Nouvelles approches livrées à la solitude

« Je dirai à Dieu. Ne me condamnez pas; faites-moi connaître pourquoi vous me traitez de la sorte. »

Livre de Job, chapitre X.

LIVRET I


En 1800,
912 chercha les motifs.

Il retarda un baiser sur sa joue.
L’ombre chantait encore dans sa main.
Puis 912,
L’esclave Watanabe, se prosterna.
L’homme- arbre dans la pirogue- sexe affûté, Idriss la vendit comme épouse, jaloux qu’on pût la trouver trop belle pour lui.
Tribunal.
L’issue était à son insu.
Négresse des rois., 912 donna naissance.
Dans la matrice des rues de Charleroi, à une princesse cul-de-jatte, aussi noire que le canon, aussi froide que la nuit.
Seize heures par jour, seize ans de bordel, maman chérie au secours !
912 bis. Ruée dans les rues.
Keishia, modèle pour cocus, aficionados de la négresse vaincue, muette.
Buvant le lit de la mort, une immense araignée lui tisse le cœur.
De fils plus ou moins noirs.
Sous la peau, un semblant.
Du sang des éléphants blancs et de leurs tromperies, et aux grandes oreilles les armes tranchantes.

LIVRET II

L’horreur que j’embrasse.

- Tu as entendu les chiens ?

-Oui, « Jawohl herr Haupsturmfuhrer ! »

- Alors, qu’est-ce que tu attends ?

Et tandis qu’il marche sur le ventre de la femme, les craquements des os résonnent dans la neige. La blondeur du fœtus meurt.

Elle n’était pas tout à fait folle.
Elle n’était pas tout à fait juive.
Elle ne s’appelait pas Jacob mais Frau Zylberstein.
Et quand ses yeux s’arrêtèrent de voir, l’officier jeta une poignée de cailloux en l’air.

- Soldat, la mort a un but éducatif.

Et d’un mouvement leste, il gonfla sa poitrine, s’alluma une cigarette.

Avec effroi et l’enthousiasme glacial de ses jeunes années, le soldat osa l’interrompre dans sa rêverie.

- Vous permettez « herr Haupsturmfuhrer » ?

- Ach so ?

Alors, sur les lieux mêmes du meurtre symbolique, en aparté le jeune SS transgressa sa fonction. Eros l’avait jeté chaste dans la guerre.
Fier, pleurant chaque vers, il désarçonna toutes les lois de l’univers, de Maximilien Le grand à Voltaire, il déclama d’un ton unique :

- Je vous le jure …!

« La mort est grande
Nous sommes à elle
La bouche riante.
Quand nous croyons pleinement vivre
Elle ose pleurer
Au cœur de nous-mêmes… »

R-M RILKE.

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La parole est aussi essentielle qu’un nu de Matisse, l’imagination solitaire rendra tout le reste.
Relation intime en corolle, parfume les lys, accompagne les anges…

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Je n'ai pas compris grand chose, je crois que je manque de références mais ce que j'ai compris m'a disons...glacée.

Par exemple :

Et tandis qu’il marche sur le ventre de la femme, les craquements des os résonnent dans la neige. La blondeur du fœtus meurt.

Je crois que je vais en rêver de celle-ci...

Je le relirai à tête reposée.

Je pars avec : " La parole est aussi essentielle qu’un nu de Matisse, l’imagination solitaire rendra tout le reste.
Relation intime en corolle, parfume les lys, accompagne les anges… "


Vais voir s'il n'y a pas un autre Lol que j'aurais manqué.

Hier et avant-hier. Aujourdhui. Demain ?

Et ces vers de Rilke !

Yaäne a écrit:Je n'ai pas compris grand chose

Yaäne, tout est là, il me semble :

" La parole est aussi essentielle qu’un nu de Matisse, l’imagination solitaire rendra tout le reste.
Relation intime en corolle, parfume les lys, accompagne les anges… "

Lol soigne ses lecteurs.

Ah et puis j'y reviens parce que je n'en ai pas fini avec ce texte dont la lecture me fait l'effet d'être parcourue de minuscules éclats de verre pilé.

Easter(Island) a écrit:

Yaäne a écrit:Je n'ai pas compris grand chose

Yaäne, tout est là, il me semble :

" La parole est aussi essentielle qu’un nu de Matisse, l’imagination solitaire rendra tout le reste.
Relation intime en corolle, parfume les lys, accompagne les anges… "

Lol soigne ses lecteurs.

Oui, mais...

Je suis comme vous, Yaäne, je me sens souvent complètement paumée devant un texte de lol47. Je pressens vaguement que je passe à côté de quelque chose...

Pas mon genre du tout, Lol47.

C'est vraiment "trop" à mon goût. Trop de cette volonté de polir le style dans une direction très précise.

Certaines de tes tournures sont très belle, c'est un fait. Du bien trouvé au bien dit. Mais ton texte me donne l'impression d'une suite de ces tournures qui donne au tout une pseudo perception éthérée, mais qui je trouve ne fonctionne pas.

"Issue / insue "
"éléphant / tromperies", deux exemples pour illustrer ce que je veux dire.

Après, comme disent Socque et Yaäne, tu veux surement dire beaucoup de choses là dedans - j'entends par exemple une certaine documentation et travail de recherche, vu ta référence biblique et le format "livret".
Mais tout ça ne fait à mon sens que renforcer le ton grandiloquent qui émane du texte. C'est "trop".

Encore une fois tout cela n'engage que moi.

Keishia, modèle pour cocus, aficionados de la négresse vaincue, muette.
Buvant le lit de la mort, une immense araignée lui tisse le cœur.
De fils plus ou moins noirs.
Sous la peau, un semblant.

Et tandis qu’il marche sur le ventre de la femme, les craquements des os résonnent dans la neige. La blondeur du fœtus meurt.

La parole est aussi essentielle qu’un nu de Matisse, l’imagination solitaire rendra tout le reste.

J'ai toujours peur de te lire, mais jamais fini de te relire, Lol. :-)

Les errances de l'Humanité à travers plusieurs prismes.

Cela me fait penser à une phrase de Patrick Virelles, assez simple et pourtant, tout y est:

"Monsieur Edmond ne tenait pas la descendance de l'homo erectus en grande estime. De la grotte de Lascaux aux chambres à gaz de Dachau, le chemin ne lui semblait pas ascendant" (Patrick Virelles, Peau de Vélin)

Sahkti a écrit:Les errances de l'Humanité à travers plusieurs prismes.

Cela me fait penser à une phrase de Patrick Virelles, assez simple et pourtant, tout y est:

"Monsieur Edmond ne tenait pas la descendance de l'homo erectus en grande estime. De la grotte de Lascaux aux chambres à gaz de Dachau, le chemin ne lui semblait pas ascendant" (Patrick Virelles, Peau de Vélin)

En troisième, quatrième, je ne me souviens plus vraiment mais j'étais dans la classe de la petite-fille du grand-père.
Enfin, celui qui a découvert Lascaux.

J'étais déjà trop vieux pour visiter la réelle. Fac-similé à cause de l'oxygène. J'étais pas loin pourtant, même pas à vingt bornes. Depuis, les Anglais ont colonisé mon Périgord natal. Tu ne peux plus faire un pas sans voir un type blanc, très blanc, cultivé à l'anglaise, c-a-d incapable de te réciter Wordsworth ou Blake dans le texte.
Se balade dans des MG ou Jaguar premier prix, se disent connaisseurs.
Mais de quoi ?

Laura Davies était Galloise, pas Anglaise.
Et comme dirait Shakespeare, " C'est de bonne guerre ".

Ceci dit, les anglais ne s'y connaissent en rien mis à part le golf, le cricket et un tas d'îles qu'ils ont inventé pour se faire plaisir : l'Australie par exemple.

Ceci dit, je les aime bien aussi. Parce que c'est ma langue préférée après la mienne.

Note d'humour, lue je ne sais plus où,les Irlandais ont dit : Les anglais ont inventé la langue. Nous nous en sommes servis pour en faire de la littérature...

Et pan dans les dents.

lol47 a écrit:Note d'humour, lue je ne sais plus où,les Irlandais ont dit : Les anglais ont inventé la langue. Nous nous en sommes servis pour en faire de la littérature...

Rhaaaaaaa!! Ça frissonne toujours un peu de fierté patriotique quand je lis ça, ces fichues racines ! :-))
Et Vive Saint-Patrick ! :-))