Journée à Trémelin
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Journée à Trémelin
Dimanche, en pays de Brocéliande sur le domaine de Trémelin, quelques artistes téméraires ont sorti toiles et chevalets pour aller à la rencontre du public. Du matin au soir le petit monde des humains s'est activé, chacun à sa façon, sur ce site où la roche et la lande se partagent le terrain, et invitent le promeneur à pousser plus loin la balade, dans les bois environnants ou autour de l'étang.
En matinée, place aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande, le midi et l'après midi ambiance joyeuse dans les restaurants du site ; esprit guinguette et bal musette.
Il y a eu du passage, le temps a été clément, juste quelques gouttes qui n'ont pas réussi à perturber l'ambiance festive, le vent a dispersé les nuages et le soir, après le départ des danseurs, envolés avec les dernières notes de musique, les lieux se sont empreints de douceur et enveloppés d'un calme magique.
C'est l'heure à laquelle une femme, jeune, est venue promener ses deux immenses chiens, un berger Belge et un dogue, des animaux vraiment impressionnants. Elle est passée plusieurs fois devant moi, a tourné autour du barnum, est revenue, a tourné encore... elle me regardait avec insistance, nous avons engagé la conversation, avons parlé couleur, j'étais là pour ça...son regard semblait me poser d'autres questions, attendait une réponse que je ne pouvais lui donner.
En soirée, alors que j'avais pratiquement rangé tout mon matériel elle s'est à nouveau approchée de moi et m'a posé la question :
"- Dîtes-moi, avez vous retrouvé votre enfant ?
- Quel enfant ?
- Celui que vous cherchiez hier soir.
- Où ?
- Ici, votre enfant avait disparu et vous l'avez cherché, appelé toute la
soirée.
- Mais je n'étais pas là hier soir et mes enfants sont maintenant bien grands, ils ne m'accompagnent plus depuis longtemps !
- Pourtant c'était bien vous que j'ai vue hier soir, je ne vous ai pas oubliée
- Je vous assure que je n'étais pas là, je serais bien venue repérer les lieux mais je ne l'ai pas fait !
- Bizarre, j'aurais juré que c'était vous, la même silhouette, le même visage, la même coupe de cheveux, les mêmes lunettes.
- Alors vous avez rencontré mon sosie."
Sur le coup cette conversation m'a amusée, mais lorsque j'y pense et que j'imagine tous les êtres qui hier, aujourd'hui, demain se sont croisés ou se croiseront sur ce site, cet enchevêtrement de destins différents ou de périodes différentes de la vie d'une même personne, je me dis qu'en esprit des vies qui s'ignorent peuvent se côtoyer, cohabiter ...mystère du temps aboli.
Je venais sur ce site avec mes enfants jeunes, le domaine de Trémelin leur offrait un espace pour jouer sans une surveillance trop rapprochée de notre part. Mon mari, quand à lui, bien avant notre rencontre, avait pris en photo un couple d'amis avec leur enfant ; image du bonheur familial...Combien de fois ne sommes nous pas venus ici ! Nous ne savions pas qu'un jour j'y viendrai pour partager avec mes semblables ma passion des couleurs et ma sensibilité.
Alors, était-ce moi qui appelais mon enfant perdu ?
" Non Madame, jamais mon enfant n'est revenue et je la pleure encore."
Et plus tard, reviendrai-je en ces lieux ? Peut-être danserai-je sur la piste, à moins que certains regards ne me voient, irréelle, surgir de l'enchevêtrement des ronces et des genêts.
En matinée, place aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande, le midi et l'après midi ambiance joyeuse dans les restaurants du site ; esprit guinguette et bal musette.
Il y a eu du passage, le temps a été clément, juste quelques gouttes qui n'ont pas réussi à perturber l'ambiance festive, le vent a dispersé les nuages et le soir, après le départ des danseurs, envolés avec les dernières notes de musique, les lieux se sont empreints de douceur et enveloppés d'un calme magique.
C'est l'heure à laquelle une femme, jeune, est venue promener ses deux immenses chiens, un berger Belge et un dogue, des animaux vraiment impressionnants. Elle est passée plusieurs fois devant moi, a tourné autour du barnum, est revenue, a tourné encore... elle me regardait avec insistance, nous avons engagé la conversation, avons parlé couleur, j'étais là pour ça...son regard semblait me poser d'autres questions, attendait une réponse que je ne pouvais lui donner.
En soirée, alors que j'avais pratiquement rangé tout mon matériel elle s'est à nouveau approchée de moi et m'a posé la question :
"- Dîtes-moi, avez vous retrouvé votre enfant ?
- Quel enfant ?
- Celui que vous cherchiez hier soir.
- Où ?
- Ici, votre enfant avait disparu et vous l'avez cherché, appelé toute la
soirée.
- Mais je n'étais pas là hier soir et mes enfants sont maintenant bien grands, ils ne m'accompagnent plus depuis longtemps !
- Pourtant c'était bien vous que j'ai vue hier soir, je ne vous ai pas oubliée
- Je vous assure que je n'étais pas là, je serais bien venue repérer les lieux mais je ne l'ai pas fait !
- Bizarre, j'aurais juré que c'était vous, la même silhouette, le même visage, la même coupe de cheveux, les mêmes lunettes.
- Alors vous avez rencontré mon sosie."
Sur le coup cette conversation m'a amusée, mais lorsque j'y pense et que j'imagine tous les êtres qui hier, aujourd'hui, demain se sont croisés ou se croiseront sur ce site, cet enchevêtrement de destins différents ou de périodes différentes de la vie d'une même personne, je me dis qu'en esprit des vies qui s'ignorent peuvent se côtoyer, cohabiter ...mystère du temps aboli.
Je venais sur ce site avec mes enfants jeunes, le domaine de Trémelin leur offrait un espace pour jouer sans une surveillance trop rapprochée de notre part. Mon mari, quand à lui, bien avant notre rencontre, avait pris en photo un couple d'amis avec leur enfant ; image du bonheur familial...Combien de fois ne sommes nous pas venus ici ! Nous ne savions pas qu'un jour j'y viendrai pour partager avec mes semblables ma passion des couleurs et ma sensibilité.
Alors, était-ce moi qui appelais mon enfant perdu ?
" Non Madame, jamais mon enfant n'est revenue et je la pleure encore."
Et plus tard, reviendrai-je en ces lieux ? Peut-être danserai-je sur la piste, à moins que certains regards ne me voient, irréelle, surgir de l'enchevêtrement des ronces et des genêts.
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 70
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: Journée à Trémelin
J'imagine qu'en pays de Brocéliande tout est possible.
Un beau texte bien écrit, pudique, peut-être un peu trop académique ; une pointe de mystère... et un petit quelque chose qui me manque, peut-être du côté des personnages que j'aurais aimés plus attachants, paradoxalement plus "réels".
Un beau texte bien écrit, pudique, peut-être un peu trop académique ; une pointe de mystère... et un petit quelque chose qui me manque, peut-être du côté des personnages que j'aurais aimés plus attachants, paradoxalement plus "réels".
Invité- Invité
Re: Journée à Trémelin
Je suis d'accord avec Easter(Island). Pour moi, la volonté de faire dans l'understatement finit par étouffer le texte. En outre, dans cet effacement général, l'expression : " partager avec mes semblables ma passion des couleurs et ma sensibilité" jure, je trouve, elle recentre tout le texte sur la narratrice qui me paraît tout de suite un peu trop contente d'elle.
Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !
Remarques de langue :
« Dites-moi, avez-vous (trait d’union) retrouvé »
« Combien de fois ne sommes-nous (trait d’union) pas venus »
« Nous ne savions pas qu'un jour j'y viendrais pour partager »
Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !
Remarques de langue :
« Dites-moi, avez-vous (trait d’union) retrouvé »
« Combien de fois ne sommes-nous (trait d’union) pas venus »
« Nous ne savions pas qu'un jour j'y viendrais pour partager »
Invité- Invité
Du presque fantastique.
Si l'explication, même alambiquée et improbable, ou du moins, si un lien même ténu existait entre l'histoire de cette disparition et la narratrice, on se situerait dans un champ fantastique. Là, il y a comme une amorce, mais elle n'est pas exploitée. On en reste donc à vérité, certes, les destins s'entrecroisent, à une échelle vertigineuse. Mais ce qui pourrait fonctionner dans un texte long ( envoyer le lecteur sur une fausse piste, lui faire le "un coup pour rien" ) ne marche pas sur un texte court. Dans un roman, why not, mais à cette échelle, c'est se condamner à lancer un pétard mouillé. En conséquence, ce texte finement écrit, qui aurait pu être finement mené, tourne un peu à vide. Il faudrait, si on veut laisser le lecteur pantois, trouver le lien entre les chiens ( sinon, pourquoi en parler ? ), les gamins disparus, et la personne qui pose la question. Enfin, moi, c'est ce que j'aurais fait. Maintenant, ce que j'en dis...
En tous cas, c'est faisable et, d'après ce que je lis, tu m'en as l'air capable.
Ubik.
En tous cas, c'est faisable et, d'après ce que je lis, tu m'en as l'air capable.
Ubik.
Re: Journée à Trémelin
Un début un peu neutre, mais avec Brocéliande, mon capital curiosité est maximal.
Et puis ces phrases : En matinée, place aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande, le midi et l'après midi ambiance joyeuse dans les restaurants du site ; esprit guinguette et bal musette.
Il y a eu du passage, le temps a été clément, juste quelques gouttes qui n'ont pas réussi à perturber l'ambiance festive, le vent a dispersé les nuages et le soir, après le départ des danseurs, envolés avec les dernières notes de musique, les lieux se sont empreints de douceur et enveloppés d'un calme magique. Et là, grosse déception : j'ai l'impression de lire le compte rendu d'une journée organisée par l'amicale laïque !
La suite pourtant plus mystérieuse ne parvient pas à effacer cette impression désastreuse.
Une autre fois, peut-être...
Et puis ces phrases : En matinée, place aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande, le midi et l'après midi ambiance joyeuse dans les restaurants du site ; esprit guinguette et bal musette.
Il y a eu du passage, le temps a été clément, juste quelques gouttes qui n'ont pas réussi à perturber l'ambiance festive, le vent a dispersé les nuages et le soir, après le départ des danseurs, envolés avec les dernières notes de musique, les lieux se sont empreints de douceur et enveloppés d'un calme magique. Et là, grosse déception : j'ai l'impression de lire le compte rendu d'une journée organisée par l'amicale laïque !
La suite pourtant plus mystérieuse ne parvient pas à effacer cette impression désastreuse.
Une autre fois, peut-être...
Invité- Invité
Re: Journée à Trémelin
Quel enfant perdu ?
C'est là que j'ai perdu le fil. Nulle part il n'est fait allusion à un enfant absent, à un regret, un chagrin refoulé qu'aurait pu raviver cette apparition. Du moins je ne l'ai pas ni captée, ni sentie.
Et c'est dommage. Et je suis un peu déçue, tellement Brocéliande évoque de choses pour moi.
et aussi, ceci :
: Mon mari, quant à lui,...
C'est là que j'ai perdu le fil. Nulle part il n'est fait allusion à un enfant absent, à un regret, un chagrin refoulé qu'aurait pu raviver cette apparition. Du moins je ne l'ai pas ni captée, ni sentie.
Et c'est dommage. Et je suis un peu déçue, tellement Brocéliande évoque de choses pour moi.
et aussi, ceci :
: Mon mari, quant à lui,...
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: Journée à Trémelin
Comme Coline, je reste un peu déçue du côté trop "narration de la journée à Brocéliande" pour le journal local. Je n'ai rien trouvé à quoi m'attacher ou me raccrocher, intrigue, événement troublant, chute inattendue... Il manque le doute possible (piste que j'avais cru entrevoir, à tort je pense) sur la réalité d'une rencontre mais à une autre époque qui serait soudain devenue hier...
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Journée à Trémelin
C'est bien écrit, le début est intriguant et attirant mais la seconde partie me laisse un peu sur ma faim, car elle s'embarque dans des réflexions psychologiques qui n'aboutissent pas forcément à quelque chose et tombent même à plat par moments. Dommage car tu disposes d'un bon potentiel d'écriture, je trouve, et tu aurais pu approfondir cette atmosphère que tu as créée de jolie manière.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Journée à Trémelin
J'ai voulu raconter une anecdote -réelle- que je trouvais intéressante. J'ai choisi un style volontairement journalistique que je ne destinais pas à l'édition.
Le vrai travail d'écriture devrait commencer, en fait, au moment où je termine cette narration.
La réponse faite mentalement à la jeune femme est le début d'une nouvelle qui pourrait prendre une dimension fantastique.
Je pense que je reviendrai sur cette histoire ; une rencontre aussi étrange mérite d'être exploitée.
Le vrai travail d'écriture devrait commencer, en fait, au moment où je termine cette narration.
La réponse faite mentalement à la jeune femme est le début d'une nouvelle qui pourrait prendre une dimension fantastique.
Je pense que je reviendrai sur cette histoire ; une rencontre aussi étrange mérite d'être exploitée.
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 70
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: Journée à Trémelin
La réponse faite mentalement à la jeune femme est le début d'une nouvelle qui pourrait prendre une dimension fantastique.
Je pense que je reviendrai sur cette histoire ; une rencontre aussi étrange mérite d'être exploitée.
Je crois qu'effectivement tu tiens là l'amorce de quelque chose à développer sur du long ou moyen terme. Je t'y suivrai bien volontiers, d'autant que Brocéliande ... Bienvenue sur Vos Ecrits !
Re: Journée à Trémelin
Bonsoir !
« Je serais bien venue repérer les lieux mais je ne l'ai pas fait ! »
Comme l'invisible farfadet de votre autre texte, je crois qu'il n'y a rien de plus à ajouter…
« Je serais bien venue repérer les lieux mais je ne l'ai pas fait ! »
Comme l'invisible farfadet de votre autre texte, je crois qu'il n'y a rien de plus à ajouter…
Enyo- Nombre de messages : 64
Age : 39
Date d'inscription : 06/09/2009
Re: Journée à Trémelin
Oups, rayez le farfadet, je me trompe d'auteur…
Enyo- Nombre de messages : 64
Age : 39
Date d'inscription : 06/09/2009
Re: Journée à Trémelin
Avec l'explication que ce texte amène le récit proprement dit, passe... sauf qu'il aurait fallu que ledit récit existe.
Personnellement, je n'ai pas très bien vu où tout cela nous emmenait, et j'ai failli m'ennuyer. Fort heureusement, c'était court.
Une remarque, les bergers belges sont dopés aux hormones de croissance, maintenant ? Immense, dites vous, pour un chien de taille tout juste moyenne...
Personnellement, je n'ai pas très bien vu où tout cela nous emmenait, et j'ai failli m'ennuyer. Fort heureusement, c'était court.
Une remarque, les bergers belges sont dopés aux hormones de croissance, maintenant ? Immense, dites vous, pour un chien de taille tout juste moyenne...
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Journée à Trémelin
(Je suis désolée de faire remonter ce fil.
Je savais que ce texte avait des trous qui ne permettaient pas au lecteur de comprendre clairement cette nouvelle. J'ai essayé de tenir compte de vos avis et j'ai repris mon texte hier, je vous le livre aujourd'hui. J'ai conservé l'aspect fête de l'amicale laîque qui contraste avec une autre vie plus discrète qui parvient à s'immiscer dans le réel.)
Un dimanche de septembre, en pays de Brocéliande sur le domaine de Trémelin, quelques artistes téméraires ont sorti toiles et chevalets pour aller à la rencontre du public.
Du matin au soir le monde des humains s'est activé, chacun à sa façon, sur ce site où la roche et la lande se partagent le terrain et invitent le flâneur à pousser plus loin la balade dans les bois environnants ou autour de l'étang.
Ignorant cette agitation diurne, le petit monde parallèle des créatures de la lande - pierres tapies derrière les ajoncs épineux - attendent la fin du jour pour s’animer et pouvoir s’emparer des lieux, alors ils jouent leurs tours de lutins aux derniers promeneurs. Je l’ai découvert à l’heure venue.
En matinée, place aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande, le midi et l'après midi ambiance joyeuse dans les restaurants du site ; esprit guinguette et bal musette.
Il y a eu du passage, le temps a été clément, juste quelques gouttes qui n'ont pas réussi à perturber l'ambiance festive. Le vent a dispersé les nuages et le soir, après le départ des danseurs, envolés avec les dernières notes de musique, les lieux se sont empreints de douceur ; comme enveloppés d'un calme magique.
C'est l'heure à laquelle une femme jeune est venue promener ses deux chiens ; un berger Belge et un dogue, des animaux vraiment impressionnants, que la tenue en laisse semblait contrarier fort. Elle est passée plusieurs fois devant moi, a tourné autour du barnum, est revenue, a tourné encore... elle me regardait avec insistance. Nous avons finalement engagé la conversation, avons parlé couleur, j'étais là pour ça...son regard, étrange, semblait me poser une question ; elle était en attente d’une réponse que je ne pouvais lui donner. Elle est restée là, debout, pensive. Ses chiens, impatients, tiraient sauvagement sur leur laisse.
Quand l’heure est venue d’emporter mes tableaux, le public s’étant volatilisé, le site rendu à son calme et à ses malicieux Korrigans, je suis passée devant une voiture où les deux chiens aboyaient furieusement à chacun de mes passages, leur maîtresse se promenait non loin en jetant de temps en temps un regard sur l’avancement du rangement de mon matériel d’artiste. Etonnant, d’habitudes les animaux ne montrent aucune agressivité à mon égard, ceux-là n’aboyaient que sur moi et avec une bonne dose de fureur. Ces chiens étaient-ils les cerbères des lieux ? En quoi ma présence réveillait-elle leur agressivité et l’inquiétude de leur maîtresse ?
Au dernier de mes trajets mon énigmatique promeneuse s’est dirigée vers moi et a osé me poser la question qui la chiffonnait :
- Dites-moi, avez vous retrouvé votre enfant ?
- Quel enfant ?
- Celui que vous cherchiez hier soir.
- Où ?
- Ici, votre enfant avait disparu et vous l'avez cherché, appelé toute la
soirée.
- Mais je n'étais pas là hier soir et mes enfants sont maintenant bien grands, ils ne m'accompagnent plus depuis longtemps !
- Pourtant c'était bien vous que j'ai vue hier soir, je ne vous ai pas oubliée ; vous étiez bouleversée, j’ai pensé à vous toute la nuit.
- Je vous assure que je n'étais pas là, j’ai eu l’intention de venir repérer les lieux, mais je ne l'ai pas fait !
- Bizarre, j'aurais juré que c'était vous, la même silhouette, le même visage, la même coupe de cheveux, les mêmes lunettes.
- Alors vous avez rencontré mon sosie.
Elle ne m’a pas crue, visiblement elle ne m’a pas crue…elle est montée dans sa voiture en emmenant de moi l’image d’une mère particulièrement insensible, qui un jour perd son enfant, ne le retrouve pas, et le lendemain poursuit ses activités comme si de rien n’était.
Sur le coup cette conversation m'a amusée, mais lorsque j'y pense et que j'imagine tous les êtres qui hier, aujourd'hui, demain se sont croisés ou se croiseront sur ce site, cet enchevêtrement de destins différents ou de périodes différentes de la vie d'une même personne, je me dis qu'en esprit des vies qui s'ignorent peuvent se côtoyer, cohabiter ...mystère du temps aboli.
Je venais sur ce site avec mes enfants jeunes, le domaine de Trémelin leur offrait un espace pour jouer sans une surveillance trop rapprochée de notre part. Images du bonheur familial, images du passé, images de l’oubli de l’enfant que nous n’avons pas pu voir jouer-grandir, ni ici, ni ailleurs ; cette enfant à laquelle je pense quand l’heure est à la nostalgie, quand la pensée file vers l’absence et que seule l’imagination peut recréer la trame déchirée de la vie.
Je suis venue ici pour partager avec mes semblables ma passion des couleurs et ma sensibilité, du moins c’est ce que je croyais….j’avais en fait rendez-vous avec le souvenir de mon enfant.
Alors, était-ce moi qui appelais mon enfant perdue ?
La réponse qui me brûlait les lèvres, je vous la donne maintenant :
" Non Madame, jamais mon enfant n'est revenue et je la pleure encore."
Je savais que ce texte avait des trous qui ne permettaient pas au lecteur de comprendre clairement cette nouvelle. J'ai essayé de tenir compte de vos avis et j'ai repris mon texte hier, je vous le livre aujourd'hui. J'ai conservé l'aspect fête de l'amicale laîque qui contraste avec une autre vie plus discrète qui parvient à s'immiscer dans le réel.)
Un dimanche de septembre, en pays de Brocéliande sur le domaine de Trémelin, quelques artistes téméraires ont sorti toiles et chevalets pour aller à la rencontre du public.
Du matin au soir le monde des humains s'est activé, chacun à sa façon, sur ce site où la roche et la lande se partagent le terrain et invitent le flâneur à pousser plus loin la balade dans les bois environnants ou autour de l'étang.
Ignorant cette agitation diurne, le petit monde parallèle des créatures de la lande - pierres tapies derrière les ajoncs épineux - attendent la fin du jour pour s’animer et pouvoir s’emparer des lieux, alors ils jouent leurs tours de lutins aux derniers promeneurs. Je l’ai découvert à l’heure venue.
En matinée, place aux sportifs qui participaient au Trail des Légendes de Brocéliande, le midi et l'après midi ambiance joyeuse dans les restaurants du site ; esprit guinguette et bal musette.
Il y a eu du passage, le temps a été clément, juste quelques gouttes qui n'ont pas réussi à perturber l'ambiance festive. Le vent a dispersé les nuages et le soir, après le départ des danseurs, envolés avec les dernières notes de musique, les lieux se sont empreints de douceur ; comme enveloppés d'un calme magique.
C'est l'heure à laquelle une femme jeune est venue promener ses deux chiens ; un berger Belge et un dogue, des animaux vraiment impressionnants, que la tenue en laisse semblait contrarier fort. Elle est passée plusieurs fois devant moi, a tourné autour du barnum, est revenue, a tourné encore... elle me regardait avec insistance. Nous avons finalement engagé la conversation, avons parlé couleur, j'étais là pour ça...son regard, étrange, semblait me poser une question ; elle était en attente d’une réponse que je ne pouvais lui donner. Elle est restée là, debout, pensive. Ses chiens, impatients, tiraient sauvagement sur leur laisse.
Quand l’heure est venue d’emporter mes tableaux, le public s’étant volatilisé, le site rendu à son calme et à ses malicieux Korrigans, je suis passée devant une voiture où les deux chiens aboyaient furieusement à chacun de mes passages, leur maîtresse se promenait non loin en jetant de temps en temps un regard sur l’avancement du rangement de mon matériel d’artiste. Etonnant, d’habitudes les animaux ne montrent aucune agressivité à mon égard, ceux-là n’aboyaient que sur moi et avec une bonne dose de fureur. Ces chiens étaient-ils les cerbères des lieux ? En quoi ma présence réveillait-elle leur agressivité et l’inquiétude de leur maîtresse ?
Au dernier de mes trajets mon énigmatique promeneuse s’est dirigée vers moi et a osé me poser la question qui la chiffonnait :
- Dites-moi, avez vous retrouvé votre enfant ?
- Quel enfant ?
- Celui que vous cherchiez hier soir.
- Où ?
- Ici, votre enfant avait disparu et vous l'avez cherché, appelé toute la
soirée.
- Mais je n'étais pas là hier soir et mes enfants sont maintenant bien grands, ils ne m'accompagnent plus depuis longtemps !
- Pourtant c'était bien vous que j'ai vue hier soir, je ne vous ai pas oubliée ; vous étiez bouleversée, j’ai pensé à vous toute la nuit.
- Je vous assure que je n'étais pas là, j’ai eu l’intention de venir repérer les lieux, mais je ne l'ai pas fait !
- Bizarre, j'aurais juré que c'était vous, la même silhouette, le même visage, la même coupe de cheveux, les mêmes lunettes.
- Alors vous avez rencontré mon sosie.
Elle ne m’a pas crue, visiblement elle ne m’a pas crue…elle est montée dans sa voiture en emmenant de moi l’image d’une mère particulièrement insensible, qui un jour perd son enfant, ne le retrouve pas, et le lendemain poursuit ses activités comme si de rien n’était.
Sur le coup cette conversation m'a amusée, mais lorsque j'y pense et que j'imagine tous les êtres qui hier, aujourd'hui, demain se sont croisés ou se croiseront sur ce site, cet enchevêtrement de destins différents ou de périodes différentes de la vie d'une même personne, je me dis qu'en esprit des vies qui s'ignorent peuvent se côtoyer, cohabiter ...mystère du temps aboli.
Je venais sur ce site avec mes enfants jeunes, le domaine de Trémelin leur offrait un espace pour jouer sans une surveillance trop rapprochée de notre part. Images du bonheur familial, images du passé, images de l’oubli de l’enfant que nous n’avons pas pu voir jouer-grandir, ni ici, ni ailleurs ; cette enfant à laquelle je pense quand l’heure est à la nostalgie, quand la pensée file vers l’absence et que seule l’imagination peut recréer la trame déchirée de la vie.
Je suis venue ici pour partager avec mes semblables ma passion des couleurs et ma sensibilité, du moins c’est ce que je croyais….j’avais en fait rendez-vous avec le souvenir de mon enfant.
Alors, était-ce moi qui appelais mon enfant perdue ?
La réponse qui me brûlait les lèvres, je vous la donne maintenant :
" Non Madame, jamais mon enfant n'est revenue et je la pleure encore."
Carmen P.- Nombre de messages : 537
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Re: Journée à Trémelin
Du coup tout cela me paraît un peu confus. Je ne sais pas, je finis par me dire que ce qui me gêne c'est la distribution des rôles, que la narratrice soit aussi ce personnage mystérieux ; qu'elle finisse par apporter des réponses me paraît finalement presque dommageable, je reste réservée sur le procédé, j'aurais nettement préféré un narrateur extérieur, enfin, il me semble... Cela dit, c'est un exercice d'écriture particulièrement difficile, en ce sens mon commentaire n'a rien de dépréciatif ou rabaissant, il est plutôt une marque d'intérêt.
(Et je ne m'explique toujours pas l'attitude des chiens à l'égard de la femme !)
(Et je ne m'explique toujours pas l'attitude des chiens à l'égard de la femme !)
Invité- Invité
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