MNEDC (1/3) : Chat, peau, claque et callypige du lendemain.

Se réveiller n’est pas le mot juste pour décrire ce que j’ai fait ce matin-là.

J’émerge. J’ai cette phrase dans la tête. C’est le début d’un chapitre de « Eureka street » de McLiam Wilson…
On ne peut oublier certaines choses.
Mais on peut en oublier d’autres tout aussi bien foutues : Elle, par exemple.

Avec difficulté je me redresse, ma cicatrice tire encore. Moins, heureusement. J'essaie d'évaluer la dose d'énergie qu'il va me falloir pour aller pisser.
Hé, c'est qui, celle-là ?
J'ai horreur de me réveiller avec une greluche. La plupart du temps, quand je récapitule le parcours pour l'amener dans mon lit, je me dis que mon manque de goût n'a d'égal que mon entêtement. Et dès son premier bâillement, je n'ai plus qu'une envie : qu'elle se casse.
A tâtons je cherche un bout de drap : pas de familiarités !
Un bout d'hier, aussi, histoire de me mettre sur la voie. N’importe quoi, mais quelque chose qui me raconte ce corps endormi, allongé à mes côtés. J’ai la gueule de bois eraser
Voyons.
Je ne vois rien. Sauf que je suis pas peu fier, non, parce que, faut bien l’avouer, elle est sacrément bien balancée la sommeilleuse!
Je me couvre encore un peu, de fait, la découvre. Ca sent le prétexte.
Mais de souvenirs, niet, ouallou, que dalle…
Pourtant…
Pourtant, c’est pas le genre de corps qu’on oublie, sans parler que sur ledit corps : des épaules aux fesses, court un tatouage, un dans le genre estampe japonaise revisité sauce virtuose de l’aiguille à encrer les chairs : Kama-sutra.
Enfin, lorsque je dis « Kama-sutra » c’est façon de parler, parce que, s’il y a bien dans le creux d’une chute de reins, un couple qui fait l’amour, il y a aussi tout autour une foule de personnages qui mate l’air ravi et… oui, c’est bien ça : un chat.
Un chat qui, posé sur le galbe d’une fesse, d’une patte, se frise les moustaches.
Qui tourne le dos à la scène
Qui me regarde, obscène.
Machinalement, à voix basse j’appelle le mien.
« Pouêt » je dis, « Pouêt » je répète.
Mais rien.
Et pour cause, je le réalise, je suis pas chez moi : jamais vu cet endroit-là.
Me bouger
Faire le tour du lit, histoire de voir si le ramage de la sommeilleuse se rapporte au plumage : lire son visage.
Ca tangue un brin, mais…

Bordel, t’es belle toi !

« Et belle, c’est rien de le dire. »
« C’est rien de le dire » répète le chat.
Je l’ignore.
Je lève les yeux pour qu’il comprenne que je me fous de ses remarques. J’ai les paupières ginifusées sans tonic. Le plafond danse, mais comme il est blanc, ça n’a rien de bouleversant.
« Et c’est qui Pouêt ? »
Le fait qu’il prononce le nom de ma chatte me fout les boules.
« Je t’interdis de parler d’elle. »
« Jaloux ? » miaule t-il avec son sourire en vol d’oiseau à l’envers.
Je préfère faire la sourde oreille.
Le silence s’installe, à peine dérangé par un murmure de coton sur peau soyeuse.
« Bonjour. »
La voix est différente, douce et claire, à peine voilée de nuit, une berceuse qui me caresse l’émotion.
« On les avait déjà sifflées mes fesses, mais c’est la première fois qu’on leur parle. »
Gêne…
Je réponds comme un idiot :
« Je parlais au chat »
« De mieux en mieux », elle sourit.
« Non ! Non, c’est pas… », je ne sais pas comment finir ma phrase, je fais un blocage sur les justifications.
« Quel chat ? » elle demande.
La situation est ridicule.
Mais je gère. Habitude, karma.
« Le chat du tatouage »
« Quel tatouage ? »
Tout en parlant, elle se lève, traverse la chambre.
Nue.
J’ai la tête dans le cul, le sien. Je note que sa fesse droite est plus jolie que l’autre, de très peu. Je note aussi qu’elle n’a plus de tatouage.
Rien…
Elle tire les rideaux. Quelqu’un a collé sur la baie vitrée un poster de paysage exotique : palmiers, plage et lagon bleu.
Putain…
C’est pas un poster.
C’est le paradis, en vrai.
« On va prendre un petit déjeuner ? » elle me dit.


Pas plus loin qu’un peu plus tard, on se retrouve assis en terrasse. On vient de passer au buffet. Nos assiettes sont pleines de fruits, d’œufs, de saucisses grasses. Dans les tasses, le café fume, et moi aussi, comme un pompier. Nos voisins touristes grimacent, ils ont raison, mais je m’en fous. Le jus d’orange n’est pas frais pressé, des haut-parleurs distillent une musique d’ascenseur locale qui rythme la cadence des serveuses autoctoons dodues, aigries et rayonnantes. Tout est vert, bleu, jaune, avec des touches écarlates éparses. Au loin, de gros nuages éclaboussent de noir le ciel azur et, le surf blanc grogne sur la barrière de corail.
On me sert des clichés avec mes œufs brouillés et j’adore ça.
J’ai encore la gueule de bois mais avec un cœur de miel et j’entends de joyeuses abeilles chanter.
Elle est face à moi, silencieuse, le menton disposé dans la paume de la main entre ses doigts repliés ; sous sa bouche une teinte un peu plus sombre que la peau donne à l’ourlet de ses lèvres une grâce profonde ; ses yeux sont juste assez creusés pour s’ombrer sans fard.
Je plonge les yeux dans son décolleté, qui n’en est pas vraiment un, et qui n’en est que plus émouvant : Le relâchement d’un vêtement trop porté, trop souvent tendu par une poitrine faite pour moi, avec des boutons inutiles, d’autant plus sexy qu’ils ne sont que décoratifs. A chacun de ses gestes, j’entends presque le tissu cacher sa joie.

J’aperçois le chat du tatouage, plus loin, planqué dans des palmiers nains, qui m’observe.
Qu’est-ce qu’il fout là ?
Il fait un mouvement.
Si je n’étais pas calé en anatomie féline, je jurerais qu’il pointe son pouce en l’air, comme pour dire, complice : « génial ».

Elle me demande gentiment : " t'as faim ?" et j'ai du mal à comprendre la sémantique de la phrase.
Je la regarde. La dernière fois que j'ai fait ces yeux-là, je suppose que c'était quand le père Noel m'a apporté mon premier ordinateur…
Je ne me rappelle pas m'être jamais senti aussi bien.
Elle mange.
Je regarde.
Elle boit.
Je regarde.
Me dit " t'en veux ?".
"heu"
Les dialogues sont pas terribles, c'est pas avec ça que j'aurai le Goncourt, mais je m'en fous.
Elle essuie sa bouche, j'envie la serviette. Y'a une miette qui m'agace sur sa peau.
Et puis tout d'un coup, le nuage qui mijotait au ras de la mer bouffe le soleil, le chat traverse en diagonale toute la terrasse, siffle le pont de la rivière Kwai en passant à côté de ma chaise et s'esbigne en ricanant. Un mec se dirige vers nous, ma sommeilleuse agite la main, et me glisse "voilà Dormieux"
Le mal au crâne est revenu et j'ai envie de faire la gueule :
" C'est qui Dormieux ?"
Elle me foudroie : "Arrête tes conneries ! Il risque de ne pas apprécier! Voilà la clef "
Et elle pose dans ma serviette la clef d'une bagnole

Sorry, j'ai posté à la suite de Kill ,en réponse, au lieu de faire nouveau... < Modération (Krystelle) : c'est modifié >
Pas facile, de prendre la suite et encore moins de modifier... je me serais crue plus iconoclaste !

J'ai pas de commentaire super constructif à faire. Désolée ! J'ai l'impression de passer mon temps à me répéter. C'est la même histoire. La " relève " est bien faite. Coline, même chose.
On reste dans la même logique.
Complètement nul, c'qu'j'dis...

C’est très bon cette suite, Coline. Tu es parvenue à rester vraiment dans le ton. Et en plus, tu fais bien avancer le récit.
J’adore « le chat traverse en diagonale toute la terrasse, siffle le pont de la rivière Kwaï en passant à côté de ma chaise et s'esbigne en ricanant. »

Et l'arrivée de ce Dormieux, houla, ça se corse !

Recommente celui-là, aussi.
Bien joué, Coline ! Ton écrit s'insère parfaitement dans le groupe.
Chat peau ! ^^

Hop !

Ben voilà, ça c'est du travail d'équipe, et ta touche de Coline qui remet les compteurs au linéaire, et les remet bien… Ça donne envie d'écrire, et ça, c'est pas rien, non c'est pas rien !
Du coups, m'en vais me réinscrire.

Je vais peut-être passer pour le rabas joie à force, mais je trouve que la première phrase est toujours faible. Trop d'infos dissimulées dans une idée trop claire : attention ce que je vais vous raconter c'est pas banal !

L'image du réveil qui n'en n'est pas vraiment sonne bizarre, aussi.

Peut-être faudrait-il juste supprimer cette phrase, ou l'élargir en deux ou trois phrases plus percutentes et moins clichées ? =-)

Alskay a écrit:Je vais peut-être passer pour le rabas joie à force, mais je trouve que la première phrase est toujours faible. Trop d'infos dissimulées dans une idée trop claire : attention ce que je vais vous raconter c'est pas banal !

L'image du réveil qui n'en n'est pas vraiment sonne bizarre, aussi.

Peut-être faudrait-il juste supprimer cette phrase, ou l'élargir en deux ou trois phrases plus percutentes et moins clichées ? =-)

Bon, alskay, ceci est un texte dont la seule ambition est d'être réécrit, ce qui a été fait, par deux fois. Suis un peu, ou je te cause Anglais :-)

Ahah, mais j'ai bien vu, c'est pour ça que je poste dans ce thread. Et justement vu qu'il est reécri et que Killgrieg demande des critiques pour les reécritures, je me suis dit... Mais tu peux me causer anglais si tu veux, j'aime !

Ce qui veut dire que l'incipit changera autant de fois qu'un de nous s'y collera, autant de fois jusqu'au consensus. Mais, s'il te plaît de la changer, suffit de s'inscrire :-)

Oh, you got a point there, si j'ai posté au sujet de cette première phrase, c'est qu'elle a été conservée (cf. le 1/2). =-)

Alskay a écrit:Oh, you got a point there, si j'ai posté au sujet de cette première phrase, c'est qu'elle a été conservée (cf. le 1/2). =-)

Certes mais ta critique était au 1/1, et au 1/2 elle change, et conservée du 1/2 au 1/3 :-P
soit j'ai pris un verre de trop soit t'as pas bu le premier ?
Soit on se la joue à l'Awalé

C'est pas mal réapproprié, mais c'est vrai que le réveil est un peu vide. Au début.

Après ça coule, l'énigme repart.

Bien !

Allez, au boulot, maintenant...

;-)

J'attends que quelqu'un exploite cette cicatrice qui lui fait mal au réveil. La clef tombe à point nommé, élément capital pour dynamiser le récit encore trop sur l'expectative (tout comme moi qui n'ose pas m'inscrire).

Ben alors ! Faut oser Bertrand.

Tu sais qu'il a fait inscrire sur sa tombe, Bukowski ?

Don't try. Do it !

sûr ! C'est fou ce qu'on ferait plus de chose si on ne se demandait pas avant si on en est capable : y'a qu'après qu'on le sait !!

et même des pluriels sans s !

Dans l’ensemble, le texte reste homogène, ton et rythme.
j’aime assez.
On gagnerait peut-être en efficacité en supprimant quelques phrases toutes faites (et là, je pense surtout à la partie que j’ai écrite).



Ce qui me pose problème :

Hé, c'est qui, celle-là ?

J’ai du mal avec ça. Il me semble que le côté « exclamation » ne colle pas avec le reste… le réveil, l’atmosphère…

J'ai horreur de me réveiller avec une greluche (…) Et dès son premier bâillement, je n'ai plus qu'une envie : qu'elle se casse.

Je ne dis pas que personne n’a ressenti ça un jour, mais je pense que ça a besoin d’être nuancé.
J’ai un scoop : Les mecs sont au fond des tendres, et s’ils parlent comme ça, parfois, c’est souvent réservé à leurs potes à bières.
En monologue intérieur, ça ne passe pas. Je n’y crois pas (même bukowsky qui traite abondamment du sujet est plus fleur bleue)
… Et surtout, j’ai envie que notre personnage soit plus – comment dire – complexe, plutôt que primaire

la sommeilleuse!

J’aime pas « la sommeilleuse ».
Ça m’avait déjà posé problème en première lecture, chez yali.
A la troisième lecture ; je me dis : « j’aime pas »

Faire le tour du lit, histoire de voir si le ramage de la sommeilleuse se rapporte au plumage : lire son visage.

J’avais un souci avec « ramage » (qui se rapporte à la voix). Cette phrase ne tient pas debout.
En quoi peut-il estimer le ramage de la dame en la regardant… faudrait la réveiller.

la sémantique de la phrase.

Me gêne. Mais, c’est un détail.

Y'a une miette qui m'agace sur sa peau.

J’aurai supprimé « y’a et qui », pour revenir à une phrase plus simple, presque jolie, même si moins « langage parlé »
Une miette m’agace sur sa peau.
Ou
Une miette, sur sa peau, m’agace.

Et puis tout d'un coup

Trop « soudain »… L’action s’accélère seule – avec le mec, le chat, les clefs…
"Et puis tout d’un coup" en rajoute une couche qui me semble inutile.

Un mec se dirige vers nous, ma sommeilleuse agite la main, et me glisse "voilà Dormieux"
Le mal au crâne est revenu et j'ai envie de faire la gueule :
" C'est qui Dormieux ?"

Le nom du mec, le côté onirique de toute cette affaire, me font un peu peur.
Perso je n’aimerais pas que tout ceci ne soit qu’un rêve. Les rêves sont communs, on en fait tous les jours (j’avais déjà dit ça, dans un autre post, je me répète :-)))

Ce que j’aime vraiment :

Un bout d'hier, aussi, histoire de me mettre sur la voie.

le nuage qui mijotait au ras de la mer bouffe le soleil, le chat traverse en diagonale toute la terrasse, siffle le pont de la rivière Kwai en passant à côté de ma chaise et s'esbigne en ricanant.

sinon! bien joué coline!

Alskay a écrit:Je vais peut-être passer pour le rabas joie à force, mais je trouve que la première phrase est toujours faible. Trop d'infos dissimulées dans une idée trop claire : attention ce que je vais vous raconter c'est pas banal !

L'image du réveil qui n'en n'est pas vraiment sonne bizarre, aussi.

Peut-être faudrait-il juste supprimer cette phrase, ou l'élargir en deux ou trois phrases plus percutentes et moins clichées ? =-)

cette phrase (je le répète) a été piquée à Robert McLiam Wilson (première phrase du chapitre 9 de "Eureka street") et j'en profite pour conseiller à tout le monde la lecture de ce bouquin ("ripley boogle", du même auteur est excellent aussi)

maintenant! oui! peut-être que ça ne va pas.

et me dis, à l'instar de yali:
"réécrit nous l'incipit Alskay"
même si tu ne tiens pas à participer au jeu... mets-y ton grain de sel seulement pour cet incipit qui te pose problème. Juste ça. Propose une solution.

Il y a cette fois un nouvel élément à l'intrigue, donné dès le début : la cicatrice. C'est une bonne idée. Ne pas tourner qu'autour de l'amnésie (et du faux délire félin) apporte un peu d'épices au récit.

Pareil, uneprécision sur le statut de la fille : c'est une greluche. Remarque, on ne se réveille pas souvent à côté d'une inconnue qui n'est pas une greluche. Enfin.

Précisions, aussi, sur l'état d'esprit du héros (il a honte, un peu, de traîner une nana dans son pieu, comme ça.) Ca le rend un peu plus...attachant.

J'adore, tout simplement, le dialogue que tu apportes, coline. L'histoire du Goncourt, tout ça. Top.

J'aime pas trop la phrase du chat et du pont de la rivière Kwai, mais bon, je dois être (encore une fois) trop inculte pour en saisir toutes les nuances.

Un nouveau perso arrive, Dormieux et la fameuse clé.

Faut que j'en fasse quequ'chose.

Ca avance, c'est cool.

kazar a écrit:
Pareil, une précision sur le statut de la fille : c'est une greluche. Remarque, on ne se réveille pas souvent à côté d'une inconnue qui n'est pas une greluche. Enfin.

j'espère que tu plaisantes.
Sinon, tu viens d'insulter pas mal de celles qui sont devenues mes amies, de celle avec qui j'ai partagé des bouts d'existence plus ou moins long, parfois très long.

Je dirais en ce cas, qu'une bonne bière, une bonne bourre, ne pourraient que te faire du bien pour te décoincer les principes.

kazar a écrit:
Précisions, aussi, sur l'état d'esprit du héros (il a honte, un peu, de traîner une nana dans son pieu, comme ça.) Ca le rend un peu plus...attachant.

drôle comme les jeunes peuvent être réac

killgrieg a écrit:

kazar a écrit:
Pareil, une précision sur le statut de la fille : c'est une greluche. Remarque, on ne se réveille pas souvent à côté d'une inconnue qui n'est pas une greluche. Enfin.

j'espère que tu plaisantes.
Sinon, tu viens d'insulter pas mal de celles qui sont devenues mes amies, de celle avec qui j'ai partagé des bouts d'existence plus ou moins long, parfois très long.

Pardon, je connais pas grand-chose à la vie, c'est vrai :-)

Je dirais en ce cas, qu'une bonne bière, une bonne bourre, ne pourraient que te faire du bien pour te décoincer les principes.

kazar a écrit:
Précisions, aussi, sur l'état d'esprit du héros (il a honte, un peu, de traîner une nana dans son pieu, comme ça.) Ca le rend un peu plus...attachant.

kill kill bully a écrit:drôle comme les jeunes peuvent être réac

Y'a plus de saison !