Lendemain de fête

La pluie a tambouriné toute la nuit sur le vasistas, ce qui ne m'a pas réellement empêché de dormir mais m'a permis de suivre l'avancée de la nuit vers le jour naissant à chaque fois que le tambour se faisait plus puissant sur la vitre.

Ma voisine de chambrée ronfle douillettement tandis que grince la porte de la chambre d'à côté. J'ouvre un oeil histoire de savoir qui est le premier à s'extirper du lit. Thierry descend l'escalier, fait une pause aux toilettes du premier et continue son avancée jusqu'à la cuisine du rez-de-chaussée.

Je sors de la couette, enfile mes chaussettes et descend l'escalier, fais une pause aux toilettes du premier et continue mon avancée jusqu'à la cuisine...

"Bonjour...
- Salut... Tu as bien dormi ?
- Oui oui... Bercée par la pluie, qu'est-ce qu'il est tombé dis-donc !
- Tu veux un café ?
- Oui, je veux bien"

Je m'assieds devant la table où Thierry a eu le temps de disposer deux sets l'un en face de l'autre, puis me relève quelques secondes plus tard, direction le réfrigérateur dans l'arrière cuisine. Je m'accroupis, laisse errer mon regard, finis par repérer ce que je suis venue chercher, attrape beurre et confiture et repars nonchalamment m'asseoir. Entre temps la tasse de café s'est remplie.

"C'est de la confiture que Lydie a faite ? dis-je en montrant le pot à Thierry
- Oui, je crois que c'est de l'abricot
- Elle n'est pas ouverte, ça ne fait rien ?
- Ça ne fait rien non, je pense qu'on peut l'ouvrir. Tu veux ce pain ou un autre ? me demande-t-il en soulevant un petit sac plastique rempli de tranches pré-découpées.
- Non, celui là ira très bien."

Je me relève, direction le grille pain. Reviens m'asseoir... Me relève pour aller chercher du miel, me rassieds, me relève pour aller chercher les deux tranches grillées, reviens à la table, repars avec deux tranches à faire griller, reviens m'asseoir, ouvre le pot de confiture d'abricots. Thierry se penche sur le bocal.

" On dirait de la compote
- On dirait bien oui... Bah... ça doit être bon aussi sur du pain grillé."

On commence à beurrer confiturer caféiner parlotter... Le temps d'avaler deux tranches de pain chacun, un bruit se fait entendre à l'étage, arrêt pipi au premier et descente de l'escalier jusqu'au rez-de-chaussée.

"Bonjour...
- Salut... Tu as bien dormi ?
- Oui, très bien répond Chantal qui nous bise, et s'assied sur le tabouret. Qu'est-ce qu'il a plu cette nuit hein ?
- Tu veux un café ?
- Oui, merci.

Elle tend le bras vers le petit sac contenant le pain.

"Y a pas autre chose que du pain aux olives ?"

Thierry me regarde, je regarde le pain. Fou rire !

"Ah mais attends, avec du miel de châtaigner, franchement, tu devrais essayer !
- Heu... Non merci vous êtes gentils, mais je vais rester traditionnelle.
- Sinon, y a de la fougasse aux lardons sur la paillasse aussi, mais on a pas encore testé"

On recommence à beurrer confiturer caféiner parlotter, tandis qu'un bruit se fait entendre à l'étage, arrêt pipi au premier et descente de l'escalier jusqu'au rez-de chaussée.

"Bonjour... Vous avez bien dormi ?
- Oui, et toi ? (en choeur)
- J'ai eu du mal à m'endormir et puis je me suis laissée bercer par la pluie, qu'est-ce qu'il est tombé cette nuit, hein ?
- Tu veux un café ? (Thierry toujours... préposé au café ce matin)

Lydie s'assied et inspecte la table.

"Ben, comment ça se fait que vous avez ouvert la compote d'abricots ?
- On s'est dit que ça changeait un peu sur les tartines, surtout avec du pain aux olives, t'en veux ?
- Vous avez déjà attaqué le champagne ou pas encore ?"

C’est un instantané qui me parle, même si on ne sait rien de ce qui lie les personnages, de ce qu’ils sont, il y a quelque part dans le passé une scène vécue qui y ressemble. Mais j’avoue rester un peu sur ma faim, c’est un extrait d’un texte plus long ?
Un bémol sur la répétition du chemin avec escaliers, arrêt pipi au premier et descente vers la cuisine, et dialogues aussi. Je sens bien que c’est voulu mais il y a peut-être un personnage de trop pour que cela fonctionne pour moi.
En revanche j’ai bien aimé le cafouillage sur les aliments, ça sonne vrai.

C'est exactement ce qu'il s'est passé le 1er janvier 2010, et en tant qu'actrice de la scène - après que tous les personnages aient passé le rideau - je suis devenue spectatrice et j'ai trouvé ça très drôle. Cet instant m'est apparu comme une mécanique mise en place dans la routine des lendemains de fête, la bouche encore pâteuse d'une ivresse pas encore consumée et qui nous entraine à la fois dans les mêmes rituels ou les mêmes banalités de paroles, alors que jusque tard dans la nuit nous étions dans des discussions à n'en plus finir, sur rien.. ou pas loin.

Ceci pour expliquer que les répétitions ne sont pas voulues, j'ai retranscris mot à mot et fait par fait ce réveil entre camarades du bout de l'an, un petit moment humain à partager qui finalement n'intéresse peut-être que moi et mes amis.

Merci Elea...

Ah zut ! J'avais lu ce texte et oublié de commenter. Bien aimé cet instantané dépouillé de (presque) tout repère, même si j'ai quand même eu l'impression d'un texte en suspens, peut-être en attente d'un contexte, en fait c'est surtout le manque de fin qui m'a surprise. L'effet répétition - descente des escaliers, arrêt pipi - est assez comique, surtout parce qu'il a su ne pas s'éterniser.

C'est très juste Easter (et cela rejoint le sentiment d'Elea) cette perception de dépouillement que je n'avais absolument pas ressentie. Du coup j'ai relu mon texte et cette remarque est tout à fait fondée. On dirait un bout d'histoire dont il manquerait ou le début, ou la fin, voire les deux. Il aurait fallu que je raconte tout le week end en fait !




< Prière d'éviter de répondre après chaque commentaire, votre texte remontant aussitôt en haut de page au détriment de ceux des autres auteurs.
Cette remarque vous avait déjà été faite le 19 mai après le texte "Je m'en remets au vent", remarque que vous vous deviez de prendre en compte.
La Modération >
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Bonsoir Phylisse,

J'ai beaucoup aimé ce petit texte qui se déroule au gré de l'apparition de chacun des personnages ...
On a tous connu ces petits déjeuners où il n'y a plus rien à dire qu'à commenter les détails infimes d'un matin pluvieux, enneigé ou ensoleillé ...
Il me semble qu'il n'y a pas de fin ! La dernière réplique : "Vous avez déjà attaqué le champagne ..." est une boucle vers un recommencement : la reprise de la fête !

Amicalement,
midnightrambler

< Prière d'éviter de répondre après chaque commentaire, votre texte remontant aussitôt en haut de page au détriment de ceux des autres auteurs.
Cette remarque vous avait déjà été faite le 19 mai après le texte "Je m'en remets au vent", remarque que vous vous deviez de prendre en compte.
La Modération >
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Je tiens à m'exprimer sur cette intervention puisque c'est la deuxième qui m'est faite. Sauf que la première était injustifiée étant donné que mon texte était tout en haut de la page lorsque j'ai répondu à un commentaire, par conséquent je ne gênais ni la remontée d'autres textes, ni ne souhaitais garder le haut de l'affiche.

Je trouve un peu rapide la modération et c'est assez vexant quand on arrive sur ce site, alors que l'on essaie de gérer au mieux les réponses avec toujours un temps d'hésitation, je réponds, je réponds pas ?

J'ai posté deux messages similaires à la modération, mais je n'ai toujours pas de réponse, mes mails doivent être descendus trop bas pour être vus, si quelqu'un pouvait les remonter... :-)


Midnightrambler, votre vision finale, sans en être une en effet, m'a bien plu.

Je me relève, direction le grille pain. Reviens m'asseoir... Me relève pour aller chercher du miel, me rassieds, me relève pour aller chercher les deux tranches grillées, reviens à la table, repars avec deux tranches à faire griller, reviens m'asseoir, ouvre le pot de confiture d'abricots. est mon passage préféré.
Texte inutile, dans le sens où, écrit sur le coin d'une table, il ne fait pas avancer le "smilblick" mais demeure indispensable pour le plaisir de l'oeil.
J'aime bien la nonchalance, le silence, le creux entre les scènes identiques qui se comble de ces petits riens qui font de l'humain un tube digestif avant qu'il n'ouvre la porte à l'être pensant.