Vltava et Giraudoux
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Sergei
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Arielle
Chako Noir
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Vltava et Giraudoux
(le titre n'est qu'indicatif, pas définitif. si vous aviez deux ou trois conseils express, genre concernant l'usage des temps, des noms en VO pas forcément évidents, ou une trop grande mièvrerie quelque part, ce texte est une commande que je dois acheminer dans l'urgence... enfin voilà quoi! d'avance merci)
Ondine et Bohême
Nico, assise.
— Bonjour Georges.
Un matin plutôt frisquet sur Mala Strana, les clochers de Prague se perdent dans la brume.
— Salut Nico.
La Vltava coule en silence, serpent bleuté qui glisse avec paresse sous l’œil figé du château.
— Plutôt froid pour la saison, non ?
— Il n’y a plus de saisons !
— Tu parles comme un vieux, dit Nico en rigolant.
Le sourire frais, la joue vive et l’œil chatoyant, elle avait l’air d’une gamine espiègle, les genoux repliés en oblique sur la poitrine, se balançant légèrement d’avant en arrière, la tête rentrée dans les épaules et les lèvres tendues jusqu’aux oreilles. Des éclats de malice à moitié innocente lui jaillissaient des pupilles.
Mal rasé, la paille de ses cheveux éparpillée dans l’anarchie la plus totale autour de son crâne, la bouche torve et le regard pâteux, Georges était beaucoup moins matinal que Nico.
— On va faire un tour ?
— Où ça ?
— Je connais un café sympa de l’autre côté du Carlsbrücke.
— C’est comme tu veux.
Nico voulait un café, Georges voulait Nico, elle se leva rapidement, il la suivit mécaniquement, et ils traversèrent le sculptural pont Charles. Au dessous d’eux, la Vltava se taisait.
Sur une petite place discrète non loin du quartier juif, elle commanda un cappuccino, et lui un jus de pomme chaud. Brune avec des reflets prune, Nico buvait paisiblement, sirotée des yeux par son compagnon.
— Tu veux faire quoi après ? La synagogue, ça te tente ?
— Laquelle ? Il y en a un paquet !
— J’aime bien l’espagnole. L’art baroque, ça me plait.
Georges avait l’habitude des grands lieux de culte : Saint Paul de Londres, Saint Pierre de Rome, Notre Dame de Chartres, de Paris, de Cologne… Il fut surpris par la modestie du lieu. Certes, il n’y avait pas une pierre apparente, tout était peint, en couleur chaudes, peu lumineuses, et en doré. Mais autant il avait trouvé la basilique vaticane trop parée, trop fournie, trop riche et trop hideuse, autant ici il ne voyait qu’harmonie et sérénité.
— Depuis le temps que je n’avais pas passé le Rhin… pas de doute, Praha m’a manquée !
— Ouep.
— Vraiment, déjà trois mois que tu es ici, et tu n’avais même pas songé à visiter la ville ?
— Oh, tu sais, le boulot…
— Georges…
— Et puis, sans toi, Prague était trop grise.
— Ma parole, tu as même oublié comment on drague ? Tu vois que tu t’y fais à la vie en Tchéquie !
Elle éclata de rire. Pourtant c’était vrai, grâce à elle Georges voyait enfin la Bohême en couleurs.
— Tiens, Georges, il faudra que je te présente ma sœur !
— Ah ?
— Oui, ma petite sœur, Marion. Elle fait ses études d’histoire de l’art à Cracovie, vous allez bien vous entendre.
— Possible.
— Il semblerait qu’elle nous rende une petite visite le week-end prochain. Elle te plaira, aucun doute là-dessus ! On a les même cheveux, peut-être que les siens sont un peu plus longs, mais elle est légèrement plus petite, plus svelte aussi, et ses yeux sont bleus comme un ciel sans nuage.
— Des lèvres en rose rouge, un tint de flocon… Tu me décris une princesse, non ?
— Non, pas une princesse. C’est une ondine.
— Je vois… quinze ans dans un mois, elle est née depuis des siècles et ne mourra jamais ?
— Et elle adore la poésie.
— C’est du Giraudoux.
— Tu lui plairas.
— Si tu le dis.
— Allez viens, on va louper le carillon de l’horloge astronomique. Tu ne voudrais pas manquer de saluer la mort et les apôtres ?
Elle lui prit la main, et ils coururent comme deux gamins dans l’indifférence maussade des badauds. Sur l’horloge, la mort avait entamé son rituel. Les apôtres figés défilaient les uns après les autres, condamnés à la monotonie jusqu’à perpétuité et peut-être d’avantage. Face à eux, une foule de curieux, excités du Nikon.
— Non, ce n’est pas possible, Ondine est blonde.
— Et ?
— Tu m’as dit que vous aviez les même cheveux.
— Et alors ? Qui te dit que tu n’y trouveras pas de l’or, toi qui voyais Prague en gris ?
Pourtant c’était Nico qu’il voyait plus brillante que bijoux et étoiles.
Le centre-ville bruissait fort, mais Georges n’avait en tête que du silence, comme si le fleuve s’était mis à couler entre ses pensées.
— Nico, est-ce qu’en regardant ta sœur j’y verrai ton reflet ?
Ondine et Bohême
Nico, assise.
— Bonjour Georges.
Un matin plutôt frisquet sur Mala Strana, les clochers de Prague se perdent dans la brume.
— Salut Nico.
La Vltava coule en silence, serpent bleuté qui glisse avec paresse sous l’œil figé du château.
— Plutôt froid pour la saison, non ?
— Il n’y a plus de saisons !
— Tu parles comme un vieux, dit Nico en rigolant.
Le sourire frais, la joue vive et l’œil chatoyant, elle avait l’air d’une gamine espiègle, les genoux repliés en oblique sur la poitrine, se balançant légèrement d’avant en arrière, la tête rentrée dans les épaules et les lèvres tendues jusqu’aux oreilles. Des éclats de malice à moitié innocente lui jaillissaient des pupilles.
Mal rasé, la paille de ses cheveux éparpillée dans l’anarchie la plus totale autour de son crâne, la bouche torve et le regard pâteux, Georges était beaucoup moins matinal que Nico.
— On va faire un tour ?
— Où ça ?
— Je connais un café sympa de l’autre côté du Carlsbrücke.
— C’est comme tu veux.
Nico voulait un café, Georges voulait Nico, elle se leva rapidement, il la suivit mécaniquement, et ils traversèrent le sculptural pont Charles. Au dessous d’eux, la Vltava se taisait.
Sur une petite place discrète non loin du quartier juif, elle commanda un cappuccino, et lui un jus de pomme chaud. Brune avec des reflets prune, Nico buvait paisiblement, sirotée des yeux par son compagnon.
— Tu veux faire quoi après ? La synagogue, ça te tente ?
— Laquelle ? Il y en a un paquet !
— J’aime bien l’espagnole. L’art baroque, ça me plait.
Georges avait l’habitude des grands lieux de culte : Saint Paul de Londres, Saint Pierre de Rome, Notre Dame de Chartres, de Paris, de Cologne… Il fut surpris par la modestie du lieu. Certes, il n’y avait pas une pierre apparente, tout était peint, en couleur chaudes, peu lumineuses, et en doré. Mais autant il avait trouvé la basilique vaticane trop parée, trop fournie, trop riche et trop hideuse, autant ici il ne voyait qu’harmonie et sérénité.
— Depuis le temps que je n’avais pas passé le Rhin… pas de doute, Praha m’a manquée !
— Ouep.
— Vraiment, déjà trois mois que tu es ici, et tu n’avais même pas songé à visiter la ville ?
— Oh, tu sais, le boulot…
— Georges…
— Et puis, sans toi, Prague était trop grise.
— Ma parole, tu as même oublié comment on drague ? Tu vois que tu t’y fais à la vie en Tchéquie !
Elle éclata de rire. Pourtant c’était vrai, grâce à elle Georges voyait enfin la Bohême en couleurs.
— Tiens, Georges, il faudra que je te présente ma sœur !
— Ah ?
— Oui, ma petite sœur, Marion. Elle fait ses études d’histoire de l’art à Cracovie, vous allez bien vous entendre.
— Possible.
— Il semblerait qu’elle nous rende une petite visite le week-end prochain. Elle te plaira, aucun doute là-dessus ! On a les même cheveux, peut-être que les siens sont un peu plus longs, mais elle est légèrement plus petite, plus svelte aussi, et ses yeux sont bleus comme un ciel sans nuage.
— Des lèvres en rose rouge, un tint de flocon… Tu me décris une princesse, non ?
— Non, pas une princesse. C’est une ondine.
— Je vois… quinze ans dans un mois, elle est née depuis des siècles et ne mourra jamais ?
— Et elle adore la poésie.
— C’est du Giraudoux.
— Tu lui plairas.
— Si tu le dis.
— Allez viens, on va louper le carillon de l’horloge astronomique. Tu ne voudrais pas manquer de saluer la mort et les apôtres ?
Elle lui prit la main, et ils coururent comme deux gamins dans l’indifférence maussade des badauds. Sur l’horloge, la mort avait entamé son rituel. Les apôtres figés défilaient les uns après les autres, condamnés à la monotonie jusqu’à perpétuité et peut-être d’avantage. Face à eux, une foule de curieux, excités du Nikon.
— Non, ce n’est pas possible, Ondine est blonde.
— Et ?
— Tu m’as dit que vous aviez les même cheveux.
— Et alors ? Qui te dit que tu n’y trouveras pas de l’or, toi qui voyais Prague en gris ?
Pourtant c’était Nico qu’il voyait plus brillante que bijoux et étoiles.
Le centre-ville bruissait fort, mais Georges n’avait en tête que du silence, comme si le fleuve s’était mis à couler entre ses pensées.
— Nico, est-ce qu’en regardant ta sœur j’y verrai ton reflet ?
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Vltava et Giraudoux
Le texte se tient bien à mon avis, avec un sujet quand même bateau...
Ce bout de phrase : "serpent bleuté qui glisse avec paresse sous l’œil figé du château" est trop cliché à mon goût, ça se voit au milieu du reste.
Ce bout de phrase : "serpent bleuté qui glisse avec paresse sous l’œil figé du château" est trop cliché à mon goût, ça se voit au milieu du reste.
Invité- Invité
Re: Vltava et Giraudoux
Une relecture attentive en deuxième partie est nécessaire pour éliminer trois ou quatre fautes d'orthographe évitables.
Et puis les Saint-Machin aiment bien les tirets.
Ici : "les genoux repliés en oblique sur la poitrine"
On se passe du "en oblique", on voit très bien qu'elle a les genoux repliés contre la poitrine.
Et puis les Saint-Machin aiment bien les tirets.
Ici : "les genoux repliés en oblique sur la poitrine"
On se passe du "en oblique", on voit très bien qu'elle a les genoux repliés contre la poitrine.
Invité- Invité
Re: Vltava et Giraudoux
Un texte qui nous parle de ton avatar ... Mêmes remarques que Socque et Easter(Island) un teint de flocon par exemple. Et puis les lèvres tendues jusqu'aux oreilles me fait un curieux effet ...
Re: Vltava et Giraudoux
tout pareil, les genoux en oblique... pas possible ! et les lèvres "étirées ?" jusqu'aux oreilles... si tu tiens à garder cette forme. il est sans aucun doute possible de dire la même chose plus joliment.
le texte se tient bien, pas trop dense ni trop savant. un joli fragment.
le texte se tient bien, pas trop dense ni trop savant. un joli fragment.
Re: Vltava et Giraudoux
Merci pour les p'tits conseils! Bon le coup des genoux et du sourire en banane est parti à la corbeille. Effectivement, c'était pas extra. Parce qu'attention, c'est une nouvelle de concours! Et quatre avis unanimes, on n'est jamais trop prudent...
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Vltava et Giraudoux
Tu peux rajouter un cinquième, Chako, j'avais exactement les mêmes remarques sur les genoux, le serpent bleuté, les lèvres etc... Belle unanimité, sur ton texte !
Invité- Invité
Re: Vltava et Giraudoux
Je suis conscient que l'avis d'un ado de 17 ans n'est pas forcément utile dans le cadre d'un concours, mais je tenait à ajouter mon soutient. C'est un beau boulot, le tout est fluide et se lit tout seul. Bon courage pour le concours!
Sergei- Nombre de messages : 315
Age : 109
Date d'inscription : 22/09/2008
Re: Vltava et Giraudoux
Sergei a écrit:Je suis conscient que l'avis d'un ado de 17 ans n'est pas forcément utile dans le cadre d'un concours, mais je tenait à ajouter mon soutient. C'est un beau boulot, le tout est fluide et se lit tout seul. Bon courage pour le concours!
Eh bien, moi je trouve que si, c'est bigrement intéressant l'avis d'un dixseptnaire ! Surtout un qui écrit ! Les goûts et les idées peuvent présenter des différences tout à fait importantes et camper un personnage de dix sept ans quand on n'a aucune idée de ces différences de goûts, c'est pas coton ! Plus tu commenteras de textes, plus ça nous enrichira mutuellement, Sergei. Si tu essaies de cerner ce qui ne te plait pas dans un texte et de l'expliquer, tu apprendras plein de choses...et nous aussi !
Invité- Invité
Re: Vltava et Giraudoux
Alors je serai ravi de pouvoir aider d'une quelconque manière. Je trouve personnellement qu'à chaque texte posté j'ai l'impression de m'améliorer, et j'en remercie vraiment la communauté. Donc si j'ai l'occasion de pouvoir participer aussi à la vie du forum je le ferai avec plaisir.
Sergei- Nombre de messages : 315
Age : 109
Date d'inscription : 22/09/2008
Re: Vltava et Giraudoux
C'est intéressant de sentir à travers des mots des sensations qu'on aurait pas pensé ressentir dans la réalité...Brune avec des reflets prune, Nico buvait paisiblement, sirotée des yeux par son compagnon.
Je pense que ce texte est de par son réalisme très intéressant ; le style n'a pas été sacrifié non plus.
Socque parlait d'un sujet un peu bâteau, cependant je pense que le réalisme et les qualités du texte nous font à merveille oublier ce détail.
@+ The-sliph
The-sliph- Nombre de messages : 23
Age : 30
Date d'inscription : 27/03/2009
Re: Vltava et Giraudoux
Ces dialogues ne me paraissent pas très naturels. Tu devrais essayer de leur faire gagner plus de spontanéité mais aussi de vivacité. Ici, tout s'écoule lentement, sur le même ton, comme deux petits vieux sur un banc au soleil qui regarderaient le temps passer.
Je suis quelque peu passée à côté de ce texte, désolée. Je l'ai trouvé maladroit, pas très sûr de lui. Peut-être à l'image de tes deux personnages, c'est possible.
Je suis quelque peu passée à côté de ce texte, désolée. Je l'ai trouvé maladroit, pas très sûr de lui. Peut-être à l'image de tes deux personnages, c'est possible.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Vltava et Giraudoux
J'imagine que c'est trop tard pour les remarques. Mais j'ai lu ce texte et je peux te dire que je l'ai bien aimé. Les dialogues sont réussis, j'ai cru à cette histoire, j'étais dedans.
Il y a juste l'histoire de la soeur qui m'a fait tiquer. J'ai eu l'impression que Georges et Nico se connaissaient depuis un certain temps (tu écris "son compagnon") alors j'ai trouvé cela bizarre qu'il découvre qu'elle a une soeur.
Il y a juste l'histoire de la soeur qui m'a fait tiquer. J'ai eu l'impression que Georges et Nico se connaissaient depuis un certain temps (tu écris "son compagnon") alors j'ai trouvé cela bizarre qu'il découvre qu'elle a une soeur.
Re: Vltava et Giraudoux
J'avais déjà lu ton texte il y a quelques temps, et j'avais beaucoup aimé, les descriptions sont très visuelles pas trop pesantes... Après relecture, je dirais que ce qui manque, c'est un fond, quelque chose de plus sur ces personnages, une histoire quoi...
Mais bon, en même temps, cette petite promenade à deux assez intemporelle, je trouve que c'est joli aussi...
Amicalement,
Ruin.
Mais bon, en même temps, cette petite promenade à deux assez intemporelle, je trouve que c'est joli aussi...
Amicalement,
Ruin.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 35
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
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