La petite Perle

Ceci est un conte pour enfants que j'avais écrit en 2005 pour un projet collectif sans suite sur le thème du cirque ...

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- Qui es-tu pour venir boire notre eau ? dit Paulin, le plus âgé des chevaux.
- …
- Et pourquoi as-tu une corne sur la tête ?
- …
- Et bien réponds ! Personne ne te veut de mal.

La petite licorne, apeurée, se demanda quelques instants s’il lui fallait fuir ou demander de l’aide à ces chevaux inconnus. Après tout, ils étaient des lointains cousins de sa race. Elle n’en avait jamais vu auparavant mais sa maman lui parlait souvent de ces animaux. Elle décida donc de tout expliquer à ce grand cheval majestueux.

- Je me suis perdue ! commença t’elle. Mes parents ont été capturés par des chasseurs.
- Des chasseurs ! répondirent ils en chœur.
- Ils traquent les licornes pour leur voler leurs cornes magiques et les revendre à prix d’or.
- Ah ! les bandits !
- Moi seule ai réussi à leur échapper !

Sans relâche, à travers les buissons, les taillis et les ronces, elle avait couru. Sans se retourner, sans se repérer, se perdant dans cette forêt si touffue.

Enfin, elle avait aperçu cette clairière lumineuse avec son grand chapiteau rouge au milieu, ses petites roulottes et ses animaux en liberté. Elle s’était de suite sentie rassurée, calmée. Comme si la clairière voulait la protéger contre le mal et l’aider. Assoiffée, elle avait commencé à boire lorsque Paulin et les autres s’étaient approchés.

Ils étaient quatre, grands, forts, en pleine santé, tous gris des sabots jusqu’à la crinière. Les trois autres suivaient toujours Paulin et ne parlaient quasiment que pour dire qu’ils étaient d’accord avec celui-ci. Et quand Paulin qui avait très bon cœur décida d’aider la petite licorne, ils l’accueillirent très gentiment.

Paulin qui avait également beaucoup de courage et d’imagination décida qu’il leur fallait cacher cette licorne, la mettre en sécurité. Mais il ne fallait pas que le directeur du cirque la découvre. Ce n’était pas un homme méchant mais le cirque ne rapportant pas beaucoup d’argent, il aurait pu être tenté de vendre cet animal magique aux chasseurs. Il faut toujours se méfier des hommes, disait souvent Paulin, même les meilleurs. Même le directeur qui pourtant les comprenait et leur parlait, pouvait devenir mauvais.

Ainsi, Paulin et ses trois compagnons firent une place dans la paille à la petite licorne, ils lui donnèrent une part de leur avoine quotidienne et l’entourèrent toute la journée pour que personne ne puisse l’apercevoir. Effectivement, personne ne pouvait voir la petite, cachée qu’elle était par ses quatre grands canassons.

Une chose qui les avait beaucoup étonné, c’est qu’elle n’avait pas de nom. Aussi, dès le deuxième jour, ils décidèrent de lui en trouver un.

- Blanchette ! proposa l’un d’eux.
- Voyons, ce n’est pas une chèvre ! réagit vivement Paulin
- Marguerite ! proposa un autre.
- Ce n’est pas une vache, non plus !
- Bianca ! essaya le dernier.
- Taisez-vous ! s’énerva Paulin qui avait aussi mauvais caractère que bon cœur.

Et tandis que les autres boudaient et marmonnaient , il trouva un nom qui plut à tous :

- Perle ! Ce sera Perle ! Qu’en dites vous ?

Ainsi tout allait bien, nul chasseur ne passait par la clairière et Perle avait retrouvé des amis qui l’aidaient à supporter son chagrin et sa peur.

Mais bientôt Paulin parut inquiet. La représentation du samedi approchait et il allait être difficile pour les quatre amis de cacher la petite pendant le spectacle. Paulin passa deux nuits sans dormir, réfléchissant, cherchant, imaginant les solutions les plus folles. Ce fut finalement Nestor, l’un des trois autres chevaux qui trouva la solution, lui, qui d’habitude ne disait que oui, non ou j’ai faim.

Perle devait être prise pour un cheval déguisé. Pour cela, il fallait fabriquer des fausses cornes que les quatre chevaux se placeraient sur la tête. Vu leur taille et leur couleur grise, les gens sauraient bien qu’ils n’étaient pas des licornes. Lors du spectacle, ils penseraient voir cinq chevaux déguisés en licornes, sans se douter que l’un d’eux, le plus petit, était véritablement une licorne. Quant aux ailes, plus difficile à imiter, Perle devrait les garder collées à son corps. Comme elles étaient encore très petites du fait de sa jeunesse, personne ne les remarquerait.

Seul problème, aucun d’entre eux n’était assez habile avec ses sabots pour fabriquer des cornes en carton pâte ! Paulin allait devoir demander de l’aide ! Non sans grogner, il partit à la rencontre de Roméo, le chef des singes avec qui il était pourtant fâché depuis une sombre histoire de peau de banane. Il lui expliqua le problème et Roméo, qui malgré son caractère taquin avait aussi bon cœur, décida tout de suite de l’aider. En moins d’une heure, les singes avaient fabriqué des cornes en paille et papier mâché et les avaient fixées sur le museau des chevaux.

Les singes étaient gentils mais pas très discrets. Rapidement, tous les animaux du cirque furent au courant de l’affaire. Tous voulurent alors faire connaissance avec Perle. Les caniches, éléphants, dromadaires et même le lama cracheur, tous lui rendirent visite. Tous promirent de ne rien dire et de la protéger.

- Nous t’amènerons de l’eau grâce à nos trompes ! lui promirent les éléphants.
- Nous monterons la garde ! proposèrent les caniches.
- Quant à moi, je dévorerai les chasseurs, s’il le faut ! s’exclama le Tigre.

Tous unirent leurs forces pour aider Perle. La petite eût chaud au cœur d’avoir tant de nouveaux amis.

Restait une dernière difficulté ! Il fallait convaincre le directeur du cirque qu’un numéro de cinq chevaux déguisés en licorne était meilleur qu’un numéro avec quatre chevaux. Et à nouveau, ce fut l’affaire de Paulin. La veille de la représentation, le cheval se présenta devant le directeur au coucher du soleil. La discussion fut longue. Personne dans la clairière ne trouva le sommeil, tous s’étaient réunis autour de la roulotte du patron Ils attendirent longtemps, impatients, fatigués. Un éléphant s’endormit, s’écroulant lourdement sur le flanc en manquant d’écraser un des singes qui, de colère, se mit à lui crier dessus.

Tard dans la nuit, Paulin ressortit enfin de la roulotte. Son sourire redonna des forces à toute la tribu et Perle comprit qu’elle pouvait rester. Paulin lui expliqua que le directeur voulait bien faire un essai mais qu’ils ne pourraient pas beaucoup dormir cette nuit là car dès le lendemain à l’aube, il allait devoir lui apprendre le numéro. Rien de très compliqué à vrai dire ! Les quatre chevaux et leurs fausses cornes allaient faire le même qu’à l’habitude : quelques tours de piste au petit trot avec des acrobates sur le dos. La licorne, trop petite pour supporter un tel poids, se contenterait de les précéder fièrement.

Le lendemain, la représentation fut grandiose. Tous les animaux furent bien meilleurs qu’à l’habitude. Ils avaient tous décidé de faire de gros efforts pour que Perle puisse rester. Le directeur, surpris, était ravi. Le public, heureux, allait sûrement recommander le spectacle à d’autres personnes et le cirque allait être rempli les prochains samedis.

Et les samedis suivants furent très réussis. Beaucoup de monde, des sourires sur chaque visage, des animaux heureux, beaucoup d’argent pour le directeur, très content.

De semaine en semaine, Perle oubliait sa peine et devenait la petite sœur de chacun. Toujours gentille et joueuse, elle faisait l’unanimité et l’ambiance n’avait jamais été aussi joyeuse dans la petite clairière.

Mais les ailes de la petite licorne continuaient de grandir et il devenait de plus en plus difficile de les cacher. Il lui fallait éviter d’être vue de près par les hommes. L’insouciance avait gagné la troupe et aucun d’eux ne pensait plus au danger que Perle courait à être reconnue.

Un jour, il fallut partir de la petite clairière. Le cirque, itinérant, devait se rendre dans un autre village, dans une autre clairière. Arriva la dernière représentation. Le directeur semblait vouloir emmener la petite licorne qu’il croyait cheval pour les prochaines étapes du cirque. Celle-ci était tellement contente que lors des tours de piste de ce dernier spectacle, elle ne put s’empêcher de déployer ses ailes et de s’envoler sous le chapiteau. Le public, stupéfait de ce miracle, devint tout à coup silencieux. Perle, comprenant son erreur, réalisant que maintenant tout le monde connaissait son secret, retourna au sol et commença à pleurer. Le directeur allait sûrement la vendre aux chasseurs.

Soudainement, le public se leva et applaudit à tout rompre, l’encourageant, riant, criant.

- Bravo, bravo ! répétait des spectateurs
- Quel miracle ! s’émerveillaient les autres.

Paulin fit signe à Perle de décoller et ils continuèrent le numéro. Les chevaux et leurs cavaliers au sol et la petite licorne dans les airs. Ce fut un triomphe, une soirée extraordinaire, un spectacle comme il n’en existe qu’un seul dans la vie d’un cirque.

La représentation terminée, la petite licorne alla se coucher en compagnie de Paulin, Nestor et les deux autres. Tous étaient fiers de leur numéro mais avait peur pour la petite. Ce soir là, ils eurent beaucoup de mal à trouver le sommeil.

Le lendemain matin, à l’aube, le directeur les réveilla. Lui qui d’habitude ne sortait jamais si tôt de sa roulotte, était venu les voir. Mauvais présage pensèrent-ils. Puis le directeur, qui s’appelait Noé, s’adressa aux chevaux et à Perle et leur dit :

- Ecoutez mes petits, c’était formidable hier soir. J’aimerais que vous me fassiez le même numéro chaque samedi ! Une licorne dans un cirque, ça n’existait pas ! Nous serons les seuls à faire ce numéro, la fortune assurée. Et si vous êtes d’accord, nous allons vite partir d’ici car il paraît qu’il y a des chasseurs qui rôdent dans la forêt.


Les animaux pleurèrent de joie. Perle avait maintenant une nouvelle famille et elle se dit que Paulin avait tort, on pouvait peut être faire confiance à certains hommes, comme le gentil Noé par exemple.

Le cirque reprit la route et d’étape en étape, devint de plus en plus célèbre. D’est en ouest, du nord au sud, il voyagea à travers le monde et donna de belles représentations pendant très longtemps.

C'est une joli histoire, je pense destinée aux enfants. Je trouve que ce n'est pas un conte, car il manque les éléments classiques constitutifs du genre.

Je ne peux pas te reprocher donc que ce soit plein de bons sentiments (il serait probablement malvenu de dévoiler que Noé était en fait un sacré pochtron, ou de décrire le singe en obsédé sexuel :-). Ca developpe d'ailleurs des thèmes de solidarité et de créativité qui me sont fort sympathiques :-)

Cependant, je trouve que tout est trop beau, bien, dès le début. Les chevaux, beaux et sympas, les animaux, même le directeur du cirque. Or, peut-être tu gagnerais à présenter le tout sous un jour moins favorable (voire un peu pourri) puis de montrer l'évolution positive des choses et des caractères. Ca pourrait devenir plus rigolo, et puis aussi parler d'une certaine morale sociale...

Sur la forme, peut-être qu'un peu plus de dialogues alertes et amusants peuvent être agréables !

Sinon ça se lit agréablement et c'est très joliment visuel !

pour préciser, c'était destinée à être lu à haute voix pour des enfants hospitalisées.

Effectivement, plus de dialogues alertes auraient rendu le tout plus fluide et sympa. Et encore, dans une première version, il y en avait encore moins et j'en avais ajouté grâce à deux relectrices de fort bon conseil et que vous connaissez bien. Je les remercie encore d'ailleurs ;-)

je l'ai lu à haute voix à la princesse et elle a apprécié moi aussi d'ailleurs, c'est une très belle histoire en plus l'emblème de son papa c'est la licorne donc l'instant fut magique...

j'ai adoré ce petit conte. C'était vraiment mignon cette histoire !!! :-)))

Charles a écrit:pour préciser, c'était destinée à être lu à haute voix pour des enfants hospitalisées.

Je ne connaissais pas le contexte, et en effet ça explique bien plusieurs de tes choix !

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Quelques informations pour les amateurs de contes, voici un lien vraiment très intéressant qui dit comment ils sont construits :

http://www.contemania.com/comprendre/

On peut trouver aussi plein de choses passionnantes sur ce site ! Je recommande l'explication de la structure des contes (voir notamment le système de Propp en 31 points), ce qui m'a fait dire que tu ne suivais pas une histoire classique (ce qui finalement n'est pas tout à fait exact) :

http://www.contemania.com/comprendre/Vladimir_Propp.htm

Pour ceux qui sont réticents (je les entends d'ici !), n'ayez pas peur de ce "formalisme" un peu effrayant : le contenu est fascinant, et je vous assure que ça ne cassera pas votre âme d'enfants, au contraire ça peut vous donner plein de très très bonnes idées pour écrire de belles histoires...

Difficile pour moi de critiquer ce texte, car je ne fais pas partie du public auquel il est destiné. C'est un(e) conte/histoire (peu importe l'appellation) pour enfants et je dirais même qu'elle/il s'adresse aux très jeunes enfants, autour des 4-5 ans peut-être. Objectivement, je te dirais que je trouve ton histoire trop jolie, si cela est possible. Ça manque un peu de chien, si tu vois ce que je veux dire, d'originalité à la limite. Les histoires de licorne parmi les chevaux et vice-versa, de cheval parmi les licornes, il y en a des dizaines et des centaines peut-être. Et je crois que ton histoire se perd un peu dans la masse d'histoires du même genre. Ceci dit, elle est bien écrite et véhicule un message positif.

Ah je suis sûr que ça doit bien fonctionner avec des petits.
Tu permets que je me le garde en stock pour dans quelques temps ? Je testerai et t'en dirai des nouvelles ;-)

Une jolie petite histoire, de celles que les enfants lisent ou écoutent attentivement, captivés.
Effectivement, ça manque peut-être un peu de mordant, tu aurais pu jouer davantage avec tes "personnages", croquer tout ça avec un peu plus d'humour et de vie. Mais il n'empêche que je suis persuadée que ce genre d'histoires est tout à fait ce qu'aime le public pour lequel elles sont écrites.