Un truc que j'ai jamais vu

Elle bascule son regard bleu par dessus sa tasse, sait aujourd’hui que c’est son jour, personne ne lui volera ça.
Elle est mon amie.
Nous nous sommes rencontrés ici, dans les lignes qu’est la petite histoire de ce forum, d’un forum avant plus précisément.
Et si je dis que c’est aujourd’hui son jour, c’est parce que, toutes corrections faites, son éditrice a rendu les armes, d’objections n’en a plus aucune, plie comme je plie lisant son récit.
Dans son regard, bleu donc, est un rêve et se rêve d’entre pages danse, se tourne d’un chapitre à l’autre, et sent bon l’encre fraîchement déposée.
Bientôt.
Mois de mars à venir.
Je pourrais dire et en dire plein, je pourrais ressortir de mes Moleskine toutes les étapes, détailler chacune d’elles, vous raconter comment, pourquoi, vous dire aussi tous les moments de doute, ceux qui flinguent et qui rendent l’âme si chagrine qu’ils ne vous laissent d’autre choix que d’abandonner ou être différent. Un peu différent, pour que le rêve aille avec beaucoup de violence se fracasser au matériel. D’autres diraient «  se matérialiser » .
Ça fait mal un rêve qui prend corps.
Ça fait mal.
Sans doute est-ce pour cette raison que peu osent, ou que peu résistent.
Elle bascule son regard bleu par dessus sa tasse, elle dit que c’est en partie grâce à moi mais je sais bien que non : personne ne dit comme elle dit, et personne n’a même pensé à le dire ainsi.
Elle est mon amie, demande :
— « Un truc que j’ai jamais vu, c’est la mer » pas mal comme titre, non ?
— Tellement pas mal que je te le volerais bien.
Elle est mon amie.
Et je m’empêtre dans les mots, et je m’empêtre de sentiments, et ça colle tout ça, colle à la peau, aux os, et tout collant que c’est, tout inutile, je pense que je suis fier d’elle. Fier oui, et pas qu’un peu. Alors je dégage alentour, fais un peu de ménage, sors le clavier de pas mal de bordel, met le feu à une Craven A. Pense que sous avons elle et moi les même vices question clopes, marque de clopes, et je m'y recolle, écris «  Je t’aime mon amie »
« Je t’aime mon amie »
L’écris comme je le pense.
Puis je murmure « Un truc que j’ai jamais vu, c’est la mer »
« Un truc que j’ai jamais vu, c’est la mer »
Et dire que quantité de types marnent sur les mots, analysent, quantifient, relisent les classiques pour allonger des phrases aussi longues que des paquebots qu’auraient même jamais vécu un océan ni mouillé leurs coques d'un peu d'eau.
« Un truc que j’ai jamais vu, c’est la mer »
Et je m’arrête là.
« Un truc que j’ai jamais vu, c’est la mer »
Que dire après ça ?

Suis très émue.
Pourtant je le sais, que tu m'aimes.
Mais comme c'est dit là, écrits avec tes mots, ta manière à toi de les arranger, de les bousculer, de les déranger...

Si tu voyais mon sourire, il tient tellement à mes lèvres qu'il n'en décollera pas jusqu'à demain. Je vais m'endormir avec.

Tout pareil que toi, Pili... sauf que j'aimerais avoir les yeux bleus!

et moi je dis : vivement le mois de mars ;-)

c'est beau un hommage pareil, c'est beau et touchant! ça sent l'amitié, ça sent la tasse de café (ou de thé, c'est vous qui voyez), et ça sent le vrai. à mars, donc!

je pourrais ressortir de mes Moleskine

et Mentor sa Modestine? (oui bon l'était pas terrible celui-là...)

Chako a écrit:

l'ami Yali a écrit:je pourrais ressortir de mes Moleskine

et Mentor sa Modestine? (oui bon l'était pas terrible celui-là...)

ouais, sauf que elle et moi on n'y est pour rien ;-)

Et dire que quantité de types marnent sur les mots, analysent, quantifient, relisent les classiques pour allonger des phrases aussi longues que des paquebots qu’auraient même jamais vécu un océan ni mouillé leurs coques d'un peu d'eau.

T'analyses, quantifies, relis la concurrence ?
;-))

C'est bien tout ça. Faudra penser à faire voyager vos bouquins par ici, que je puisse les déposer sur les étagères de nos bibliothèques en péril jaune.

Salut Yali.

J'ai lu, bien sûr, car s'il y a une chose que j'ai compris ici, c'est la relation quasi-mathématique suivante : Yali=qualité. (Tiens, je néolangage : La Yalité !)

Et puis, c'est bien écrit, maîtrisé de toute évidence ; mais, sûrement à cause de mes yeux verts, je n'ai pas autant accroché que d'hab'. Mais on s'en fout, tiens. Ce texte ne m'était pas dédié.

Il ya, pour finir, des petites perles dans ce texte, comme autant de signes du talent (cf phrase quotée par panda, entre autres)

C'est sûr qu'après ça on pense déjà à mars prochain !!!!!!

c'est bon de vous mater encore dans votre chambre à coucher les mots.

et vivement mars.
Et, parfois, la vie est simplement juste.
Je le savais... ça ne pouvait pas être autrement.

cool! je connais deux écrivains.

Mais mes ficelles de caleçon à Pili !

Joli hommage.