Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Bill Derringer...

+11
Halicante
Nath
Mure
abstract
Sahkti
Gobu
Lonely
Ba
Loreena Ruin
mentor
boc21fr
15 participants

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Aller en bas

Bill Derringer... Empty Bill Derringer...

Message  boc21fr Lun 1 Juin 2009 - 17:07

J'ai écrit ce vieux texte il y a 10 ans déjà...
C'est mon premier, de loin le plus débile, le plus "ado", mais aussi peut-être le plus drôle...
Je vous post la suite (tout comme pour "les sales bêtes") seulement si cela vous amuse un peu...
Et puis bien sur, si vous avez des idées pour le perfectionner...SURTOUT...pas d'hésitation !
go



Premier contact
Le président des Etats-Unis d’Amérique se tenait debout, face à la fenêtre de son bureau de la maison blanche.
Il observait, immobile et droit tel une tour inébranlable, les hommes et les femmes du dehors courir en tous sens pour exécuter ses ordres.
Circonstance rarissime, il n’était pas entouré de sa cohorte de subalternes et conseillers en tous genres : congédiés selon ses instructions, ils venaient précisément de le quitter en empruntant les portes de sortie avec l’ordre et la cohésion d’un essaim d’insectes.
La solitude, enfin…
Ses ordres étaient relayés à travers toute la planète, des milliers d’êtres allaient se battre et mourir pour lui.
En cet instant précis, Bill Derringer pouvait jouir de tout ce pour quoi il avait inconsciemment souhaité être élu.
Le pouvoir… Il le sentait, le respirait à pleins poumons jusqu’à en éprouver une sorte d’euphorie que personne n’aurait pu soupçonner. Il s’était pourtant juré de ne jamais se laisser enivrer par les privilèges liés à sa fonction, mais cette ivresse-là était une passion qui dépassait de loin sa faible volonté.
Jusque là, il ne s’était jamais permis d’agir en dehors du cadre des intérêts des lobbys qui l’avaient placé là où il était : industrie pétrolière, ligues de vertu, partisans de la peine de mort, fabriquants d’armes…
Une masse pesante d’individus dont les desiderata commençaient pourtant à l’agacer prodigieusement.
Il savait bien que ces hommes d’affaires et hauts fonctionnaires étaient en réalité les véritables maîtres de l’état.
A eux, il devait rendre des comptes. Pour eux, il menait sa politique de conquête.
Pourtant, un sentiment de toute-puissance était en train de balayer le peu de force intérieure et d’intelligence qu’il ait jamais eu : la jouissance illusoire d’un pouvoir absolu risquait de le mener sur une pente dangereuse… mais de cela, il n’eut aucune conscience.

« Monsieur le Président, je souhaiterais pouvoir disposer de toute votre attention s’il vous plaît… M. Bill Derringer ? »

La voix était féminine, douce et apaisante, mais pour le président qui lui tournait le dos, il s’agissait d’une intrusion inacceptable.

– Comment osez-vous…

Il croyait avoir encore affaire à un subordonné indélicat qui transgressait ses ordres afin de lui présenter quelque requête sans intérêt. Mais sa voix mourut sur ses lèvres lorsqu’il se retourna et vit la nature irréelle de l’être qui se trouvait devant lui :

Une géante à la peau d’obsidienne le toisait du haut de ses deux mètres. Elle était entourée d’un halo de lumière bleutée et affichait un sourire que le président goûta aussi peu que la couleur de sa peau.
Pourtant, la peur chassa bientôt l’ire présidentielle et lui fit pousser le bouton qui appellerait en un instant les gardes chargés de sa sécurité.
La crainte se mua en panique : celui qui jouissait de sa puissance absolue quelques secondes auparavant était maintenant la proie de l’effroi le plus intense.
En quelques secondes, il se retrouva accroupi derrière son bureau, les yeux clos. Ses mains s’appuyaient en étoile sur le sol tandis que tous les nerfs de son corps se crispaient de terreur.
Si Bill Derringer avait été à la hauteur de la légende fomentée par son service de communication, il se serait saisi du colt doré à crosse d’ivoire posé sur un meuble tout proche. Cette arme, offerte par une célèbre firme, était devenue -devant les caméras de télé- un attribut indissociable de sa personne.
Au lieu de cela, le président des Etats-Unis d’Amérique se liquéfia honteusement.
Du haut de sa fort inconfortable position, il entendit néanmoins les injonctions des gardes affectés à sa sécurité :

– Ne bougez pas ! Mains sur la tête ! M. le Président ! M. le Président ! Où êtes-vous ?

« Mais que se passe-t-il ? », gémit-il intérieurement en plaçant mécaniquement ses mains sur sa tête, obéissant à l’ordre de ses subordonnés.

– Je reviendrai quand vous serez seul, résonna une dernière fois la voix mélodieuse de la géante.

Le président se jura intérieurement de ne plus jamais se séparer de ses gardes dans l’avenir, et cela même lorsque les besoins inhérents à sa physiologie se feraient sentir.
Dans la salle, un des gardes s’exclama : « Mon Dieu ! », puis ce fut le silence. Un long silence, qui dura jusqu’à ce qu’un des hommes en smoking découvre son président en position fœtale derrière son bureau.
Dès qu’il aperçut ce visage familier penché sur lui, la colère le submergea. Il en conçut une haine proportionnelle à la terreur qu’il avait éprouvée et à l’humiliation subie.
Il se releva alors en repoussant brutalement la main tendue de son subordonné.

– Vous allez bien ? M. le Président ?

Bill Derringer le foudroya du regard en guise de réponse et aboya ses propres questions, perdant ainsi toute la mesure qui lui avait fait gagner les élections.

– Où est-elle passée ?! Qu’est-ce que vous avez foutu ?! Vous l’avez laissée s’enfuir !!
– Mais monsieur…, commença un garde près de la porte d’entrée, elle ne s’est pas enfuie… elle s’est…
– … volatilisée, finit un autre.
– … comme si on éteignait un poste de télévision, renchérit l’homme qui avait retrouvé le président, enhardi par la franchise de ses collègues.
L’esprit du président, rationnel et pragmatique du lever jusqu’au coucher, mit rapidement à profit la comparaison maladroite de son subordonné.
– L’avez-vous touchée ?
– Non M. le Président, fit l’un d’entre eux après que tous aient échangé un bref regard. Non, nous n’en avons pas eu le temps.
– Alors c’est ce qu’elle était… une saleté d’image en trois dimensions, un holo-machin-truc ou quelque chose comme ça ! Prévenez la NSA, qu’ils fassent venir au plus vite des spécialistes, je parie que c’est encore un coup de ces connards de pacifistes capitulards ! !
– Vous êtes sûr, M. le Président ? Elle avait pourtant l’air aussi réelle que vous et moi, et les hologrammes n’ont ce réalisme que dans les films, je pense que…

Il leva sa main droite en un signe de dénégation muette. Le maître des Etats-Unis d’Amérique n’avait que mépris pour l’opinion de ces individus triés sur le volet pour leurs performances physiques, mais dont le QI était encore plus bas que le sien.
Son geste fit instantanément taire le garde, qui réajusta derechef sa cravate.

– Je crois vous avoir donné un ordre, rappela le président sur un ton lourd de menace, juste avant de remarquer qu’un de ses hommes s’était absenté. Ses subordonnés lui obéissaient au doigt et à l’œil. La situation était à nouveau sous contrôle et l’incident déjà oublié.
Il ressentit à nouveau cette vague d’euphorie caractéristique du sentiment de toute-puissance.

« Le pouvoir... »

Un reliquat de colère et de honte le poussa toutefois, non à se justifier auprès de ses hommes (quelle pensée absurde !), mais à leur rappeler la justesse de ses raisonnements et la profondeur de ses déductions :

– Il y a plein de ces… étudiants de ces… scientifiques parmi les jeunes imbéciles qui voudraient voir en l’Amérique une nation faible et soumise. Ce sont eux qui ont fait le coup pour… déstabiliser l’appareil exécutif de l’état.

Le directeur du FBI entra sur ces mots et fixa un regard interrogatif sur son président.
Il se trouvait par bonheur avec les autres officiels dans le Bureau quelques minutes auparavant : ils s’étaient réunis pour discuter de l’opportunité de tester l’efficacité de leurs nouvelles armes léthales par induction de micro-ondes sur un échantillon de Marines.
Le président se passa la langue sur les lèvres.
Le chef de la Police Fédérale, Andrew Holster, était rapidement revenu pour répondre à ses ordres et à son indignation.
Bientôt, des milliers d’hommes travailleraient à châtier les responsables de cette intrusion inacceptable, et les coupables seraient punis d’une manière exemplaire.
Il se passa une nouvelle fois la langue sur les lèvres…

« Le pouvoir… »

– Ah, Andrew ! Vois avec mes hommes ce que tu peux faire, je dois me rendre à une conférence de presse au sujet de notre entrée en guerre. Règle cette affaire, aussi vite que possible ! Je ne veux pas voir ces imbéciles mettre la pagaille dans mon pays alors que nous mobilisons nos troupes ! Tu peux prendre le témoignage de ces gardes, ils ont assisté à toute la scène.
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Lun 1 Juin 2009 - 17:07

Le président quitta son bureau sur ces mots, laissant un responsable du FBI perplexe.

– Ah, j’oubliais ! fit-il en se retournant soudainement. Aucun mot de tout cela à la presse, c’est une question de sécurité nationale.

Le garde qui avait secouru son président et l’avait retrouvé piteusement recroquevillé sur lui-même affronta un regard lourd de menaces. Il baissa les yeux et sut dès cet instant qu’il emporterait son secret dans la tombe.

Le président se rendit dans la salle de conférence de la Maison Blanche d’un pas alerte, non pour combler son retard, mais en anticipant sur la jouissance que lui apporterait la présence de tous ces gens, suspendus aux paroles émanant de ses lèvres.
L’un des conseillers qui marchait à ses cotés reçut un appel sur son téléphone cellulaire. Il s’arrêta, échangea quelques mots avec son interlocuteur, puis trottina pour revenir aux cotés du président.

– Monsieur, lui annonça-t-il, vous avez le chef de l’état français en ligne, en ce moment même. Vous pouvez prendre l’appel dans ce bureau, conclut-il en indiquant une banale porte de bois sur sa gauche.

Bill Derringer grimaça ; à l’autre extrémité de ce couloir, se trouvait une porte ouverte sur des promesses d’un autre ordre : des projecteurs, des journalistes, une déclamation historique faite non par un quelconque porte-parole mais par lui, en personne.
Il allait devoir retarder cet instant, précieux entre tous, pour supporter les réserves et indignations officielles énoncées par ce représentant d’une vieille Europe agonisante.

« Votre sphère d’influence au Moyen-Orient ne signifiera bientôt plus rien, quand l’accepterez-vous donc ? » pensa-t-il frustré.

La somme de gardes du corps, de conseillers et de responsables que comptait l’entourage présidentiel vit ce dernier ouvrir la porte, faire une pause, et se retourner dans leur direction.

– Cette pièce est vide, fit-il en affichant un air pincé qu’aucun ne sut interpréter.
– Bien sûr, monsieur, confirma un subalterne.
– Vous ! dit le président d’un ton sec en désignant un de ses gardes du corps, suivez-moi !

Bill Derringer se saisit du téléphone blanc qui reposait sur un bureau, au milieu de la pièce, puis s’assura du regard de la présence de son garde. Celui-ci, stationné derrière la porte d’entrée, les bras reposant en croix sur son abdomen, regardait droit devant lui vers un improbable horizon. Toutefois, lorsqu’il entendit, à son corps défendant, la teneur des paroles de son président, il ne put s’empêcher de tourner la tête dans sa direction en écarquillant stupidement les yeux.
Lorsque le premier homme des Etats-Unis d’Amérique raccrocha, il ne rejoignit pas immédiatement la salle de conférence.
Au lieu de cela, il demeura immobile. Des plis soucieux marquaient son front… Ses sourcils se froncèrent, sa tête s’inclina vers le sol.

Si le garde ne connaissait pas si bien son président, il aurait juré que ce dernier réfléchissait.

– Vous avez perdu quelque chose, monsieur ? osa-t-il demander timidement.

Le président chassa l’air de sa main droite pour conjurer les paroles parasites comme il l’aurait fait avec un moustique.
La teneur de sa conversation avec le chef de l’état français était sans précédent, et ses implications très préoccupantes : une femme noire de grande taille et environnée d’une lueur bleutée lui était apparue et l’avait tiré de son lit.

« Ce fut comme une apparition qu’il disait... il avait du mal à... comment disait-il déjà ? à la « distinguer dans l’éblouissement que lui envoyaient ses yeux. »
Et comment a-t-il réagi, cet imbécile de Français ?
Il l’a écoutée parler… ou plutôt débiter une rengaine moralisatrice assommante où le pacifisme fait bien entendu bonne figure.
Et il l’a crue, ce crétin de bouffeur de tête de veau ! »

Le président des Etats-Unis resta perplexe un court instant, mais bientôt, la lumière se fit dans son esprit et tout devint clair :

« Les étudiants scientifiques, pacifiques et capitulards se sont dorénavant regroupés en une organisation internationale qui s’attaque aux chefs d’état à l’échelle de toute la planète. Pour l’instant, ils ont menacé celui qui est le plus hostile à leur vision bêlante de l’avenir -c’est à dire moi- et encouragé leur allié temporaire à poursuivre son lymphatisme diplomatique anti-guerre -c’est à dire lui-. Cela fait déjà quelques temps que ces Frenchies refusent de suivre notre leadership et tentent de préserver leurs intérêts au sein des états terroristes. »

Il sourit.

« Il faut que je prenne garde à ne pas croire à notre propre propagande, ce n’est pas le moment de perdre toute objectivité . »

Il se préparait à passer la porte que son garde du corps venait préalablement de lui entrouvrir, lorsqu’une lueur bleutée emplit la pièce. Une douce voix, identique à celle qui l’avait apostrophé dans son bureau, résonna à nouveau à ses oreilles.

« M. Le Président, je vous somme de m’écouter, dans votre propre intérêt et celui de votre peuple… »

– Elle me menace, tirez sur cette négresse ! hurla le chef de l’état américain, à la fois effrayé et enragé par cette nouvelle apparition.

Nanti de cette consigne assénée lors de ses années d’entraînement, le garde saisit brutalement son président par les épaules et le propulsa comme un ballon de football dans les rangs de ses collègues restés dans le couloir.
Il se retourna et jaugea un bref instant la menace que cette géante noire représentait : vêtue d’une simple tunique quasi transparente, elle ne portait aucune arme et était d’une constitution physique assez frêle.
N’étant pas aussi raciste que son président, il ne prit pas la peine de dégainer son arme et se propulsa dans les jambes de cette beauté d’ébène… Un corps à corps dans de telles conditions n’était pas pour lui déplaire.
Malheureusement pour le garde, ses bras se refermèrent sur le vide, et le choc de son menton sur le plancher ne fit qu’ajouter la souffrance à la frustration. La merveilleuse géante avait la tête penchée en direction du malheureux qui avait traversé son abdomen de lumière et se trouvait pour l’heure à moitié groggy sur le sol.
Deux gardes entrèrent dans la pièce en se positionnant de chaque coté de la porte, et mirent l’apparition en joue.
Elle s’effaça.
Dans la pièce soudainement silencieuse, on n’entendait plus que les jurons du président, maintenu dans le couloir par un cordon improvisé de quatre gardes.

– Laissez-moi passer, je vous en donne l’ordre !
– Il peut encore y avoir un risque pour votre sécurité, monsieur le Président.
– Cela n’a aucune importance, vociféra-t-il en s’efforçant de donner un aspect théâtral à sa déclamation héroïque. Je suis le premier homme de la nation, c’est donc à moi qu’incombent les plus grands sacrifices.

Plus loin dans le couloir, il avait cru voir une caméra.

– Vous aviez raison, monsieur le Président ! fit un garde sortant de la pièce en se massant les mâchoires, c’était bien une projection holographique.
– Parfait ! Cette pièce n’a pas de fenêtres, faites venir des spécialistes et ils mettront la main sur tout leur bazar électronique ! Nous tenons ces traîtres de pacifistes !
– M. le Président, osa avancer Lucien Cross, son porte-parole. Dois-je faire annuler la conférence de…

Une nouvelle fois, le président Bill Derringer leva sa main droite pour ramener son subalterne au silence. Il aimait bien ce geste-là.

« On dirait Adolf Hitler effectuant avec désinvolture son salut nazi, il faudra que je me décide à lui en faire part, pensa silencieusement Cross. Si jamais il faisait cela devant une caméra… »

– Il est hors de question de laisser ces… incidents retarder la marche historique de notre nation une minute de plus ! daigna préciser le président à ses subalternes qui hochèrent la tête en cadence.

C’est d’un pas résolu, poussé par sa résolution et sa foi inébranlable en lui-même que le président des Etats-Unis d’Amérique traversa le couloir qui allait le mener à la salle de conférence tant désirée. Une seconde avant d’entrer en ce lieu qu’il considérait comme un temple à la gloire de sa puissance, il jouit par anticipation de l’attention qu’allaient lui accorder ces journalistes, humbles échantillons des millions d’individus pendus à ses lèvres et à ses paroles.
Lorsque après une exquise et enivrante inspiration il pénétra enfin dans ce haut lieu de la communication, son dépit et sa colère furent à la mesure de sa déception : les journalistes, debouts, n’avaient accordé aucune attention à l’entrée de leur président. Pire encore, ils hurlaient dans une cacophonie générale des propos incompréhensibles à l’attention de leur téléphone portable respectif.

« Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! »

Bill Derringer sentit la poigne de son responsable de la communication s’abattre sur son poignet droit. Dans des situations de danger, les décisions de ses gardes du corps avaient priorité sur les siennes. Devant les médias, il avait également appris à s’effacer devant les ordres silencieux de son « garde de l’image ».
A cet instant, ce dernier le dissuada de hurler spontanément des propos qui restèrent heureusement à l’état de pure indignation muette : nul ne faisait attention à lui, personne n’accordait le moindre intérêt à ce qu’il avait à dire.

« Mais que se passe-t-il ? Le bouffeur de tête de veau m’aurait-il pris de vitesse ? Quelles idioties a-t-il bien pu encore raconter devant des caméras ? »

Dans le brouhaha des sonneries qui retentissaient de façon anarchique, on en distinguait une qui jouait le générique du dernier James Bond.
Le président fronça les sourcils. Cette mélopée inepte et nasillarde était jouée par le téléphone portable de l’attaché de la CIA qui avait récemment rejoint la horde de ses suivants.

« Pourquoi m’ont-ils collé cet imbécile, déjà ? Pour être sûrs que je déclare la guerre au bon pays ? »

Un sourire crispé mourut bientôt sur les lèvres de Bill Derringer : les sourcils de l’imbécile en question venaient de s’effacer au profit de ses globes oculaires, lesquels enflaient démesurément et semblaient se préparer à une mise sur orbite imminente.

Reprenant rapidement contenance, l’agent de la CIA se fraya un chemin pour transmettre à son président l’information capitale dont il venait de prendre connaissance… quelques minutes après la presse.
Derringer était toujours ceinturé par ses gardes du corps, inquiétés par le chaos ambiant. De plus, la poigne de son responsable de la communication entravait toujours les mouvements de son bras droit, qu’il tentait de lever pour exiger le silence.
Le président dut pencher sa tête en arrière dans un mouvement qui fut une injure pour ses cervicales alors que l’agent des services secrets prenait appui sur les épaules d’un garde du corps et chuchotait son message.
L’information historique arriva enfin aux oreilles du chef de l’état américain :

Une femme noire, entourée d’une aura bleutée, venait d’apparaître sur tous les écrans de télévision de la planète…
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  mentor Lun 1 Juin 2009 - 17:16

boc21fr qui profite de ma permissivité vis à vis de Awy !
bien joué
:-))
m'en vais te lire, mais plus tard, là c'est l'heure de la sieste

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Lun 1 Juin 2009 - 17:36

mentor a écrit:boc21fr qui profite de ma permissivité vis à vis de Awy !
bien joué
:-))
m'en vais te lire, mais plus tard, là c'est l'heure de la sieste

wwwwwooooooouuuuuuuuuuaaaaaaaaaattttt ?
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 1 Juin 2009 - 17:42

Très, très caricatural, mais marrant, en effet !

Une remarque :
"même lorsque les besoins inhérents à sa physiologie se feraient sentir". Pas de faute de langue, mais la circonlocution est trop alambiquée pour dire "quand le président irait chier" ! (Il faudra trouver un juste milieu entre votre expression et la mienne...)

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 1 Juin 2009 - 18:03

Il observait, immobile et droit tel une tour inébranlable, les hommes et les femmes du dehors courir en tous sens pour exécuter ses ordres.
Objection Votre Honneur partielle. Déjà les gens n'arrivent pas à respecter DES ordres dans le calme, alors si en plus ils reçoivent DES ordres alors qu'ils courent en tout sens, ça va pas marcher. Oui , je sais, les ordres ont été donnés avant. C'est pour ça que ce commentaire ne sert à rien. Ou presque. C'est un luxe d'écrire des trucs qui ne servent qu'à presque.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 1 Juin 2009 - 18:14

reçut un appel sur son téléphone cellulaire
Encore une fois, on va se marrer avec ce commentaire. Dans l'temps on recevait un appel AU téléphone. Nokia à modifié le langage humain. On reçoit des appels SUR un téléphone. Assis dessus. Le monde change. Il s'est écrantadigitalisé, y'a plus rien Au mais tout Sur. Mais l'appel, il est où ?
Oui je sais, même chez mamie, on disait " t'as Germaine sur la ligne douze".
L'homme préparait déjà sont coup. Je pense que c'est en raison de l'imaginaire populaire qui se représente l'électricité courir le long du câble.
Enfin dedans. Mais surtout pas sur, car les câbles en cuivres sont de section ronde. La parole n'y tiendrait pas en équilibre. Bon j'arrête.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 1 Juin 2009 - 18:17

En cet instant précis, Bill Derringer pouvait jouir de tout ce pour quoi il avait inconsciemment souhaité être élu.
haha, c'est une belle blague. :-)

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 1 Juin 2009 - 18:22

Pourtant, un sentiment de toute-puissance était en train de balayer le peu de force intérieure et d’intelligence qu’il ait jamais eu : la jouissance illusoire d’un pouvoir absolu risquait de le mener sur une pente dangereuse… mais de cela, il n’eut aucune conscience.
C'est trop complexe cette phrase, oui, définitivement. Sa construction avec les deux points au milieu. Ce n'est pas horrible ceci-dit. Juste accrocheur, alors que rien ne l'était auparavant.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 1 Juin 2009 - 18:28

Le texte se lit bien. Je continuerai sa lecture plus tard, à peine ai-je noté de ci delà quelques adjectifs de trop.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 1 Juin 2009 - 19:23

Moi j'ai noté un subjonctif erroné après "après que" : – Non M. le Président, fit l’un d’entre eux après que tous aient échangé un bref regard.

et une certaine incohérence ici :

Il se retourna et jaugea un bref instant la menace que cette géante noire représentait : vêtue d’une simple tunique quasi transparente, elle ne portait aucune arme et était d’une constitution physique assez frêle.
Une géante de frêle constitution ?

Sinon, le texte est divertissant, assez plaisant, même si je trouve qu'il s'étire et s'use à s'étirer...

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Loreena Ruin Sam 6 Juin 2009 - 12:04

Caricatural ? Je n'en suis pas si sûre... ;-)

Plus sérieusement, j'ai apprécié la lecture de ce texte aux dialogues et à l'action bien menés, sans fioritures.

De plus amples descriptions auraient peut-être fini par m'ennuyer.

Le problème du texte, je trouve, est de rester sans surprise après l'apparition de la femme noire et l'appel au président français. Je m'attendais au moins à un débarquement extra terrestre suivi d'une extermination pure et simple de la race humaine. La mort du président, tué par les journalistes devenus fous, aurait aussi pu faire l'affaire ;-).

Une remarque (peut-être déjà signalée) :
Une masse pesante d’individus dont les desiderata commençaient pourtant à l’agacer prodigieusement.
les mots en gras rendent la lecture assez lourde, ces précisions à l'excès me semblent inutiles, en conserver un, à la rigueur, mais pas plus !

A vous lire bientôt !
Loreena Ruin
Loreena Ruin

Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Ba Dim 7 Juin 2009 - 6:20

J'ai buté sur " légende fomentée " ne sont-ce pas plutôt les complots que l'on fomente ?
Ce Bill me rappelle trop un autre chargé d'une fonction importante qui grimpe au rideau.
Il me manque un coup de rasoir de temps en temps. Du vif.
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Lun 8 Juin 2009 - 16:09

CHAPITRE 2 15 AOUT 2037, 17H53
LA BOURSE OU LA VIE



Lorsque Bill Derringer pénétra dans la principale salle de conférence de la Maison Blanche, sa colère et sa rage ne firent que croître devant la tension et l’anxiété qu’il lut sur les visages de ses plus proches conseillers.
D’ordinaire, il surprenait ces sénateurs, généraux et hauts responsables en pleine conversation, tout particulièrement dans les situations de crise où chacun y allait volontiers de sa propre opinion : une surenchère de regards lourds de menaces, de conseils perfides et insidieux ou de simples mais assourdissants beuglements abscons.
Ce climat de conflit et de guerre larvée qui régnait au sein de son propre cercle de conseillers était selon lui le garant de la bonne marche de l’état américain, première puissance de ce monde où il restait tant à conquérir :
« Ils sont les mâles dominants, les meneurs du troupeau, ils se doivent de lutter constamment entre eux pour asseoir leur domination. Si eux-mêmes ne bougent plus et adoptent un comportement de vaincus… »
Bien que ce fils d’homme d’affaires soit pourvu d’un postérieur plus accoutumé aux sièges des Rolls, yachts et véhicules de luxe qu’à celui des chevaux, ses responsables en communication avaient cru bon de lui inventer un passé de cow-boy prêt à relever tous les défis lancés par une nature rude et sauvage.
Ils n’avaient certes pas prévu que leur patron allait jouer cette comédie avec un tel enthousiasme : il avait réellement fini par se prendre pour un ancien garçon vacher jusqu’à en adopter les raisonnements et les tournures d’esprit.
Pour cette raison, Bill Derringer n’alla pas s’asseoir directement dans le fauteuil présidentiel qui lui tendait les bras. Au lieu de cela, il tournait autour de la table en foudroyant ses subordonnés du regard. Ces derniers, qui avaient fini par se lever à son approche, fixaient leur président en se demandant ce qu’il pouvait bien avoir en tête.
Comment auraient-ils pu deviner qu’il cherchait simplement à rameuter le troupeau ?
Toutefois, lorsqu’il réalisa que son manège ne faisait qu’accroître le malaise et l’anxiété de ses collaborateurs, il décida de prendre les choses en main.
– Asseyez-vous !

Cet ordre fut prononcé avec toute la colère contenue que le président avait habilement décelé chez John Wayne dans La prisonnière du désert, son western favori.
Sa voix, méconnaissable, eut tous les accents d’une vérité qui alerta ses subordonnés : pleinement conscients de la désastreuse présence de cette seconde personnalité au cœur du premier homme de l’état, ils en étaient venus à craindre son éveil.

Aïe aïe aïe , pensa le secrétaire à la défense.
Ce n’est pourtant pas le moment, Dieu nous vienne en aide…, pria l’amiral Denton.
Pourvu qu’il n’y ait pas de caméra, se tortura Cross, son responsable de la communication.
On ne m’a pas menti, il est vraiment cinglé ! constata l’agent de la CIA.
Ça, c’est un homme d’état ! se félicita le général Kwetch, subjugué.

– Messieurs, fit Derringer d’une voix nasillarde revenue à la normale, notre pays est confronté à une double guerre : celle qui nous permettra bientôt d’étendre notre sphère d’influence au Moyen-Orient, mais aussi et surtout celle de l’information, puisqu’un groupe de pacifistes d’envergure internationale semble s’être emparé du réseau mondial de télévision. Contre ce second ennemi qui s’attaque directement à nos valeurs, nous devrons faire montre d’une détermination sans faille, car au-delà de ses invraisemblables prétentions se cache un terrorisme d’un genre nouveau que nous devons éradiquer à la racine.

Le président fit une pause et se passa la langue sur les lèvres tout en observant les réactions de ses collaborateurs : le général Kwetch excepté, ils gardaient tous la tête baissée et semblaient contempler leur reflet sur la table vernie.

Catastrophe, il n’a rien compris, réalisa le secrétaire à la défense.
Je vous salue Marie pleine de grâce…, entonna l’amiral Denton.
Oh non… pourvu qu’il n’ait jamais parlé de ça en public…, souhaita le responsable de la communication.
Comment lui expliquer ? Comment lui faire comprendre ? s’interrogea le directeur du FBI.
Bientôt, nous baignerons dans les tripes des islamistes, des communistes et des propagandistes réunis, rêva le général Kwetch.
Mon heure est arrivée, décida l’agent de la CIA avant que son téléphone portable n’entonne la musique de « L’espion qui m’aimait ».

Le président foudroya du regard l’impertinent subalterne avant de poursuivre son discours :

– Nous sommes donc confrontés à un nouvel ennemi dont nous ne connaissons rien, résuma-t-il en sollicitant toute l’étendue de ses vertus pédagogiques. Afin de couper court à cette menace, j’ai chargé notre estimé directeur du FBI, Andrew Holster ici présent, d’enquêter sur les… apparitions dont j’ai été la vict… le témoin. Andrew, je t’avais chargé de l’enquête, que peux-tu nous apprendre sur cette organisation dont tout ce que nous avons vu jusqu’ici se résume à une nég… à une femme noire ?
– Eh bien, balbutia un géant chauve de près de deux mètres pourvu d’une épaisse barbe poivre et sel, je dois commencer par vous informer qu’aucun appareillage électronique d’aucune sorte n’a été découvert dans tout le périmètre de la Maison Blanche, monsieur. Quant à l’organisation qui est derrière le détournement des ondes télévisuelles et radio, il n’y a pas encore la moindre revendication, même fantaisiste, qui pourrait nous permettre de…

– Quel drôle de Shérif vous faites si vous attendez que le coupable se dénonce pour le coincer ! plaisanta le président. Donnez-nous plutôt le compte rendu de vos experts en électronique. J’imagine qu’ils ont pu remonter la trace des terroristes ?

Au grand dam du président, personne n’avait esquissé l’ombre d’un sourire après sa fine plaisanterie, sauf bien sûr le général Kwetch, ce brave parmi les braves. Pire encore, son rire gras lui avait valu un coup de coude en pleine poitrine, administré par son voisin de droite, l’amiral Denton.

– Eh bien, monsieur le Président, l’analyse des ondes a révélé une émission dont la puissance a dépassé de beaucoup celle de nos relais satellites et dont la provenance viendrait de… de…
– Ne me dites pas qu’elle provenait de l’espace, Andrew, comme cette femme le prétendait il y a une heure à la télé !
– C’est que… nous n’en sommes pas sûrs, reprit le directeur du FBI. Nous avons besoin de temps car ces signaux extrêmement puissants étaient sujets à d’incessantes variations de fréquences, ce qui les rend…
– Monsieur le Président, si vous permettez, l’interrompit l’agent de la CIA en éteignant son téléphone portable.
– Je vous en prie, si vous pensez pouvoir nous apporter quelques éclaircissements.
– J’en suis certain, monsieur le Président : mes sources viennent de me révéler que même dans les zones les plus sauvages et reculées de la planète, les indigènes ont reçu la visite d’un avatar holographique tridimensionnel. A chaque fois, il s’est exprimé dans la langue des autochtones. Le message, quant à lui, était toujours le même, identique à celui que nous avons tous entendu à la télévision. Quant à la source de ces…
– Veuillez m’excuser, monsieur le Président, fit le directeur du FBI, mais j’ai une question à poser à ce jeune homme avant qu’il ne poursuive : êtes-vous sûr de vos sources ? On ne m’a informé de rien !
– Nous avons des agents en activité en Afrique, en Amazonie et dans certains états russes, précisément en des lieux totalement perdus !
– Et qu’est-ce qu’ils y foutent dans ces trous perdus sans vouloir me montrer trop indiscret ? exigea le directeur du FBI, vexé.
– Là n’est pas la question ! coupa Bill Derringer en levant la main droite. La CIA y cache sans doute des personnalités, des armes, des objets ou je ne sais quoi ! Pour l’instant, j’aimerais prendre connaissance de la suite de votre rapport, agent… agent…?
– Oui, M. le Président ?
– J’aimerais connaître votre nom, si cela ne vous dérange pas trop.
– Bien sûr, M. le Président, c’est le même que celui qui se trouve sur mon badge : Smith, agent Smith.
– Vous êtes le sixième agent Smith à se présenter devant moi et vous avez le culot de vous payer ma tête devant mes plus proches conseillers ! ! Inutile de vous dire comment ont fini vos estimés collègues. Vous venez justement de leur parler au téléphone. En ce qui vous concerne, je pense à l’extrême Nord de l’Alaska. Agent…?
– Osprey, William Osprey.
– Très bien, agent Osprey, vous nous avez fait perdre suffisamment de temps, j’attends la suite de votre rapport.
– Eh bien, pour revenir à la source des émissions radios et visuelles, nous savons qu’elles émanent toutes de l’espace, mais nous perdons leur trace à environ cent mille kilomètres de la terre où leur fréquence va bien en deçà des infrasons, trop bas pour que nos instruments puissent la détecter.
– Vous voulez dire que cette organisation de corsaires informatiques a sabordé l’ensemble de nos satellites de communication ?
– Non, monsieur le Président ! répondit l’agent en affichant un sourire narquois, il ne s’agit pas de pirates informatiques. De plus, laissez-moi vous rappeler que nos satellites sont tous situés sur une orbite bien inférieure. Tout indique au contraire que nous sommes confrontés à une rencontre du troisième type.

Un lourd silence gêné accueillit les dernières paroles de l’agent Osprey.

« Ce jeune impudent vient à nouveau de défier mon autorité, je dois reprendre la situation en main immédiatement ! »

– Andrew, général Kwetch, placez cet individu en détention, nous statuerons sur son sort plus tard ! Pour l’instant, nous n’avons pas de temps à perdre dans les insolentes divagations de ce jeune imbécile !

Le général Kwetch venait à peine de se lever et se préparait à dégainer son arme, lorsque le directeur du FBI prit sur lui d’intervenir dans une ultime tentative pour faire entendre raison à son président.

– Monsieur le Président, articula Andrew Holster avec déférence, l’agent Osprey s’est certes montré insolent, comme le sont tous ceux qui relèvent de son… administration. Toutefois, et pour le salut de la nation, je me dois d’insister sur le fait que… qu’il était impossible à quiconque sur cette planète de faire ce que ces… gens ont fait avec nos télévisions. Si nos satellites ont pu être détournés par une intelligence hostile, c’est bien d’une zone de l’espace située au-delà de notre orbite terrestre. Pour la première fois de notre histoire, M. le Président, nous sommes confrontés à une menace venue d’au-delà de nos frontières célestes, d’une civilisation dont l’avancée technologique est écrasante. Je crois, pour finir, que nous devrions considérer leur ultimatum avec le plus grand sérieux.

Le président, ébranlé par la déclaration du responsable de sa police, sollicita du regard chacun de ses collaborateurs : tous hochèrent piteusement la tête dans un signe d’assentiment muet.
A l’exception du général Kwetch -dont le visage reflétait la plus parfaite stupidité-, ils semblaient en proie à un profond désarroi.
Devant une telle unanimité dans la détresse et l’impuissance, Bill Derringer sentit s’envoler les dernières traces du cowboy qui restait en lui : ses épaules s’affaissèrent, ses yeux se fixèrent sur la table de conférence et sa voix reprit l’intonation du canard enroué lorsqu’il déclara :

– Shit !

Il va comprendre… il va comprendre…, se rassura le secrétaire à la défense.
Ah merci… merci mon Dieu…, remercia l’amiral Denton.
J’ai réussi, j’ai réussi… il a compris !, exulta le directeur du FBI.
Mais qu’est-ce qu’ils racontent tous comme conneries, ils font partie du complot démocratico-pacifico-communiste ou quoi ? s’interrogea le général Kwetch.
L’Alaska… je vais me geler les couilles en Alaska… Facile à manipuler, qu’ils avaient dit, ces salauds… tu parles ! se lamenta l’agent Osprey.
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Lun 8 Juin 2009 - 16:10

Lentement, le président releva un visage où se lisait pour la première fois tout le poids de sa fonction.
Animé d’un fol espoir, il posa à son vieil ami une question sur un ton suppliant :

– Andrew, tu parlais d’une avancée technologique écrasante… mais qu’en savons-nous au juste ?

L’apostrophé ouvrit la bouche, mais ne put que soupirer : attristé par la tournure que prenaient les événements, il n’osa pas achever le moral de son président.
Son voisin de gauche, pour sa part, avait d’autres préoccupations.

« Je dois absolument regagner les bonnes grâces de ce demeuré avant de me retrouver chez les pingouins ! »

– M. le Président, lança donc l’agent Osprey, nous sommes devant deux cas de figure : soit ces aliens sont venus avec une flotte de vaisseaux, –auquel cas leur capacité à voyager dans l’espace intersidéral est en soi la preuve d’une supériorité technologique écrasante – soit ils nous ont envoyé des signaux depuis leur monde. Dans ce dernier cas, cela signifierait non seulement qu’ils ont le moyen d’observer les faits et gestes de chacun d’entre nous, mais aussi celui de nous contacter individuellement. Pour ce faire, ils utiliseraient une technologie dont l’avancée nous échappe encore plus que le voyage spatial : nous ne sommes même pas encore en mesure d’observer directement une planète extérieure à notre système solaire ! !
– Je vois, agent Osprey, je vois…, fit le président en appuyant le pouce et l’index de sa main droite sur ses yeux fatigués.

Cette fois-ci, aucun son d’aucune sorte ne vint délivrer l’assemblée d’un angoissant silence qui dura plus d’une minute.
Une fois encore, l’agent Osprey prit l’initiative de la parole :

– Messieurs, nous sommes tous confrontés à une situation si nouvelle et inattendue qu’elle nous laisse dans la méconnaissance la plus totale de nos ennemis et de leurs intentions. Ainsi, il est regrettable que nous ne puissions disposer des conseils d’un hypothétique expert en vie extraterrestre, puisque nous n’en avons jamais rencontré jusqu’ici (psychologue, l’agent de la CIA tint à préciser ce dernier point à l’attention de son président).
– Toutefois, M. le Président, deux personnes se tiennent prêtes à nous rejoindre sur votre ordre : le directeur du SETI, le programme de recherche de vie extraterrestre, et le docteur Lindenbruck, un psychologue de grand renom et un grand théoricien spécialisé dans le contrôle des masses.

– Je connais ce Lindenbruck, lança le président. Il était agent de la CIA lorsque j’en étais le directeur. Ce soi-disant « expert » défend des théories tout à fait acceptables, mais il a malheureusement tendance à se transformer en maniaque dès qu’il s’agit de les appliquer, à tel point que j’ai dû le chasser de son poste ! Je commence à me poser des questions à votre sujet, agent Osprey ! Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai été à la tête de l’agence qui vous emploie, et je connais bien vos méthodes !.

« La CIA n’oubliera jamais le directeur qui a failli la rebaptiser CA », pensa l’agent incriminé.

– M. le Président, lui répondit-il, je vous assure que cette personne est malheureusement la plus compétente pour nous conseiller dans le domaine qui nous préoccupe aujourd’hui, puisque le docteur est expert dans la compréhension des psychologies extrêmes et des…
– Bien, ça ira, nous écouterons ce qu’il a à nous dire. Et votre second expert, qui est-il au juste ?
– Ah… le professeur Stingray, il est…
– Quelqu’un qui porte ce nom m’est déjà fort sympathique ! le coupa le général Kwetch dans une remarque qu’il trouva fort à propos.
– Epargnez-nous vos conneries, général, je ne vois pas en quoi faire remarquer qu’un expert porte le nom d’un missile puisse nous éclairer en quoi que ce soit sur la nature de notre ennemi ! gronda l’amiral Denton.
– Du reste, commenta l’agent Osprey, je doute que notre expert trouve grâce aux yeux du général, ni même aux vôtres messieurs, puisque ses idées politiques le placent tout droit dans le giron des démocrates.
– Vous allez faire entrer un démocrate ici !?
– C’est un spécialiste enfermé dans sa recherche scientifique, M. le Président, le seul qui puisse avancer des hypothèses valables quant à la nature et la réalité d’une vie extraterrestre.
– Faites entrer ce guignol ! Nous verrons bien...

Sur un signe de tête de l’agent Osprey, un garde en faction près de la porte revint, accompagné d’un petit homme barbu et rondouillard encombré d’une masse impressionnante de papiers.

– Professeur Stingray, nous vous avons fait venir ici afin que vous puissiez exposer vos découvertes au président, l’introduisit l’agent Osprey.

Le petit homme, qui semblait jusque-là excité jusqu’à la frénésie, demeura interdit un court instant avant de déclarer :

– Découvertes ? Mais nous n’avons rien découvert, M. le Président !

Le premier homme de l’état le plus puissant de la planète se passa la main sur le visage.

– La femme noire de la télévision ! précisa l’agent désespéré. Vous n’avez rien à nous dire à son sujet ?
– Ah oui !

Les yeux du petit homme semblèrent briller alors qu’il déployait frénétiquement des dizaines de mètres carrés de pages blanches sur la table vernie.

– C’est merveilleux, extraordinaire, un événement unique dans l’histoire de l’humanité.Vous réalisez ? Nous ne sommes pas seuls dans l’univers ! M. le Président… que vous ayez l’honneur de représenter notre nation dans un tel moment doit vous laisser dans un état de ravissement extrême, vous devez vous sentir comblé, heureux, ravi…
– Extatique, ironisa dangereusement le président.

En dépit de la surprise, tous ses collaborateurs s’évertuèrent à assumer un visage de marbre inexpressif qui contrastait avec les nombreux tics nerveux du directeur du SETI.

– Ah oui… bon… je vois, reprit le professeur, temporairement destabilisé. Messieurs, je tiens à attirer votre attention sur les feuilles que je viens de vous distribuer.
– Elles sont toutes vierges, constata le secrétaire à la défense.
– Ah oui, tiens, cela n’a pas imprimé ! commenta le petit homme.



Bill Derringer lorgna sur le colt 45 que le général Kwetch portait à la ceinture.
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Lun 8 Juin 2009 - 16:12

– Mais c’est parfaitement normal, reprit heureusement le directeur du SETI, c’est justement de cela que je voulais vous parler : les nombreuses ondes qui ont littéralement inondé notre planète pour propager leur message de paix ont de multiples sources autour de notre atmosphère. Pourtant, lorsque l’on remonte la trace des signaux, on ne voit plus qu’un espace vide de toute…
– Nous savions déjà tout cela ! l’interrompit le secrétaire à la défense. Nous souhaitions avoir votre opinion sur la nature de cette vie extraterrestre.
– Mais c’est parfaitement clair ! Ils sont venus nous aider à dépasser le stade primitif dans lequel sont plongées nos civilisations ! !
– Vous voulez dire qu’ils viennent nous apporter une aide technologique ? demanda l’amiral Denton. Ils auraient alors une curieuse façon de le faire puisqu’ils nous menacent d’un ultimatum.

– Non… non… non, vous n’y êtes pas du tout ! s’emporta le petit homme. Ils veulent nous aider à évoluer sur le plan social… La preuve en est qu’ils en veulent tout particulièrement au libéralisme et au capitalisme. Entre nous qu’y a-t-il de plus primitif que le chacun pour soi, l’exploitation des miséreux et la conquête des marchés économiques ?

Le président et ses conseillers, –pour la plupart grands actionnaires de sociétés multinationales– fixèrent le petit homme avec surprise et incrédulité, comme s’ils étaient déjà confrontés à un extraterrestre.

– Les aliens sont des super-communistes ! Ce sont eux l’ennemi ! lança le général Kwetch, rompant le silence.
– Hein ? Quoi ? Mais je n’ai jamais dit ça ! précisa le professeur Stingray, du reste…
– Nous vous remercions pour vos éclaircissements, professeur, le congédia le responsable en communication du président, sentant venir le désastre.
– Une dernière question, monsieur l’anti-libéral primaire. Je peux savoir d’où provient le financement de votre si rentable programme de recherche ?
– Eh bien… mais de fonds privés… nous avons des généreux donateurs qui grâce à Internet…
– Foutez-moi ce démocrate dehors ! explosa le président. Je suis sûr que ce sont eux qui ont inventé l’Internet ! Comment voulez-vous contrôler la planète avec ce fichu machin ?

« Mais en contrôlant ce fichu machin pauvre imbécile. », pensa l’agent de la CIA.

Le directeur du SETI, quoique passablement paniqué, eut pourtant l’honneur d’être raccompagné par le responsable en communication de la Maison Blanche : il eut droit aux excuses et justifications de rigueur que ce dernier avait l’habitude de servir à tous ceux qui subissaient l’ire présidentielle.
Lorsqu’il revint à la table de conférence, Lucien Cross y retrouva un Bill Derringer dont le visage exprimait une haine pure. En suivant son regard, on trouvait, bien entendu, l’agent Osprey.
Ce dernier, rapetissant sur sa chaise, se rappela soudainement les menaces de son président.

– Je… je suis désolé, M. le Président. Cet incident ne devrait pas se renouveler avec ce second expert… il est de notre bord après tout…

– Si l’on excepte le fait que j’ai viré ce maniaque il y a cinq ans pour avoir résolu le problème des sectes en brûlant le cerveau des adeptes, celui de la criminalité en stérilisant les porteurs du « gène incriminant », j’en passe et des meilleures ! ! Cet imbécile a agi trop tôt, bien trop tôt… Je suis certain qu’il va vouloir se venger de moi ! Vous ne pouviez vraiment pas choisir un meilleur expert ? ! Enfin, vous pourrez toujours surveiller cet ennemi de l’état au pôle nord où je l’enverrai disséquer des phoques. Faites-le entrer !

L’agent Osprey alla chercher le docteur Lindenbruck en personne afin de lui apporter quelques recommandations de dernière minute.
Le nouvel expert était un homme grand et maigre au visage émacié. Il toisa dignement l’assemblée avant de déposer solennellement un dictaphone sur la table.

– Monsieur le Président, messieurs, je tiens à vous faire entendre à nouveau le message que nous a adressé une intelligence extraterrestre hostile, il y a quelques heures.

Le docteur appuya sur la touche « lecture » de son dictaphone, et une voix nasillarde émergea des parasites d’une bande audio de qualité déplorable :

« Ein Reich, Ein Volk, ein Führ »…

– Veuillez m’excuser ! lança le docteur sur un ton glacial tout en appuyant sur la touche « avance rapide ». Ah… nous y voilà :

« Peuples de la terre, le cœur de la galaxie saigne devant les souffrances que vous endurez tous chaque jour dans votre aveuglement égocentrique à ne considérer que vous-même pour seul horizon.
Après une étude poussée de votre monde et de ses caractéristiques, il nous est apparu que le système capitaliste sur lequel repose la mauvaise marche économique de vos nations est en grande partie responsable de la souffrance, de la misère et de la violence que vous vous infligez les uns les autres.
En conséquence, nous vous invitons tous à vous comporter d’une manière plus généreuse et compatissante envers vos semblables.
Afin de vous encourager dans cette redécouverte de vos valeurs, nous exigeons tout d’abord de vos dirigeants le démantèlement immédiat des organismes sur lesquels reposent vos économies injustes, en particulier les diverses places financières situées sur le sol de chaque état.
Dans l’éventualité où nous ne serions pas entendus dans un avenir proche, nous nous verrons dans l’obligation de prendre des mesures qui frapperont votre imagination ».

– La bourse ou la vie, si je comprends bien ! résuma habilement le président. Des bandits, ce sont des bandits de grand chemin cosmique !
– Ce discours, reprit le docteur, je l’ai souvent entendu dans la bouche des adeptes du New Age au début des années 1970, avant qu’il ne soit repris par certaines sectes dans les années 1980 et de devenir enfin le credo des anti-mondialistes depuis les années 2000. Je croyais ce fléau quasiment éradiqué, mais voilà qu’il nous revient, dans la bouche d’une négresse bien entendu, porte-parole d’une civilisation de dégénérés qui se prétend extraterrestre.
– Ce dernier point ne peut être remis en question, docteur, nous sommes réellement confrontés à une menace qui nous vient de l’espace, clarifia le secrétaire à la défense.
– Selon vous, quelles sont leurs véritables intentions, docteur ? Avez-vous déjà quelques hypothèses ? s’enquit l’amiral Denton.
– Même si ces êtres sont réellement des extraterrestres dont les connaissances scientifiques et techniques nous dépassent, n’oublions pas que tout ceci peut très bien n’être qu’un test pour évaluer nos intentions et réactions : allons-nous faire preuve de faiblesse et obtempérer, ou au contraire n’en rien faire et résister ?
« Partout autour de nous, chaque chose, chaque être lutte pour sa propre survie. Nous avons toujours plus de respect pour un individu ou un état qui se bat et résiste jusqu’à la fin, qu’envers un pâle idiot idéaliste ou pacifiste qui reste dans son coin et se laisse dicter sa conduite !
« N’en déplaise aux anti-mondialistes ou autres apôtres des théories perverses qui parasitent la bonne marche des états capitalistes, la réalité de chaque être vivant, de l’insecte à l’être humain, est un état de guerre permanent, et je ne vois pas comment des visiteurs d’un autre monde pourraient être exempts d’une telle règle.
Il est fort probable que l’univers entier soit régi par cette unique vérité : la sélection naturelle.
Alors, lorsque des êtres, qu’ils viennent d’un autre monde ou pas, parlent de générosité, d’altruisme ou autres concepts qui sont aux antipodes même de la vérité, ils le font à n’en pas douter soit pour nous affaiblir en prélude à une invasion, soit pour observer nos réactions.
« Lorsque j’étais en poste à la CIA en tant que spécialiste du contrôle mental, j’ai tout fait pour aider au développement de notre race : j’ai fait interner de force les fous qui prônaient l’altruisme et préconisé la stérilisation pour les Noirs et les Hispano-Américains afin de lutter contre la criminalité. Quoique j’aie toujours dénoncé les barrières juridiques des sociétés démocratiques et libérales, rien n’a jamais vraiment été fait pour aider à l’évolution de la race américaine ! ! Alors, lorsque j’entends que…
– Ça suffit comme ça ! le coupa le président d’une voix ferme. Je vais vous étonner en affirmant qu’ici nous pensons à peu près la même chose que vous, Lindenbruck, mais de là à prendre le risque de déclarer la guerre à un ennemi qui nous est supérieur sur le plan technologique… Vous allez un peu vite en besogne, comme d’habitude !

– M. le Président, hasarda l’amiral Denton, si vous permettez, j’aimerais donner mon opinion sur le sujet.
– Je vous en prie, amiral, faites.
– Sans être un expert, il me semble que la logique voudrait au contraire que nous nous comportions avec prudence : soit cette race extraterrestre est réellement aveuglée par des principes qui sont sur terre l’apanage des faibles, auquel cas nous trouverions invariablement un moyen de leur dérober ce que nous souhaitons en faisant semblant de nous soumettre ; soit ils sont hostiles et tentent de nous affaiblir, et alors il vaudrait mieux jouer le jeu le temps de réussir à les comprendre et à mieux apprécier la menace qu’ils représentent.
– Je partage l’avis de l’amiral, fit le secrétaire d’état à la défense. Même si le démantèlement des bourses d’échanges déstabilisera pendant un temps l’équilibre économique de nos nations, nous ne pouvons risquer un conflit ouvert contre une civilisation disposant d’une telle avancée technologique. D’autant que nous ne savons rien d’eux et qu’eux semblent nous connaître bien en détail.
– Je ne peux pas croire que le chef de nos armées puisse donner un tel avis, souffla le docteur Lindenbruck, éberlué. N’avez-vous pas écouté ce que je viens de dire, amiral ? Néanmoins, pour vous être agréable, et en suivant votre logique, admettons que ces aliens soient des êtres pacifiques et altruistes, ce qui est une totale absurdité au regard de la loi de l’évolution, sauf… s’ils n’ont jamais eu à combattre pour assurer leur survie.
En suivant cet improbable cas de figure, leurs menaces ne seraient que paroles en l’air, puisqu’ils ignoreraient ce que signifie le concept même de violence : détruisons-les avant qu’ils ne l’étudient de trop près à notre contact, voilà mon conseil !
S’ils nous sont hostiles, ce qui est encore une fois infiniment plus probable, je vous inviterais à considérer le fait qu’ils ne nous ont pas encore attaqués et tentent donc soit de nous étudier, soit de nous affaiblir. Une chose est certaine, M. le Président, ils ne souhaitent pas simplement nous exterminer : ils désirent obtenir quelque chose de nous ! Nous ne devons pas entrer dans leur jeu, nous devons les surprendre par notre hostilité et notre digne résistance !
L’histoire humaine est émaillée d’exemples de civilisations qui ont su triompher d’un adversaire qui leur était bien supérieur technologiquement : les barbares n’ont-ils pas su triompher de la puissance de Rome, et les Francs n’ont-ils pas repoussé les Sarrasins ? Dans les deux cas, une brutalité sauvage, primitive, a permis de vaincre un ennemi prétendument plus évolué…
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Lun 8 Juin 2009 - 16:13

– Vous parlez en idéologue ! le coupa l’amiral Denton. Du reste, par moments, vous racontez même n’importe quoi ! Je vous cite : « puisqu’ils ignorent ce que signifie le concept même de violence, détruisons-les avant qu’ils ne l’étudient de trop près à notre contact. » Envahir leur monde après avoir abordé les vaisseaux qui se poseront sur notre planète, c’est à ça que vous pensez dans votre délire ?
Je vous rappelle que l’échec militaire de votre troisième Reich bien-aimé était précisément dû au fait que des types tels que vous se trouvaient aux commandes des opérations :
Vous avez envoyé toute l’aviation au carnage pour bombarder Londres, une ville sans valeur stratégique, plutôt que de vous en prendre aux aérodromes.
Sans parler du front russe : vous y avez laissé mourir de froid la meilleure infanterie du monde pour ne pas vous être soucié des questions d’intendance les plus fondamentales !
Déjà que vous n’avez pas su établir une ligne d’approvisionnement de Berlin à Stalingrad, vous espérez faire comment pour ravitailler les troupes engagées dans votre campagne délirante contre les Aliens ? C’est que ça fait une trotte de Washington à la galaxie d’Andromède ! Vous espérez passer par Alpha du centaure et la nébuleuse d’Orion ?
Le seul avantage tactique que nous avons –peut-être– sur nos ennemis, c’est qu’ils semblent pacifistes et altruistes. La seule chose que nous gagnerions à les attaquer, c’est précisément à le perdre ! Si votre discours nous renseigne en quoi que ce soit, c’est bien sur le fait que vous ne connaissez rien à la stratégie militaire !
– En la circonstance, répondit Lindenbruck, de telles compétences nous importent peu, car ce dont nous allons décider aujourd’hui va bien au-delà du concept même de raisonnement ou de stratégie : Messieurs, vous devez délibérer sur un point qui engage notre morale, nos valeurs et notre honneur !
– Quel visage allons-nous présenter à notre ennemi ? reprit pompeusement le docteur Lindenbruck en dardant sur son président un regard provoquant et glacé. Apparaîtrons-nous comme des faibles, des êtres serviles obéissant au doigt et à l’œil à un ultimatum que des êtres nous ont peut-être adressé à des siècles de voyage de notre monde ? Ne sommes-nous donc voués qu’à être cela ? Des esclaves en puissance ?
– Jamais !! hurla le général Kwetch. Il faut nous battre… nous battre… nous battre… nous…
– Baissez ce poing, imbécile, personne n’a jamais vu notre ennemi ! rappela l’amiral Denton.
– Qu’ils viennent alors ! Qu’ils nous montrent leurs sales gueules ! Mes hommes et moi serons là, prêts à les accueillir ! beugla le général en se levant.
L’amiral se dressa, décidé à asseoir son subordonné de force, encore une fois.
Le docteur Lindenbruck mit ce temps à profit pour renouveler ses édifiants conseils :
– Voilà une saine réaction vis-à-vis de l’inconnu, fit-il en indiquant le général Kwetch de sa main flétrie par les ans.
– Vous êtes un malade mental, Lindenbruck… ni plus ni moins ! diagnostiqua le secrétaire d’état à la défense.
– Vos hommes et vous, Kwetch, ferez ce que vos supérieurs vous commanderont de faire… et pour l’instant je vous ordonne de la fermer ! hurla l’amiral Denton.
– L’opinion publique réagira violemment si nous décidons d’ignorer cet ultimatum, informa le chef du FBI.
– L’opinion du peuple… du peuple…, ricana le docteur, méprisant.
– Excusez-moi, messieurs, osa le responsable en communication du président, mais je trouve que la conversation prend une tournure assez…
– On se fout de votre avis, c’est un conseil de guerre ici, l’interrompit le général Kwetch en se rasseyant.
– Je vous ai donné un ordre, Kwetch !
– Nous ne sommes pas sur un théâtre d’opération ! J’ai le droit de donner mon opinion et je la donne !
– Pauvre abruti !
– Cela vaut mieux que d’être un capitulard timoré !

« Enfin…, se dit le président, … enfin une discussion digne de ce nom….S’ils en sont arrivés aux insultes, c’est que tout a été dit. Il est temps de prendre une décision… MA décision… »

– Messieurs, déclara-t-il avec une dignité et une solennité d’autant plus grande qu’elle contrastait avec la bassesse des propos qui l’entouraient, messieurs, j’en suis venu à décider qu’avec l’aide de Dieu, nous ne laisserons pas ces étrangers bouleverser impunément la bonne marche de notre nation. Quoiqu’il puisse nous en coûter, la race humaine, élue pour gouverner sur les races inférieures de la terre, ne peut se retrouver assujettie, sur son propre sol, à une volonté qui n’est pas la sienne. Avons-nous oublié qui nous sommes réellement, messieurs ? Nous sommes les plus puissants représentants de la plus puissante nation de ce monde.
« En tant que tels, Dieu nous a donné les plus grands pouvoirs et la plus grande responsabilité : tant que je serai en vie, l’Amérique refusera de faire le jeu d’une puissance étrangère et hérétique, que ce soit en bouleversant son économie ou en reniant ses valeurs les plus sacrées : c’est ce message que je transmettrai avec fierté au conseil de sécurité de l’ONU.

Il est magnifique, jubila intérieurement le responsable de la communication . Si seulement il y avait une caméra…
Le sort en est jeté, réalisa le secrétaire à la défense.
Mon Dieu, pensa l’amiral Denton, pourvu que ces êtres n’aient fait que bluffer…
Excellent ! jubila le général Kwetch.
Je crois que j’aurais encore préféré les pingouins, jugea l’agent Osprey. Salopard de Lindebruck… il m’a menti : je conseillerai l’attentisme et l’observation, qu’il disait. Quel salaud… il va tous nous faire crever… mais pourquoi ? Pourquoi ?!
Le profit… ils ne pensent qu’au profit, et ils appellent ça le pouvoir, songea le docteur Lindenbruck. Puisque mes efforts voués à amener la race humaine à la perfection de l’ordre noir ne seront jamais couronnés de succès… autant qu’ils crèvent, qu’ils crèvent tous !
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Lun 8 Juin 2009 - 16:28

Bien vu, et intéressant. Les personnages me paraissent convaincants, la longueur du texte ne lasse pas. Encore !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Mar 9 Juin 2009 - 10:12

J'apprécie toutes les pointes, petites et grandes, distribuées ça et là, je jubile parfois en lisant ce pastiche (?) fort bien écrit.
Sans que rien ne le justifie expressément, je me dis qu'il va falloir faire attention à ne pas tourner en rond, à sortir du discours pour se mettre en action.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Lonely Mar 9 Juin 2009 - 13:44

Bravo ! J'ai beaucoup aimé.

Un texte long, mais qui accroche impeccablement.
Beaucoup de personnages, mais on ne se perd pas.
Un ton rythmé, tout s'enchaîne bien.

Alors, certes, il y a un côté "caricatural" (qui a été énoncé en amont du topic) et qui me semble venir du fait qu'on a tous vu ce genre de scènes dans plusieurs films. En vrac : le choc des personnalités typées me semblent sortir de Docteur Folamour, la situation de crise d'Independance Day et l'intervention extra-terrestre de "Le jour où la Terre s'arrêta".

... hormis ID, que de bonnes références quoi ;-)

Donc, cela a un gout de redite, et en l'état il manque sans doute ce côté résolument original qui nous ferait entrer dans votre univers.

Parce qu'à part cela, je trouve l'écriture maîtrisée, l'histoire bien menée et les thèmes ressortent bien (l'égotisme des hommes de pouvoir, le poids de l'idéologie, la peur de l'inconnu,..., tout cela est montré à notre jugement - et non pas expliqué, ce qui aurait été moins intéressant à lire).

Je rencontre beaucoup de difficultés à organiser ce genre de scène : qui dit quoi ? Quels éléments révéler ? Comment dynamiser, ne pas s'apesantir ? Introduire du conflit ?... et ce texte le fait très naturellement je trouve. Manque plus qu'à le poursuivre, le relier, et j'aurai presque l'impression de lire un vrai roman quoi...
Lonely
Lonely

Nombre de messages : 140
Age : 47
Localisation : Perpilliéraine et montpignanaise.
Date d'inscription : 14/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Gobu Mar 9 Juin 2009 - 17:52

Salut Boc

Hem...il me semble que, vu l'âge que tu annonces, il n'est pas possible que tu aies vu "Docteur Folamour" à sa sortie, à moins qu'on en ait tourné une version plus récente. En effet, la version originale géniale de Kubrick est sortie, si mes souvenirs sont bons, en 1962, c'est-à-dire il y a près de 47 ans...

Pour le reste, je me joins aux compliments de la plupart des commentateurs. C'est loufoque, bien enlevé, et pas si fantaisiste que cela au vu de situations (ou de personnes) récentes ou même actuelles. Une remarque : ce style d'histoire en huis clos avec un nombre limité de personnages pourrait facilement être adapté en une version théâtrale. Cela ôterait évidemment au texte une partie de l'ironie contenue dans les passages non dialogués, mais il est sans doute possible de rendre cette ironie dans les répliques.

Peut-être une piste pour toi...

Gobu
Gobu
Gobu

Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  mentor Mar 9 Juin 2009 - 19:18

bon, va quand même bien falloir que je me le lise ce pavé
ce w-e j'essaie
promis

mentor

Nombre de messages : 20248
Age : 45
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – — -
Date d'inscription : 12/12/2005

http://www.vosecrits.com

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Sahkti Mar 9 Juin 2009 - 20:23

Quelques petits détails:

- courir en tous sens /avec l’ordre et la cohésion : contradictoire ou inutile?
- courir en tous sens / conseillers en tous genres : proximité des 2 fois en tous
- en réalité les véritables maîtres de l’état / le peu de force intérieure et d’intelligence qu’il ait jamais eu : la jouissance illusoire d’un pouvoir absolu risquait de le mener sur une pente dangereuse… mais de cela, il n’eut aucune conscience: pas 100 % cohérent, si?
- tu insistes beaucoup sur la jouissance presque extatique que le président ressent à l'idée de posséder le pouvoir, ça se remarque un peu trop je trouve
- géante noire/ constitution physique assez frêle: pas très logique ?
- N’étant pas aussi raciste que son président: un conseiller spécial de sécurité est censé exécuter, point barre, non?
- chapitre 2: tu donnes un jour, une heure. Ça serait bien de faire pareil avec la première partie, d'autant plus que tu parles du président qui entre dans la salle de conférence, alors qu'à la fin du premier opus, tu écris il pénétra enfin dans ce haut lieu de la communication
- Nous avons des agents en activité en Afrique, en Amazonie et dans certains états russes, précisément en des lieux totalement perdus : cela me paraît un peu naïf de la part des hautes sphères de la Maison-Blanche. Les US ont des agents... partout ! :-)


Dans l'ensemble, j'ai trouvé qu'il y avait un déséquilibre entre tous ces détails que tu fournis, parfois peu utiles, voire pas du tout, et la pauvreté des pensées des uns et des autres. Nous sommes pourtant face à une situation qui s'annonce grave et même si ce président US est con de chez con, il me semble qu'il devrait y avoir des passages narratifs plus dramatiques, des intensités dans le récit qui créeraient non pas des ruptures mais des accentuations de relief bienvenues face aux dialogues parfois pauvrets.

La seconde partie me paraît par moments confuse, en particulier lors des échanges entre agents divers et variés; ça serait bien d'alléger ou de fluidifer cela. Il manque également des transitions narratives, par exemple avant l'arrivée de Stingray.

Au final, tu tiens quelque chose de bien et d'intéressant, avec un potentiel à développer mais peut-être autrement, en essayant de créer un autre équilibre: dialogues plus crédibles, plus vifs, en alternance avec des parties narratives moins détaillées. Tout est là, il suffit de retravailler cela pour alléger et en faire quelque chose de plus palpable sur un plan, disons... théâtral par exemple. Ça vaudrait la peine !
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Jeu 18 Juin 2009 - 23:17

Suite et fin de Derringer...

15 AOUT 2038, 17H32
DERNIER CONTACT ?

Lorsque le président des Etats-Unis d’Amérique pénétra dans la salle de la Maison Blanche où l’attendaient à nouveau ses plus fidèles conseillers, il était empli d’un sentiment d’autosatisfaction jusqu’à en exploser d’extase :
Durant l’année qui venait de s’écouler, il estimait avoir démontré avec brio qu’il était le président le plus digne, le plus ferme, et le plus garant des valeurs républicaines que l’Amérique ait jamais connu depuis John Ford.
N’avait-il pas représenté avec succès le flambeau de la liberté devant ces chefs d’états imbéciles et capitulards ?
« Quelle panique à l’ONU ! Même les principaux représentants des plus viles nations étaient prêts à se soumettre à ces guignols de l’espace.
Ah ces peuples... ces imbéciles de peuples… même les Américains ! Mes propres compatriotes ! Ils manifestaient leur joie et fêtaient la fin de l’ère capitaliste. Les idiots, les imbéciles, les chiens de prairie ! Ils n’avaient décidément rien compris. Le succès de notre politique intérieure, fortement répressive, leur a montré la voie, et comme d’habitude, les autres nations se sont alignées. »
Il y avait eu des couvre-feux, des insurrections, des arrestations, des émeutes et des pertes civiles.
« Mais les Aliens ne sont pas venus au secours de leurs partisans, même lorsqu’ils hurlaient des appels à l’aide sous les canons à eau, pensa le président en s’asseyant. Ils bluffaient, j’en étais sûr ! J’ai pris la bonne décision, il y a un an ! »

– Asseyez-vous, messieurs, lança le président sur un ton aussi autoritaire que le permettait sa voix de canard.

Comme à son habitude, il balaya du regard l’ensemble de ses auditeurs… pour constater qu’à part le général Kwetch, ils regardaient tous à l’extérieur dans la direction du ciel.

« Par le Dow-Jones… C’est pas vrai ! la même tête qu’il y a un an ! Ah, mais quelle équipe ! »

– Messieurs, cancanna-t-il avec un sourire forcé, j’attends vos rapports et conclusions respectives au sujet de « la crise extraterrestre ».

Mais c’est impossible… personne n’a donc songé à le mettre au courant ? réalisa l’amiral Denton
Si je lui avais dit, il se serait effondré, se déculpabilisa le responsable de la communication. Et dehors, je suis sûr qu’ il y avait une caméra.
Mais cet ahuri ne lève-t-il donc jamais la tête ? s’interrogea le secrétaire d’état à la défense.
Je n’arrive pas à croire que ce type ait été directeur de la CIA ! se dit l’agent Osprey.

– On les a eus, monsieur le président ! beugla le général Kwetch. On a maté les casseurs, les émeutiers, les pacifistes : tous ces mous indignes de notre nation, on leur a fait fermer leur gueule ! En fait, moi je dis : merci les Aliens, ils nous ont permis de bien faire le ménage chez nous et de rappeler nos concitoyens à l’ordre !

Sainte marie mère de Dieu, ce con est donc toujours aussi con ! se lamenta l’amiral Denton.

– Je sais, général, je sais, l’interrompit Bill Derringer en faisant son sempiternel salut hitlérien : nous avons certes bien fait d’avoir recours à l’armée pour pacifier nos villes et nos campagnes, mais ce que je vous demande, c’est, entre autre, un bilan des pertes civiles et militaires.

Je suis le seul à être au courant ou quoi ? se demanda Andrew Holster.

– Monsieur le Président, messieurs…, commença-t-il.
– Ah, Andrew, l’encouragea le président sur un ton guilleret, quel est le bilan des tués et des arrestations ? Combien de traîtres cette affaire extraterrestre nous a-t-elle permis de débusquer et neutraliser ?
– Des dizaines de milliers, assurément. Mais là n’est pas l’essentiel, je…
– C’est moi qui décide de ce qui est essentiel et de ce qui ne l’est pas, Andrew ! Pour commencer, je désire connaître le bilan précis des pertes civiles lors des répressions d’insurrection de la police et de l’armée, et cela à la vermine près ! Voilà qui me paraît essentiel !


– Mais, monsieur… monsieur…, insista Holster gêné. Dans le ciel, il y a…
– Je me fous du temps qu’il fait dehors ! hurla le président à nouveau métamorphosé en cow-boy intrépide. Je veux le compte exact des peaux-rouges qui ont ravalé leur extrait de naissance, et vite !
– Mille cent cinquante deux peaux-r… euh, civils ont été tués mon… monsieur, bégaya l’ami d’enfance du président, visiblement secoué par le brutal changement de personnalité.
– Les soleils, monsieur le Président, lança l’amiral Denton, exaspéré. Regardez LES soleils !
– Comment ça, les soleils ?! lança John Wayne. Je croyais qu’il n’y en avait qu’un qui tournait autour de notre terre et réchauffait la prairie.

C’est à ce moment crucial que l’agent Osprey fut pris bien malgré lui d’un rire hystérique.

– Sortez-moi ce coyote de là ! ordonna le président.

Le général Kwetch se leva, surpris que ses voisins le laissent faire, et raccompagna l’agent Osprey vers la sortie.

« Vu la tronche des nouveaux experts qui attendent dans le hall, cela valait peut-être mieux », pensa l’amiral Denton.

– Là est bien la question, Bill, fit le responsable du FBI en espérant que l’évocation de son prénom ferait reprendre ses esprits au président.
– Nous n’avons pas gardé les vaches ensembles, petit insolent !
– Monsieur le Président, lança le premier secrétaire à la défense, depuis quelques minutes, nous avons un second soleil : ils nous ont envoyé un second soleil ! !

Le général Kwetch, qui surprit cette dernière déclaration à son retour, s’arrêta un instant devant une fenêtre et revint à la table de conférence au pas de course.

– On est sûrs que ce sont eux qui ont fait le coup ? !
– Qui voulez-vous que ce soit ? Les communistes ? Rasseyez-vous et fermez-là, ordonna l’amiral Denton.

C’est dans un état second que le président aperçut l’agent Osprey dans son champ de vision. Celui-ci venait d’entrer en trombe et se précipitait sur un poste de télévision :

– Vous devez voir ça, monsieur le Président !

« …atroce brutalité avec laquelle vos dirigeants ont accueilli notre proposition de progrès social. Nous espérons néanmoins que ce second soleil les invitera à s’éclipser :
Si, d’ici demain, cette planète est toujours soumise à l’injustice de leurs décisions iniques, nous nous verrons dans l’obligation de recourir à des mesures définitives qui vous affecteront tous.
Nous espérons que ceux qui souhaitent en leur cœur l’avènement d’un monde plus juste laisseront néanmoins leurs dirigeants méditer en paix, et ne se hasarderont plus dans des rassemblements où leurs vies seraient menacées. »
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Jeu 18 Juin 2009 - 23:18

La jeune femme noire disparut de l’écran, subitement remplacée par un jeune présentateur qui fixait le plafond avec un air ahuri.

– Et voilà, monsieur le Président ! commenta l’agent Osprey. Je crois que vous avez une décision à prendre…
– Elle est déjà prise, assura Bill Derringer d’un ton résolu qui surprit tout le monde. Nous ne ferons rien ! Ils nous offrent un second soleil ? Et alors ? Ils menacent, mais ils n’interviendront pas. Je n’ai pas besoin de l’avis de vos experts pour savoir que cette négresse bluffe ! Qu’ils viennent d’un autre continent ou d’une autre planète, il est hors de question de capituler devant ces étrangers ! Je suis en outre convaincu qu’il existe chez eux une sorte de directive qui les empêche d’intervenir directement dans le développement des civilisations.
– Je ne savais pas que vous regardiez Star Trek, lâcha l’agent, surpris.

Bill Derringer sembla ne pas entendre la dernière réflexion de l’agent des services secrets, et alla devant la fenêtre contempler le second soleil qui était à son zénith.

– Nous prenons un grand risque en agissant ainsi, monsieur le Président, hasarda l’amiral Denton. Ils viennent de créer un soleil, et aucun de nos instruments ne les a détectés. Ils pourraient tout aussi bien transformer la terre en une boule de feu sans que nous ne puissions rien y faire.
– C’est un risque calculé, répondit le président en se retournant pour faire face à son auditoire. Ont-ils bougé le petit doigt pour secourir leurs partisans sur notre planète ? Ont-ils utilisé leur fabuleuse technologie pour nous contraindre par la force ? Non ! Ils ne l’ont pas fait hier, et ils ne le feront pas demain. Comme je vous l’ai dit, ils bluffent !
– Vous êtes persuadé qu’une sorte de loi les empêche d’intervenir directement dans les affaires des sociétés primitives, c’est cela ? demanda le secrétaire d’état à la défense.
– Oui, ou alors…
– A quoi pensez-vous réellement, M. le Président ?
– Je vous l’ai rappelé il y a un an, messieurs, et vous avez déjà oublié :
« Dieu a créé cette terre et a ensuite accordé à l’homme la domination sur les races inférieures, combien de fois devrais-je le répéter ? Aujourd’hui, il a offert aux Etats-Unis d’Amérique le pouvoir sur toutes les autres nations du monde, et nous a délégué, à nous, le pouvoir de diriger cet état tout puissant et de régner sur cette terre. Je ne crois pas, messieurs, que Dieu laisserait à une impudente race étrangère négroïde outremondienne la possibilité d’établir sa domination sur notre race, Sa race supérieure, bénie et sanctifiée par Son pouvoir ! »

Amen, conclut intérieurement l’amiral Denton.
Il fallait s’y attendre, réalisa le secrétaire d’état à la défense, mais quelle autre décision pouvions-nous prendre, de toute manière ? Nous n’allions pas simplement capituler devant ces… gens ?
Tout est dit , pensa l’agent Osprey, j’espère seulement qu’ils ne toucheront pas à l’Alaska…
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Jeu 18 Juin 2009 - 23:18

16 AOUT 2038, 17H34
LES FEMMES ET LE PRESIDENT D’ABORD

Vingt-quatre heures venaient juste de s’écouler depuis la naissance inattendue d’un second soleil, lorsque le président des Etats-Unis d’Amérique, retranché dans sa salle de conférence avec ses conseillers habituels, vit apparaître un halo de lumière bleutée au-dessus de la table vernie.

– Ce sont eux ! hurla le général Kwetch en se levant. L’invasion a commencé !

L’amiral Denton n’eut pas le temps de crier « Rassieds-toi, imbécile » qu’un nouveau visiteur apparaissait au sein de la lumière.
Le corps qui se dessina devant le cénacle secret des hommes les plus influents de la planète n’avait toutefois rien de commun avec celui de la gracile géante qui s’était révélée au monde. L’invité inattendu s’avérait être un géant à la carrure imposante. Il était équipé d’une lourde armure de bronze et tenait une lance à la main gauche. La barbe broussailleuse qui cachait la moitié de son visage ne dissimulait pas sa colère et sa détermination.

Incroyable, pensa l’amiral Denton, on dirait un Hoplite nègre.
– Crève, crève, crèèèève ! hurla le général Kwetch en vidant inutilement son chargeur sur l’image holographique.
Le président Bill Derringer, le secrétaire d’état à la défense et le directeur du FBI s’étaient, pour leur part, éparpillés en étoile en appelant au secours.
L’agent Osprey, quant à lui, était en Alaska.

Les agents de sécurité du président tinrent l’invité en joue, tandis que le général Kwetch s’affalait sur la table, les traits du visage déformés par la haine : ses puissants bras s’étaient refermés sur le vide.

N’accordant pas plus d’attention au foudre de guerre qu’à un ver de terre, le géant d’ébène fixait froidement le dos du président des Etats-Unis, lequel s’évertuait désespérément à ouvrir la porte qui lui permettrait de fuir cette effrayante apparition.

« Monsieur le Président », résonna une voix grave et autoritaire.

« A l’instar de la quasi totalité des chefs d’états de votre planète, vous avez compromis par votre entêtement un plan qui visait à assurer le salut de vos semblables.
Notre conseil a en effet décrété qu’il ne pouvait laisser se perpétuer une espèce aussi dangereuse que la vôtre puisque l’agressivité, l’égoïsme et l’injustice, des fléaux inhérents à l’homme, risquent de se propager à travers l’univers.
Le trait dominant de votre lamentable caractère reste que, loin de lutter contre vos faiblesses, vous les érigez en vertus et vous livrez à leur égard à une apologie dangereuse.
Quoique notre cœur en saigne, nous avons dû nous résoudre à anéantir la quasi- totalité de votre espèce dans vingt-quatre heures précises.
Toutefois, puisqu’une oblitération totale reste selon nos lois un crime contre l’univers, nous vous laissons à vous, Président des Etats-Unis, le soin de choisir dix personnes au sein de votre nation.
Elles se rendront au sommet du mont Pico, dans l’île principale de l’archipel des Açores avec une tonne de matériel chacune au maximum.
Les y rejoindront les individus choisis par les autres chefs d’état de votre planète.
Ensemble, nous espérons que vous saurez bâtir un nouvel avenir pour votre espèce : un futur plus solidaire, plus juste, où amour et compassion se développeraient spontanément, et non en réaction à la barbarie ».

Le général Kwetch, redescendu de la table, brandit son poing devant l’apparition :

– Nous ne nous laisserons pas dicter notre conduite par une sale bande de négroïdes cosmiques ! Nous savons que vous bluffez ! cracha-t-il en guise de conclusion, paraphrasant son président.

Le géant disparut en braquant un regard assez troublant sur le général : certains crurent y lire de la pitié, d’autres du mépris.

– Décidément, vous êtes courageux, général, le félicita l’amiral Denton, resté assis sur sa chaise. « Mais vous êtes vraiment trop con », pensa-t-il pour lui-même.

Le président, qui tentait toujours de faire défoncer un placard par un de ses gardes du corps (dans sa panique, il l’avait pris pour la porte de sortie), avait entendu le message malgré lui.

– Alors, poursuivit l’amiral Denton, ironique. Ils bluffent toujours, probablement. Inutile de faire acheminer vos effets personnels vers une de ces îles dangereusement proches des bouffeurs de tête de veau, n’est-ce pas ?
– Fermez-là ! hurla le président, aux portes de l’hystérie.
– M. le Président, que ces êtres pensent ou non exécuter leur ignoble apocalypse importe peu ! affirma le secrétaire d’état à la défense. Dans tous les…
– Ah oui, c’est sûr, sept milliards de morts c’est peu, vraiment peu, commenta l’amiral Denton, une broutille, un…
– Taisez-vous et laissez-moi finir ! Ce que je voulais dire, c’est qu’il nous faut envisager tous les cas de figure.
– Et le cas de figure où on leur exploserait leur sale gueule de négroïde, vous y pensez une seconde ? vociféra Kwetch. Dès qu’on les voie, on les mitraille, on les dégomme, on les…
– La ferme ! hurlèrent unanimement les membres du cénacle.
– M. le Président, se risqua Lucien Cross, je vous déconseille vivement de parler de tout cela à la nation. Cela engendrerait une panique qui…
– Quelle importance, de toute façon ils vont tous crever ! cracha l’amiral Denton, cynique.
– Je ne vous connaissais pas ce mépris pour le petit peuple, amiral, ironisa le président. Je pensais plutôt que vous étiez soucieux du salut de ces pauvres pécheurs et que vous auriez au moins souhaité les avertir pour leur permettre de prier et de gagner leur parad…
– Et votre putain de discours, sauf votre respect, Monsieur le Président ? Vous n’y croyez plus à cette providentielle intervention divine ?
– Bien sur que si amiral ! Mais vous avez entendu comme moi le conseil de notre secrétaire d’état à la défense : gouverner, c’est prévoir ! Qui suis-je pour avoir la vanité de faire miens les desseins de Dieu ? L’apocalypse est peut-être à nos portes, après tout ? Peut-être se sert-il de ces nègres d’outre-espace pour Sa gloire et afin de nous mettre à l’épreuve ?

– Les desseins de Dieu, vous sembliez pourtant bien les connaître hier, M. le Président, lors de ce discours si inspiré et si patriote. Comment avez-vous pu…
– Cela suffit, Denton ! le coupa sèchement Andrew Holster. Cela ne nous mène à rien.
– Du reste, déclara Lucien Cross en levant la main, mes propos n’avaient nullement pour objet le salut spirituel ou autre de nos concitoyens, mais plutôt l’intérêt des dix survivants du mont Pico des Açores.
– ...
– Eh bien, les îles des Açores, ce n’est pas le bout du monde après tout ! Il doit y avoir un nombre incalculable d’individus qui possèdent un avion, un hélicoptère ou un bateau de nos jours. Si l’information filtrait, nous risquerions d’être nombreux à nous serrer sur cette île.
– Oui, effectivement il faudra que nous gardions un silence absolu sur cette affaire, conclut le directeur du FBI.
– Pour ma part, ajouta le président, j’ai remarqué que vous aviez dit « nous » en parlant des dix futurs pionniers américains. Franchement mon vieux, cela n’a rien de personnel, mais je doute qu’il y ait beaucoup de caméra là-bas, alors je ne vois pas en quoi vous seriez d’un besoin vital pour ma présidence dans un tel contexte.
– Pourtant, vous pourriez avoir besoin de lui, Bill, assura le directeur du FBI. Non seulement vous aurez à faire avec d’autres chefs d’état à chaque jour que Dieu fait, mais en plus, il est futé, il vient de le prouver à l’instant !
– Allons, Andrew ! Ce type n’y entend rien ni en psycholo … patho … nanalyse ni en diplomatie, c’est juste un spécialiste de l’image. Quant au fait qu’il soit futé, laisse-moi rire : nous sommes dans une situation critique où, parmi des centaines de millions, il va nous falloir choisir dix personnes qui seront les plus aptes à assurer la survie de l’Amérique ! Quitte à chercher quelqu’un de « futé », autant choisir un génie qui soit de notre bord, et ça, l’intelligence, cela ne manque pas dans le camp républicain.
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Jeu 18 Juin 2009 - 23:19

Un silence gêné accueillit les dernières paroles de Bill Derringer.

– Vous savez bien, monsieur, que les prétendus intellectuels se trouvent plutôt chez les démocrates, commenta le secrétaire à la défense.
– Ah ça jamais ! Je ne serai pas accompagné par quelque démocrate que ce soit ! Ils n’avaient qu’à gagner les élections ! Les dix devront tous être de notre bord ! D’une loyauté indéfectible ! C’est une question de cohésion nationale. Contrairement à vous, je connais un homme intelligent qui est de notre bord : il nous sera utile, puisqu’il est à la fois médecin, psychologue social et théoricien.

– Lindenbruck, souffla Andrew Holster, vous pensez sérieusement à Lindenbruck ?
– Parfaitement !
– Mais c’est un vieillard ! reprit Holster, plaintif. On affirme qu’Himmler en personne le faisait sauter sur ses genoux ! Vous vous rendez compte ?! Il a près d’un siècle ! Il va nous claquer entre les pattes !
– Monsieur le Président, renchérit l’amiral Denton, le choix de ces dix candidats est crucial, car ils seront livrés à eux-mêmes. Nous devrions demander l’avis d’experts en survie avant de nous prononcer sur le choix des éventuels…
– Non, amiral, nous n’avons pas le temps pour ces sornettes ! Ici même, où je suis entouré de mes plus proches conseillers, lesquels appartiennent à l’élite de l’armée ou de la police, se trouvent les véritables experts : vous êtes ce qui fait la puissance et la gloire de notre Nation ! C’est de vous, et de vous seuls dont j’ai besoin. De qui d’autre devrais-je m’encombrer : d’un cuisinier ? On se fera servir par les Français. Pour la lessive ? On aura recours aux Jaunes. La main-d’œuvre ? On utilisera les Nègres comme au bon vieux temps. Ai-je besoin de poursuivre ? Ce qu’il nous faut, c’est nous assurer le pouvoir, et le seul moyen que je connaisse pour cela, c’est la force.
« Général, amiral, trouvez-nous six cracks, six machines à tuer implacables et bien équipées ! Les Anglais accepteront notre leadership sans difficulté, et les Français se coucheront comme ils l’ont toujours fait… Mais en ce qui concerne les Nègres, les Jaunes et les basanés, il n’y a que la force qu’ils comprennent depuis qu’ils ont dépassé le stade des verroteries !
– Nous pourrions faire venir le secrétaire d’état aux affaires étrangères, objecta le secrétaire d’état à la défense, il pourrait…
– Prendre inutilement la place d’un soldat ! Ce serait un gâchis que nous ne pouvons pas nous permettre.
– Mais les femmes, monsieur ? Nous devons penser aux femmes ! réalisa le directeur du FBI.
– Ah oui… vous avez raison Andrew ! Sur ce point, ma pauvre épouse n’étant plus apte à procréer, nous devrons la sacrifier pour l’avenir de la race humaine. Denton, vous avez de belles reproductrices au sein de vos effectifs ?
– De vraies femmes qui soient également de bonnes combattantes ?! Sûrement pas ! Au cinéma peut-être, mais pas dans mes rangs.
– Bah… nous nous servirons encore une fois sur les Européennes ! se résolut le président, philosophe. Tant pis pour la pureté de la race américaine, n’en déplaise à Lindenbruck. Amiral, je vous charge de l’organisation de notre camp avancé, établissez nos défenses du mieux que vous pourrez.
– A vos ordres, monsieur le Président !
– Général Kwetch, je veux que vos forces soient sur le pied de guerre, et que vous les commandiez personnellement pour défendre notre patrie de l’invasion. Après tout, ces salauds vont détruire notre planète, alors si un de vos hommes, où que ce soit, a l’opportunité d’en abattre un seul, qu’il ne le rate pas !
– A vos ordres, monsieur le Président ! On les aura, monsieur le Président !


Je ne crois pas, pauvre crétin, prédit intérieurement l’amiral Denton.
Crever, demain je vais crever… ah merde ! geignit le responsable de la communication.
Demain, je vais tout perdre : actions, obligations…, réalisa Bill Derringer, tout… mais pas le plus important :

le Pouvoir.



EPILOGUE
17 Août 2038, 17h30, heure de Washington

Le Président de la république française, en concertation avec son premier ministre, avait ordonné la réunion immédiate d’un comité de huit sages et experts pour statuer sur l’identité des dix colons français en partance pour les Açores. A l’unanimité, ces derniers se choisirent eux-mêmes, ainsi que leur président et miss France.
Le gouvernement anglais, pour sa part, ne put se résoudre à laisser Dieu décider du salut de leur reine : elle fut donc envoyée au mont Pico avec ses plus proches parents.
Le gouvernement fasciste italien, dirigé par Bénito Gnocchi, décida d’élire la mama du président, ainsi que huit splendides reproductrices parfaitement volontaires, pour l’accompagner dans son exil.
Le premier ministre japonais laissa naturellement les dix places revenant à son état à la famille impériale. Les trois grands Shoguns des nouveaux empires japonais, Sony, Kawasaky, et le grand gourou de la secte Aïkuku eurent l’honneur de les escorter.
Les hauts membres du parti communiste chinois, ceux-là même qui avaient parachevé le génocide du peuple tibétain, réagirent avec une mesure toute confucianiste à l’annonce du géant extraterrestre : ils s’entre-massacrèrent à mains nues jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que dix.
Le Dalaï-Lama, ainsi que neuf moines membres du gouvernement tibétain en exil, refusèrent catégoriquement de se rendre sur une île où ils pourraient poursuivre une existence dérisoire et futile : bien au contraire, ils remercièrent intérieurement ces grands maîtres spirituels venus des cieux pour leur choix de délivrer définitivement l’humanité de la loi du Karma.
Les dictateurs des pays sous-développés arrivèrent au mont Pico accompagnés par leurs cliques de militaires respectifs dans des vols affrétés par les divers états occidentaux qui les soutenaient.

Ces quelques milliers d’êtres humains privilégiés, agglutinés autour du mont Pico des Açores, crurent vivre l’Apocalypse :
Les cieux d’un bleu azur se muèrent en un abominable rideau de flammes cramoisies. La mer elle-même fut transformée en vapeur en l’espace de quelques secondes, et l’île sur laquelle se trouvaient les survivants ne fut bientôt plus qu’une montagne sinistre, isolée au milieu du néant.
Les caméras numériques, qui retransmettaient à chaque seconde des images prises sur les places publiques des capitales du monde entier, témoignèrent de la mort ignée qui ravagea l’espèce humaine.
Bien que la surface de l’île soit miraculeusement épargnée par le maelström, la chaleur fut telle que même les présidents, barricadés derrière des abris improvisés, s’évanouirent en raison de la chaleur ambiante.
Trois jours après leur réveil, la première guerre pour la suprématie îlienne commença…




















Une semaine plus tard, à bord du vaisseau-musée Asclepios, un couple de géants à la peau noire observait la guerre que se livraient les humains sur un mont Pico virtuel créé à leur intention. Au-dessus de la représentation holographique, on pouvait lire un titre laconique dont voici une traduction sommaire :


Evolution naturelle : échec n° 3027

– Vraiment, fit la compagne du géant d’ébène, ils sont là depuis sept jours maintenant, et ils croient vraiment que nous avons anéanti leur espèce ? Pas un seul d’entre eux n’a le moindre doute ?
– Non… Mais je dois confesser que le choix de ces humains a dépassé nos espérances : ils ont vraiment sélectionné les plus misogynes, racistes, égocentriques et détestables représentants de leur espèce afin d’assurer leur survie. Pour les peuples de la Terre, c’est une chance inespérée, car comme nous le leur avons dit dans notre message, les voilà débarrassés des pires d’entre eux.
D’un autre coté, pour le musée, la situation est plus délicate : plus d’une centaine de ces « survivants » ont déjà été éliminés de l’holo-simulation. Le programme va manquer de données s’ils s’entre-tuent trop vite !
– Urbis, le sermonna la douce géante d’ébène, nous devons traiter ces nouveaux hôtes avec compréhension, douceur et respect.
– Oui, bien sûr, mon amie, mais ceux qui croient avoir été tués des mains de leurs semblables ont un comportement fort désagréable à leur réveil à bord de notre vaisseau. Enfin… je les traiterai humainement, ne t’inquiète pas !
– Humainement ? s‘indigna la géante. Tu peux faire beaucoup mieux que cela, mon doux ami…
– Oui, bien sûr. C’était une façon de parler. Et la Terre ? Crois-tu vraiment que notre intervention suffira ?
– Je l’espère. En tout cas, le message que nous leur avons laissé résume bien notre intention, ils en feront ce qu’ils voudront…



« Peuples de la terre, nous vous avons débarrassés de quelques milliers de monstres.
Que votre cœur s’emplisse d’espoir, et puissiez-vous à l’avenir choisir pour vous diriger des hommes et des femmes au cœur plus généreux. »


FIN
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 6:34

Voilà une bonne histoire de science-fiction, bien drôle, avec un renversement bienvenu à la fin ! Il aurait été dommage de nous distiller la fin par petites portions, tout lire d'un coup permet de mieux apprécier, je trouve...

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Ven 19 Juin 2009 - 8:30

Je pense également qu'il s'agit en définitive d'une "petite histoire" qui se lit en une fois, écrite pour s'amuser en une nuit mais retravaillée ensuite dans le but d'amuser le lecteur...
Je me demandais si la chutte créait une surprise ou si elle était convenue/attendue...
Merci pour votre lecture socque...
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 8:42

Pour vous répondre : la chute crée une petite surprise, pas tant que ça dans la mesure où je trouvais ces extra-terrestres anormalement cons de laisser aux pires individus de la planète le soin de choisir qui survivrait... Mais elle a l'avantage, cette chute, d'offrir une fin nette et satisfaisante ; pour moi elle a eu un effet de soulagement et non, à proprement parler, de surprise.

En tout cas, votre fable est d'un optimisme prodigieux en supposant que tout le mal sur Terre vient de ses dirigeants !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Ven 19 Juin 2009 - 11:21

Si je dois avouer avoir peiné un peu par moments dans certains passages des extraits précédents, j'ai trouvé que cette dernière partie se lisait bien, avec plaisir (sachant que je ne suis pas fan de SF), surtout à partir de l'apparition du deuxième soleil . La chute "vertueuse" est bien trouvée et j'ai souri aux habituelles pointes contre le président, les divers dirigeants et leur cour (même, c'est dire ! le Dalaï Lama).
Toutefois, ce n'est pas qu'à Derringer que la géante pose problème puisque cette fois elle est (re)venue m'embêter avec son qualificatif de "gracile". Par acquit de conscience je suis allée à la pêche aux synonymes, voici : grêle, léger, mince, menu, svelte, fin, fluet, frêle...
Alors je la verrais bien "gracieuse" cette géante, non ?

Sinon, 2 coquilles :
entre autres (au début de cet extrait)
mais je doute qu’il y ait beaucoup de caméras là-bas

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  abstract Ven 19 Juin 2009 - 16:17

Je n’ai pas trop l’habitude de lire ce genre de littérature il m’a donc fallu un petit temps d’adaptation (petit, je le souligne bien). J’ai beaucoup aimé l’atmosphère de huis-clos et les réplique pleines d’humour de ce texte et comme Gobu et Sahkti je le verrai bien en pièce de théâtre. C’est d’ailleurs comme ça que je l’ai visualisé dans ma tête. Il y a eu quelques moments où je me suis un peu perdue dans les dialogues, je ne savais plus trop qui était qui. Vers le milieu j’ai tout doucement ressenti un peu d’ennui, bon c’est bien tout ça mais est-ce que ça va bouger un peu ? Pour être très agréablement surprise par les dernières pages où le rythme s’accélère.
Donc, merci pour ton texte grâce auquel j’ai passé un agréable temps de midi.
abstract
abstract

Nombre de messages : 1127
Age : 54
Date d'inscription : 10/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Mure Sam 20 Juin 2009 - 9:33

J'ai vraiment beaucoup aimé !
Les pensées des membres du conseil, les unes après les autres, toujours en lien entre elles m'ont fait sourire à chaque fois.
Aïe aïe aïe , pensa le secrétaire à la défense.
Ce n’est pourtant pas le moment, Dieu nous vienne en aide…, pria l’amiral Denton.
Pourvu qu’il n’y ait pas de caméra, se tortura Cross, son responsable de la communication.
On ne m’a pas menti, il est vraiment cinglé ! constata l’agent de la CIA.
Ça, c’est un homme d’état ! se félicita le général Kwetch, subjugué.
Les portraits de chaque personnage font que j'ai pu les voir sans effort et il en va tout autant des nombreuses scènes de cette histoire.
J'ai eu du mal à rentrer dedans mais, du mal en sortir maintenant.
Ce texte est loin d'être un pavé - au sens lourd du terme- et il ouvre une réflexion inattendue sur la politique mondiale... et sur l'Homme dans son individualité.
Hier soir, j'ai découvert cette phrase:

« L’être humain est spontanément goulu, égoïste, concupiscent, jaloux, querelleur, et il suffit d’observer les enfants pour s’en convaincre. » [Gabriel Matzneff - Carnets noirs ]

Elle résume à merveille votre travail boc.
Pour moi, la fin est arrivée trop vite car j'aurai bien passé mon Samedi à lire Bill Derringer !

Merci à vous,
Mure.
Mure
Mure

Nombre de messages : 1478
Age : 47
Localisation : Dans vos pensées burlesques.
Date d'inscription : 12/06/2009

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Nath Dim 28 Juin 2009 - 19:58

Guy m'a demandé de lire cette nouvelle et je ne regrette pas de l'avoir fait.
Beaucoup aimé le style, l'humour, la façon de faire vivre chaque personnage, l'idée (le scénario), le déroulement jusqu'à cette fin "heureuse" et optimiste.
Oui un très sympathique moment de lecture, merci.

Nath

Nombre de messages : 383
Age : 45
Localisation : Complètement à l'ouest!
Date d'inscription : 17/07/2006

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Lonely Lun 29 Juin 2009 - 9:46

Je me suis régalé !


Quel humour ! ("par Dow jones"... et Saint WallStreet !)

C'est définitivement Folamourien, et c'est franchement agréable, léger, poil à gratter et politiquement incorrect. Pour qui y est sensible, c'est du tout bon.

J'ai aussi beaucoup aimé la chute finale. Comme l'a dit Socque, ce choix laissait présager d'une contradiction avec les aspirations ET, mais je ne m'attendais pas à les voir isoler entre eux et se vautrer dans leur connerie (enfin, je ne mets pas dans le même panier Derringer et d'autres chefs d'états sans doute moins débiles).

Et cette perspective est carrément jubilatoire. Bravo !

J'avais imaginé que l'apocalypse serait pour eux, mais les ET sont cohérents en ne tuant pas. La trouvaille est donc délectable.


Enfin, bref. Les personnages sont toujours aussi drôles et désespérants, bêtes et tellement humains. Je le répète, je me suis régalé à lire cette histoire colorée.
Lonely
Lonely

Nombre de messages : 140
Age : 47
Localisation : Perpilliéraine et montpignanaise.
Date d'inscription : 14/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Halicante Lun 29 Juin 2009 - 11:40

J'ai lu le début de ton texte, Boc, il faudra que je revienne lire la suite quand j'aurai plus de temps devant moi... Pour le début, j'ai quelques remarques sans intérêt par rapport à l'histoire :

- "en dehors du cadre des intérêts des lobbys" : la tournure me semble un peu lourde
- "les véritables maîtres de l’état" : je mettrais une majuscule à État

Par ailleurs, dans le premier paragraphe, je trouve que l’idée de toute-puissance est un peu trop appuyée (« Le pouvoir… Il le sentait, le respirait à pleins poumons jusqu’à en éprouver une sorte d’euphorie que personne n’aurait pu soupçonner. » « Pourtant, un sentiment de toute-puissance était en train de balayer le peu de force intérieure et d’intelligence qu’il ait jamais eu: la jouissance illusoire d’un pouvoir absolu risquait de le mener sur une pente dangereuse… »)

I'll be back ! :-))
Halicante
Halicante

Nombre de messages : 1794
Age : 54
Localisation : Ici et maintenant.
Date d'inscription : 25/05/2008

http://www.loceanique.org

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Dim 12 Juil 2009 - 20:36

Je profite de ce que mon fil est en bas pour remercier ceux qui ont pris le temps de le lire et de le commenter...et le faire ainsi remonter abusivement !
je suis heureux qu'il ait su vous faire rire !
Merci encore...
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Dim 12 Juil 2009 - 20:38

Evidemment, je plaisantais...
Voici la suite, encore plus délirante que l'épisode 1




I- Entretien secret

Premier Août 2028, 14 heures 32 et des poussières…

Bill Derringer était un bel homme : la mâchoire carrée qui soulignait les traits virils de son visage de cow-boy texan, cramoisi par les chambres à UV, aurait même pu lui garantir une place fort respectable…dans la galerie virtuelle des portraits qui décorent les paquets de cigarettes bon marché.
Malheureusement, au cœur même de ce visage où semblait transparaître toute la noble rudesse du cavalier des plaines, trônaient deux minuscules yeux de fouine dont la force évocatrice confinait son propriétaire au rang des plus méprisables chiens de prairie.
Et de minuscule, notre Bill n’avait pas que ses organes oculaires : pieds, mains, jambes, buste, pénis…Tout en lui était petit, médiocre…
Toutes ces malencontreuses spécificités morphologiques n’altérèrent en rien l’ambition parentale qui voulait lui faire embrasser une carrière d’acteur : pour Ronald Reagan, qui était à l’époque membre de leur propre parti, cette démarche avait été une manière fort opportune de se forger une image virile de cow-boy qui l’avait mené jusqu’à la présidence.
Malheureusement, les professeurs d’art dramatique du jeune Bill eurent tôt fait de briser les espoirs de sa famille : après des centaines d’heures infructueuses d’enseignement patient de l’art scénique, ils leur apprirent, excédés, que ce dernier ne disposait pas « des ressources intellectuelles nécessaires pour incarner quelque personnage que ce soit d’une manière crédible, fut-ce même celui d’un garçon vacher ignorant et élevé à la dure ».
Ces derniers furent surpris et décontenancés à l’annonce de la terrible nouvelle. Toutefois, imaginer que cet échec aurait sonné le glas des ambitions politiques du jeune Bill aurait été mal connaître cette honorable et puissante famille : leur prestigieuse lignée d’hommes d’affaires ne remontait-elle pas jusqu’à de lointains ancêtres, qui avaient été en leur temps les financiers d’Adolf Hitler ? Fi du métier d’acteur : ses parents se firent à l’idée que leur fils suivrait en définitive la tradition familiale instaurée par le grand-père paternel : puisqu’il ne disposait pas des moyens intellectuels lui permettant d’apparaître aux yeux du peuple comme un cow-boy rustaud, fier et viril, il lui restait tout du moins une opportunité de carrière qui pouvait le mener jusqu’à la présidence des Etats-Unis tout en restant à la mesure de ses plus que médiocres facultés cognitives.
C’était décidé : tout comme son grand-père, Bill deviendrait le prochain directeur de la CIA.

Or, voici qu’il occupait ces prestigieuses fonctions depuis seulement trois semaines que le président des Etats-Unis en exercice requérait déjà sa présence.
Voilà qui le plongeait dans une rage noire : de quel droit osait-on le forcer à quitter Dallas, ville dont il ne s’était jamais éloigné de plus de cent miles ? Aller au-delà même des frontières du Texas, cet état béni de Dieu où le bétail et le pétrole abondent, où les peaux-rouges ont été exterminés et où les nègres savent rester à leur place ?
Et pour aller où ? Jusqu’à ces états de perdition du nord où prolifère la vermine démocrate !
Quelle humiliation ! Quelle honte ! De quel droit lui infligeait-on un pareil traitement ?
Fidèle à ses ambitions comme aux intérêts de sa famille politique, n’avait-il pas pourtant déjà posé les fondations du projet qui devait à la fois le mener à la présidence et remplir les caisses des membres de sa confrérie ?
Ses subordonnés n’avaient-ils pas propagé de fausses rumeurs de complots terroristes, élaboré de faux « vrais attentats », et surtout détourné l’attention du public des vrais auteurs d’authentiques massacres islamistes (puisque ces derniers travaillaient main dans la main avec les membres de son parti) ?
Islamistes radicaux et conservateurs, tous actionnaires des mêmes multinationales de l’armement, trouvaient en effet leur intérêt commun à déclencher des conflits.
Bien entendu, les subtilités des réalités géopolitiques et économiques auraient rendu le jeune Bill totalement fou s’il n’avait était « épaulé » par quelques conseillers plus avertis…
Par lui même, il ne comprenait pas grand chose aux subtilités diplomatiques : en dépit du fait que son apprentissage du métier d’acteur soit un fiasco, il en avait néanmoins retenu ces malheureuses paroles où se résumait toute sa connaissance en politique étrangère :
« Un bon peau-rouge est un peau-rouge mort !»
Toujours est-il que le jeune Bill, tout convaincu qu’il était d’avoir rempli les devoirs inhérents à sa fonction (« faites ce que vous avez à faire » avait-il ordonné à ses subordonnés), vivait cette convocation comme une parfaite injustice :
Lui qui pensait avoir acquis un poste de pouvoir, voila que l’on l’humiliait comme il ne l’avait jamais été de toute son existence (si l’on excepte bien sur les cours d’art dramatique…).
La colère qui ne l’avait pas quitté de tout le vol de Dallas à Washington se mua heureusement en un simple agacement lorsqu’il constata à son arrivée dans cette ville de dépravés (car infestée, rappelons-le, de pacifistes, intellectuels, écologistes et autres ennemis du lobby des armes et des industries pétrolières et chimiques) qu’une limousine l’attendait, avec un chauffeur et des motards dont la consigne serait d’exécuter ses ordres.
Lorsque l’unique conseiller qui l’accompagnait l’avisa que le président des Etats-Unis résidait dans un lieu qui s’appelait « la maison blanche », Bill Derringer se sentit frappé d’un sentiment de respect qui balaya en lui toute trace d’énervement.

Il a appelé sa maison « la maison blanche »…pour revendiquer la supériorité de notre race élue de dieu sur les nègres et les peaux-rouges…Jamais je n’oserais faire ça avec mon ranch!

-Dites-moi, Lindenbruck, apostropha-il son conseiller : il a des couilles ce président !

-Che ne suis pas sûr de bien komprendreu mein herrrrr, lui répondit le vieil aryen. D’après nos renzeignements, le président des Etats-Unis d’Amérique serait pourfu d’un membre firil tout à fait standard au regard de…

-Blanche ! La maison blanche ! Il a appelé son ranch « la maison blanche », putain ! L’interrompit Bill. Vous êtes pas là pour m’apprendre comment on fait pour inspirer aux bouseux le respect qu’ils doivent à la race supérieure ? Si ça, c’est pas un symbole fort !

Ach, pensa le conseiller, même si nous sommes pris dans un embouteillache trois heures durant, le temps me manquera pour expliquer l’histoire des Etats-Unis à ze crétin conchénital !

-Fous affez raison, mein Herrr…C’est un symbole fort, très fort ! On m’a même fait safoir qu’il avait fait repeindre sa demeure en un blanc uni pour donner plus de poids à ce glorieux zymbole !

-Moi qui pensait devoir lui rappeler le respect qui m’est dû, à ce pied-tendre souffla Derringer, réellement impressionné.

-Nein, mein Herrr !…ze serait une katastropheu !

-Quoi ?

-Che feux dire que quelqu’un de fotre importance ne s’abaisse pas à discuter, même affec un président des Etats-Unis ! Che vous exhorte à chuste hocher la tête et à dire oui quand il parlera ! Che m’occuperai du reste, comme touchours,…mein herrrrr !

-Ah ouais ok…, encore votre langage cérémonique.

-Diplomatique, mein herr, diplomatique… Il est tout à fait normal que fous ne compreniez rien lorsque les chens fous parlent ! Che suis là pour traduire…, mein herr !

-Oauis ouais…, mais alors, pourquoi ceux que je rencontre n’ont-ils jamais de traducteurs ?

-Parce qu’ils ne sont que des exécutants ! Ils ne seront chamais présidents des Etats-Unis ! Fous verrez que le président a beaucoup… beaucoup de traducteurs à ses cotés !

-Et moi je n’en ai qu’un ! Fulmina Bill Derringer sur un ton infantile. Merde !

-Regardez, mein herrr ! Foici la maison blanche…Foiyez comme cette structure en impoze et l’important nompre de…

-Mais il est énorme son ranch à ce salaud ! Hurla Bill Derringer.
Lindenbruck ! Vous avez vu le nombre de cow-boys qui travaillent pour lui !? Il a peu de terre, mais l’herbe est bien verte et elle pousse dru !

-Elle est tondue, mein herr…tondue…comme les charmantes petites françaises dont le seul crime était d’ouvrir leurs cuisses à l’élite de notre défunt Reich ! s’emporta le vieil aryen, le regard perdu dans quelque souvenir bienheureux.

-Et le troupeau ? C’est le troupeau que l’on tond, pas l’herbe ! Il lui restera rien à bouffer au troupeau ! Personne ne lui a expliqué ça ?! Même pas ses traducteurs ? Je ne vois pas le troupeau ! Où sont ses têtes, Lindenbruck ? Je les vois pas mais je suis sûr que j’en ai beaucoup plus…Il peut pas avoir plus de têtes que moi sur une aussi petite prairie !

Ach nein ! pensa Lindenbruck alors que le conducteur arrêtait la limousine et ouvrait poliment la porte à Bill Derringer. Pourfu qu’il se taise ! Mais qu’il se taise !

Bill Derringer sembla heureusement manifester une muette admiration devant tous ces gens qui s’agitaient autour de lui. Il parut même fort impressionné par la magnificence des lieux qu’il semblait goûter d’un regard fort averti.
En réalité, il n’en était rien : confondant toiles de maître et fenêtres, il en cherchait désespérément une qui lui permettrait enfin d’apercevoir le troupeau… fut-ce derrière le portrait de Lincoln.
Répondant tout du moins au vœu muet de son conseiller, il n’ouvrit pas la bouche une seule fois avant d’arriver devant la porte du bureau ovale où l’attendait le président.
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  boc21fr Dim 12 Juil 2009 - 20:38

Cette dernière s’ouvrit avant même que lui ou Lindenbruck n’ait à frapper, ce qui l’étonna prodigieusement.
Le président était seul…si l’on exceptait les gardes du corps qui se tenaient debout en binôme devant chaque porte.
Bill Derringer réalisa immédiatement que le premier homme de l’état n’avait pas de traducteur à ses cotés.

Il trouve sûrement comme moi qu’il y a pas besoin de s’encombrer du langage fioriturique, en déduisit-il

-Ah ! Bill ! (c’est ainsi que le président osa apostropher l’homme le plus puissant de tout le Texas)
Cela me fait plaisir de vous rencontrer en dehors de Dallas ! poursuit-il en lui serrant la main.
Du reste, conclu-t-il avec un ton légèrement condescendant, puisque je n’ai pas le souvenir de vous avoir jamais vu, ravi de vous rencontrer tout court !

Il m’a bien fait venir ici pour m’en mettre plein la vue ! S’indigna Derringer qui rongeait son frein.
Sûr qu’au milieu de mes milliers de têtes, il la ramènerait moins !

-Ah non ! Comment avez-vous pu oser amener avec vous ce souvenir de famille ! Cria le président en pointant Lindenbruck du doigt. En tant que chef de la CIA, vous n’êtes peut-être pas guetté par la presse, mais moi si ! Faites sortir ce naz…

-Pardon, mein herr, mais che suis un Docteur en chénétique et un psychologue socialeu aux théories fort reconnues et…

-Ah oui ça pour être reconnues elles sont reconnues ! C’est bien ça le problème ! On contrôle à peu près les médias mais il en suffit d’un seul ! Un seul petit crétin de journaliste qui vous reconnaisse vraiment pour ce que vous êtes et on se retrouve dans la merde ! Je n’ai rien contre vos idées un brin nostalgiques, mais vous allez attendre dans la limousine !

Le docteur Lindenbruck se raidit, claqua des talons d’un geste sec, s’inclina pour saluer l’homme le plus puissant de la planète et…s’écroula, victime d’une défaillance de son genou droit.
Alors qu’un des gardes du corps du président « ramenait » le vénérable docteur en le traînant, le président alla lui-même fermer la porte de son bureau et s’adressa en chuchotant à son directeur de la CIA.

-Bill, je t’ai fait venir pour une raison de la plus grande importance : il se déroule en ce moment des évènements d’une extrême gravité ; ils risquent de me coûter ma présidence, et la tienne également…Il y a un tueur… un tueur qui sévit dans notre pays… un meurtrier qui ne s’attaque qu’aux membres de races inférieures, si tu vois ce que je veux dire….

Ach nein ! Ach nein ! Nous sommes perdus ! Mais qu’est-ce qu’il fa dire ! Qu’est-ce qu’il fa encore dire comme kônneries ! Nous sommes morts ! Mein führer, faites qu’il se taise ! Qu’il se taise ! pria intérieurement Lindenbruck, traîné dans les couloirs de la maison blanche par deux agents de sécurité.

-Ah… on lynche encore des négros dans le pays ? Je croyais qu’il fallait plus le faire, que c’était trop dangereux, même en mettant nos cagoules, pérora haut et fort Bill Derringer.

-Chhhhhht ! Moins fort ! S’empourpra le président en regardant nerveusement autour de lui. Nous ne sommes pas au Texas, ici ! On nous observe, tu peux être sûr que l’on nous espionne ! Des journalistes à la solde des démocrates, ou pire, des militants des droits civiques…ou des traîtres…ou pire…pire encore !

Bill Derringer hocha lentement la tête avec un profond éclair d’intelligence dans le regard et un sourire de connivence au bord des lèvres.
Le président, rassuré, pu constater de visu que les rapports qui lui avaient été adressés étaient erronés : ce Derringer, loin d’être le demeuré qu’on lui avait dépeint, comprenait parfaitement la situation.

Ainsi, il craint que des peau-rouges n’aient investi sa maison, soupçonna ce dernier. C’est pour ça qu’il l’a peinte en blanc, pour qu’ils ne puissent pas se cacher…et ce sont ces saletés d’indiens que cherchent tous ces gens qui courent dans tous les sens…et pour que ça ne se sache pas, il en a fait un symbole qui exalte la pureté de la race blanche ! Ah, c’est puissant !

-Bill, comme tu l’as compris, c’est probablement un des nôtres qui s’amuse à lyncher des sous-races, des untermenschen, comme dirait ton mentor Lindenbruck.
Bill, reprit le président après avoir poussé un soupir, si c’est quelqu’un de notre…société qui fait ça…
Enfin…tu en réalises les conséquences si cela venait à être connu du public ? Jusqu’à présent, je m’évertuais avec succès à étouffer l’affaire, mais le FBI n’est pas totalement sous notre contrôle, et le temps nous manque. Je n’ai pas le choix…il faut à tout prix qu’un de tes hommes trouve ce tueur avant le FBI, et vite…On commence à parler des meurtres dans la presse…On y trouve même une photo du cadavre de la dernière victime !

Bill Derringer, qui avait du mal à suivre le débit verbal du président, se contenta de hocher la tête.

-Dans ton équipe, à la CIA, il y a un homme qui sera parfait pour cette tache : il n’est pas des nôtres, mais il est extrêmement doué et…ambitieux. Il connaît l’existence de notre… fraternité et il est prêt à tout pour nous plaire. Pour peu que tu lui jettes un os à ronger, il fera ce que tu voudras.

-Il s’appelle comment ?

-Smith…, souffla le président des Etats-Unis en arborant un hideux sourire de connivence. Comme tout nouveau chef de la CIA, tu n’es pas sans savoir que tes agents ont pour coutume de taire leur…

Soudainement, un homme entra sans frapper. Le président sembla pris au dépourvu, vulnérable. Bill Derringer vint à son secours.

-Même repeint en blanc, ce ranch est vaste, très vaste, il offre de nombreux recoins où les peaux-rouges peuvent se planquer. Le seul moyen, c’est de faire partir les hommes et de les enfumer, il n’y a que ça qu’ils comprennent, ces chiens de prairie !

Si l’homme qui venait d’entrer se posait des questions au sujet de la nature de l’entretien secret que venait d’avoir le président, il affichait en ce moment un air parfaitement ahuri.

-L’ambassadeur de Russie vous attend monsieur le président, je ne peux plus le faire patienter ! Finit-il par avouer.

-Désolé Bill, mais nous parlerons de la prisonnière du désert un autre jour, les affaires de l’état ne me laissent aucun répit…Les questions protocolaires n’attendent pas, comme tu peux le constater.

Puisque le président disposait d’un traducteur et lui non, Bill réalisa qu’il ne comprendrait dorénavant plus rien à ce qui se dirait et hocha la tête avant de laisser ses propres gardes du corps le guider jusqu’à sa limousine.

Il est plus habile que je ne l’avais imaginé ce Derringer, il faudra vraiment que je me méfie de lui…il n’a rien du crétin congénital que l’on m’a dépeint, pensa à tort le président des Etats-Unis.

II- Retour au pays

-Ah…mein herr, chevrota Lindenbruck, particulièrement fébrile. Che suis surpr…euh…heureux de fous refoir ! Comment s’est passé fotre…entretien… ? demanda-t-il en dardant sur Bill un regard tout à fait désespéré.

-Quoi ?

-Che…foudrais…savoir…de quoi fous affez parlé mein herrr…Bitte…supplia le vieil aryen.

-Non non on a parlé ni de gnole ni de putes…mais d’un truc sacrément plus grave !

-Was ?

-Il y a des peaux rouges qui l’espionnent dans son ranch, les salauds !

-Ah oui…les peaux-rouches…bien sûr…mais peut-être peut-on avancer l’idée que fous affez mal…entendu…peut-être utilisait-il un mot qui sonne de la même manière que peaux-rouches comme…communiste…ou…démocrates… ?

-C’est ça, dites que je suis sourd ! Je fais la différence entre le son de la queue du serpent à sonnette qui hante la prairie et celui de la crécelle du pestiféré, mon vieux !

-Mal compris alors, peut-être. Sans doute parlait-il par métaphor…euh imaches…il aurait dit « peaux-rouches » mais pensé…complot…islamistes…Al Qaïda…non ? Ou…termites peut-être ?

-C’est ça, prends moi pour un con maintenant ! Non non, il a bien parlé d’un problème qui risquait de me coûter la présidence !

-Fous avez beaucoup parlé…affec monsieur le président, n’est-ce pas ? demanda Lindenbruck en fronçant les sourcils, sur un ton de reproches.
En particulier…de ce problème…specifik ?

-Hein ?

-Combien de fois affez-vous prononcé le mot « peaux-rouches » devant le président des Etats-Unis d’Amérique… ? IMBECILE ! hurla Lindenbruck qui perdait ses moyens.

Les rares colères du conseiller rappelaient heureusement à Bill Derringer les nombreux coups de trique qu’il avait reçu dans son enfance alors que Lindenbruck était son précepteur.

-Ben, je sais plus…Je lui ai juste conseillé de foutre le feu…les enfumer pour s’en débarrasser. Mais avant, fallait évacuer l’ambassadeur de Russie ou un truc comme ça…J’ai pas compris…Il y avait un traducteur à ce moment-là…un truc proctocolaire tu vois ? Il faisait une drôle de tête quand j’ai dit ce qu’il fallait faire…je suis sûr qu’il est de mèche avec les peaux-rouches…euh, rouges…

-Ya…che fois…che fois très bien…che crois que che fais fous laisser rentrer à Dallas et… retourner à ma clinique…chela ne fous dérange pas, mein herrr, si che ne fous raccompagne pas chusqu’à l’affion ?

-Non non, de toute façon il y a un type du président qui va s’occuper de moi dès mon arrivée…un jeune ambitieux de la CIA qui va agir discrètement avant que le FBI s’en mêle…il y a une histoire d’os à lui jeter aussi je crois !

C’en est fini de mes espoirs politiques…
« rendez-les stupides…ils n’en seront que plus aisément manipulables »…Ach Himmler ! Che crois tout de même qu’il y a un niffeau au-dessous duquel il est très très danchereux de descendre !

Chacun garda alors le silence, prisonnier de ses propres questionnements. Arrivés à l’aéroport, ils se séparèrent sans échanger la moindre parole. La démarche hésitante de Lindenbruck se mua ensuite rapidement en un claudiquement frénétique, comme si tous les tueurs du président étaient déjà à ses trousses.

Alors que l’avion décollait et l’emmenait loin de cette terre dangereuse infestée entre autre d’espions indiens, le directeur de la CIA sentit revenir ses appétits quotidiens et avisa de son regard lubrique une jeune femme qui était assise à quelques sièges de lui.

-Eh, poupée ! Commença-t-il en mariant de façon désastreuse un sourire à la Clark Gable et un clin d’œil à la Daffy Duck.

Tous les visages se retournèrent pour dévisager l’insolent nabot au chef recouvert d’un immense et ridicule chapeau de cow-boy

-Monsieur, l’interrompit un garde du corps, rompu à réagir devant de telles situations, voulez-vous de ceci ?

Et il lui présenta une bouteille de Whisky bon marché.
boc21fr
boc21fr

Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008

Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Invité Dim 12 Juil 2009 - 21:19

Le style est vif, alerte, mais vraiment l'ensemble est trop caricatural pour moi... Comment imaginer qu'un directeur de la CIA ne sache pas que le Président des Etats-Unis habite la Maison Blanche ?

Quelques erreurs de langue, rares, dont celle-ci :
"s’il n’avait été « épaulé » par quelques conseillers"

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Bill Derringer... Empty Re: Bill Derringer...

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum