Les vieillards

Une réédition améliorée (?) d'un ancien poème.

Le passé ramolli dans un bol de riz blanc
Sous les pieds des enfants une main de poussière
La chanson des rires et des voix suffisant
À noyer les soupirs de l’évier des hiers.
Les vapeurs du tic-tac asphyxient le coucou
Sur le sol, un regret, quelques traces de nous
Et le vent de l’hiver se fait tiède et morose
Emportant avec lui le parfum de nos roses.
Allez! Coulez sans nous, cafés de la vieillesse!
Il nous reste dans nos paumes quelques caresses
Qui, sous le regard de notre lunaire reine
Tendrement, dans le nuit, fatalement s’égrènent.
Le rouge amoureux de ses lèvres en rigoles
Posées sur ma joue impriment les années folles
Et le glas devancé de nos amours épuisés
Tôt ou tard, viendra sonner le dernier baiser.

Il y manque peut-être un peu de véritable souffle poétique.
On sent bien que la forme limite un peu l'expression.
Mais c'est un exercice intéressant pour toi. Si tu arrives à respecter les règles, tu seras peut-être plus à l'aise après, pour obtenir une belle cadence avec des vers libres.

Maintenant, ceci pour faire un peu mon petit malin, il y a 3 vers qui boitent sur un pied de trop, et les césures sont souvent restées dans ta plume.
Mais ce n'est pas grave...

Lesquels? J'ai recompté et je ne vois pas du tout...

Ok j'en ai un : "Et le glas devancé de nos amours épuisés"

As-phy-xi-ent-le-cou-cou
Im-pri-ment-les-a-né-es-folles

ok, mais y' pas de vers de plus de 12 pieds hein?

Ben, si, Jonjon : le cinquième, l'antépénultième et l'avant dernier...

Mais je crois que j'attache trop d'importance aux règles, c'est démodé ! ;-)
Le contenu passe avant !

Ah ici on prononce asphyxient as-phy-xi... on ne prononce pas le "ent"... d'ailleurs je ne sais pas exactement comment je serais supposé le prononcer.

Et puis années... pourquoi est-ce que je prononcerais anné-e... ??? je n'ai jamais entendu qui que ce soit dire anné-e...

Vous êtes étranges par chez vous.

jonjon21 a écrit:
Vous êtes étranges par chez vous.

Salut Jonjon !
C'est une expression de chez toi cette étrange expression par chez toi ? .. :o)

Je ne pensais pas, mais il semblerait que oui.

Pas mal Jonjon, des images originales.
Par contre "évier des hier" m'a arraché l'oreille ;-)

jonjon21 a écrit:Ah ici on prononce asphyxient as-phy-xi... on ne prononce pas le "ent"... d'ailleurs je ne sais pas exactement comment je serais supposé le prononcer.

Et puis années... pourquoi est-ce que je prononcerais anné-e... ??? je n'ai jamais entendu qui que ce soit dire anné-e...

Vous êtes étranges par chez vous.

Oui, Jonjon,
im-pri-ment-les-a-nées folles, ça doit être juste.
Mais :
As-phy-xi-ent-le-cou-cou, c'est quand même un pied de trop, même dans ton étrange pays, me semble-t-il ?
Mais encore une fois, c'est intéressant de respecter une règle par discipline personnelle, ou pour le plaisir d'apprendre et pour lire des poèmes bien écrits.
Mais le contenu est certainement plus important.

Le rouge amoureux de ses lèvres en rigoles...

L'image est très réussie, émouvante...

J'ai beaucoup aimé.

Non, mais sérieusement SJB, continuons cette discussion, ça m'intéresse vraiment!

J'ai fait le tour de mes amis, famille, collègues de travail et tout le monde prononce as-phy-xi.... et j'essaie de voir comment on peut prononcer ça as-phy-xi-ent... je n'y arrive même pas...

Il faudrait que tu t'enregistres en format audio et que tu me fasses entendre.

jonjon21 a écrit:Non, mais sérieusement SJB, continuons cette discussion, ça m'intéresse vraiment!

J'ai fait le tour de mes amis, famille, collègues de travail et tout le monde prononce as-phy-xi.... et j'essaie de voir comment on peut prononcer ça as-phy-xi-ent... je n'y arrive même pas...

Il faudrait que tu t'enregistres en format audio et que tu me fasses entendre.

Jonjon, je ne doute pas que tes amis et tes collègues soient callés en matière de prosodie mais si t'as des doutes, le mieux c'est quand même de chercher dans un dico de poèsie:

Tout -e de fin de mot, quand il représente un e « caduc » est lu devant une consonne, sauf après voyelle (-ie, -ue). Il s'élide (il est remplacé par une apostrophe) devant une voyelle. On le prononce ailleurs dans un mot ;
Dans les désinences -es et -ent, il est prononcé (devant un mot commençant par une consonne ; dans ce cas, le -s et le -t se font entendre en liaison)

Sinon pour le commentaire, même après "amélioration", je reste sur ma première impression.

Merci, Krystelle !
Bonne plage et bons bains dans le beau pays de Biarritz.

Les heures fumantes dans un bol de riz
Sous les pieds des enfants une poussière de graphite
La symphonie des rires et des couverts suffit
À noyer les souvenirs qui du robinet jaillissent.

Les vapeurs du tic-tac incommodent le coucou
Sur le plancher de bois quelques traces de boue
Le vent qui déclenche une valse de rideaux
Emporte avec lui l’odeur des abricots.

Coule de la théière l’huile de la vieillesse
En réserve dans un coin quelques caresses
Qui sous la faible lueur d’une lune pleine
Tendrement, en silence, fatalement s’égrènent.

Le rouge bruyant de ses lèvres desséchées
Qui posées sur ma joue restent imprimées
Sonneront le glas de notre siècle dépassé
Et me tueront tristement à coups de baisers.

Ceci était donc la version initiale et j'avais dit:
"Bon, perso, ça me parle pas trop non plus. Parce que je trouve malheureux le mélange entre classicime de la poésie étriquée et la liberté des mots qu'on fait rimer pour que ça fasse soit joli soit novateur. Harmonie absente du texte, c'est heurté, ça sonne presque faux par moments. Si tu veux prendre des libertés avec le sens des mots, avec leur tournure et leur mise en abîme poétique, fais-le, mais alors va jusqu'au bout et n'enferme pas ça dans des vers coincés et une structure figée qui ne leur permet pas de respirer comme ils devraient le faire."

Je regarde les modifications apportées, je n'aime pas "passé ramolli", je trouve ce premier vers moins heureux que dans sa précédente version.
La répétition des sonorités "morose" et "nos roses" me heurte un peu.

Au final, je préfère ta seconde version, plus harmonieuse et dont le classicime qu'on t'a souvent reproché me saute moins aux yeux, même si il est toujours présent. Comme si, cette fois, tu avais mis sur un pied d'égalité la recherche de la rime parfaite et de la sonorité qui se marie avec l'autre.

Je suis d'accord avec Sahkti quand elle dit :

Je regarde les modifications apportées, je n'aime pas "passé ramolli", je trouve ce premier vers moins heureux que dans sa précédente version.
La répétition des sonorités "morose" et "nos roses" me heurte un peu.

et j'aime aussi mieux cette deuxième version. De belles images, que tu pourrais décliner d'avantage même, en tous cas de belles expressions, ça reste encore un peu trop étriqué à mon goût, mais y a du progrès, et vraiment de belles trouvailles en images (je le redis !)

Bravo pour ce travail de ré-écriture Jonjon ! Retravailler ses textes, ce n'est pas rien, c'est un départ dans une bonne voie !

Je trouve ça bien, très bien même ! Le problème (à mon humble avis) c'est que :

Emportant avec lui le parfum de nos roses.

C'est très joli, mais ça aurait pu être écrit par Ronsard au XVIème. Et globalement, le reste est une forme et un thème très classique (largement pré-rimbaldien).

C'est très réussi à mon avis, mais ça reste trop impersonnel et pas assez inventif à mon goût.

ce texte m'a plu mais peut-être parce que je suis une grande nostalgique dans l'âme ! je n'ai pas du tout fait attention au nombre de pieds ou à la mélodie du texte mais plutôt à ce qu'il faisait naître comme émotion en moi. Tu relate une vieillesse heureuse et ça me plaît.

de beaux Alexandrins si je ne me trompe pas? un bon rythme pour un texte doux et heureux
un bout de vers difficile à prononcer, donc pas très joli, je trouve:
notre lunaire reine
j'aime bien, Jonjon21