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De l'autre côté de la rive

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De l'autre côté de la rive Empty De l'autre côté de la rive

Message  drayano Mar 29 Mar 2011 - 15:01

Intro: Agadir

Agadir est une ville située au Sud-ouest du Maroc, sur la côte atlantique, à 508 km au sud de Casablanca, à 173 km d’Essaouira, et à 235 km à l’Ouest de Marrakech.
Elle est la capitale administrative de la région Souss-Mass-Drâa, et le siège de la préfecture d’Agadir Ida-Outanane. En 1960 la ville fut ravagée par un tremblement de terre; après cette catastrophe, elle fut entièrement reconstruite conformément aux normes parasismiques.
Avec un ensoleillement de plus de 340 jours par an et son magnifique bord de mer, Agadir est devenue la principale station balnéaire du Maroc, où les touristes venant du monde entier et les résidents étrangers, que les charmes de la belle ville ont envoutés, viennent nombreux, dépaysés, en mal d’exotisme, attirés comme des abeilles par le miel, profiter d’un climat exceptionnellement doux tout au long de l'année.
On peut les voir au souk el Had, vadrouiller à la recherche d’objets culturels, ou prendre des photos dans la Médina en guise de souvenir de leur séjour, en parlant l’anglais, le français, l’Arabe, et d’autres langues des contrées lointaines, sous le regard habitué des natifs ou de leur indifférence naïve.
Parmi tout ce beau monde profitant de la douceur qu’offre le climat de ce petit paradis solaire sur terre, et des belles vues dorées des plages, une catégorie de personnes se dégage du lot. Pourtant, cette catégorie est la moins visible de la ville, préférant la nuit au jour, vivant dans la clandestinité et dans le dénuement le plus complet, constituée d’aventuriers qui ont tout misés sur Agadir la reine, Agadir la maritime, Agadir la solaire, fixent l’onde bleu en furie non pas pour se divertir, ou pour faire bronzette, mais fixent cet l’horizon atlantique jouxtant celui méditerranéen, en rêvant un jour d’être de l’autre côté de la rive…



1-détermination

La Renauld Clio 205 roulait à allure modérée sur la chaussée. Il était 17 heures au Maroc dans la ville d’Agadir quand Souleymane, assis sur la banquette arrière de la voiture, alluma une nième cigarette qu’il se mit à fumer.
Rodrigue au volant, fixait l’horizon sans cligner des yeux et jetait de temps en temps un vif regard sur les côtés. Des enfants jouaient au football en criant sur le trottoir gauche, aménagé en terrain de foot improvisé.
Quand à Seko, assis à l’avant côté passager, il tapotait ses cuisses comme un tam-tam. On était dans le quartier Illigh, situé à l'Est en face de l'hôpital Hassan II, un quartier résidentiel où sont plantées de grandes villas modernes pour l’essentiel.
Ici se regroupe une partie de la bourgeoisie d’Agadir, notamment des artistes friqués et des personnalités du monde des affaires. Parmi ses derniers, Mr Abderrahmane Hussein, avait installé sa tanière sur les fondations de cette splendide villa équipée d’une grande piscine. Cet enfant d’Agadir était parti de rien, et était arrivé à tout à l’aide du trafic de stupéfiants. Il s’était construit un véritable empire en une vingtaine d’année, dans lequel il régnait sans partage avec son fils ainé.
Alimentant toute sa ville en stupéfiants comme une bonne partie de l’Europe, grâce à des vastes terres situées dans le sud du Pays servant de champs de cannabis, et étant sous sa coupe, Mr Abderrahmane âgé de 50 ans, était riche comme crésus et ceux pouvant rivaliser avec lui étaient pour la plupart des trafiquants, sans aucun doute.
La voiture entra et se gara justement dans sa villa, après qu’un garde debout eut jeté un minutieux coup d’œil sur ses occupants.
Souleymane sortit du véhicule le premier, en tenant dans sa main un petit sac, en cuir noir coutumier.
-Salam Malekoum! Dit-il avant de serrer la main d’un garde, qui répondit de même, avant de l’indiquer d’un hochement de la tête les marches à suivre.
Souleymane monta les marches fermes menant au salon de la villa, en s’imaginant un jour propriétaire, d’une telle suite. Il frappa à la porte; elle s’ouvrit, puis il disparu comme happé derrière elle de la sorte.
Pendant ce temps, Seko marmonnait la mélodie d’une chanson de cheik Mamie, dont il ne se rappelait plus les paroles. À côté de lui, Rodrigue observait les gardes d’un œil moins drôle.
À leur droite, à environ soixante mètres d’eux, deux hommes s’affairaient sur une voiture de luxe blanche, dont l’avant paraissait avoir été crashé par un poids lourd. La belle caisse était dans un piteux état, et captait l’attention de deux hommes habillés en bleus de mécaniciens sales. Ils s’affairaient courbés au dessus de l’engin, tel des médecins sur un malade proche de la fin.
Devant eux, un garde s’était assis sur les escaliers, subissant la dernière ardeur du soleil mourant. Tout prêt d’eux, le garde ayant salué Souleymane ne les quittait pas des yeux. Tenant à sa main une M16, il paraissait sûr de lui, sûr de sa force tranquille.
Le garde assis sur les escaliers, avait une kalache qui trônait le long de ses cuisses. Quand au garde à l’extérieur, celui veillant sur la barrière de la villa, il tenait à la main une matraque noire assez efficace pour faire le désespoir des voleurs; mais il ne faisait aucun doute que pour des raisons de discrétion, qu’un flingue soit bien au chaud, dans sa sacoche militaire accrochée diagonalement sur son épaule droite.
« C’est du suicide! » pensa Rodrigue. Il lança un regard inquiet à Seko, assis côté passager, qui semblait ne pas être affecté.
À l’intérieur, isolé du reste du monde, Souleymane n’allait pas tarder à être aux prises, avec Mr Abderrahmane et ses hommes.
-Alors, il est où le fameux kilo?!…Que je le goûte! Demanda Mr Abderrahmane d’une voix rogue, en grattant nerveusement son froc. Il était confortablement assit sur un fauteuil en cuir rouge, et considérait Souleymane avec suspicion. « Dix milles euros le kilo de coc!…C’est impossible!…Quand même! ». C’était t’il exclamé le jour où Souleymane l’informa connaitre des Nigérians voulant écouler de la drogue en grande quantité, provenant d’un bateau colombien échoué sur les côtes d’un village guinéen. Il ajouta tout de go, que la bande vivait à Agadir et avait des contacts dans ce village, cherchant quelqu’un de riche pour écouler cette manne venue des eaux.
Mr Abderrahmane avant de prendre tout engagement, exigea d’évaluer la qualité de la marchandise immédiatement. Rendez-vous fut pris pour goûter un kilo du produit.
Maintenant, Souleymane se tenait devant lui avec l’affaire du siècle. Il ne pouvait pas rater ça; un kilo de cocaïne était estimé à 45000 euros; si elle venait de Colombie elle devait être pure, et pouvait être coupée plusieurs fois de suite; à 10000 Euros le kilo, il ferait une marge considérable avec l’or blanc de ce paquebot. Autant s’accaparer de cette cargaison, avant que les nigérians ne trouvent d’autres clients, ou ne retrouvent la raison.
Il n’allait plus tarder à savoir s’il pouvait continuer à faire confiance à Souleymane, ce dealer de cannabis s’approvisionnant souvent chez lui.
- Il est là bien au chaud! Répondit Souleymane en déposant le sac sur la table, avant de s’asseoir sur le fauteuil confortable. Il s’efforça de ne rien faire paraitre de son angoisse, cette boule lourde qui lui bloquait la respiration et qui le suivait partout comme la poisse. Avec cette dope, il risquait gros; sa vie, celle de ses deux amis, et surtout, le voyage en Europe…
- Ah! Ah! Ah! Rigola Mr Abderrahmane, qui se léchait déjà les babines en imaginant le prix de cette cocaïne. Tant qu’il y’avait du profit à fructifier, il était toujours partant. Un corps gras dans une courte et trapue silhouette; voilà qui définissait bien monsieur Abderrahmane, dont la vulgarité et l’imprévisibilité n’avait pour égale que la graisse gonflante sous son ventre, et sous les joues de sa tête d’alouette.
Il aurait pu décrocher depuis; mais il tenait à rester manger, bouffer, se goinfrer la panse d’oseille, tel un sanglier le groin enfouit dans les fruits d’une corbeille.
Sur ses doigts régnaient des bagues en or, semblant trop petits pour eux, tellement elles serraient leurs os hôtes, et disparaissaient bientôt sous l’épaisse peau grasse en dessous de laquelle la graisse, s’accumulait comme dans une motte.
Un mécanicien fit son entré en parlant en arabe; Mr Abderrahmane lui répondit puis l’homme sortit avec l’air affable.
Dans le salon luxueux il y’avait cinq personnes. Mr Hussein était assis en face de Souleymane; à sa gauche et à sa droite, se tenaient debout deux gorilles armés, prêt à obéir au doigt et à l’œil de leur Maître en cas de crise.
Dans un coin, un peu en retrait, se tenait le fils de Mr Abderrahmane. Ce dernier était vêtu tout en blanc, et fumaient une chicha dont la fumée blanchâtre s’évadant de son nez long, faisait ressortir la blancheur de ses vêtements, que seul une ceinture en nylon et des chaussures en cuir noirs venaient contraster, le tout formant un élégant mélange, et une pureté d’ange.
-L’incapable que j’ai comme fils,…a bousillé la nième Ferrari que je lui ai acheté;…
tu passes ton temps à fumer comme un toxico;…je suis commerçant,…pas éleveur de drogué! Se plaignit Mr Abderrahmane dont les yeux globuleux fixaient son fils. Se dernier n’eut aucune réaction et continua d’humer la fumée de manière poétique.
-Tu crois que l’argent se ramasse par terre?! Cria le père en regardant son fils d’un œil méprisant et coléreux. Le fils marmonna enfin quelque chose en arabe, puis sortit en se dirigeant à pas rapides vers les toilettes, pour s’y soulager la vessie comme les oreilles du bourdonnement de l’abeille paternel.
-J’aurais aimé avoir un fils comme toi Souleymane,…un fils qui a la dalle!…Reprit victorieux Mr Abderrahmane. Bon!…Passons aux choses sérieuses. Dit-il en tendant le bras enfin de ramasser le sachet que contenait le sac. D’un geste preste, il ouvrit le sac et y fourra sa main droite pour saisir le kilo de cocaïne qu’il était sensé contenir. Ses doigts se saisirent alors, de quelque chose de froid, quelque chose de vivant, qui injectait la mort…
Un cri de douleur retentit dans la salle. Le serpent venait de mordre la main grasse. Mr Abderrahmane cria en poussant un juron. Tout se déroula en une fraction de seconde, avant qu’il ne se retrouve dans l’autre monde. Il porta sa main meurtrie à sa hanche pour dégainer son Beretta.
Mais Souleymane qui avait dégainé dès le hurlement, pressa la détente; un bruit assourdissant éclata dans la pièce; la balle se logea dans le front de Mr Abderrahmane qui ne put terminer son geste. Il s’affala sur le fauteuil confortable de tout son poids mort, tel un sanglier abattu par un chasseur plus fort.
Les deux gardes surpris dégainèrent, mais deux détonations les figèrent net dans leur geste. Bientôt, ils s’écroulèrent par terre, tel des châteaux de cartes sous l’action d’un vent désertique, inertes, chacun ayant hérité d’un troue béant dans la tête.
À l’extérieur, Rodrigue ouvrit le feu sur le garde tenant la mitraillette; ce dernier s’écroula le torse percé de deux balles. Seko ouvrit le feu sur le garde assis sur les escaliers; il reçut comme cadeau une balle dans le ventre et une autre dans le torse.
La vitre arrière de la Renaud vola en éclat avec fracas. Rodrigue et Seko se mirent à plat ventre sous le tableau de bord pour échapper à la mort, et subirent un feu nourrit. Le garde devant la barrière pressait frénétiquement la détente de son flingue pour abattre les assaillants.
Une balle siffla prêt de son l’oreille; Rodrigue sortit de la voiture la tête baisé en tirant vers le garde à l’aveuglette. Seko l’imita. Le garde se mit à couvert. Les deux amis pointèrent leurs armes vers le portail attendant qu’il réattaque pour l’abattre. Quand aux deux mécaniciens non concernés par la bataille, ils abandonnèrent leurs tâches et se cachèrent accroupis, terrorisés et apeurés, derrière le bolide en piteux état, tel des petits écureuils se mettant à l’abri dans leur terrier souterrain, d’un affrontement violent opposant les grands félins.
Souleymane ramassa la liasse de billet qui reposait sur la table. Il débarrassa le cadavre de Mr Abderrahmane de sa montre, après lui avoir vidé machinalement les poches. Il se sentait euphorique d’avoir maitrisé la situation, que son cerveau en ébullition avait enfantée quelque jour plus tôt. C’était donc ça faire la peau à des hommes; leurs meurtres étant aussi neutres que de cueillir des pommes. Il ne ressentait rien de précis et de particulier, en dehors de la joie procurée par le frique qu’il avait maintenant en sa possession, et l’excitation adrénalinique provoquée par cette série d’actions.
Il se dirigea vers la sortie en abandonnant sur la table le sac qu’il avait apporté. De toute manière il ne valait rein, contenant de la farine et une vipère qui injectait la mort à porté.
Akim, le fils de Mr Abderrahmane urinait dans les toilettes quand il entendit retentir, les premiers coups de feu. « J’espère que cet enfoiré crève! »; pensa t’il en pensant à son père. Mais il savait que c’était chose impossible. Son père devait avoir fait la peau au jeune homme noir, et ses amis l’attendant à l’extérieur y passeraient aussi. Une dose d’adrénaline envahit soudain son cœur. D’habitude, son père vidait tout le chargeur et là que trois coups…
Il pressa très fort sur sa vessie, et le liquide jaunâtre s’évacua trois fois plus rapidement. Dégainant son arme, il se dirigea prestement vers le salon tous sens en alertes. Des coups de feu résonnèrent à l’extérieur. Ça n’augurait rien de bon, comme tous ces hurlements d’ailleurs.
Akim marchait dans le couloir l’âme en proie au désespoir, et l’arme à feu tenue par les doigts, quand Souleymane passa devant lui le cœur euphorique, comme flottant sur un air de musique tragique; quand leurs regards contraires se croisèrent, Akim fut le premier des deux à ouvrir le feu; mais d’un bond rapide propulsé à la vitesse de croisière, Souleymane se mit à l’abris et évita les balles de peu.
Il ouvrit le feu à son tour, mais à l’aveuglette vers Akim, qui se coucha par terre et évita ainsi de justesse deux balles qui volèrent au dessus de sa tête, tel des missiles sur le ciel d’une île déserte.
Souleymane sortit de la villa en courant, et se dirigea vers la Renaud précipitamment.
Le garde du portail fit son apparition, pressa sur la détente, et la balle de son flingue se figea dans la portière de la voiture. Rodrigue et Seko ouvrirent le feu, et firent mouche. L’homme s’écroula par terre devant le portail, victime de la bataille, avant que le sang ne coule de sa bouche.
-Il reste un dans la villa!…Il faut dégager d’ici! Hurla Souleymane à ses amis qui se retournèrent brusquement vers lui, en braquant leurs armes vers sa direction. Il ne fallait pas s’attarder; la police pouvait débarquer à tout moment, et bonjour les complications.
-Tu les as?! Demanda Rodrigue à son ami.
-Oui je les ai!…J’ai l’argent! Répondit Souleymane pour rassurer son ami.
Les trois hommes s’installèrent dans la voiture. Souleymane au volant, Seko côté passager avant, et Rodrigue à l’arrière. Souleymane posa la liasse de billet prêt du levier de changement vitesse. Pour qu’il obtienne ces bouts de papiers, trois hommes subirent sa rudesse.
Akim fit son apparition devant la porte de la villa; mais une volée de plombs chauds accompagnée de détonations, l’obligèrent à se mettre à abris. Il était hors de lui; il n’avait qu’une ambition, buter les bâtards ayant assassinés son père et les gardes de la maison.
Souleymane enclencha la marche arrière et appuya à fond sur la l’accélérateur.
La Renaud s’élança vers la barrière et la défonça de son arrière. Les phares arrière de la voiture explosèrent sous l’effet du choc. Elle roula au passage sur le corps du garde. Seko et Rodrigue ouvrirent le feu, pour obliger Akim à rester à l’abri. Rapidement, Souleymane enclencha la cinquième et la voiture s’élança dans un torrent de poussières et de fumée, pendant que crissaient les pneus.
Akim sortit de la villa en courant; il dépassa le portail de la demeure et se retrouva dans la rue, le cœur battant; devant lui, la Renaud s’éloignait à vive allure. Tenant la kalachnikov qu’il avait ramassé en descendant les escaliers prêt du corps du garde en sang, il visa la voiture qui s’en allait, puis il pressa sur la détente jusqu’à ce le chargeur se vide, en espérant fermement faire fleurir la mort dans la chair de ceux qui fuyaient.
-Merde! Je suis touché! Cria Rodrigue assis à l’arrière.
-Tant mieux!…Ça fera une part en plus! Dit Seko avant de rigoler. L’adrénaline bouillant dans son corps, avait fait fuir toute peur, même celle de la mort, en laissant place à l’euphorie d’avoir réussi à s’en tirer, et d’avoir pu berner un baron de la drogue, avec autant de facilité. Rodrigue, comme il parlait ne pouvait qu’être que légèrement touché; un saut rapide chez un médecin et en deux jours il serait remis sur pied. Il en fallait beaucoup plus, pour le faire trépasser. Seko continua sur sa lancée.
-Tu te souviens quand on avait fait le pari,…de savoir qui de nous trois mourra en dernier? Demanda Seko à Rodrigue. Eh bien,…Seko,…je crois que tu as perdu le pari! Ha! Ha! Accroche toi mon frère!…Sinon tant pis pour toi!
-Alors! Bande d’enfoirés! On se fout de la gueule du lion quand il est blessé?…Avant ce soir nous dinerons tous les trois en enfer,…sauf que je serais le dernier mes frères.
Le cliquetis d’un flingue que l’on charge se fit entendre. Souleymane et Rodrigue jetèrent pour la première fois un coup œil inquiet à l’arrière. Ils se rendirent compte que le sang coulait de la bouche de leur ami, pendant qu’il braquait son flingue vers le pare brise avant. Rodrigue éclata de rire. Il les avait bien eu ses deux poules mouillées.
-Ha! Ha! Ha! Ha! Vous devriez voir les mines que vous fêtes!…Ha! Ha! Ha! Ha!… Bande d’enfoirés!…Ha! Ha! Ha! Ensuite il s’assoupit, son bras retomba brusquement sans vie, mais ne daignait abandonner l’arme à feu. Comme clou du spectacle, un filet rouge plus épais et plus vif coula de sa bouche…Rodrigue et Souleymane n’en revenaient pas. Leur ami était mort…passé de vie à trépas…c’était d’un louche!

*
La Renaud se gara devant la plage sauvage, à 5 kilomètres à la sortie d’Agadir. Loin, à l’horizon, la mer et le soleil couchant embellissaient le paysage moribond.
Souleymane tenait le corps froid de Seko par les épaules et Rodrigue par les pieds.
Ils laissèrent le macchabé inquiet, tomber dans le gouffre de sable qu’ils avaient creusé de leurs mains, comme dernière demeure pour leur copain. Puis, ils rebouchèrent ce trou, en ayant le cœur fin et le regard flou.
Souleymane alluma une cigarette et regarda l’horizon. La mer semblait s’étirer à l’infini mais se trouvait en conflit avec les ténèbres avançant sous l’œil rougeâtre et moribond, du soleil n’allant pas tardé à crever.
Souleymane se sentait coupable. C’était lui qu’on aurait dû enterrer dans ce trou anonyme et morne. « Encore un de plus!…Mort à des centaines de kilomètre du front. » pensa t’il. Seko le rejoignit. Il rinça à son tour ses mains pleines de sables, dans l’eau de mer qu’une vague énormément salée étalait sur ses chevilles enflées.
-Tu penses qu’on réussira nous aussi un jour à traverser? Demanda Seko à son dernier ami, ayant le regard vague perdu dans l’horizon.
-Oui! Moi, même la mort de m’arrêtera pas. Tu peux en être sur! Bientôt nous aussi nous serons,…de l’autre coté de la rive. Dit Souleymane alors que la pénombre venait de remporter la guerre éphémère qu’elle menait à la mer, s’imposant dans l’air comme un flasque tableau noir.
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Message  Invité Mar 29 Mar 2011 - 17:32

J'ai peut-être lu trop vite mais j'ai l'impression qu'il y a confusion sur les personnages à la fin, ici : "Souleymane et Rodrigue jetèrent pour la première fois un coup œil inquiet à l’arrière." Et peut-être même aussi dans le dernier paragraphe. En tout cas, ce n'est pas limpide pour moi.
De manière générale, je trouve le texte trop long, trop détaillé et trop uniforme dans la narration, sans changement de rythme, de point de vue ou encore de construction syntaxique. J'ai aussi l'impression qu'il a été écrit assez vite, l'expression s'en ressent de plus en plus à mesure qu'on avance dans le récit.

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Message  Invité Mer 30 Mar 2011 - 12:41

Ecrit trop vite c'est sûr !
Merde! Je suis touché! Cria Rodrigue assis à l’arrière.
Souleymane et Rodrigue jetèrent pour la première fois un coup œil inquiet à l’arrière.
-Tu te souviens quand on avait fait le pari,…de savoir qui de nous trois mourra en dernier? Demanda Seko à Rodrigue. Eh bien,…Seko,…je crois que tu as perdu le pari! Ha! Ha! Accroche toi mon frère!…Sinon tant pis pour toi!
Pas trop clair non plus !
A part ça, j'ai trouvé l'intro trop longue et trop calquée sur un guide touristique
Certaines expressions me paraissent étranges :
le coeur fin
Tant qu’il y’avait du profit à fructifier,
dans lequel il régnait sans partage avec son fils ainé.
c'est sans partage ou avec son fils aîné ?
une vipère qui injectait la mort à porté.

Bref, il y a encore du boulot à faire. Sinon, le rythme est soutenu, il y a de l'action mais il n'y a que ça !

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Message  elea Mer 30 Mar 2011 - 19:54

J’ai eu du mal à aller au bout.

En partie à cause de l’histoire, longue. Elle est pleine d’action mais tellement étirée sur des phrases et des phrases que l'intérêt se dilue dedans. Il y a aussi beaucoup de personnages, et il m'est arrivé de me demander qui était qui.
Je pense que pour des actes nerveux comme ça, le rythme doit l’être aussi, et que ton texte gagnerait à être raccourci et un peu éclairci aussi, certains passages étant confus.

En partie à cause du style, chargé par moments, de longues phrases, des termes parfois étranges. Deux paragraphes en exemple, j'ai souligné ce qui m'a semblé étrange :

Salam Malekoum! Dit-il avant de serrer la main d’un garde, qui répondit de même, avant de l’indiquer d’un hochement de la tête les marches à suivre.
Souleymane monta les marches fermes menant au salon de la villa, en s’imaginant un jour propriétaire, d’une telle suite. Il frappa à la porte; elle s’ouvrit, puis il disparu comme happé derrière elle de la sorte.


Le garde assis sur les escaliers, avait une kalache qui trônait le long de ses cuisses. Quand au garde à l’extérieur, celui veillant sur la barrière de la villa, il tenait à la main une matraque noire assez efficace pour faire le désespoir des voleurs; mais il ne faisait aucun doute que pour des raisons de discrétion, qu’un flingue soit bien au chaud, dans sa sacoche militaire accrochée diagonalement sur son épaule droite.

C'est dommage parce que le thème m'intéresse et qu'il y a de l'idée avec la présentation du début et la fin qui la rappelle.

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De l'autre côté de la rive Empty Re: De l'autre côté de la rive

Message  drayano Jeu 31 Mar 2011 - 22:05

@ : Elea, coline Dé, Easter
Merci de vos critiques qui sont toutes perspicaces; je retravaillerai le texte en tenant compte d’elles. Merci encore d’avoir critiqué!
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Message  drayano Ven 9 Sep 2011 - 18:10

nouvelle version de l'autre côté de la rive





1
Détermination

Le paysage familier défilait des deux côtés de la chaussée mêlé aux ronflements doux du moteur et à la chaleur du soleil, qui éclairait Agadir cet après midi là.
Souleymane sentait ce grand moment se rapprocher au fur et à mesure que le véhicule conduit par Rodrigue continuait son trajet.

Ce grand moment, il le tenait en main, là, au fond de lui, conscient que cette journée serait le début de l’épopée qui l’avait fait sortir de son Mali natal pour aller à la conquête de l’Europe, lui Souleymane Diakité, qui avait tant de fois observé les plages d’Agadir et la méditerranée en s’imaginant être de l’autre coté de la rive.
Mais il savait qu’il devrait survivre à une longue série d’épreuve avant de faire fortune en occident, qu’il ne pouvait tout prévoir, que la mort faisait partir du voyage et qu’il ne pouvait rien à cela.
La tête collée contre la vitre, le regard dans les nuages, l’angoisse picorant ses triples comme un oiseau de mauvais augure, il alluma une cigarette pour atténuer son stresse, et l’odeur du tabac brulé envahit l’habitacle.
Il regarda Seko assit à l’avant coté passager qui tapotait ses cuisse, et Rodrigue qui tenait le volant en fixant la route. Ils paraissaient tous les deux moins tressés que lui et semblaient indifférents à l’idée qu’ils risqueraient leurs vie dans quelque instant, où alors, se demanda Souleymane, ils étaient de bons comédiens.
Souleymane était âgé d’une vingtaine année comme ses deux compagnons qu’il considérait comme ses frères. Durant les trois dernières années ils avaient vécus ensemble, et travaillés à l’organisation de ce rendez-vous qui devait soit leur couter la vie, soit les permettre d’accomplir le rêve qu’ils étaient venus chercher à Agadir…

À 17h, du ciel, on pouvait apercevoir les toits en formes de rectangles des villas et la voiture blanche des trois amis qui entrait dans le quartier Illigh situé à l'Est de la ville.
Son rythme cardiaque s’accéléra, lorsqu’il reconnut la villa dans laquelle ils avaient rendez-vous.


***

Confortablement adossé sur la chaise en acajou de son bureau qui se trouvait au deuxième étage de sa villa, Mr Abderrahmane discutait en vidéo conférence avec Mr Sneider du prix de la prochaine tonne de cannabis qu’il livrerait aux Pays-Bas à ce dernier.
Lorsque les deux hommes d’affaires tombèrent enfin d’accord, le marocain poussa un soupir de soulagement qui arracha un sourire à son homologue néerlandais.

Après s’être échangés des amabilités, les deux hommes se déconnectèrent d’internet, et Mr Abderrahmane souffla en s’adossant sur sa chaise.
Un ordinateur portable reposait sur le bureau en bois précieux, à côté d’un téléphone et d’un amas de classeurs et de blocs notes. Sur le mur situé dans le dos de l’homme, était accrochée la tête tranchée d’un lion à la gueule ouverte.
Âgé d’un demi-siècle, Mr Abderrahmane avait construit son empire en moins d’une vingtaine d’année. Grâce à sa possession d’un vaste domaine dans le sud du Pays, il alimentait sa ville et l’Europe en stupéfiants. Le corps trapu, le visage grave, malgré sa fortune il restait un éternel ambitieux.

Il regarda sa montre en or et se réjouit de l’approche du rendez-vous qu’il avait avec Souleymane, un migrant qui dealait avec ses amis pour financer leur voyage en Europe. Si tout se déroulait comme prévu, une fois de plus il ferait une bonne affaire. Par contre, si le migrant et ses amis avaient projetés de l’entourlouper, il les tuerait.



*

Le portail de la demeure s’ouvrit grâce à l’action du portier armé, permettant au véhicule des trois amis d’entrer et de se garer dans la villa.
Souleymane sortit de la Clio avec un petit sac noir en cuir. Il bredouilla un Salam Malekoum lorsqu’il serra la main d’un garde armé qui le lui rendit, puis il monta les marches menant dans la villa, frappa à la porte, ensuite il disparut derrière elle en proie à une forte angoisse.


*

Seko surveillait du regard les gardes en armes. Originaire du Sénégal d’où il était sortit pour rejoindre l’Europe, il avait atterrit à Zanzibar où on l’avait refoulé vers son pays natal avant qu’il ne rejoigne le Maroc. Mais le Maroc aussi s’était avéré être une impasse, et les années qui s’étaient écoulées sans qu’il ne parvienne à traverser avaient laissé un goût amer dans sa bouche qu’accentuaient les plages d’Agadir chaque fois qu’il les contemplait.
Rodrigue assit prêt de lui observait les gardes nerveusement. Il était camerounais et ça faisait six longues années qu’il tentait en vain de rejoindre l’Europe. Ils attendaient tous les deux avec appréhension le signal que donnerait Souleymane comme le début d’une épopée qu’ils devaient accomplir.

La carrosserie rouge et abimée de la Ferrari sur laquelle deux mécaniciens s’affairaient attira le regard de Seko qui voulait parer toutes les éventualités. Les mécaniciens semblaient inoffensifs. Son regard se posa sur le garde assis sur les escaliers, qui paraissait épuisé d’être resté toute la journée sous le soleil à la façon qu’il tenait sa kalachnikov posée sur ses cuisses comme un objet encombrant. Celui là ne semblait pas coriace. Seko ne pouvait penser la même chose du garde qui avait serré la main à Souleymane, et qui ne les quittais pas des yeux comme s’il savait qu’ils manigançaient quelque chose. Et à la manière qu’il se tenait droit debout et tenait sa M16 comme un militaire, en faisaient le garde le plus dangereux. « …il faudrait commencer par lui… ». Pensa Seko impressionné par le regard de l’homme qu’il ne put soutenir. Il baissa et détourna les yeux, puis pour faire comprendre à l’homme qu’il ne le faisait pas parce qu’il avait peur de lui, il bailla et en profita pour jeter un coup d’œil derrière la voiture et pour évaluer la dangerosité du type qui se tenait devant le portail de la villa. Ce dernier tenait une matraque et portait une sacoche que Seko soupçonna de contenir une arme. « …c’est du suicide. J’espère qu’il y’en a pas autant à l’intérieur pour Souleymane. Sinon on risque de ne jamais s’en sortir… ». Pensa t-il pendant que la peur liquéfiait ses intestins et qu’il se rendait compte que le garde debout ne l’avait pas quitté des yeux, comme s’il pouvait lire dans ses pensées.



*

- Il est là ? Demanda Mr Abderrahmane, assis sur un fauteuil rouge qui regardait Souleymane avec suspicion. « …dix milles euros le kilo de coc!… C’est impossible!… Quand même! », s’était-il exclamé lorsque Souleymane lui avait dit connaitre des nigérians, qui voulaient écouler une grande quantité de cocaïne provenant d’un bateau colombien échoué sur les côtes d’un village guinéen, que les membres du gang nigérian qui résidaient à Agadir avait des contacts dans le village, qu’ils cherchaient quelqu’un de friqué et de sûr pour écouler cette manne venue des eaux, et enfin que lui Souleymane, avait tout de suite pensé à lui pour cette affaire.
Avant de prendre tout engagement, Mr Abderrahmane avait exigé d’évaluer la qualité de la marchandise pour d’éviter toute mauvaise surprise.
Maintenant, Souleymane se tenait devant lui avec un échantillon de l’affaire du siècle qu’il ne pouvait rater; un kilo de cocaïne était estimé à 45000 euros; si elle venait de Colombie elle devait être pure et pouvait être coupée plusieurs fois de suite, à 10000 euros le kilo, il ferait une marge considérable avec l’or blanc de ce paquebot, autant s’accaparer de cette cargaison avant que les nigérians ne trouvent d’autres clients ou ne retrouvent la raison.
Il n’allait plus tarder à savoir s’il pouvait continuer à faire confiance à Souleymane, ou si au contraire, il devait le faire exécuter.

- Oui-oui ! Il est là le kilo pur et bien au chaud ! Répondit Souleymane.
Il s’efforça de ne rien faire paraitre de l’angoisse qui bloquait sa respiration et de la terreur que lui inspiraient les deux hommes de mains de Mr Abderrahmane. Ces derniers avaient des têtes d’éventreurs, des têtes de mecs qui acceptaient volontiers un peu d’argent pour faire de vilaines besognes.
Un mécanicien fit son entré et interrompu la conversion des deux hommes; il parla en arabe, Mr Abderrahmane lui répondit, puis l’homme sortit avec l’air affable.
Le luxueux salon contenait cinq personnes, le proprio des lieux au milieu de deux gorilles armés face à Souleymane, et dans un coin en retrait son fils, Akim Abderrahmane, vêtu tout en blanc et fumant une chicha dont la fumée blanchâtre s’évadant de son nez long faisait ressortir la blancheur de ses vêtements que seul une ceinture en nylon et des chaussures en cuir noirs contrastaient, le tout formant un élégant mélange d’une pureté d’ange.

- L’incapable que j’ai comme fils a bousillé la Ferrari que je lui ai achetée.
Tu passes ton temps à fumer comme un enculé de drogué !… Je suis commerçant moi, pas éleveur d’incapables ! Se plaignit Mr Abderrahmane dont les yeux globuleux fixaient son fils, qui n’eut aucune réaction et continua de fumer.

- Tu crois que l’argent se ramasse par terre ? Demanda le père méprisant et coléreux. Le jeune homme âgé de la vingtaine marmonna quelque chose en arabe, puis sortit et se dirigea vers les toilettes pour s’y soulager la vessie, comme les oreilles du bourdonnement paternel.
- Les enfants gâtés c’est vraiment de ma merde ! Dit Mr Abderrahmane.
Il à son fils d’être mou et rêveur, alors qu’il était appelé à lui succéder dans un milieu des plus compétitifs qui soit, un milieu où on ne faisait pas dans la dentelle et où il n’y’avait pas de place pour les faibles, de sorte que Mr Abderrahmane se faisait du souci de ce qu’il adviendra de sa richesse une fois qu’elle sera dans les mains de son fils qui n’avait jamais connu la misère, encore moins les privations financières.
- Bon ! Passons aux choses sérieuses, dit-il, voyons ce qu’il y’a dans ce sac.
Il ouvrit le sac et y fourra sa main droite pour saisir le kilo de cocaïne qu’il était censé contenir. Ses doigts se saisirent de quelque chose de froid, quelque chose de vivant qui injectait la mort.
Il cria lorsque le serpent mordit sa main. Il porta son bras meurtri à sa hanche pour dégainer son Beretta, mais un bruit assourdissant éclata dans la pièce et une balle transperça son front.
Deux autres détonations interrompirent les deux gardes dans leurs mouvements, qui s’écroulèrent sur le sol sans avoir pu dégainer.



*

Deux balles qui provenaient de l’arme de Rodrigue pénétrèrent dans le torse du garde qui tenait une mitraillette, pendant qu’au même instant, la paume d’Adam de celui assis sur les escaliers explosa sous une balle de Seko.
La vitre arrière de la Clio vola en éclat. Ils se mirent à plat ventre sous le tableau de bord. Une balle siffla prêt de l’oreille de Rodrigue qui sortit du véhicule tête baissée, en tirant vers le garde à l’aveuglette. Seko l’imita. Le garde se mit à couvert.
Quant aux deux mécaniciens, ils abandonnèrent leur tâche et de plusieurs bonds rapides, ils se cachèrent derrière la Ferrari en espérant avoir la vie sauve.


*

Souleymane récolta la liasse de billet qui reposait sur la table. Il éplucha le cadavre de Mr Abderrahmane de sa montre après lui avoir vidangé les poches à grande vitesse.
Il se dirigea vers la sortie et abandonna sur la table le sac qu’il avait apporté.


*

Akim urinait lorsqu’il entendit retentir le premier coup de feu. « J’espère que cet enfoiré crève! », espéra-t-il en pensant à son père, cet homme qui le méprisait alors qu’il était son unique héritier; si le ciel pouvait le punir de son manque de délicatesse envers son fils, il lui en serait reconnaissant, même s’il croyait que c’était impossible que son paternel se fasse assassiner dans sa propre villa. Il devait avoir fait la peau à Souleymane parce que son histoire de colombiens ne pouvait n’être qu’une arnaque pour escroquer son père, et ses amis à l’extérieur y passeraient aussi.
L’adrénaline explosa dans son sang lorsqu’il entendit plusieurs de coups de feu, qui retentissaient à l’extérieur de la maison.
Il pressa très fort sur sa vessie et le liquide jaunâtre s’évacua trois fois plus vite. Il dégaina son arme et couru vers le salon.
Lorsqu’il aperçut Souleymane qui avançait dans le couloir en lui tournant le dos, une sueur parcourue son dos, il hésita, Souleymane l’aperçut, il ouvrit le feu mais d’un bond rapide le migrant se mit à l’abri à l’angle du couloir. Ils échangèrent des coups de feu sans parvenir à s’entretuer.

Souleymane sortit de la villa en courant vers la Clio. Il vu l’œil du garde de la barrière exploser sous l’impact d’une balle, et se dernier s’écrouler sur le sol.

- Il reste un dans la villa ! Il faut dégager d’ici ! Hurla-t-il à ses amis qui se retournèrent. Il ne faut pas s’attarder ! La police peut débarquer à tout moment !
- Tu as le fric ?! Demanda Rodrigue en criant.
- Oui ! Barrons-nous ! Laissez-moi le volant ! Répondit Souleymane.

Les trois amis s’engouffrèrent dans la voiture. Souleymane au volant, Seko côté passager et Rodrigue à l’arrière.
Akim apparut devant la porte de la villa mais une volée de plombs l’obligea à se maintenir à abris.
Souleymane enclencha la marche arrière et appuya à fond sur la l’accélérateur.
Le véhicule s’élança vers la barrière, la défonça, et tandis que ses phares arrière explosèrent sous l’effet du choc, elle roula sur le corps du garde mort.
Il enclencha la cinquième et la voiture s’élança dans un torrent de poussières et de fumées, pendant que crissaient les pneus.


*

Akim sortit de la villa en courant, dépassa la barrière, enjamba le cadavre sur lequel la voiture avait roulée. Son cœur battait la chamade et ses poumons haletaient, pendant que devant lui la Clio s’éloignait à ville allure. Il pointa la kalachnikov qu’il avait ramassé en descendant les escaliers prêt du corps du garde, visa le véhicule qui s’éloignait, et pressa sur la détente jusqu’à ce le chargeur se vide.


*

Tels les crépitements de gouttes de pluie sur une tôle en aluminium, les petits projectifs en plombs s’enfonçaient dans la carrosserie en émettant des bruits métalliques.

- Merde ! Je suis touché ! Cria Rodrigue assis à l’arrière alors qu’une douleur semblable à celle d’un pieux enfoncé au milieu de sa colonne vertébral le torturait, lui, qui depuis tant d’années qu’obsédaient les plages européennes se sentit bien ironique à l’idée qu’il pouvait mourir là, alors qu’ils venaient enfin de recueillir l’argent pour payer les passeurs.
- Tant mieux ! Ça fera une part en plus ! Dit Seko, avant d‘éclater de rire.
L’adrénaline qui bouillait dans son corps avait fait fuir toutes peurs, même celle de la mort, et avait laissé place à l’euphorie d’avoir réussi à s’en tirer et d’avoir pu berner un baron de la drogue; Rodrigue, comme il parlait ne pouvait qu’être que légèrement touché, un saut rapide chez un médecin et en deux jours il serait remis sur pied, car pensait Seko, il en fallait beaucoup plus pour le faire trépasser, oui, il en fallait beaucoup plus pour stopper ce vétéran de l’aventure qui aimait déclarer qu’il vivrait en Europe ou qu’il mourrait en essayant.
- Tu te souviens quand on avait fait le pari de savoir qui de nous trois mourra en dernier ? Demanda Seko à Souleymane qui souriait lui aussi, heureux que tout se soit bien déroulé et que l’argent soit en leur possession.
- Eh bien Souleymane, je crois que Rodrigue a perdu le pari ! Ha! Ha! Accroche-toi mon frère ! Sinon tant pis pour toi ! Ironisa Seko.
- Bande de connards ! On se fout de la gueule du lion quand il est blessé ? C’est moi qui vais gagner le pari parce que vous allez crever avant moi, et maintenant !

Le cliquetis d’une arme à feu que l’on charge se fit entendre. Souleymane et Rodrigue jetèrent un coup œil à l’arrière et constatèrent que le sang coulait de la bouche de leur ami, pendant qu’il braquait son arme vers eux.

- Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Vous devriez voir les mines que vous faites ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Bande d’enfoirés ! Ha ! Ha ! Ha !
Il s’assoupit, son bras tomba brusquement sans vie mais ne daigna abandonner l’arme, et un filet de sang s’écoula de sa bouche.


***

Le véhicule se gara devant la plage sauvage située à 5 kilomètres à l’ouest de la ville.
Souleymane et Seko sortirent le corps de Rodrigue de la voiture et essayèrent en vain de le réanimer. Puis, s’étant fait à l’idée qu’il était décédé et que les tapes qu’ils s’acharnaient à appliquer sur ses joues ne le réveilleraient jamais, ils creusèrent une petite fosse dans le sable à l’aide de leurs mains et l’enterrent.

Souleymane alluma une cigarette et regarda l’horizon. La mer semblait s’étirer à l’infini mais se trouvait en conflit avec les ténèbres qui avançaient sous l’œil rougeâtre et moribond du soleil qui ne tarderait plus à se coucher.

Il se sentait coupable de la mort de Rodrigue. En laissant Akim Abderrahmane vivant et en prenant la place du conducteur, il avait conduit son ami par une fatalité évitable à la mort ; il ne l’avait certes pas tué de ses deux mains, mais il lui semblait que c’était tout comme. Il avait été conscient que celui qui se trouverait à l’arrière de la voiture après l’escroquerie aurait plus de chance d’être touché par les balles que ceux qui se trouveraient à l’avant. Lorsqu’il avait élaboré le plan de l’arnaque, il avait pensé à tout, jusqu’aux moindres détails, des petites précautions à prendre, de l’heure de l’échange enfin de pouvoir se camoufler dans la nuit, des armes à utiliser et de la place de chacun dans la voiture, de sorte que lorsqu’il décida de s’installer sur le siège du conducteur durant le trajet de retour, il le fit non seulement pour avoir le contrôle de la situation mais aussi à cause d’une précaution pessimiste et égoïste qui s’avéra être celle qui lui sauva la vie contre celle de Rodrigue. C’était lui Souleymane qu’ils auraient dû enterrer dans ce trou anonyme. Et Seko prêt de lui qui ne le savait pas, s’attristait sur le résultat d’une série d’évènements qu’il ne comprenait pas, ou du moins qu’il ne voulait ou ne pouvait comprendre, car la mort selon lui frappait sans raison, elle venait et s’imposait sans compromis. Souleymane qui aimait tout prévoir et avoir le contrôle de tout, si possible dans son intérêt, se sentit heureux d’être en vie et à la fois malheureux de n’avoir pas pu éviter la mort de son ami. « …C’est la vie, il faut mourir un jour… » pensa-t-il pour alléger sa conscience.

Pour se changer les idées, il imagina l’Europe qu’il apercevait infiniment minuscule dans l’horizon malgré la pénombre qui ne tarderait plus à s’installer. Ce petit point là-bas dans l’horizon était l’Espagne, pays qu’il avait la ferme intention de découvrir.
Il rejoignit Seko au bord de la mer. Il rinça à son tour ses mains pleines de sables dans l’eau qu’une vague salée étala sur ses chevilles.

- Tu penses qu’on réussira nous aussi un jour à traverser ? Demanda lui demanda Seko, son dernier ami, qui avait le regard vague et perdu dans l’horizon.
- Oui ! Moi, même la mort de m’arrêtera pas. Tu peux en être sûr ! Bientôt nous aussi nous serons de l’autre coté de la rive.
Dit Souleymane alors que la pénombre remportait la guerre éphémère qu’elle menait à la mer, et qu’elle s’imposait dans l’air comme un flasque tableau noir.
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