Nostalgie-amertume

L’autre fois, j’ai pensé tard le soir,
Tourmenté par ton refus de me voir.
Je me suis couché au lac de mes larmes,
Un flot d'amertume me couvrait toute l'âme .

L’autre fois, j’ai tellement souhaité
M’enfuir de cette solitude de saint,
Courir mille lieues en bois, j’ai souhaité
Pour poser ma main sur ton sein.

L’autre fois j’ai rêvé de baisers voraces
Au creux de mon lit refroidi
J’ai simulé ton amour et tes non-dits
Et ton corps là, à ta place.

J’aurais aimé voir tes courbes radieuses
Esquisser les rayons du soleil le matin
Et j’aurais baisé tes lèvres pieuses,
Faisant courir sur ta nudité ma main.

Mais le soleil qui se coucha
Au crépuscule de tous ces vœux
N’est ni la pâle tristesse ni l’aveu
De te dire ce que mon cœur te cacha.

Et mon âme d’intrépide rugueux,
Jardin verdoyant des sensations d’alors
Contre nulle crainte n’est ni exempt ni fort
Comme un fortuné que l’amour rend gueux.

Je ne suis plus aussi invincible
Que la rumeur le tait
Le vent de l’amour m’a porté ses plaies
Et désormais à mon cœur, rien n’est dicible
Hormis la nostalgie de ce que notre amour était.

Je ne sais pas quelle importance revêt pour toi le fait d'écrire en vers rimés, vers d'éther, mais là je verrais bien la même chose en vers libres qui permettraient, à mon avis, plus de liberté dans l'expression ; par exemple, ici, cette strophe m'a choquée sur deux comptes :

L’autre fois, j’ai tellement souhaité
M’enfuir de cette solitude de saint,
Courir mille lieues en bois, j’ai souhaité
Pour poser ma main sur ton sein.

avec la répétition de "souhaité" et "la solitude de saint" pour rimer avec "sein" ; je sais bien bien qu'en poésie on peut tout dire, mais je la trouve bizarre cette formule. Facétieusement je me demande si tu avais eu une "solitude d'ermite" avec quoi tu aurais pu faire rimer !

Autre chose, ici, où l'expression me semble confuse, maladroite, voire contradictoire.

Je ne suis plus aussi invincible
Que la rumeur le tait

Dans l'ensemble, j'ai trouvé que, si le poème dégageait bien en effet l'amertume de la solitude amoureuse, l'expression était plutôt lourde et assez attendue (par exemple : "Je me suis couché au lac de mes larmes").

Easter, c'est toujours un plaisir de te savoir là pour me contrecarrer quand je m'entraine à faire du n'importe quoi. (Mais non, je rigole...)
Pourquoi écris-je en vers rimés? Je ne sais pas pour être franc mais c'est un fait en moi car quand je me mets à écrire, les rimes m'arrivent comme naturellement, d'où peut-être le côté "péché dans la facilité" que tu as noté puisqu'après je les retravaille difficilement.

Dans la strophe que tu as noté, j'ai voulu établir une apathie non seulement sur la forme mais aussi sur le fond, (lourdeur de l'amertume); sans doute était-ce mon état lorsque je l'écrivais; Le retour de "souhaité" m'a paru approprié pour faire ressortir moults souhaits que j'aurais eus mais qui ne fussent éxaucés.

"Je ne suis plus aussi invincible
Que la rumeur le tait"
Contradictoire, bien sûr! Dans la formule usuelle, j'aurais dû dire "Comme la rumeur le dit" mais ce fait de contradiction vient aussi s'établir pour étayer cet état interne (d'apathie et de mal-être) que la rumeur tait, parce qu'en fait elle ne le comprend pas. Voyez ici en la rumeur, une globalisation de mon destinataire (Annie) qui comme je le pense ici, ne m'a jamais comprise.
Par ailleurs, je suis d'accord avec le côté attendu qui s'y ressent, mais ne serait-ce pas là une manière inconsciente de dire en fait que toutes les déceptions amoureuses sont pareilles et que les souffrances qui nous traversent en ces chemins nous sont communes? Je ne sais pas moi-même...
Je te proposerai une retouche en début de semaine!

Merci de ton attention.

Bon Samedi.

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J'ai les mêmes "reproches" ou "remarques" que toi dans mes textes "vers d'éther."
Je trouve un poème en rime beaucoup plus beau et plus fort qu'en prose.
Mais il est vrai que l'exercice est difficile et seuls les grands arrivent à faire oublier la rime (Rostand Beaudelaire etc...).

Je pense qu'on tombe dans la facilité à un moment ou à un autre pour faire justement la "rimaille" au lieu de s'arréter et de repenser au fond du texte et de trouver la rime "juste" car chaque mot a sa rime "juste" je crois.

J'ai lû ton texte avec un grand plaisir.

Le sujet me laisse de marbre, ça n'aide pas. De plus, cettte régularité quasi mathématique donne à l'ensemble une allure artificielle qui n'arrange pas les choses en ce qui me concerne.
Mauvais public donc je suis et me voilà passée à côté d'un texte sans doute bien écrit mais trop formaté à mon goût, désolée.

Idem, restée à côté.

En ce qui concerne la rime, quand on arrive à s'en libérer, c'est au contraire là que le texte prend toute sa force, je trouve. Les sonorités, de toutes façons elles sont là, puisque la langue française, comme les autres, n'a qu'un nombre limité de sons, donc ça va revenir à un moment où à un autre, quoi qu'il en soit, qu'on le veuille ou non. Et puis, les sonorités internes au vers, c'est plus intéressant à mon sens. Le fait de les retrouver à chaque fin de vers, tout comme Sahkti, je trouve ça donne un côté très artificiel, surfait, dans la démonstration, surtout que le choix des mots en dépend, alors que parfois, d'autres mots, qui ne riment pas, auraient plus justement leur place là, plus de gueule aussi, percuteraient. Et finalement c'est parfois plus difficile de trouver la rime, du coup on se rabat sur des termes bien commun du style amour/toujours.

Je me permets de dire ça parce que je l'ai beaucoup fait aussi, et que je me laisse tenter encore parfois, que ce soit sonorité ou jeux de mots faciles, mais on m'avait fait une remarque dans cet esprit il y a quelque temps, et ça m'avait vraiment aidé à aller voir ailleurs, tenter d'autres choses. Et puis c'est aussi un "confort" d'écriture.

Je suis d'accord avec toi Lyra mais je compare ça par exemple aux cours de théâtre ou de musique où tu travailles du classique pour ensuite pouvoir jouer avec aisance du "public".

D'accord, avec toi Laura Will, quant au côté "nombre de mots limité" de la langue française. J'ai souvent ressenti cet ennui, certaines fois, je dois l'avouer, où ce sont sans cesse les mêmes mots qui me reviennent pour s'établir en couple de rimes. Mais que voulez-vous? Il faut bien commencer par quelque chose, écouter les critiques et s'adapter si on veut finir dans ce métier. Moi, je pense qu'il m'était opportun de faire mes débuts dans la poésie classique - comme l'a noté Manu- avant de faire autre chose. Peut-être que j'y penserai prochainement...qui sait? Peut-être aussi que cette exigenge de la poésie classique me rendra aguerri pour tout autre type d'écrit.

En tout cas, merci de vos remarques!

Désolé, Lyra Will!


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