Exo live jeudi 14 octobre 20h30
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Un bon thème cet exo...
Impossible d'y participer pour cette fois, dommage...
Bonne inspiration à tous !
Impossible d'y participer pour cette fois, dommage...
Bonne inspiration à tous !
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 54
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Sans doute, c’est un cliché qui me vient à l’esprit ; tout n’a-t-il pas déjà été dit, et, surtout, désormais, conservé ? Il est devenu impossible de redécouvrir. Ignorer n’est pas admissible, car d’autres savent et vous épinglent.
Alors, quand la steppe sous mes yeux me rappelle ma situation, je me dis que l’image a sûrement déjà été employée. Ce qui vient à l’esprit quand on espère en vain, c’est d’abord Le désert des Tartares, mais qu’est la steppe, sinon un désert qui ne s’assume pas ?
La plate-forme à l’arrière de l’Orient-Express est carrée. Je crois. Il faudrait mesurer. Forme sèche, stérile, pointue. J’aurais préféré quelque chose d’arrondi, d’ovoïde… plus en accord avec le paysage seraient des courbes, paradoxalement, malgré la platitude du terrain. Car sous la steppe, je le sais, existe tout un écosystème. Je la vois comme une mère primale, convexe… enfin, je suppose ; c’est bien ça avec les terres arides, non ? La faune se réfugie là où la température plus égale lui permet de subsister, de la même manière que les œufs ont besoin de constantes pour que se développe l’embryon. La steppe couve, et je me demande si les changements climatiques qu’ont nous annonce vont faire éclore son sous-sol ou au contraire le rendre stérile.
Je me demande aussi pourquoi je vagabonde immobile, passive, appuyée à cette rambarde au bord d’un carré absurde. J’ai l’impression que ses coins percent mes idées qui saignent, saignent. La coquille qui les contient – mon crâne – s’est fendue, jaune et blanc se mélangent, coulent sur la steppe et la nourrissent. Quels enfants monstrueux, aliénés, naîtront de la terre fécondée par ces divagations ?
Je crois qu’au terminus tu seras là. Si tu as la patience. Mais je commence à me dire que c’est moi qui n’arriverai pas au rendez-vous. Des jours passés sur cette putain de plate-forme carrée à contempler la steppe de sa mère vérolée, bordel ! « Problème mécanique » ? On nous rançonne, oui ! Après tout, pourquoi les pirates devraient-ils se cantonner au golfe d’Aden ?
Alors, quand la steppe sous mes yeux me rappelle ma situation, je me dis que l’image a sûrement déjà été employée. Ce qui vient à l’esprit quand on espère en vain, c’est d’abord Le désert des Tartares, mais qu’est la steppe, sinon un désert qui ne s’assume pas ?
La plate-forme à l’arrière de l’Orient-Express est carrée. Je crois. Il faudrait mesurer. Forme sèche, stérile, pointue. J’aurais préféré quelque chose d’arrondi, d’ovoïde… plus en accord avec le paysage seraient des courbes, paradoxalement, malgré la platitude du terrain. Car sous la steppe, je le sais, existe tout un écosystème. Je la vois comme une mère primale, convexe… enfin, je suppose ; c’est bien ça avec les terres arides, non ? La faune se réfugie là où la température plus égale lui permet de subsister, de la même manière que les œufs ont besoin de constantes pour que se développe l’embryon. La steppe couve, et je me demande si les changements climatiques qu’ont nous annonce vont faire éclore son sous-sol ou au contraire le rendre stérile.
Je me demande aussi pourquoi je vagabonde immobile, passive, appuyée à cette rambarde au bord d’un carré absurde. J’ai l’impression que ses coins percent mes idées qui saignent, saignent. La coquille qui les contient – mon crâne – s’est fendue, jaune et blanc se mélangent, coulent sur la steppe et la nourrissent. Quels enfants monstrueux, aliénés, naîtront de la terre fécondée par ces divagations ?
Je crois qu’au terminus tu seras là. Si tu as la patience. Mais je commence à me dire que c’est moi qui n’arriverai pas au rendez-vous. Des jours passés sur cette putain de plate-forme carrée à contempler la steppe de sa mère vérolée, bordel ! « Problème mécanique » ? On nous rançonne, oui ! Après tout, pourquoi les pirates devraient-ils se cantonner au golfe d’Aden ?
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Je suis désolée, je déclare forfait. J'ai commencé un autre texte dans le train au retour du travail et je n'arrive pas à me l'enlever de la tête pour me concentrer sur l'exo.
Pili excuse-moi, mais je n'y arrive pas du tout ce soir.
Pili excuse-moi, mais je n'y arrive pas du tout ce soir.
abstract- Nombre de messages : 1127
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Ouh là là...
Bravo !
Que dire d'autre ?
Bravo !
Que dire d'autre ?
boc21fr- Nombre de messages : 4770
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
boc21fr a écrit:Ouh là là...
Bravo !
Que dire d'autre ?
Je parlais du texte de votre socque, bien entendu ;o)
boc21fr- Nombre de messages : 4770
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Désolé pour la syntaxe approximative...
Pfff je suis moi aussi à la bourre ce soir (pour ne pas dire complètement cuit)
Pfff je suis moi aussi à la bourre ce soir (pour ne pas dire complètement cuit)
boc21fr- Nombre de messages : 4770
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Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Chouette, socque a déjà posté son texte ?
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Nue propriété
Sans doute avais-je fantasmé ce moment depuis trop longtemps et soudain l’air me manqua. Je sortis prendre l’air. L’impatience me bouffait les tripes et je me mis à arpenter de long en large et de large en long l’unique carré de gazon qui constituait mon jardin. Aucune fleur, aucun bosquet, aucune allée. Pourquoi n’y avais-je pas au moins planté un arbre ? Qu’allait-elle penser de cette steppe qu’aucun oiseau n’avait l’idée de fréquenter. Peut-être penserait-elle que cette pauvreté reflétait l’aridité de mon cœur ? Je rentrai, m’assis sur le sofa, tournai distraitement les pages d’un périodique puis me vint l’idée qu’elle avait changé d’avis, que peut-être elle avait bien eu l’intention mais qu’après réflexion, elle avait rebroussé chemin. Puis ce fut une certitude et je fus saisi du trouble sans fond où me mettait son absence. Un arbre m’interrogeai-je, un arbre eut-il fait la différence ?
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Ah, socque, vraiment, j'aime beaucoup votre réflexion. Et excellent ce passage: « Je me demande aussi pourquoi je vagabonde immobile, passive, appuyée à cette rambarde au bord d’un carré absurde. J’ai l’impression que ses coins percent mes idées qui saignent, saignent. La coquille qui les contient – mon crâne – s’est fendue, jaune et blanc se mélangent, coulent sur la steppe et la nourrissent. Quels enfants monstrueux, aliénés, naîtront de la terre fécondée par ces divagations ? »
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
J'aime beaucoup, Pili, mais je crois que j'aurais préféré un peu plus d'étoffe... le texte tel quel me laisse un peu sur ma faim.
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
abstract a écrit:Je suis désolée, je déclare forfait. J'ai commencé un autre texte dans le train au retour du travail et je n'arrive pas à me l'enlever de la tête pour me concentrer sur l'exo.
Pili excuse-moi, mais je n'y arrive pas du tout ce soir.
Tu es tout excusée, abstract, chaud dodo et doux rêves à toi.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
socque a écrit:J'aime beaucoup, Pili, mais je crois que j'aurais préféré un peu plus d'étoffe... le texte tel quel me laisse un peu sur ma faim.
Oui, socque, j'avais un peu le stress du MC qui veut être au four et au moulin. En plus, j'ai oublié le verbe "aliéner".
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Et bonsoir boc qui vient faire un petit tour.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Minute, Cocotte !
• La première phrase devra contenir (si possible en tête de phrase) la locution adverbiale suivante : à tue-tête
• La forme géométrique triangle isocèle aura une importance significative dans le texte
• Le verbe ronronner sera présent dans le texte
• Le substantif timbre-poste sera présent dans le texte et qualifié d’une manière ou d’une autre par l’adjectif épastrouillant mais pas tel quel, de manière détournée : soit par l’emploi d’un synonyme, d’une périphrase, d’une métaphore, …
• La dernière phrase du texte devra se terminer par un point d’interrogation
− A tue−tête ! Je te dis que ce chat ronronne à tue-tête !
− Enfin, sois objective, Mimine : on peut chanter à tue-tête, crier, à la rigueur parler, mais pas ronronner !
− Je te dis que si !
− Chérie, regarde moi … tu n’as pas
La voilà qui part en claquant très fort ses semelles de pantoufles comme elle fait lorsqu’elle est … énervée.
J’ai l’habitude, il faut juste laisser s’égoutter les minutes, faire du calme à l’intérieur, diffuser des ondes de paix. Ce n’est pas difficile. C’est impossible !
Comme d’habitude, j’ai la rogne qui me monte au poteau, des claques plein les mains. La pause au « P’tit Bleu’ m’avait pourtant bien disposé…
J’ouvre la fenêtre, j’ouvre les placards, j’ouvre l’œil, je trouve la bouteille : elle l’avait cachée sous une serpillière, soi−disant pour la sécher.
Du calva. Et pas n’importe quoi, je vous prie de croire : du calva domfromtais, VSOP, médaille d’or en 70, 76, 90, 96, 2001, 2002, 2005, de chez Pacory. Une production fermière.
Je m’en sers un verre. Il est sublime.
Les claques subissent une dévaluation : je n’ai plus que des tapes dans les mains.
Mais la bouteille a un coup de blues, il doit rester environ trente centilitres de liquide.
Inflation.
Je respire profondément, remarque que quelque chose bouillotte doucement sur la cuisinière. Cette cocotte m’est étrangère, un design très particulier, en triangle isocèle. Je n’avais jamais vu de batterie de cuisine de cette forme. Une nouvelle sorte de Wok ? Elle a dû sortir acheter ça cet après midi, en même temps que la bouteille…
Je soulève le couvercle en me brûlant les doigts : c’est toujours pareil, les designers pensent à l’esthétique, jamais à l’aspect pratique ! Je voudrais pouvoir les condamner à dix ans de cuisine forcée avec leur gamelle à la con !
Je rebois un petit calva pour me réconforter. C’est toujours ça que ma chérie ne boira pas. Nous formons un couple très uni.
Il faut lui reconnaître ça, elle cuisine bien. Le fumet en suspens dans la pièce suffirait à nourrir douze chinois…Un peu d’épices, sans doute une bonne demi-bouteille de vin… je décèle comme une légère odeur caramélisée…
− Mimine ! C’est pas en train de cramer ?
Flap flap, flap, les semelles. Elle fait toujours la gueule.
Elle a une tunique fendue en haut et en bas, qu’on hésite où mettre les mains.
Elle, elle hésite pas, elle me retourne une claque.
− Remise tes sales pattes !
Flap flap.
Qu’est-ce qu’elle a, encore ?
− J’en ai marre de vivre dans ce taudis, tu comprends ça ? Je veux une maison.
− Avec ce que tu bois, si les bouteilles étaient consignées on aurait pu se payer Versailles rien qu’en les rapportant ! Je fabrique pas l’argent, moi, alors faut choisir ! Si tu veux une maison, le seul moyen que je connaisse, c’est économiser.
− Ben je connais un moyen d’économiser : c’est de se débarrasser de ton sale chat !
Jamais Lucifer ne trouvera grâce à ses yeux : il feule sitôt qu’elle approche la main, réservant ses ronrons à mon seul usage. Elle ne supporte pas de ne pas plaire.
Elle se penche pour prendre une louche. J’aperçois un string bleu pâle, un triangle presque équilatéral, pas plus grand qu’un timbre−poste, vraiment, mais vraiment chié…
J’arrête le gaz ; On mangera plus tard. Le civet, ça se réchauffe. J’ai une urgence.
− Arrête… Arrête je te dis ! Pauvre taré, tu crois que je vais rester avec un minable comme toi ?
− Mimine !
− Mais tais-toi donc, c’est moi qui parle aujourd’hui …
Ce qu’elle me dévide, c’est pire qu’un égout, je vois des mégots, des tickets sales, des kleenex morveux, de la pisse, du vomi, ça dure et ça dure, et quand arrive le préservatif, j’explose, j’attrape le couvercle et je lui en colle un coup sur la tête.
Elle fait « off » et c’est tout.
Un couvercle isocèle, ça fait mal.
Je sors, pour me calmer un peu.
Il fait presque noir dehors, même sous le lampadaire. J’appelle Lucifer.
Un passant me regarde d’un drôle d’air.
Je fais un petit sourire, je lui dis « vous auriez pas vu un grand chat noir ? »
• La forme géométrique triangle isocèle aura une importance significative dans le texte
• Le verbe ronronner sera présent dans le texte
• Le substantif timbre-poste sera présent dans le texte et qualifié d’une manière ou d’une autre par l’adjectif épastrouillant mais pas tel quel, de manière détournée : soit par l’emploi d’un synonyme, d’une périphrase, d’une métaphore, …
• La dernière phrase du texte devra se terminer par un point d’interrogation
− A tue−tête ! Je te dis que ce chat ronronne à tue-tête !
− Enfin, sois objective, Mimine : on peut chanter à tue-tête, crier, à la rigueur parler, mais pas ronronner !
− Je te dis que si !
− Chérie, regarde moi … tu n’as pas
La voilà qui part en claquant très fort ses semelles de pantoufles comme elle fait lorsqu’elle est … énervée.
J’ai l’habitude, il faut juste laisser s’égoutter les minutes, faire du calme à l’intérieur, diffuser des ondes de paix. Ce n’est pas difficile. C’est impossible !
Comme d’habitude, j’ai la rogne qui me monte au poteau, des claques plein les mains. La pause au « P’tit Bleu’ m’avait pourtant bien disposé…
J’ouvre la fenêtre, j’ouvre les placards, j’ouvre l’œil, je trouve la bouteille : elle l’avait cachée sous une serpillière, soi−disant pour la sécher.
Du calva. Et pas n’importe quoi, je vous prie de croire : du calva domfromtais, VSOP, médaille d’or en 70, 76, 90, 96, 2001, 2002, 2005, de chez Pacory. Une production fermière.
Je m’en sers un verre. Il est sublime.
Les claques subissent une dévaluation : je n’ai plus que des tapes dans les mains.
Mais la bouteille a un coup de blues, il doit rester environ trente centilitres de liquide.
Inflation.
Je respire profondément, remarque que quelque chose bouillotte doucement sur la cuisinière. Cette cocotte m’est étrangère, un design très particulier, en triangle isocèle. Je n’avais jamais vu de batterie de cuisine de cette forme. Une nouvelle sorte de Wok ? Elle a dû sortir acheter ça cet après midi, en même temps que la bouteille…
Je soulève le couvercle en me brûlant les doigts : c’est toujours pareil, les designers pensent à l’esthétique, jamais à l’aspect pratique ! Je voudrais pouvoir les condamner à dix ans de cuisine forcée avec leur gamelle à la con !
Je rebois un petit calva pour me réconforter. C’est toujours ça que ma chérie ne boira pas. Nous formons un couple très uni.
Il faut lui reconnaître ça, elle cuisine bien. Le fumet en suspens dans la pièce suffirait à nourrir douze chinois…Un peu d’épices, sans doute une bonne demi-bouteille de vin… je décèle comme une légère odeur caramélisée…
− Mimine ! C’est pas en train de cramer ?
Flap flap, flap, les semelles. Elle fait toujours la gueule.
Elle a une tunique fendue en haut et en bas, qu’on hésite où mettre les mains.
Elle, elle hésite pas, elle me retourne une claque.
− Remise tes sales pattes !
Flap flap.
Qu’est-ce qu’elle a, encore ?
− J’en ai marre de vivre dans ce taudis, tu comprends ça ? Je veux une maison.
− Avec ce que tu bois, si les bouteilles étaient consignées on aurait pu se payer Versailles rien qu’en les rapportant ! Je fabrique pas l’argent, moi, alors faut choisir ! Si tu veux une maison, le seul moyen que je connaisse, c’est économiser.
− Ben je connais un moyen d’économiser : c’est de se débarrasser de ton sale chat !
Jamais Lucifer ne trouvera grâce à ses yeux : il feule sitôt qu’elle approche la main, réservant ses ronrons à mon seul usage. Elle ne supporte pas de ne pas plaire.
Elle se penche pour prendre une louche. J’aperçois un string bleu pâle, un triangle presque équilatéral, pas plus grand qu’un timbre−poste, vraiment, mais vraiment chié…
J’arrête le gaz ; On mangera plus tard. Le civet, ça se réchauffe. J’ai une urgence.
− Arrête… Arrête je te dis ! Pauvre taré, tu crois que je vais rester avec un minable comme toi ?
− Mimine !
− Mais tais-toi donc, c’est moi qui parle aujourd’hui …
Ce qu’elle me dévide, c’est pire qu’un égout, je vois des mégots, des tickets sales, des kleenex morveux, de la pisse, du vomi, ça dure et ça dure, et quand arrive le préservatif, j’explose, j’attrape le couvercle et je lui en colle un coup sur la tête.
Elle fait « off » et c’est tout.
Un couvercle isocèle, ça fait mal.
Je sors, pour me calmer un peu.
Il fait presque noir dehors, même sous le lampadaire. J’appelle Lucifer.
Un passant me regarde d’un drôle d’air.
Je fais un petit sourire, je lui dis « vous auriez pas vu un grand chat noir ? »
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Planque en solde.
À tue-tête je lis et relis la naissance du langage. Vladimir est affalé sur le siège.
— Écoute, mec :
Elle fut brusque et basée sur le triangle des phones naturels a,i,u, sorte d'éructations sauvage que l'homme a complété avec le triangle culturel des phones p,k,t afin de disposer d'une palette conséquente qui lui permette de composer des phonèmes. Quand il eu maitrisé le phonème, il remplit le champs sémantique libre à l'intérieur du triangle naturel et donna une ordonnance précise aux phonèmes. La parole était née, et le langage, par la même occasion. Étonnant, non ?
croquis :
croquis :
— Tu m'emmerdes avec tes démonstrations, Joe...
— Qu'est ce que tu veux que j'invente ? Ça fait des années qu'on est en planque.
— Je sais pas moi, parle-moi du temps de cerises, de l'aigle noir.
— Je te les ai déjà chantées il y a deux mois, Joe, j'aimerai bien que tu fasses des efforts, aussi.
— Des efforts, comment dit ? Tu trouves pas ça bizarre, toi, que personne prenne la relève ?
— Écoute, Joe, on a un boulot. Et on va faire ce putain de boulot jusqu'au bout !
— Personnellement j'y crois plus, bordel mais regarde ! Y a pas un chat ! Y a plus un chat !
L'air conditionné ronronnait, comme d'habitude, derrière la vitre, le soleil faisait le malin, comme tout les jours. Un coup là, un coup pas là, la nuit , surtout. Joe lustrait son insigne sur l'uniforme avec un chiffon imbibé d'huile. Il n'y avait plus rien à boire depuis des lustres vu qu'ils n'avaient pas été autorisés à emporter quoi-que-ce-soit dans cette caisse garée au milieu de nulle-part. Il y avait encore assez de bouffe : de la bouffe pour une éternité, à vrai dire. Les ailes de la caisse, Vladimir les lustrait tous les jours : c'était « la sortie du jour ». Mais fallait mieux ne pas s'attarder. Une planque est une planque et les ordres sont les ordres. Il n'y avait rien à lire, ni rien à regarder que cette putain d'entrée à fixer tous les jours au cas où et cet Ipod à la con. Les tours de garde, les tours de nuits, les tours. Un jour ils s'endormiraient tout les deux et ils rateraient la mission comme des glands. Valdimir s'y attendait, Joe , lui, beaucoup moins.
Joe pensait, vu la gueule de la terre d'en haut, comme-çà : orange, avec des trainées noires et sans plus aucuns nuages, que personne ne viendrait les chercher dans cette foutue station spatiale internationale. Alors il reprenait son encyclopédie numérique et apprenait des trucs pour démontrer à Vladimir. N'importe-quoi et si possible qui ne serve à rien surtout maintenant. Pour le plaisir de. Mais ce trou de balle de Russe écoutait-il vraiment ?
..
.
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Requiem pour un bégonia
Sans doute s’est-il perdu en chemin.
Il paraît que je suis impatiente, ça se confirme : l’heure du rendez-vous est passée depuis cinq minutes et je trépigne sur place en me rongeant les ongles. D’ici quelques minutes j’attaque les cuticules.
Peut-être qu’il a eu un accident.
On se coince vite le pied dans une bouche d’égout en courant comme un dératé pour arriver à l’heure et ça ralentit ensuite un genou déboîté.
Ce doit être ça. Parce qu’il court forcément : il sait parfaitement que je vénère la ponctualité, que j’abhorre le temps libre déclencheur de mille questions.
18h c’est 18h et pas 18h10. A la rigueur 17h55 parce que moi de toute façon j’y suis depuis moins le quart. Les quinze minutes de sûreté pour palier à tout imprévu.
C’est idiot quand même d’avoir choisi comme lieu le carré de bégonias du monument aux morts : je ne peux même pas tourner en rond. C’est moins pratique pour réfléchir, les idées n’ont pas de suite, elles ne se mordent pas la queue en boucle. En carré chaque angle est une interruption, je perds le fil. Puis c’est monotone ces quatre côtés égaux, compter les pas une fois suffit pour les trois autres, 5 pas, 20 mètres, 3 tours minute. Un rectangle au moins, c’eut été une chance sur deux d’être surprise.
Probable qu’il a été enlevé par les hommes d’une guérilla armée.
C’est sa seule excuse valable pour m’avoir plantée là sans prévenir.
Condamnée à me prendre la tête au carré sans l’échappatoire de la diagonale des fous : je piétinerais les bégonias des tombés pour l’honneur.
J’en délire : mon salut serait-il dans le sens inverse, pour remonter le temps perdu ? Mais je suis tellement habituée à filer droit que l’idée du rebrousse-poil a de quoi m’aliéner.
Plus la peine de regarder ma montre, c’est sûr, ça fait bien deux heures, j’ai mesuré en aiguilles mentales sur mon écran solaire de bégonias. Epuisant, je vais finir par m’allonger sur les fleurs, un lit militaire parfait.
Il s‘est peut-être envolé.
Il passe en ce moment même au-dessus de moi, se marre en douce de m’apercevoir perdue et minuscule sur cette grande pelouse parsemée de carrés de fleurs, comme une steppe pondeuse d’œufs anormaux.
Ça la fout mal pour un psy d’oublier l’heure de la consultation. Il n’a pourtant pas bronché quand j’ai dit que je voulais la faire en extérieur pour une fois, il n’a rien dit, pas bougé, même pas respiré, il était peut-être mort ?
Sans doute s’est-il perdu en chemin.
Il paraît que je suis impatiente, ça se confirme : l’heure du rendez-vous est passée depuis cinq minutes et je trépigne sur place en me rongeant les ongles. D’ici quelques minutes j’attaque les cuticules.
Peut-être qu’il a eu un accident.
On se coince vite le pied dans une bouche d’égout en courant comme un dératé pour arriver à l’heure et ça ralentit ensuite un genou déboîté.
Ce doit être ça. Parce qu’il court forcément : il sait parfaitement que je vénère la ponctualité, que j’abhorre le temps libre déclencheur de mille questions.
18h c’est 18h et pas 18h10. A la rigueur 17h55 parce que moi de toute façon j’y suis depuis moins le quart. Les quinze minutes de sûreté pour palier à tout imprévu.
C’est idiot quand même d’avoir choisi comme lieu le carré de bégonias du monument aux morts : je ne peux même pas tourner en rond. C’est moins pratique pour réfléchir, les idées n’ont pas de suite, elles ne se mordent pas la queue en boucle. En carré chaque angle est une interruption, je perds le fil. Puis c’est monotone ces quatre côtés égaux, compter les pas une fois suffit pour les trois autres, 5 pas, 20 mètres, 3 tours minute. Un rectangle au moins, c’eut été une chance sur deux d’être surprise.
Probable qu’il a été enlevé par les hommes d’une guérilla armée.
C’est sa seule excuse valable pour m’avoir plantée là sans prévenir.
Condamnée à me prendre la tête au carré sans l’échappatoire de la diagonale des fous : je piétinerais les bégonias des tombés pour l’honneur.
J’en délire : mon salut serait-il dans le sens inverse, pour remonter le temps perdu ? Mais je suis tellement habituée à filer droit que l’idée du rebrousse-poil a de quoi m’aliéner.
Plus la peine de regarder ma montre, c’est sûr, ça fait bien deux heures, j’ai mesuré en aiguilles mentales sur mon écran solaire de bégonias. Epuisant, je vais finir par m’allonger sur les fleurs, un lit militaire parfait.
Il s‘est peut-être envolé.
Il passe en ce moment même au-dessus de moi, se marre en douce de m’apercevoir perdue et minuscule sur cette grande pelouse parsemée de carrés de fleurs, comme une steppe pondeuse d’œufs anormaux.
Ça la fout mal pour un psy d’oublier l’heure de la consultation. Il n’a pourtant pas bronché quand j’ai dit que je voulais la faire en extérieur pour une fois, il n’a rien dit, pas bougé, même pas respiré, il était peut-être mort ?
elea- Nombre de messages : 4894
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Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
pitain il est où mon I de photoshop ?
C'est pas grave, dernière clope et au lit. Merci MC pili et bravo aux participants.
Yali tu me diras si il y a un encrage particulier à donner aux "i" dans une typo en surimpression, je mourrai moins con, du coup.
C'est pas grave, dernière clope et au lit. Merci MC pili et bravo aux participants.
Yali tu me diras si il y a un encrage particulier à donner aux "i" dans une typo en surimpression, je mourrai moins con, du coup.
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Un bien joyeux ménage, coline. Tu sais créer une atmosphère.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Modo, svp supprimer le en , vers la fin, dans la phrase " il doite en rester environ trente centilitre de liquide"
Merci, Modération aimée !!!
Merci, Modération aimée !!!
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Il doit oooh, grosse fatigue !
Désolée, je vous lirai demain. Merci Pili et bonne nuit à tous !
Désolée, je vous lirai demain. Merci Pili et bonne nuit à tous !
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Chouette ambiance chez toi aussi Panda, façon "Désert des Tartares" intersidéral.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Bon entre connexion de m... et urgences à régler, il n'y a eu ni bain ni dodo, donc là, j'y vais parce que nase et je fais l'exo en différé.
Merci pour les contraintes Pili et mille excuses.
Merci pour les contraintes Pili et mille excuses.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
J'ai tout lu, je reste encore un peu mais je ne suis pas en état de commenter maintenant.
Bon repos à Abstract et à ceux partis se coucher.
Merci Pili pour cet exo.
Bon repos à Abstract et à ceux partis se coucher.
Merci Pili pour cet exo.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Elea, c’est succulent , un humour inventif à souhait.
« Mais je suis tellement habituée à filer droit que l’idée du rebrousse-poil a de quoi m’aliéner. »
« Mais je suis tellement habituée à filer droit que l’idée du rebrousse-poil a de quoi m’aliéner. »
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Hey! Bonsoir Sahkti !
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Bon jour.
La Ville de Suzhou attire les touristes du monde entier qui, dès la descente du bus, entendent brailler à tue-tête les chauffeurs de taxi psalmodiant les propositions de circuit dans cette Venise chinoise cataloguée par les guides comme étant le paradis sur terre. Hangzhou, plus au sud, serait-elle détrônée de son appellation historique par cette cité lacustre ? Tant s'en faut, car la visite risque de leur révéler quelques surprises de taille.
En fait je me contre fiche des monuments à découvrir.
Je passe incognito, le nez en l'air au milieu de la foule, quittant au plus vite cette place noire de monde.
Une ruelle me tend les bras, j'y accorde mes pas.
Le calme revient.
Je me sens blanc lorsqu'une fille me regarde. La peau lisse de son visage me pointe du menton en écho à son Hello de bienvenue.
Bonjour, je réponds appuyé d'un Ni Hao de circonstance.
C'est le moment où ses yeux ponctués de pupilles sombres s'étonnent. De petites lèvres pleines et délicates me lancent France ? dans ma tronche qui s'illumine. Démasqué, je suis, emballé je deviens.
J'accroche sur la couleur de l'émail de ses dents, sa poitrine plate, les tétons coincés dans un soutif renforcé.
Elle détaille mon nez, la couleur de mes yeux, évalue la hauteur des genoux et s'amuse à comparer nos pieds. Naturellement maigrichonne elle se pavane avec sa taille menue et son petit cul plat serré dans un mini-short-jean délavé.
Son rire alerte les voisins. La conversation est bloquée aux seules apparences physiques dont nous disposons. J'imagine l'isocèle triangle du brun pubis. Une photographie entretien notre relation, puis une deuxième en compagnie de sa mère, une autre encore lorsque son père sort de la maison à son tour, et nous voilà cinq minutes plus tard rassemblés autour d'une fin de repas à ronronner entre nos rires que la bière évapore.
Le dictionnaire ne traduit pas épastrouillant en chinois, j'opte pour trinquer à nouveau tout en collant un timbre-poste sur l'enveloppe que la fille me tend.
Je vous enverrais les photos. Elle écrit son nom, son adresse. En réalité, c'est une suite de signes incompréhensibles, comme sont les miens que je marque sur son carnet. La nuit est déjà là.
Rendez-vous est pris demain pour visiter le marché aux oiseaux.
Je retrouve la rue, les pavés. Les cars de touristes ont disparu.
Deux chauffeurs s'empressent de me montrer des photos de sites à visiter.
Je m'en fous, j'ai des choses à raconter.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
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Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Bonne nuit, coline !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
à demain tous.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
• La première phrase devra contenir (si possible en tête de phrase) la locution adverbiale suivante : sans doute.
• La forme géométrique , le carré aura une importance significative dans le texte
• Le verbe aliéner sera présent dans le texte
• Le substantif la steppe sera présent dans le texte et qualifié d’une manière ou d’une autre par l’adjectif ovipare mais pas tel quel, de manière détournée : soit par l’emploi d’un synonyme, d’une périphrase, d’une métaphore, …
• La dernière phrase du texte devra se terminer par un point d’interrogation
• La forme géométrique , le carré aura une importance significative dans le texte
• Le verbe aliéner sera présent dans le texte
• Le substantif la steppe sera présent dans le texte et qualifié d’une manière ou d’une autre par l’adjectif ovipare mais pas tel quel, de manière détournée : soit par l’emploi d’un synonyme, d’une périphrase, d’une métaphore, …
• La dernière phrase du texte devra se terminer par un point d’interrogation
Une femme à la mer
Sans doute n’aurait-elle jamais dû s’engager dans l’armée. Son père le lui avait dit : c’était une mauvaise idée. Une fille comme elle, si fine, si menue, si… fragile ?
Fragile, tu parles ! Elle en avait bien ri, de sa remarque, au paternel, si il savait ! Si seulement il avait su… Elle aurait aimé, finalement, qu’il soit encore en vie aujourd’hui, qu’il voie comment elle en remontrait aux officiers qui se la jouaient… Jusqu'à l'autre. Mais voilà, tout ce qu’on ne sait pas des morts, jamais on ne le saura, et l’inverse vaut aussi. Alors elle était partie, des illusions plein la besace et des photos de famille plein la tête.
C’est sur le navire qu’elle avait rencontré l’autre. Elle ne le nommait plus par son prénom, il n’en était pas digne. Un gradé parmi les gradés, un de ceux qui sait se tenir en société... Mais en privé, pour sûr, c'était une autre affaire. Au début, pas de surprise, on se raconte nos vies, on bavasse un peu sur la famille, les amis... On s'apprivoise, quoi ! C'est ensuite que ça s'était corsé : durant les repas dans le carré, il s'était mis à rapporter à voix haute des propos très intimes qu’elle lui avait confiés, tout en la mimant en train de minauder. Elle lui avait demandé pourquoi il agissait ainsi. Il avait rétorqué qu’elle n’avait aucun humour. Une autre fois, elle l’avait entendu narrer aux autres gradés leurs ébats avec force détails et bruitages, la singeant lors de l’orgasme. Certains riaient, d’autres semblaient gênés. Personne n’osait la regarder. Elle avait quitté la table.
Elle n’aurait jamais dû s’engager. C’est ce qu’elle avait fini par admettre, à force d’humiliations publiques, elle s'était dit que son père avait raison. En rentrant, je déposerai un bouquet de gentianes sur ta tombe, papa. C’est ce qu’elle s’était promis.
L’autre avait fait une déclaration. Cette fois, c’était durant une escale, dans un bar sur le port de Norfolk. Le bouge était bondé, du beau monde et du moins beau, du gradé qui se dégradait au fil des pintes, des putes prêtes à se dépoiler au moindre biffeton qui leur tombait dans le décolleté. L'autre était monté sur l'estrade au moment du karaoké. Il avait dit : "ça, c'est pour ma p'tite chérie... Elle est là, collée au bar..." Tout le monde s'était retourné. Rires étouffés. Sifflements salaces. Depuis le temps qu'ils marinaient sur le patrouilleur, ils avaient besoin d’air vicié...
La voix avinée avait déclamé :
« T’es aussi aride qu’une steppe, ma pauvre fille, et encore, dans la steppe y a plusieurs formes de vie... Chez toi y a rien qui pousse, même ta pilosité elle a un air louche, l'air de ceux qui sont là sans vouloir y être… T’es pire qu’une steppe, ma fille, quand on te voit on dirait une steppe qu’aurait pas vu un cactus depuis des millénaires, une steppe vierge qui pond des ovules jamais fécondés… Je te plains même pas, ma fille, d'ailleurs une steppe on lui parle pas, allez, va, retourne à ta toundra, ma chérie..."
Rires. Applaudissements. Sifflements. Rideau.
Voilà, c’est comme ça qu’il l’avait quittée. Et, dans sa peau de toundra malade, elle s’était demandé comment son cœur avait pu s'aliéner ainsi, faire siennes la haine, la gangrène, la folie… Froide : c'est ce qu'elle était devenue. Aussi froide que la mer ?
Fragile, tu parles ! Elle en avait bien ri, de sa remarque, au paternel, si il savait ! Si seulement il avait su… Elle aurait aimé, finalement, qu’il soit encore en vie aujourd’hui, qu’il voie comment elle en remontrait aux officiers qui se la jouaient… Jusqu'à l'autre. Mais voilà, tout ce qu’on ne sait pas des morts, jamais on ne le saura, et l’inverse vaut aussi. Alors elle était partie, des illusions plein la besace et des photos de famille plein la tête.
C’est sur le navire qu’elle avait rencontré l’autre. Elle ne le nommait plus par son prénom, il n’en était pas digne. Un gradé parmi les gradés, un de ceux qui sait se tenir en société... Mais en privé, pour sûr, c'était une autre affaire. Au début, pas de surprise, on se raconte nos vies, on bavasse un peu sur la famille, les amis... On s'apprivoise, quoi ! C'est ensuite que ça s'était corsé : durant les repas dans le carré, il s'était mis à rapporter à voix haute des propos très intimes qu’elle lui avait confiés, tout en la mimant en train de minauder. Elle lui avait demandé pourquoi il agissait ainsi. Il avait rétorqué qu’elle n’avait aucun humour. Une autre fois, elle l’avait entendu narrer aux autres gradés leurs ébats avec force détails et bruitages, la singeant lors de l’orgasme. Certains riaient, d’autres semblaient gênés. Personne n’osait la regarder. Elle avait quitté la table.
Elle n’aurait jamais dû s’engager. C’est ce qu’elle avait fini par admettre, à force d’humiliations publiques, elle s'était dit que son père avait raison. En rentrant, je déposerai un bouquet de gentianes sur ta tombe, papa. C’est ce qu’elle s’était promis.
L’autre avait fait une déclaration. Cette fois, c’était durant une escale, dans un bar sur le port de Norfolk. Le bouge était bondé, du beau monde et du moins beau, du gradé qui se dégradait au fil des pintes, des putes prêtes à se dépoiler au moindre biffeton qui leur tombait dans le décolleté. L'autre était monté sur l'estrade au moment du karaoké. Il avait dit : "ça, c'est pour ma p'tite chérie... Elle est là, collée au bar..." Tout le monde s'était retourné. Rires étouffés. Sifflements salaces. Depuis le temps qu'ils marinaient sur le patrouilleur, ils avaient besoin d’air vicié...
La voix avinée avait déclamé :
« T’es aussi aride qu’une steppe, ma pauvre fille, et encore, dans la steppe y a plusieurs formes de vie... Chez toi y a rien qui pousse, même ta pilosité elle a un air louche, l'air de ceux qui sont là sans vouloir y être… T’es pire qu’une steppe, ma fille, quand on te voit on dirait une steppe qu’aurait pas vu un cactus depuis des millénaires, une steppe vierge qui pond des ovules jamais fécondés… Je te plains même pas, ma fille, d'ailleurs une steppe on lui parle pas, allez, va, retourne à ta toundra, ma chérie..."
Rires. Applaudissements. Sifflements. Rideau.
Voilà, c’est comme ça qu’il l’avait quittée. Et, dans sa peau de toundra malade, elle s’était demandé comment son cœur avait pu s'aliéner ainsi, faire siennes la haine, la gangrène, la folie… Froide : c'est ce qu'elle était devenue. Aussi froide que la mer ?
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Superbe, ton texte, bertrand-mô !
Et j'espère bien que t'en à d'autre à raconter de cette-veine-là !
Et j'espère bien que t'en à d'autre à raconter de cette-veine-là !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Bonne nuit, bertrand !
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Coline Dé, j'ai trouvé que le texte, plaisant, manquait d'unité, partait un peu dans tous les sens... Je n'ai pas trop vu la progression qui amenait le mec jusqu'au point de rupture.
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
pandaworks, j'aime beaucoup ! Du bon délire, pour moi.
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Halicante, j'ai adoré la chute révélatrice ! Avant, le texte m'a paru un poil convenu.
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
bertand-môgendre, j'aime bien le trouble esquissé dans le texte, qui le fait sortir du cadre "carte postale"... je l'aurais peut-être préféré, ce trouble, un peu plus marqué.
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
(Pardon, j'ai dit Halicante pus haut, c'était le texte d'elea dont je parlais.)
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Poignant, tragique et vraisemblable, ton récit Halicante. Et comme socque, j'ai beaucoup aimé la chute.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
Merci à vous, Pili, les contraintes étaient vraiment intéressantes ! Un exercice fort bien mené.
Bonsoir à tous !
Bonsoir à tous !
Invité- Invité
Re: Exo live jeudi 14 octobre 20h30
socque a écrit:(Pardon, j'ai dit Halicante pus haut, c'était le texte d'elea dont je parlais.)
Ben, du coup... n'empêche, je n'enlève rien à mon commentaire à Halicante
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
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