Aubrac express

AUBRAC EXPRESS



Des tours de rouille horizontales
Sur des lampes vertes

Le train défile et casse les forêts en deux
Le train est tiré par les chevaux du diable
Et tue le vent immobile

A reculons
Le futur est un trou noir
Il court devant la fenêtre
Brillant de rapidité
Au contact du verre

Le Bousquet d'Orb.
Tout s'arrête.
Une longue brindille née du rail se balance sous les platanes en seigneurie
Puis comme un lent retour des choses
La machine repart en fête sur son tapis d'eau
Des casseroles sourdes accrochées aux flancs

Vers le nord
Le rude poumon de la France
Vers le nord et l'Aubrac
Où les vaches mordent le froid
Laissent une empreinte polaire sur la gorge du jour

Au passage
Voici les murailles d'arbres dressés en gardes jaloux sur le corps des forêts
Voilà les flots taris de l'été
Ils gouttent imprécis et puissants et rougissent les feuilles du sud

Là, les montagnes de blé
Là, des chemins de lait posés sur le ciel
Là, des visages sans formes déguisés en causses

Millau.
Le passé s'affole
Sous un pont du Tarn, l'eau sous la bouche
Un matin froid sur la place en vie
Les mains pleines de fromage
Les lèvres de peau d'or

Campagnac Saint-Geniez
Au centre d'une étoile carnivore qui se plie doucement jusqu'à écraser le train à la bosse du coeur
Des vitraux vides escaladent les maisons et leur crachent du soleil
Une boîte à lettre morte d'ennui se peigne du vieux jaune de son courrier


Il n'y a que des souvenirs
Entrant par les portes ouvertes
Et au bout du manège
De la rivière inaccessible
S'invite la bête qui rongea l'azur

C'est quelle ligne de train ? Un TER ou un train grande ligne ? Ton texte donne envie d'y aller. Remarque, on y va avec toi, mais ça donne aussi envie d'y aller "en vrai".
Enfin... tu as compris, j'ai voyagé avec toi.
En plus j'adore le train.
Il n'y a qu'une chose... C'est qui la bête ? Celle du Gévaudan ?

du gévaudan ou celle que tu as laissé à ton départ et qui te démonte le coeur, chacun sa version...

Ole Touroque a écrit:Une boîte à lettre morte d'ennui se peigne du vieux jaune de son courrier

Se peigne ou se peint?
Ce n'est pas évident, mais important

se peigne, c'est bien ça. les cheveux, c'est important!

Ole Touroque a écrit:se peigne, c'est bien ça. les cheveux, c'est important!

Merci!

Superbe ! J'ai beaucoup, beaucoup aimé.

Notamment :
"Le train défile et casse les forêts en deux
Le train est tiré par les chevaux du diable
Et tue le vent immobile"
"Des casseroles sourdes accrochées aux flancs"
"Une boîte à lettre morte d'ennui se peigne du vieux jaune de son courrier"

Le vers
"Au centre d'une étoile carnivore qui se plie doucement jusqu'à écraser le train à la bosse du coeur" me paraît assez obscur, et peut-être un peu long.

Aubrac, moi aussi.
Je te suis, pas besoin d'explication de texte, pas envie non plus ça emporte
du rêve tranchant.

Oui.

Vers le nord et l'Aubrac
Où les vaches mordent le froid
Laissent une empreinte polaire sur la gorge du jour

De très beaux vers, vraiment, qui parlent aux yeux et aux oreilles, au coeur aussi, le tien, le nôtre. Je relève, en particulier (mais tout est bon !)

Le train est tiré par les chevaux du diable
La machine repart en fête sur son tapis d'eau
Des casseroles sourdes accrochées aux flancs

Le rude poumon de la France
Vers le nord et l'Aubrac
Où les vaches mordent le froid
Laissent une empreinte polaire sur la gorge du jour

Voici les murailles d'arbres dressés en gardes jaloux sur le corps des forêts

Là, des chemins de lait posés sur le ciel (mon tout préféré)
Là, des visages sans formes déguisés en causses

Une réserve sur le vers :

Au centre d'une étoile carnivore qui se plie doucement jusqu'à écraser le train à la bosse du coeur

où je m'essouffle (comme le train...) à lire et à comprendre...

Pour finir, le titre aussi, bien trouvé, qui donne envie, déjà, de lire le poème.

Je l'ai commenté ailleurs mais pas inutile d'y revenir.

Pas aimé le titre.
Le reste est dru. Puissant.
Sans envolées lyriques.

La tête haute, le regard droit et tout ce qu'il faut.
Là où il faut.

Ca fait un moment que je te suis. Si au début tu étais un peu frileux, te voilà aujourd'hui sorti de ta coquille, tant au niveau de ton écriture que celui de ton interaction avec les autres.
J'admire ton respect pour le travail d'écriture. Et c'est un joli que tu nous offres sur ce texte. J'ai aimé.

merci panasonic. c'est vrai que ça fait plusieurs jours que je réagis aux textes mais j'ai trouvé ici un forum sympathique et honnête loin de le consensualité de certains autres.

Oui, tout à fait d'accord en ce qui concerne la consensualité.

panasonic a écrit:Oui, tout à fait d'accord en ce qui concerne la consensualité.

Sur ce coup-là, je ne vous suivrais pas.

Eux non plus, j'ai cru comprendre !

Ole! :-)

Je ne citerai pas les vers que j'ai aimés, je devrais recopier presque tout le poème. Un beau texte, qui transmet bien quelques émotions et des images aussi, beaucoup. Le voyage s'effectue en compagnie du lecteur, à pas lents et sûrs, c'est agréable.
J'ai vu qu'il y avait un n° II, je m'en vais voir ça.

"Des tours de rouille horizontales
Sur des lampes vertes

Le train défile et casse les forêts en deux
Le train est tiré par les chevaux du diable
Et tue le vent immobile"

Pour ça c'est de la poésie vraiment ou vraiment de la poésie ....bravo et merci de nous l'offrir.

pour le reste je préfère me taire .


Manu

Directement livré aux torrents des mots.

le faire secoué dans une vieille 8500 c'est à pleurer, comprends tu ce message?

et dire que certains n'évoquent la SNCF que pour nous entretenir de grèves et de catainers
que grâce te soit rendue de nous faire rêver

loic a écrit:le faire secoué dans une vieille 8500 c'est à pleurer, comprends tu ce message?

non, explique-moi...

une 8500 est une vieille locomotive électrique qui circule sur cette ligne

https://www.youtube.com/watch?v=BgKXzvJXhdo&hl=fr

tu as la réponse ci dessus, je trouve une folle poésie aux lignes de chemin de fer en déclin, les herbes qui poussent au milieu des voies, l'air qui ondule sur le ballast ect ect...