Mes saintes amies

Mes saintes amies

Alice lumineuse à lisse regard bleu
Aimée
L ’espace d’une messe en fervente prières
Anne ma timide en robe de pudeur
Quand nos doigts se frôlèrent
Nos petites phalanges

Blanche comme saule en frimas de novembre
J’avais si froid alors dans mes galoches vieilles,
Alanguie Marie la tendre
Au lit des heures s’ennuyait
De son miroir éprise
Et me disait des mots des mots sans réfléchir

Luce au soleil venue
Et de joie dévêtue quand je touchais ses seins
Buvait en ce juillet de l’indécise année
L 'eau fraîche à mes mains Claire
Au ruisseau nue baignée
Si glorieuse en son corps et tant frileuse alors

Esther aux noires solitudes Esther
Mon austère en cheveux de silence
Aurélie la rieuse aux
Tétons de glaise humide
Dont je faisais sculpture moi le maçon d’argile,
Eve prude à tête d'ivoire et corps de lin

Toutes
Gravées au vitrail des abondances
Dans le transept des ans
Sur les dalles du chœur
Je vois votre reflet tout de pourpre et de liesse
Qui se joue des rayons et de l’astre qui baisse

Bravo ! Un poème léger, sensuel et grave à la fois, au rythme très maîtrisé, chantant... Bref, j'ai beaucoup aimé. Les deux derniers vers seraient parfaits sans cette répétition de "qui".

S'il s'agit d'un blasphème il est tout pardonné tant le poème est frais et sensible à la fois.
J'ai vraiment aimé ces portraits et tout ce qui s'évoque au-delà des mots.

Les souvenirs n'auraient pas autant de densité si des femmes coton pur laine n'en tissaient les mailles à revenir.

Très beau texte effectivement Hellian.
Toutes ces femmes égrenées dans la nef du temps qui passe, une nostalgie sans pathos mais une nostalgie quand même.

Je trouve aussi que ce texte est fin, très beau. J'aime la délicatesse des images et des mots avec lesquelles ces femmes sont posées/déposées

Femmes de mémoire, spirituelles et figées, des femmes qui marquent par leur fraîcheur mais aussi leur allure virevolante. Un peu comme une prière chantée. Bien vu Hellian !

un peu trop d'emphase à mon goût dans la dernière strophe qui jure avec la légèreté émouvante des autres qui est un petit bijou hellianesque...;;un de plus

en le lisant ce texte, j'ai pensé très fort à Yves Simon et son roman "Les éternelles"