Dans le noir
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Dans le noir
- Spoiler:
- Puisque les enfants sont couchés ;-)
je suis l'écho
de nos ombres léchant les murs
Tu es le pas
je suis le porche
et de ta bouche le baiser
Tu es le frisson qui s'accroche
à la rampe de l'escalier
le bruit de mes clés dans ta poche
Je suis ta hâte
et le palier qui soudain plonge dans le noir
de notre soif exaspérée
Je suis tes mains sous mon corsage
mon souffle rauque en tes cheveux
d'une source le babillage
Tu es mon cri
mordu
mouchard
lorsque le voisin goguenard
appuie sur la minuterie…
Re: Dans le noir
Héhé, tu habites à quel étage ?
Jolie douce polissonnerie dont le rythme haletant s'accorde bien au sujet. J'admire la grâce et l'élégance de tes pirouettes, Arielle !
Jolie douce polissonnerie dont le rythme haletant s'accorde bien au sujet. J'admire la grâce et l'élégance de tes pirouettes, Arielle !
Invité- Invité
Re: Dans le noir
J'ai lu les travaux accomplis par la jeunesse , travaux abondants aujourd'hui . On peut à juste titre se féliciter de voir que tant de jeunes gens et jeunes filles s"acharnent à rimer de ci de là ; mais à la vérité mon seul réconfort aujourd'hui vient d'Arielle et je déplore un peu que nul ne formule de critique constructive à la plupart de ces jeunes poètes,chacun se bornant à des flatteries imméritées .Je pense que la plupart de ces travaux souffre d'un travail insuffisant , d'une hâte à montrer ce qu'on a rapidement écrit sans se rendre compte du travail demandé par un morceau convenable . Ici Arieille est un tantinet libre et frivole , mais combien de fois a-t-elle modifié cet adjectif , changé de verbe pour que sa pensée leste nous charme .
François T- Nombre de messages : 147
Age : 96
Date d'inscription : 13/02/2011
Re: Dans le noir
Les deux premières strophes sont excellentes, après la tension retombe en même temps que le nombre de syllabes augmente. Ça coupe l'élan. Tu aurais dû rester, à mon avis, sur le rythme des phrases percutantes du début.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Dans le noir
Un poème charmant et charmeur. Des mots pensés pour dire l' émotion du corps.
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 70
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: Dans le noir
Ah !
Heureusement que les enfants dorment parfois
Un authen-éro-tique plaisir
J'aime le noir ainsi.
Heureusement que les enfants dorment parfois
Un authen-éro-tique plaisir
J'aime le noir ainsi.
Invité- Invité
Re: Dans le noir
Faussement frivole, comme souvent. Joli chant.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Dans le noir
"Le meilleur moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier"
Illustration "du moment" joliment distillée par Arielle
Illustration "du moment" joliment distillée par Arielle
Mélusine- Nombre de messages : 185
Age : 63
Localisation : sous l'ondée
Date d'inscription : 13/03/2009
Re: Dans le noir
Je ne m'attendais vraiment pas à cette fin ! Je m'attendais plutôt à une suite, derrière la porte, à la lumière tamisée, espérant qu'après le corsage...(hum).
Bon ! excusez-moi, j'éteins la lumière blafarde de l'escalier. Vous n'auriez pas une chandelle ? (hum...)
Blague à part je me suis régalé (jusqu'à la dernière stophe...hi !) aux si belles, si voluptueuses et si bien imagées, confidences...sur le palier. Charmé en fait par la douce chaleur confondante et la musique sans (ani)croche.
J'ai particulièrement aimé:
Tu es le pas
je suis le porche
et de ta bouche le baiser
Où j'ai un instant pensé que tout se passerait furtivement sous le porche. (le voisin...il montait ou il descendait ? ).
Merci pour ce plaisir de lecture où l'humour fait si bien l'amour.
Bon ! excusez-moi, j'éteins la lumière blafarde de l'escalier. Vous n'auriez pas une chandelle ? (hum...)
Blague à part je me suis régalé (jusqu'à la dernière stophe...hi !) aux si belles, si voluptueuses et si bien imagées, confidences...sur le palier. Charmé en fait par la douce chaleur confondante et la musique sans (ani)croche.
J'ai particulièrement aimé:
Tu es le pas
je suis le porche
et de ta bouche le baiser
Où j'ai un instant pensé que tout se passerait furtivement sous le porche. (le voisin...il montait ou il descendait ? ).
Merci pour ce plaisir de lecture où l'humour fait si bien l'amour.
Re: Dans le noir
Il y a de très belles choses là dedans, ça me plait... de l'élégance. Ce que j'aime chez toi, c'est que tu maîtrises très bien le "rythme" (pas vraiment le terme mais bon!) des vers qui tombent comme des sentences, comme un couperet de sensibilité, et que ça tombe toujours juste là où il faut.
j'ai mis du temps à assimiler la fin (ce n'est pas si compliqué en fait, mais c'est vrai qu'elle est surprenante!)
j'ai mis du temps à assimiler la fin (ce n'est pas si compliqué en fait, mais c'est vrai qu'elle est surprenante!)
Re: Dans le noir
Dans l’empressement des plaisirs sensuels, chacun est hors de soi. L’identité des amants bondit d’une place à l’autre, au rythme du cœur qui bat, cœur bondissant ; chacun est « transporté » dans un élan amoureux en une diversité de positions.
L’impatience accueille les sensations, elle organise et distribue, par ses attentes, les places des sujets «je» et « tu », qui glissent et se situent dans la relation de l’un à l’autre.
Quand le « tu » n’est plus que chant, et même enchantement, « je » est un « écho », une résonance, par laquelle l’un duplique l’autre dans une consonance, un unisson, où s’unissent les voix et les corps.
L’un et l’autre perdent contenance pour n’être plus que des ombres sur un mur, des formes passagères et furtives.
Ombre, écho : les deux amants sont dans un redoublement, l’un de l’autre, et l’un et l’autre, dans un écart fuyant, en une altérité à fois du même et de l’autre.
Quand « tu » n’est plus qu’un « pas », qui lui aussi sans doute résonne, « je « est » un « porche ». Le « pas » est passage, mais n’est pas sage. Le « porche », cet avant-corps où l’on pénètre, promesse érotique, promesse d’union.
« Et de ta bouche le baiser »
« Je » s’est posé au bord des lèvres ; il n’est plus celui ou celle qui reçoit de l’autre un baiser, il est tout entier ce baiser. Toutes les sensations, en leur exaltation, se concentrent en lui, et le moi est à la fête sensuelle, comme Rimbaud savait la célébrer quand il écrivait « J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies / Baiser montant aux yeux des mers avec lenteur / La circulation des sèves inouïes / Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ».
« Tu es le frisson qui s'accroche
à la rampe de l'escalier »
Quand « tu » est un tressaillement, une vibration, il est une « extase matérielle » comme dit Le Clézio. La vie se condense sur cette rampe qui grimpe l’escalier vers la volupté, « tu » se confond avec le monde, territoire intime né du désir. La vie frissonne, le corps s’aventure. L’expérience, de soi et de l’autre, s’accomplit dans les choses en corps relation, dans l’extériorité vivante où fluctuent les émotions.
Quand « tu » est un son, il est « le bruit de mes clés dans ta poche ».
Ce qui s’entend seulement, ce sont les clés, promesse d’une ouverture du lieu de volupté, et de soi à l’autre, corps offert. Ce sont « mes » clefs, et c’est « ta » poche. Les deux amants dans leur identité sont déjà mêlés, l’un s’est déjà donné, l’un s’est trouvé « ravi », séduit ; l’autre déjà l’a mis dans sa poche. Chacun est habité par l’autre.
Quand tu es le monde des sens, quand « tu » existes, fougue impatiente du désir, « je suis ta hâte ». Sans hiatus.
Et l’union des corps est une fusion quand le palier « soudain plonge dans le noir », dans cette obscurité où se réalise l’indistinction entre le toi et le moi, en une plongée de l’un dans l’autre, toute distance abolie avec toute identité.
Il subsiste cette existence intense, dans le noir de l’indistinction ; chacun se recrée sous les caresses, le souffle, ou les mots de l’autre.
« Je suis tes mains sous mon corsage
mon souffle rauque en tes cheveux
d'une source le babillage »
Le corps renaît sous l’effet des mains qui l’effleurent, les mains redessinent les formes, réinventent le corps aimé qui se sait désir, et désir désiré. L’existence tient tout entière dans un « souffle rauque » et la vie ruisselle de mots qui chantent la chair silencieuse.
Le corps, à la fois sentant et senti, des amants fondus l’un dans l’autre en une extase, une incarnation mutuelle de la présence, renaît à la pointe des gestes, à bout de souffle, à l’extrémité des mots.
Lorsque soudain la lumière fait retour, « lorsque le voisin goguenard appuie sur la minuterie… », ne se produit pas le retour à soi attendu, pas un total retour à soi. « Tu es mon cri ». Cri de surprise, surprise de l’autre, « tu », qui continue à hanter le soi, continue à condenser toute réalité.
« Mordu/ mouchard » lit-on. Ce n’est pas le cri qui est mordu, mais « toi », « mordu » au propre comme au figuré, et c’est le cri qui est « mouchard » en ce qu’il révèle et trahit une présence au monde. Ce qui s’attribue au cri peut aussi s’attribuer à toi, puisque le « tu » est le cri.
La nuit fusionnelle n’est plus, et ressurgissent le « je » et le « tu ». Les êtres se mêlent, mais s’appartiennent à eux-mêmes, tout en vivant l’élision des limites. Il y eut une brève expérience d’éternité.
« Que serais-je sans toi ? » demandait Aragon.
Que suis-je avec toi ? demandes-tu, Arielle.
Ce long commentaire, Arielle, pour te dire, d’une part, ce qui m’a semblé remarquable dans ce texte, le devenir de l’identité personnelle dans le désir amoureux, et d’autre part, mon admiration pour la qualité de ta poésie.
L’impatience accueille les sensations, elle organise et distribue, par ses attentes, les places des sujets «je» et « tu », qui glissent et se situent dans la relation de l’un à l’autre.
Quand le « tu » n’est plus que chant, et même enchantement, « je » est un « écho », une résonance, par laquelle l’un duplique l’autre dans une consonance, un unisson, où s’unissent les voix et les corps.
L’un et l’autre perdent contenance pour n’être plus que des ombres sur un mur, des formes passagères et furtives.
Ombre, écho : les deux amants sont dans un redoublement, l’un de l’autre, et l’un et l’autre, dans un écart fuyant, en une altérité à fois du même et de l’autre.
Quand « tu » n’est plus qu’un « pas », qui lui aussi sans doute résonne, « je « est » un « porche ». Le « pas » est passage, mais n’est pas sage. Le « porche », cet avant-corps où l’on pénètre, promesse érotique, promesse d’union.
« Et de ta bouche le baiser »
« Je » s’est posé au bord des lèvres ; il n’est plus celui ou celle qui reçoit de l’autre un baiser, il est tout entier ce baiser. Toutes les sensations, en leur exaltation, se concentrent en lui, et le moi est à la fête sensuelle, comme Rimbaud savait la célébrer quand il écrivait « J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies / Baiser montant aux yeux des mers avec lenteur / La circulation des sèves inouïes / Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ».
« Tu es le frisson qui s'accroche
à la rampe de l'escalier »
Quand « tu » est un tressaillement, une vibration, il est une « extase matérielle » comme dit Le Clézio. La vie se condense sur cette rampe qui grimpe l’escalier vers la volupté, « tu » se confond avec le monde, territoire intime né du désir. La vie frissonne, le corps s’aventure. L’expérience, de soi et de l’autre, s’accomplit dans les choses en corps relation, dans l’extériorité vivante où fluctuent les émotions.
Quand « tu » est un son, il est « le bruit de mes clés dans ta poche ».
Ce qui s’entend seulement, ce sont les clés, promesse d’une ouverture du lieu de volupté, et de soi à l’autre, corps offert. Ce sont « mes » clefs, et c’est « ta » poche. Les deux amants dans leur identité sont déjà mêlés, l’un s’est déjà donné, l’un s’est trouvé « ravi », séduit ; l’autre déjà l’a mis dans sa poche. Chacun est habité par l’autre.
Quand tu es le monde des sens, quand « tu » existes, fougue impatiente du désir, « je suis ta hâte ». Sans hiatus.
Et l’union des corps est une fusion quand le palier « soudain plonge dans le noir », dans cette obscurité où se réalise l’indistinction entre le toi et le moi, en une plongée de l’un dans l’autre, toute distance abolie avec toute identité.
Il subsiste cette existence intense, dans le noir de l’indistinction ; chacun se recrée sous les caresses, le souffle, ou les mots de l’autre.
« Je suis tes mains sous mon corsage
mon souffle rauque en tes cheveux
d'une source le babillage »
Le corps renaît sous l’effet des mains qui l’effleurent, les mains redessinent les formes, réinventent le corps aimé qui se sait désir, et désir désiré. L’existence tient tout entière dans un « souffle rauque » et la vie ruisselle de mots qui chantent la chair silencieuse.
Le corps, à la fois sentant et senti, des amants fondus l’un dans l’autre en une extase, une incarnation mutuelle de la présence, renaît à la pointe des gestes, à bout de souffle, à l’extrémité des mots.
Lorsque soudain la lumière fait retour, « lorsque le voisin goguenard appuie sur la minuterie… », ne se produit pas le retour à soi attendu, pas un total retour à soi. « Tu es mon cri ». Cri de surprise, surprise de l’autre, « tu », qui continue à hanter le soi, continue à condenser toute réalité.
« Mordu/ mouchard » lit-on. Ce n’est pas le cri qui est mordu, mais « toi », « mordu » au propre comme au figuré, et c’est le cri qui est « mouchard » en ce qu’il révèle et trahit une présence au monde. Ce qui s’attribue au cri peut aussi s’attribuer à toi, puisque le « tu » est le cri.
La nuit fusionnelle n’est plus, et ressurgissent le « je » et le « tu ». Les êtres se mêlent, mais s’appartiennent à eux-mêmes, tout en vivant l’élision des limites. Il y eut une brève expérience d’éternité.
« Que serais-je sans toi ? » demandait Aragon.
Que suis-je avec toi ? demandes-tu, Arielle.
Ce long commentaire, Arielle, pour te dire, d’une part, ce qui m’a semblé remarquable dans ce texte, le devenir de l’identité personnelle dans le désir amoureux, et d’autre part, mon admiration pour la qualité de ta poésie.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 69
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: Dans le noir
J'ai oublié de vous le dire la première fois que j'ai lu ce poème mais il est superbe.
Fauve noir- Nombre de messages : 147
Age : 33
Date d'inscription : 03/04/2010
Re: Dans le noir
Merci aux lecteurs et commentateurs qui ont grimpé l'escalier... Il y en a du monde quand la lumière revient !
Merci tout particulièrement à Louis qui lit si bien entre mes lignes et exprime tout haut avec tant d'élégance ce que je murmurais tout bas... rien ne lui échappe !
Merci tout particulièrement à Louis qui lit si bien entre mes lignes et exprime tout haut avec tant d'élégance ce que je murmurais tout bas... rien ne lui échappe !
Re: Dans le noir
Tout a été dit... Tellement bien dit.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 81
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Dans le noir
Je viens juste signifier mon engouement pour ce nouveau texte. Tant de choses à mi-mot dans ce poème. Et puis toujours la touche dérisoire, l'humour pour ne pas se prendre au sérieux. Grand bravo Arielle, encore une perle au collier poétique !
Invité- Invité
Re: Dans le noir
je me joins à "l'attroupement du palier" pour dire tout le plaisir que j'ai éprouvé à lire votre poème, et à y retrouver votre habituel art de la nuance et du non-dit, qui finit par par en dire beaucoup plus ...
Très belle poésie ...
Mychelc
Très belle poésie ...
Mychelc
mychelc- Nombre de messages : 119
Age : 64
Date d'inscription : 08/01/2010
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