Les trois Muses ironiques

Les Trois cordes de la lyre
L'aède fier a défié,
Et l'aveuglant, se sont vengées !

Si les Muses ironiques
Se moquaient de la musique,
Ailes jalouses déployées ?

Les dieux sont fantasques,
Thamyris en souffre encore...
La Poésie n'est un masque
De vérité en rouge et or.

Paradoxe, j'ai besoin, pour bien lire ce poème, d'avoir une réponse à une question.
Que signifient les majuscules pour Trois, Muse et Poésie ?
Pourquoi les avoir mise ?

Je précise que j'ai fait des recherches pour le "Trois" par exemple et que je vous pose la question car je n'ai rien trouvé.

Ce poème m'évoquait la mythologie grecque dès son titre et ça s'est avéré être une impression justifiée.
Joli poème, j'aime tout particulièrement :

La Poésie n'est un masque
De vérité en rouge et or.

L'image est bien trouvée et originale.
Les majuscules sont-elles là pour donner du relief aux muses? Trois muses? Il me semble avoir lu quelque part un mythe concernant trois muses, mais c'est très imprécis et il est très probable que je fasse fausse route. Ceci dit, ça expliquerait peut-être les majuscules à Trois et à Muses (ne sont-elles pas la clé des aèdes, des musiciens .. )? Quant à Poésie, parce qu'il se trouve qu'elle rejoint directement les Muses? Hypothèses très floues, c'est pourquoi je pose la même question que Mure, si le mystère peut être dévoilé !

Merci pour vos remarques!
Concernant les Trois Muses : elles représentent les pré-requis de l'art poétique selon les Grecs de l'Antiquité. C'est Platon (dans Ion) vers 401 av. J.-C., puis les néo-platoniciens, qui font des neuf Muses les médiatrices entre le dieu et le poète ou tout créateur intellectuel (wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Muses)
"Les Muses seront au nombre de trois, à l'origine. Elles s'appelleront Mélété (la Pratique), Mnémé (la Mémoire) et Aoedé (le Chant) et seront identifiées à la musique et à la littérature. Leur domaine s'étendra ensuite à l'histoire, la philosophie et l'astronomie. Les poètes leur attribueront leur inspiration et invoqueront leur aide. Le nom de la Muse Mnémé (la Mémoire) nous rappelle que les premiers poètes ne possédaient pas de livres. Les Muses seront souvent représentées pourvues d'ailes. Elles habiteront les montagnes, notamment celles de l'Hélicon, près d'Ascra en Béotie, et de Piérie, près de l'Olympe. Pausanias raconte que les Aloades seront les premiers à leur rendre un culte sur l'Hélicon. Les habitants de Delphes leur appelleront d'Aiguë (Nété), Médiane (Mésè) et Grave (Hypatè), le nom des trois cordes des premières lyres."
http://www.insecula.com/contact/A004482.html

Les majuscules sont là pour donner du poids et du relief à ces fascinantes figures que sont les muses, sensées représenter la source d'inspiration des créateurs. Trois, Muses et Poésie, ont des majuscules car, d'un côté, Trois et Muses désignent la même chose, de l'autre c'est comme si les muses (à l'origine de l'inspiration poétique) et la poésie elle-même étaient différentes versions d'une même entité...

De plus, comme les Muses sont des personnages, des divinités, il faut mettre une majuscule (ce que je n'ai pas fait dans mon message précédent!).

Ah! Au moins, je constate que je ne fabulais pas tout à fait en évoquant ce mythe des trois muses! Merci beaucoup pour toutes ces précisions , elles me permettent de confirmer mes premières impressions.
C'est vrai que ces figures mythologiques que sont les Muses sont fascinantes..
En tout cas, je relis votre poème avec un peu plus de sûreté dans son interprétation, maintenant que vous m'apportez ces éléments supplémentaires.
Avec une relecture, j'ajouterai que la beauté du poème, qui semble jalousée par les muses, est intéressante: c'est amusant d'imaginer l'objet d'un poème se moquer de ce même poème. Comme si la source d'inspiration voulait toujours dépasser l'oeuvre.
Enfin, je divague, encore merci pour ces réponses.

(j'ignorais qu'il fallait mettre une majuscule à "Muses" , d'ailleurs, ne met-on pas une minuscule à "dieux" ? C'est étrange, enfin, j'apprends de nouvelles choses)

Petites précisions.

Le philosophe usurpe la place du poète en Grèce Ancienne, c'est ce que H. Joly dans sa thèse appelait: "le renversement platonicien". Dans le Ion, le poète "chose ailée, chose sainte que le poète!" est évacué du nouveau monde qui se crée, celui du Logos, car il ne "sait" pas ce qu'il dit, il est enthousiaste... Platon récuse donc la poésie ancienne, œuvre du Mythos, parole qui n'a pas le savoir d'elle-même et récuse également la théorie poétique moderne (pour lui) de Simonide de Céos pour lequel le poète est maître d'illusion.

D'ailleurs, la poésie -comme le corps- n'est-elle pas restée l'impensable de la philosophie ?

Oui, vos remarques sont judicieuses et très intéressantes, Zenobi.
Le Logos, la parole ou le discours de la Raison serait donc antinomique avec la parole poétique non conscientisée, celle de l'acte de création (le Poïein).
Entre les fulgurances de la poésie et le travail de dévoilement par la pensée (la recherche de la vérité par la raison), il semble en effet y avoir opposition radicale!

Il me semble que sans faire abstraction du mythe, qui est intéressant et que je suis allée relire, ce poème gagnerait en équilibre en se contentant de trois strophes de forme identique. Thamyris en souffre encore... a gêné ma lecture fournissant une précision qui, à mon sens, alourdit et nuit à la musique de l'ensemble en détournant l'attention du lecteur.

( Peut-être pourriez-vous tenter d'inclure le nom de l'aède dans le premier vers de la strophe, du genre :
"Les dieux, Thamyris, sont fantasques")

Quelques points m'ont arrêté.

(Pinaillage de texte:)
«Virgule après lyre, cod ( !) antéposé (hum…)
Le « et » du vers 3 me semble douteux puisque ce sont les « cordes qui aveuglent…
« La Poésie n’est un masque »… j’attends un « que » ou une négation et un complément au masque.