Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
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Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
Vltava et Ondine
Nico, assise.
— Bonjour Georges.
Un matin plutôt frisquet sur Mala Strana, les clochers de Prague se perdent dans la
brume.
— Salut Nico.
La Vltava coule en silence, serpent paresseux lové sous l’oeil figé du château.
— Plutôt froid pour la saison, non ?
— Il n’y a plus de saisons !
— Tu parles comme un vieux, dit Nico en rigolant.
Le sourire frais, la joue vive et l’oeil chatoyant, elle avait l’air d’une gamine espiègle,
les genoux repliés sur la poitrine, se balançant légèrement d’avant en arrière, la tête
rentrée dans les épaules et les lèvres étirées en croissant de lune. Des éclats de malice
à moitié innocente lui jaillissaient des pupilles.
Mal rasé, la paille de ses cheveux éparpillée dans l’anarchie la plus totale autour de
son crâne, la bouche torve et le regard pâteux, Georges était beaucoup moins matinal
que Nico.
— On va faire un tour ?
— Où ça ?
— Je connais un café sympa de l’autre côté du Carlsbrücke.
— C’est comme tu veux.
Nico voulait un café, Georges voulait Nico, elle se leva rapidement, il la suivit
mécaniquement, et ils traversèrent le sculptural pont Charles. Au dessous d’eux, la
Vltava se taisait.
Sur une petite place discrète non loin du quartier juif, elle commanda un cappuccino,
et lui un jus de pomme chaud. Brune avec des reflets prune, Nico buvait paisiblement,
sirotée des yeux par son compagnon.
— Tu veux faire quoi après ? La synagogue, ça te tente ?
— Laquelle ? Il y en a un paquet !
— J’aime bien l’espagnole. L’art hispanico-mauresque, ça me plait.
Georges avait l’habitude des grands lieux de culte : Saint Paul de Londres, Saint
Pierre de Rome, Notre Dame de Chartres, de Paris, de Cologne… Il fut surpris par la
modestie du lieu. Certes, il n’y avait pas une pierre apparente, tout était peint, en
couleur chaudes, peu lumineuses, et en doré. Mais autant il avait trouvé la basilique
vaticane trop parée, trop fournie, trop riche et trop hideuse, autant ici il ne voyait
qu’harmonie et sérénité.
— Depuis le temps que je n’avais pas passé le Rhin… pas de doute, Praha m’a
manquée !
— Ouep.
— Vraiment, déjà trois mois que tu es ici, et tu n’avais même pas songé à visiter la
ville ?
— Oh, tu sais, le boulot…
— Georges…
— Et puis, sans toi, Prague était trop grise.
— Ma parole, tu as même oublié comment on drague ? Tu vois que tu t’y fais à la vie
en Tchéquie !
Elle éclata de rire. Pourtant c’était vrai, grâce à elle Georges voyait enfin la Bohême
en couleurs.
— Tiens, Georges, il faudra que je te présente ma soeur !
— Ah ?
— Oui, ma petite soeur, Marion. Elle fait ses études d’histoire de l’art à Cracovie,
vous allez bien vous entendre.
— Possible.
— Il semblerait qu’elle nous rende une petite visite le week-end prochain. Elle te
plaira, aucun doute là-dessus ! On a les mêmes cheveux, peut-être que les siens sont
un peu plus longs, mais elle est légèrement plus petite, plus svelte aussi, et ses yeux
sont bleus comme un ciel sans nuage.
— Des lèvres en rose rouge, un teint de flocon… Tu me décris une princesse, non ?
— Non, pas une princesse. C’est une ondine.
— Je vois… quinze ans dans un mois, elle est née depuis des siècles et ne mourra
jamais ?
— Et elle adore la poésie.
— C’est du Giraudoux.
— Tu lui plairas.
— Si tu le dis.
— Allez viens, on va louper le carillon de l’horloge astronomique. Tu ne voudrais pas
manquer de saluer la mort et les apôtres ?
Elle lui prit la main, et ils coururent comme deux gamins dans l’indifférence
maussade des badauds. Sur l’horloge, la mort avait entamé son rituel. Les apôtres
figés défilaient les uns après les autres, condamnés à la monotonie jusqu’à perpétuité
et peut-être davantage. Face à eux, une foule de curieux, excités du Nikon.
— Non, ce n’est pas possible, Ondine est blonde.
— Et ?
— Tu m’as dit que vous aviez les mêmes cheveux.
— Et alors ? Qui te dit que tu n’y trouveras pas de l’or, toi qui voyais Prague en gris ?
Pourtant c’était Nico qu’il voyait plus brillante que bijoux et étoiles.
Le centre-ville bruissait fort, mais Georges n’avait en tête que du silence, comme si le
fleuve s’était mis à couler entre ses pensées.
— Nico, est-ce qu’en regardant ta soeur j’y verrai ton reflet ?
Nico, assise.
— Bonjour Georges.
Un matin plutôt frisquet sur Mala Strana, les clochers de Prague se perdent dans la
brume.
— Salut Nico.
La Vltava coule en silence, serpent paresseux lové sous l’oeil figé du château.
— Plutôt froid pour la saison, non ?
— Il n’y a plus de saisons !
— Tu parles comme un vieux, dit Nico en rigolant.
Le sourire frais, la joue vive et l’oeil chatoyant, elle avait l’air d’une gamine espiègle,
les genoux repliés sur la poitrine, se balançant légèrement d’avant en arrière, la tête
rentrée dans les épaules et les lèvres étirées en croissant de lune. Des éclats de malice
à moitié innocente lui jaillissaient des pupilles.
Mal rasé, la paille de ses cheveux éparpillée dans l’anarchie la plus totale autour de
son crâne, la bouche torve et le regard pâteux, Georges était beaucoup moins matinal
que Nico.
— On va faire un tour ?
— Où ça ?
— Je connais un café sympa de l’autre côté du Carlsbrücke.
— C’est comme tu veux.
Nico voulait un café, Georges voulait Nico, elle se leva rapidement, il la suivit
mécaniquement, et ils traversèrent le sculptural pont Charles. Au dessous d’eux, la
Vltava se taisait.
Sur une petite place discrète non loin du quartier juif, elle commanda un cappuccino,
et lui un jus de pomme chaud. Brune avec des reflets prune, Nico buvait paisiblement,
sirotée des yeux par son compagnon.
— Tu veux faire quoi après ? La synagogue, ça te tente ?
— Laquelle ? Il y en a un paquet !
— J’aime bien l’espagnole. L’art hispanico-mauresque, ça me plait.
Georges avait l’habitude des grands lieux de culte : Saint Paul de Londres, Saint
Pierre de Rome, Notre Dame de Chartres, de Paris, de Cologne… Il fut surpris par la
modestie du lieu. Certes, il n’y avait pas une pierre apparente, tout était peint, en
couleur chaudes, peu lumineuses, et en doré. Mais autant il avait trouvé la basilique
vaticane trop parée, trop fournie, trop riche et trop hideuse, autant ici il ne voyait
qu’harmonie et sérénité.
— Depuis le temps que je n’avais pas passé le Rhin… pas de doute, Praha m’a
manquée !
— Ouep.
— Vraiment, déjà trois mois que tu es ici, et tu n’avais même pas songé à visiter la
ville ?
— Oh, tu sais, le boulot…
— Georges…
— Et puis, sans toi, Prague était trop grise.
— Ma parole, tu as même oublié comment on drague ? Tu vois que tu t’y fais à la vie
en Tchéquie !
Elle éclata de rire. Pourtant c’était vrai, grâce à elle Georges voyait enfin la Bohême
en couleurs.
— Tiens, Georges, il faudra que je te présente ma soeur !
— Ah ?
— Oui, ma petite soeur, Marion. Elle fait ses études d’histoire de l’art à Cracovie,
vous allez bien vous entendre.
— Possible.
— Il semblerait qu’elle nous rende une petite visite le week-end prochain. Elle te
plaira, aucun doute là-dessus ! On a les mêmes cheveux, peut-être que les siens sont
un peu plus longs, mais elle est légèrement plus petite, plus svelte aussi, et ses yeux
sont bleus comme un ciel sans nuage.
— Des lèvres en rose rouge, un teint de flocon… Tu me décris une princesse, non ?
— Non, pas une princesse. C’est une ondine.
— Je vois… quinze ans dans un mois, elle est née depuis des siècles et ne mourra
jamais ?
— Et elle adore la poésie.
— C’est du Giraudoux.
— Tu lui plairas.
— Si tu le dis.
— Allez viens, on va louper le carillon de l’horloge astronomique. Tu ne voudrais pas
manquer de saluer la mort et les apôtres ?
Elle lui prit la main, et ils coururent comme deux gamins dans l’indifférence
maussade des badauds. Sur l’horloge, la mort avait entamé son rituel. Les apôtres
figés défilaient les uns après les autres, condamnés à la monotonie jusqu’à perpétuité
et peut-être davantage. Face à eux, une foule de curieux, excités du Nikon.
— Non, ce n’est pas possible, Ondine est blonde.
— Et ?
— Tu m’as dit que vous aviez les mêmes cheveux.
— Et alors ? Qui te dit que tu n’y trouveras pas de l’or, toi qui voyais Prague en gris ?
Pourtant c’était Nico qu’il voyait plus brillante que bijoux et étoiles.
Le centre-ville bruissait fort, mais Georges n’avait en tête que du silence, comme si le
fleuve s’était mis à couler entre ses pensées.
— Nico, est-ce qu’en regardant ta soeur j’y verrai ton reflet ?
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
Purée, Chako Noir, dans la version précédemment publiée sur le site vous terminiez par "est-ce qu’en regardant ta sœur j’y verrai ton reflet", et là c'est "est-ce qu’en regardant ta soeur j’y verrai ton reflet". Vous faites les corrections à l'envers ou quoi ? (Pardon, je ne sais plus si vous me vouvoyez...)
Invité- Invité
Re: Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
Heu... c'est possible que celui-ci je n'y aie pas des masses apporté de corrections... Il date un peu, je n'ai pas relu la version précédente avant de poster celle-là, dans l'idée que de toute façon une fois terminé le projet édition on l'efface.
Et puis, en général, je modifie très rarement mes phrases de début / phrases de fin quand elles me plaisent.
Et puis, en général, je modifie très rarement mes phrases de début / phrases de fin quand elles me plaisent.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
Non, mais ce qui m'étonne c'est que, dans la version précédemment publiée, la ligature "œ" de "sœur" de la dernière phrase soit bien en place, et pas dans cette version-ci, en principe plus récente. D'où ma question sur les corrections à l'envers.
Invité- Invité
Re: Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
Ah. Oui, effectivement, là c'est bizarre, et je suis incapable de répondre. C'est peut-être dû à un transfert entre Works / Open Office / Adobe pdf (parfois y a des ratés). Merci d'avoir relevé l'erreur, je ne l'aurais probablement jamais remarquée.
Si un gentil modo pouvait faire la correction...
Si un gentil modo pouvait faire la correction...
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
Il faudrait vérifier toutes les ligatures, j'ai aperçu un "oeil" qui trainaît, il doit y en avoir d'autres... Attendez :
"sous l’œil figé du château"
"la joue vive et l’œil chatoyant"
"il faudra que je te présente ma sœur"
"Oui, ma petite sœur"
"est-ce qu’en regardant ta sœur j’y verrai ton reflet"
"sous l’œil figé du château"
"la joue vive et l’œil chatoyant"
"il faudra que je te présente ma sœur"
"Oui, ma petite sœur"
"est-ce qu’en regardant ta sœur j’y verrai ton reflet"
Invité- Invité
Re: Projet d'édition 1 - Vltava et Ondine
Erf.
Je confirme : le problème des ligatures est dû à un transfert pdf --> open office. Ici, la version pdf, celle-ci correcte : http://www.mediafire.com/?gmwmjmjjony
Je confirme : le problème des ligatures est dû à un transfert pdf --> open office. Ici, la version pdf, celle-ci correcte : http://www.mediafire.com/?gmwmjmjjony
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
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