Un train pour Guayaquil

Ma 309 était chez le garagiste pour lui changer deux pneus et les plaquettes de frein. Ce jour là je devais me rendre dans un patelin à quelques dizaines de kilomètres de chez moi, alors j'ai pris le train, ce transport en commun convivial aux horaires immuables.
Sur le quai de la gare j'étais seul. J'avais emmené un livre avec moi, Crimes et chatîments, je l'avais commencé il y a trois mois de ça
et j'en étais toujours à la page 37 de la préface.
J'ai décidé d'y mettre un bon coup pendant le voyage.
Le train allait prendre place dans cinq minutes. Deux autres usagers arrivaient, je les voyais arriver de loin mais j'ai pu distinguer deux jeunes hommes de mon age, celui de gauche portait un jogging bleu ciel avec une veste zippée à carreaux Lacoste et une banane autour de la taille, celui de droite faisait plus sobre, un jeans et une parka noire.
Ils sont venus droit sur moi. Et le type en jogging m'a demandé:
" Wech gros il arrive quand le train là?
-Dans cinq minutes.
-Dis moi tu veux pas me prêter ton portable histoire que j'appelle ma meuf vite fait?
-C'est chaud j'ai presque plus de forfait.
- Mais j'ai ma puce t'as vu, j'enlève la tienne, j'mets la mienne à la place y'en à pour deux minutes.
Il me montra sa carte sim et je lui ai tendu mon portable.
- C'est sympa gros, merci hein.
Il commençait à le démonter quand le train est arrivé.
Je me suis levé du banc et j'ai attendu qu'ils entrent dans le train avant moi, au cas où il aurait la mauvaise idée de se barré en courant avec mon téléphone. Dans le train il n'y avait pas grand monde, moi je suivais le gars, qui à quand même pensé utile de me lancer un:
" Viens, viens, suis moi on va se posé."
Il sont allés tout au fond, c'était un petit compartiment de 1ere classe de deux fois quatre sièges séparé du reste du wagon par une cloison vitrée. Sur un des sièges de gauche, il y avait un contrôleur qui bossait sur des documents posés sur la tablette coulissante.
Le gars à la parka s'est installé à côté de la fenêtre, dans le sens inverse à la marche du train. Le gars au jogging lui s'est mis côté couloir, en diagonal de son collègue. Moi je n'avais pas de ticket de 1ere, mais bon, j'attendais juste mon téléphone et après j'irai à ma place, en deuxième, alors je me suis posé, en face du jogging, à côté de la parka.
Le train à démarré, le type avait du mal à enlever la batterie pour y introduire sa puce. Moi du temps je le regardais, je l'avais pas bien vu au premier abord. Sa lèvre supérieure étais toute petite, avec une vilaine cicatrice au milieu, comme si la partie centrale avait été arrachée et les deux extrémités tirées ensemble puis recousues.
Ses cheveux étaient coupés à deux millimètres du crâne, une coupe à la mode, qui laissait apparente une autre grosse cicatrice qui commençait on ne sais trop où, pour se terminer vers le milieu gauche de son front. Et entre ses petits yeux de défoncé, un gros nez, parsemé de cavités rondes, cassé au moins à quatre endroits différents.
Il avait vraiment une sale gueule.
Il a finalement réussit à enlever ma carte sim et me l'a passé.
Un autre contrôleur est arrivé et nous a demandé nos billets.
Je lui ai passé le mien qu'il a poinçonné et la parka a fait de même.
Jogging: " Chef, j'te dis tout de suite j'ai pas de billet, j'ai rien, alors tiens prends ma carte d'identité." Le contrôleur prit sa carte et disparu dans la petite cabine réservée aux contrôleurs juste en face de moi. Il est ressortit une minute plus tard et lui a rendu sa carte en lui disant qu'elle ne passait pas, puis il est repartit poursuivre ses contrôles.
"Putain ça marche pas, il est pas débloqué ton téléphone."
Mon téléphone était débloqué, il avait surement mit la puce dans le mauvais sens ce couillon là, je lui en ai fait la remarque avec couillon en moins. Il a continué à trafiquer mon portable encore un moment,
mais il n'arrivait pas à le faire marcher.
Jogging a alors rapproché son visage à un centimètre du mien en me regardant droit dans les yeux, pour me dire quelque chose. Je m'attendais à ce qu'il ait une haleine de chien, alors je me suis vite préparé à retenir ma respiration, mais son haleine était étonnement fraîche, presque agréable, j'étais très surpris.
"Maintenant ce qu'on va faire c'est que je vais garder ton portable et toi tu vas rien dire.
-De quoi?" J'avais réellement pas compris, comme j'étais concentré sur son haleine.
"T'as encore ta puce t'es content, moi je garde ton portable et tu vas être bien mignon tu vas fermer ta gueule sinon j'te pète le nez."
J'ai mis un petit moment à assimiler sa phrase.
J'ai regardé sur ma gauche, le contrôleur,un blond barbu, a levé les yeux à moitié de ses paperasses et a vite replongé dedans.
J'ai regardé sur ma droite, Parka semblait détaché de nos affaires.
Je lui ai demandé:
"Tu marches avec ton pote toi?
-Quoi?
-T'es avec lui dans l'embrouille?
-C'est pas mon pote, moi j' le connais depuis aujourd'hui.
Ensuite j'ai reposé mon regard sur Jogging, il avait pas l'air de plaisanter.
Alors j'ai considéré sa proposition avec bon sens, je n'avais pas du tout envie de me battre et puis j'ai horreur de me donné en spectacle.
Et pour tout dire il me faisait un peu peur. Et puis c'est vrai que j'avais récupéré ma puce et que mon téléphone était un vieux portable de merde, qui coûtait en lui-même que quelques euros.
Mais de l'indignation commençait à se faire sentir, je sentais la moutarde qui commençait à monter, il peut pas me piquer MON téléphone comme ça! Et je vais pas me laisser faire bordel!
"Tu te fous de ma gueule? rends moi mon portable tout de suite!"
J'ai essayé de lui le prendre des mains, mais il l'a vite planqué dans sa banane.
"J' te dis qu'avant que tu descendes de ce train tu m'auras rendu mon putain de portable."
Je le fixais avec aplomb.
"Ferme ta gueule et baisse les yeux! Baisse les yeux fils de pute!"
Je sentais que ça allait partir.
"Baisse les yeux niké ta race!" Cette fois il a accompagné le geste à la parole et m'a poussé, assez timidement je dois dire.
Mais ça m'a suffit et je lui ai sauté dessus.
Enfin mon corps s'est jeté sur lui, ça c'est fait instinctivement. Je lui ai mis une patate sur l'arcade sourcilière, du sang a giclé, une autre, un peu plus faible, au menton. Il m'a repoussé plus violemment cette fois, j'ai rebondis sur mon siège et je suis remonté à la charge en me prenant un coup-de-poing sur la pommette au passage.
Pendant ce temps le contrôleur d'à côté criait:
"Arrêtez! Arrêtez! Arrêtez!" en restant à l'écart. Parka lui j'ai pas fait gaffe, il devait se réfugier dans le coin. Maintenant j'étais sur lui et j'ai réussi à lui mettre quelques coups en plus.
Mais comme il avait le bras droit tendu devant lui en essayant de me garder à distance il m'a chopé par la bouche.
Je ne me suis pas battu tellement souvent. Mais j'ai quand même de bonnes bastons derrière moi. (Dans la plupart des cas j'avais au moins deux grammes.) En tout cas on ne m'avait jamais mis la main dans la bouche ni la mienne dans celle de quelqu'un.
Je pensais que c'était interdit.
Sur le coup ça m'a surpris. Il m'avait pris par la joue gauche, et il a tiré de toutes ses forces vers le bas. Ca m'a fait très mal, j'ai crié. Ca n'a duré que quatre ou cinq secondes mais ça m'a paru une éternité. Je pensais qu'il allait m'arracher la joue et que j'aurai un trou béant avec les mâchoires visibles. J'ai saisis son poignet à deux mains en enfonçant mon pouce dans sa chair.
J'essayais de le mordre, mais mes dents claquaient dans le vide. J'ai finalement réussi à lui faire lâcher prise et là l'autre contrôleur est arrivé et m'a poussé de côté en demandant:
"Qu'est-ce qu'il se passe ici?!"
Moi j'étais toujours debout, haletant, prêt à en découdre encore une fois.
Jogging ne tenait pas compte du contrôleur et de sa question stupide:
"Assis-toi! Assis-toi! Tiens j'te le rends ton portable de merde!"
Je me suis approché en bousculant le contrôleur pour récupérer ce qui m'appartenais. Il l'a sortit de sa banane et j'ai cru qu'il allait le jeter par-terre ou quelque chose comme ça mais il a retiré sa puce et me l'a gentiement donné dans la main. Je l'ai prit sans un merci et je me suis éclipsé en deuxième classe. En déambulant le couloir, les quelques gens présents me regardaient avec curiosité, je suis allé directement dans les WC, je ne sentais plus ma joue, elle était toute engourdie.
J'avais peur qu'il l'avait détendue et qu'elle pendouillerait, flasque, contre mon cou jusqu'à la fin de mes jours. Je me suis vu dans le miroir et j'étais heureux de constater que tout était normal.
On dirait même pas que je sors d'une bagarre. J'ouvre la bouche pour découvrir que ma langue et mes dents baignent dans une salive teintée cramoisie. Je me rince la bouche trois fois, une douleur insupportable se fit resentir au contact de l'eau. Je regarde dans le miroir en cherchant le bobo, mais je ne voyais rien. Je passe ma langue un peu partout et au fond, vers la jointure de la joue et des gencives, elle s'engouffre où un gros morceau de chair avait été arraché et la douleur me confirma que c'était bien là. Je m'assoie sur un strapontin en face des toilettes pour me rincer la bouche de temps en temps. Un peu plus tard le contrôleur qui s'était interposé est venu me voir, il m'a dit que son collègue, témoin de la scène lui avait tout raconté et me demanda si je voulais porter plainte. J'ai dit que non et il est repartit.
Arrivé à destination, je n'ai pas traîné. En marchant je me repassais la bagarre en boucle dans ma tête, je repensais surtout, avec délectation, au moment où je lui ai ouvert l'arcade sourcilière, avec tous les détails et les sensations possibles du moment pour revivre à fond l'instant jouissif.
Une fois que j'avais saturé et que ne ressentais plus de plaisir à me remémoré la scène, en continuant à marcher et à cracher du sang tout les cinq mètres, j'ai commencé à mettre la bagarre par écrit, toujours dans ma tête.
J'ai atteint l'unique place du village et je suis rentré chez le fleuriste pour acheter un bouquet assorti. Je souffrais atrocement, ma joue commençait à gonfler, mais j'avais des choses à faire, avec quelques jours d'avance j'étais venu souhaiter un joyeux Noël à ma grand-mère.

Je crois qu'il m'a manqué quelque chose dans la narration, un recul peut-être... Tel quel, je n'ai pas vu l'intérêt du texte, il m'a paru rester dans le pur anecdotique, une histoire qu'on se raconte comme ça, genre galère de la vie quotidienne. Pour moi, à l'écrit ça ne présente pas de relief, désolée.

Je n'ai pas réussi à rentrer dans le texte, beaucoup de fautes d'orthographe et de grammaire. Et tu as dû te mélanger les pinceaux avec les temps ; plusieurs phrase ne sont pas françaises.
Ça rend la lecture trop difficile pour que je puisse commenter, désolée.

Un talent de narrateur, oui, en dépit de petites fautes de langue. Mais je n'ai pas saisi le pourquoi de ton texte. Ce que tu voulais dire. Quelle profondeur, quel sens tu voulais nous apporter.
Le titre m'est resté un mystère.

Bon ben... comme les précédents. Mais de la verve en pagaïe, bienvenue.

un peu trop de détails, de descriptions pas forcément utiles
d'une certaine façon, c'est si détaillé qu'on pourrait croire à du vécu
donc c'est réaliste, et ça c'est le bon côté
tu aimes écrire, ça se sent
mais... beaucoup trop de fautes, faciles à faire identifier par Word ou bonpatron.com

J'ai lu le texte jusqu'au bout ce qui est déjà pas mal.

En dehors des fautes de français omniprésentes, il manque du vocabulaire et de la profondeur. Le récit est trop linéaire, les parenthèses complices avec le lecteur sont au ras des paquerettes, on dirai un gars qui te file un coup de coude au cinema pour que tu rigoles avec lui... ou que tu racontes ton histoire à tes potes.

Ce que j'aime c'est l'ancrage dans le quotidien, ce que j'aime moins c'est la banalité du récit, des descriptions, de la narration...

A mon avis c'est un bon premier jet, à laisser refroidir et a reprendre dans quelques mois en s'éloignant de la réalité des faits et des personnes pour rendre l'histoire plus attractive et plus haletante.

Tout en étant du même avis que les autres, la fluidité de la lecture m'a emmené facilement jusqu'au bout du texte, et ça, c'est un bon point.

Seulement, il n'en restera pas grand chose.

Peut-être pourrais-tu mettre à profit cette facilité de conter en écrivant quelque chose de moins... anecdotique.

Je suis beaucoup moins négative que les autres, je pense que c'est un trés bon début, et que la narration de votre roman est bien faite. le style est simple mais original, il me fait légèrement penser à celui de l'Etranger, à ce demander si vous ne l'avez pas lu.

je tiens à vous féliciter pour vos efforts.

célibne a écrit:l'Etranger, à ce demander si vous ne l'avez pas lu.

je tiens à vous féliciter pour vos efforts.

célib, tu veux pas faire l'exo "Edifiant" avec nous ?
:-)))))))))))

célibne a écrit: il me fait légèrement penser à celui de l'Etranger, à ce demander si vous ne l'avez pas lu.

L'étranger de Camus? Si je l'ai lu et c'est à ce demandé si tu te fiche pas de moi.

Ben choobe, t'aurais pu t'en servir pour caler un meuble bancal de L'étranger. Je fais bien ça avec d'autres auteurs…

Pour le texte, je rejoins l'avis général. Faut mettre la fluidité de ton écriture au service d'un sujet.

La description détaillée aide à camper les personnages et la situation mais c'est par moments trop précis, ça enlève presque toute la possibilité de construire soi-même quelque chose.

De plus, et c'est dommage, ça fait passer parfois inaperçues des petites réparties amusantes et bienvenues, comme la page 37 de la préface ou le couillon en moins dans la phrase.

A mon avis, il y a un bon tiers du texte qui pourrait sauter, sans que ça lui nuise, au contraire. Cela éliminerait le côté petite histoire racontée un soir entre potes avec exagération et détails et ça permettrait de prendre une distance par rapport à tout ça, afin de mieux en apprécier les composants.

La base est bonne mais il faudrait élaguer.