Les fruits poussent toute l'année

Les figuiers ont penché leurs têtes
Le long de la route
Les falaises ont vu leurs fruits mûrir
Et pousser
Et grandir
Se détacher
On a vu la rivière couler le long des figuiers

Les écluses ont comptés tous mes pas
Les figuiers grandissent
Les fruits sont soleils, ils viennent éclore
Des rayons odorescent, fragrance faune et flore
Dans le parfum ouaté des figues et des figues

Les brugnons roulent le long du potager
Les pommes font poèmes
Sur les bras nus d’un arbre
On chante l’amour au fond du verger
Et les cheveux des figues ne se mâchent pas

J’ai cueilli la tige et le réséda
J’ai extrait la saveur
D’une étoile en garrigue
J’ai humé l’odeur du pampre et la figue
Délivre ses flots couleur de cerne et lilas

Les fruits poussent, jardin aphrodite
La calèche avance dans les plis d’un orage
La moisson se fiance aux espoirs des ventres
Si nus, et vides, et tendres
Pour eux les fruits se poudrent demain

Et soudain

Je pense a toi le long d’un fruit
Qui caresse la pulpe
De mon long corps (détaché)
Qui s’effrite
Qui s’écarte
Dont la peau s’enlève
Je pense a toi un soir de fruit
Odorant et juteux, le fluide d’appétit
Emoussent mes sens, mes yeux et mes passions
J’ai la faim de mordre

Et le temps
Tombe
Tout
Doucement
Des arbres
Aux feuilles se balance
Le temps
Des arbres
Des fruits
Des feuilles.
J’ai

Une corbeille mure, chargée, emplie de galbe tièdes et fermes, d’autres plus soyeux, de récoltes rares aux noms surannés, de teinte de bistre et d’éclats carmins, j’ai, une corbeille aux seins d’or et aux cheveux blonds, où reposent les fruits, les fruits, ces fruits qu’on ne cueille plus

Qu’on ne cueille pas
Car il n’est plus la saison du rêve
T’oublier, ici ou là
Et les fruits relèvent
Des courbes du fantasme
Qui éclosent, lentement, lentement,
tout bas.

Personnellement, j'aurais arrêté le poème à:

Je pense a toi le long d’un fruit
Qui caresse la pulpe
De mon long corps détaché

(en virant "long" qui n'apporte rien et sans mettre "détaché" entre parenthèse)

Pourquoi je te dis ça? Parce que, de ce que j'ai lu de toi, c'est le poème qui a la structure la plus "carrée", qui garde le même ton de A à Z, en tout cas jusqu'à ce vers-là. Et c'est un vrai petit jardin des hespérides, regorgeant de senteurs, de couleurs et de parfums. Des pommes en poèmes, des figues... J'adore les figues. Dommage que tu ne "refermes" pas la porte du potager. La fin pour moi n'est qu'un rajoût inutile

sinon, je trouve qu'il y a des choses aussi que tu peux retoucher un peu (un peu plus creux et moins chantant que le reste):
On chante l’amour au fond du verger
fragrance faune et flore (un peu facile)
des figues et des figues (pas très bien compris la répétition là)

Par contre, les plis de l'orage, les rayons odorescents, l'étoile en garrigue, chapeau. Et aussi, la mélodie en général

Les figuiers ont penché leurs têtes
Le long de la route
Les falaises ont vu leurs fruits mûrir
Et pousser
Et grandir
Se détacher
On a vu la rivière couler le long des figuiers

Les écluses ont comptés tous mes pas
Les figuiers grandissent
Les fruits sont soleils, ils viennent éclore
Des rayons odorescent, fragrance faune et flore
Dans le parfum ouaté des figues et des figues

Les brugnons roulent le long du potager
Les pommes font poèmes
Sur les bras nus d’un arbre
On chante l’amour au fond du verger
Et les cheveux des figues ne se mâchent pas

J’ai cueilli la tige et le réséda
J’ai extrait la saveur
D’une étoile en garrigue
J’ai humé l’odeur du pampre et la figue
Délivre ses flots couleur de cerne et lilas

Les fruits poussent, jardin aphrodite
La calèche avance dans les plis d’un orage
La moisson se fiance aux espoirs des ventres
Si nus, et vides, et tendres
Pour eux les fruits résonnent demain

Et soudain

Je pense a toi le long d’un fruit
Qui caresse la pulpe
De mon corps détaché

Et le temps
Tombe
Tout
Doucement
Des arbres
Aux feuilles se balance
Le temps
Des arbres
Des fruits
Des feuilles.
J’ai

Une corbeille mure, chargée, emplie de galbe tièdes et fermes, d’autres plus soyeux, de récoltes rares aux noms surannés, de teinte de bistre et d’éclats carmins, j’ai, une corbeille aux seins d’or et aux cheveux blonds, où reposent les fruits, les fruits, ces fruits qu’on ne cueille plus

Qu’on ne cueille pas
Car il n’est plus la saison du rêve
T’oublier, ici ou là
Et les fruits relèvent
Des courbes du fantasme
Qui éclosent, lentement, lentement,
tout bas.

Les remords ont la peau lourde
Et leurs doigts sont muets
A frapper contre le ventre
Des tambours

Exprimant l’indicible

J’ai douze mille langues que vous ne pouvez comprendre
Et le désir
De n’être plus le chantre
Que de parfums languides

J’ai des soleils que modèlent mes mains
J’ai du potier la caresse
Pour le travail
la pudeur
Pour l’objet
J’ai
des vapeurs léchant mes miroirs

Les fruits ont coiffé ma tête ce matin
Et je vais a la récolte
Des mots
Odorants, et
Exquis

La pêche a été bonne ce matin
Et les mots sont autant de fruits

Ma corbeille fait l’amour comme l’argile

Un effort de ta part consistant à participer un peu plus activement à la vie du site serait bienvenu et donnerait peut-être un peu plus envie aux lecteurs de commenter tes propres textes ...
"Cro mignon ... j'ai beaucoup aimé, c'est très joli" me surprennent un peu par leur laconisme quand on voit la facilité d'élocution dont tu fais preuve dans tes textes !

Juste passée dire combien j'aime, à quelques mots ou images près, la tranquille et assertive sensualité de ces poèmes. Tout est dans le suggéré, et dieu que c'est évocateur. Pourtant, je me dois aussi de dire que je ne le trouve pas complètement abouti ce poème, il me semble qu'il y aurait moyen, avec ta facilité à la prolixité, de pousser plus le travail sur l'analogie, sur la métaphore - tout en restant suggestif. C'est la première fois je crois que je te lis dans ce registre bucolique, heureuse de cette découverte.


Objections :

le fluide d’appétit
Emoussent mes sens, mes yeux et mes passions
J’ai la faim de mordre
(je trouve ceci contradictoire, je pensais plutôt à "aiguillonnent")

La pêche a été bonne ce matin (je vois bien le jeu de mot, mais du coup cela détourne la thématique, enfin à mes yeux)

Mais retenu ceci, pour la beauté et la justesse de l'image :

J’ai humé l’odeur du pampre et la figue
Délivre ses flots couleur de cerne et lilas

(juste étonnée qu'à aucun moment tu ne parles du lait secrété par la figue...)

Précision : j'ai préféré la deuxième version du poème.




Et me joins à Arielle dans son souhait de te voir plus actif sur le site. Ce n'est que justice de retourner l'intérêt que les autres membres du site te portent ou encore, de chercher à le susciter par des commentaires plus étoffés de leurs propres textes.

Je n'avais pas commenté parce que, rien à faire, je reste hermétique. Je passe manifestement à côté de quelque chose !

Que c'est beau a-je envie de dire et voilà qui sera bien pauvret comme commentaire, hum...
Les figues me parlent, c'est perso, hautement subjectif, c'est une tranche de mon passé qui remonte à la surface alors je me balade en leur compagnie dans tes lignes, je revois ces arbres qui penchent et ces fruits qui tombent... je revois tant de choses qui me manquent si fort aujourd'hui. Du coup, ton poème me parle tant que je suis bien incapable de chercher ses qualités, ses défauts, que sais-je encore. C'est ainsi, ça me suffit.

Un bien joli poème rempli d'odeurs et de saveurs.

Se promener en ton jardin de mots est pur plaisir, Louis! , même si quelques "imperfections"/herbes sauvages ici ou là me tirent l'oeil, happent l'oreille, qu'importe!

Te lire ... le soleil cligne entre tes lignes, jouant des ombres et des sens .
Te lire ... la saveur brute du plain-chant de nos émois adolescents.