EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
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Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
apoutsiak a écrit:Rigadelle, ça ne se bouffe pas ce truc ?
J'me demandais aussi. Ca doit être la mortadelle.
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Gobu a écrit:apoutsiak a écrit:Rigadelle, ça ne se bouffe pas ce truc ?
J'me demandais aussi. Ca doit être la mortadelle.
nous, on a la fricadelle
antoine surin- Nombre de messages : 69
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
apoutsiak a écrit:Un vrai Sàndor Hongrois, Gobu, alors, avec à !
Qu'est-ce que ? T'es hongrois ?
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Gobu a écrit:
J'me demandais aussi. Ca doit être la mortadelle.
Elle est morte, Adèle ???
Woody- Nombre de messages : 57
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
T'as raison Ali Chante, ça serait la soeur de Fricandeau, ah ah ah !!!!!
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Woody a écrit:Gobu a écrit:
J'me demandais aussi. Ca doit être la mortadelle.
Elle est morte, Adèle ???
Et enterrée, la la hé !
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
En attendant Bertrand, je vous donne les trois photos. Vous choisissez celle que vous voulez (pas contraire la MC ce soir!)
A (Brassaï 1)
B (Brassaï 2)
C (Vandenack)
A (Brassaï 1)
B (Brassaï 2)
C (Vandenack)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
"Les rigadelles, c'est ainsi qu'on nomme les coques en Finistère nord." ah, oui, ça me disait quelque chose, aussi... Bon, ben, on n'a pas dit que ça devait être un prénom sensé, hein !
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Gobu prendre la 1. Gobu avoir esprit de l'escalier.
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
la première
antoine surin- Nombre de messages : 69
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Ceux qui arriveront plus tard se choisissent un prénom et une photo (B-M, il te faut donner un prénom).
Nous avons déjà:
Antoine: Lucrèce
Bertrand: ?
Gobu: Sandor
Halicante: Rigadelle
Woody: Arsène
Apoutsiak: Zoé
Penny: Philibert
Sahkti: Fernand
Nous avons déjà:
Antoine: Lucrèce
Bertrand: ?
Gobu: Sandor
Halicante: Rigadelle
Woody: Arsène
Apoutsiak: Zoé
Penny: Philibert
Sahkti: Fernand
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Je prends la photo B.
Woody- Nombre de messages : 57
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
1) Prénom de votre choix, à utiliser dans le texte
2) Photo de votre choix
3) Ecrire un texte, longueur au choix, qui doit comprendre une action, quelle qu'elle soit. Il doit se passer quelque chose.
4) Une heure de délai pour l'écriture. On poste dans ce fuseau à 23.00 max (mais on ne fouettera pas les retardataires!)
Vous voulez des contraintes supplémentaires ou bien?
2) Photo de votre choix
3) Ecrire un texte, longueur au choix, qui doit comprendre une action, quelle qu'elle soit. Il doit se passer quelque chose.
4) Une heure de délai pour l'écriture. On poste dans ce fuseau à 23.00 max (mais on ne fouettera pas les retardataires!)
Vous voulez des contraintes supplémentaires ou bien?
Dernière édition par Sahkti le Mer 28 Mai 2008 - 19:45, édité 1 fois
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
oui pour les contraintes
antoine surin- Nombre de messages : 69
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bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Je veux bien quelques contraintes aussi.
Woody- Nombre de messages : 57
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Pouvez virer le prénom, ms'ieurs dames, la MC n'a pas demandé de l'utiliser !!!!!
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Bon courage à tous ! Je vous lirai ce soir... Faudrait qu'on me rallonge mes pauses miam-miam pour pouvoir faire les exos en direct !
Lucy- Nombre de messages : 3411
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
ben si, tiens!apoutsiak a écrit:Pouvez virer le prénom, ms'ieurs dames, la MC n'a pas demandé de l'utiliser !!!!!
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
je prend la première, la A
Penny- Nombre de messages : 98
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bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Bien... des contraintes en plus...
- évoquer la présence d'un animal
- faire référence à un acteur/une actrice
- interdiction de dire "Je t'aime" dans le texte
(pas obligé de suivre tout si ça ne vous plaît pas)
- évoquer la présence d'un animal
- faire référence à un acteur/une actrice
- interdiction de dire "Je t'aime" dans le texte
(pas obligé de suivre tout si ça ne vous plaît pas)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
RECAPITULATIF
Prénoms proposés:
Antoine: Lucrèce
Bertrand: Maurice
Gobu: Sandor
Halicante: Rigadelle
Woody: Arsène
Apoutsiak: Zoé
Penny: Philibert
Sahkti: Fernand
1) Prénom choisi par vous, à utiliser dans le texte
2) Photo de votre choix
3)- évoquer la présence d'un animal
- faire référence à un acteur/une actrice
- interdiction de dire "Je t'aime" dans le texte
(pas obligé de suivre tout si ça ne vous plaît pas)
4) Ecrire un texte, longueur au choix, qui doit comprendre une action, quelle qu'elle soit. Il doit se passer quelque chose.
5) Une heure de délai pour l'écriture. On poste dans ce fuseau à 23.00 max (mais on ne fouettera pas les retardataires!)
TOUT LE MONDE PEUT PARTICIPER (je précise pour les nouveaux membres!). Vous pouvez prendre l'exo en cours sans souci.
Prénoms proposés:
Antoine: Lucrèce
Bertrand: Maurice
Gobu: Sandor
Halicante: Rigadelle
Woody: Arsène
Apoutsiak: Zoé
Penny: Philibert
Sahkti: Fernand
1) Prénom choisi par vous, à utiliser dans le texte
2) Photo de votre choix
3)- évoquer la présence d'un animal
- faire référence à un acteur/une actrice
- interdiction de dire "Je t'aime" dans le texte
(pas obligé de suivre tout si ça ne vous plaît pas)
4) Ecrire un texte, longueur au choix, qui doit comprendre une action, quelle qu'elle soit. Il doit se passer quelque chose.
5) Une heure de délai pour l'écriture. On poste dans ce fuseau à 23.00 max (mais on ne fouettera pas les retardataires!)
TOUT LE MONDE PEUT PARTICIPER (je précise pour les nouveaux membres!). Vous pouvez prendre l'exo en cours sans souci.
Dernière édition par Sahkti le Mer 28 Mai 2008 - 19:50, édité 1 fois
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
c'est parti, à dans une grosse heure
antoine surin- Nombre de messages : 69
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
ça vous va comme ça?
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Moi, ça me va.
Woody- Nombre de messages : 57
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
PHOTO B
Fernand lui avait dit "la petite porte blanche, tu peux pas rater la petite porte blanche!".
Ce que Fernand ne lui avait pas dit, c'est qu'il y avait un lampadaire juste à côté de la porte. Alors il pouvait bien la ramener avec sa discrétion et les baskets à semelle silencieuse qu'il fallait porter.
En plus, avec un peu de chance, la porte allait grincer et patatras, un chien se mettre à aboyer, un chat à miauler, une voisine à crier… bref, ça sentait bon la catastrophe.
Louis se faufila contre le mur. Il avait vu ça dans les films à la télé, il fallait ne plus faire qu'un avec la brique et hop, l'affaire était dans le sac. Sauf que dans les films, c'était souvent un mur de prison ou de banque avec une lampe qui tournait tandis qu'ici, quel effet boeuf avec un éclairage public fixe. Et vachement lumineux de surcroît. Louis n'était pas Tom Cruise et on n'était pas dans Mission impossible, alors tant pis, il fallait bien faire avec. Louis adopta la démarche féline. Au pire, il se mettrait lui aussi à miauler si il entendait un bruit à proximité, histoire de passer inaperçu.
Porte bien en vue. Restaient six marches d'escaliers à gravir et le tour était joué! Louis entama la montée sur la pointe des pieds et… mince, une crotte de chien! Sur la seconde marche. Pffff, des baskets toute neuves, les Nike aéromachin avec semelle à bulle d'air. Louis commençait à en avoir ras-le-bol. D'abord le lampadaire, ensuite l'oubli du chien et maintenant, cette fichue porte qui était fermée. Fernand avait pourtant juré qu'il la laisserait ouverte avant d'aller se coucher.
Qu'est-ce que Louis pouvait bien faire contre ça… rien. Absolument rien! A part désodoriser ses chaussures en rentrant. Et râler un bon coup. Et se promettre que le lendemain, il casserait la figure à Fernand.
Louis prit le chemin du retour en espérant que personne chez lui ne s'était rendu compte de son absence. Il n'aurait plus manqué que ça, se faire attraper pour une porte même pas ouverte.
Il réussit à regagner sa chambre sans se faire remarquer et se glissa dans son lit en jetant toutes sortes de mauvais sorts à Fernand.
Fernand qui de son côté avait été envoyé au lit sans manger parce qu'il avait osé dire à son père qu'il faisait un métier peu glorieux et le pauvre, facteur de son état, l'avait plutôt mal pris. Fernand qui pensait en soupirant à Louis qui avait dû passer la petite porte blanche et trouver le paquet de cigarettes et devait s'en fumer une petite, voire même deux, avec un sourire de plaisir jusqu'aux oreilles. Pendant que Fernand était confiné dans sa chambre avec l'estomac vide.
La journée du lendemain, à l'école, promettait d'être intéressante…
Fernand lui avait dit "la petite porte blanche, tu peux pas rater la petite porte blanche!".
Ce que Fernand ne lui avait pas dit, c'est qu'il y avait un lampadaire juste à côté de la porte. Alors il pouvait bien la ramener avec sa discrétion et les baskets à semelle silencieuse qu'il fallait porter.
En plus, avec un peu de chance, la porte allait grincer et patatras, un chien se mettre à aboyer, un chat à miauler, une voisine à crier… bref, ça sentait bon la catastrophe.
Louis se faufila contre le mur. Il avait vu ça dans les films à la télé, il fallait ne plus faire qu'un avec la brique et hop, l'affaire était dans le sac. Sauf que dans les films, c'était souvent un mur de prison ou de banque avec une lampe qui tournait tandis qu'ici, quel effet boeuf avec un éclairage public fixe. Et vachement lumineux de surcroît. Louis n'était pas Tom Cruise et on n'était pas dans Mission impossible, alors tant pis, il fallait bien faire avec. Louis adopta la démarche féline. Au pire, il se mettrait lui aussi à miauler si il entendait un bruit à proximité, histoire de passer inaperçu.
Porte bien en vue. Restaient six marches d'escaliers à gravir et le tour était joué! Louis entama la montée sur la pointe des pieds et… mince, une crotte de chien! Sur la seconde marche. Pffff, des baskets toute neuves, les Nike aéromachin avec semelle à bulle d'air. Louis commençait à en avoir ras-le-bol. D'abord le lampadaire, ensuite l'oubli du chien et maintenant, cette fichue porte qui était fermée. Fernand avait pourtant juré qu'il la laisserait ouverte avant d'aller se coucher.
Qu'est-ce que Louis pouvait bien faire contre ça… rien. Absolument rien! A part désodoriser ses chaussures en rentrant. Et râler un bon coup. Et se promettre que le lendemain, il casserait la figure à Fernand.
Louis prit le chemin du retour en espérant que personne chez lui ne s'était rendu compte de son absence. Il n'aurait plus manqué que ça, se faire attraper pour une porte même pas ouverte.
Il réussit à regagner sa chambre sans se faire remarquer et se glissa dans son lit en jetant toutes sortes de mauvais sorts à Fernand.
Fernand qui de son côté avait été envoyé au lit sans manger parce qu'il avait osé dire à son père qu'il faisait un métier peu glorieux et le pauvre, facteur de son état, l'avait plutôt mal pris. Fernand qui pensait en soupirant à Louis qui avait dû passer la petite porte blanche et trouver le paquet de cigarettes et devait s'en fumer une petite, voire même deux, avec un sourire de plaisir jusqu'aux oreilles. Pendant que Fernand était confiné dans sa chambre avec l'estomac vide.
La journée du lendemain, à l'école, promettait d'être intéressante…
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
L’escalier qui pleure descend à pic de l’allée du Vice à la ruelle des Peines, ressemblant au dos nu d’une femme extrêmement maigre, les réverbères en sont les vertèbres et les arbres les cotes saillantes. Plongé dans la brume comme il l’est parfois, il semble respirer et pour peu qu’il pleuve il prend alors tout les airs d’un corps, d’un dos vivant couvert de sueur.
Elle pue, le vice et la peine, elle descend les marches en balançant des hanches, montée sur des hauts talons qui affolent et enbièrrée dans une robe noire au léger décolleté. Elle a un physique à la Greta Garbo, des seins menus, une bouche faite pour sucer des plaies et des yeux d’opiomanes.
Lucrèce à quelques printemps de trop pour vendre sa rose avec facilité mais assez peu tout de même pour que d’aucun veuille la humer. Elle tient la rampe et s’y serre, tentant de percer la foule qui s’amasse tel un hymen rétif, imprenable. Mais elle s’en moque, la guirlande macabre qui bat ses flancs la rassure, la pression du métal contre ses reins la berce. Porteuse de mort, elle parade dans son monde. Quoi de plus banal qu’une catin cherchant commerce dans une foule rendue euphorique par l’annonce de la fin de la guerre ? Mais Lucrèce n’en à rien à foutre de la fin de la guerre, elle déteste tout ces lâches. Exècre les restes de la populace épargnée. Pourquoi ? Elle n’en sait trop rien. Peut-être parce, que de sa crasse, elle espérait que la guerre mettrait un grand coup de chasse à toute la fange qu’elle méprise.
Quoi qu’il en soit, alors que les corps se pressent, que les discussions fusent, que des enfants rient, que des mères ovulent et que des gus palabrent, elle saisi une à unes les presse-purées passées à sa ceinture et les lance dans l’assemblée avec toute l’application et la haine qui sont siennes.
Je te hais !
L’acteur sur sa scène renvoie à la foule qui l’acclame les roses qu’il s’est vu jetées mais les fleures se sont faites armes et les douces pétales billes de plombs qui charcutent les corps. La grenaille ronge les chaires comme un rat un mort, le feu brule les visages comme la caresse râpeuse de la langue d’un chat, la peur attaques comme un molosse enragé.
Voyez la, cette femme, belle et séduisante, répandre la mort, le sourire aux lèvres, voyez là tournoyer entre les morceaux de corps, drapée de noir comme la mort elle-même. Treize grenades allemandes ont tachés de leurs jus rouges pavement, étoffe et peaux. Bras, jambes et têtes pèles-mêles forment un camaïeu heureux. Les carcasses ouvertes baillent aux corneilles qui rêvent sur les toits. Ici un nourrisson avorté du ventre de sa mère par un éclat de fer, là un homme tente de rabouloter, comme une pelote de laine, ses intestins qui s’échappent.
Partout du sang qui coule. L’escalier pleure.
Elle pue, le vice et la peine, elle descend les marches en balançant des hanches, montée sur des hauts talons qui affolent et enbièrrée dans une robe noire au léger décolleté. Elle a un physique à la Greta Garbo, des seins menus, une bouche faite pour sucer des plaies et des yeux d’opiomanes.
Lucrèce à quelques printemps de trop pour vendre sa rose avec facilité mais assez peu tout de même pour que d’aucun veuille la humer. Elle tient la rampe et s’y serre, tentant de percer la foule qui s’amasse tel un hymen rétif, imprenable. Mais elle s’en moque, la guirlande macabre qui bat ses flancs la rassure, la pression du métal contre ses reins la berce. Porteuse de mort, elle parade dans son monde. Quoi de plus banal qu’une catin cherchant commerce dans une foule rendue euphorique par l’annonce de la fin de la guerre ? Mais Lucrèce n’en à rien à foutre de la fin de la guerre, elle déteste tout ces lâches. Exècre les restes de la populace épargnée. Pourquoi ? Elle n’en sait trop rien. Peut-être parce, que de sa crasse, elle espérait que la guerre mettrait un grand coup de chasse à toute la fange qu’elle méprise.
Quoi qu’il en soit, alors que les corps se pressent, que les discussions fusent, que des enfants rient, que des mères ovulent et que des gus palabrent, elle saisi une à unes les presse-purées passées à sa ceinture et les lance dans l’assemblée avec toute l’application et la haine qui sont siennes.
Je te hais !
L’acteur sur sa scène renvoie à la foule qui l’acclame les roses qu’il s’est vu jetées mais les fleures se sont faites armes et les douces pétales billes de plombs qui charcutent les corps. La grenaille ronge les chaires comme un rat un mort, le feu brule les visages comme la caresse râpeuse de la langue d’un chat, la peur attaques comme un molosse enragé.
Voyez la, cette femme, belle et séduisante, répandre la mort, le sourire aux lèvres, voyez là tournoyer entre les morceaux de corps, drapée de noir comme la mort elle-même. Treize grenades allemandes ont tachés de leurs jus rouges pavement, étoffe et peaux. Bras, jambes et têtes pèles-mêles forment un camaïeu heureux. Les carcasses ouvertes baillent aux corneilles qui rêvent sur les toits. Ici un nourrisson avorté du ventre de sa mère par un éclat de fer, là un homme tente de rabouloter, comme une pelote de laine, ses intestins qui s’échappent.
Partout du sang qui coule. L’escalier pleure.
antoine surin- Nombre de messages : 69
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
PHOTO B
Arsène marchait dans la nuit naissante, d’un pas tranquille. Cette rue assez mal éclairée l’amusait, et faisait courir le long de son échine un agréable petit frisson. Sans forfanterie, il se sentait content de lui… Il osait se promener ici. C’était une grande victoire ! Une victoire sur ses phobies.
Depuis sa plus tendre enfance, et pendant très longtemps, Arsène avait eu peur du noir. Naguère, de chaque recoin sombre, il s’attendait à voir surgir un monstre velu ou un spectre décharné. Ou encore le fameux méchant loup avec lequel on l’avait si souvent effrayé. Ou le diable, dont il n’avait jamais su grand-chose, mais qui l’épouvantait au plus haut point. Et à présent, après avoir passé de longs mois à consulter ce brillant psychiatre, voilà qu’il se promenait nuitamment, sans broncher. C’était à n’y pas croire ! Ce que peut faire un spécialiste, quand il vous démontre qu’à 19 ans, vous n’avez plus le droit d’avoir peur de l’obscurité.
« Un champion, ce toubib ! » pensait Arsène. Soudain, il entendit un long gémissement… Il haussa les épaules : c’était le vent.
Le jeune homme riait maintenant à gorge déployée. Quel ballot il avait été jusqu’ici. Ce quartier était le plus tranquille du village. Jamais un cambriolage, jamais un vol… De mémoire de policier, aucun souvenir d’agression armée. C’était d’autant plus grotesque d’imaginer des monstres fabuleux rôdant alentour. Des personnes âgées, des couples s’y promenaient même le soir. Arsène avait déjà remarqué une petite mignonne de dix-huit ans…
Elle ne lui déplaisait pas. Elle avait un petit air de Mireille Darc à ses débuts. Le jeune timide s’était déjà enhardi à lui lancer un cordial bonjour... Il n’avait jamais osé aller plus loin, mais qui sait ?! Il allait bientôt passer près de sa maison… Avec un peu de chance, il allait voir remuer sa gracile silhouette derrière ses rideaux. Elle était disponible, il le croyait bien…
C’est alors qu’un nouveau rire le saisit. Incroyable, il n’en revenait pas ! Il avait des pensées coquines, dans cette nuit qui l’épouvantait autrefois. Ah, vraiment, quelle belle revanche !!!
Soudain, en passant devant la demeure de « Mireille Darc », il vit une forme surgir dans l’obscurité. Une forme noire, avec deux yeux terribles. Sa frayeur le reprit, lui noua la gorge et l’estomac. C’est alors que la forme noire poussa un cri aigu, un cri macabre, un cri de menace. Un cri qui déchira le silence. Le jeune homme s’enfuit en hurlant, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte.
Le psychiatre qu’Arsène avait consulté était très fort. Il l’avait guéri à tout jamais de sa peur du noir. Mais il ne s’était pas encore occupé de soigner sa peur viscérale des chats.
Arsène marchait dans la nuit naissante, d’un pas tranquille. Cette rue assez mal éclairée l’amusait, et faisait courir le long de son échine un agréable petit frisson. Sans forfanterie, il se sentait content de lui… Il osait se promener ici. C’était une grande victoire ! Une victoire sur ses phobies.
Depuis sa plus tendre enfance, et pendant très longtemps, Arsène avait eu peur du noir. Naguère, de chaque recoin sombre, il s’attendait à voir surgir un monstre velu ou un spectre décharné. Ou encore le fameux méchant loup avec lequel on l’avait si souvent effrayé. Ou le diable, dont il n’avait jamais su grand-chose, mais qui l’épouvantait au plus haut point. Et à présent, après avoir passé de longs mois à consulter ce brillant psychiatre, voilà qu’il se promenait nuitamment, sans broncher. C’était à n’y pas croire ! Ce que peut faire un spécialiste, quand il vous démontre qu’à 19 ans, vous n’avez plus le droit d’avoir peur de l’obscurité.
« Un champion, ce toubib ! » pensait Arsène. Soudain, il entendit un long gémissement… Il haussa les épaules : c’était le vent.
Le jeune homme riait maintenant à gorge déployée. Quel ballot il avait été jusqu’ici. Ce quartier était le plus tranquille du village. Jamais un cambriolage, jamais un vol… De mémoire de policier, aucun souvenir d’agression armée. C’était d’autant plus grotesque d’imaginer des monstres fabuleux rôdant alentour. Des personnes âgées, des couples s’y promenaient même le soir. Arsène avait déjà remarqué une petite mignonne de dix-huit ans…
Elle ne lui déplaisait pas. Elle avait un petit air de Mireille Darc à ses débuts. Le jeune timide s’était déjà enhardi à lui lancer un cordial bonjour... Il n’avait jamais osé aller plus loin, mais qui sait ?! Il allait bientôt passer près de sa maison… Avec un peu de chance, il allait voir remuer sa gracile silhouette derrière ses rideaux. Elle était disponible, il le croyait bien…
C’est alors qu’un nouveau rire le saisit. Incroyable, il n’en revenait pas ! Il avait des pensées coquines, dans cette nuit qui l’épouvantait autrefois. Ah, vraiment, quelle belle revanche !!!
Soudain, en passant devant la demeure de « Mireille Darc », il vit une forme surgir dans l’obscurité. Une forme noire, avec deux yeux terribles. Sa frayeur le reprit, lui noua la gorge et l’estomac. C’est alors que la forme noire poussa un cri aigu, un cri macabre, un cri de menace. Un cri qui déchira le silence. Le jeune homme s’enfuit en hurlant, les yeux exorbités, la bouche grande ouverte.
Le psychiatre qu’Arsène avait consulté était très fort. Il l’avait guéri à tout jamais de sa peur du noir. Mais il ne s’était pas encore occupé de soigner sa peur viscérale des chats.
Woody- Nombre de messages : 57
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Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Photo B
Rigadelle marchait depuis une heure déjà dans cette ville médiévale où elle cherchait en vain un hôtel pour la nuit. Elle avait quitté ses amis et avait roulé tout l'après-midi pour rentrer chez elle, espérant arriver avant la nuit. Malheureusement, un bruit suspect dans le moteur l'avait obligée à s'arrêter en urgence au bord de la route. De là, elle avait dû appeler un dépanneur. Le verdict était sans appel : il fallait remorquer la voiture jusqu'au garage et attendre le lendemain matin pour faire les réparations. La poisse !
Elle avait donc appelé un taxi qui l'avait déposée dans la ville la plus proche, ville qu'elle ne connaissait pas, mais qui lui avait paru agréable au premier abord. Le taxi l'avait déposée à l'hôtel des voyageurs, mais le réceptionniste lui avait annoncé qu'il y avait un congrès de vétérinaires le lendemain et que toutes les chambres étaient réservées.
La soirée n'étant pas encore trop avancée, Rigadelle ne s'inquiéta pas outre mesure, se disant qu'elle trouverait certainement une chambre dans un autre hôtel. Elle était donc partie à l'aventure, comme à son habitude. Cependant, l’aventure commençait à lui peser, là, après une heure de marche et cinq essais infructueux pour trouver une chambre : tous les hôtels de la ville affichaient complets ! A croire que tous les vétérinaires du pays s'étaient donné rendez-vous à ce congrès... En plus, il faisait froid et humide, les rues étaient désertes, et l'ambiance devenait plutôt lugubre.
Fatiguée, Rigadelle finit par s'asseoir sur les marches d'un petit escalier devant une porte en bois qui semblait donner sur un jardin à l’abandon. Elle se mit à fredonner pour se donner du courage : I’m singing in the rain, just singing in the rain, lalalalalala, I’m happy again… A chaque fois qu’elle avait un coup de blues, elle chantait cette chanson en s’imaginant dans le rôle de Jean Hagen. Elle-même s'était essayée à la chanson, mais le trac la paralysait tellement qu'il lui était impossible de monter sur scène. Elle se revoyait à cette soirée où tous les espoirs qu'elle avait fondés sur sa carrière de chanteuse avaient disparu, au moment où quelqu'un dans la salle s'était mis à crier "Rigadelle, à la poubelle !" et qu'un trognon de pomme avait atterri dans ses cheveux, alors qu’elle n’avait même pas ouvert la bouche (il faut dire que cela faisait trois bonnes minutes que le public attendait qu'elle l'ouvre, alors forcément...).
Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, Rigadelle entendit un grincement dans son dos. Elle se retourna et vit que la porte en bois était légèrement entrouverte. Curieuse, elle se leva et poussa lentement sur la porte pour voir ce qui se trouvait derrière. C'est alors qu'une trombe d'eau déferla sur elle, une eau glacée tout droit tombée du ciel... Là-dessus, elle entendit clairement une voix d'homme qui disait : « Ca t'apprendra à chanter comme une casserole et à réveiller les gens la nuit, bon dieu de bon dieu !" Rigadelle venait de se prendre un seau d'eau sur la tête.
Le temps de reprendre ses esprits, elle ramassa le seau, jeta un regard circulaire dans le jardin, aperçut une branche d'arbre à terre, s'en saisit et se mit à brailler en tapant sur le seau :
A bout de mots, de rêves je vais crier :
"Je te biiiip, je te biiiip"
Comme un fou comme un soldat
comme une star de cinéma
Je te biiiip, je te biiiip
Comme un loup, comme un roi
Comme un homme que je ne suis pas
Tu vois, je te biiiip comme ça
C’était proprement insupportable. L’homme, qui était resté caché depuis le début, sortit tout à coup de la maison en criant : « Mais pourquoi tu le dis pas, bordel ? Pourquoi tu la massacres comme ça, la chanson de Lara?! Tu peux pas la chanter normalement avec toutes les paroles, hein ?! Allez, dis-le : Je t... » L'homme n'eut pas le temps de terminer sa phrase, Rigadelle l'avait assailli et lui lançait des coups de seau sur la tête : « Arrêtez, bon dieu, on ne peut pas le dire, c'est tout ! C’est comme ça, des fois dans la vie faut pas réfléchir, il y a des choses qu’on a le droit de faire et d'autres pas, il faut respecter les règles, c'est tout. »
Le silence se fit enfin. Presque. Une sorte de couinement se fit entendre, un bêlement, plus exactement, bruit incongru tout à coup dans cette nuit humide qui résonnait encore des cris et des chants aux insupportables sonorités. Rigadelle se retourna et distingua, dans le fond du jardin, une sorte de remise qu'elle n'avait pas aperçue la première fois. « C’est mon agneau, dit l’homme, j’ai un agneau et il dort là, dans son étable. » Profitant de l’aubaine, Rigadelle demanda : « Dites, je suis désolée de vous avoir réveillé, mais, puisqu’on en est à discuter, là, dans votre jardin, vous n’auriez pas un endroit où je pourrais passer la nuit ? Ca fait des heures que je cherche une chambre d’hôtel, et là… » L'homme eut un mouvement de recul qui était de mauvais augure. « Ah non, ma p'tite dame, moi j'ai pas de chambre chez moi, et puis j'accueille pas n'importe qui, moi, pas des inconnus, en tous cas... » Sentant qu'elle allait passer la nuit dehors, Rigadelle tenta le tout pour le tout : « Et… Les animaux… Vous aimez les animaux, non ? Vous laisseriez pas un animal tout seul mourir de froid dans le noir, n’est-ce pas ? » L’homme, suspicieux, réfléchit un instant… « Ben, c’est sûr, un animal il peut rien vous faire, là vous êtes sûr qu’il va pas vous attaquer en pleine nuit ou vous dévaliser toute la maison, alors, c’est sûr, un animal perdu, moi, je le recueille, mais... » Rigadelle ne le laissa pas continuer : « Eh bien, vous savez, j'ai eu des parents un peu... Bref, pour faire court, en fait je porte un nom d'animal... De mollusque, plus exactement... Les rigadelles, vous aimez ça, vous ? donc, si vous vouliez bien me prêter un p'tit coin de votre étable, là, pour cette nuit, ça serait vraiment gentil... » L'homme éclata de rire et s'en alla en lui indiquant le chemin de l'étable, il riait tellement qu'il ne pouvait plus parler. Après qu’il eut refermé la porte de sa maison, Rigadelle l'entendit encore rire pendant un bon moment. Mais ça n’avait pas d’importance : elle passa la plus belle des nuits blottie contre un agneau tout doux et tout chaud.
Rigadelle marchait depuis une heure déjà dans cette ville médiévale où elle cherchait en vain un hôtel pour la nuit. Elle avait quitté ses amis et avait roulé tout l'après-midi pour rentrer chez elle, espérant arriver avant la nuit. Malheureusement, un bruit suspect dans le moteur l'avait obligée à s'arrêter en urgence au bord de la route. De là, elle avait dû appeler un dépanneur. Le verdict était sans appel : il fallait remorquer la voiture jusqu'au garage et attendre le lendemain matin pour faire les réparations. La poisse !
Elle avait donc appelé un taxi qui l'avait déposée dans la ville la plus proche, ville qu'elle ne connaissait pas, mais qui lui avait paru agréable au premier abord. Le taxi l'avait déposée à l'hôtel des voyageurs, mais le réceptionniste lui avait annoncé qu'il y avait un congrès de vétérinaires le lendemain et que toutes les chambres étaient réservées.
La soirée n'étant pas encore trop avancée, Rigadelle ne s'inquiéta pas outre mesure, se disant qu'elle trouverait certainement une chambre dans un autre hôtel. Elle était donc partie à l'aventure, comme à son habitude. Cependant, l’aventure commençait à lui peser, là, après une heure de marche et cinq essais infructueux pour trouver une chambre : tous les hôtels de la ville affichaient complets ! A croire que tous les vétérinaires du pays s'étaient donné rendez-vous à ce congrès... En plus, il faisait froid et humide, les rues étaient désertes, et l'ambiance devenait plutôt lugubre.
Fatiguée, Rigadelle finit par s'asseoir sur les marches d'un petit escalier devant une porte en bois qui semblait donner sur un jardin à l’abandon. Elle se mit à fredonner pour se donner du courage : I’m singing in the rain, just singing in the rain, lalalalalala, I’m happy again… A chaque fois qu’elle avait un coup de blues, elle chantait cette chanson en s’imaginant dans le rôle de Jean Hagen. Elle-même s'était essayée à la chanson, mais le trac la paralysait tellement qu'il lui était impossible de monter sur scène. Elle se revoyait à cette soirée où tous les espoirs qu'elle avait fondés sur sa carrière de chanteuse avaient disparu, au moment où quelqu'un dans la salle s'était mis à crier "Rigadelle, à la poubelle !" et qu'un trognon de pomme avait atterri dans ses cheveux, alors qu’elle n’avait même pas ouvert la bouche (il faut dire que cela faisait trois bonnes minutes que le public attendait qu'elle l'ouvre, alors forcément...).
Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, Rigadelle entendit un grincement dans son dos. Elle se retourna et vit que la porte en bois était légèrement entrouverte. Curieuse, elle se leva et poussa lentement sur la porte pour voir ce qui se trouvait derrière. C'est alors qu'une trombe d'eau déferla sur elle, une eau glacée tout droit tombée du ciel... Là-dessus, elle entendit clairement une voix d'homme qui disait : « Ca t'apprendra à chanter comme une casserole et à réveiller les gens la nuit, bon dieu de bon dieu !" Rigadelle venait de se prendre un seau d'eau sur la tête.
Le temps de reprendre ses esprits, elle ramassa le seau, jeta un regard circulaire dans le jardin, aperçut une branche d'arbre à terre, s'en saisit et se mit à brailler en tapant sur le seau :
A bout de mots, de rêves je vais crier :
"Je te biiiip, je te biiiip"
Comme un fou comme un soldat
comme une star de cinéma
Je te biiiip, je te biiiip
Comme un loup, comme un roi
Comme un homme que je ne suis pas
Tu vois, je te biiiip comme ça
C’était proprement insupportable. L’homme, qui était resté caché depuis le début, sortit tout à coup de la maison en criant : « Mais pourquoi tu le dis pas, bordel ? Pourquoi tu la massacres comme ça, la chanson de Lara?! Tu peux pas la chanter normalement avec toutes les paroles, hein ?! Allez, dis-le : Je t... » L'homme n'eut pas le temps de terminer sa phrase, Rigadelle l'avait assailli et lui lançait des coups de seau sur la tête : « Arrêtez, bon dieu, on ne peut pas le dire, c'est tout ! C’est comme ça, des fois dans la vie faut pas réfléchir, il y a des choses qu’on a le droit de faire et d'autres pas, il faut respecter les règles, c'est tout. »
Le silence se fit enfin. Presque. Une sorte de couinement se fit entendre, un bêlement, plus exactement, bruit incongru tout à coup dans cette nuit humide qui résonnait encore des cris et des chants aux insupportables sonorités. Rigadelle se retourna et distingua, dans le fond du jardin, une sorte de remise qu'elle n'avait pas aperçue la première fois. « C’est mon agneau, dit l’homme, j’ai un agneau et il dort là, dans son étable. » Profitant de l’aubaine, Rigadelle demanda : « Dites, je suis désolée de vous avoir réveillé, mais, puisqu’on en est à discuter, là, dans votre jardin, vous n’auriez pas un endroit où je pourrais passer la nuit ? Ca fait des heures que je cherche une chambre d’hôtel, et là… » L'homme eut un mouvement de recul qui était de mauvais augure. « Ah non, ma p'tite dame, moi j'ai pas de chambre chez moi, et puis j'accueille pas n'importe qui, moi, pas des inconnus, en tous cas... » Sentant qu'elle allait passer la nuit dehors, Rigadelle tenta le tout pour le tout : « Et… Les animaux… Vous aimez les animaux, non ? Vous laisseriez pas un animal tout seul mourir de froid dans le noir, n’est-ce pas ? » L’homme, suspicieux, réfléchit un instant… « Ben, c’est sûr, un animal il peut rien vous faire, là vous êtes sûr qu’il va pas vous attaquer en pleine nuit ou vous dévaliser toute la maison, alors, c’est sûr, un animal perdu, moi, je le recueille, mais... » Rigadelle ne le laissa pas continuer : « Eh bien, vous savez, j'ai eu des parents un peu... Bref, pour faire court, en fait je porte un nom d'animal... De mollusque, plus exactement... Les rigadelles, vous aimez ça, vous ? donc, si vous vouliez bien me prêter un p'tit coin de votre étable, là, pour cette nuit, ça serait vraiment gentil... » L'homme éclata de rire et s'en alla en lui indiquant le chemin de l'étable, il riait tellement qu'il ne pouvait plus parler. Après qu’il eut refermé la porte de sa maison, Rigadelle l'entendit encore rire pendant un bon moment. Mais ça n’avait pas d’importance : elle passa la plus belle des nuits blottie contre un agneau tout doux et tout chaud.
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Bonsoir...j'aurais pas du faire de pronostics non plus :-(
Je viens de lire le fil ...vais me contenter de regarder les belles images ;-)
Have fun et bonne fin de soirée.
Je viens de lire le fil ...vais me contenter de regarder les belles images ;-)
Have fun et bonne fin de soirée.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: EXERCICE EN DIRECT mercredi 28 mai 21.00
Photo A
Philibert a toujours adoré les lampadaires. Bien sûr, il n’en est pas forcément fier, car s'il apprécie tant les lampadaires, ce n'est que par crainte de la nuit, du froid, du brouillard, des ennuis. "La nuit tous les chats sont gris" n'avait de cesse de lui répéter sa pauvre mère, ne sors pas après minuit, mon chéri. Et le pauvre Philibert obéit. Même à vingt-cinq ans et demi, il préfère demeurer seul chez lui que s'aventurer loin de la lumière dans une ruelle sombre sans lampadaires. Ses amis, les gars de l'usine, sortent dès qu'ils peuvent et ils se moquent de lui. Radin, vieux rabat-joie, petit-bourgeois ; toutes ces insultes lui sont coutumières, mais il ne fléchit pas ou du moins pas volontairement.
Le jour de ses vingt ans, sa mère est mise en terre. Enterrement, fleurs, éternuement, pleurs. Notre ami se sent perdu, c’est à en perdre la tête, il a perdu le seul être qui lui est cher avec son petit frère Ferdinand. Tous deux s'en vont noyer leur malheur dans une chope de bière amère. Jolies filles, vieux pervers, Ferdinand, Philibert. Une femme aux lèvres rouges s'approche de Philibert. Elle lui propose un verre et ses lèvres rouges bougent légèrement. Dans une lente séduction, elle entame une discussion. Et ses lèvres rouges bougent. Et Philibert les fixe. Obsession. Elle s'appelle Nancy, dix-huit ans, sans enfants, bien heureusement, tout ça grâce à l'avortement. (Illégal de son temps.) Du sang. Rouge. Rouge comme ses lèvres de Louise Brooks. Rouge. Du sang. Maintenant, il la regarde méchamment. Alors Nancy, lui demande d'un ton bien libertin s'il a un problème avec la contraception. Non non, bien sûr que non. Il aime les enfants, mais de toute manière, il y en a trop des enfants chez les petits gens. Alors pourquoi cette tête d'enterrement? Philibert, vert, se sert un verre de bière. Il n'aime pas la bière, mais il boit ma foi. Enterrement? répète-il soudainement. J'ai enterré ma mère cette après-midi et justement elle crachait du sang rouge sur des mouchoirs blancs.
Philibert rentrera cette nuit-là dans un sale état. Et alors, seul, à piétiner les pavés d'une ruelle imprégnée par une odeur pestilentielle, il reprendra ses esprits. Et il hurle lorsqu'il marche sur un rat. Ici il fait nuit. Au loin, une lumière. Il court, il court et il a le souffle court. Sueurs, suffocations, il atteint le lampadaire et implore de sa mère, amie des vers à présent, de lui donner son pardon. Jamais plus il ne se risquera dans une rue sombre, promis. Un chat noir, et non pas gris, miaule plaintivement sur le trottoir. Philibert lui, dégobille.
Soudain... un chemin. Un chemin de lumière longeant les escaliers pavés, les escaliers pavés qui mènent à sa maison ou du moins, à son petit appartement. Lampadaires, merveilles de l'univers! Providence de lumière! Il enjambe les marches en tournoyant, en titubant. Ses lèvres à lui sont gercées, blanches et d’ordinaire sellé. Elles frôlent les lampadaires solitaires avec passion. Les lampadaires, ces lampadaires, sont le salut de Philibert. Le salut de bienvenue dans le monde non austère de la vie de nuit, des jolies filles, des amis. Car en bas des escaliers éclairés, il y a un cabaret fort coquet. Sur la réclame, des femmes en rubans roses aux allures de bonne famille lui font du charme. A l'intérieur, du bruit. Notre ami connaît cet endroit. Parfois, les gars de l'usine y vont le samedi.
Alors, le samedi, Philibert sort. Une fois, deux fois, trois fois, cinq mois! Maintenant, Philibert a des amis, des amies. Il a revu la femme aux lèvres de Louise Brooks et puis, les gars de l’usine sont aussi ses amis. Maintenant, Philibert n'est plus un homme austère et de cela, il en est fier. Les lampadaires? La peur de la nuit et des chats gris? Personne ne le sait hormis lui. Et tout va bien ainsi. Petit à petit, il oublie même son ancien lui. Pourquoi se rend-il chaque samedi dans ce cabaret? Uniquement pour la qualité et le prix bon marché, qu'il se dit.
Un jour pourtant, le cabaret ferme à dix heures. Tout le monde dehors, crie le patron. Philibert engloutit un dernier verre, serre sa ceinture et quitte les lieux du mieux qu'il peut. Dehors, il fait nuit. A-t-il peur de la nuit? Oui, lui dit son vrai lui. Et les lampadaires? Où sont-ils les lampadaires? D’où vient ce boucan? Des avions? Des ennuis? Notre homme a peur et s'en va se recroqueviller sur un trottoir. Il pleure. Et puis, un bruit. Un bruit tout doux et appauvri par le boucan incessant des avions. Miaaaooow! Philibert se retourne et découvre un chat gris tout mimi. Il le prend dans ses bras et le serre contre lui. Misère. Il lui raconte ses déboires, là-bas, assis sur le trottoir. Décidément, non, il n'aime pas Paris la nuit.
Philibert a toujours adoré les lampadaires. Bien sûr, il n’en est pas forcément fier, car s'il apprécie tant les lampadaires, ce n'est que par crainte de la nuit, du froid, du brouillard, des ennuis. "La nuit tous les chats sont gris" n'avait de cesse de lui répéter sa pauvre mère, ne sors pas après minuit, mon chéri. Et le pauvre Philibert obéit. Même à vingt-cinq ans et demi, il préfère demeurer seul chez lui que s'aventurer loin de la lumière dans une ruelle sombre sans lampadaires. Ses amis, les gars de l'usine, sortent dès qu'ils peuvent et ils se moquent de lui. Radin, vieux rabat-joie, petit-bourgeois ; toutes ces insultes lui sont coutumières, mais il ne fléchit pas ou du moins pas volontairement.
Le jour de ses vingt ans, sa mère est mise en terre. Enterrement, fleurs, éternuement, pleurs. Notre ami se sent perdu, c’est à en perdre la tête, il a perdu le seul être qui lui est cher avec son petit frère Ferdinand. Tous deux s'en vont noyer leur malheur dans une chope de bière amère. Jolies filles, vieux pervers, Ferdinand, Philibert. Une femme aux lèvres rouges s'approche de Philibert. Elle lui propose un verre et ses lèvres rouges bougent légèrement. Dans une lente séduction, elle entame une discussion. Et ses lèvres rouges bougent. Et Philibert les fixe. Obsession. Elle s'appelle Nancy, dix-huit ans, sans enfants, bien heureusement, tout ça grâce à l'avortement. (Illégal de son temps.) Du sang. Rouge. Rouge comme ses lèvres de Louise Brooks. Rouge. Du sang. Maintenant, il la regarde méchamment. Alors Nancy, lui demande d'un ton bien libertin s'il a un problème avec la contraception. Non non, bien sûr que non. Il aime les enfants, mais de toute manière, il y en a trop des enfants chez les petits gens. Alors pourquoi cette tête d'enterrement? Philibert, vert, se sert un verre de bière. Il n'aime pas la bière, mais il boit ma foi. Enterrement? répète-il soudainement. J'ai enterré ma mère cette après-midi et justement elle crachait du sang rouge sur des mouchoirs blancs.
Philibert rentrera cette nuit-là dans un sale état. Et alors, seul, à piétiner les pavés d'une ruelle imprégnée par une odeur pestilentielle, il reprendra ses esprits. Et il hurle lorsqu'il marche sur un rat. Ici il fait nuit. Au loin, une lumière. Il court, il court et il a le souffle court. Sueurs, suffocations, il atteint le lampadaire et implore de sa mère, amie des vers à présent, de lui donner son pardon. Jamais plus il ne se risquera dans une rue sombre, promis. Un chat noir, et non pas gris, miaule plaintivement sur le trottoir. Philibert lui, dégobille.
Soudain... un chemin. Un chemin de lumière longeant les escaliers pavés, les escaliers pavés qui mènent à sa maison ou du moins, à son petit appartement. Lampadaires, merveilles de l'univers! Providence de lumière! Il enjambe les marches en tournoyant, en titubant. Ses lèvres à lui sont gercées, blanches et d’ordinaire sellé. Elles frôlent les lampadaires solitaires avec passion. Les lampadaires, ces lampadaires, sont le salut de Philibert. Le salut de bienvenue dans le monde non austère de la vie de nuit, des jolies filles, des amis. Car en bas des escaliers éclairés, il y a un cabaret fort coquet. Sur la réclame, des femmes en rubans roses aux allures de bonne famille lui font du charme. A l'intérieur, du bruit. Notre ami connaît cet endroit. Parfois, les gars de l'usine y vont le samedi.
Alors, le samedi, Philibert sort. Une fois, deux fois, trois fois, cinq mois! Maintenant, Philibert a des amis, des amies. Il a revu la femme aux lèvres de Louise Brooks et puis, les gars de l’usine sont aussi ses amis. Maintenant, Philibert n'est plus un homme austère et de cela, il en est fier. Les lampadaires? La peur de la nuit et des chats gris? Personne ne le sait hormis lui. Et tout va bien ainsi. Petit à petit, il oublie même son ancien lui. Pourquoi se rend-il chaque samedi dans ce cabaret? Uniquement pour la qualité et le prix bon marché, qu'il se dit.
Un jour pourtant, le cabaret ferme à dix heures. Tout le monde dehors, crie le patron. Philibert engloutit un dernier verre, serre sa ceinture et quitte les lieux du mieux qu'il peut. Dehors, il fait nuit. A-t-il peur de la nuit? Oui, lui dit son vrai lui. Et les lampadaires? Où sont-ils les lampadaires? D’où vient ce boucan? Des avions? Des ennuis? Notre homme a peur et s'en va se recroqueviller sur un trottoir. Il pleure. Et puis, un bruit. Un bruit tout doux et appauvri par le boucan incessant des avions. Miaaaooow! Philibert se retourne et découvre un chat gris tout mimi. Il le prend dans ses bras et le serre contre lui. Misère. Il lui raconte ses déboires, là-bas, assis sur le trottoir. Décidément, non, il n'aime pas Paris la nuit.
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