Frère humain

« De cette immense folie des singes savants, de cette incroyable folie, je n'en reviens pas et n'en finis pas d'en revenir. Et tout en clamant depuis des siècles leur amour du prochain, tout en s'en délicieusement gargarisant, ces singes vêtus continuent à admirer la force sous tous ses masques, l'horrible force qui est capacité de nuire et dont l'ultime racine et sanction est l'ultime pouvoir de tuer. »
(Albert Cohen, "Ô vous, frères humains")

Je vis dans une maison au papier peint sans cesse fuyant
Le précipité d'une réaction
Et se taper contre les murs des têtes tambours

Une pluie comme une pluie de mains pour la musique
S'ils sont dehors s'ils sont sortis pourquoi sinon

Il leur fallait trouver de nouvelles raisons de détester la colle
Alors ils en buvaient et toujours plus
Et toujours plus

La colle collait leur colle qui leur collait au corps
Alcools coulant
Ils habitaient un lieu sans choses

Pour la citation l'arrêt est de rigueur.

J'aime les sonorités de ce texte, même si à la première lecture, la répétition de colle m'a sauté aux yeux. Par contre, celle de pluie reste trop visible à mon goût.
J'aime également cet univers quelque peu étrange, à explorer; il y a quelque chose de spécial dans ce texte sans que je puisse identifier avec précision ce que c'est.

Je me dis que ce poème étrange, avec quelque chose d'ensorceleur dans les images, fonctionne très bien tout seul sans la citation de Cohen.

Un coup de pinceau.

Se placer sous l'invocation de Cohen, pour quoi faire? Et c'est un inconditionnel, malgré ses perpétuelles redites, qui l'énonce. Ma foi, le climat que vous tissez est insolite. Je suis gêné également par cette récurrente colle, sans doute voulue, mais qui me semble un peu trop bien pastisser le texte. J'ai tout de même une impression d'inachevé, à mon sens, vous en dites trop, ou pas assez.