Qui as-tu entraîné dans les jardins de lilas ?

ridés*

Bonsoir lu-k, j'ai toujours un peu de mal à vous commenter, je ne sais jamais trop quoi penser. Encore une fois, il me faudra du temps pour accéder entièrement à votre texte... néanmoins et ne me demandez pas pourquoi, vos mots m'ont fait penser à ceux qui suivent...


Etait-ce un loup qui hurlait au loin, ou bien le vent, scindé par quelque rocher tranchant ?

Quelques gouttes de pluie firent chuinter le feu.

Sexadigite serra sa demi-couverture autour de lui. On eût dit qu'il s'y agrippait.

Il ne faisait pas trop froid, cependant, à part derrière les gens. Le chaudron du repas avait encore le cul rougi par la braise.

Un reste du ragoût d'yeux de lièvre, avec des carottes sauvages, des navets nains et autres racines y bouillonnait calmement. C'était encore de la cuisine de chasseur : on mange des yeux pour voir...

- Une plaine s'allonge au pied de mon village, dit Sexadigite. Des nations entières y passèrent lentement. Nous les regardions, cachés derrière ces arbres qui peuplent notre colline et protègent nos champs.

"Hommes, gens de poussière et de toutes façons, gens de négoce et de loisir, gens de confins et gens d'ailleurs, ô gens de peu de poids dans la mémoire de ces lieux ; gens des vallées et des plateaux et des plus hautes pentes de ce monde à l'échéance de nos rives ; flaireurs de signes, de semences et confesseurs de souffles en Ouest ; suiveurs de pistes, de saisons, leveurs de campements dans le petit vent de l'aube ; ô chercheurs de points d'eau sur l'écorce du monde ; ô chercheurs, ô trouveurs de raisons pour s'en aller ailleurs,
vous ne trafiquez pas d'un sel plus fort quand au matin, dans un présage de royaumes et d'eaux mortes suspendues sur les fumées du monde, les tambours de l'exil éveillent aux frontières l'éternité qui bâille sur les sables."

Après ces hordes fuyantes nous avons vu les spectres. Les spectres ?... Ce sont les doigts mangés, les angoisses de la faim, le regard de la Mort ; et aussi les guerriers retors qui taillent et puis qui tuent, les conquérants féroces et les misères obtuses. Ils poursuivent les nations, s'agrippent aux cheveux du dernier de la horde, du plus lent, du plus hagard ; ils s'accrochent à ses yeux qui ne verront plus rien.

Comment je le sais ? Je les ai vus, te dis-je et on m'a raconté... mon père, mon grand-père... Car nous aussi sommes venus, un jour du fond de l'Est, nous aussi avons aimé les sorcières des forêts qui vous attachent à une terre jusqu'à n'en plus bouger. Nous sommes proches des Huns par cela, comme par nos yeux. Les yeux, le regard, c'est terrible ! Nos yeux, jadis, étaient ronds comme les tiens, mais ils trop mangé de lumière sale, de misère et de mort : ils ont voulu se clore et se sont amincis.

C'est soufflant. Je ne sais pas quoi dire... Quelle force ! Grand bravo.

"avec ses cernes et ses contours ridés (et non "ridées")"
"leurs cheveux velus" : jolies sonorités, mais les cheveux velus, non, c'est trop bizarre pour moi

Merci de vos commentaires !
Peter, ce texte, d'où vient-il ?

(J'ai le mérite de tous vous interpeller, au moins !)

Je vous laisse le plaisir de chercher...

Quoiqu'il en soit, vos textes m'interpellent toujours par les images qui en sortent... mon mal à vous commenter ne veut pas dire que je n'apprécie pas vos mots, bien au contraire...

Orlando dR?

Peter
Merci
Grâce à toi je découvre Saint John Perse !
En cherchant des explications sur google sur ce sexadigite dont je ne connais pas le créateur , je suis tombée sur cet extrait d'un auteur dont le nom et le nom seulement ne m'était pas inconnu !

"Hommes, gens de poussière et de toutes façons, gens de négoce et de loisir, gens de confins et gens d'ailleurs, ô gens de peu de poids dans la mémoire de ces lieux ; gens des vallées et des plateaux et des plus hautes pentes de ce monde à l'échéance de nos rives ; flaireurs de signes, de semences et confesseurs de souffles en Ouest ; suiveurs de pistes, de saisons, leveurs de campements dans le petit vent de l'aube ; ô chercheurs de points d'eau sur l'écorce du monde ; ô chercheurs, ô trouveurs de raisons pour s'en aller ailleurs,
vous ne trafiquez pas d'un sel plus fort quand au matin, dans un présage de royaumes et d'eaux mortes suspendues sur les fumées du monde, les tambours de l'exil éveillent aux frontières l'éternité qui bâille sur les sables." (2)
SAINT-JOHN PERSE
C'est bien d'être un peu décoiffé le matin avant d'aller au travail!

lu-k promis je viens te lire attentivement et te commenter ce soir...
là je suis à la bourre!

De rien Rebecca et oui panda, désolé lu-k d'intervenir pour ne rien dire sur votre poème. La Nuit des Barbares de Orlando de Rudder...

On ne sort jamais indemne de tes textes, lu-k. C'est la culbute des émotions.

Quel texte, mais quel texte !
Qui d'entrée met le lecteur en condition avec cette déclaration :
Je ne veux plus les portraits de la famille.

Et le retourne dans tous les sens, le caresse à rebrousse-poil, secoue son inertie, le malmène. Et tu sais quoi ? Eh bien ce lecteur, il en redemande ! C'est fort lu-k, très fort ce que tu exprimes.

J'ai relevé, parmi tant d'autres, cette phrase, typique de ce que j'aime, limpide, incisive (!)

J’ai une entaille aux sens

Une grosse préférence pour les deux premiers paragraphes, cette détresse à chaque mot ; j'ai des réminiscences assez précises du troisième ailleurs (ce qui n'est pas un problème en soi, juste que peut-être de ce fait il ne m'a pas heurtée en pleine face comme les deux autres).

J'aime bien ton style même si parfois certains mots choquent et tombent, presque gênés de leur sens, au bas de tes phrases.
J'ai lu la plupart de tes textes et cela donne envie de lire quelque chose de plus long, beaucoup plus long, où le fil conducteur ( parce que j'en perçois un version gros néon dans tes lignes, toutes tes lignes. Toi peut être, simplement toi et ta personnalité. C'est vrai en te lisant, on a envie de te connaître, de connaître ce jour là, en Avril ces évènements, parce que cette jeunesse qui effleure les mots, puis les empoigne en fait une nouveauté extraordinaire et vraiment attractive, (du moins pour moi, là il y a peut être quelque chose de particulier, car que je suis jeune et les jeunes auteurs me touchent d'une façon évidente) parce que ces textes parfois noirs ont quand même une fragilité remarquable et terriblement captivante.

Oui un entrechoqueur de mots voilà ce que tu es , et cela fait surgir des images concassées dont parfois le sens échappe mais pas la beauté fulgurante et fracassée

Ton écriture agit comme une déferlante qui brassent images et sensations, et le lecteur est dans la vague, remué, emporté, suffoqué.
Mais il en redemande.

Je ne sais jamais que dire en te commentant Luk, à part j'ai aimé, c'était beau. Piètre commentaire, j'en conviens, mais voilà. Je ne me sens pas capable de décortiquer élément par élément pour expliquer pourquoi, parce que pour moi l'ensemble forme un tout auquel j'adhère complètement et que je prends tel quel.

Je ne vais pas me rajouter au concert d'éloge, bien mérité, qui entoure ce texte. Je l'ai beaucoup aimé, pour la force des sentiments, mais je suis un peu gênée par le rythme monotone de l'enchainement des maux/mots... peut-être une histoire de ponctuation? je suis une commentatrice bien fade et vague...

parfois la phrase est un peu longue
mais le souffle est là qui la soulève et l'emporte vers des terres inconnues

j'aime cette énergie, cette ivresse tragique des mots dont on ne sort jamais indemme

main on n'entre pas dans un tel texte comme dans une auberge

je repasserai