Des-illusions / Elena

- Mais quand est-ce que tu vas te décider à le voir ! C'est pas compliqué de fixer une date. Là, t'as un mec qui s'est fait chier à lire un texte incompréhensible de 60 pages !! Il répondra.
- Je donne un cours à 08h00 demain. Pas comme certains qui commencent à 13h00 !
- Jalouse !
- Et sinon tu as un plan B dans la vie à par servir ou se servir des autres comme d'un garage à sperme ?
- Me chopper le Sida, je suis sûr que ça te ferait plaisir comme plan de carrière.
- J'étais venue vous dire que je vous avais réservé des places pour le concert que je donnerai dans trois jours, mais il n'y en aura pas pour des personnes aussi vulgaires et... et... dépravées !
- Tu sais très bien qu'elle démarre au quart de tour à chaque fois qu'on parle de sexe. Surtout lorsque TU parles de sexe.
- Elle est encore complexée par tout un tas de trucs.
- Je ne me peins en rouge que dans les vitrines.
- C'est drôle. Avec toi j'ai l'impression que la conversation me paraîtra plus facile.
- Une fois que tu seras sortie, on pourrait aller discuter quelque part.
- Ça me ferait plaisir.
- C'est quoi ton problème ? Tu supportes pas d'être encore vierge et ça t'enrage que je prenne mon pied ??
- Je ne rentre pas chez moi en blessant l'amour propre de quelqu'un d'autre !!
- Continue de te comporter comme une sale petite élitiste et tu finiras vieille fille !







One Two Three Four Tell me that you love me more. C'était le jour de la répétition générale. Au deuxième rang sur la gauche, Elena s'installa devant son pupitre l'air guillerette. Sleepless, long nights That was what my youth was for. Elle sortit son violon puis l'accorda. D'abord le la. Elle serra légèrement la corde. Oh teenage hopes are alive at your door. Le ré posa plus de difficulté. Un ton en-dessous. On entendit un do puis un do dièse, et enfin le ré. Left you with nothing But they want some more. Vint le tour du sol. A mi-chemin entre le fa dièse et le sol. Toujours la même petite mélodie. Sol-ré, fa-ré, fa dièse-ré, sol-ré. Le mi s'accorda rapidement, comme à son habitude. Une gamme pour vérifier l'ensemble. Sol-ré-la-mi. Parfait. Oh, oh, oh, You're changing your heart. Elena appréciait beaucoup cet instant où chaque instrument de l'orchestre s'accordait. Certains s'aidaient du piano. D'autres, plus sûrs d'eux, y allaient franco. Elle feuilleta sa partition en attendant que les autres aient fini. Pour ce concert là, elle n'était que deuxième violon mais c'était moins rébarbatif que d'enchaîner des doubles croches de fa et de do durant 32 mesures comme les violoncelles. Elle se pencha vers son sac pour éteindre son portable. Lorsqu'elle se remit droite, elle aperçut une boulette de papier sur son pupitre. Elle l'ouvrit. "One two three four five six nine or ten". Un rictus se dessina sur son visage. Dans la rangée des violoncelles, un jeune homme accordait son do avec son sol. Un petit papier atterrit à ses pieds. Il l'ouvrit. " Money can't buy you back the love that you had then". "Joël ! On n'a pas toute la journée ! Un peu de concentration !!". Joël reprit un air sérieux. Il regarda en direction des violons lorsque le chef d'orchestre se tourna vers les altistes. Elena l'observa une fraction de secondes en lui souriant. Joël lui rendit son sourire. "Bon, on va reprendre à partir du IIeme mouvement, en espérant que TOUS les deuxièmes violons soient plus assidus aujourd'hui !". Elena se retourna vers le chef d'orchestre, porta son violon à son cou et attendit le signal. "Un, deux, trois quatre, cinq, six". Elle jouait ré sib ré sib mib do ré sib ré sib do la mais dans sa tête, Elena pensait Oh, oh, oh, You know who you are.



- Et donc tu passes ton temps à échanger des paroles de chanson à ce violoncelliste avant de débuter chaque répétition ?
- C'est chou non ?
- Elena, comment dire ... Tu as 23 ans, tu es violoniste au CNSM de Paris et tu jettes des boulettes de papiers sur un homme ?
- C'est pas moi qui ait commencé en tout cas. De plus, Joël est plutôt pas mal dans son genre.
- Et dire que je partage mon appartement avec une attardée...
- Ça me permet de me changer les idées Madame Je-déteste-tout-le-monde-et-je-m'ennuie-en-Langues-orientales !
- Et la prochaine étape ce sera quoi ? Vous jouerez à la marelle ? Pense à acheter des cailloux.
- T'as fini de te moquer de moi ?
- Hmm, non !
- Contrairement à toi, il se passe quelque chose dans ma vie !
- Quelque chose ? Et cette fois tu comptes vraiment faire quelque chose ou tu vas attendre de finir vieille fille ?
- ...
- Et ce qu'au moins il t'a fixé un rendez-vous ?
- Euh... non.
- Mais quel boulet ! Remarque, c'est cohérent, il lance des boulettes.
- ...
- Tu sais parfois, lorsqu'on marche toutes les deux dans la rue, les hommes se retournent pour admirer tes cheveux lorsqu'ils sont détachés. Tu l'avais remarqué ?
- Oui et alors ?
- Alors voilà ce que tu vas faire lorsqu'on aura fini de manger et que tu retourneras répéter...



- Princesse Réponse, vous connaissez ?
- Ça me rappelle vaguement quelque chose...
- Dans ce conte, la sorcière enferme Réponse dans une tour sans porte et sans fenêtre en lui faisant croire que le monde était peuplé de monstres horribles.
- Un peu naïve cette princesse.
- Jusqu'au jour où un prince vint à passer près de la tour et s'amouracha de Réponse. Il lui demande alors de passer sa longue chevelure par la fenêtre pour qu'il puisse grimper jusqu'à elle, l'emmener chez lui et l'épouser.
- Comme c'est romantique ! J'adore !! Attendez une seconde, vous pensez que si Lin m'a conseillé de m'occuper de mes cheveux...
- ... c'est pour que Joël grimpe jusqu'à vous et vous emmène chez lui.



De retour à la salle d'art lyrique du CNSM, Elena passa devant la rangée des violoncelles puis se dirigea vers son siège. Joël l'observa défiler. Quelque chose semblait différent chez elle cet après-midi. Une démarche plus gracieuse ? Un chemisier relevé aux coudes et dégrafé au cou ? Une allure moins austère et moins hermétique ? Quelque chose dans le regard aussi. Ses yeux pétillaient lorsqu'elle commençait à discuter avec son voisin. Elle éclatait de rire même. Elena dégagea ses cheveux en arrière puis se plongea dans la lecture de son pupitre. Ses cheveux. Voilà. D'habitude, elle arrivait au conservatoire le chignon sur le crâne. Cet après-midi, de longues boucles brunes ondulaient sur son dos. Massivement. La chevelure s'imposait d'elle-même. "Dis donc, t'as vu cette crinière ?" commenta la voisine de Joël. Il se tourna vers elle. Sa voisine fixait Elena durement. Elle la jalousait. Il fit un tour d'horizon de l'orchestre et remarqua que sa camarade n'était pas la seule à contempler la "nouvelle" Elena. Ce n'était pas une question de maquillage, encore moins de parfum, non. Simplement un lâchement. Un organe attaché jusqu'alors venait de se déployer sous leurs yeux. Joël redressa son violoncelle l'air ahuri. Il reçut un coup de coude de sa voisine : "Mais tu vas arrêter de la mater oui ?!". La répétition reprit de plus belle.

18h. Fin de la journée. Elena ferma sa partition et la rangea ainsi que son violon dans son étui. Elle se leva puis descendit de l'estrade rejoindre la sortie.
- Elena !
Elle se retourna.
- Oui Joël ?
- C'est juste que... tu as l'air rayonnante aujourd'hui.
- Tu comptes rester là à observer ma cascade de cheveux ou bien tu comptes m'inviter à dîner ?
- Euh...
- Entre nous, les boulettes de papier, ça va un temps. Il faut bien passer à l'étape supérieure. Tu fais quelque chose demain soir ?
- C'est-à-dire que...
- Huit heures à l'entrée du Buddha Bar. Ça te convient ?
- Euh...
- Parfait. Je savais que j'avais un bon feeling avec toi ! Alors, à demain soir.
Elle lui tourna le dos et quitta la salle d'art lyrique. Joël restait cloué au sol. Toujours aussi ahuri. Une fois dans les couloirs, Elena paraissait moins sûre d'elle. Sa respiration s'accéléra. La peur l'envahie. Elle accéléra le pas. Encore et encore. Elle bouscula un altiste sur son passage et faillit tomber à la renverse. Stable, elle dévala jusqu'à la sortie :"J'ai... j'ai... j'ai un RENDEZ-VOUUUUUUUUUUUUUUUS !!!!!!!!!!!!". Elle se laissa hurler de plaisir, lâchant son étui des mains et sautillant sur place.

Le soir venu, dans leur appartement, Elena raconta à Lin l'exploit qu'elle avait accompli :
- Tu te rends compte Lin ? Je lui ai donné un rendez-vous. Pas lui. Moi !!
- Merci je ne suis pas sourde. Si tu pouvais éviter d'hurler, les bonnes nouvelles annoncées à tue tête me donnent la migraine.
- Je suis tellement contente...
- Elena, non. Non ! Pas ça !!
- ... que je vais me mettre à pleurer !
- Elena...
Lin leva les yeux au ciel. Elena la prit dans ses bras et se mit à sangloter.
- Pourquoi il faut que ça m'arrive à moi... Je vais vomir...
- Je vais dans ma chambre.
- Bon vent.
Elena s'enferma. Sur la porte, on pouvait lire : "Je suis une princesse et je vous emmerde". Lin soupira en se dirigeant vers le frigidère. Elle se servit un verre d'eau.
- Mon amour, je t'ai vu au beauuuuuuuu milieuuuuuuu d'un rêêêêêêêêêêêve !!!!
Lin recracha aussi sec.
- MON AAAAAAAAA-MOUR un aussi doux rêve n'est queeeeeee présage joli !!!!
- Aurore, sors de ce corps !
- Refusons... ... ... lendemain soient mornes et gris !
- ...
Elena sortit de sa chambre.
- Lin ?
- Quoi encore ?
- Je sais pas quoi mettre pour demain soir.
- Désespérante...



- Il y a deux ans lorsque Thomas lui a proposé qu'ils sortent ensemble, elle était rentrée en hurlant et avait mis La belle au bois dormant de Tchaïkovsky à pleine puissance. La mauvaise musique très forte me donne la migraine...
- Désespoir mis à part, vous êtes quand même contente pour elle ?
- Disons que j'ai vu ce que ça a donné avec Thomas.
- La belle au bois dormant, c'est approprié en fin de compte.
- C'est-à-dire ?
- Une adolescente rencontre un prince charmant, se pique le doigt à une quenouille et s'endort. Et vous bien sûr, en bonne fée que vous êtes, vous redoutez le moment où Maléfique lui ordonnera de toucher le fuseau de la quenouille.
- ...
- Aurore, la princesse, lorsqu'elle se pique le doigt, elle ne fait que perdre son sang. Toutes les adolescentes ont des cycles menstruels. Pourquoi pas Elena ? Vous ne voulez pas la laisser grandir ? Après tout, elle vous donne bien la migraine...



Le lendemain à l'Imprévu, Thomas nettoyait une table jusqu'au moment où une jeune blonde s'assit en face de lui. Il lâcha sa serviette, décocha un regard oblique puis la serra dans ses bras :
- Emma !! Une revenante !!
- Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir.
- Depuis combien de temps tu es revenue ?
- Ils m'ont laissé sortir de l'hôpital hier.
- Dis donc, Sacha m'a raconté que tu as eu la visite d'une certaine danseuse. Tu lui as tapé dans l'œil on dirait !
Elle esquissa un rictus.
- Je la vois ce soir.
- Wow ! Mais il s'en passe des choses quand tu es à l'hôpital. Ce soir c'est le grand soir : toi et Solène, Elena et Joël...
- Avec Solène on va juste au cinéma voir Le secret des poignards volants. Mais c'est qui ce Joël ?
- Un violoncelliste dans l'orchestre d'Elena. Et tu ne sais pas tout : c'est Elena elle-même qui l'a invité.
- Non, tu rigoles ?!
- Il y a du changement dans l'air, ce soir c'est le grand soir !!
Il lui fit un clin d'œil. Elle rit.
- Pour Sacha et Alex aussi d'ailleurs...
- Il s'est enfin décidé ?!
- Il m'a raconté hier comment Warren lui avait arrangé un rendez-vous. Il était surexcité.
- Hein, hein. Je note : Aujourd'hui. 14h23. Emma a dit : "Sacha était surexcité".
- T'es bête...
- Comment ça Sacha est surexcité ? On ne m'a pas mis au courant, déclara Adèle en arrivant. Tiens, une étudiante en arts !
Elle prit Emma dans ses bras et la secoua dans tous les sens.
- Et toi alors ? Raconte !
- Boh, je crois que Mikhaïl est énervé contre moi. Il m'accuserait presque de passer plus de temps le nez plongé dans mes copies plutôt qu'avec lui. Même Elena doit avoir une vie intime plus palpitante que la mienne en ce moment.
- Ce soir, c'est le grand soir !!
- Tu vas arrêter avec ça oui ?!



Le soir venu, Elena et Joël discutaient allègrement à une table du Buddha Bar. Ils évoquèrent La Pastorale de Beethoven. Pastorale qu'ils joueraient le lendemain. Ils parlèrent aussi des manies dictatoriales du Chef d'orchestre, manies qui furent à l'origine des messages échangés sur 1 2 3 4 de Feist. Joël fit une mine déconfite lorsqu'il regarda le prix des menus. Certes, elle avait pris de l'assurance en l'invitant mais Elena n'oubliait pas totalement ses principes : élégance et élitisme. La note sera salée pour Joël. Deux menus cuisine nouvelle et une bouteille de Chardonnay plus tard :
- D'ailleurs, il devrait arrêter de s'agiter autant sur son tabouret. Tu te rappelles la fois où il a faillit basculer par terre devant tout le monde en expliquant comment placer le fortissimo ? "Il faut l'accentuer cette montée, L'AC-CEN-TUER !!" et hop le siège qui manque de valdinguer par terre.
- Tu crois qu'en accentuant un pianissimo son tabouret décollerait comme la fusée Ariane ?
Ils explosèrent de rire.
- Moi, je me rappelle ce Masterclass pour violon. Tu portais une robe rouge. Elle laissait entrevoir tes reins. On ne voyait que toi sur scène.
- ...
- Je veux dire, je ne voyais que toi.
Elena rougit et baissa les yeux.
- Je ne savais pas que tu avais assisté à ce Masterclass.
- Je ne savais pas que tu nous cachais des arabesques aussi vertigineuses avec tes chignons.
Elle leva la tête, le regarda furtivement puis tourna les yeux ailleurs. Il posa délicatement sa main sur la sienne.



Dehors, Emma et Solène longeaient tranquillement le Boulevard Montparnasse en direction de Port Royal :
- J'aime beaucoup cette scène où Zhang Ziyi joue à "Suis mon chemin". Elle est là, au milieu de tous ces gongs, Andy Lau lance des noix dessus et elle doit tenter de deviner quel gong a vibré. Elle projette ses longues manches roses sur tous ces gongs. Le rythme s'accélère. On a presque l'impression qu'elle est en train de voler dans l'espace. Les plans se succèdent à une allure frénétique. Sans compter sur le fait qu'elle est censée être aveugle. Oh et puis la musique qui va avec. Non, vraiment. J'apprécie énormément ce passage.
Solène se mit à rire.
- J'ai dit une bêtise ?
- Non, non. Au contraire. Je ne pensais pas que Suis mon chemin t'intéresserait autant. C'est tout.
- Ce n'est pas important pour toi de pouvoir être capable de suivre l'autre malgré le fait de savoir pertinemment que tu marcheras à l'aveuglette ?
Solène sourit.
- Si, bien-sûr. Je trouve même que c'est essentiel. Sentir que l'autre nous soutienne, nous comprenne.
Emma s'arrêta de marcher.
- On est arrivé à mon immeuble.
- Ok.
- J'ai passé une très bonne soirée. Merci pour l'invitation.
- Ravie que ça t'ait fait plaisir.
Emma l'embrassa furtivement puis s'engouffra dans l'immeuble laissant Solène seule dans la rue. Derrière la porte d'entrée, Emma posa une main sur sa poitrine comme pour appuyer sur un bouton anti-stress imaginaire. Elle se laissa glisser le long de la paroi jusqu'au sol. Le regard dans le vide, elle monologua intérieurement : "J'ai passé une très bonne soirée".



Dans un autre arrondissement, Sacha quittait l'appartement d'Alex pour rentrer. Il marmonna :
- Bon bah... euh... c'était sympa.
- Bon... Rentre bien.
Ils se saluèrent puis la porte se ferma. Sacha descendit les escaliers, ses pieds s'engourdirent au point qu'il s'arrêta pour s'asseoir un instant. "J'aurai dû... je... j...". Il prit peur puis blottit sa tête contre ses mains pour se calmer.



Près du métro Pasteur, Joël invitait Elena à monter jusqu'à sa chambre.
- Ne t'inquiètes pas, ils dorment.
- T'es sûr qu'on ne va pas les réveiller ?
- Aucun souci.
- Joël... Tu sais... C'est la première fois que...
- On ne va pas trop vite pour toi ?
Elena ne répondit pas. Elle se contenta de déposer ses lèvres sur les siennes. Sereinement. Ils montèrent les marches à pas feutré puis Joël ferma délicatement la porte de sa chambre. Le lendemain, Elena fut réveillée par l'odeur du café expresso que Joël lui avait préparé. Elle ouvrit faiblement les yeux et s'étira. Joël la contemplait assis sur une chaise à proximité du lit. "L'expresso de Mademoiselle est servi". Elena bailla, fixa la tasse de café puis se tourna vers Joël l'air gênée : "Tu n'aurais pas plutôt un verre d'eau ?".



Warren débarqua au Conservatoire vers 18h30. Elena s'était finalement décidée à lui céder une place. Il passa l'accueil puis alla rejoindre les autres dans la salle d'art lyrique. Il s'assit à côté d'Emma.
- Alors ? Comment ça s'est fini ?
- Pas envie d'en parler, répondirent Emma et Sacha à l'unisson.
- C'était le grand soir hier pourtant, s'étonna Thomas.
- Vous voulez pas nous oublier cinq minutes ? supplia Sacha.
- Moi je vous oublie 24h/24 ! répondit Lin.
- C'est bizarre, tous les deuxièmes violons sont sur scène mais je ne vois pas Elena, s'inquiéta Adèle.
- En train de se pouponner sans doute, pensa Mikhaïl.
Aux toilettes femmes, Elena se lavait joyeusement les mains. Elle sortit puis entendit deux voix en provenance des toilettes hommes. L'une d'elle appartenait à Joël :
- Et alors ?
- C'était moins compliqué que ça en avait l'air. Tu l'aurais vu hier, une vraie chaudasse. Tu vois d'habitude au CNSM elle se donne un air de nonne, mais au plumard, pouf, envolée la vierge.
- Putain ! Et sinon ça avance avec la flutiste ?
- Avec elle ça sera moins rapide. Elle n'est pas aussi niaise.

Ving minutes après, Warren se rendit aux toilettes. Il entendit des pleurs chez les femmes. Il ouvrit la porte.
- Elena ? C'est toi ?
- Va t-en !
- Elena, je sais pas toi mais il paraît que tu joues dans... ah tiens, maintenant ! Alors tu vas me dire ce qui t'arrive et après tu sortiras de ce foutu cabinet !
Une femme entra à son tour.
- Mais enfin ! Ce sont pour les femmes ici !!
- Mais enfin ! Bouge de là la vioque !
Une fois seuls de nouveau. Warren toqua à la porte d'Elena :
- Hey ma grande, tu veux pas me raconter ce qui t'arrive ?
- J'ai... J'ai surpris Joel en pleine conversation avec un de ses amis. Il lui racontait... il lui racontait...
- Laisse-moi deviner, ce connard s'est pris pour Valmont et il t'a bien baisé.
- ... Je veux rentrer chez moi...
- Elena, tu vas te nettoyer le visage à l'eau froide, personne ne verra que tu as pleuré, ignore Joël le restant du concert et basta. Tu vas pas rater une occasion de jouer à cause du premier p'tit con venu, non ?
Elena ouvrit son cabinet. Warren l'aida à se relever puis passa la main dans son dos pour la réconforter. Elle se dirigea vers un lavabo, se rinça le visage et soupira un moment.
- Et là, ça va mieux ?
- Warren ?
- Ouais ?
- J't'ai pas dit mais... je l'ai bien baisé moi aussi.
- T'es bête...

Oui, ça me plaît toujours, cette déclinaison du vide, c'est bien foutu.

Quelques remarques à faire, peu importantes, je me contenterai de celle-ci :
"Sereinement. Ils montèrent les marches à pas feutré puis Joël ferma délicatement" (les deux adverbes en "ment" sont rapprochés)

Sinon, j'ai vu le dessin animé moi aussi, le deuxième vers c'est "Mon amour, un rêve si doux est un présage joli".

socque a écrit:Oui, ça me plaît toujours, cette déclinaison du vide, c'est bien foutu.

Quelques remarques à faire, peu importantes, je me contenterai de celle-ci :
"Sereinement. Ils montèrent les marches à pas feutré puis Joël ferma délicatement" (les deux adverbes en "ment" sont rapprochés)

Sinon, j'ai vu le dessin animé moi aussi, le deuxième vers c'est "Mon amour, un rêve si doux est un présage joli".

... "un aussi doux rêve est un présage joli"

Allons bon, j'aurais un faux souvenir ? J'avoue : je ne sais pas écouter les liens Youtube sur mon ordinateur (j'ai rendu tout muet et je ne sais plus comment remettre le son ; mon fils, qui sait, n'est pas là).

Je vous le mets, je ne sais même pas si c'est en français ou en anglais. Si c'est en français et que vous écoutez, vous me direz.

https://www.youtube.com/watch?v=00gsQ6zQIpE

socque a écrit:Allons bon, j'aurais un faux souvenir ? J'avoue : je ne sais pas écouter les liens Youtube sur mon ordinateur (j'ai rendu tout muet et je ne sais plus comment remettre le son ; mon fils, qui sait, n'est pas là).

Je vous le mets, je ne sais même pas si c'est en français ou en anglais. Si c'est en français et que vous écoutez, vous me direz.

https://www.youtube.com/watch?v=00gsQ6zQIpE

rectif:
1er couplet:
aurore:
"... un aussi doux rêve est un présage d'amour"

2ème couplet:
le prince:
"... un aussi doux rêve est un présage joli"

voilà

La musique adoucit les moeurs ... je n'avais pas aimé l'autre fois ; là j'ai trouvé ça plutôt sympathique, j'aime bien l'ambiance, j'aime bien cette écriture neutre sans être froide, un peu comme un constat humain (?)
Maintenant, je ne dis pas que j'en lirais des pages mais pour cette fois c'est plutôt positif.

et pardon enyo, promis je lirai et commenterai le texte plus tard

Merci pour l'info grieg ! J'avais bien un faux souvenir...

Par moments, c'est proche de la confusion et en même temps, ça reste sur les rails, ça tient la route et ces variations multiples sont plaisantes.

Petit bémol sur des descriptions parfois longues, au début du texte, sur l'installation et la préparation des instruments. Je sais que cette façon de faire rend tout cela somme toute très visuel mais à la lecture, ça risque d'égarer.

Sinon, j'aime cette manière de raconter les petits riens du quotidien quand ils sont exceptionnels dans l'existence de celui qui les vit. Les personnages en deviennent attachants et l'histoire se laisse lire avec aisance.