Journée

Même pas foutu d’écrire une ligne.
Il a pas assez dormi, c’est évident. Il a encore fallu qu’il s’emporte, la veille. Crevé comme il était, quelle idée de se réveiller à 7h ?
Du coup, il se sent « en dehors ». Bon à rien, mauvais en tout. Il aimerait pourtant participer, poser son emprunte, ne serait-ce qu’une petite dans toutes ces fluctuations, tous ces changements auxquels il assiste, avoir un sursaut de volonté, sentir les possibilités s’offrir à lui et pouvoir les saisir sans trop d’efforts, se dire qu’il n’a pas perdu sa journée, que même s’il est pas trop en forme, il fera mieux demain, que s’il y a des hauts, c’est qu’il y a aussi bas, que ça ira mieux, qu’il s’achètera un meilleur café plus dynamisant, que finalement il aura le temps de finir son boulot demain, qu’il avait besoin de se reposer un peu, d’avoir la tête un peu moins lourde, qu’il verra que ça lui est bénéfique, mais il peut pas.
Il sent que cette cage s’est à nouveau abattue sur lui. Une cage de verre, si étroite qu’il ne peut faire aucun mouvement. Une cage qui lui permet d’observer tout mais de n’agir sur rien. L’issue de secours est entrouverte mais lui, il n’a pas la force de bouger son petit bras frêle pour la pousser. Il reste là, endolori même s’il s’habitue à cette posture désagréable. Il reste dans les fers et essaie de s’en accommoder, à défaut de briser les chaines.
Alors, il traine, il passe le temps. Il envoie quelques mails pour essayer de se persuader qu’il n’a pas perdu sa journée, inutilement. Il s’informe de la vie des autres, parce qu’il ne peut plus contribuer au développement de la sienne. Il veut établir des contacts, voire découvrir de nouvelles personnes. Mais les mots lui manquent, ils sont aux bords des lèvres mais s’évanouissent dans un souffle, le laissant seul. Il se demande pourquoi lui ? Il a l’impression qu’il est le seul à qui ça arrive, ce genre de truc, ce sentiment gluant qui le colle toute la journée, qui donne des nausées de temps en temps, qui tel la marée, lui fait boire la tasse quand l’eau monte subitement.
Il n’est pas si inactif mais n’agit pas de la manière dont il le voudrait. Il s’enfonce plus profondément dans son état au fil de la journée. Il écoute une chanson qui parle de belles jonquilles, il lit des textes qui provoquent des interrogations. Ce genre de trucs. Il sait qu’il devrait pas, mais il recherche la misère parce qu’il lui faut une base pour se sentir mal, parce que à l’heure actuelle il est trop troublé de ne pas savoir ce qui se passe, pas savoir « pourquoi c’est pas comme d’habitude ? »
Enfin, il sait que ça passera, au fond, que tout ceci est passager. Ca l’attriste un peu, d’ailleurs. Voire ça l’attriste beaucoup, de savoir que tout ceci n’est qu’aléatoire, de savoir qu’il ne contrôle pas ce sentiment, qu’après une bonne nuit de sommeil il aurait pu être frais et prêt à affronter n’importe quel problème, que ce sera sûrement le cas demain, qu’il se demandera ce qui a pu arriver la veille, qui était cet « autre » qui avait pris place. Ouais, un peu schizo quand même.
Alors, il écrit, c’est tout ce qu’il a pu trouver. Il met du temps, cherche un sujet, réfléchit longuement avant de trouver les mots pour qu’au moins ça forme quelque chose de concret. Finalement, il se dit que le mieux c’est de donner une consistance à cette journée flottante, cette journée passagère qui, en la mettant sur papier, sera peut-être plus facile à oublier.

Ce vague à l'âme est bien rendu, je trouve, mais le sujet en soi ne me passionne guère, il me paraît rebattu. Mais une sincérité, une simplicité dans ce texte me plaisent. L'expression est directe, la narration distanciée.
Cela dit il ne faudrait pas, je pense, que le texte soit plus long, il risquerait de lasser, parce que :
« Il a l’impression qu’il est le seul à qui ça arrive », c'est une fausse conception !

Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !

Quelques remarques de langue :
« poser son empreinte »
« que s’il y a des hauts, c’est qu’il y a aussi (des ?) bas »
« à défaut de briser les chaînes.
Alors, il traîne »
« qui telle la marée »
« n’agit pas de la manière dont il le voudrait » : ici, je pense qu’il faudrait écrire « n’agit pas de la manière qu’il voudrait », parce que l’emploi de « dont » forme redondance, à mon avis, avec le « de la manière » ; c’est comme si vous écriviez « il n’agit pas de la manière de qu’il voudrait »
« Ça l’attriste un peu »

Un peux troublé par ce texte. J'ai du mal à en saisir le contenu.
Par ailleurs je pense, et ça n'engage que moi, que narrer le récit à la première personne aurait été plus immersif.

Le bienheureux ! Rien qu'un peu de sommeil ne saurait guérir...
Je me moque un peu c'est vrai parce que ça me paraît bigrement mince comme argument et parce que je manque de sommeil, ce qui joue sur mon humeur (en plus, c'est strictement vrai). Cela dit, c'est plutôt bien relaté, réaliste, sans fioritures pseudo-psycho-artistico-romantico-pénibles à lire ; chacun s'y reconnaîtra peu ou prou.

J'ai bien aimé. Il ya des petites choses à changer peut-être... cage de verre ou chaînes aux pieds ? Mais ça peut-être les deux au fond.
J'aime beaucoup cette façon de s'auto-analyser comme si on était quelqu'un d'autre.

journée dure pour écrire. faut-il se sentir mal à l'aise pour griffonner quelque chose?

c'est un premier jet d'un récit.

Pas réussi à entrer dans ce texte, désolée. La narration m'a parue très linéaire, trop à mon goût et le sujet m'a agacée, cette plainte proche du gémissement qui n'est qu'une contemplation de nombril de la part d'un homme qui cherche l'inspiration (je parle bien entendu ici du personnage du texte et non de l'auteur de celui-ci!). Il y a comme une résignation chez lui qui l'arrange bien, elle lui permet de se plaindre sans forcément chercher à faire bouger les choses et rapidement, la lectrice que je suis a trouvé que ça tournait pas mal en rond.

un fainéant ? un procrastinateur ? on ne saura pas
en tout cas, il n'est pas enthousiasmant ton "héros"
quelques fautes de langue