Besoin d'idées pour un exercice d'écriture important

Bonjour à toutes et à tous !

Je suis en 2ème année de licence de lettres modernes et je suis inscrite dans un atelier d'écriture. Durant tout ce semestre, nous devions rendre des écrits chaque semaine et jusqu'à présent, je n'avais jamais eu de problèmes.
Dans une semaine je dois rendre un travail long, qui comptera à 50% dans ma note finale; l'ensemble des travaux précédents, tous réunis, comptant aussi pour 50%.
C'est donc un travail décisif mais, pour la première fois, je fais un blocage, j'ai un manque total d'inspiration, et c'est pour cette raison que je fais appel à votre imagination!

Le fil directeur de l'atelier est Georges Perec. Depuis le premier cours, en parallèle des travaux notés, nous devions travailler sur 3 lieux qui nous évoquent des souvenirs. Nous devions décrire ces lieux de mémoire, ou décrire un évènement personnel qui s'y est produit, puis y retourner, et décrire ce que nous voyons, faire part de nos impressions. J'ai choisi un parc dans lequel j'ai passé mon enfance, mon ancienne résidence, ainsi que le Dôme de Marseille, une salle de concert qui me rappelle beaucoup de choses.

Pour ce travail final, nous devons, à partir de ces 3 lieux, n'en sélectionner qu'un, ou travailler sur les 3 et s'imposer à nous même des contraintes comme le faisait Perec, le tout sur dix pages. Personnellement, j'ai choisi de ne pas travailler sur des contraintes oulipiennes c'est à dire qui concernent la grammaire, l'alphabet ou bien la syntaxe, j'aimerai plutôt des contraintes de "sens". J'ai donc commencé à écrire sur le Dôme de Marseille à le manière de Perec dans "Tentative d'épuisement d'un lieu parisien" c'est à dire en m'asseyant sur le lieu et en écrivant tout ce que je vois, de la chose la plus anodine à la plus importante, sous la forme d'un journal. Je ne suis pas satisfaite du travail que je trouve vide, sans intérêt. Je ne me vois pas écrire dix pages de cette manière, donc j'aimerai travailler sur les trois lieux, avec pour chacun des consignes différentes mais liées entre elle pour que le tout ne soit pas une suite de texte mais un petit récit autobiographique et ou fictionnel qui se suit. Surtout, j'aimerai trouver une contrainte motivante pour moi et pour le lecteur, une idée qui ne soit pas vide de sens.

Pensez-vous que vous pouvez m'aider ? Toutes les idées sont bonnes à prendre!

Merci par avance,

Anaïs

Anaïs, tu pourrais déjà poster ce que tu as écrit jusqu'à présent.

Oui, bonne idée.
J'ai écrit la genèse de mon texte avec les idées que j'ai pour l'instant mais qui ne me conviennent et ne m'inspirent pas du tout.

" Genèse


La première partie de cette genèse sera rédigée avant les idées, avant l'inspiration, avant le texte lui-même. Ainsi, des règles seront à respecter, l'écriture saura ou aller et le redoutable blanc qui pourrait apparaître en pleine rédaction sera éloigné au maximum. La prise de risques sera elle aussi écartée car j'estime qu'écrire sous contrainte est paradoxalement moins complexe que de s'accorder une liberté totale. Cette partie sera écrite en un seul jais; des éléments pourront être rajoutés, mais aucun ne pourra être supprimé. La seconde partie, quant à elle, sera rédigée une fois le texte terminé. Son contenu évoquera les problèmes rencontrés, le respect ou non des contraintes, les frustrations, ainsi que l'avis, qu'il soit positif ou négatif sur le travail réalisé dans sa totalité.

I/ Avant

Il s'agira d'écrire « quelque chose » à partir des lieux sur lesquels j'ai déjà travaillé, qui sont le parc de la maison blanche, mon ancienne résidence et le Dôme de Marseille. Le but sera de réunir ces lieux, ou peut-être de n'en sélectionner qu'un seul, et si c'est le cas, ce sera celui qui m'évoque le moins de souvenirs. Je me rendrai sur ces lieux, sur ce lieu, je m'assiérai, stylo en main et tout comme Perec a pu le faire dans Tentative d'épuisement d'un lieu parisien , je noterai tout ce que je vois. Parmi ce que je vois, je devrais choisir quelque chose, quelqu'un d'une couleur particulier qui sera le rouge et le faire revenir au moins une fois dans la description de chaque lieu, si j'ai choisi d'écrire sur les trois lieux. Certaines visions m'évoqueront probablement des souvenirs, alors, j'alternerai les descriptions du lieux avec des souvenirs personnels mais le but sera d'exclure tout les souvenirs importants, pour privilégier le banal et l'ordinaire. Le tout sera rédigé sous la forme d'un journal de bord. Récapitulons:

1- Réunir les lieux ou n'en choisir qu'un seul.
2- Aller sur place et noter tout ce qu'il s'y passe
3- Faire revenir la couleur rouge, dans chaque lieux si j'ai opté pour les trois descriptions.
4- Alterner la description des lieux avec des souvenirs personnels
5- Ne sélectionner que les souvenirs les plus insignifiants
6- Rédiger tout cela sous la forme d'un journal

II/ Après "


Puis, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'ai commencé l'inventaire du lieu, et il me convient encore moins que mes idées ...

" Date: mercredi 9 Décembre 2009
Heure : 13h08
Lieu: le Dôme de Marseille
Climat:
Place: sur le banc d'un arrêt de bus, en face du dit lieu


Pour m'acclimater et me fondre avec le décor qui m'est familier mais qui, je le sais, ne m'a pas révélé tout ses secrets, je décide de commencer par décrire ce qui fait qui fait partie du paysage constant, ce qui est ici depuis des années et qui y reste. Derrière moi, il y a un vieux mur, derrière lequel il y a des arbres, derrière lequel il y a un immeuble blanc cassé, ou peut-être blanc mais sali par la pollution. A ma droite, des contenairs dans les tons habituels jaunes-bleus-gris, suivis d'un escalier qui mène au bâtiment à la couleur mystérieuse dont je viens de parler. En haut de cet escalier, un panneau publicitaire nous accueille et paradoxalement, égaye le paysage. Cet endroit est d'une banalité déconcertante, si bien que j'en viens à me demander comment j'ai pu y avoir mes plus beaux souvenirs d'enfance. Je me souviens les heures d'attente assise sur le pavé, tremblant de froid, à ne visualiser que l'intérieur de la salle sans voir le reste autour. "

Laisse venir, il va y avoir des réactions et des idées.

Je vois que ça se bouscule ... lol
Pour ceux que le sujet inspire, j'ai peut-être trouvé un début d'idée...

Pas sûre d'avoir bien tout compris, mais je propose un début de piste : décrire en creux et par la négative ce qui était
exemple : "la lumière n'était pas celle du matin, puisque je venais toujurs ici à quatorze heures donc celle d'aujourd'hui (dix heures trente) vient du côté gauche et elle tourne lentement autour de la statue sui regarde vers la mer.
Il n'y avait pas ces bancs de plastique, mais des bancs en ferraille rouillée qui tachait mes culottes. je suis heureuse qu'aujourd'hui mon string soit épargné..."

Bon, pas sûr que ça t'inspire, mais moi je proposerais bien ça comme exo live un de ces quatre !!

Va vraiment falloir que je change de lunettes. Ou de doigts. Ou les deux !

Ah bonne idée, je pense que je pourrai m'en servir pour la description d'un de ces lieux, merci beaucoup !
J'ai eu l'idée de décrire un des lieux en imaginant ce qu'il pourrait être dans le futur... Avez vous d'autres idées ?

Une méthode, je te répète ici exactement une méthode proposée par Ian Monk de l'oulipo.

Tu vas dans un des lieux et tu t'y installes confortablement. Tu t'obliges à noter une phrase toutes les deux minutes (ou une ou cinq minutes) ni plus ni moins (même si elle te paraît nulle).

Tu peux décrire les lieux, mais aussi parler de l'odeur, des bruits, capter des bribes de conversation, etc, ce qui s' passe, ce qui ne s' passe pas. Tu peux aussi parler d'autre chose. Si tu n'as pas assez de matière, tu peux y revenir à différents moments de la journée.

A la fin, tu peux retravailler le texte ou pas.

* * *

Une autre méthode, ou plus exactement, à partir de l'exercice précédent, une idée de mise en forme : tu peux alterner une description / un souvenir / une sensation (etc., dans l'ordre que tu veux). Si tu veux la jouer plus oulipien, tu fais tourner cet ordre,par exemple avec la méthode de la sextine (voire la neuvine, cf site oulipo pour la définition).

J'ai essayé quelque chose dans le genre ici : http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-prose-f1/rue-moyenne-t2313.htm?highlight=moyenne
(avec un résultat dont je ne suis pas très content, mais on doit pouvoir faire bien mieux dans le genre !).

* * *

Apparté : puisque tu en es à faire un devoir et essaer d'avoir la meilleure note, ça dépend : si ton prof est très branché Oulipo (ce qui n'est pas le cas de tous les fans de Perec), la méthode ci-dessus lui fera plaisir, sinon, c'est pas forcément la peine.

* * *

En dehors du côté "méthode", une idée peut-être à explorer, c'est se demander si les choses ont changé, ou si toi, tu as changé... Certes, ça devient plus proustien, mais pourquoi pas ?

* * *

En espérant que ça t'aide.
L'objectif de la contrainte (si elle est bien faite) est que ça donne l'occasion d'écrire, indépendamment du fait d'avoir ou pas de l'inspiration

Tant mieux si ça t'a fait démarrer !
Et heu ...

Cette partie sera écrite en un seul jais;

... ça me parait bien noir !!!

Suggestion :
Perec avait créé pour le déplacement d’un lieu à l’autre une règle basée sur le mouvement du cavalier aux échecs. De là, un petit jeu pourrait s’installer entre toi et le lecteur sur une logique interne imposée aux évocations successives des trois lieux, dans un ordre relevant de la contrainte. Par ailleurs, tu pourrais utiliser la forme géométrique de chacun d’eux pour suggérer une forme nouvelle issue de la combinaison des trois (dôme, plan et cube). Une intrigue finirait sans doute de garantir l’intérêt du lecteur, qui justifierait également l’aller-retour entre les trois structures et leurs caractéristiques (vertige pour la hauteur du dôme, agoraphobie pour le parc et claustrophobie pour l’appartement).
En un mot comme en cent, laisse toi aller et ça va valser tout seul…

Bonjour Anach et bienvenue sur VE,

t'as qu'à faire au plus simple, tu fais dix pages de "je me souviens" et le tour est joué 20/20 que t'auras :-)

Je me souviens du dôme de Marseille.
Je me souviens ce jour de liesse et la foule éblouie devant Aznavour
Je me souviens de Raoul, ce salaud de portier me fouillant avec ses mains baladeuses...

Tiens-nous au courant de la suite des événements...

Merci à tous pour vos réponses!
Mon texte a pas mal avancé, j'ai approfondi la description de mon premier lieu en insistant sur l'avant et l'après.
J'ai commencé le deuxième lieu sur la même base d'un exercice d'écriture que nous avons fait avec notre prof c'est à dire faire ce qu'a fait Perec dans La vie mode d'emploi. Etant donné que cela se passe dans un immeuble, j'ai trouvé l'idée appropriée pour la description de mon ancienne résidence, mon ancien immeuble plus précisément! Une question se pose maintenant: a votre avis dois-je totalement partir dans la fiction en inventant les habitants? ou dois-je me voir dans cet immeuble, avec des voisins plus ou moins réels ?
J'adore l'idée de l'énigme avec les formes qui s'apparente aux lieux pour passer d'un endroit à l'autre, j'y réfléchi depuis une heure déjà et je m'embrouille toute seule... mais je veux trouver! Je ne refuse pas de l'aide au passage

J'attends vos avis!

Merci

Liberté ! Laisser l'idée venir, impromptue, et la suivre là où elle mène... Ta présence en chacun des lieux peut être un fil rouge utile au lecteur, cependant.

Aurais bien voulu savoir ce qu'il en fût...

J'ai terminé le gros du travail mais ne suis pas totalement satisfaite...
J'ai continué sur mon idée de l'immeuble, tirée de La vie mode d'emploi de Perec et j'ai trouvé un thème à mon travail: le temps. C'est un peu vaste mais je trouve que ça colle pas mal avec l'état d'esprit dans lequel mon travail a été réalisé. Pour l'immeuble, j'ai décrit la vie de 3 personnages sur 3 étages: au RDC une femme, Adèle, 49 ans, serveuse, divorcée, elle se trouve dans une impasse depuis sa séparation; au 1er un homme, Alfred, 83 ans, retraité et qui attend la mort plus que tout; au 2ème, une jeune femme de 18ans, Charlotte, étudiante en lettres et qui se trouve encore entre l'enfance et l'âge adulte.
Ces trois habitants ne seront autre que les trois générations de ma propre personne, passé, présente et future. Charlotte sera la partie réaliste et plus ou moins autobiographique du récit; Adèle incarnera la femme adulte que je serai peut-être, ou peut-être pas et Alfred, quant à lui, représentera la personne âgée que je deviendrai.
A la fin, l'homme meurt et cette mort aura l'effet d'une renaissance sur les deux femmes parce qu'elle symbolise le poids du malheur qui s'en va, je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire.
J'aurais aimé trouver un exemple dans la littérature ou la mythologie qui souligne le fait que la mort est une sorte de renaissance. Auriez-vous des idées ?

Tous les films de Luc Besson ;-) Mais il faut bien sûr les regarder, ce qui n'est pas le plus facile, convenons-en.
Plus sérieusement, Conrad peut-être, dans "Heart of Darkness".

Je connais un peu ce livre, mais je ne vois pas en quoi il a un lien avec la mort et la renaissance... Pouvez-vous m'éclairer? Merci !

Le fleuve Congo y est vu comme le Styx qui, en son trois fois triple tour, entraîne Marlow vers l’enfer et son hôte, Kurtz. Il lui faut le tuer et revenir d’entre les morts pour vivre.

Bonjour Anach, en ce qui concerne la mort et la renaissance, je te conseille de lire la Bhagavad-Gîtâ, on est en plein dedans...

il y a quelques années de cela, j'ai vu Apocalypse Now version intégrale en plein air, sur les marches du théâtre antique romain de Lugdunum... quand les hélicos sont arrivés (dans le film hein, pas en vrai :-)), les marches qui sont pourtant en pierres tremblaient sous mon gros popotin tellement le son déchirait sa race...

Merci pour vos idées ! Après un peu de réflexion, j'ai décidé de m'appuyer sur la mythologie, et particulièrement sur Adonis, "dieu de la mort et du renouveau"; seulement je ne sais pas si c'est le bon choix et j'ai un problème.
Adonis vit l'été et le printemps et meurt l'hiver. Mon personnage qui représente la dernière génération de ma propre personne meurt. Les deux autres générations viennent à son secours mais ressente quelque chose d'étrange. Elles sont peinées de cette mort, mais se sente renaitre. Le problème, c'est que la dedans il y aurait une sorte de réincarnation: il meurt, et tout à coup elles se sentent plus vivantes. Mis à part le fait qu'Adonis soit mort en hiver comme ma dernière génération, je n'arrive pas à faire de lien avec les deux autres personnages. Je pense que ce que je dis n'est pas très clair alors voici ma moitié de fin pour ceux qui veulent se faire une idée:

"Cet homme, allongé devant elles avait un effet étrange sur les personnalités respectives des deux femmes. Elles étaient touchées et tristes de le voir ainsi, mais savaient qu'Alfred était un vieillard triste et aigri et se doutaient du poids qu'il portait sur ses épaules. L'atmosphère était comme suspendue car quelque chose d'étrange, bien au delà d'une mort banale se tramait. Les coeurs des deux femmes accéléraient pendant que celui d'Alfred ralentissait, jusqu'à ce que son battement devienne totalement imperceptible. Charlotte, perdue, examinait la pièce du regard, comme pour trouver quelque chose sur laquelle ses yeux pourraient se poser, sur laquelle elle-même pourrait se reposer. Tout à coup, ses yeux tombèrent sur un magazine qui gisait sur le sol, à quelques centimètres de la main gauche d'Alfred. Il était déjà ouvert à la page soixante-trois alors, machinalement, elle tendit le bras pour l'attraper et observa cette page, ouverte au hasard. Il y avait une photographie d'une peinture qui devait déjà avoir quelques siècles, sous laquelle il était écrit en caractère gras « Adonis, dieu de la mort et du renouveau ». Charlotte disposa le magazine de façon à ce que Adèle puisse le voir. Le texte qui accompagnait l'image expliquait qu'après avoir été tué, Adonis réapparaissait à travers la nature au printemps et en été, mais que, l'hiver venu, il mourait."

C'est inachevé car j'aimerai que l'histoire se termine sur le fait que les deux femmes comprennent grâce au mythe d'Adonis qu'elles avaient un lien avec le vieil homme, qu'ils ne faisaient qu'un; mais je ne voit absolument pas comment.

Je prends tout les conseils,

Merci par avance!

Sur la forme :

Charlotte, perdue, examinait la pièce du regard, comme pour trouver quelque chose sur laquelle ses yeux pourraient se poser, sur laquelle elle-même pourrait se reposer.

Quelque chose est neutre, pas nécessairement masculin ou féminin. Pourquoi ne pas le remplacer par "sur quoi" : "comme pour trouver quelque chose quoi ses yeux pourraient se poser, sur quoi elle-même pourrait se reposer." ?

Oui, en me relisant l'erreur me parait évidente mais j'ai tapé le texte assez rapidement juste pour donner une idée de ce que je recherchais.

sur la mort et la renaissance, les références sont nombreuses :
-le phénix qui renaît de ses cendres
-théorie du bouc émissaire de René Girard qui rassemble beaucoup de mythologies sur ce thème
-dans la nature (la pélicane qui nourrit ses bébés en leur donnant son coeur)
-en économie (théorie de la "destruction créatrice" de Schumpeter)
...Mais j'arrive peut-être trop tard...et Adonis est effectivement une bonne référence

plumedoie a écrit:-dans la nature (la pélicane qui nourrit ses bébés en leur donnant son coeur)

ah oui ??!