Les poètes

Nos semelles de vent
Arpentent mille lieues
Nuages mordorés
Embrumant nos silhouettes

De vos tonneaux en perce
Irriguant notre ivresse
Ces fleuves rubiconds
Pour noyer nos chagrins

Nos muses délurées
Aiment nos fulgurances
Nos quatrains qui harponnent
Ces fantômes divins

Nos nuits qui s’ensoleillent
En de sombres extases
Nos visions fugitives
Aux aubes lactescentes

Vos immortels gigotent
Pendus aux vers classiques
A nos pieds libérés
Poussent la mandragore

Et vos vies harnachées
De rêves incendiés
Et nos vaisseaux cinglant
Vers des terres lointaines

ami,

Comme tu le sais, j'aime beaucoup ce que tu écris. je te l'ai souvent fait savoir avec sincérité. J'espère que tu ne m'en voudras pas de te dire que j'ai moins apprécié ce poème.

Ma critique portera très banalement tout d'abord sur le fond, puis sur la forme :

Sur le fond, j'ai toujours quelques réticences à l'endroit des poèmes qui glorifient ou qui chantent « les poètes ». Ce genre me paraît la plupart du temps relever d'une sorte d'autocélébration un peu narcissique et plaintive. Là, je te concède volontiers qu'il s'agit non pas d'une critique, mais d'une opinion très personnelle. Cela dit, par nature, ce sujet engendre des écueils que tu me parais ne pas avoir évités. Et j'en viens à la forme.

la forme :ces écueils dont je parle sont souvent constitués par des clichés qui, même s'ils ont eu leur heure de gloire (en tant qu'images avant de tomber dans la corbeille des clichés) en écriture poétique, sont, aujourd'hui, bien devenus tels. Ainsi me paraissent relever de l'image convenue des expressions telles que :

Nos semelles de vent

Nuages mordorés

aubes lactescentes



D'autre part, je trouve que tu fais une consommation abusive d'épithètes achetés au rayon «poésie» de chez Fauchon, qui même s'ils sont luxueux ne conviennent pas à ton écriture, lui donnant trop d'emphase:

Ces fleuves rubiconds

visions fugitives

fantômes divins


Pour tout te dire, je préfère de loin le Mitsouko aux images pudiques, cultivant la suggestion, le demi non-dit. Bref, j'aime mieux quand tu fais ta tambouille bio et non pas quand tu vas puiser aux surgelés.

cela étant, tu t'en tires quand même pour ce qui est de l'inspiration pure. Mais, tu nous as trop habitués à des petits bijoux de poèmes pour que l'on garde silence quand ça ne nous paraît pas sonner vraiment juste (quand je dis « nous », il faut le prendre, évidemment, comme un pluriel de majesté...Je n'engage que bibi).

Bien cordialement à toi

Tout d'accord avec Hellian ; j'ajoute, et c'est personnel, que pour moi le rythme d'hexasyllabes, fussent-ils parlés, devient vite lassant.

Je passe mais garde un oeil sur l'ensemble.

Suis restée aux deux premiers vers du poème:

Nos semelles de vent
Arpentent mille lieues

qui sont à mon sens très beaux mais j'ai pas accroché avec la suite: trop d'images obscures et pas assez de mots simples... Peut-être qu'une structure moins régulière pourrait mieux retenir l'attention du lecteur?

merci aux critiques sans concession................et allez soyons honnêtes assez justes
trop fines lames poétiques sur ce site pour vous abuser d'une parade facile
restez exigeants..........c'est pour cela que je suis ici

il y a quand même 2 strophes que je sauverai bien........chut!! je ne dis pas lesquelles

Hellian a écrit:ami,

Comme tu le sais, j'aime beaucoup ce que tu écris. je te l'ai souvent fait savoir avec sincérité. J'espère que tu ne m'en voudras pas de te dire que j'ai moins apprécié ce poème.

Ma critique portera très banalement tout d'abord sur le fond, puis sur la forme :

Sur le fond, j'ai toujours quelques réticences à l'endroit des poèmes qui glorifient ou qui chantent « les poètes ». Ce genre me paraît la plupart du temps relever d'une sorte d'autocélébration un peu narcissique et plaintive. Là, je te concède volontiers qu'il s'agit non pas d'une critique, mais d'une opinion très personnelle. Cela dit, par nature, ce sujet engendre des écueils que tu me parais ne pas avoir évités. Et j'en viens à la forme.

la forme :ces écueils dont je parle sont souvent constitués par des clichés qui, même s'ils ont eu leur heure de gloire (en tant qu'images avant de tomber dans la corbeille des clichés) en écriture poétique, sont, aujourd'hui, bien devenus tels. Ainsi me paraissent relever de l'image convenue des expressions telles que :

Nos semelles de vent

Nuages mordorés

aubes lactescentes



D'autre part, je trouve que tu fais une consommation abusive d'épithètes achetés au rayon «poésie» de chez Fauchon, qui même s'ils sont luxueux ne conviennent pas à ton écriture, lui donnant trop d'emphase:

Ces fleuves rubiconds

visions fugitives

fantômes divins


Pour tout te dire, je préfère de loin le Mitsouko aux images pudiques, cultivant la suggestion, le demi non-dit. Bref, j'aime mieux quand tu fais ta tambouille bio et non pas quand tu vas puiser aux surgelés.

cela étant, tu t'en tires quand même pour ce qui est de l'inspiration pure. Mais, tu nous as trop habitués à des petits bijoux de poèmes pour que l'on garde silence quand ça ne nous paraît pas sonner vraiment juste (quand je dis « nous », il faut le prendre, évidemment, comme un pluriel de majesté...Je n'engage que bibi).


Bien cordialement à toi

Rien à ajouter. Je suis totalement d'accord.

passé lu

héllian à tout dit, et je salue sa constructivité

De belles références et une envoûtante invitation au voyage, sensuelle et bien ficelée. Agréable à l'oreille, le rythme donne au texte des airs musicaux. J'ai beaucoup aimé ce texte, Mitsouko.