La terre sous nos pas

Aux murmures de l’aube, les herbes frissonnantes

La terre grasse et noire
Par le soc éventrée
Griffure du sillon
Comme ligne de vie

Tourbillon emplumé
Des grives affamées
Qui se goinfrent des vers
Que la herse déterre

Ces croupes cuirassées
Fumantes sous l’effort
A l’amble de leurs pas
Nous guidons la charrue

Les ombres qui s’allongent et nos corps harassés

Les sabots que l’on taille
Varlopant le bois tendre
Le soir autour de l’âtre
Où châtaignes crépitent

Abouché à ton sein
L’innocence s’endort
Sombrant dans la douceur
De ses rêves lactés

La froidure hiémale
Givrant à nos fenêtres
Gémissement du vent
Qui miaule sous la porte

Une balayure de lune, s’accroche à ton regard

Rien à faire, le rythme d'hexasyllabes presque systématique gâche pour moi les belles images de ce poème.

Procuste a écrit:Rien à faire, le rythme d'hexasyllabes presque systématique gâche pour moi les belles images de ce poème.

pareil pour moi

Force m'est de rejoindre les précédents commentaires: le rythme de l'exasyllabe s'accorde mal ici avec l'ampleur du sujet et son traitement métaphorique pourtant puissant.

Je suis convaincu qu'une recomposition redonnerait à ce texte sa belle dynamique à l'évidence, un peu brisée.

Ce n'est pas un thème qui m'emballe mais je reconnais d'indubitables qualités à ce poème, et un beau dernier vers.

Je dis comme les autres.
Non que je me refuse à apprécier ce mètre, mais il convient, me semble-t-il, aux choses dites avec légèreté, comme sans y toucher, en chansonnette.

C'est vrai que la métrique ne convient pas à ce texte où justement devrait peser la nonchalance, la lenteur, la tradition. Un texte comme une peinture de Millet. De très belles images

Une pesante nonchalance, je flaire là un plaisant oxymore.

Procuste a écrit:Rien à faire, le rythme d'hexasyllabes presque systématique gâche pour moi les belles images de ce poème.

Ah, étrange, cette construction poétique ne me gène pas du tout, bien au contraire. C'est presque oxymorique, en effet, un vers léger pour un thème pesant, et ce n'est pas pour me déplaire.

toute considération technique mise de côté, je trouve ce poème fort émouvant

J'ai beaucoup aimé.

Oui le rythme surprend bien un peu mais il y a les belles images, quand même, qui rendent ce poème particulièrement expressif ...

j'ai aimé ...

Mychelc

Une belle évocation de la dureté de la vie en milieu rural. Moi j'ai apprécié l'économie de moyens, la rigueur austère, qui permet de faire surgir des images puissantes avec peu de mots, mais bien posés et symbolisant bien ces journées où l'on est contraint d'aller à l'essentiel, afin que simplement la vie continue.

Joli poème ! Merci.

Petits soucis pour la paysanne (que je ne suis pas) :
- une charrue et une herse sont très différentes pour moi, j'ai mis du temps à comprendre qu'il s'agissait du même attelage
- marcher à l'amble d'un cheval (ou d'un boeuf) m'a aussi rendue perplexe. La bête ne marchant elle-même pas à l'amble, le conducteur se synchronise-t-il avec les jambes (ou les pattes) avant ou arrière ?
Ces 2 points font que la scène me paraît être imaginée assez loin de la réalité de "la terre".

J'aurais aussi tendance à dire que le rythme ne s'accorde pas vraiment, surtout au début. Les images cependant sont belles.

je vous ai écouté, et alors ...........


Aux murmures de l’aube, les herbes frissonnantes

La terre grasse et noire par le soc éventrée
Griffure du sillon comme ligne de vie
Tourbillon emplumé des grives affamées
Qui se goinfrent des vers que la herse déterre

Ces croupes cuirassées fumantes sous l’effort
Au rythme de leurs pas nous guidons la charrue
Les ombres qui s’allongent et nos corps harassés
Main grise de la nuit par dessus la colline

Les sabots que l’on taille varlopant le bois tendre
Le soir autour de l’âtre où châtaignes crépitent
Abouché à ton sein l’innocence s’endort
Sombrant dans la douceur de ses rêves lactés

La froidure hiémale givrant à nos fenêtres
Gémissement du vent qui miaule sous la porte
Le cri de la hulotte qui te fait tressaillir
La blancheur de ta peau et ton si doux sourire

Une balayure de lune, s’accroche à ton regard

je vous ai écoutés

Oui il y a une amélioration je crois, dans la richesse du vers,
même si la première version me plaisait déjà tout-à-fait !

Coup de coeur pour ce vers :
"La blancheur de ta peau et ton si doux sourire"

Splendide... j'aurais aimé l'écrire

Il se lit mieux ainsi.
Les images gagnent aussi en qualité, surtout les derniers vers

Terriblement efficace, évocateur ! Je n'ai lu que la première version, qui ne m'a posé aucun grief quant au rythme : je le trouve très adapté, un décalage bien venu.