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Message  marcus Mar 28 Oct 2008 - 12:05

Voilà le début d'une nouvelle, si jamais des gens veulent lire la suite, je la mettrai après, bonne lecture...


Sur les coups de 21h30, m'a pris l'envie soudaine d'aller traîner ma carcasse dehors. De lui faire prendre un peu l'air... Je suis sorti, convenablement éméché, et me suis instinctivement dirigé vers le bar le plus proche du quartier. En pilote automatique si je-puis-dire. Qu'aurais-je bien pu faire d'autre ? Y a pas mille et une façon de tuer les nuits quand on est seul et qu'on ne veut pas ou qu'on ne peut pas dormir. Le someil facile, c'est un privilège de travailleur lessivé, quand on glande, on a le temps de penser, et même un peu trop parfois.
Je venais de me descendre une bouteille de blanc, et contrairement à d'autres soirs, ça m'avait drôlement donné la pêche. La plupart du temps, ça me faisait tomber vite-fait mal-fait dans les bras de cette chère Morphée, toujours elle, à défaut d'autres bras plus en chair. Mais non, pas ce soir.
Une fois arrivé devant la porte, j'ai vérifié qu'il me restait bien un peu de monnaie dans le fond de la poche et je suis entré. J'ai salué le barman d'un hochement de tête en marmonant un "bs'oir" dans ma barbe, et je me suis accoudé au comptoir entre deux costauds dont je connaissais les binettes. Ils n'ont pas détourné le regard de l'écran suspendu au fond de la salle. Pas un battement de cil. Leurs yeux étaient bien fixé, accroché à la téloche boulotteuse de cervelles. Il y avait un match de foot. Je me suis tâté une minute, puis j'ai commandé un picon, sans citron s'iouplaît. Avant l'arrivée de la télévision, c'était quand même autre chose pour ce qui est de l'ambiance. Maintenant, ils ont pris la sale manie d'en foutre partout. Histoire de meublé l'ennui et le vide des gens, mais surtout d'attirer du monde les soirs de match. Enfin bon, une fois que tout le monde commence à être assez attaqué, ça reste quand même des endroits où l'on peut espèrer se parler un peu plus facilement qu'ailleurs, malgré qu'on ait souvent rien de très folichon à s'raconter si ce n'est du déjà entendu et ré-entendu.
J'ai jeté un coup d'oeil circulaire sur la sinistre assemblée, à priori footballistique donc. Il y avait une quinzaine de types, dont quelques incorrigibles pilliers de comptoirs, et parmis eux, une jeune femme, seule, que j'étais sûr de ne jamais avoir croisé auparavant. Elle m'a donné l'impression d'une jolie fleur dans un tas de fumiers. Elle détonnait, de façon bien nette dans le décor. Je ne saurais comment l'expliquer, mais en plus d'être belle, elle portait sur son visage les marques de l'intelligence. Et n'entendez pas par là qu'elle avait une gueule de première de la classe, non ; l'INTELLIGENCE. C'était vraiment à se demander comment elle avait pu attérir ici. Je n'avais jamais vu une femme dans ce bistrot, il n'y avait toujours comme seuls clients que de vieux bonhommes solitaires aux gueules ravinées par l'alcool, et moi, qui passait quelques-fois dans la semaine pour acheter des clopes et éventuellement écluser quelques bières. Elle était à l'autre bout du comptoir, avec un demi à moitié vide ou plutôt à moitié plein dans la main droite, tandis qu'elle triturait un paquet de cigarettes de la gauche. Elle a soulevé brusquement son verre, basculé la tête en arrière, et vidé sa bière d'un trait. Je serais bien resté là à la regarder, mais fallait déjà que j'aille pisser avant même d'avoir fini mon premier picon. J'ai emporté mon verre avec moi, une vieille habitude, et j'ai poussé la porte des chiottes. On se serait cru à Moucheland là-dedans, ça vous faisait regretter Disney. Le patron tenait à avoir un super téléviseur à écran plat, le meilleur de ce qui se faisait en matière de technologie dernier cri, mais se foutait complétement de ce qui pouvait se tramer derrière cette satanée porte comme de son premier slip kangourou. Au milieu des mouches qui voltigeaient dans ce petit paradis pour mange-merde, il y avait là une autre bestiole, bien plus grosse que les autres. C'était un vieux du quartier qui était en train de remballer son bazar. Il essayait de remonter sa braguette, mais la "salope", comme il l'appellait, lui donnait du fil à retordre. Tantôt elle se bloquait à mi-chemin, tantôt c'est lui l'empoté qui coinçait sa chemise dedans. J'attendais qu'il vienne à bout de son mic-mac et qu'il tire la chasse. Il y avait deux chiottes, mais celui qui était libre était bien bouché, rempli à raz bord d'un écoeurant mélange de pisse. La plus jaune et la plus épaisse qu'il m'ai été donné de voir jusqu'à ce jour. Et niveau odeur, ça envoyait sec aussi ! Comme j'étais là, le vieux s'est senti obligé d'aller se laver les mains pour me faire croire qu'il était propre et bien élevé. Qu'est-ce que ça pouvait bien me foutre ? Moi même je ne me les lavais pas à chaque fois, très rarement en fait, et de toute façon, sa gueule de vieux pochard le trahissait. Sûr qu'il ne le faisait pas d'habitude. J'le matais dans le miroir du coin de l'oeil en pissant. Il était en train de chercher comment faire marcher "ce foutu robinet !" en poussant des petits grognements. Il n'y arrivait pas. Je me suis dit ; bon sang, pour lui, l'écran plat, ça doit être une putain de machine du futur !
Je suis revenu au bar, elle était toujours là, devant un whisky ce coup-ci. Elle se l'ai enfilé dans le gosier, cul-sec, comme elle l'avait fait avec la bière. Pour ma part, j'ai commandé un deuxième picon, toujours sans citron s'iouplaît. Il était encore meilleur que le premier ! Et glou, glou, glou, que j'faisais en trempant ma moustache. J'commençais à me marrer intérieurement, mais ça devait rigoler jusque dans mes yeux. Et puis je l'ai vu descendre de son tabouret d'un petit bond, sans renverser une seule goûte de la pinte qu'elle avait en main (le genre de cascade que j'étais incapable d'exécuter sans m'en foutre partout sur le froc...). Elle est sortie et s'est allumé une blonde sur le pas de la porte. Le match suivait son cours, mais comme je me fous pas mal des matchs de foot et que ça faisait déjà un moment que je me retenais de fumer, je suis sorti aussi, à moins que ce ne soit pour une autre et obscure raison.
J'avais un briquet dans ma poche. Mais comme la vie est courte et qu'on a peu d'occasion d'entrer en communication avec autrui, je lui ai demandé du feu, à moins que ce ne soit pour une autre et obscure raison également. Elle me l'a tendu sans même me jeter un regard aussi quelconque soit-il. "Merci", qu'jai quand même répondu à son silence. Elle avait du verni bleu foncé sur les ongles. J'ai allumé ma cigarette et j'ai regardé le dessin sur son briquet. C'était un de ces footballeurs à la con. Peut-être qu'elle aimait vraiment ça ? Elle me l'a reprit comme elle me l'avait donné, sans lever les yeux. A croire qu'elle risquait de devenir aveugle si elle voyait ma tronche en face. Elle était d'une beauté froide et inédite. J'aimais bien ça. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise une nénette qui a de l'allure, je veux dire, une allure qui lui est propre, une classe naturelle, fascinante. Elle portait un vieux perfecto, à l'ancienne, ce qui est assez rare pour qu'on ne manque pas de le souligner. Sa robe était plutôt banale, d'un noir un peu usé, mais elle l'a portait si bien qu'à mes yeux, elle aurait sans doute été capable de rendre un vieux bout de chiffon aussi sexy que des portes-jartelles tout neufs.
Il faisait bon, l'air était doux et sans un poil de vent, y'avait pas besoin de vent, c'était parfait comme ça. J'ai eu envie de le dire, mais réflexion faite, ça parraissait un peu vaseux comme commentaire pour engager une conversation, c'était plutôt un truc de vieux qui ne savent plus quoi dire, j'avais déjà assez vu faire. Il y a des situations où il faut savoir la boucler et attendre, un point c'est tout. J'ai levé les yeux au ciel, recrachant un épais nuage de fumée bleue, qui une fois dissous ne m'a pas laissé entrevoir une étoile pour autant. Il y a trop de lumière en ville. Elle, elle regardait en direction de ses pieds qui logeaient dans une paire de baskets noires à bandes violettes, et oscillait entre sa cigarette et sa bière.
- T'as pas une gueule à aimer le foot, qu'elle m'a dit, tout-à-coup.
J'ai eu un léger haut-le-coeur. Enfin je voyais ses yeux de plus près et je n'étais pas déçu du paysage. Ils étaient empli d'une douce et mystérieuse lueure, humide. Je n'arrivais pas à déterminer si ils étaient verts ou bleus, peut-être étaient-ils les deux à la fois, mais en tout cas, leur éclat reflétait bien une âme. Pas d'erreur possible. Une âme, elle en avait une, et elle devait abriter tout un monde de relief et de contraste.
- T'as pas une gueule à traîner dans c'rade pourri, lui ai-je répondu, content d'avoir trouvé une réplique à peu près potable.
- Ah ouais ? Et qu'elle gueule faut avoir alors pour boire un coup dans c'bouiboui ?
- Bah..., y suffit que tu jette un oeil aux énergumènes qui sont là...
- T'en fais parti aussi en même temps..., de ces énergumènes...
- C'est vrai, mais je viens pas pour le foot ni même pour retrouver des amis, c'est juste que c'est près de chez moi, alors quand j'ai vraiment trop soif...
- Moi, c'est la première fois que j'viens, et tout ce dont j'ai envie ce soir c'est de me bourré la gueule en paix, peu importe l'endroit, tant qu'on m'serre à boire et que personne viens m'emmerder...
- Moi aussi c'est ce que je recherche quand je viens ici ; la paix. Enfin, pas vraiment la paix... La paix mais sans la paix..., quelque-chose comme ça..., c'est toujours la solitude sans être complétement seul... Avec de la vie autour, enfin ce qu'il en reste...
- Tu m'a tout l'air d'être un drôle de p'tit bonhomme toi...
- Oh..., j'suis un peu saoul, c'est tout...
Un ange est passé..., et puis on a éclaté de rire, comme deux imbéciles, grisé par l'alcool et l'air de Mai qui nous enveloppait dans sa nuit. Un de ces fous rires nerveux qui vous soulève les zygomatiques sans crier gare. Hi hi hi hi ! qu'on faisait, en se tortillant et en gloussant comme des dingos, sans savoir vraiment pourquoi.
On a quand même fini par se calmé, et on a pris chacun une lampé de bière, synchro, en se zyeutant par dessus nos verres. J'me sentais bien. Puis je me suis souvenu que j'avais marché dans une merde de chien du pied gauche le matin. Je m'étais dis, quitte à mettre le pied dedans, autant être supersticieux. Peut-être que ça avait marché ? Que c'était grâce à un sale clebard que je rencontrais cette fille ? Je dérayais complétement en vérité.
On s'est rallumer une clope, pas tout à fait synchro cette fois, mais presque. Du coup, je venais d'utilisé mon briquet comme un abruti, mais elle n'a rien dit. On a plus parlé. On fumait. Mais ce n'était pas un de ces silences pesant qui vous met mal à l'aise, c'était un silence comme le parfum du printemps, pas de quoi en faire un roman, et pourtant c'est savoureux. On n'entendait plus que le crépitement du papier qui se consumait sous nos bouffées goulu. Plus la peine de piper mot, on était bien comme ça. Elle a fini sa cigarette et l'a écrasé du bout du pied sur le trottoir, d'un subtil mouvement de cheville qui a joliement fait rouler sa hanche droite. Puis elle est partie, sans un mot et sans se retourner après avoir déposé son verre vide sur le rebord du muret qui se trouvait juste à côté de nous. Je suis resté planté là comme un idiot pendant quelques minutes, me demandant ce qu'elle fabriquait et si oui ou non elle allait faire demi-tour. NON. J'étais sur le cul. J'avais dû louper un épisode, mais j'voyais pourtant pas lequel. Soit j'étais fêlé, soit c'était elle. J'ai été au bar pour payer, et en voulant regarder les prix qui étaient affiché, je me suis rendu compte que je voyais tout en double. Alors j'ai fermé un oeil et j'y ai vu plus clair. La veille technique du borgne pour les ivrognes... Le barman m'a dit quelle n'avait pas réglé ses consommations. J'ai payé pour nous deux et je suis ressorti. J'étais bourré, certe, mais lucide quand même. Enfin, j'crois. Les drôles de zigotos croisent de drôles de zigotottes j'ai pensé, voilà tout...
ZIGOTO ET ZIGOTOTTE SONT BEURRER SUR UN BATEAU, ZIGOTOTTE TOMBE A L'EAU, QUI EST-CE QUI RESTE ?
BAH..., ZIGOTO PIS C'EST TOUT. FIN D'L'HISTOIRE.
La vie, en vrai, c'est moins drôle que les blagues. Je suis rentré me pieuter.
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Message  Tristan Mar 28 Oct 2008 - 15:09

Putain, encore un gars de Nancy ? ;-)

Il y a beaucoup de fautes dans ton texte, mais le côté trash me plaît bien. Des longueur par ci par là tout de même.
de belles trouvailles aussi :

J'me sentais bien. Puis je me suis souvenu que j'avais marché dans une merde de chien du pied gauche le matin. Je m'étais dis, quitte à mettre le pied dedans, autant être supersticieux. Peut-être que ça avait marché ? Que c'était grâce à un sale clebard que je rencontrais cette fille ? Je dérayais complétement en vérité.
Dis-voir, on se connaît, ou on va dans les mêmes rades ? :

http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-f1/elle-la-nuit-t2681.htm
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Message  Tristan Mar 28 Oct 2008 - 15:16

et c'est "des longueurs"
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Message  marcus Mar 28 Oct 2008 - 15:35

Merci Tristan pour ton message, c'est clair que j'ai parfois un peu de mal avec l'ortographe et la grammaire, sinon pour les rades j'en fréquente pas tant que ça, en tout cas pas régulièrement, à part le soap box club et le barsibarla... A bientôt, sur le forum ou à nancy pour trinquer un coup !
Et voilà la suite :



En me réveillant le matin, je me suis vaguement souvenu avoir rêvé d'elle, sans trop savoir de quoi il avait été question. En tout cas, mes draps ne s'en souvenaient pas.
Dans la journée, je me suis enfilé deux litres de café en fumant clope sur clope et en errant d'un bout à l'autre de l'appartement. J'attendais que la nuit tombe.
Quand elle est enfin tombée, je me suis attaqué à un vieux fond de whisky que je m'étais mis de côté au cas où je me trouverais dans le besoin. Je m'y trouvais. Il restait un peu plus d'un quart de la bouteille. Au lieu d'opter pour le mode économique en prenant mon temps pour la finir, j'ai préféré la boire au plus vite, ce qui à mon avis était un choix plus judicieux pour la circonstance. Je l'ai descendu en cinqs ou six levé de coude, et je n'aurais pas aimé être en face pour voir l'affreuse grimace que j'ai fait après avoir avalé la dernière gorgé. Pouah ! C'est quelque-chose le whisky avec rien dedans ! J'avais plus trop l'habitude des alcools forts, en générale je privilègiais plutôt la bière et le vin. Je me suis allumé une cigarette, j'ai mis l'ami Mozart en scelle sur la platine et je me suis calé dans le canapé. Il faisait chaud dans ma poitrine, j'étais confortablement installé, mais il n'était que dix heure moins-le-quart, j'avais plus rien à boire, Mozart avait le cafard et il me le transmettait. J'ai donc décidé de sortir, de retourner au bar. Sur le chemin, j'ai croisé plusieurs petits groupes de personnes, et je me suis alors souvenu qu'on était vendredi soir. La jeune populace était de sorti, décidé à en découdre avec l'ennui de la semaine passée, armé de canettes de bières, de bouteilles de rhum, vodka, tequila, de shit et de drogues en tout genre.
Arrivé à l'intérieur du bistrot, j'ai constaté que le tas de fumier était toujours bien là, mais il n'y avait plus l'ombre d'un pétale de fleur. Je me suis assis à une table, et j'ai commandé un picon (sans ce que vous savez, mais j'avais plus besoin de le dire). Une fois mon billet de vingt flambé, j'ai été obligé de demander au patron pour ouvrir une ardoise.
- T'a de la chance, je l'fais pas pour tout le monde, qu'il m'a dit, t'a pas intêret à te volatiliser dans la nature mon gars.
- Merci, c'est sympa.
J'ai donc pu continué à éclusé jusqu'à la fermeture, caressant l'espoir, improbable, qu'elle apparraisse enfin. Elle n'est jamais arrivé. Je suis rentré chez moi, déconfie, et j'ai mis un disque des plus mélancolique. C'est bien connu, quand on a pas le morale, on aime écouter des trucs qui nous enfonce un peu plus encore, maso qu'on est. C'est le propre de la pathétique bête humaine. Je me suis allongé sur mon lit, j'ai allumé une cigarette, et les yeux rivé sur l'ampoule qui pendait tristement au plafond, j'ai laissé défiler la première face du vynil, attentif et réceptif à la moindre note. Je me suis remis à penser à elle et me suis demandé où est-ce qu'elle pouvait bien être à l'heure qu'il était. N'ayant pas de réponse, j'ai tenté d'oublier tout ça et je me suis souvenu de ce qu'un vieux du bistrot m'avait baragouiné, un jour, prit d'un élan de poésie de comptoir qui lui avait été inspiré me semblait-il, par une bonne razade de pastis ; "Tu sais mon p'tit gars, l'amour, c'est comme un trou de balle, on a beau savoir que c'est de là que jaillit toute la merde, on aimerait quand même bien s'y fourrer un moment ! Ah, Ah !"
Certe, ça manquait un peu de finesse, mais ça ressemblait à la vie. J'avais approuvé la chose d'un sourrire compatissant. L'amour avait dû bien le décevoir, et d'ailleurs, pouvait-il en être autrement ? Y a-t-il déjà existé ici-bas, un amour qui n'ai pas viré à la haine, à l'amertume, aux mieux à l'ennui ? Pas que je sache, mais peut-être que je ne sais pas grand chose finalement. Je me suis endormi, tout habillé,la lampe allumée et le tourne disque en marche.

Je me suis redressé d'un effroyable bond, renversant par la même occasion la totalité du cendrier qui était resté posé sur mon ventre, le retournant comme une misérable crêpe sur le drap. C'était l'affreuse sonnerie du téléphone, qui une fois de plus m'avait surpris dans mon someil. A chaque fois, ça me donnait des palpitations terribles. Un de ces jours, je me suis dis, tu va sûrement y rester, ton lit de mort, t'y es déjà. Quelle mort à la con ce serait ! Je déteste être réveillé ainsi, avec autant de violence. Je n'avais même pas eu le temps de décrocher. J'ai foutu tous les mégots et les cendres par terre, et je me suis rallongé. Nous étions samedi, et l'horloge indiquait 11h30. Mais qu'on ai été samedi, dimanche, ou lundi, n'ayant pas de travail, ces détails m'importait peu. J'ai allumé une cigarette (une des meilleurs de la journée), tout en jetant un oeil fatigué sur le chaos qui régnait dans la pièce. Bordel ! Ca faisait un bail que je n'avais pas fait un brin de ménage. On pouvait même dire que j'avais fait tout le contraire en fait. Si ça avait été de la politique, on aurait pu appeller ça de l'anti-hygiène pro-désordre. Et j'étais le putain de chef du parti des dégueulasses bordéliques. Pas de quoi être fier,mais pas de quoi en faire un drame non plus. Il paraît que les gens qui sont des maniaques du rangement, sont en vérité habité d'un grand désordre intérieur, et c'est ça qu'il cherche vainement à contrôler en voulant toujours tout cadrer. Trouble Obsessionnel Compulsif. Chacun porte sa croix. Moi, j'exprimais donc mon désordre intérieur. Je le laissais tout renverser sur son passage, j'étais sympa avec lui. On se comprenais.
Je me suis levé vers les 14h30... Je me suis fait des pâtes, mais je n'avais pas vraiment faim en fait. Il y avait des jours où la cuisine était bien trop grande. Lugubre... N'est-ce pas déprimant que de manger seul sur une table qui pourrait accueillir au moins quatres ou cinqs personnes ? Je me suis tout de même forcé à ingurgiter quelques-unes de ces tristes pâtes, puis j'ai mis un café en route et je me suis posé sur le rebord de la fenêtre, pour voir ce que le ciel racontait. Mais c'est du gris et rien que du gris qu'il m'a dit.
Armé d'un k-way, je suis sorti pour aller acheter des cigarettes. Sur le chemin, j'ai reconnu au loin une vieille connaissance qui datait du collège. Bien que je ne l'avais pas vu depuis des années, je reconnaissais sa drôle de démarche, bancale et disgrâcieuse. J'ai changé de trottoir et j'ai tourné et baissé la tête. Il y a des fois où il vaut mieux savoir éviter ses semblables putôt que d'avoir à se regarder bêtement dans le blanc des yeux, ou pire encore, que de se dire d'insupportables banalités, vides, uniquement pour dire quelque-chose, par politesse. Si ça se trouve, il avait eu le même réflexe que moi. Je crois ne pas être le seul à procéder ainsi de temps en temps, sans pour autant avoir quoi que ce soit contre la personne.
A peine sorti du bureau de tabac de la gare, une jeune fille avec de grandes cernes violacées sous les yeux, s'est dirigé tout droit vers moi et m'a demandé une cigarette. Je lui en ai donné une, et elle m'a remercié d'un jolie sourrire qui me paru sincère. Le problème, c'est qu'on aurait dit que c'était écrit sur mon front ; "TAXEZ MOI, Y'A PAS DE SOUCIS, J'EN AI PLEIN LES FOUILLES !". Dès que je me trimballais quelques mètres en ville, j'y avais droit. Ce qui signifie à mon sens que je n'avais donc pas une gueule de radin, au contraire, et c'était plutôt rassurant.

Sans prévenir, le soleil de juin s'est levé sur ma couenne, et a même commencé à me taper sérieusement sur le coin de la gueule. Il faisait une de ces chaleurs ! A décimer les hospices ! Tout le monde transpirait à grosse goûte, poisseux du matin au soir, et même les déodorants ultra-méga-supra-fraîcheur-intense ne tenaient plus la route. Ils succombaient, et les jolies filles puaient des aiselles comme le clochard au coin de la rue.
Bien que tous ces braves gens suffoquaient à moitié, la grande majorité d'entre eux continuaient à grouiller sur les boulevards et dans les rues, à pieds, en vélo, en mobylette, en voiture, et vaquaient à leurs sinistres et habituelles occupations. Moi, je ne désirais qu'une chose, rester le plus longtemps possible à l'ombre et que ma bière soit fraîche, ou au minimum, tiède.
Un après-midi, alors que j'étais contraint de me rendre à l'a.n.p.e, j'ai cru croiser la mort en personne. En tout cas, ça y ressemblait beaucoup, ç'en était très proche. En plein centre ville, elle rasait lentement les vitrines, munie non pas d'une faux mais d'une canne en bois. C'était une petite vieille, la face décrépie, blanche comme un cul, et je dirais même plus, comme le cul d'un cadavre. Ca m'a fait froid dans le dos, et bien que je ne crois en aucun dieu, j'ai prié très fort pour ne jamais en arriver là où en était cette pauvre femme, usée, rongée par les années jusqu'aux os, des os de poulets malades et déplumés.

C'est quelques jours plus tard, dans un supermarché, que j'ai revu la fille du bar qui m'avait laissé en plan sur le trottoir. J'étais en train de chercher une caisse où il n'y aurait pas trop de monde, mais évidement, on était samedi, et tous les pochtrons du centre ville s'étaient rameuter là pour faire leurs amplettes. J'ai fini par me fourrer dans la queue d'une caisse "moins de dix articles", bien que j'en avais onze. Je regardais les gens autour de moi, leurs tronches et leurs mains impatientes, leurs articles, leurs tristesses et leurs joies. Presque tous étaient là pour s'approvisionner en alcool. Je ne me démarquais pas d'eux, je ne sortais pas de ce malheureux lot et ce constat m'était pénible. J'étais de cette partie de la masse qui se noyait dans le fond de la bouteille dès qu'elle en avait l'occasion.
J'allais bientôt poser mes articles sur le tapis, quand soudain je l'ai vu assise derrière le tapis roulant de la caisse d'à côté. Merde. Dilemme. Se décider. Vite. Ouaip.
J'ai donc changé de file pour être à sa caisse, c'était une longue file, une belle brochette de soiffard. Tout le monde m'a regardé comme si j'étais le roi des demeuré, et il n'avait peut-être pas tort. Qu'est-ce-que j'étais en train de foutre ? Quel était le but de la manoeuvre?
J'ai attendu, attendu, tout en pensant à ce boulot qu'elle faisait. Ca devait pas être la grosse rigolade tous les jours. Voir toutes ces têtes défiler du matin au soir... Toute la société de consomation, produits et consommateurs inclus, dans un déferlement incessant de "BIP" "BIP" "BIP"...
Puis je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir lui dire... Je cherchais un truc, un truc qui ne sonnerait pas faux parce qu'il serait naturel. Mais le fait d'y penser c'était déjà foutu. Peut-être qu'elle ne me reconnaîtrait même pas ?
Enfin, mon tour est arrivé. Après avoir déposé mes boites de bières, mes bouteilles de vins et mon paquet de chips sur le tapis, je décidai de lui adresser un "salut" discret, plutôt qu'un "bonjour" trop impersonnel.
- Salut, m'a-t-elle répondu, avec un léger sourrire aux coins des lèvres.
Elle portait un badge épinglé à son chemisier blanc, côté coeur. Dessus, c'était écrit "hôtesse de caisse". "Caissière", ça faisait trop prolo, ce n'était plus d'actualité. Ils avaient changé le terme à employer, pour soi-disant valorisé le travail du personnel. En gros, ça revenait à appeller un "boulot de merde" un "boulot sympa". De la connerie quoi...
Juste en dessous, il y avait aussi son prénom d'imprimé. Valérie.
Voyant là une faille, je me suis lancé.
- Ca va depuis la dernière fois Valérie ? que j'ai dit, comme si on avait élevé les cochons ensembles.
- Bah, tu vois, j'travaille, j'en ai marre..., ça fera neuf euro et vingt centimes s'te plaît.
Je lui ai tendu ma féraille, et j'ai mis les articles dans mon sac.
- Tu va boire tout ça tout seul ? qu'elle m'a demandé.
- Bah..., ouaip. Sauf si tu veux venir boire avec moi.
- Pourquoi pas... Si tu veux t'aura qu'à m'attendre devant, je quitte à 10h.
- O.k, à tout-à-l'heure alors...
J'en revenais pas. D'abord elle me mettait dans le vent, et puis ensuite, elle me demandais de l'attendre.
Je suis rentré chez moi, j'ai bu une bière, et j'ai été prendre une douche. La douche, c'était pour au cas où..., c'est toujours plus prudent, on ne sait jamais...
Ensuite, j'ai redescendu quelques bières, en attendant qu'il soit l'heure d'y aller.
Je suis arrivé devant le magasin à dix heures moin dix, et j'ai regardé les caisses à travers la vitre. C'était encore bourré de monde. Moi, j'étais bourré de bière, c'était mieux. J'ai attendu, le temps de fumer trois cigarettes, et elle s'est pointé vers moi. Je la préférais en liberté, son visage s'était éclairci.
- On va où alors, monsieur "j'invite les caissières" ?
- J'invite pas LES caissières mais juste toi... Et en plus je ne sais pas où on va...
- En fait, je préférerais qu'on aille chez moi, il faut que je vois ma colloc, si ça t'embête pas...
- Pas de problème, allons-y. Tu veux une canette ?
- Ouais, j'veux bien, merci.
Elle a décapsulé sa canette, d'un coup, avec les dents. CLAK ! Un jeu d'enfant. Aussi facile qu'avec un décapsuleur. Moi, ça m'avait fait mal rien qu'à la voir faire. Un arc éléctrique avait parcouru mes machoires ; ZZZTTT !
On a marché tranquillement jusque chez elle, et quand on est arrivé devant sa porte, au bout d'environ un quart d'heure, elle ne m'avait toujours pas posé la question fatidique. Oui, vous savez, l'habituelle "tu fais quoi dans la vie?". Ce qui signifie dans 98% des cas ; "quel est ton travail ?". Mais non, apparemment mon boulot ne l'intéressait pas, tant mieux, je n'en avais pas. Cette fille là n'était pas comme les autres. Elles ne sont jamais comme les autres...
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Message  Tristan Mar 28 Oct 2008 - 15:42

Seulement deux textes par semaine, Marcus. Tu devrais donner le titre de la nouvelle, et puis, à chaque fois que tu veux poster la suite, tu ouvres un topic avec le titre et le numéro de la partie (quitte à insérer les liens des parties précédentes). Vois avec les modos si ça pose pas de problèmes. Moi, je trouve ça plus lisible, ça évite de nager entre les textes et les commentaires
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Message  marcus Mar 28 Oct 2008 - 15:49

Ok ok, j'y penserai pour la prochaine fois, j'ai encore pas trop l'habitude des forums..., merci pour tes conseils.
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Message  mentor Mer 29 Oct 2008 - 22:05

Tristan a écrit:Seulement deux textes par semaine, Marcus. Tu devrais donner le titre de la nouvelle
Marcus : fais comme dit Tristan => un vrai titre à ta nouvelle, histoire qu'elle soit bien répertoriée dans le catalogue VE !

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Message  bertrand-môgendre Dim 2 Nov 2008 - 9:31

Sur cet air de déjà vu, déjà lu, me manque la fin de l'histoire celle où le pigeon plumé brise sa monotonie, celle qui donne à la créativité sa part artistique, sa part de surprenez-moi.
L'écriture est à l'image du texte, propre, classique, presque rondouillarde, du genre de travail produit par Adrien Deume, un petit bourgeois étriqué qui travaille à la Société des Nations , le fonctionnaire héros malgré lui car mari de la belle du seigneur de Cohen
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Message  Sahkti Ven 14 Nov 2008 - 13:10

C'est très dense Marcus, trop à mon goût. Aucune aération, pas de respiration et ce n'est pas ici qu'une question de mise en page. Tu racontes tout sur le même ton ou presque, c'est linéaire au possible et ça finit par me lasser.
Il y a pourtant quelques jolis passages, des trouvailles intéressantes, mais tout cela est noyé au milieu de l'ensemble, c'est dommage.
Aucune action, aucune vie, rien de tout cela à mes yeux, n'arrive à sortir du lot.
Sahkti
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