proprio. Si ça vous tente. C’est pas un palace mais c’est toujours mieux qu’un studio. Puis, le grand jour approche.
- Et, il est où, cet appartement ?
- Oh ! À deux pas d’ici.
On avait visité. Bien situé. Plutôt spacieux. Le déménagement s’était fait à deux jours du mariage. Seulement, Larsen avait oublié le regard insistant de Daniel.
Il lève les yeux vers les façades des petits immeubles qui entourent la place. Il repère, bien vite, les fenêtres du logement qu’il avait occupé un après-midi et une nuit. Lili était restée un peu plus longtemps, coincée entre les quatre murs de l’habitation.
Il ne peut pas. Les palpitations, les tremblements sont là. Il étouffe.
Les pigeons le regardent de leurs yeux ronds, les badauds y vont de leurs coups d’œil en coulisse. Il doit avoir l’air de ce qu’il est : misérable.
Travelling avant.
Il fend la foule de parapluies sombres, glisse lentement, corps en apesanteur happé par le souvenir douloureux de ce soir où il a tout perdu.
Lili devait rester seule le lendemain de l’emménagement. Il y avait les cartons, les vêtements, les bibelots, les petits riens éparpillés aux quatre coins de l’appartement. Il fallait ranger, faire place nette.
Larsen avait passé sa journée à sourire dans son bleu de travail. Il avait empaqueté les sacs d’engrais qui défilaient à la chaîne, se souciant peu des menaces de fermeture de l’usine. On aurait toujours le temps de voir venir, puis sa formation en informatique touchait à sa fin et il comptait bien briguer le poste prochainement vaquant de pupitreur. Ce serait toujours mieux que d’inhaler les vapeurs toxiques de la poudre volatile qui passait outre la barrière protectrice des masques que les gars portaient dans l’atelier. Son pote Rico lui battait froid, ces derniers temps. Il avait dit que Larsen voulait péter plus haut que son cul mais Larsen s’en foutait. Il voulait mieux, pour Lili. Juste pour elle.
Il était rentré un peu plus tard que d’habitude, d’une petite demi-heure, pas plus. Le trajet était plus long que pour leur ancien logement. Il avait ouvert la porte, l’avait refermée, avait senti une peur terrible, fulgurante, l’envahir comme il laissait glisser sa main sur la poignée de laiton.
Il s’était déplacé, lentement, à travers les pièces, avait senti une main de fer lui broyer le cœur et les entrailles à mesure qu’il progressait. Il avait vu l’inacceptable.
Là, sous la pluie, il attend la venue de Daniel. Il sait, par un ancien de la boîte où il travaillait, que le bonhomme a prévu de venir faire un pèlerinage près de la place, aujourd’hui. Le collègue a dit que ce n’était sans doute pas bien de lui donner les moyens de se venger mais il n’avait pas supporté d’entendre l’autre se confier à lui. C’était pas une confession, qu’il avait dit, ce type se vantait. Il avait beau avoir picolé, il ne regrettait rien. « Et si c’était à refaire… », avait dit Dan.
Maintenant, Larsen savait. Le type de l’usine avait répété mot pour mot ce que lui avait confié Dan. Mot pour mot. Larsen refoule la nausée qui guette. Un peu plus loin sur la place, une silhouette légèrement empâtée se dirige vers l’immeuble. C’est lui. Il est donc venu, le salaud.
Le regard insistant de Daniel.
Il avait déménagé pour cette raison et, seulement, pour ça. Retors, il avait fait faire un double de la clé. Il avait attendu. Un peu. Le moins possible. Il avait dit : Lili. À l’audience aussi, c’était ce qu’il avait dit.
Elle était belle, Lili. Il la voulait.
Quand elle l’avait vu pénétrer dans l’intimité de l’appartement, elle avait pris peur. Il avait fallu qu’il la calme, Lili. C’est qu’elle criait. Quelques gifles, rien de plus. Elle était tombée. Le reste, tout le monde le connaissait. Ça avait fait la une de la presse locale. On en avait même parlé à la radio et à la télé.
L’autopsie avait confirmé les heures de calvaire, l’agonie. Le monde de Larsen s’était écroulé, ce jour-là. Daniel avait écopé de quinze ans. L’horreur du crime avait décidé le tribunal à montrer l’exemple.
En réalité, il avait fait cinq ans, puis il avait disparu de la circulation. Larsen avait dû attendre vingt années pour retrouver sa trace.
Debout sous la pluie fine qui n’en finit pas de tomber, Larsen sent sa main se crisper sur la crosse du petit pistolet. Ça fait longtemps, maintenant, mais il n’a pas oublié. Pour Lili, il ne peut pas oublier.
L’air décidé, le pas assuré, il traverse la place. Les arbres font la haie d’honneur, les chaises des terrasses des cafés semblent l’encourager, les passants aux parapluies s’écartent sur son passage. Il avance, le poing serré, et dans un instant, le geste sûr, le regard clair, l’esprit libre, il pourra tirer.
La pluie fine mouille le pavé, détrempe les trottoirs. La bruine qui enveloppe la ville a pénétré le cuir souple du blouson et les souliers de daim. Le pantalon colle à ses cuisses, rend sa progression pénible, autant que le souvenir qui ne le quitte pas.
C’est aujourd’hui, voilà ce qu’il pense. C’est maintenant ou jamais. Sa seule chance d’agir. De faire quelque chose, enfin.
La ville pleure pour Larsen.
- Larsen ? C’est pas un nom, ça.
Ces mots revenaient souvent, lorsqu’il se présentait. Sa mère disait que, le jour de son baptême, le curé l’avait oublié.
- Il n’a rien voulu entendre. C’est le bedeau qui s’est chargé de toi.
Elle riait. Tous ceux qui avait eu vent de cette anecdote avaient ri, eux aussi. Larsen s’en moquait, au fond, mais ça ne l’amusait pas. Pas vraiment.
Lili n’avait pas ri. Elle avait le sourire facile pourtant, mais elle n’avait pas ri.
Les bras croisés, le cœur au bord des lèvres, il offre son visage aux gouttes fraîches, presque froides, qu’il sent s’insinuer dans les plis que forment ses paupières pressées, ainsi qu'entre ses lèvres entrouvertes.
Il passe ses mains sur ses joues, ses yeux, sa bouche, son menton. Il laisse ses doigts glisser dans ses cheveux, rejeter les mèches humides, les plaquer sur son crâne douloureux.
Musique.
Il suspend son geste. Figé, les mains en l’air, il tourne la tête vers la cacophonie de notes qui s’élève depuis le parking souterrain qu’il sait se trouver sous ses pieds. Une voix feutrée, presque éteinte, puis une mélodie plus nette, plus précise. La voiture émerge des profondeurs. Percussions, guitares, synthé : « … le monde a les yeux d’Isabella Rossellini… » dit la chanson.
Le monde de Larsen tourne autour des yeux de Lili et il ne tourne pas rond.
Marcher main dans la main, faire s’envoler les pigeons fatigués d’arpenter les trottoirs de la cité pour y quémander trois petits bouts de pain ; marcher tous les deux, voilà ce qu’ils faisaient. Puis, vint la rencontre. Le collègue de Larsen et son regard insistant croisèrent leur route. Politesse formelle oblige, on fit les présentations.
Le regard insistant de Daniel.
Ils se parlaient peu, au travail. Mais Lili était tellement heureuse, alors on avait parlé du mariage. Les traits crispés de Dan. La jeune femme avait dit qu’ils cherchaient un appartement un peu plus spacieux que leur studio. Après le mariage, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Le rire de Lili, puis les yeux de Dan posés sur elle, ses traits crispés. Mais Lili était tellement heureuse…
- J’ai un appart à vous proposer, les tourtereaux.
- Vrai ? Intéressant ?
- Je vais déménager. Je pourrais en parler au proprio. Si ça vous tente. C’est pas un palace mais c’est toujours mieux qu’un studio. Puis, le grand jour approche.
- Et, il est où, cet appartement ?
- Oh ! À deux pas d’ici.
On avait visité. Bien situé. Plutôt spacieux. Le déménagement s’était fait à deux jours du mariage. Seulement, Larsen avait oublié le regard insistant de Daniel.
Il lève les yeux vers les façades des petits immeubles qui entourent la place. Il repère, bien vite, les fenêtres du logement qu’il avait occupé un après-midi et une nuit. Lili était restée un peu plus longtemps, coincée entre les quatre murs de l’habitation.
Il ne peut pas. Les palpitations, les tremblements sont là. Il étouffe.
Les pigeons le regardent de leurs yeux ronds, les badauds y vont de leurs coups d’œil en coulisse. Il doit avoir l’air de ce qu’il est : misérable.
Travelling avant.
Il fend la foule de parapluies sombres, glisse lentement, corps en apesanteur happé par le souvenir douloureux de ce soir où il a tout perdu.
Lili devait rester seule le lendemain de l’emménagement. Il y avait les cartons, les vêtements, les bibelots, les petits riens éparpillés aux quatre coins de l’appartement. Il fallait ranger, faire place nette.
Larsen avait passé sa journée à sourire dans son bleu de travail. Il avait empaqueté les sacs d’engrais qui défilaient à la chaîne, se souciant peu des menaces de fermeture de l’usine. On aurait toujours le temps de voir venir, puis sa formation en informatique touchait à sa fin et il comptait bien briguer le poste prochainement vaquant de pupitreur. Ce serait toujours mieux que d’inhaler les vapeurs toxiques de la poudre volatile qui passait outre la barrière protectrice des masques que les gars portaient dans l’atelier. Son pote Rico lui battait froid, ces derniers temps. Il avait dit que Larsen voulait péter plus haut que son cul mais Larsen s’en foutait. Il voulait mieux, pour Lili. Juste pour elle.
Il était rentré un peu plus tard que d’habitude, d’une petite demi-heure, pas plus. Le trajet était plus long que pour leur ancien logement. Il avait ouvert la porte, l’avait refermée, avait senti une peur terrible, fulgurante, l’envahir comme il laissait glisser sa main sur la poignée de laiton.
Il s’était déplacé, lentement, à travers les pièces, avait senti une main de fer lui broyer le cœur et les entrailles à mesure qu’il progressait. Il avait vu l’inacceptable.
Là, sous la pluie, il attend la venue de Daniel. Il sait, par un ancien de la boîte où il travaillait, que le bonhomme a prévu de venir faire un pèlerinage près de la place, aujourd’hui. Le collègue a dit que ce n’était sans doute pas bien de lui donner les moyens de se venger mais il n’avait pas supporté d’entendre l’autre se confier à lui. C’était pas une confession, qu’il avait dit, ce type se vantait. Il avait beau avoir picolé, il ne regrettait rien. « Et si c’était à refaire… », avait dit Dan.
Maintenant, Larsen savait. Le type de l’usine avait répété mot pour mot ce que lui avait confié Dan. Mot pour mot. Larsen refoule la nausée qui guette. Un peu plus loin sur la place, une silhouette légèrement empâtée se dirige vers l’immeuble. C’est lui. Il est donc venu, le salaud.
Le regard insistant de Daniel.
Il avait déménagé pour cette raison et, seulement, pour ça. Retors, il avait fait faire un double de la clé. Il avait attendu. Un peu. Le moins possible. Il avait dit : Lili. À l’audience aussi, c’était ce qu’il avait dit.
Elle était belle, Lili. Il la voulait.
Quand elle l’avait vu pénétrer dans l’intimité de l’appartement, elle avait pris peur. Il avait fallu qu’il la calme, Lili. C’est qu’elle criait. Quelques gifles, rien de plus. Elle était tombée. Le reste, tout le monde le connaissait. Ça avait fait la une de la presse locale. On en avait même parlé à la radio et à la télé.
L’autopsie avait confirmé les heures de calvaire, l’agonie. Le monde de Larsen s’était écroulé, ce jour-là. Daniel avait écopé de quinze ans. L’horreur du crime avait décidé le tribunal à montrer l’exemple.
En réalité, il avait fait cinq ans, puis il avait disparu de la circulation. Larsen avait dû attendre vingt années pour retrouver sa trace.
Debout sous la pluie fine qui n’en finit pas de tomber, Larsen sent sa main se crisper sur la crosse du petit pistolet. Ça fait longtemps, maintenant, mais il n’a pas oublié. Pour Lili, il ne peut pas oublier.
L’air décidé, le pas assuré, il traverse la place. Les arbres font la haie d’honneur, les chaises des terrasses des cafés semblent l’encourager, les passants aux parapluies s’écartent sur son passage. Il avance, le poing serré, et dans un instant, le geste sûr, le regard clair, l’esprit libre, il pourra tirer.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Place aux commentaires !
Désolée, mais en lisant les textes de tout un chacun, l'histoire se mettait en place et je reviens commenter après écriture, post et rafraîchissement de mémoire ( vive ? ).
Sahkti : On suit, avec plaisir, l'aventure de ce gamin en imaginant un jeune voleur en maraude. Belle chute ! Oui, ça promet.
Antoine Surin : J'ai aimé " l'escalier qui pleure ". Et toi, tu aimes le carnage, dirait-on ! ^-^
Woody : Histoire bien menée. Belle chute ! Beaucoup d'humour dans ce texte.
Halicante : Tu t'es bien débrouillée avec cette contrainte du " Je t'... " qu'il ne faut pas écrire. Passer la nuit " blottie contre un agneau ", c'est plus que tentant !!!
Penny : Joli texte mélancolique et musical. Presque un poème en prose.
Presqu'île : " éparpillé façon puzzle " et tout est dit, pour moi. Si tu me branches sur les Tontons, j'adhère forcément.
Apoutsiak : Jolie chute ! Encore un couple qui fonctionne bien, c'est forcément signé Apou. On s'attache à ces deux-là !
Gobu : Vive Sàndor ! Quelle gouaille, Gobu ! Un pur bonheur, ce texte. Merci.
Bertrand-Môgendre : Joli texte emprunt de mélancolie. Une autre vision du couple, moins heureuse, mais tellement vraie. L'écriture poétique, en soi, ne fait que rendre les sentiments de tes protagonistes, à peine esquissés, plus palpables et déchirants. En peu de mots, tu écris deux ( trois ! ) vies. Joli !
C'est court, mais j'ai essayé de synthétiser le plus possible.
Bravo à tous !
Désolée, mais en lisant les textes de tout un chacun, l'histoire se mettait en place et je reviens commenter après écriture, post et rafraîchissement de mémoire ( vive ? ).
Sahkti : On suit, avec plaisir, l'aventure de ce gamin en imaginant un jeune voleur en maraude. Belle chute ! Oui, ça promet.
Antoine Surin : J'ai aimé " l'escalier qui pleure ". Et toi, tu aimes le carnage, dirait-on ! ^-^
Woody : Histoire bien menée. Belle chute ! Beaucoup d'humour dans ce texte.
Halicante : Tu t'es bien débrouillée avec cette contrainte du " Je t'... " qu'il ne faut pas écrire. Passer la nuit " blottie contre un agneau ", c'est plus que tentant !!!
Penny : Joli texte mélancolique et musical. Presque un poème en prose.
Presqu'île : " éparpillé façon puzzle " et tout est dit, pour moi. Si tu me branches sur les Tontons, j'adhère forcément.
Apoutsiak : Jolie chute ! Encore un couple qui fonctionne bien, c'est forcément signé Apou. On s'attache à ces deux-là !
Gobu : Vive Sàndor ! Quelle gouaille, Gobu ! Un pur bonheur, ce texte. Merci.
Bertrand-Môgendre : Joli texte emprunt de mélancolie. Une autre vision du couple, moins heureuse, mais tellement vraie. L'écriture poétique, en soi, ne fait que rendre les sentiments de tes protagonistes, à peine esquissés, plus palpables et déchirants. En peu de mots, tu écris deux ( trois ! ) vies. Joli !
C'est court, mais j'ai essayé de synthétiser le plus possible.
Bravo à tous !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
GOBU: Magnifique texte Gobu, tout en puissance et en sobriété avec de beaux hommages et un clin d'oeil à Maraï via ce chien. Vraiment très beau!
BERTRAND: BM philosophe... J'aime bien ceci " C’est moi le père ?/Les hommes ne s’enflent que de vent". Un texte différent, plus grave et c'est bienvenu, une autre facette de ta plume qui me plaît. J'aime comme tu opposes quotidien et réflexions existentielles, c'est réussi.
LUCY: Woaw, quel texte! Superbe Lucy. Une écriture très agréable, qui coule toute seule et puis ce drame que tu racontes sans voyeurisme, avec juste ce qu'il faut de détails... rien à redire!
Encore merci à vous!
BERTRAND: BM philosophe... J'aime bien ceci " C’est moi le père ?/Les hommes ne s’enflent que de vent". Un texte différent, plus grave et c'est bienvenu, une autre facette de ta plume qui me plaît. J'aime comme tu opposes quotidien et réflexions existentielles, c'est réussi.
LUCY: Woaw, quel texte! Superbe Lucy. Une écriture très agréable, qui coule toute seule et puis ce drame que tu racontes sans voyeurisme, avec juste ce qu'il faut de détails... rien à redire!
Encore merci à vous!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
.
SAHKTI : Drôle, j'ai eu l'impression jusqu'au bout d'avoir affaire avec un voleur inexpérimenté, et j'ai bien été surpris de découvrir un môme à la fin. Le texte, cependant, manque un peu de force, je trouve, le sujet est un peu léger.
ANTOINE : Personne ne le mentionne, donc je dois avoir un petit problème de compréhension, voilà : Dans la partie du texte jusqu'à L’acteur sur sa scène renvoie à la foule je crois suivre une catin dans un escalier et ensuite un acteur débarque, on semble dans un théâtre, et pour alimenter la confusion, le passage est bourré de fautes et on termine par une vision de la guerre.
Tout ceci étant dit, l'écriture est forte, très poétique : sur ce sujet une réussite.
WOODY : Bonne construction et le sujet appliqué à un petit adulte est original. Je regrette que le traitement de cette peur, jusqu'au bout, tourne un peu en rond, et qu'elle n'ait pas eu le soutien d'un ressort dramatique plus consistant que celui, un peu rapide, du chat.
HALICANTE : Le duo de l'Homme et de Rigadelle est comique, original, mais je trouve que la partie qui le précède est un peu longue en regard du format du texte.
PENNY : Assez émouvant, mais j'ai tiqué un peu sur la construction. On suit le pas hésitant de Philibert, on est dans une ambiance nuit-alcool-chagrin-femme aux lèvres rouges, et, au dernier tiers, au lieu de lier la sauce, tu nous balances : Alors, le samedi, Philibert sort. , et tout change, la personne de Philibert, le style, le sujet. Alors, je trouve que, pour la longueur du texte, c'est brutal.
à suivre...
.
SAHKTI : Drôle, j'ai eu l'impression jusqu'au bout d'avoir affaire avec un voleur inexpérimenté, et j'ai bien été surpris de découvrir un môme à la fin. Le texte, cependant, manque un peu de force, je trouve, le sujet est un peu léger.
ANTOINE : Personne ne le mentionne, donc je dois avoir un petit problème de compréhension, voilà : Dans la partie du texte jusqu'à L’acteur sur sa scène renvoie à la foule je crois suivre une catin dans un escalier et ensuite un acteur débarque, on semble dans un théâtre, et pour alimenter la confusion, le passage est bourré de fautes et on termine par une vision de la guerre.
Tout ceci étant dit, l'écriture est forte, très poétique : sur ce sujet une réussite.
WOODY : Bonne construction et le sujet appliqué à un petit adulte est original. Je regrette que le traitement de cette peur, jusqu'au bout, tourne un peu en rond, et qu'elle n'ait pas eu le soutien d'un ressort dramatique plus consistant que celui, un peu rapide, du chat.
HALICANTE : Le duo de l'Homme et de Rigadelle est comique, original, mais je trouve que la partie qui le précède est un peu longue en regard du format du texte.
PENNY : Assez émouvant, mais j'ai tiqué un peu sur la construction. On suit le pas hésitant de Philibert, on est dans une ambiance nuit-alcool-chagrin-femme aux lèvres rouges, et, au dernier tiers, au lieu de lier la sauce, tu nous balances : Alors, le samedi, Philibert sort. , et tout change, la personne de Philibert, le style, le sujet. Alors, je trouve que, pour la longueur du texte, c'est brutal.
à suivre...
.
...suite
Bonjour !
Bertrand, très poétique et « jamais plus »…
Lucy : un texte bien écrit, une tension palpable !
Gobu… la suite ? on a droit à la suite ???
Et, juste pour rendre à César ce qui est à César… je suis partie de Blier et des tontons flingueurs, et j’en suis arrivée à Boris Vian (à écouter chantée par Reggiani) :
La Java des bombes atomiques.
Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur
Des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C'était un vrai génie
Question travaux pratiques
Il s'enfermait tout' la journée
Au fond d'son atelier
Pour fair' des expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en trans'
En nous racontant tout
Pour fabriquer une bombe « A »
Mes enfants croyez-moi
C'est vraiment de la tarte
La question du détonateur
S'résout en un quart d'heur'
C'est de cell's qu'on écarte
En c'qui concerne la bombe « H »
C'est pas beaucoup plus vach'
Mais un' chos' me tourmente
C'est qu'cell's de ma fabrication
N'ont qu'un rayon d'action
De trois mètres cinquante
Y'a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans
J'y retourne immédiat'ment
Il a bossé pendant des jours
Tâchant avec amour
D'améliorer l'modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il avalait d'un coup
Sa soupe au vermicelle
On voyait à son air féroce
Qu'il tombait sur un os
Mais on n'osait rien dire
Et pis un soir pendant l'repas
V'là tonton qui soupir'
Et qui s'écrie comm' ça
A mesur' que je deviens vieux
Je m'en aperçois mieux
J'ai le cerveau qui flanche
Soyons sérieux disons le mot
C'est même plus un cerveau
C'est comm' de la sauce blanche
Voilà des mois et des années
Que j'essaye d'augmenter
La portée de ma bombe
Et je n'me suis pas rendu compt'
Que la seul' chos' qui compt'
C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe
Y'a quéqu'chose qui cloch' là-d'dans,
J'y retourne immédiat'ment
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d'Etat
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s'excusa
De ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu'ils sont tous entrés
Il les a enfermés
En disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages
Il n'en est rien resté
Tonton devant ce résultat
Ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au Tribunal on l'a traîné
Et devant les jurés
Le voilà qui bafouille
Messieurs c'est un hasard affreux
Mais je jur' devant Dieu
En mon âme et conscience
Qu'en détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D'avoir servi la France
On était dans l'embarras
Alors on l'condamna
Et puis on l'amnistia
Et l'pays reconnaissant
L'élu immédiat'ment
Chef du gouvernement
Bertrand, très poétique et « jamais plus »…
Lucy : un texte bien écrit, une tension palpable !
Gobu… la suite ? on a droit à la suite ???
Et, juste pour rendre à César ce qui est à César… je suis partie de Blier et des tontons flingueurs, et j’en suis arrivée à Boris Vian (à écouter chantée par Reggiani) :
La Java des bombes atomiques.
Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur
Des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C'était un vrai génie
Question travaux pratiques
Il s'enfermait tout' la journée
Au fond d'son atelier
Pour fair' des expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en trans'
En nous racontant tout
Pour fabriquer une bombe « A »
Mes enfants croyez-moi
C'est vraiment de la tarte
La question du détonateur
S'résout en un quart d'heur'
C'est de cell's qu'on écarte
En c'qui concerne la bombe « H »
C'est pas beaucoup plus vach'
Mais un' chos' me tourmente
C'est qu'cell's de ma fabrication
N'ont qu'un rayon d'action
De trois mètres cinquante
Y'a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans
J'y retourne immédiat'ment
Il a bossé pendant des jours
Tâchant avec amour
D'améliorer l'modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il avalait d'un coup
Sa soupe au vermicelle
On voyait à son air féroce
Qu'il tombait sur un os
Mais on n'osait rien dire
Et pis un soir pendant l'repas
V'là tonton qui soupir'
Et qui s'écrie comm' ça
A mesur' que je deviens vieux
Je m'en aperçois mieux
J'ai le cerveau qui flanche
Soyons sérieux disons le mot
C'est même plus un cerveau
C'est comm' de la sauce blanche
Voilà des mois et des années
Que j'essaye d'augmenter
La portée de ma bombe
Et je n'me suis pas rendu compt'
Que la seul' chos' qui compt'
C'est l'endroit où s'qu'ell' tombe
Y'a quéqu'chose qui cloch' là-d'dans,
J'y retourne immédiat'ment
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d'Etat
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s'excusa
De ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu'ils sont tous entrés
Il les a enfermés
En disant soyez sages
Et, quand la bombe a explosé
De tous ces personnages
Il n'en est rien resté
Tonton devant ce résultat
Ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au Tribunal on l'a traîné
Et devant les jurés
Le voilà qui bafouille
Messieurs c'est un hasard affreux
Mais je jur' devant Dieu
En mon âme et conscience
Qu'en détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D'avoir servi la France
On était dans l'embarras
Alors on l'condamna
Et puis on l'amnistia
Et l'pays reconnaissant
L'élu immédiat'ment
Chef du gouvernement
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
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PRESQU'ÎLE : Sujet original, j'ai beaucoup aimé le passage des animaux, mais je cite ce que j'ai aimé pour faire ressortir ce que j'aime moins : Tu mets ton lecteur en haleine sur les deux tiers du texte sans aucune révélation, c'est déjà très long vu le format. Quand, en plus tu nous balances ta jolie trouvaille, onirique, fantastique, on pense que le récit va s'éclairer, mais non, elle disparaît pour nous mettre en face d'une fin et, qui plus est, d'une situation nouvelle qui nous étonne, et qui ne paraît pas avoir grand rapport avec le reste. C'est dommage.
GOBU : Très beau texte, la langue, le sujet, la construction, même si la répétition de la formule Pablo-Jacquot-Gyula veut nous imposer de reprendre plusieurs fois du même dessert : Comme il est délicieux, ça fonctionne très bien. Bravo !
BERTRAND : Beaucoup de jolies formules, beaucoup d'émotion dans le dialogue, dont la construction voix-pensée-voix-pensée est forte. Il est comme le coeur du texte, mais un coeur trop petit, je trouve, encadré par une intro qui, hormis sa qualité littéraire, ne me paraît pas utile au reste et une fin un peu alambiquée et par trop sybilline.
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PRESQU'ÎLE : Sujet original, j'ai beaucoup aimé le passage des animaux, mais je cite ce que j'ai aimé pour faire ressortir ce que j'aime moins : Tu mets ton lecteur en haleine sur les deux tiers du texte sans aucune révélation, c'est déjà très long vu le format. Quand, en plus tu nous balances ta jolie trouvaille, onirique, fantastique, on pense que le récit va s'éclairer, mais non, elle disparaît pour nous mettre en face d'une fin et, qui plus est, d'une situation nouvelle qui nous étonne, et qui ne paraît pas avoir grand rapport avec le reste. C'est dommage.
GOBU : Très beau texte, la langue, le sujet, la construction, même si la répétition de la formule Pablo-Jacquot-Gyula veut nous imposer de reprendre plusieurs fois du même dessert : Comme il est délicieux, ça fonctionne très bien. Bravo !
BERTRAND : Beaucoup de jolies formules, beaucoup d'émotion dans le dialogue, dont la construction voix-pensée-voix-pensée est forte. Il est comme le coeur du texte, mais un coeur trop petit, je trouve, encadré par une intro qui, hormis sa qualité littéraire, ne me paraît pas utile au reste et une fin un peu alambiquée et par trop sybilline.
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
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LUCY : Rondement mené, dis-donc. Belle trouvaille que cette répétition du regard insistant de Daniel. Dès la première mention, j'ai eu froid dans le dos, surtout que tu la doubles des traits crispés de Dan. Son obsession nous pénètre alors de manière glaciale. Le personnage de Lili, pourtant peu présent au total, est palpable avec sa joie de vivre.
Bon petit polar en exo, donc, une vraie petite nouvelle, bravo !
Peut-être un peu faible, par contre, le moyen que tu donnes au héros de rencontrer Dan : ...où il travaillait, que le bonhomme a prévu de venir faire un pèlerinage près de la place, aujourd’hui. Je comprendrais qu'il prévienne s'il passe à la boîte, mais "près de la place" ? Et puis tu dis : Un peu plus loin sur la place, une silhouette légèrement empâtée se dirige vers l’immeuble. Dans ce paragraphe, on ne comprend pas l'usage de l'article défini, on ne fait pas le rapport direct avec un immeuble précis (et aussi à cause du lieu approximatif cité juste avant).
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LUCY : Rondement mené, dis-donc. Belle trouvaille que cette répétition du regard insistant de Daniel. Dès la première mention, j'ai eu froid dans le dos, surtout que tu la doubles des traits crispés de Dan. Son obsession nous pénètre alors de manière glaciale. Le personnage de Lili, pourtant peu présent au total, est palpable avec sa joie de vivre.
Bon petit polar en exo, donc, une vraie petite nouvelle, bravo !
Peut-être un peu faible, par contre, le moyen que tu donnes au héros de rencontrer Dan : ...où il travaillait, que le bonhomme a prévu de venir faire un pèlerinage près de la place, aujourd’hui. Je comprendrais qu'il prévienne s'il passe à la boîte, mais "près de la place" ? Et puis tu dis : Un peu plus loin sur la place, une silhouette légèrement empâtée se dirige vers l’immeuble. Dans ce paragraphe, on ne comprend pas l'usage de l'article défini, on ne fait pas le rapport direct avec un immeuble précis (et aussi à cause du lieu approximatif cité juste avant).
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Lucy
Les pigeons le regardent de leurs yeux ronds, les badauds y vont de leurs coups d’œil en coulisse.
Proposition : Les pigeons le fixent de leurs yeux ronds. Les badauds y vont de leurs regards en coulisse.
Son pote Rico lui battait froid, je ne connaissais pas l'expression.
Impression générale. Tu réussis le tour de force de retracer la vie d'un drame en quelques lignes sans longueurs. Seules langueur et rancœur se campent, patientes, au fond des poches de Larsen. La photo me mouille les mains.
Suggestion : Ton histoire ne s'achèverait-elle pas sur Larsen, grand cœur, pardonnant le salaud , qui doit trop s'attendre à une vengeance ?
Gobu
Tes références lâchées comme chienne de vie pour les artistes parisiens, dévalent l'escalier aux pentes abruptes, dans l'insouciance de ces moments d'extase et dont l'escalade, oblige le pressé, à s'accorder quelques haltes nostalgiques.
Les pigeons le regardent de leurs yeux ronds, les badauds y vont de leurs coups d’œil en coulisse.
Proposition : Les pigeons le fixent de leurs yeux ronds. Les badauds y vont de leurs regards en coulisse.
Son pote Rico lui battait froid, je ne connaissais pas l'expression.
Impression générale. Tu réussis le tour de force de retracer la vie d'un drame en quelques lignes sans longueurs. Seules langueur et rancœur se campent, patientes, au fond des poches de Larsen. La photo me mouille les mains.
Suggestion : Ton histoire ne s'achèverait-elle pas sur Larsen, grand cœur, pardonnant le salaud , qui doit trop s'attendre à une vengeance ?
Gobu
Tes références lâchées comme chienne de vie pour les artistes parisiens, dévalent l'escalier aux pentes abruptes, dans l'insouciance de ces moments d'extase et dont l'escalade, oblige le pressé, à s'accorder quelques haltes nostalgiques.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Apou
La brutalité du réalisme au quotidien, engendre tes expressions imagées, (le nid dans sa tête), tes histoires à ne plus dormir. Tu rejoins la catégorie des observateurs qui captent les parfums pour s'en approprier leurs effluves.
Presqu'île
L'originalité de la situation teinte de burlesque la scène où ton tonton fit ses œuvres en cachette. Les longueurs du début risquaient de me détourner du texte jusqu'à ce que, entre l'Action et le décor, se meuvent les figurants.
Je n'hésiterai pas à te lire dans d'autres aventures.
Ton arrivée chez sous, risque d'encombrer les placards, si tu débarques avec toute la ménagerie.
Doit-on pousser les murs ? Oui, sans problème.
Penny
Même à vingt-cinq ans et demi .Je ne sais pas si au-delà de 12 ans, les moitiés d'années se comptent encore.
Ton récit se satisfait du présent. À phrases courtes, tête lasse, pensées brèves, Philibert est du passé. Un bon travail de refonte générale permettrait d'étaler l'action dans le temps.
Imagination sage et débonnaire, à l'image de ton personnage.
Bravo pour ta participation
Halicante
Quelle honte pour ceux dont l'hospitalité s'entiche d'un naturel évident lorsqu'elle est demandée par une personne étrangère !
C'est bien pensé comme histoire, qui prend forme, lorsque la porte s'ouvre.
La fin est un peu tirée par les cheveux.
Bienvenue chez nous, Halicante.
La brutalité du réalisme au quotidien, engendre tes expressions imagées, (le nid dans sa tête), tes histoires à ne plus dormir. Tu rejoins la catégorie des observateurs qui captent les parfums pour s'en approprier leurs effluves.
Presqu'île
L'originalité de la situation teinte de burlesque la scène où ton tonton fit ses œuvres en cachette. Les longueurs du début risquaient de me détourner du texte jusqu'à ce que, entre l'Action et le décor, se meuvent les figurants.
Je n'hésiterai pas à te lire dans d'autres aventures.
Ton arrivée chez sous, risque d'encombrer les placards, si tu débarques avec toute la ménagerie.
Doit-on pousser les murs ? Oui, sans problème.
Penny
Même à vingt-cinq ans et demi .Je ne sais pas si au-delà de 12 ans, les moitiés d'années se comptent encore.
Ton récit se satisfait du présent. À phrases courtes, tête lasse, pensées brèves, Philibert est du passé. Un bon travail de refonte générale permettrait d'étaler l'action dans le temps.
Imagination sage et débonnaire, à l'image de ton personnage.
Bravo pour ta participation
Halicante
Quelle honte pour ceux dont l'hospitalité s'entiche d'un naturel évident lorsqu'elle est demandée par une personne étrangère !
C'est bien pensé comme histoire, qui prend forme, lorsque la porte s'ouvre.
La fin est un peu tirée par les cheveux.
Bienvenue chez nous, Halicante.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Antoine Surin.
N'hésite pas à passer ton texte à la moulinette du "bon patron".
J'ai vu cet escalier vide. Tu as su l'animer avec des personnages truculents et surtout ta drôle de bonne femme, malheureuse à mon sens pour en arriver à tant de haine meurtrière.
N'hésite pas à passer ton texte à la moulinette du "bon patron".
J'ai vu cet escalier vide. Tu as su l'animer avec des personnages truculents et surtout ta drôle de bonne femme, malheureuse à mon sens pour en arriver à tant de haine meurtrière.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Merci à tous pour votre hospitalité ! Ici je sais que je ne dormirai pas dans l'étable ! ;-)bertrand-môgendre a écrit:Bienvenue chez nous, Halicante.
Lucy :
Hey, c’est plus un exercice, là, c’est un vrai texte tout bien mis de derrière les fagots ! Une tranche de vie, un court-métrage, j’ai tout vu, tout entendu, tout ressenti… Trop, trop, là, rien à dire ni à redire, le crime parfait ! (celui qui vient à la fin). « Le regard insistant de Daniel. » « Mais Lili était tellement heureuse. »Tout est dit. J’applaudis.
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Sahkti
Il fallait le faire, Tu t'es laissé aller ou quoi ? L'idée est intéressante, la rédaction moins. (Même pas un cadavre à croquer).
Une bonne démarche pour cet égaré des nuits frissons.
Les cigarettes étaient des Gauloises on des P4 ?
Ce que j'aime, c'est l'ouverture de fin de texte.
J'en profite pour te remercier de l'exercice.
Les trois photos sélectionnées, laissaient libre court à l'imaginaire des participants. La nostalgie du thème est-elle due au noir et blanc ? Félicitations appuyées aux participants.
Il fallait le faire, Tu t'es laissé aller ou quoi ? L'idée est intéressante, la rédaction moins. (Même pas un cadavre à croquer).
Une bonne démarche pour cet égaré des nuits frissons.
Les cigarettes étaient des Gauloises on des P4 ?
Ce que j'aime, c'est l'ouverture de fin de texte.
J'en profite pour te remercier de l'exercice.
Les trois photos sélectionnées, laissaient libre court à l'imaginaire des participants. La nostalgie du thème est-elle due au noir et blanc ? Félicitations appuyées aux participants.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
B-M., c'est bien vu pour les pigeons. Moins lourd, comme ça.
Pour la fin, non, Larsen ne sera pas magnanime. Dans la vraie vie, ça se passe trop souvent comme ça et, là, je ne laisse pas le meurtrier s'échapper. L'exercice ne permettait pas de trop s'attarder ( même s'il m'a pris un peu plus d'une heure ! ) mais j'avais pensé à décrire le " calvaire " enduré par Lili... puis, non. Du coup, ça faisait un peu racoleur de mon point de vue : suggérer plutôt que tout dire me semblait plus appoprié. Peut-être, alors, la mort de Daniel serait apparue plus logique.
Merci de vos regards croisés sur le texte, ça permet de revoir l'ensemble.
Je vais revoir ça, Apou.
Pour la fin, non, Larsen ne sera pas magnanime. Dans la vraie vie, ça se passe trop souvent comme ça et, là, je ne laisse pas le meurtrier s'échapper. L'exercice ne permettait pas de trop s'attarder ( même s'il m'a pris un peu plus d'une heure ! ) mais j'avais pensé à décrire le " calvaire " enduré par Lili... puis, non. Du coup, ça faisait un peu racoleur de mon point de vue : suggérer plutôt que tout dire me semblait plus appoprié. Peut-être, alors, la mort de Daniel serait apparue plus logique.
Merci de vos regards croisés sur le texte, ça permet de revoir l'ensemble.
Je vais revoir ça, Apou.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 47
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
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Mon gendre a raison, et je suis confus de ne pas l'avoir pensé avant : un grand merci à toi, Miss Sahkti, Zi maîtresse of ceremony, dont les photos ont embrasé les imaginations !!!!
Mon gendre a raison, et je suis confus de ne pas l'avoir pensé avant : un grand merci à toi, Miss Sahkti, Zi maîtresse of ceremony, dont les photos ont embrasé les imaginations !!!!
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
[quote="bertrand-môgendre"]Antoine Surin.
N'hésite pas à passer ton texte à la moulinette du "bon patron".
quote]
Comprends pas.
N'hésite pas à passer ton texte à la moulinette du "bon patron".
quote]
Comprends pas.
antoine surin- Nombre de messages : 69
Age : 39
Date d'inscription : 10/04/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
[quote="antoine surin"]
http://bonpatron.com/
bon patron, c'est un correcteur orthographique en ligne, qui vaut ce qui vaut, mais c'est mieux que rien.bertrand-môgendre a écrit:Antoine Surin.
N'hésite pas à passer ton texte à la moulinette du "bon patron".
quote]Comprends pas.
http://bonpatron.com/
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
antoine surin- Nombre de messages : 69
Age : 39
Date d'inscription : 10/04/2008
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
...
J'ai lu tous (enfin, pas les derniers)les textes hier soir -cette nuit. et je comptais les commenter maintenant, mais... je ne sais plus quoi en dire (et je vais bientôt partir). Je sais juste que j'ai adoré le texte d'Apou, que celui de Woody m'a fait beaucoup rire, superbe chute, la phobie des chats! Et puis sinon, vous écrivez tous (hé oui) super bien, chose assez "traumatisante" pour une "débutante"/amateur comme moi, mais réellement agréable lors de la lecture!
J'ai lu tous (enfin, pas les derniers)les textes hier soir -cette nuit. et je comptais les commenter maintenant, mais... je ne sais plus quoi en dire (et je vais bientôt partir). Je sais juste que j'ai adoré le texte d'Apou, que celui de Woody m'a fait beaucoup rire, superbe chute, la phobie des chats! Et puis sinon, vous écrivez tous (hé oui) super bien, chose assez "traumatisante" pour une "débutante"/amateur comme moi, mais réellement agréable lors de la lecture!
Penny- Nombre de messages : 98
Age : 33
Date d'inscription : 15/05/2008
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